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Les pérégrinations de Saint-Philibert

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Isabelle Cartron

Quatrième partie. L’expansion méridionale : le réseau monastique dans la vallée du Rhône

Chapitre X. Le domaine monastique dans la Vallée du Rhône

Texte intégral

Les dépendances du diocèse de Vienne : une configuration étonnante

  • 1 Cf. figure 45.
  • 2 J.-M. Poisson, « De la villa au castrum : l’habitat rural dans la châtellenie dauphinoise d’Albon (...)
  • 3 Donation de Guichardus de novembre 1037, P. Juenin (éd.), Preuves, p. 125.

1La liste des dépendances du monastère de Saint-Philibert dans le diocèse de Vienne est mentionnée pour la première fois dans la bulle du pape Calixte II de 1119 et comprend deux cellae, neuf ecclesiae et une chapelle qui curieusement s’avèrent toutes regroupées dans le même secteur géographique, c’est-à-dire sur la rive gauche du Rhône1, à environ trente kilomètres au sud de Vienne. En dépit de certaines difficultés d’identification, on constate que la plupart des lieux de culte se situent dans l’ancienne châtellenie d’Albon mais aussi à proximité de la résidence royale carolingienne de Mantaille où prélats et grands s’étaient réunis pour élire Boson en 879. Le territoire sur lequel se situent Albon et Mantaille est constitué, à l’ouest, par la plaine alluviale du Rhône, au débouché de la vallée sèche de la Valloire qui relie les Alpes au fleuve2. À l’est d’Albon, le relief, composé d’une série de terrasses de cailloutis, est nettement plus accentué et drainé par plusieurs ruisseaux dont celui du Bancel sur la rive duquel se trouve Mantaille. Cette répartition invite à s’interroger sur l’origine de l’implantation du monastère de Saint-Philibert dans cette partie du Viennois. Les sources n’apportent malheureusement que peu de renseignements à ce sujet. La donation, en novembre 1037, de l’église Saint-Ferréol par Guichard indique cependant que le monastère est déjà implanté dans cette région, dès le premier tiers du XIe siècle3. Toutefois, la proximité de la résidence de Mantaille suggère une acquisition plus précoce, favorisée par les relations privilégiées entre l’abbé Geilon, Boson et son entourage. À défaut de sources suffisamment explicites, l’enquête ne peut être menée que d’une façon indirecte, en rassemblant des indices sur le statut carolingien des terres ou sur l’origine des lieux de culte que détiennent les moines dans cette région.

Figure 45. – Les dépendances de Saint-Philibert en Viennois.

Domaine ecclésiastique et domaine public autour d’Albon et de Mantaille

  • 4 Concile d’Épaone (15 septembre 517), J. Gaudemet, B. Basdevant (éd.), Les canons des conciles méro (...)
  • 5 Voir en dernier lieu, N. Duval, d’après A. Blanc et M. Colardelle, « Albon, basilique paléochrétie (...)
  • 6 C’est ce qui est dit dans l’exposé du diplôme de Louis le Pieux du 3 mars 831, E. Baluze (éd.), Ca (...)

2Au début du VIe siècle, le site d’Albon, qu’il convient d’identifier avec l’antique Épaone, est le chef-lieu d’une parochia, apprécié par les évêques de Vienne4. C’est en effet en ce lieu « central et commode » qu’Avit convoque, en septembre 517, les prélats de sa province pour y tenir un concile. On ne sait si à cette période le site relève de l’Église viennoise mais la tenue d’une telle assemblée, à laquelle l’évêque convie aussi les laïcs, comme les vestiges de la basilique qui ont été mis au jour, témoignent de l’importance du lieu5. Au début du IXe siècle, le vicus Eppaonis semble avoir été concédé en bénéfice à l’Église de Vienne par Louis le Pieux6. En mars 831, un diplôme impérial restitue le vicus à l’Église car celui-ci a été usurpé par le comte Abbon. Cet acte révèle implicitement l’origine fiscale du vicus ainsi qu’une certaine confusion entre domaine d’Église et domaine public.

  • 7 Mantaille est mentionné comme lieu privilégié d’expédition des actes. Diplômes de Charles de Prove (...)
  • 8 P. Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l’Europe, Paris, 1992, p. 185. Diplôme de Lothaire (...)
  • 9 Charte du comte Thibert, vers 890, L. dAchery (éd.), Spicilegium, t. III, Paris, 1723, p. 362 : I (...)

3La villa de Mantaille, située à quelques kilomètres à l’est du vicus, appartient également au domaine public. Charles de Provence y réside fréquemment, en particulier entre 858 et 8617. À la mort de Charles en 863, c’est probablement à Mantaille que Lothaire II et Louis II s’entendent sur un partage du royaume de Provence8. Cette résidence est aussi choisie par Boson pour son élection, en octobre 879. Un acte, postérieur à 890, décrit plus précisément la villa qui semble à la tête d’un domaine important : la formule utilisée permet de savoir que d’autres villae relèvent de Mantaille avec des églises, des bâtiments, des moulins, des cours d’eaux, des terres cultivées (vignes et champs) ou non (prés, pâturages et forêts) et des esclaves9. Si Mantaille n’est jamais qualifiée de palatium, la résidence s’avère, dans la seconde moitié du IXe siècle, un des lieux les plus importants de l’exercice de l’auctoritas des souverains dans cette région. Elle reste une des rares résidences rurales connues pour le royaume de Provence.

  • 10 Génissieux, Drôme, arr. Tournon, cant. Romans. Entre 855 et 860, Charles de Provence restitue à l’ (...)
  • 11 Actuellement Saint-Donat-sur-l’Herbasse, Drôme, arr. Tournon, cant. Romans. L’acte de donation du (...)

4D’autres terres, situées au sud d’Albon et de Mantaille, semblent aussi relever du domaine public. Avant 855, la villa de Génissieux, proche de Romans, a été concédée en bénéfice au comte Gérard. Charles de Provence puis Lothaire II la restituent ensuite à l’Église de Vienne10. L’ancien vicus Jovinziacum, avec les églises Sainte-Marie et Saint-Donat, aurait été donné à l’évêque de Grenoble par Boson11.

  • 12 Les premiers résultats d’une enquête archéologique menée sur la châtellenie d’Albon mettent en évi (...)
  • 13 Charte de donation d’Arlulfus à l’archevêque Vienne du 15 novembre 883, U. Chevalier (éd.), Cartul (...)
  • 14 À propos de l’usage des forêts par les souverains, voir R. le Jan, « Le don et le produit sauvage  (...)
  • 15 Sur les 42 diplômes de Louis qui sont conservés, la moitié est expédiée depuis Vienne.
  • 16 Charte de l’archevêque de Vienne Bernoin, entre 890 et 899, éd. L. d’Achery, Spicilegium, t. III, (...)
  • 17 Ce sont probablement les archevêques de Vienne qui sont à l’origine de la construction du castrum,(...)
  • 18 Arlulfus et sa femme concèdent des biens à l’archevêque de Vienne en 883, situés dans la villa d’A (...)
  • 19 J.-P. Poly souligne cette confusion pour des domaines ecclésiastiques d’Arles et de Marseille. J.- (...)
  • 20 La même observation a été faite en Languedoc central, L. Schneider, Monastères, villages et peuple (...)

5Sans pouvoir en définir les limites exactes, il semble que les terres situées autour d’Albon et de Mantaille appartiennent à l’époque carolingienne à un grand domaine du fisc. Les différences géographiques constatées, opposant une zone de plaine à un arrière-pays plus accidenté, semblent se traduire par un peuplement de densité variable. Le bassin rhodanien, largement occupé à l’époque gallo-romaine, comprend au haut Moyen Âge le vicus d’Albon et plusieurs villae12. En 883, Albon est mentionné comme chef-lieu d’un ager du pagus de Vienne13. Plus à l’est, la résidence de Mantaille semble se trouver au cœur d’une zone forestière où les campagnes de prospection archéologique n’ont pas révélé une dense occupation14. Ce domaine public semble s’être disloqué après la chute de Boson, au cours du dernier tiers du IXe siècle. La résidence de Mantaille n’est plus fréquentée par les souverains qui lui préfèrent la cité de Vienne15. Un temps bénéfice du comte Thibert, cette villa revient à l’Église de Vienne, qui prétend l’avoir possédée avant les souverains. Les archevêques de Vienne paraissent alors revendiquer plusieurs domaines fiscaux. Après 890, ils sont en possession des villae de Mantaille, d’Albon, de Tortilianum, et de Génissieux, qu’ils concèdent en bénéfice au comte Thibert qui vient juste de leur restituer Mantaille16. L’ancienne résidence reste d’ailleurs entre leurs mains jusqu’à la fin du Moyen Âge17. Ils acquièrent aussi d’autres biens dans la villa d’Anneyron, au nord d’Albon18. Ces actes témoignent d’une certaine confusion entre domaine d’Église et domaine public, observation qui a déjà été faite pour les pays du Midi et en Auvergne19. Par ailleurs, lorsque l’Église se trouve en possession de ces biens, elle n’hésite pas à les concéder à titre de bénéfice à des laïcs. Ce jeu entre bénéficiaires ne paraît pourtant pas conflictuel puisque les archevêques restent proches des souverains et pourraient avoir agi avec leur assentiment. On se souvient de l’adhésion d’Otran à l’élection de Boson lequel a largement témoigné son attachement à cette cité qu’il choisit comme lieu d’inhumation. Les domaines de la région d’Albon et de Mantaille relevaient peut-être effectivement de l’Église viennoise avant l’époque carolingienne ; ceux-ci auraient alors pu être « refiscalisés » pour constituer un important domaine, perçu dans les sources à partir du IXe siècle seulement20.

  • 21 Un collège de chanoines, dépendant des évêques de Grenoble, est mentionné à partir du XIe siècle. (...)
  • 22 Acte du roi Raoul du 6 avril 924 pour le monastère de Saint-Martin d’Autun (éd. RAR, no 3, p. 17) (...)
  • 23 Charte des moines de Saint-Martin d’Autun échangeant leurs biens viennois avec l’archevêque de Vie (...)

6Une partie du domaine fiscal pourrait cependant leur avoir échappé. En effet, certaines terres ont fait l’objet de donations de la part des souverains et ce phénomène est plus nettement perceptible pour le court règne de Boson. Ainsi, celui-ci a concédé le vicus Jovinziacum à l’évêque de Grenoble qui y fonde un monastère durable21. Les moines de Saint-Martin d’Autun, dont on connaît les relations privilégiées avec Boson, ont sans doute bénéficié des largesses du nouveau roi puisqu’ils disposent des villae de Tortilianum avant 924 et de Rapon en 92622. Parce que ces biens sont trop éloignés, les moines s’en séparent en 926 et les échangent contre une somme de cent livres avec les archevêques de Vienne23. Ces exemples laissent à penser que les moines de Saint-Philibert auraient également pu acquérir des biens dans cette région dans de semblables conditions. Une approche plus précise de l’origine des lieux de culte dépendants de Saint-Philibert confirme cette hypothèse. Celle-ci suggère, d’ores et déjà, une autre remarque à propos de la politique menée par les monastères dans la gestion de leur domaine éloigné : si Saint-Martin d’Autun cherche dès le début du Xe siècle à s’en séparer, Saint-Philibert se maintient longtemps dans cette région.

Les lieux de culte dépendants de Saint-Philibert

  • 24 La Motte de Galaure, Drôme, arr. Tournon, cant. Saint-Vallier.
  • 25 G. Barruol, Dauphiné roman, op. cit., p. 241-242.
  • 26 Cette identification est proposée par J.-M. Poisson, « De la villa au castrum… », art. cit., p. 58 (...)

7L’acte de 1119 énumère d’abord les églises regroupées autour de la cella de la Motte de Galaure, puis se rapproche d’Albon en mentionnant les lieux de culte environnants, pour terminer par ceux de cette localité. Le premier groupe s’organise autour de la cella de Sainte-Agnès de la Motte, située dans la vallée de la Galaure24. La cella occupe le rebord d’un plateau dominant la vallée, au sud, et fait face à une autre butte à l’ouest où devait être construit le château, ce qui justifierait le toponyme Motta. L’église et les vestiges du cloître actuels ne sont pas antérieurs à la fin de l’époque romane ; certains remplois, comme un fragment de chancel sur la façade occidentale de la priorale, rappellent cependant l’existence d’une construction antérieure25. La cella a sous sa dépendance plusieurs églises environnantes. La première à figurer dans la liste de 1119 est l’église de Saint-Martin d’Azieux, confirmée avec le cimetière. À priori, celle-ci devrait être identifiée avec l’église du hameau d’Azieux, situé à environ un kilomètre à l’ouest de la Motte. D’autres auteurs ont cependant proposé de l’identifier avec celle du hameau de Saint-Martin des Rosiers, plus proche d’Albon, sur la rive du Bancel26. Les églises de Fay, de Saint-Véran de Rives, de Saint-Jean du castrum de Mureils, et de Villeneuve de Vals sont pourtant citées après Azieux et se trouvent toutes dans le même secteur. La mention d’un lieu de culte associé à un castrum suggère que certaines acquisitions ne sont pas antérieures au XIe siècle.

  • 27 P. Carlier, « Saint-Philibert », dans La Drôme romane, Taulignan, 1989, p. 23.
  • 28 J.-M. Poisson, « De la villa au castrum… », art. cit., p. 580.

8Le second groupe comprend les lieux de culte situés à Albon et autour de Mantaille. L’enumeratio bonorum de 1119 semble d’abord présenter les églises les plus éloignées d’Albon. La cella de Saint-Philibert de Minniaco – toponyme qui évoque peut-être la présence d’un groupe de moines – se trouve au sud-ouest d’Albon. Il ne subsiste plus qu’une modeste église, restaurée récemment, dont l’élévation n’est pas antérieure à la fin du XIIe siècle27. À l’autre extrémité, au nord-est de Mantaille, l’église Saint-Sorlin (Saint-Saturnin) est confirmée en 1119 avec la paroisse. Les ruines de la chapelle Saint-Michel, mentionnées sur le cadastre ancien et encore repérables en surface, se situent à environ deux kilomètres au nord-est de Saint-Romain d’Albon28. On ne connaît rien sur l’ancienneté de ces lieux de culte.

  • 29 Constitution du douaire d’Agnès, épouse du comte Guigues le Gras, du 10 mai 1070 (archives départe (...)
  • 30 Donation de Didier de Charmes au monastère de Saint-Barnard de Romans d’un manse situé in villa Al (...)
  • 31 Andancette, Drôme, arr. Tournon, cant. Saint-Vallier. Vestiges d’une église Saint-André, dans le q (...)

9La liste se termine par trois églises (Saint-Romain, Saint-André et Saint-Ferréol) qui pourraient se situer à Albon, dont l’origine est mieux connue, mais qui restent paradoxalement les plus délicates à localiser avec certitude. La topographie médiévale d’Albon est double. Elle comprend un site établi dans la plaine, dont l’origine remonte à l’époque gallo-romaine, et qui correspond au chef-lieu de la parochia du VIe siècle où se tînt le concile d’Épaone. Il s’agit du village actuel de Saint-Romain d’Albon, au cœur duquel se trouve une église paroissiale, peut-être en partie romane, placée sous le vocable de Saint-Romain. Par ailleurs, à l’est du hameau, un castrum, mentionné à partir de 1070, s’est développé en rebord d’un plateau élevé29. Ce castrum coexiste alors avec l’habitat de plaine, qualifié de villa Albonno, en 105230. Le diplôme de Louis le Pieux de mars 831, évoque deux églises, Saint-Romain et Saint-André, établies dans le vicus d’Albon. L’église Saint-André a été identifiée avec l’église, portant le même vocable, à Andancette, à quelques kilomètres à l’ouest de Saint-Romain d’Albon, mais cette identification reste peu satisfaisante étant son éloignement du vicus31.

  • 32 Plusieurs découvertes ponctuelles ont été faites avant la fouille menée par J. Duc, géomètre, en 1 (...)
  • 33 M. Colardelle, Sépultures et traditions funéraires du Ve au XIIIe siècle dans les campagnes des Al (...)

