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Gaullisme et gaullistes

 | 
François Audigier
, 
Frédéric Schwindt

Deuxième partie. L'implantation : structures départementales RPF et action militante

Le RPF dans les zones françaises d’occupation en Allemagne (1947-1958)

Emmanuel Droit

Texte intégral

  • 1 Les recherches de Frédéric Turpin sur l’Indochine, de Jean-Marc Régnault sur l’Océanie, le témoign (...)
  • 2 Stricto sensu, les ZFO en Allemagne existent jusqu’au 21 septembre 1949, date à laquelle cesse off (...)
  • 3 Rainer Hudemann, « Le Général de Gaulle et la politique de reconstruction en Zone française d’occu (...)
  • 4 Le Général de Gaulle a laissé des hommes de confiance « aux trois points vitaux qui sont essentiel (...)

1Le champ géographique d’investigation qu’il nous est proposé d’étudier relève au même titre que l’Indochine et l’Afrique occidentale1 de la périphérie politique du Rassemblement du Peuple Français (RPF). À première vue, les Zones Françaises d’Occupation en Allemagne2 (ZFO) ne présentent pas un intérêt politique majeur pour le RPF. Elles ne correspondent en effet à aucune circonscription électorale et depuis un voyage effectué en octobre 19453, le Général de Gaulle n’a réalisé aucune visite en ZFO. Pourtant, il a posé dès cette époque les bases d’un réseau sur lequel il entend s’appuyer pour développer son action politique4.

  • 5 Voir à ce sujet l’introduction d’Olivier Forcade dans Olivier Forcade, Éric Duhamel, Philippe Vial (...)
  • 6 Le terme « gaullisme » est très difficile à définir. Par « gaullisme historique », nous faisons ré (...)

2L’intérêt de l’étude de l’implantation du mouvement gaulliste dans les ZFO en Allemagne réside avant tout dans l’analyse des modalités de l’implantation militante dans une « société militaire » hors de la métropole, caractérisée en théorie par la neutralité politique imposée par le statut de l’officier. Nous entendons donc nous interroger sur le sens de l’« engagement politique » pour un militaire5 à l’étranger, en mettant à jour les interactions entre le militant, le RPF et les pouvoirs publics civils et militaires. Dans un contexte de guerre froide et d’opposition au régime de la IVe République, dans quelle mesure le militantisme des militaires gaullistes en Allemagne correspond-il à une pratique politique de « résistance » à l’ordre établi, fondatrice de la légitimité du « gaullisme historique6 » ? N’est-il pas en effet vécu par beaucoup de militaires RPF comme l’expression d’une culture politique spécifique reposant sur une continuité de pratiques et de valeurs nées à l’époque de la Résistance ?

3Notre contribution entend traiter successivement trois dimensions de l’implantation gaulliste dans les ZFO, à savoir l’organisation du RPF et l’évolution de ses effectifs, la nature des liens entre la direction parisienne incarnée essentiellement par le secrétaire général et cet espace périphérique et enfin l’analyse des rapports entre le RPF en ZFO et le pouvoir civil et militaire avec en toile de fond la question de la surveillance des militaires gaullistes par les services de sécurité.

Le RPF en ZFO en Allemagne : organisation et effectifs

Organisation et maillage territorial

4Les ZFO constituent un territoire morcelé qui s’étend sur plus de 450 kilomètres du nord au sud auquel il faut ajouter l’enclave de Berlin-Ouest. Elles sont assimilées à un groupement départemental directement rattaché à Paris.

Carte tirée de F. Roy Willis, The French in Germany. 1945-1949, Stanford University Press, Stanford, 1962.

  • 7 FCDG, RPF – 594 : Documentation générale, textes provenant de la ZFO, non paginé.
  • 8 FCDG, RPF – 595 : Documentation générale, texte, non paginé.

5L’implantation du RPF correspond naturellement aux principales zones de stationnement de l’armée : d’une part, la zone nord et centre, située à l’ouest du Rhin, comprenant le Palatinat, la Hesse et la Rhénanie et où sont stationnées les 1re et 5e divisions blindées, respectivement à Trèves et à Landau et d’autre part la zone sud située dans le pays de Bade et le Wurtemberg où se concentre la quasi-totalité des garnisons françaises, notamment la 3e division blindée à Fribourg et le 2e corps d’armée à Baden-Baden. Le maillage du territoire repose sur une structure pyramidale avec un découpage en régions et en cercles, ces derniers correspondant le plus souvent à des localités. Les documents officiels du RPF en ZFO à destination du siège à Paris transmettent une impression de quadrillage ultra-fin du territoire, d’une implantation minutieuse et précise mais dans les faits, beaucoup de cercles sont dès le départ des coquilles vides ou s’éteignent progressivement au cours des années 19507. Le rapide délitement de la couverture militante dès 1948-1949 conduit d’ailleurs les responsables de zone à effectuer des regroupements de cercles en 1952-19538.

  • 9 Le Comptoir de l’Économat des Forces Françaises en Allemagne (c’est-à-dire l’ensemble des organism (...)