10La topographie religieuse du vicus pendant l’Antiquité tardive est en partie connue notamment grâce à la découverte, vers 1875, d’un lieu de culte situé à l’emplacement du cimetière actuel, au nord du village de Saint-Romain32. J. Duc a mis au jour un édifice de plan basilical, sur environ dix mètres de long, se terminant par une abside semi-circulaire à l’est ; la partie occidentale a été détruite par la récupération des matériaux, à une époque indéterminée. Les murs de l’édifice, dont il ne subsistait que les fondations, étaient bâtis en opus incertum constitué de galets et de blocs de calcaire. En revanche, le sol dallé de la nef a été préservé. L’épaisseur des murs et la profondeur des fondations de l’abside attesteraient du fait que celle-ci était voûtée en cul-de-four. Aucune sépulture n’a été retrouvée dans la nef. L’édifice était associé à d’autres constructions au nord et au sud, fort probablement antérieures, et comprenant un groupe d’inhumations en sarcophages avec plusieurs épitaphes des Ve-VIIe siècles33.

Figure 46. – Plan de la basilique d’Albon (N. Duval, « Albon. Basilique paléochrétienne », dans Les premiers monuments chrétiens de la France, t. I, Sud-Est et Corse, Paris, 1995, p. 225).

11La date de la construction de l’édifice religieux reste difficile à préciser, faute de données stratigraphiques suffisantes. N. Duval propose de dater l’édifice entre la seconde moitié du Ve siècle et le début du VIe siècle. La durée d’utilisation de l’édifice religieux comme de la nécropole demeure imprécise et l’on ne connaît pas le vocable de l’église. Toutefois, la fréquence de l’utilisation des vocables de Saint-Romain et de Saint-André en Viennois pendant l’Antiquité tardive pourrait plaider en faveur de l’identification d’une des deux églises mentionnées en 831.

  • 34 Diplôme de Louis le Pieux du 3 mars 831, éd. cit., col. 1433.
  • 35 Charte de l’archevêque de Vienne pour le comte Thibert, entre 890 et 899, L. dAchery (éd.), Spici (...)

12Lorsque Louis le Pieux restitue le vicus d’Albon à l’Église de Vienne en 831, il semble surtout s’intéresser à la restauration des deux églises, Saint-Romain et Saint-André. En effet, le diplôme précise qu’elles sont alors « détruites et découvertes34 ». L’empereur ajoute une clause portant sur la nomination de recteurs pour ces deux églises par l’archevêque de Vienne. Plus tard, après 890, lorsque l’archevêque concède les villae d’Albon, de Tortilianum, de Mantaille et de Génissieux, en bénéfice au comte Thibert, il demande instamment que le comte prenne soin des villae et des lieux de culte. Thibert devra « restaurer celles qui sont désertes, reconstruire celles qui sont détruites, et rhabiller celles qui sont dépouillées35 ». Les monastères détenant des biens autour d’Albon, comme Saint-Martin d’Autun et peut-être Saint-Philibert, ont pu participer à cette restauration.

  • 36 Charte de donation de Guichard de 1037, éd. P. Juenin, Preuves, p. 125 : Ego guichardus […] donamu (...)
  • 37 Voir figures 47 et 48. Plusieurs campagnes de fouilles ont été menées sur le castrum d’Albon entre (...)
  • 38 Chronologie relative du site proposée par J.-M. Poisson, « Albon (Drôme), site castral », Chroniqu (...)

13Reste une dernière dépendance de Saint-Philibert à localiser, il s’agit de l’église Saint-Ferréol que les moines acquièrent en 1037. Le vocable indique une origine viennoise et sa présentation dans la liste de 1119, à la suite des églises de Saint-Romain et de Saint-André, laisse supposer qu’elle se trouve à proximité d’Albon. La charte de donation précise que l’église, située dans l’archevêché de Vienne, est édifiée sur une hauteur. Elle est concédée avec trois manses et des terres qui se trouvent à l’est de cette colline36. Ces indications inviteraient à identifier Saint-Ferréol avec le lieu de culte mis au jour au nord et en contrebas de la motte du castrum d’Albon37. Sa construction est antérieure à l’implantation de la motte castrale. L’édifice est établi sur la pente d’un relief assez accidenté où un replat semble avoir été aménagé pour l’asseoir. Cette première église, entièrement arasée, présente un plan simple à une nef (d’environ six mètres de large pour plus six de long) dont la limite occidentale reste inconnue et qui se termine par un chevet rectangulaire, à l’extérieur, et semi-circulaire, à l’intérieur. Le sol de l’abside est revêtu de mortier de chaux, il est légèrement surélevé par rapport à la nef, pourvue d’un dallage de pierres. L’appareil des murs est assez irrégulier, constitué de matériaux variés (galets, blocs de granit et de calcaire). Dans un second temps, l’église a été agrandie. Le chevet est arasé et l’édifice est prolongé vers l’est sur environ dix mètres. La nouvelle construction se différencie nettement par un moyen appareil de calcaire assez régulier. Dans la partie orientale, la nef se termine par une abside semi-circulaire et s’ouvre au nord sur une annexe, également pourvue d’une absidiole orientée. Le sol, hétérogène et irrégulier, devait comporter au moins cinq degrés, de l’ouest vers l’est. L’accès principal s’ouvre dans le mur méridional de l’édifice. Par la suite, lors de l’édification de la motte, le remblai du tertre est venu butter sur le mur sud de l’édifice, condamnant l’accès de ce côté. Le second état de l’église (XIe siècle ?) est donc antérieur à la mise en place de la motte38.

Figure 47. – Albon, plan approximatif du site. A = chapelle castrale (J.-M. Poisson, « Albon (Drôme), site castral », Chronique des fouilles médiévales en France, dans Archéologie médiévale, 28, 1999, p. 249).

Figure 48. – Albon, vue aérienne de la résidence aristocratique (avec l’autorisation de J.-M. Poisson, cliché UMR 5648).

  • 39 Le patronyme Guichardus n’est pas mentionné dans les chartes viennoises, mais il est porté par la (...)
  • 40 R. Poupardin, Le royaume de Provence…, Appendice IX, La famille des vicomtes de Vienne au Xe siècl (...)
  • 41 En 994, Berlio concède des biens à l’Église de Vienne à Toussieu (Cartulaire de Saint-Maurice de V (...)
  • 42 Voir L. Ripart, « Du royaume aux principautés (Savoie-Dauphiné, Xe-XIe siècles) », dans C. Guiller (...)
  • 43 G. de Manteyer, Les origines du Dauphiné de Viennois…, Gap, 1925, p. 13.

14Dans son premier état, le lieu de culte semble associé à d’autres bâtiments découverts à l’ouest dont un bâtiment sur poteaux de bois. S’il est certain qu’à partir du dernier tiers du XIe siècle, cet édifice correspond à la chapelle du castrum d’Albon, il reste difficile de se prononcer sur la fonction du lieu de culte primitif. Si les indications topographiques de la charte de donation de l’église Saint-Ferréol en 1037 s’accordent avec la situation géographique de ce lieu de culte, en revanche, l’identification du donateur pourrait indiquer que les comtes Guigues ne possèdent pas encore le site dans le premier tiers du XIe siècle. L’acte de donation fournit en effet des renseignements assez précis sur la parenté du donateur et Guichard paraît avoir privilégié la souscription de certains membres de sa famille plus directement impliqués dans cette région du Viennois. Si Guichard n’est peut-être pas viennois39, il s’entoure de Berlio qui est le vicomte contemporain de Vienne40. Avec son épouse Leotgardis, il effectue plusieurs donations en faveur de Saint-Maurice de Vienne, concernant des biens situés au nord d’Albon, à Cheyssieu et à Toussieu41. Cette appartenance à l’aristocratie expliquerait peut-être la souscription inattendue de l’archevêque de Vienne, Léger, à la donation en faveur de Tournus. L’église Saint-Ferréol appartient donc au début du XIe siècle à une famille apparentée à celle des vicomtes de Vienne. Son identification avec l’église retrouvée dans le castrum d’Albon laisserait supposer l’existence de relations entre la famille de Guichard et celle des Guigues, qui ne prend le titre comtal qu’au cours du premier tiers du XIe siècle42. À cette période, Guigues le Vieux épouse une certaine Adalsinde, qui serait justement la fille de Guichard et d’Adélaïde de Beaujeu, possessionés en Bourgogne43.

  • 44 Les comtes donnent à Cluny, en 934, Guigues et Gandalmoda concèdent des biens à Cluny, situés à An (...)

15Cette première enquête sur les dépendances du monastère de Saint-Philibert met en évidence la complexité de la genèse du terroir médiéval. Même s’il est délicat de se prononcer définitivement sur la date de l’implantation des moines bourguignons en Viennois, de nombreux indices suggèrent qu’elle remonte à l’époque carolingienne et, plus précisément, au dernier tiers du IXe siècle : l’implication de l’abbé Geilon dans l’élection de Boson, le statut public des terres autour de Mantaille et d’Albon, la présence d’autres monastères bourguignons, comme celui d’Autun, confirmeraient cette hypothèse. Les moines de Saint-Philibert n’apparaissent jamais par la suite en relation avec les comtes d’Albon ce qui rend peu probable une acquisition tardive des domaines44.

Le monastère de Donzère et les dépendances dans la moyenne vallée du Rhône

  • 45 Diplôme de Louis l’Aveugle du 22 juin 896, R. Poupardin (éd.), Recueil des actes des rois de Prove (...)
  • 46 Voir T. Odiot, « Habitats, sols et cadastres dans le Tricastin », dans F. Favory, J.-L. Fiches (di (...)
  • 47 T. Odiot, « Sauvetages archéologiques en 1985 à Donzère », dans Recherches donzéroises, 11, 1985, (...)

16Le 22 juin 896, l’abbé de Saint-Philibert obtient de Louis l’Aveugle la confirmation de l’abbatia de Donzère, située en Provence, sur la rive gauche du Rhône, dans le comitatus d’Orange45. Le monastère occupe une position géographique privilégiée par rapport aux grands axes de circulation routiers et fluviaux. En effet, placé au sortir d’un défilé étroit dont l’entrée est gardée par la cité vivaroise, Donzère contrôle un point important du cours du Rhône. Immédiatement à l’est, s’étire la via Agrippa, passant non loin du Logis de Berre, l’ancienne station Novem Craris signalée sur l’une des plaques du cadastre B d’Orange46. Plusieurs interventions archéologiques ont révélé à Donzère une occupation gallo-romaine qui suggère l’existence d’un vicus relativement important47. À la fin du IXe siècle, les moines de Saint-Philibert se trouvent en possession d’un monastère déjà ancien. Nous disposons encore de sources – diplomatiques et narratives – qui permettent de retracer l’histoire de Donzère, depuis sa fondation, dans le dernier tiers du VIIe siècle, jusqu’à sa donation aux moines de Tournus. Ces sources donnent l’opportunité d’évoquer la diffusion de la réforme monastique de Benoît d’Aniane dans cette partie de la vallée du Rhône et de mieux comprendre l’origine des rivalités entre les moines et Tournus et les évêques de Viviers au sujet de Donzère. En revanche, à partir du début du Xe siècle, l’histoire du monasterium de Donzère, devenu une dépendance de Saint-Philibert, est beaucoup moins documentée. La topographie religieuse de Donzère autorise toutefois quelques remarques sur la structure et l’environnement de l’ancien monastère. Son acquisition par les moines de Saint-Philibert est sans doute à l’origine de leur implantation dans la moyenne vallée du Rhône. Cette proposition invite à présenter ci-après les dépendances situées dans les diocèses d’Orange, de Saint-Paul-Trois-Châteaux et de Die.

À l’origine de la fondation : une dépendance de l’abbaye de Fontenelle

  • 48 BHL 519, Aigradus, Vita Ansberti, episcopi Rotomagensis, W. Levinson (éd.), MGH, SRM, t. V, Hanovr (...)
  • 49 Aigradus, Vita Ansberti, c. 9, p. 625. Le diplôme du roi Thierry était encore conservé au XIVe siè (...)
  • 50 L. Musset, « Signification et destinée des domaines excentriques pour les abbayes de la moitié sep (...)
  • 51 Aigradus, Vita Ansberti, c. 9, p. 625.
  • 52 M. Fixot, « La Provence de Grégoire de Tours à l’an mille », dans La Provence des origines à l’an (...)

17Vers 675, l’abbé de Fontenelle, Lambert, qui fut évêque de Lyon, vers 677, aurait obtenu, du roi Thierry III le patrimonium de Dosera pour y fonder un coenobium, relevant de l’abbaye neustrienne48. La Vita Ansberti d’Aigradus rapporte en effet que ce domaine fiscal avait été confié aux moines pour y fonder un monastère et pour fournir l’huile nécessaire au luminaire de Fontenelle49. D’après cette source, l’établissement serait devenu l’un des plus importants de la région. Le monastère de Fontenelle, fondé vers 650, acquiert en effet de nombreux biens au cours de la seconde moitié du VIIe siècle. Le domaine monastique s’organise le long des fleuves ; les moines cherchent ainsi à créer un réseau de dépendances assurant une autonomie dans l’approvisionnement de certaines denrées, comme le sel ou l’huile50. Le monastère de Donzère est l’unique possession méridionale de Fontenelle. Assez rapidement pourtant, l’établissement a été abandonné « à cause de la division du royaume, de la discorde des princes et des invasions sarrasines51 ». Les raisons invoquées ici sont assez crédibles : le texte des Gesta fait probablement allusion à des événements de la première moitié du VIIIe siècle, au règne de Charles Martel et aux premiers raids sarrasins dans la vallée du Rhône, vers 725-73752. L’acquisition de Donzère par les moines de Saint-Philibert, dans le dernier tiers du IXe siècle, ne semble avoir aucune relation avec le fait que le site soit à l’origine une dépendance de Fontenelle. Aucune source du monastère de Tournus ne vient, en tout cas, rappeler son passé, ni d’éventuels liens entre Philibert, abbé de Jumièges, et Wandrille, abbé de Fontenelle.

La restauration du monastère au début du IXe siècle

  • 53 Diplôme de Louis le Pieux du 31 mai 814, Dom M. Bouquet (éd.), Recueil des historiens de France, t (...)
  • 54 Diplôme de Charles le Chauve du 1er octobre 875, éd. RAC, II, no 384, p. 362-363.
  • 55 P.-A. Février, « Notes sur les monastères provençaux à l’époque carolingienne », dans Provence his (...)
  • 56 Ibidem, p. 285-286.

18Le monasterium de Donzère apparaît au début du IXe siècle comme un établissement indépendant. L’exposé d’un diplôme de Louis le Pieux, daté du 31 mai 814 et expédié d’Aix-la-Chapelle, nous apprend que Charlemagne aurait concédé des terres appartenant au fisc à l’abbé Norfidius pour y construire un monastère, placé sous la protection de l’empereur53. Les termes de cette restauration sont repris, en octobre 875, dans un diplôme de Charles le Chauve54. L’acte de Charlemagne est perdu, mais la précision des renseignements donnés par les diplômes de ses successeurs confirmerait son authenticité. Le fait que l’abbé de Donzère, Dexter, requiert la confirmation de cet acte, dès la première année du règne de Louis le Pieux constitue aussi un gage de sincérité. Il demeure toutefois difficile de dater avec précision cette restauration qui semble pourtant s’inscrire dans le mouvement de rénovation du monachisme qui affecte la Provence et le Languedoc, à la fin du VIIIe siècle. En dépit de la rareté des sources, la Provence avait probablement participé à ce nouvel élan du monachisme55. La restauration engagée par Charlemagne aurait ainsi pu contribuer à mieux asseoir son pouvoir dans ces régions. Ces nouveaux monastères se trouvent d’ailleurs souvent sur les marges du diocèse et à proximité d’axes de circulation importants56.

  • 57 Diplôme de Louis le Pieux du 31 mai 814, éd. cit., p. 457.
  • 58 L’Astronome, Vita Hludovici imperatoris, c. 19, p. 616.
  • 59 Notitia de servitio monasteriorum, éd. CCM, t. I.
  • 60 L’identification avec Lérins pourrait être confirmée par le choix de ce monastère comme lieu d’exi (...)
  • 61 Depuis le XIXe siècle, la fondation de Cruas est attribuée à Benoît d’Aniane et à ses compagnons. (...)
  • 62 Diplôme de Louis le Pieux du 16 juillet 817, Dom M. Bouquet (éd.), Recueil des historiens de Franc (...)
  • 63 Diplôme de Louis le Pieux du 16 juillet 817, éd. cit., p. 503.
  • 64 Diplôme de Louis l’Aveugle du 1er février 921, R. Poupardin (éd.), Recueil des actes des rois de P (...)

19Dès les premières années du règne de Louis le Pieux, le monastère de Donzère s’affirme comme un établissement réformé. Le diplôme de l’empereur concède aux moines de la congregatio, qui suit l’observance de la Règle de Saint-Benoît, le droit d’élire librement leur abbé57. Le même acte place le monastère sous la protection de l’empereur qui lui octroie le privilège d’immunité. Le monastère de Donzère figure d’ailleurs comme unique établissement réformé dans la Vita de Louis le Pieux58. Donzère apparaît également dans la Notitia de servitio monasteriorum, dans la rubrique des établissements exemptés de dons et de militia595. La notitia de servitio monasteriorum mentionne également Cruas, situé au nord de Donzère, celui de la Novalaise, dans les Alpes, et celui de Lorwim, identifié avec Lérins60. La proximité de l’abbaye de Cruas mérite que l’on s’arrête un moment sur les origines de cette fondation, à laquelle le nom de Benoît d’Aniane est souvent associé61. Le contexte de l’installation d’un groupe de moines à Cruas est évoqué dans l’exposé d’un diplôme de Louis le Pieux du 16 juillet 817 qui accorde l’immunité à la fondation62. La requête du privilège n’est pas faite par l’abbé du lieu, Bonaldus, mais par le comte du Vivarais, Elpodorius. Ce dernier rappelle que son père, le comte Eribert, avait naguère rassemblé des moines sur des terres appartenant au fisc, dans un lieu désert, au bord du Rhône, appelé Crudatus63. Avec l’aide d’autres fidèles, les moines restaurent le lieu pour y mener une vie monastique. L’initiative de la fondation revient donc au comte du Vivarais tout comme l’initiative de la réforme. On se demande alors dans quelle mesure, la récente réforme de Donzère n’a pas incité le comte à se rendre auprès de Louis le Pieux. L’intervention personnelle de Benoît d’Aniane à Cruas n’est donc pas fondée. Cette attribution vient sans doute d’une confusion avec une source du début du Xe siècle qui mentionne l’archevêque d’Arles Manassès, comme abbé de Cruas et d’Aniane64. Donzère et Cruas apparaissent donc comme deux monastères réformés et placés sous la protection impériale. Leur situation géographique atteste de la diffusion du mouvement réformateur par la vallée du Rhône, mais leur isolement témoigne aussi des limites de sa propagation.

  • 65 Diplôme de Louis le Pieux du 4 janvier 835, Dom M. Bouquet (éd.), t. VI, p. 598. Le comte Warneriu (...)
  • 66 Diplôme de Lothaire du 10 octobre 840, T. Schieffer (éd.), MGH, Diplomatum Karolinum, t. III, Berl (...)

20Le diplôme de Louis le Pieux pour Donzère en 814 mentionne que le monastère détient des dépendances dont la localisation n’est pas précisée. Avant 835, l’établissement avait reçu, du comte Warnerius, l’importante villa Masteces, située aux environs du bois de Mattes, à l’est de Donzère. La mort du comte incite les moines à demander la confirmation de cette donation par Louis le Pieux en janvier 83565. Le développement du monastère est confirmé par l’obtention, en octobre 840, d’une exemption de tonlieux pour deux bateaux sur le Rhône66. L’acte témoigne d’une certaine activité de l’établissement et de l’importance de sa situation sur les bords du Rhône.

La donation de Donzère à l’église de Viviers : un dossier épineux

  • 67 Diplôme de Lothaire du 18 octobre 850, T. Schieffer (éd.), MGH, no 107, p. 253.
  • 68 Diplôme de Lothaire du 6 septembre 854, Dom M. Bouquet (éd.), Recueil des historiens de France, t. (...)
  • 69 La donation de Cruas à l’archevêque d’Arles est confirmée par Lothaire II, par Boson et par Louis (...)
  • 70 Diplôme de Charles le Chauve du 1er octobre 875, éd. RAC, II, no 384, p. 362.
  • 71 Diplôme de Charles le Chauve du 11 août 877, éd. RAC, II, no 443, p. 493-497. Boson intervient com (...)
  • 72 La Charta Vetus a été détruite en 1567 mais elle a été en grande partie recopiée au XVe siècle dan (...)
  • 73 Dom M. Bouquet, Recueil des historiens de France, t. VIII, p. 672.
  • 74 Le diplôme de Charles le Chauve mentionne des biens situés sur la rive droite entre Le Pouzain et (...)
  • 75 Diplôme de Conrad de janvier 1147, éd. Regeste dauphinois, no 3792.
  • 76 Un acte de 1236, issu des archives de Bourg-Saint-Andéol, mentionne l’acquisition du château par l (...)
  • 77 J. Ferrand, Histoire de la principauté de Donzère, Paris, 1887, p. 67 sq.

21En octobre 850, Lothaire donne l’abbatia de Donzère et ses dépendances à l’évêque Celse de Viviers67. Cette concession s’inscrit dans un mouvement plus général qui affecte aussi le monastère de Cruas, confié vers 854, à l’archevêque d’Arles68. Ces transactions indiquent-elles une faiblesse des établissements monastiques, nécessitant un encadrement plus étroit par les évêques ? Si la tutelle d’Arles sur Cruas est confirmée par la suite, le diplôme octroyé par Charles le Chauve pour Donzère, en octobre 875, ne mentionne pas l’évêque de Viviers69. L’abbé du monastère, Sindila, requiert la confirmation des biens de l’établissement et du privilège d’immunité, à l’appui d’anciens préceptes de Charlemagne, Louis le Pieux et Louis II70. Le monastère avait-il retrouvé son autonomie lorsque la Provence avait échu à Louis II ? L’abbatia de Donzère est pourtant à nouveau mentionnée comme possession de l’évêque de Viviers, dans un diplôme de Charles le Chauve d’août 87771. Toutefois, G. Tessier a suggéré que le passage relatif à Donzère et au détroit de Burguitate pouvait être interpolé. En effet, la tradition manuscrite de l’acte dérive de deux sources. La première, qui comporte la donation de Donzère, provient d’une copie inscrite dans un ancien cartulaire de l’évêché de Viviers, daté du Xe siècle, et parfois désigné sous le nom de Charta vetus72. La seconde a servi de source à l’édition de Dom M. Bouquet et omet le passage en question73. Le fait que Donzère soit le seul domaine situé sur la rive gauche du Rhône alors que l’autre rive paraît étroitement contrôlée par les évêques de Viviers confirmerait cette interpolation74. En inscrivant Donzère dans la copie du cartulaire, les évêques n’ont-ils pas cherché à revendiquer ce monastère qui leur avait été concédé autrefois par Lothaire ? De fait, la possession de Donzère a été convoitée par les évêques de Viviers pendant toute la durée du Moyen Âge. Le monastère reparaît dans un diplôme de Conrad, de janvier 1147, pour Viviers75. Au XIIIe siècle, le castrum de Donzère, appartient aux évêques76. Les sources médiévales, fort confuses, font état de conflits avec les moines de Tournus, au sujet du partage des droits ecclésiastiques et seigneuriaux77. Pour les évêques vivarois, l’enjeu consistait sans doute à vouloir contrôler les deux extrémités du défilé du Rhône, justement situé entre Viviers et Donzère.

Donzère : une dépendance des moines de Saint-Philibert

  • 78 Notice datée c. 887, P. Kehr (éd.), MGH, Diplomata regnum germaniae, no 162, p. 263.
  • 79 Voir supra, chapitre 9 sur les relations entre Geilon et Charles le Gros, à ce propos H. Flammario (...)

22La première mention de la donation de l’abbatia de Donzère aux moines de Saint-Philibert se trouve dans un diplôme de Charles le Gros, mal daté, qui nous est parvenu sous la forme d’une notice78. Toutefois, cet extrait est particulièrement intéressant puisqu’il signale l’intervention de Geilon, alors évêque de Langres, auprès de l’empereur, pour obtenir la donation de Donzère pour le monastère de Saint-Philibert. La requête de Geilon est tout à fait vraisemblable, étant donné ses relations avec Charles le Gros79. De plus, il est probable que le geste de Geilon soit postérieur à la mort de Boson, en janvier 887, mais contemporain de la reconnaissance de son fils Louis. Geilon a pu intervenir pour régulariser une ancienne donation de Boson, qui n’aurait pas été confirmée par un acte. La confirmation du monastère de Donzère par Louis, roi de Provence et fils de Boson, en juin 896, ne signale toutefois, ni le diplôme de Charles le Gros, ni l’intervention de Boson. On conçoit que dans le climat politique du dernier tiers du IXe siècle, le souverain n’ait pas évoqué son père bien qu’il ait requis pour lui des prières par les moines de Tournus. Il est également possible que les moines de Saint-Philibert aient rencontré des difficultés pour faire valoir leurs droits à Donzère. La confirmation de la donation par les évêques du royaume et par le pape Étienne V, rappelée dans le diplôme de 896, pourrait avoir servi à contrer les éventuelles revendications des évêques de Viviers.

  • 80 Acte du 22 juin 896, éd. cit. :… abba Blitgarius, […] nostram adiens mansuetidinem, suggessit nost (...)
  • 81 Diplôme du 19 mars 875, éd. RAC, II, no 378, p. 242. Sur la circulation sur le Rhône pendant le ha (...)
  • 82 Acte d’Henri Ier du 3 décembre 1059 (P. Juénin [éd.], Preuves, p. 126). Donzère est mentionné dans (...)

23Dans l’acte de 896, la donation est justifiée par les nouvelles menaces d’incursions qui pèsent sur la Bourgogne : Donzère aurait alors pu être utilisé comme refuge par les moines de Tournus80. Il est vrai que l’abbé Blitgaire a fait restaurer le castrum de Tournus avant 889 pour parer à toute éventualité, mais l’évocation des incursions en 896 rappelle plus un motif récurrent dans l’histoire des moines. L’intérêt que présente la possession de cette dépendance méridionale est surtout relatif à sa situation géographique. Donzère constitue un relais important sur le cours du Rhône et les moines de Saint-Philibert ont toujours privilégié ces installations dans les vallées fluviales. Le diplôme de Louis place d’ailleurs Donzère sous la protection de l’immunité et concède aux moines une exemption de tonlieux, deux privilèges rarement octroyés pour une dépendance. On sait d’ailleurs que les moines de Saint-Philibert bénéficiaient déjà d’une exemption de tonlieux sur les fleuves du royaume, y compris le Rhône, depuis leur installation à Tournus en 87581. Bien qu’il n’existe aucune confirmation de Donzère au Xe siècle, la possession de cette dépendance est encore attestée au milieu du XIe siècle, dans le diplôme d’Henri Ier puis dans les actes pontificaux du XIIe siècle82. Cette stabilité, comme la dédicace de l’église à saint Philibert, suggère que la présence des moines ne s’est pas interrompue au Xe siècle.

La topographie médiévale de Donzère

  • 83 Bulle de mai 1119 (P. Juénin [éd.], Preuves, p. 145) : In Aurasicensi, Ecclesiam de Dosera, Sancta (...)

24Au débouché de l’étroit défilé du Rhône, la vallée fluviale s’élargit en une plaine fertile, bordée à l’est par un relief nettement accentué. Le village de Donzère se situe au pied de ces collines, à proximité immédiate du défilé. La partie méridionale du bourg, où s’élève l’église Saint-Philibert, se trouve dans la plaine, alors que la partie septentrionale est établie à flanc de coteau. Le castrum domine le bourg au nord. L’église actuelle marque l’emplacement de l’ancien monastère autour duquel s’est développé le village. La topographie religieuse du haut Moyen Âge reste méconnue mais l’on connaît toutefois l’existence de plusieurs lieux de culte aux abords du bourg fortifié. Ces églises dépendaient toutes des moines de Saint-Philibert et sont mentionnées pour la première fois dans l’acte de confirmation de 111983.

  • 84 C. Boisse, Rapport de fouille dactylographié, Donzère, 1975 ; idem, « Les sépultures du cimetière (...)
  • 85 La typologie des tombes est assez variée (sarcophages, tombes sous tuiles, coffrages mixtes). D’au (...)

25L’église Saint-Benoît est édifiée à environ 300 mètres au sud-ouest du monastère, le long d’un ancien chemin qui menait au Rhône et à un passage à gué, dans le cimetière actuel. Ce toponyme évocateur rappelle l’observance bénédictine de l’établissement carolingien de Donzère. L’église, ruinée et modeste, devait présenter un plan à nef unique, terminé par une abside rectangulaire. Il n’en subsiste que le mur sud de la nef et le chevet construits en petit appareil de moellons. Le profil du bandeau, qui souligne le départ de la voûte du vaisseau, paraît assez tardif ce qui s’accorderait avec les vestiges de la voûte sur croisée d’ogives du chevet. Cl. Boisse, qui a fouillé l’édifice en 1975 et 1976, propose une datation de l’époque romane qui reste peu sûre84. Les fouilles archéologiques ont permis de retrouver les fondations d’un monument antérieur, datant de l’Antiquité tardive. On restitue un bâtiment de plan rectangulaire dont le mur nord, doté d’un contrefort, a été remployé à l’époque médiévale et constitue le mur de la nef. L’extrémité ouest du bâtiment n’a pas été dégagée et la fonction primitive de ce bâtiment reste difficile à déterminer même si l’on peut penser qu’il a été utilisé comme lieu de culte puisque 57 sépultures attribuées à cet état ont été retrouvées aux abords, mais non à l’intérieur de l’espace85.

Figure 49. – Plan de l’église Saint-Benoît de Donzère (d’après C. Boisse).

  • 86 M.-P. Feuillet, « Saint-Saturnin au Moyen Âge », dans Recherches donzéroises, 16, 1990, p. 66-72.
  • 87 C. Boisse, Fouilles de la chapelle Saint-Benoît, Rapport dactylographié, Donzère, 1975.

26Au nord du village, sur le rebord du plateau qui surplombe le défilé du Rhône, des vestiges d’une vaste enceinte fortifiée (environ dix hectares) ont été découverts. Ils ont été identifiés avec un oppidum d’origine protohistorique, mais plusieurs indices d’une occupation pendant l’Antiquité tardive ont également été reconnus aux abords. Une chapelle, dédiée à saint Saturnin et encore utilisée à l’époque Moderne, a été fondée, à une époque indéterminée, à l’intérieur de l’enceinte86. L’édifice, dont la voûte est écroulée, présente un plan à nef unique, de trois travées irrégulières, avec une abside semi-circulaire, difficilement datable. L’église Saint-Christophe a disparu mais son emplacement, au sud de la commune, est connu grâce à la conservation du vocable dans la toponymie. Des tombes sous tuiles auraient été découvertes fortuitement à proximité87.

Figure 50. – Plan du bourg de Donzère.

Figure 51. – Saint-Philibert de Donzère, vue extérieure (cliché I. Cartron).

Figure 52. –Saint-Philibert de Donzère, plan de l’église (F. Morin dans La Drôme romane, Taulignan, 1989, p. 102).

  • 88 Voir le plan général du bourg, figure 50.
  • 89 T. Odiot, « Sauvetages archéologiques en 1985 à Donzère », dans Recherches donzéroises, 11, 1985, (...)
  • 90 Bulle de mai 1119, P. Juenin (éd.), Preuves, p. 145.
  • 91 Taxes pour le recouvrement du prieuré de Donzère en 1458 (prioratus beatae Mariae de Donzura), P. (...)
  • 92 Cf. figure 52.
  • 93 Archives communales de Donzère, BB 4, E. 6851. Voir le plan du bourg, figure 50.
  • 94 Au début du XVIIe siècle, une chapelle des Pénitents est édifiée au sud des deux premières travées (...)

27Selon toute vraisemblance, le monastère se situait à l’emplacement de l’actuelle église Saint-Philibert88. Un sondage, réalisé en 1985, à la base du mur sud de l’édifice roman, a montré que le lieu de culte était implanté sur des bâtiments antiques datés du IVe siècle89. Cette intervention a également révélé que le mur sud de la nef romane était fondé sur un mur antérieur. La structure du monastère du haut Moyen Âge demeure méconnue. Le diplôme de Louis le Pieux de 814 mentionne que l’abbatiale était consacrée à sainte Marie et à saint Pierre. Au début du XIIe siècle, une église Sainte-Marie est toujours signalée, apparemment distincte de l’ecclesia de Dosera90. En revanche, le vocable de Saint-Pierre semble avoir disparu. On ignore l’origine de la dédicace à saint Philibert, mais celle-ci doit être assez tardive puisque le prieuré est encore désigné par le vocable de Sainte-Marie au milieu du XVe siècle91. Les vocables primitifs indiquent peut-être l’existence de deux lieux de culte différents. Faut-il y voir une relation avec le toponyme de « la Double », attaché à un quartier proche de l’église ? L’observation du bâti confirmerait la présence de deux nefs juxtaposées. L’église romane actuelle présente une nef unique de quatre travées, marquées par de solides piliers à ressauts, entre lesquels sont tendues des arcatures aveugles92. Au niveau de la première travée, le mur nord comporte une arcature décalée vers l’ouest, attestant d’une organisation antérieure et ouvrant peut-être sur une seconde nef au sud. Par ailleurs, deux arcatures en plein cintre subsistent sur le mur sud d’une maison, accolée au sud de la travée de chœur de l’église romane. Celles-ci appartiendraient à une seconde nef dont la destruction aurait eu lieu en 1562. Cette année-là, le baron des Adrets ordonna la destruction de l’église et du cloître de Donzère. Le cloître et une partie de la voûte de l’église « jusque proche du clocher » furent abattus93. Le couvrement en berceau brisé et la coupole de la nef romane actuelle ne semblent pas avoir été remaniés : par conséquent, la voûte détruite en 1562 correspond peut-être à celle de la seconde nef94. Le tracé de la clôture monastique est encore perceptible dans le parcellaire. Elle correspond à un îlot, situé au sud de l’église, autrefois désigné comme « la Clastre ». Le texte de 1562 permet de savoir que les galeries d’un cloître ont été détruites et pillées.

  • 95 M. Buis, « Les sculptures préromanes du musée du vieux Donzère », dans Recherches donzéroises, 14, (...)
  • 96 Les rainures sont comblées par du mortier. Sur le motif sculpté, M. Buis, « Le motif de la torsade (...)
  • 97 M. Buis, La sculpture à entrelacs carolingienne dans le sud-est de la France, Thèse, Aix-en-Proven (...)

28Les seuls vestiges du monastère du haut Moyen Âge sont deux éléments sculptés appartenant à un ancien chancel ; actuellement conservés au musée de Donzère, on ne connaît pas le lieu exact de leur découverte95. Le premier correspond à la partie basse d’un pilier qui a été remployé ultérieurement. Il comprend un décor sculpté représentant deux cercles de torsades, à ruban de trois fils, recoupés par des rubans rectilignes, ornés de torsades, et dessinant une frise de losanges96. Le second fragment est plus petit et moins bien conservé ; bien que son décor formé par un ruban enroulé de quatre fils appartienne au répertoire carolingien classique, la réalisation technique de la sculpture placerait son exécution à la même période, c’est-à-dire plutôt à la fin du IXe siècle ou au siècle suivant97.

Figure 53. – Donzère, Pilier de chancel provenant de Saint-Philibert (cliché I. Cartron).

  • 98 O. Peloux, « Donzère au XVIe siècle », dans Recherches donzéroises, 7, 1981, p. 17-21.

29Au cours du Moyen Âge, un bourg s’est développé autour du monastère. Le tracé d’une première enceinte peut encore être restitué. Une enceinte de forme quadrangulaire subsiste au sud du monastère, sans doute reconstruite à la fin du Moyen Âge, mais appelée « barris vieux » dès le XVIe siècle et s’ouvrant à l’ouest par l’intermédiaire du « portail vieux98 ». À l’intérieur, le parcellaire forme des îlots assez réguliers. Le quartier situé sur la pente, au nord du monastère, était peut-être inclu dans cette enceinte primitive. Par la suite, le bourg s’est développé à l’est du portail de la Jaume, le long de la rue principale. Une nouvelle enceinte a été édifiée autour de cette bourgade. L’origine de l’implantation du castrum, au nord du bourg, est très mal connue. Une famille seigneuriale est attestée au XIIe siècle, mais un acte de 1236 mentionne l’acquisition de la fortification par les évêques de Viviers.

Les dépendances de Saint-Philibert en Tricastin

  • 99 Figure 54.

30Les dépendances des moines de Saint-Philibert dans les diocèses de Saint-Paul-Trois-Châteaux et de Die se répartissent en réalité en deux groupes, sur la rive gauche du Rhône. Le premier se trouve au sud de Donzère, sur la commune de La Garde-Adhémar, le second se situe un peu à l’écart de la vallée du Rhône, autour du castrum de Grignan99.

Figure 54. – Les dépendances de Saint-Philibert dans la moyenne vallée du Rhône.

  • 100 Acte du 3 décembre 1059 (P. Juénin [éd.], Preuves, p. 125) : Et in pago Arausicense, monasteria du (...)
  • 101 La stèle, déposée dans l’église Saint-Michel de la Garde-Adhémar, a été découverte par A. Chevalie (...)
  • 102 Les interventions archéologiques étaient placées sous la direction de F. Vaireaux. F. Hernandez, F (...)
  • 103 J. Trouvelot, J. Vallery-Radot, « Notre-Dame du Val des Nymphes », dans Congrès Archéologique de F (...)
  • 104 Voir en particulier les travaux de A. Hartmann-Virnich et de F. Vaireaux dont nous reprenons ici l (...)

31En 1059, le diplôme d’Henri Ier confirme à l’abbaye de Tournus les monasteria de Donzère et du Val des Nymphes ainsi que les églises qui en dépendent100. La période à laquelle le second établissement a été acquis reste floue, comprise entre la fin du IXe siècle et le milieu du XIe siècle. Le Val des Nymphes se situe au fond d’un vallon arrosé par plusieurs sources, à environ deux kilomètres à l’est du village de La Garde-Adhémar, lui-même implanté en rebord du plateau qui domine la vallée du Rhône. Le toponyme du Val des Nymphes suggère une occupation antique du site et la présence d’un lieu de culte païen. L’aménagement d’un bassin pour recevoir l’eau de deux sources différentes, taillé dans le rocher de la falaise, qui ferme le vallon à l’est, constitue un premier indice pour étayer cette hypothèse. La découverte d’une stèle antique, dédiée aux matris nymphis, au quartier du Colombier, à environ un kilomètre du site, pourrait conforter l’existence d’un sanctuaire101. Toutefois, ni la fouille du bassin en 1990, ni les interventions archéologiques effectuées à proximité, n’ont révélé de vestiges antiques importants102. Jusqu’à une date très récente, les vestiges du monasterium du Val des Nymphes se limitaient à l’église Sainte-Marie, édifiée dans la partie sud du site. La qualité et l’originalité de l’animation murale de cet édifice roman, présentant toutefois un plan simple à nef unique, ont depuis longtemps été remarquées103. La nef, édifiée en petit appareil de moellons avec chaînages d’angle en moyen appareil, est divisée en trois travées par des piles en moyen appareil qui recevaient les doubleaux de la voûte en berceau, aujourd’hui détruite. Elle contraste avec l’abside semi-circulaire, édifiée en moyen appareil de pierre de taille, comportant de nombreuses marques lapidaires. L’intérieur de l’abside est animé par deux arcatures aveugles superposées, soutenues par des pilastres au premier niveau et par des colonnettes au second. Les dernières études s’accordent à reconnaître l’homogénéité de la construction, datée du début du dernier tiers du XIIe siècle104.

Figure 55. – Val des Nymphes, vue extérieure de l’église Sainte-Marie (cliché A. Renaudin).

Figure 56. – Val des Nymphes, abside de l’église Sainte-Marie (Cliché A. Renaudin).

  • 105 Entre 1988 et 1994, seize sondages ont été réalisés. F. Vaireaux, Le Val des Nymphes, Rapports arc (...)
  • 106 F. Vaireaux, « Nouvelle approche historique du Val des Nymphes », dans Recherches donzéroises, 16, (...)

32La connaissance de la topographie du site a été largement renouvelée par les fouilles effectuées au début des années 1990105. Pour autant, ces interventions ont surtout consisté en une série de sondages et de tranchées de reconnaissance, une méthode imposée qui présente l’inconvénient de ne fournir que des données ponctuelles sur les édifices reconnus. Les résultats de ces fouilles ont permis de reconnaître une occupation funéraire du site dès l’Antiquité tardive. Des sépultures ont été mises au jour dans plusieurs secteurs dispersés du site. Au nord de l’église Sainte-Marie, les fondations d’un premier lieu de culte ont été reconnues. Bien que l’édifice soit très mal conservé et n’ait été dégagé que ponctuellement, celui-ci semble présenter une courte nef terminée par une abside semi-circulaire, flanquée d’une annexe au nord et liée à une seconde abside au sud. La chronologie relative des murs reste toutefois mal définie. Plusieurs sépultures en coffres de tuiles et un sarcophage ont été mis au jour à l’intérieur de la nef, en contact avec le mur nord. Trois autres sarcophages se trouvaient à l’ouest de l’église. Des recherches effectuées sur les cadastres anciens ont permis d’identifier le vocable de ce lieu de culte, consacré à saint Martin106. Il s’agit de l’une des églises mentionnées en 1119 comme dépendance de l’abbaye de Tournus.

Figure 57. – Val des Nymphes, plan général du site (F. Hernandez, F. Vaireaux, « Le Val des Nymphes et le prieuré Notre-Dame, nouvelle approche historique et archéologique, La Garde-Adhémar », dans Actes du colloque de Tournus…, 1995, p. 560).
1. falaise ; 2. mur de soutènement ; 3. mur en élévation ; 4. mur découvert en fouille ; 5. mur restitué ; A. église Saint-Marie ; B. bassin maçonné ; C. église Saint-Martin ; D et F. bassin rupestre ; E. route actuelle ; G. ermitage moderne ; H. val de Magne ; I. église Saint-Romain.

  • 107 Ces sépultures comprennent un sarcophage trapézoïdal et une tombe sous tuiles. F. Hernandez, F. Va (...)
  • 108 L. Vincent, La nécropole du haut Moyen Âge du Val des Nymphes, rapport de fouilles dactylographié, (...)
  • 109 F. Hernandez, F. Vaireaux, « Le Val des Nymphes et le prieuré Notre-Dame… », 1995, p. 568.
  • 110 F. Hernandez, F. Vaireaux, « Le Val des Nymphes et le prieuré Notre-Dame… », 1995, p. 557. Un bass (...)

33D’autres sépultures, attribuables à l’Antiquité tardive, ont été retrouvées, au nord-est de Saint-Martin, sur le plateau surplombant le site, en bordure du chemin menant à Grignan107. Ce secteur a ensuite été réservé exclusivement à l’inhumation des enfants, dont une vingtaine de sépultures, en coffrages de pierre, ont été mises au jour108. Les limites de la fouille ne permettent cependant pas de définir l’étendue de la nécropole sur laquelle s’implante un lieu de culte, identifié avec l’église Saint-Romain, également mentionnée en 1119. D’après F. Vaireaux, il s’agirait d’une église double, flanquée d’une annexe au sud109. L’abside semi-circulaire de la nef sud pouvait présenter un plan rectangulaire ou polygonal à l’extérieur. Ces fondations restent difficiles à dater même si l’on peut penser que l’édifice n’est pas antérieur à l’époque romane. Cette topographie multiple doit être complétée par un quatrième lieu de culte, l’église Saint-Pierre, dont les ruines subsistaient encore au XVIIe siècle, à quelques dizaines de mètres à l’ouest de Sainte-Marie110.

  • 111 M. Fixot, « L’église médiévale dans l’espace rural provençal d’après les fouilles récentes », dans(...)
  • 112 P.-A. Février, « La marque de l’Antiquité tardive dans le paysage religieux médiéval de la Provenc (...)

34Dès l’Antiquité tardive, le Val des Nymphes s’affirme comme un site privilégié. La fonction funéraire paraît alors dominante et le premier lieu de culte, peut-être déjà dédié à saint Martin, est à mettre en relation avec cette occupation. À une période qu’il demeure difficile de déterminer, la topographie évolue : à l’ancienne église Saint-Martin, toujours utilisée, s’ajoutent au moins deux nouveaux lieux de culte, Saint-Romain et Sainte-Marie (peut-être l’église Saint-Pierre ?). Cette dernière existe probablement dès le XIe siècle et a peut-être été reconstruite au même emplacement dans le dernier tiers du XIIe siècle. Elle s’affirme alors comme l’église majeure du monastère. Cette topographie multiple, marquée par la juxtaposition de plusieurs lieux de culte, caractérise celle des monastères du haut Moyen Âge111. Les vocables mentionnés s’accordent avec cette chronologie112. L’existence de bâtiments annexes, associés aux églises, est suggérée par les substructions retrouvées entre Sainte-Marie et Saint-Martin. Toutefois, il demeure encore impossible de préciser la date à laquelle se constitue ce premier établissement monastique. L’implication des moines bourguignons dans la réorganisation du site reste difficile à mesurer. On remarquera tout de même que la topographie ancienne n’a pas été modifiée puisque la dispersion des édifices perdure jusqu’à l’époque moderne.

  • 113 Voir figure 58.
  • 114 Y. Esquieu, A. Hartmann-Virnich, B. et F. Hernandez, « La Garde-Adhémar : éléments pour l’identifi (...)
  • 115 M. Bois, Le sud du département de la Drôme entre le Xe et le XIIIe siècle, l’organisation du terro (...)
  • 116 Cartulaire de la commanderie de Richerenches de l’ordre du Temple (1136-1214), M. de Ripert-Moncla (...)

35L’acte de confirmation de Calixte II de 1119 mentionne également un autre lieu de culte, la chapelle Saint-Michel de La Garde qu’il convient d’identifier avec l’actuelle église paroissiale du village de La Garde-Adhémar. Cet édifice se trouve au cœur d’un castrum, installé sur le rebord du plateau qui domine la vallée du Rhône, à l’entrée du vallon de Magne, au fond duquel se situe le Val des Nymphes. Les cadastres anciens mettent en évidence une première enceinte, de forme approximativement ovale, incluant l’église Saint-Michel113. Le second rempart, vers l’est, correspond sans doute au développement de l’habitat, comme l’atteste le toponyme de « Villeneuve », désignant ce quartier114. Au sud, à l’intérieur de la première enceinte, des vestiges d’une résidence seigneuriale subsistent, mais ils ne semblent pas antérieurs au XVIe siècle115. Il est en effet délicat de se prononcer sur l’existence d’un château seigneurial à La Garde au Moyen Âge comme sur la période à laquelle la famille des Adhémars exerce sa domination sur La Garde. En 1156, Guillaume Hugues de Monteil Adhémar donne à la commanderie de Richerenches des biens situés in territorio de la Garda116. Cette source ne peut suffire à prouver que ces seigneurs détiennent le castrum. La qualification du lieu de culte comme capella, en 1119, pourrait suggérer son appartenance à une résidence laïque mais il reste possible que l’église soit à l’origine du développement du bourg.

Figure 58. – Plan du bourg de La Garde-Adhémar.

  • 117 Voir les absides occidentées de la chapelle du campanile de Viviers et de l’église de Bourg-Saint- (...)
  • 118 Sur la reconstruction partielle de l’église au XIIe siècle, J. Vallery-Radot, « L’église Saint-Mic (...)

36L’église actuelle présente un plan à trois nefs courtes, associé à l’est à un chevet tripartite, opposé à une abside occidentale. Cette forme, de tradition carolingienne, est assez exceptionnelle en Provence même si plusieurs édifices romans de la moyenne vallée du Rhône témoignent justement d’un certain enrichissement des formes à l’ouest117. Si l’intérieur de l’église Saint-Michel a été remanié au cours de la seconde moitié du XIIe siècle, les murs périmétraux de l’édifice, y compris la contre-abside, pourraient révéler une construction antérieure118. Des reprises, notamment une ancienne fenêtre obturée au sud-ouest de la nef, certains repentirs, et l’emploi d’un petit appareil de moellons réguliers associé à des chaînages d’angles en moyen appareil, le suggèrent. La proximité des dépendances regroupées autour du Val des Nymphes avec Donzère, l’ancienneté de l’occupation du site laissent supposer une acquisition assez précoce de ces églises, peut-être antérieure à la mise en place du réseau castral.

Figure 59. – Saint-Michel de la Garde Adhémar, plan (F. Morin dans La Drôme romane, Taulignan, 1989, p. 100).

Figure 60. – Saint-Michel de la Garde Adhémar, vue extérieure (cliché A. Renaudin).

  • 119 C. Fillet, « Le prieuré et l’église des Tourrettes », dans Bulletin de la société d’archéologie et (...)
  • 120 La tour est mentionnée en 1365.
  • 121 Cette église se serait située à l’extérieur de l’enceinte. C. Fillet, art; cit., p. 217-234.
  • 122 Acte de mai 1119 (P. Juénin [éd.], Preuves, p. 145) : In Diensi, Ecclesia de castri Granian, S(anc (...)
  • 123 C. Trézin, Grignan, archéologie d’un château dans sa communauté villageoise (XIe-XVIIIe siècles), (...)
  • 124 Des sondages archéologiques réalisés en 1984 ont permis de retrouver les fondations de l’ancienne (...)

37En revanche, le groupe des dépendances de Saint-Philibert à Grignan semble plus récent. L’origine du petit établissement des Tourrettes, isolé sur un plateau aride, à quelques kilomètres au nord de Grignan, demeure incertaine. La topographie actuelle ne semble pas antérieure à l’époque romane. Une vaste enceinte, d’environ un hectare, entoure la cella qui paraît associée à un domaine agricole étendu au XIVe siècle119. Des bâtiments monastiques, il ne subsiste plus qu’une enceinte fortifiée, de plan quadrangulaire, comprenant une tour à l’angle sud-ouest120. L’église Saint-Esprit, utilisée jusqu’au XVe siècle, a totalement disparu121. Le développement d’un habitat autour du prieuré est attesté à la fin du Moyen Âge. L’acquisition des églises de Grignan ne paraît pas antérieure à la création du castrum. Leur première mention dans l’acte de 1119 les associe déjà avec la fortification122. Il s’agit d’ailleurs également de la première apparition du castrum dans les sources médiévales123. Elles comprennent l’ecclesia du castrum, la chapelle du château, placée sous le vocable de Saint-Romain, et trois autres lieux de culte, localisés dans la plaine, à l’ouest du bourg124. Les églises Sainte-Marie et de l’Aumône ont disparu ; l’église Saint-Vincent est attribuable au XIIIe siècle seulement.

38L’implantation des moines dans la moyenne vallée du Rhône paraît s’inscrire dans le même contexte que celui des acquisitions viennoises. Dans le dernier tiers du IXe siècle, les moines reçoivent le monasterium de Donzère. L’ancienneté de l’établissement, fondé au VIIe siècle, puis restauré au début du IXe siècle, comme l’origine fiscale des terres, s’accordent avec ce qui a été constaté par ailleurs car la plupart des domaines acquis au cours du IXe siècle présentent ces deux caractéristiques. La présence des moines de Saint-Philibert à Donzère pourrait avoir suscité leur expansion (relative) dans la moyenne vallée du Rhône. Le monasterium du Val des Nymphes est placé sous leur dépendance avant le milieu du XIe siècle, mais les moines reçoivent sans doute des églises antérieures. Bien que les sources soient insuffisantes, les dépendances situées autour de Grignan semblent acquises plus récemment.

Les dépendances du diocèse de Vaison : autour de la cella de Saint-Germain de Faucon

  • 125 Bulle de mai 1119 (P. Juenin [éd.], Preuves, p. 145-147) : In Vasionensi, Ecclesiam Sancti Germani (...)

39Au début du XIIe siècle, trois lieux de culte du diocèse de Vaison relèvent du monastère de Tournus : les églises Saint-Germain, Saint-Pierre de Faucon et Sainte-Marie de Mérindol, situées à environ huit kilomètres au nord-est de la cité épiscopale. La première mention de l’ecclesia sancti Germani et des deux églises qui lui sont subordonnées n’est pas antérieure à l’acte de confirmation des biens de l’abbaye de Tournus, octroyé par Calixte II en mai 1119125. Cet acte définit mal leur statut puisque le terme ecclesia, qualifiant Saint-Germain, reste flou et suggère seulement une prédominance de ce lieu de culte sur les deux autres, uniquement signalés par leurs vocables.

  • 126 En 1274, Giraud, évêque de Vaison, règle un différend au sujet de la perception des dîmes entre Gu (...)
  • 127 Inventaire des biens du prieuré-cure et des chapellenies dressé en 1792 (Archives départementales (...)
  • 128 Le castrum de Faucon est mentionné pour la première fois en 1253 (Livre rouge des comtes de Toulou (...)
  • 129 L’inscription est gravée sur les parements sud et ouest d’une pierre de taille du pilier nord de l (...)
  • 130 La chapelle est encore mentionnée dans une visite pastorale de l’évêque de Vaison, effectuée en 16 (...)

40La topographie des lieux permet de préciser davantage leur fonction. La présence de bâtiments résidentiels, au sud-est de l’église Saint-Germain, organisés à l’intérieur d’une clôture, dès le XIe siècle, indique qu’il s’agit d’un petit établissement monastique, cité comme prieuré, à partir du XIIIe siècle seulement126. Les sources médiévales fournissent très peu de renseignements sur l’étendue du domaine associé à cette cella. En revanche, l’inventaire des biens du prieuré-cure de Faucon, établi avant la vente de 1792, montre que le domaine s’étendait au nord-ouest de Saint-Germain et aux alentours du bourg, ce qui correspond à peu près au vallon du ruisseau du Gournier127. L’unité géographique que constitue le vallon, clairement circonscrit par le relief, laisse supposer la relative stabilité des limites du domaine depuis le Moyen Âge. La position des trois lieux de culte, établis aux pointes du triangle que forme le vallon, confirmerait cette continuité : les églises ont pu, à un moment donné, circonscrire le domaine monastique. La cella Saint-Germain, édifiée à flanc de coteau, à environ 250 mètres du ruisseau, occupe la pointe méridionale du vallon. Elle est dominée au nord-ouest par l’église Saint-Pierre, autour de laquelle les maisons du castrum de Faucon se sont regroupées128. À l’extrémité nord, se situe l’église paroissiale Sainte-Marie, dont la fonction est révélée par une inscription dédicatoire, intégrée dans l’appareil de l’un des piliers de la nef romane129. À ces trois édifices, on peut ajouter l’église Sainte-Colombe, actuellement détruite, mais qui se trouvait à proximité immédiate du cours d’eau, à environ 250 mètres au sud de Saint-Germain130.

  • 131 Cf. I. Cartron, « Le prieuré de Saint-Germain à Faucon », Recherches récentes à Vaison-la-Romaine (...)

41La topographie générale comme le texte de l’acte de 1119 renvoient par conséquent à une image déjà bien structurée du paysage, organisé autour des pôles monumentaux que constituent les lieux de culte et le castrum. À défaut de sources écrites antérieures au XIIe siècle, les recherches archéologiques permettent d’aborder la question de la genèse des lieux de culte et en particulier de la cella Saint-Germain. En effet, le réaménagement et la restauration du site ont offert l’opportunité d’y mener plusieurs campagnes de fouilles, entre 1989 et 1993131. En dépit du caractère fragmentaire qu’imposent les interventions de sauvetage, les résultats permettent de saisir l’évolution de l’occupation du site sur la longue durée, depuis l’Antiquité jusqu’à la fin du Moyen Âge. Plusieurs hypothèses pourront alors être formulées pour déterminer la période à laquelle les moines de Saint-Philibert prennent possession du site.

Figure 61. – Faucon, Saint-Germain vue aérienne du site (cliché M. Heller pour le service d’archéologie du conseil général de Vaucluse).

De la villa antique à l’église du haut Moyen âge

  • 132 Les datations proposées pour les deux états antiques résultent de l’étude du matériel céramique re (...)
  • 133 La stratigraphie antique était mal conservée et le matériel céramique recueilli dans les couches d (...)
  • 134 D’autres sondages ponctuels, réalisés plus à l’est, ainsi que des prospections menées sur les parc (...)

42Les fouilles archéologiques mettent en évidence une occupation du site, dès l’époque gallo-romaine, par ce qu’il faut sans doute identifier comme une villa, malgré une conservation inégale des vestiges et une fouille non exhaustive, essentiellement limitée aux abords de l’église médiévale. Deux états successifs peuvent être distingués dans le bâti antique. Le premier, qui correspond probablement à la fondation primitive, remonte à l’époque augustéenne132. S’il demeure difficile de restituer le plan d’ensemble, on devine que les bâtiments s’organisent sur trois terrasses successives, de l’ouest vers l’est. Le second, qui procède d’une reconstruction partielle du premier, s’inscrit dans sa continuité et la meilleure conservation des murs permet de proposer un plan plus lisible133. On restitue ainsi un grand bâtiment rectangulaire, disposé sur deux niveaux134. La partie occidentale regroupe trois salles appartenant à un ancien balnéaire ; d’autres pièces s’organisent à l’est, autour d’une cour intérieure, de dimensions modestes.

Figure 62. – Faucon, Saint-Germain, plan des vestiges antiques (I. Cartron, d’après relevés F. Chardon). Légendes : état 1 (murs 18, 48, 50, 154, 212, 213), état 2 (murs 4, 8, 9, 10, 17, 47, 51, 67, 68, 69, 138). A : cour ; B : balnéaire ; C : balnéaire ? ; D et E : sol de tuileau.

Figure 63. – Faucon, Saint-Germain, plan de la nécropole du haut Moyen Âge (I. Cartron, d’après relevés F. Chardon). A : enclos funéraire.

Figure 64. – Faucon, Saint-Germain, plan de l’église du haut Moyen Âge (I. Cartron, d’après relevés F. Chardon). A : église du haut Moyen Âge ; B : enclos funéraire.

  • 135 Voir figure 63.
  • 136 Cette datation tient compte de la stratigraphie relative, de la typologie des sépultures et du rés (...)

43Après un hiatus, probablement entre le Ve et le VIIe siècle, les ruines des bâtiments antiques sont réoccupées par une nécropole. Certains murs sont intentionnellement arasés à cette période alors que d’autres sont réutilisés comme enclos funéraires135. Ainsi, les murs périmétraux nord et ouest du grand bâtiment sont conservés jusqu’à l’époque médiévale. Malgré une conservation très inégale des sépultures, elles n’occupaient pas densément les enclos funéraires. Une dizaine de tombes en coffrages de pierre maçonnés se répartit à l’intérieur ; toutes sont disposées est-ouest et suivent strictement l’orientation des murs antiques, contre lesquels elles s’alignent parfois. Cette première occupation funéraire, mal caractérisée, daterait du haut Moyen Âge, soit entre le VIIe et le début du IXe siècle environ136.

  • 137 Voir figure 64.
  • 138 Ces silos sont de très grandes dimensions par rapport à ceux mis au jour dans la région provençale (...)

44Dans un second temps, une église est édifiée à l’intérieur du grand enclos funéraire, s’inscrivant dans la continuité de la topographie antérieure137. Le chevet rectangulaire de l’édifice est constitué par les murs antiques de la partie orientale du petit enclos funéraire. L’arasement du bâtiment ne permet plus de savoir si les anciennes élévations avaient été préservées. Une nef unique, plus large, est construite dans le prolongement du chevet. Au sud, un massif de maçonnerie, prenant appui sur l’ancien mur antique, forme l’épaulement du mur gouttereau de la nef. Ce mur sud, dont trois assises de fondation subsistent (maçonnerie de moellons noyés dans du mortier), recouvre partiellement l’une des sépultures antérieures. Le mur nord de la nef a été détruit lors de la reconstruction de l’église au XIe siècle. Au nord, la conservation d’une sépulture contemporaine de l’église primitive indiquerait que les murs de la nef n’étaient pas rigoureusement symétriques. Le mur occidental n’a pas été reconnu, mais il est probable que son tracé a été repris par le mur ouest de la nef romane. L’église primitive correspond donc à un édifice simple et de dimensions modestes, à nef unique et chevet rectangulaire, très probablement charpenté. Aucune sépulture n’a été retrouvée à l’intérieur de l’édifice. En revanche, à l’extérieur, l’ancienne nécropole continue d’être utilisée même si son organisation tend à se modifier. L’orientation des nouvelles sépultures est légèrement décalée vers le sud-est ; les tombes se regroupent autour des murs de la nef du lieu de culte. L’usage des coffrages maçonnés trapézoïdaux semble diminuer au profit de ceux constitués de dalles juxtaposées sans mortier. À l’intérieur de la nef, un remblai a été rapporté pour égaliser le sol et stabiliser l’édifice. Trois grands silos, utilisés successivement, ont été creusés dans le sol de la nef138. Les deux premiers semblent avoir servi dans un premier temps de dépotoir. Par la suite, les trois silos ont été rapidement comblés par des pierres et des fragments de tuiles : des matériaux qui proviennent sans doute de la démolition de l’église.

  • 139 Le terminus ante quem est fourni par les datations des sépultures de l’état antérieur. Les fragmen (...)
  • 140 Diplôme de Raoul du 6 avril 924 confirmant les biens de Saint-Martin d’Autun, éd. RAR, no 3, p. 17 (...)

45Quelques indices laissent à penser que cette église a été édifiée à l’époque carolingienne, le matériel céramique recueilli dans le comblement des silos permet de déterminer approximativement la date de la destruction de l’édifice dans le courant du XIe siècle139. La fonction de cette église primitive reste délicate à déterminer, la présence des trois silos dans la nef est assez originale, mais ne permet pas d’en savoir plus sur la communauté qui la desservait. Rien ne s’opposerait à ce que ce domaine de Faucon ait été concédé aux moines de Saint-Philibert dès cette période même si les indices sont ténus. L’étude de l’implantation des moines dans la vallée du Rhône a montré qu’ils possèdent des biens dans ces régions, dès le dernier tiers du IXe siècle, à Donzère, mais aussi probablement autour de Mantaille et d’Albon. Ces acquisitions s’effectuent dans le contexte politique de l’implantation des Bosonides en Provence, et d’autres monastères, comme Saint-Martin d’Autun, ont bénéficié des mêmes faveurs. On constate alors que les moines d’Autun détiennent, au tout début du Xe siècle, la villa de Mollans, située à proximité immédiate de Faucon140.

La cella du XIe siècle

  • 141 Voir figures 61 et 65.

46Si la fonction de l’église du haut Moyen Âge demeure hypothétique, la topographie romane permet clairement d’identifier la cella. L’espace s’organise et se structure plus nettement : des bâtiments résidentiels, inscrits à l’intérieur d’une clôture, sont édifiés au sud-est de l’église reconstruite, à l’ouest et au nord de laquelle s’étend toujours la nécropole141. L’implantation des nouvelles constructions tient largement compte de la topographie antérieure et ne la modifie pas radicalement. La nef de la nouvelle église en particulier, se superpose presque exactement à l’ancienne. L’emplacement du cimetière, comme la déclivité ouest-est du terrain, ont également limité l’extension de l’édifice dans le sens est-ouest et ont nécessité la réalisation de fondations plus profondes à l’est. Certains murs antiques ont d’ailleurs contribué à renforcer les nouvelles fondations, ce qui explique certaines irrégularités dans l’orientation des murs romans.

Figure 65. – Faucon, Saint-Germain, plan de l’église romane (I. Cartron, d’après relevés F. Chardon).

Figure 66. – Faucon, Saint-Germain, vue extérieure de l’église (Cliché I. Cartron).

  • 142 Sur les modifications de l’époque moderne, voir I. Cartron, Le site de Saint-Germain de Faucon (Va (...)

47L’église est presque entièrement conservée en élévation, mais son réaménagement, à la fin du XVIIIe siècle, en habitation privée limite la lecture des élévations et la restitution des volumes d’origine142. L’édifice roman comprend une nef centrale courte qui se termine par un chevet rectangulaire ; le vaisseau est flanqué de deux chapelles annexes munies d’absidioles. Les voûtes de la nef et de la chapelle méridionale (surmontée d’une tour) sont encore préservées, à l’inverse du couvrement de l’annexe nord. D’emblée, on constate que le plan présente des irrégularités dont certaines sont manifestement imputables à une adaptation aux constructions antérieures.

  • 143 Sur les analogies et la datation du petit appareil de moellons en Provence, voir A. Hartmann-Virni (...)

48La nef et la chapelle sud ont été édifiées simultanément comme en témoigne l’homogénéité de l’appareil, à l’extérieur. Les murs ouest de la nef et de la chapelle, ainsi que l’élévation méridionale de cette dernière, sont construits en petit appareil de moellons régulier, associé à des chaînages d’angle en moyen appareil de pierre de taille aux harpes accentuées, caractérisant les édifices du XIe siècle en Provence rhodanienne143. À l’intérieur, la nef, étroite et sombre, n’est pas structurée en travées régulières, les élévations des murs gouttereaux sont presque dépourvues d’animation. Le mur sud comporte deux arcatures : la première, à l’extrémité ouest, est aveugle et encadre la porte latérale d’accès à la nef ; la seconde, plus à l’est et plus haute, ouvre sur la chapelle méridionale. L’élévation septentrionale ne comprend qu’une arcature, en grande partie détruite, donnant accès à la chapelle nord.

  • 144 Les marques lapidaires relevées sur l’arc doubleau et sur l’encadrement de la porte latérale, inex (...)

49Le chevet de la nef a été arasé lors de la construction d’une dépendance agricole, établie dans le prolongement de la nef. Un sondage a permis de reconnaître son plan rectangulaire d’origine. La partie orientale de l’église a ensuite été modifiée à plusieurs reprises : la nef paraît en effet avoir été prolongée par une travée droite de chœur dont l’entrée était marquée par un arc doubleau, correspondant à l’ancienne ouverture sur le chevet plat144. L’arrachement de l’arc subsiste encore dans les parties basses des murs et a pu être reconnu sur la voûte en berceau de la nef. Une porte d’accès a été aménagée au sud de la travée de chœur, sans doute pour faciliter la circulation des religieux entre l’église et les bâtiments résidentiels, situés au sud-est du lieu de culte.

  • 145 Ces profils sont comparables à ceux des impostes de Saint-Pantaléon de Gordes (XIe siècle) ou de S (...)

50La chapelle sud s’ouvre largement sur la nef et comprend une travée carrée et une abside semi-circulaire, de plan légèrement outrepassé, probablement englobée dans un massif rectangulaire à l’extérieur. Elle constitue en fait la partie basse d’une tour-clocher et ne possède aucun accès indépendant. À l’intérieur, la naissance de l’arc triomphal de l’abside est marquée par deux impostes aux profils différents, attribuables au XIe siècle145.

  • 146 Il s’agit surtout de la juxtaposition de deux murs, accolés, à l’ouest. Un contrefort a été établi (...)

51La chapelle septentrionale, plus spacieuse, se développe dans le sens nord-sud et comporte deux travées accolées avec, à son extrémité nord, une abside orientée. Semi enterrée à l’ouest, elle est en mauvais état de conservation et les irrégularités du mur ouest suggèrent de probables changements de partis en cours de construction. La restitution du voûtement de cette partie de l’édifice permet aussi de mieux comprendre ces irrégularités146.

52L’église était en effet entièrement voûtée. Les techniques de construction, comme la forme assez irrégulière des voûtes, témoignent d’un certain archaïsme (peut-être faute de moyens suffisants), mais aussi du souci de couvrir la totalité de l’édifice en pierre. Le poids des voûtes en berceau, édifiées en blocage ou en petit appareil, a des répercussions sur la structure de l’église : murs maîtres d’une épaisseur considérable, rareté des percements, cloisonnement des espaces. La nef est voûtée en berceau jusqu’au niveau de l’arc doubleau marquant l’entrée du chœur ; la restitution du niveau de sol intérieur placerait la hauteur de la voûte à environ 7,50 mètres. Les arcatures latérales, ouvrant sur les chapelles annexes, restent basses, largement en dessous de la naissance de la voûte. La chapelle méridionale est couverte par un berceau de blocage, orienté dans le même sens que celui de la nef mais situé à un niveau inférieur (5,60 m). Dans l’angle sud-ouest de la voûte, un fenestron, actuellement obturé, permettait d’accéder aux parties hautes de la tour. Il s’ouvre sur un escalier, comprenant deux courtes volées, couvertes par un berceau, aménagé dans l’épaisseur de la voûte et des murs de la tour. La restitution du voûtement de la chapelle septentrionale s’avère plus délicate. En tenant compte de la hauteur des élévations conservées et de l’arc de pénétration dans la nef, le voûtement devait comprendre deux parties distinctes. La partie sud aurait été couverte par un berceau orienté nord-sud, retombant sur un arc diaphragme, établi au niveau de l’imposte du mur occidental de la chapelle, et contrebuté par le contrefort extérieur. Dans la partie nord, la hauteur du cul de four de l’absidiole aurait incité à couvrir cet espace par une seconde voûte en berceau, dans le sens opposé (est-ouest). L’arc diaphragme aurait alors permis d’articuler les deux voûtes et aurait nécessité le renfort du mur ouest par un contrefort.

Figure 67. – Faucon, Saint-Germain, coupe transversale de l’église (I. Cartron d’après relevés F. Chardon).

  • 147 A. Hartmann-Virnich, « Remarques sur l’architecture religieuse du premier âge roman en Provence (1 (...)
  • 148 C. Sapin, « Saint-Philibert et les débuts de l’architecture romane en Bourgogne », dans Actes du c (...)
  • 149 Se reporter aux études suivantes : A. Hartmann-Virnich, « Le voûtement dans l’architecture religie (...)
  • 150 Voir infra, chapitre 11.

53La reconstruction de l’église pourrait donc se situer dans la seconde moitié du XIe siècle : l’emploi du petit appareil, le profil des impostes, le plan outrepassé des absidioles, s’accorderaient avec cette proposition147. En dépit de l’apparente complexité de son plan, l’église paraît relativement homogène. Les deux annexes latérales évoquent un plan à transept bas irrégulier : elles sont établies en retrait du mur occidental de la nef, ne comportent pas d’accès indépendants, et sont voûtées à un niveau inférieur à celui du vaisseau central. Le voûtement, même s’il reste emprunt d’hésitations et d’archaïsmes, témoigne parfois d’une certaine audace qui n’est pas sans rappeler, toute proportion gardée, certaines formes du couvrement de l’avant-nef de l’abbatiale de Tournus. Des études récentes, menées en Bourgogne, sur des édifices plus modestes ou sur d’autres dépendances du monastère de Tournus, ont souligné le dynamisme et la multiplication des expériences en matière de voûtement, au cours de la première moitié du XIe siècle148. Avec raison, on pourra opposer à cette remarque qu’un mouvement semblable affecte aussi la Provence et il est vrai que l’église de Saint-Germain trouve plutôt sa place parmi les édifices du premier art roman provençal, ce qui traduit sans doute une relative autonomie de la cella par rapport au monastère-chef149. Une fois replacé dans son contexte régional, l’édifice n’apparaît pas particulièrement novateur. Cette restructuration plus monumentale du site pourrait coïncider avec un transfert de propriété : il demeure donc possible que les moines de Saint-Philibert ne prennent possession du site qu’à cette période. Le choix du vocable de Saint-Germain d’Auxerre rappelle en effet les relations étroites qu’entretiennent les moines, juste après l’an mil, avec Hugues, comte de Chalon et évêque d’Auxerre150.

  • 151 Visite pastorale de l’évêque Guillaume de Scheisolme, en 1602, dans laquelle est mentionnée une vi (...)

54La reconstruction de l’église Saint-Germain s’accompagne de celle des bâtiments résidentiels, situés au sud-est de l’édifice. Abordés très ponctuellement, on peut surtout avancer qu’ils s’organisent à l’intérieur d’une clôture dont le mur oriental, scandé de contreforts, est bien conservé. Le matériel céramique retrouvé sur l’ensemble du site montre que le prieuré est abandonné dès la fin du Moyen Âge. Une visite pastorale de l’évêque de Vaison, à la fin du XVIe siècle, atteste que le vocable de Saint-Germain et le statut de prieuré ont été absorbés par l’église paroissiale de Faucon ce qui est certainement consécutif à son abandon151.

Notes

1 Cf. figure 45.

2 J.-M. Poisson, « De la villa au castrum : l’habitat rural dans la châtellenie dauphinoise d’Albon de la fin de l’Antiquité au XIIe siècle », dans Feller L., Mane P., Piponnier F. (dir.), Le village médiéval et son environnement, études offertes à J.-M. Pesez, Paris, 1998, p. 571-586.

3 Donation de Guichardus de novembre 1037, P. Juenin (éd.), Preuves, p. 125.

4 Concile d’Épaone (15 septembre 517), J. Gaudemet, B. Basdevant (éd.), Les canons des conciles mérovingiens (VIe-VIIe siècle), Sources Chrétiennes, t. I, Paris, 1989, p. 96-99. La lettre d’Avit convoque les évêques au concile qui se tiendra in parochia Eponensis. Sur l’identification d’Épaone avec Albon : J. Duc, Essais historiques sur la commune d’Albon, Épaone et le château de Mantaille, Valence, 1900 ; C. Bellet, « Une question de géographie historique. Épaone », dans Bulletin de la société archéologique de la Drôme, t. 56, 1922, p. 348-360.

5 Voir en dernier lieu, N. Duval, d’après A. Blanc et M. Colardelle, « Albon, basilique paléochrétienne », dans Les premiers monuments chrétiens de la France, t. I, Sud-Est et Corse, Paris, 1995, p. 224-226. À l’époque antique, le site semble avoir été occupé par un habitat, peut-être une villa (vestiges retrouvés au lieu-dit Beauregard).

6 C’est ce qui est dit dans l’exposé du diplôme de Louis le Pieux du 3 mars 831, E. Baluze (éd.), Capitularia regum francorum, Paris, 1677, col. 1433-1434.

7 Mantaille est mentionné comme lieu privilégié d’expédition des actes. Diplômes de Charles de Provence du 16 janvier 858 (R. Poupardin [éd.], Recueil des actes des rois de Provence, no iii, p. 4), du 14 juillet 861 (éd. cit., no vii, p. 14), du 22 août 861 (éd. cit., no viii, p. 16 et 126).

8 P. Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l’Europe, Paris, 1992, p. 185. Diplôme de Lothaire du 30 avril 863, U. Chevalier (éd.), Cartulaire de Saint-Maurice de Vienne, p. 56.

9 Charte du comte Thibert, vers 890, L. dAchery (éd.), Spicilegium, t. III, Paris, 1723, p. 362 : Igitur ego praefatus Teutbertus comes […] jam dictam villam Mantulam cum omnibus villis ad se pertinentibus, cum Ecclesiis, cum servis et mancipiis et ancillis, cum vineis et campis, cum domibus et sylvis, cum pascuis et aquis, cum pratis et molendinis, et quaecumque ibi mea possessio est…

10 Génissieux, Drôme, arr. Tournon, cant. Romans. Entre 855 et 860, Charles de Provence restitue à l’Église de Vienne la villa de Génissieux que le comte Gérard tenait en bénefice (R. Poupardin [éd.], Recueil des actes des rois de Provence, no v, p. 10). Ce domaine avait déjà été restitué à l’archevêque de Vienne par Lothaire II (J.-F. Böhmer, E. Mühlbacher, Regesta Imperii, no 1078).

11 Actuellement Saint-Donat-sur-l’Herbasse, Drôme, arr. Tournon, cant. Romans. L’acte de donation du vicus Jovinziacum par Boson est perdu mais mentionné dans celui de Louis daté du 11 août 894, R. Poupardin (éd.), Recueil des actes des rois de Provence, no xxx, p. 55.

12 Les premiers résultats d’une enquête archéologique menée sur la châtellenie d’Albon mettent en évidence la densité de l’occupation gallo-romaine de la plaine rhodanienne (où passait la voie d’Agrippa) par opposition à une zone presque inhabitée autour de Mantaille. J.-M. Poisson, « De la villa au castrum… », art. cit., p. 573-575 et p. 577.

13 Charte de donation d’Arlulfus à l’archevêque Vienne du 15 novembre 883, U. Chevalier (éd.), Cartulaire de Saint-Maurice de Vienne, no 108, p. 30.

14 À propos de l’usage des forêts par les souverains, voir R. le Jan, « Le don et le produit sauvage », dans Femmes, pouvoir et société dans le haut Moyen Âge, Paris, 2001, p. 119-131.

15 Sur les 42 diplômes de Louis qui sont conservés, la moitié est expédiée depuis Vienne.

16 Charte de l’archevêque de Vienne Bernoin, entre 890 et 899, éd. L. d’Achery, Spicilegium, t. III, Paris, 1723, p. 363.

17 Ce sont probablement les archevêques de Vienne qui sont à l’origine de la construction du castrum, encore visible sur la rive droite du Bancel. A. Steyert, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces du Lyonnais, Lyon, 1893, t. II, p. 166-167.

18 Arlulfus et sa femme concèdent des biens à l’archevêque de Vienne en 883, situés dans la villa d’Anneyron, qui appartenait auparavant à l’archevêque Otran (U. Chevalier [éd.], Cartulaire de Saint-Maurice de Vienne, no 108, p. 30).

19 J.-P. Poly souligne cette confusion pour des domaines ecclésiastiques d’Arles et de Marseille. J.-P. Poly, La Provence et la société féodale…, p. 77 ; en Viennois, B. Bligny, Histoire du Dauphiné, Toulouse, 1973, p. 113 ; en Auvergne autour du palais d’Ébreuil, C. Lauranson-Rosaz, L’Auvergne et ses marges…, p. 319-329.

20 La même observation a été faite en Languedoc central, L. Schneider, Monastères, villages et peuplement en Languedoc central. Les exemples d’Aniane et de Gellone (VIIIe-XIIe siècle), thèse de doctorat, Aix-en-Provence, p. 82-93. Pour autant, cette « refiscalisation » ne paraît pas avoir duré puisque, après la défaite de Boson, les archevêques de Vienne semblent avoir récupéré certains biens.

21 Un collège de chanoines, dépendant des évêques de Grenoble, est mentionné à partir du XIe siècle. Sur cet établissement, voir G. Barruol, « Saint-Donat-sur-l’Herbasse », dans Dauphiné roman, La Pierre-qui-Vire, 1992, p. 195-220.

22 Acte du roi Raoul du 6 avril 924 pour le monastère de Saint-Martin d’Autun (éd. RAR, no 3, p. 17) et charte mentionnée à la note suivante.

23 Charte des moines de Saint-Martin d’Autun échangeant leurs biens viennois avec l’archevêque de Vienne en 926 (E. Mabillon [éd.], De re diplomatica, Libri IV, Paris, 1681, no cxxxii, p. 566).

24 La Motte de Galaure, Drôme, arr. Tournon, cant. Saint-Vallier.

25 G. Barruol, Dauphiné roman, op. cit., p. 241-242.

26 Cette identification est proposée par J.-M. Poisson, « De la villa au castrum… », art. cit., p. 581. Elle est fondée sur la mention d’un prieur de Saint-Martin d’Albon au XIVe siècle dans les pouillés du diocèse de Vienne. Rien ne permet cependant de façon certaine de rattacher ce prieuré à Tournus. A. Clouzot, Pouillés des provinces de Besançon, de Tarentaise et de Vienne, Paris, 1940, p. 294.

27 P. Carlier, « Saint-Philibert », dans La Drôme romane, Taulignan, 1989, p. 23.

28 J.-M. Poisson, « De la villa au castrum… », art. cit., p. 580.

29 Constitution du douaire d’Agnès, épouse du comte Guigues le Gras, du 10 mai 1070 (archives départementales des Bouches-du-Rhône, B 276 ; fac-similé dans G. de Manteyer, Les origines du Dauphiné de Viennois, la première race des comtes d’Albon (843-1228), Gap, 1925, planche II).

30 Donation de Didier de Charmes au monastère de Saint-Barnard de Romans d’un manse situé in villa Albonno. Charte du 6 juillet 1052, U. Chevalier (éd.), Cartulaire de Saint-Barnard de Romans, no 102, p. 118.

31 Andancette, Drôme, arr. Tournon, cant. Saint-Vallier. Vestiges d’une église Saint-André, dans le quartier du Couvent.

32 Plusieurs découvertes ponctuelles ont été faites avant la fouille menée par J. Duc, géomètre, en 1875. En 1846, en bordure d’une parcelle dénommée « le champ du Fay », trois sarcophages et le fût d’une colonne ont été mis au jour. En 1874, d’autres sépultures et des maçonneries sont découvertes fortuitement ce qui incita à entreprendre une fouille l’année suivante. J. Duc, Essais historiques sur la commune d’Albon…, Valence, 1900 ; A. Blanc, « La basilique paléochrétienne de Saint-Romain d’Albon », dans Cahiers rhodaniens, t. V, 1964, p. 62-68. Plan de la basilique, figure 46.

33 M. Colardelle, Sépultures et traditions funéraires du Ve au XIIIe siècle dans les campagnes des Alpes françaises du Nord, Grenoble, 1983, p. 234-236. Une inscription datée de 631, F. Descombes (éd.), Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, t. XV, Viennoise du Nord, Paris, 1985, no 26, p. 245. Deux autres de 467 et 516, éd. cit., no 24, p. 244 ; no 25, p. 244.

34 Diplôme de Louis le Pieux du 3 mars 831, éd. cit., col. 1433.

35 Charte de l’archevêque de Vienne pour le comte Thibert, entre 890 et 899, L. dAchery (éd.), Spicilegium, t. III, Paris, 1723, p. 363 :… ut quamdiu ipse comes Teutbertus et uxor ejus carne vixerint, easdem tres villas Mantulam scilicet et Ebaonem, necnon et Geniciacum lege beneficiaria(m) usuque fructuario teneant, ordinent et secure possideant, misericorditer Servientes tractari : quae deserta sunt restaurando et quae destituta reaedificando, et quae non sunt vestita revestiendo…

36 Charte de donation de Guichard de 1037, éd. P. Juenin, Preuves, p. 125 : Ego guichardus […] donamus […] ecclesiam Sancti Ferreoli, quae est sita in archiepiscopatu Viennensi, cum suis decimis, et monte in quo ipsa ecclesia fundata est. Donamus et tres mansos, in ipsuis montis parte quae Orientem rescipit positos, cum campis, silvis, pratis, aquis, aquarumque decursibus videlicet Karusium et Brachium vivum. Les deux cours d’eau n’ont pas pu être identifiés.

37 Voir figures 47 et 48. Plusieurs campagnes de fouilles ont été menées sur le castrum d’Albon entre 1996 et 1998, sous la direction de J.-M. Poisson, nous en reprenons les principaux acquis. J.-M. Poisson, « Albon (Drôme), site castral », Chronique des fouilles médiévales en France, dans Archéologie médiévale, 28, 1999, p. 249-253 ; idem, « Le château des comtes d’Albon », dans M. Bois, C. Burgard (dir.), Fortifications et châteaux dans la Drôme, Paris, 2004 ; J. De Meulemeester, J.-M. Poisson, Le château des comtes d’Albon, berceau du Dauphiné, Namur, Carnets du Patrimoine 37, 2004.

38 Chronologie relative du site proposée par J.-M. Poisson, « Albon (Drôme), site castral », Chronique des fouilles médiévales en France, dans Archéologie médiévale, 28, 1998, p. 252.

39 Le patronyme Guichardus n’est pas mentionné dans les chartes viennoises, mais il est porté par la famille bourguignonne des seigneurs de Beaujeu, C. Bouchard, Sword, Miter, and Cloister. Nobility and the Church in Burgundy, 980-1198, Ithaca, Londres, 1987, p. 289.

40 R. Poupardin, Le royaume de Provence…, Appendice IX, La famille des vicomtes de Vienne au Xe siècle, p. 355-356.

41 En 994, Berlio concède des biens à l’Église de Vienne à Toussieu (Cartulaire de Saint-Maurice de Vienne, U. Chevalier ([éd.], no 41, p. 21). La même année Berlio et sa femme Leotgardis concèdent à nouveau des biens à Cheyssieu (ibidem, no 115, p. 32), les mêmes en 1004 à Cheyssieu.

42 Voir L. Ripart, « Du royaume aux principautés (Savoie-Dauphiné, Xe-XIe siècles) », dans C. Guilleré, J.-M. Poisson et al. (dir.), Le royaume de Bourgogne autour de l’an Mil, Chambéry, 2008, p. 247-276.

43 G. de Manteyer, Les origines du Dauphiné de Viennois…, Gap, 1925, p. 13.

44 Les comtes donnent à Cluny, en 934, Guigues et Gandalmoda concèdent des biens à Cluny, situés à Annonay (CLU no 415) ; en 996, Humbert, évêque de Grenoble et fils de Guigues et de Frébourge, donne au monastère le château de Vizille (CLU no 2307) ; en 1079, le comte d’Albon Guigues fait une donation en faveur du prieuré clunisien de Manthes (CLU no 3542).

45 Diplôme de Louis l’Aveugle du 22 juin 896, R. Poupardin (éd.), Recueil des actes des rois de Provence…, p. 57, no xxxi.

46 Voir T. Odiot, « Habitats, sols et cadastres dans le Tricastin », dans F. Favory, J.-L. Fiches (dir.), Les campagnes de la France méditerranéenne dans l’Antiquité et le haut Moyen Âge, études microrégionales, Document d’Archéologie Française, 42, Paris, 1994, p. 80-83.

47 T. Odiot, « Sauvetages archéologiques en 1985 à Donzère », dans Recherches donzéroises, 11, 1985, p. 81-83.

48 BHL 519, Aigradus, Vita Ansberti, episcopi Rotomagensis, W. Levinson (éd.), MGH, SRM, t. V, Hanovre, c. 9, p. 625.

49 Aigradus, Vita Ansberti, c. 9, p. 625. Le diplôme du roi Thierry était encore conservé au XIVe siècle dans le cartulaire de la cathédrale de Rouen. F. Lot, Etudes critiques sur l’abbaye de Saint-Wandrille, Paris, 1913.

50 L. Musset, « Signification et destinée des domaines excentriques pour les abbayes de la moitié septentrionales de la Gaule jusqu’au XIe siècle », dans Sous la Règle de saint Benoît…, 1982, p. 167-183. Voir également L. Ganshof, « Les bureaux du tonlieu de Marseille et de Fos », dans Mélanges Didier, Paris, 1960, p. 125.

51 Aigradus, Vita Ansberti, c. 9, p. 625.

52 M. Fixot, « La Provence de Grégoire de Tours à l’an mille », dans La Provence des origines à l’an mil, Paris, 1989, p. 462-463.

53 Diplôme de Louis le Pieux du 31 mai 814, Dom M. Bouquet (éd.), Recueil des historiens de France, t. VI, 1741, p. 457.

54 Diplôme de Charles le Chauve du 1er octobre 875, éd. RAC, II, no 384, p. 362-363.

55 P.-A. Février, « Notes sur les monastères provençaux à l’époque carolingienne », dans Provence historique, t. XXIII, fasc. 93-94, 1973, p. 280-295.

56 Ibidem, p. 285-286.

57 Diplôme de Louis le Pieux du 31 mai 814, éd. cit., p. 457.

58 L’Astronome, Vita Hludovici imperatoris, c. 19, p. 616.

59 Notitia de servitio monasteriorum, éd. CCM, t. I.

60 L’identification avec Lérins pourrait être confirmée par le choix de ce monastère comme lieu d’exil pour le frère d’Adalhard de Corbie, Bernard, en 814. Paschase Ratbert, Vita sancti Adlahardi, c. 35, col. 1323.

61 Depuis le XIXe siècle, la fondation de Cruas est attribuée à Benoît d’Aniane et à ses compagnons. Certains auteurs l’ont même identifié avec une dépendance d’Aniane. J. Régnier, Histoire du Vivarais, t. I, Le Vivarais depuis les origines jusqu’à sa réunion à l’Empire (1039), Largentière, 1861 ; G. Cholvy (dir.), Histoire du Vivarais, Toulouse 1988 ; J. Tardieu, « Reprises des fouilles en l’abbatiale de Cruas : premiers résultats, premières hypothèses », dans Archéologie du Midi médiéval, t. 2, 1984, p. 97-106. Un point de vue plus nuancé : J. Tardieu, A. Hartmann-Virnich, « L’abbatiale Sainte-Marie de Cruas », dans Congrès Archéologique de France, Moyenne vallée du Rhône, t. 150, 1992, p. 91-116.

62 Diplôme de Louis le Pieux du 16 juillet 817, Dom M. Bouquet (éd.), Recueil des historiens de France, t. VI, 1741, p. 503.

63 Diplôme de Louis le Pieux du 16 juillet 817, éd. cit., p. 503.

64 Diplôme de Louis l’Aveugle du 1er février 921, R. Poupardin (éd.), Recueil des actes des rois de Provence, p. 106-108, no LIX. Louis confirme à l’archevêque Manassès les donations faites autrefois à Rostaing, à savoir les abbayes d’Aniane, de Goudargues et de Cruas. Le diplôme de Boson pour l’archevêque Rostaing ne mentionne que Cruas.

65 Diplôme de Louis le Pieux du 4 janvier 835, Dom M. Bouquet (éd.), t. VI, p. 598. Le comte Warnerius n’a pas été identifié. Il avait acquis une partie de cette villa avec sa première femme, Hildismota. Après le décès de celle-ci, il se lia avec une servante de l’empereur nommée Berthilde, avec laquelle il se procura le reste du domaine. D’après Jacques de Font-Réaulx, après la mort du comte, le domaine devait revenir au fisc puisque Bertilde était non libre. Cette situation aurait incité les moines à demander la confirmation de la villa. J. de Font-Réaulx, « L’abbaye de Donzère », dans BSASD, 1938, p. 238.

66 Diplôme de Lothaire du 10 octobre 840, T. Schieffer (éd.), MGH, Diplomatum Karolinum, t. III, Berlin-Zürich, 1966, no 47, p. 130 ; D. Le Blévec, « L’abbaye de Donzère et la circulation sur le Rhône au IXe siècle. À propos du privilège de l’empereur Lothaire (840) », dans Recherches donzéroises, 6, 1980, p. 14-23.

67 Diplôme de Lothaire du 18 octobre 850, T. Schieffer (éd.), MGH, no 107, p. 253.

68 Diplôme de Lothaire du 6 septembre 854, Dom M. Bouquet (éd.), Recueil des historiens de France, t. VII, p. 392.

69 La donation de Cruas à l’archevêque d’Arles est confirmée par Lothaire II, par Boson et par Louis l’Aveugle. R. Poupardin, Recueil des actes des rois de Provence, no xxi, p. 41, no lix, p. 106.

70 Diplôme de Charles le Chauve du 1er octobre 875, éd. RAC, II, no 384, p. 362.

71 Diplôme de Charles le Chauve du 11 août 877, éd. RAC, II, no 443, p. 493-497. Boson intervient comme requérant pour l’évêque de Viviers.

72 La Charta Vetus a été détruite en 1567 mais elle a été en grande partie recopiée au XVe siècle dans une enquête menée par l’abbé de Cruas sur les droits de l’évêque de Viviers. Archives départementales de l’Ardèche, fonds Mazon, F 32, p. 127.

73 Dom M. Bouquet, Recueil des historiens de France, t. VIII, p. 672.

74 Le diplôme de Charles le Chauve mentionne des biens situés sur la rive droite entre Le Pouzain et Bourg-Saint-Andéol (RAC, II, no 443, p. 493-494).

75 Diplôme de Conrad de janvier 1147, éd. Regeste dauphinois, no 3792.

76 Un acte de 1236, issu des archives de Bourg-Saint-Andéol, mentionne l’acquisition du château par les évêques de Viviers. C. Perrin, « Donzère des origines à la Révolution », dans Recherches donzéroises, 7, 1981, p. 4.

77 J. Ferrand, Histoire de la principauté de Donzère, Paris, 1887, p. 67 sq.

78 Notice datée c. 887, P. Kehr (éd.), MGH, Diplomata regnum germaniae, no 162, p. 263.

79 Voir supra, chapitre 9 sur les relations entre Geilon et Charles le Gros, à ce propos H. Flammarion, « Les textes diplomatiques langrois et le pouvoir des évêques aux IXe et Xe siècles », dans M.-J. Gasse-Grandjean, B.-M. Tock (dir.), Les actes comme expression du pouvoir au haut Moyen Âge, Actes de la table ronde de Nancy, Turnhout, 2003, p. 51-68.

80 Acte du 22 juin 896, éd. cit. :… abba Blitgarius, […] nostram adiens mansuetidinem, suggessit nostrae clementiae quo abbatiam Doseram, quam eis ab Normanorum rabiem vitandam jamdudum concesseramus, modo praecepto nostrae auctoritatis firmaremus.

81 Diplôme du 19 mars 875, éd. RAC, II, no 378, p. 242. Sur la circulation sur le Rhône pendant le haut Moyen Âge, voir F.-L. Ganshof, « Notes sur les ports de Provence du VIIIe au Xe siècle », dans Revue historique, t. 181, 1938, p. 28-37.

82 Acte d’Henri Ier du 3 décembre 1059 (P. Juénin [éd.], Preuves, p. 126). Donzère est mentionné dans les bulles de 1119 et de 1179.

83 Bulle de mai 1119 (P. Juénin [éd.], Preuves, p. 145) : In Aurasicensi, Ecclesiam de Dosera, Sanctae Mariae, S (ancti) Benedicti, S (ancti) Christophori, S (ancti) Saturnini.

84 C. Boisse, Rapport de fouille dactylographié, Donzère, 1975 ; idem, « Les sépultures du cimetière de Saint-Benoît » dans Recherches donzéroises, 3, 1977, p. 7-17 ; idem, « Les recherches sur la chapelle céméteriale Saint-Benoît », dans Recherches donzéroises, 3, 1977, p. 19-26. Plan de l’église, figure 49.

85 La typologie des tombes est assez variée (sarcophages, tombes sous tuiles, coffrages mixtes). D’autres tombes plus récentes, en coffrages de pierre, ont également été fouillées.

86 M.-P. Feuillet, « Saint-Saturnin au Moyen Âge », dans Recherches donzéroises, 16, 1990, p. 66-72.

87 C. Boisse, Fouilles de la chapelle Saint-Benoît, Rapport dactylographié, Donzère, 1975.

88 Voir le plan général du bourg, figure 50.

89 T. Odiot, « Sauvetages archéologiques en 1985 à Donzère », dans Recherches donzéroises, 11, 1985, p. 82. Vue extérieure actuelle de l’église, figure 51.

90 Bulle de mai 1119, P. Juenin (éd.), Preuves, p. 145.

91 Taxes pour le recouvrement du prieuré de Donzère en 1458 (prioratus beatae Mariae de Donzura), P. Juénin (éd.), Preuves, p. 174.

92 Cf. figure 52.

93 Archives communales de Donzère, BB 4, E. 6851. Voir le plan du bourg, figure 50.

94 Au début du XVIIe siècle, une chapelle des Pénitents est édifiée au sud des deux premières travées de la nef romane. J. Boissier, « L’église Saint-Philibert de Donzère », dans Recherches donzéroises, 10, 1984, p. 24.

95 M. Buis, « Les sculptures préromanes du musée du vieux Donzère », dans Recherches donzéroises, 14, 1988, p. 37-48. Figure 53.

96 Les rainures sont comblées par du mortier. Sur le motif sculpté, M. Buis, « Le motif de la torsade liée au losange », dans Cahiers archéologiques, t. 30, 1982, p. 72.

97 M. Buis, La sculpture à entrelacs carolingienne dans le sud-est de la France, Thèse, Aix-en-Provence, 1975, t. I, p. 251-254.

98 O. Peloux, « Donzère au XVIe siècle », dans Recherches donzéroises, 7, 1981, p. 17-21.

99 Figure 54.

100 Acte du 3 décembre 1059 (P. Juénin [éd.], Preuves, p. 125) : Et in pago Arausicense, monasteria duo, Dusaram et Vallem Nimfarum, cum ecclesiis ad se pertinentibus.

101 La stèle, déposée dans l’église Saint-Michel de la Garde-Adhémar, a été découverte par A. Chevalier en 1919. A. Chevalier, « Le Val des Nymphes, bois sacré, bois des Tricastins », dans Le Tricastin, 15, 1928, p. 131.

102 Les interventions archéologiques étaient placées sous la direction de F. Vaireaux. F. Hernandez, F. Vaireaux, « Le Val des Nymphes et le prieuré Notre-Dame, nouvelle approche archéologique et historique », dans Actes du colloque de Tournus…, 1995, p. 556 et p. 559.

103 J. Trouvelot, J. Vallery-Radot, « Notre-Dame du Val des Nymphes », dans Congrès Archéologique de France, t. 86, 1925, p. 307-312 ; J. Vallery-Radot, « Le domaine de l’école romane provençale », dans Bulletin monumental, 1945, p. 32 ; J.-M. Rouquette, Provence romane I, La Pierre qui Vire, 1980, p. 57 ; F. Vaireaux, « Étude d’élévation de la chapelle Notre-Dame du Val des Nymphes (commune de la Garde-Adhémar, Drôme) », dans Archéologie du Midi médiéval, t. XII, 1994, p. 39-64 ; Y. Esquieu, A. Hartmann-Virnich, B. et F. Hernandez, « La Garde-Adhémar : éléments pour l’identification d’un premier site castral », dans C. Burgard, A.-M. Clappier (dir.), Pierres de la Drôme. De la géologie à l’architecture, slnd, 2007, p. 64-69. Voir les figures 55 et 56.

104 Voir en particulier les travaux de A. Hartmann-Virnich et de F. Vaireaux dont nous reprenons ici les propositions de datation (citées supra).

105 Entre 1988 et 1994, seize sondages ont été réalisés. F. Vaireaux, Le Val des Nymphes, Rapports archéologiques, Direction régionale de l’archéologie de Rhône-Alpes, 1988, 1989, 1990, 1992. L’ensemble des découvertes est lisible sur la figure 57.

106 F. Vaireaux, « Nouvelle approche historique du Val des Nymphes », dans Recherches donzéroises, 16, 1990.

107 Ces sépultures comprennent un sarcophage trapézoïdal et une tombe sous tuiles. F. Hernandez, F. Vaireaux, « L’église Saint-Romain du Val des Nymphes, La Garde-Adhémar, Drôme », dans Recherches donzéroises, 21, 1994 ; idem, « Le Val des Nymphes et le prieuré Notre-Dame… », 1995, p. 562.

108 L. Vincent, La nécropole du haut Moyen Âge du Val des Nymphes, rapport de fouilles dactylographié, Direction régionale de l’archéologie de Rhône-Alpes, 1986.

109 F. Hernandez, F. Vaireaux, « Le Val des Nymphes et le prieuré Notre-Dame… », 1995, p. 568.

110 F. Hernandez, F. Vaireaux, « Le Val des Nymphes et le prieuré Notre-Dame… », 1995, p. 557. Un bassin de retenue des eaux d’une source porte encore le nom de « bassin de Saint-Pierre ». Un acte notarié du 23 mai 1679 mentionne « la masure de lesglise s(aint) Pierre ». Archives départementales de la Drôme, 2 E 8724, fol. 290 v°.

111 M. Fixot, « L’église médiévale dans l’espace rural provençal d’après les fouilles récentes », dans L’environnement des églises et la topographie religieuse…, 1994, p. 36-48.

112 P.-A. Février, « La marque de l’Antiquité tardive dans le paysage religieux médiéval de la Provence rurale », dans L’environnement des églises et la topographie religieuse…, 1994, p. 31-32.

113 Voir figure 58.

114 Y. Esquieu, A. Hartmann-Virnich, B. et F. Hernandez, « La Garde-Adhémar : éléments pour l’identification d’un premier site castral », dans C. Burgard, A.-M. Clappier (dir.), Pierres de la Drôme. De la géologie à l’architecture, slnd, 2007, p. 64-69.

115 M. Bois, Le sud du département de la Drôme entre le Xe et le XIIIe siècle, l’organisation du terroir, fortifications et structures d’habitat, Thèse de doctorat, Aix-en-Provence, 1993, t. III, p. 28.

116 Cartulaire de la commanderie de Richerenches de l’ordre du Temple (1136-1214), M. de Ripert-Monclar (éd.), Avignon-Paris, 1907, no 129, p. 123.

117 Voir les absides occidentées de la chapelle du campanile de Viviers et de l’église de Bourg-Saint-Andéol. Y. Esquieu, « La cathédrale de Viviers et les bâtiments du Cloître », dans Bulletin monumental, t. 141, 1983, p. 121-148. Cf. figures 59 et 60.

118 Sur la reconstruction partielle de l’église au XIIe siècle, J. Vallery-Radot, « L’église Saint-Michel de La Garde-Adhémar », dans Congrès Archéologique de France, t. 86, 1925, p. 291-306 ; J.-M. Rouquette, Provence romane I, La Pierre qui Vire, 1980, p. 61-69.

119 C. Fillet, « Le prieuré et l’église des Tourrettes », dans Bulletin de la société d’archéologie et de Statistique de la Drôme, t. XII, 1878, p. 217-234.

120 La tour est mentionnée en 1365.

121 Cette église se serait située à l’extérieur de l’enceinte. C. Fillet, art; cit., p. 217-234.

122 Acte de mai 1119 (P. Juénin [éd.], Preuves, p. 145) : In Diensi, Ecclesia de castri Granian, S(ancti) Vincentii, S(ancti) Romani. […] In Tricastinensi, Ecclesia de Eleemosyna, Sanctae Mariae de Grainan. La limite entre les diocèses de Die et de Saint-Paul-Trois-Châteaux passe à l’ouest du village de Grignan.

123 C. Trézin, Grignan, archéologie d’un château dans sa communauté villageoise (XIe-XVIIIe siècles), Aix-en-Provence, 1984.

124 Des sondages archéologiques réalisés en 1984 ont permis de retrouver les fondations de l’ancienne chapelle castrale Saint-Romain (C. Trezin, op. cit.).

125 Bulle de mai 1119 (P. Juenin [éd.], Preuves, p. 145-147) : In Vasionensi, Ecclesiam Sancti Germani, S. Petri de Falcon, Sanctae Mariae de Purpureas. Les trois dépendances sont également confirmées en 1179 par le pape Alexandre III.

126 En 1274, Giraud, évêque de Vaison, règle un différend au sujet de la perception des dîmes entre Guillaume, prior ecclesia Sancti Germani, et la communauté villageoise de Faucon. Carpentras, Bibl. Inguimbertine, Repertorium camerale, p. 496.

127 Inventaire des biens du prieuré-cure et des chapellenies dressé en 1792 (Archives départementales de Vaucluse, 4 Q 3, fol. 443-448). R. Malsagne, « Inventaire et vente des biens nationaux dans un village du haut-Comtat : Faucon », dans Mémoire de l’Académie de Vaucluse, t. IX, 1989, p. 91-98.

128 Le castrum de Faucon est mentionné pour la première fois en 1253 (Livre rouge des comtes de Toulouse, Carpentras, Bibli. Inguimbertine, ms. 557, fol. 47).

129 L’inscription est gravée sur les parements sud et ouest d’une pierre de taille du pilier nord de la seconde travée de l’église, M.-P. Estienne, M. Bois, G. Barruol (et al.), Les Baronnies au Moyen Âge. Femmes, hommes, territoires, villages, châteaux et églises, Mane, 1997, p. 113-114.

130 La chapelle est encore mentionnée dans une visite pastorale de l’évêque de Vaison, effectuée en 1691. L’évêque de Vaison décide d’interrompre les processions à la chapelle, celle-ci étant trop délabrée et éloignée (Archives départementales de Vaucluse, 6 G 18, fol. 93).

131 Cf. I. Cartron, « Le prieuré de Saint-Germain à Faucon », Recherches récentes à Vaison-la-Romaine et aux environs, Notices d’Archéologie Vauclusienne, 2, Avignon, 1992, p. 84-85 ; I. Cartron, Le site de Saint-Germain de Faucon (Vaucluse), rapport d’étude 1989-1994, service régional de l’archéologie, Aix-en-Provence, 1994. Vue aérienne du site, figure 61.

132 Les datations proposées pour les deux états antiques résultent de l’étude du matériel céramique recueilli. Des fragments de céramiques à pâte claire, engobées (imitation de campanienne) et modelées grises ont été retrouvées dans une couche d’argile située sous les sols de l’état antique I. Plan des vestiges antiques, figure 62.

133 La stratigraphie antique était mal conservée et le matériel céramique recueilli dans les couches de destruction permet de proposer une phase d’occupation comprise entre le second siècle et la fin du IVe siècle de notre ère. Étant donné l’absence de mobilier archéologique postérieur au début du Ve siècle, cette partie de la villa cesse alors probablement d’être en activité.

134 D’autres sondages ponctuels, réalisés plus à l’est, ainsi que des prospections menées sur les parcelles environnantes, suggèrent une étendue considérable des vestiges, sur environ 1 600 m2, ce qui accentue le caractère partiel des fouilles effectuées.

135 Voir figure 63.

136 Cette datation tient compte de la stratigraphie relative, de la typologie des sépultures et du résultat de plusieurs datations radiocarbones. I. Cartron, Le site de Saint-Germain de Faucon (Vaucluse), rapport d’étude 1989-1994, service régional de l’archéologie, Aix-en-Provence, 1994.

137 Voir figure 64.

138 Ces silos sont de très grandes dimensions par rapport à ceux mis au jour dans la région provençale, voir M. Fixot, « Nouvelles trouvailles de silos médiévaux en Provence », dans Provence historique, t. XXIX, fasc. 118, 1980, p. 387-404. À l’exception de Saint-Symphorien de Buoux, il s’agit essentiellement de silos découverts sur des sites fortifiés.

139 Le terminus ante quem est fourni par les datations des sépultures de l’état antérieur. Les fragments de céramique à pâte grise découverts appartiennent en majorité à des formes fermées, ce qui renverrait à un faciès ancien, pouvant être attribué au XIe siècle (datation proposée par M. Leenhardt et J.-P. Pelletier, Laboratoire d’Archéologie Médiévale Méditerranéenne, Aix-en-Provence).

140 Diplôme de Raoul du 6 avril 924 confirmant les biens de Saint-Martin d’Autun, éd. RAR, no 3, p. 17-21.

141 Voir figures 61 et 65.

142 Sur les modifications de l’époque moderne, voir I. Cartron, Le site de Saint-Germain de Faucon (Vaucluse), rapport d’étude 1989-1994. Voir figure 66.

143 Sur les analogies et la datation du petit appareil de moellons en Provence, voir A. Hartmann-Virnich, Saint-Paul-Trois-Châteaux und Saint-Trophime in Arles, Studien zur Baugeschichte zweir romanischer Kathedralen in der Provence, dans G. Binding (éd.), Veröffentlichungen der Abteilung Architekturgeschichte des Kunsthistorischen Instituts der Universität zu Köln, 45, Cologne, 1992. Plus récemment, sur les difficultés de datation, A. Hartmann-Virnich, « Remarques sur l’architecture religieuse du premier âge roman en Provence (1030-1100) », dans Hortus Artium Medievalium, 6, 2000, p. 35-64 et surtout p. 49-50.

144 Les marques lapidaires relevées sur l’arc doubleau et sur l’encadrement de la porte latérale, inexistantes par ailleurs, suggèrent que la modification du chevet pourrait se situer dans le courant du XIIe siècle, à une date qu’il reste difficile de préciser. Les limites imposées par la fouille n’ont pas permis de mettre au jour l’extrémité orientale du chevet de ce second état.

145 Ces profils sont comparables à ceux des impostes de Saint-Pantaléon de Gordes (XIe siècle) ou de Sainte-Madeleine de Bédoin. Y. Codou, « L’église de Saint-Pantaléon (Vaucluse). Approche des églises à deux nefs », dans Histoire et archéologie religieuses en pays d’Apt, Archipal, 1991, p. 87. G. Barruol, Provence romane II, La-Pierre-qui-Vire, 1981, p. 73-78. Voir figure 67.

146 Il s’agit surtout de la juxtaposition de deux murs, accolés, à l’ouest. Un contrefort a été établi à ce niveau qui correspond à une imposte à l’intérieur.

147 A. Hartmann-Virnich, « Remarques sur l’architecture religieuse du premier âge roman en Provence (1030-1100) », dans Hortus Artium Medievalium, 6, 2000, p. 35-64.

148 C. Sapin, « Saint-Philibert et les débuts de l’architecture romane en Bourgogne », dans Actes du colloque de Tournus…, 1995, p. 215-230.

149 Se reporter aux études suivantes : A. Hartmann-Virnich, « Le voûtement dans l’architecture religieuse du XIe siècle en Provence : formes, modèles, techniques », dans L’an mil. La fin d’un monde ou renouveau ? Actes des journées romanes de Saint-Michel-de-Cuxa, Les cahiers de Saint-Michel-de-Cuxa, 32, 2001, p. 147-162 ; R. Fixot, A. Hartmann-Virnich, C. Michel dAnnoville, « Le prieuré de Saint-Donat de Montfort : recherches récentes », dans L’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon : histoire, archéologie, rayonnement, Actes du colloque de Villeneuve (septembre 1999), Les cahiers de Salagon, 4, Mane, 2001, p. 363-372.

150 Voir infra, chapitre 11.

151 Visite pastorale de l’évêque Guillaume de Scheisolme, en 1602, dans laquelle est mentionnée une visite antérieure, effectuée en 1594 (Archives départementales de Vaucluse, G VI 14, fol. 116 et 123). Le texte signale l’église paroissiale de Faucon, placée sous le vocable de Saint-Germain, et desservie par un curé-prieur. Sur l’absorption du vocable des églises monastiques par la paroisse, I. Cartron, Y. Codou, M. Fixot, « Le prieuré Saint-Estève de Ménerbes », dans Provence historique, Hommage à Paul-Albert Février, t. XLII, fasc. 167-168, 1992, p. 189-206.

Table des illustrations

Légende Figure 45. – Les dépendances de Saint-Philibert en Viennois.
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Légende Figure 46. – Plan de la basilique d’Albon (N. Duval, « Albon. Basilique paléochrétienne », dans Les premiers monuments chrétiens de la France, t. I, Sud-Est et Corse, Paris, 1995, p. 225).
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Légende Figure 47. – Albon, plan approximatif du site. A = chapelle castrale (J.-M. Poisson, « Albon (Drôme), site castral », Chronique des fouilles médiévales en France, dans Archéologie médiévale, 28, 1999, p. 249).
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Légende Figure 48. – Albon, vue aérienne de la résidence aristocratique (avec l’autorisation de J.-M. Poisson, cliché UMR 5648).
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Légende Figure 49. – Plan de l’église Saint-Benoît de Donzère (d’après C. Boisse).
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Légende Figure 50. – Plan du bourg de Donzère.
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Légende Figure 51. – Saint-Philibert de Donzère, vue extérieure (cliché I. Cartron).
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Légende Figure 52. –Saint-Philibert de Donzère, plan de l’église (F. Morin dans La Drôme romane, Taulignan, 1989, p. 102).
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Légende Figure 53. – Donzère, Pilier de chancel provenant de Saint-Philibert (cliché I. Cartron).
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Légende Figure 54. – Les dépendances de Saint-Philibert dans la moyenne vallée du Rhône.
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Légende Figure 55. – Val des Nymphes, vue extérieure de l’église Sainte-Marie (cliché A. Renaudin).
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Légende Figure 56. – Val des Nymphes, abside de l’église Sainte-Marie (Cliché A. Renaudin).
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Légende Figure 57. – Val des Nymphes, plan général du site (F. Hernandez, F. Vaireaux, « Le Val des Nymphes et le prieuré Notre-Dame, nouvelle approche historique et archéologique, La Garde-Adhémar », dans Actes du colloque de Tournus…, 1995, p. 560).1. falaise ; 2. mur de soutènement ; 3. mur en élévation ; 4. mur découvert en fouille ; 5. mur restitué ; A. église Saint-Marie ; B. bassin maçonné ; C. église Saint-Martin ; D et F. bassin rupestre ; E. route actuelle ; G. ermitage moderne ; H. val de Magne ; I. église Saint-Romain.
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Légende Figure 58. – Plan du bourg de La Garde-Adhémar.
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Légende Figure 59. – Saint-Michel de la Garde Adhémar, plan (F. Morin dans La Drôme romane, Taulignan, 1989, p. 100).
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Légende Figure 60. – Saint-Michel de la Garde Adhémar, vue extérieure (cliché A. Renaudin).
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Légende Figure 61. – Faucon, Saint-Germain vue aérienne du site (cliché M. Heller pour le service d’archéologie du conseil général de Vaucluse).
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Légende Figure 62. – Faucon, Saint-Germain, plan des vestiges antiques (I. Cartron, d’après relevés F. Chardon). Légendes : état 1 (murs 18, 48, 50, 154, 212, 213), état 2 (murs 4, 8, 9, 10, 17, 47, 51, 67, 68, 69, 138). A : cour ; B : balnéaire ; C : balnéaire ? ; D et E : sol de tuileau.
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Légende Figure 63. – Faucon, Saint-Germain, plan de la nécropole du haut Moyen Âge (I. Cartron, d’après relevés F. Chardon). A : enclos funéraire.
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Légende Figure 64. – Faucon, Saint-Germain, plan de l’église du haut Moyen Âge (I. Cartron, d’après relevés F. Chardon). A : église du haut Moyen Âge ; B : enclos funéraire.
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Légende Figure 65. – Faucon, Saint-Germain, plan de l’église romane (I. Cartron, d’après relevés F. Chardon).
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Légende Figure 66. – Faucon, Saint-Germain, vue extérieure de l’église (Cliché I. Cartron).
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Légende Figure 67. – Faucon, Saint-Germain, coupe transversale de l’église (I. Cartron d’après relevés F. Chardon).
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