6Les fonctions de responsabilités sont assurées au niveau des zones et des cercles par des militaires en activité ou à la retraite qui se sont réorientés vers l’administration civile ou des organismes publics à caractère commercial comme les comptoirs des Économats9. Le délégué général dirige le RPF dans les ZFO. Il sert d’intermédiaire entre Paris et les militants en Allemagne. Le délégué général s’appuie sur un comité exécutif de zone constitué des délégués de zone et des personnes en charge de la propagande, des cotisations, des questions sociales.

Les effectifs du RPF en ZFO

  • 10 Grâce à l’existence d’un fichier du RPF, B. Lachaise a pu évaluer à environ 5 % la place des milit (...)

7Les effectifs du RPF sont très difficiles à reconstruire en raison du caractère lacunaire des sources. Les listes d’adhérents ne sont pas souvent mises à jour. En dépit d’informations incomplètes et de ce manque de « traçabilité » des militants, il nous est permis de mettre en lumière deux tendances fortes : d’une part, un effondrement rapide des effectifs et d’autre part, une surreprésentation des militaires10 (essentiellement des sous-officiers) parmi les militants RPF des ZFO.

Sources : FCDG, RPF – 471 et RPF – 129.

8Globalement, le nombre de militants est équitablement réparti entre la zone nord et la zone sud. En dépit d’une augmentation des effectifs militaires entre 1948 et 1952 (la hausse des effectifs, de 55 000 à 90 000 hommes, découle du contexte de guerre froide), la foule des adhérents se clairsème très vite puisque les effectifs chutent de plus de 85 % entre 1948 et 1952 passant de 9 722 à 1 172. Cet effondrement brutal s’explique moins par l’incapacité du RPF à maintenir l’élan né en 1947 que par les nombreux départs de militants dus aux compressions de personnels civils et aux mutations des militaires pour l’Indochine.

  • 11 FCDG, RPF – 129 : Courrier des adhésions, Pays étrangers et colonies, non paginé.

9Une analyse fine de la chronologie montre les capacités de rebond du RPF en ZFO entre 1954 et 195511, puisqu’à cette époque les effectifs augmentent de plus de 10 %. Cette évolution est d’autant plus remarquable que les effectifs militaires en Allemagne passent de 88 000 à 56 000 hommes entre 1954 et 1956. Elle est le résultat du volontarisme politique du délégué général par intérim, René Detre. Mais la mise en sommeil décrétée par le Général de Gaulle en septembre 1955 marque un coup d’arrêt net à cette spirale positive de recrutements. Seule une centaine d’adhérents continuent de verser officiellement leurs cotisations à la fin des années 1950.

10En ce qui concerne la composition sociologique du RPF, nous ne disposons d’aucune donnée pour l’ensemble des ZFO, mais seulement d’informations pour le pays de Bade pour la période 1954-1960, région où l’on trouve à la fois le plus de militaires et de militants. La part écrasante des militaires s’explique par la situation particulière du territoire étudié mais elle se trouve renforcée par les compressions importantes de personnel au sein de l’administration civile entre 1947 et 1955.

Source : FCDG, RPF – 597.

11L’information principale est la surreprésentation des sous-officiers de l’Armée de Terre au sein du RPF dans les ZFO en Allemagne. Le nombre de sous-officiers est globalement très important dans les ZFO, ce qui s’explique par la nécessité d’assurer l’encadrement des appelés. En dépit du silence des sources sur les raisons de l’engagement au RPF, cette réalité militante est le reflet d’un moment d’engagement d’officiers subalternes dans l’action proprement politique à l’époque des débuts de la guerre froide, du combat contre la CED et de l’opposition au régime de la IVe République. Cet engagement mû par l’anticommunisme et les risques de perdre les colonies s’inscrit pour beaucoup dans la continuité de l’engagement dans la Résistance.

  • 12 FCDG, RPF – 601 : Correspondance de Jacques Foccart avec ZFO (21 septembre 1953 – 17 mai 1958), no (...)

12En dépit de la réserve des officiers supérieurs, le RPF peut compter sur le soutien discret de nombre d’entre eux. On pourrait ainsi distinguer les sous-officiers militants et les officiers sympathisants. Parmi ces derniers, on trouve le Colonel de Jousselin de Noray commandant en 1955 le 3e régiment de spahis algériens à Fritzlar. Cet ancien membre des FFL a été trois ans l’aide de camp du général Catroux. Il est même prêt à faire « de la propagande mais en dehors de la caserne12 ».

13Au-delà de l’analyse traditionnelle de la structure et de la sociologie du groupement RPF en ZFO, il convient de s’interroger sur les liens effectifs entre cette périphérie militante et la direction parisienne du mouvement gaulliste.

Les liens centre-périphérie

14Le RPF se présente comme un parti hypercentralisé tant du point de vue de son architecture institutionnelle que de sa structure décisionnelle. Nous souhaitons ici examiner la dimension verticale du pouvoir, c’est-à-dire les rapports entre le centre et la périphérie en insistant sur les stratégies mises en œuvre par les militants de la ZFO pour renforcer ces liens.

Les pratiques de dons et de contre-dons

  • 13 FCDG, RPF – 471 : Correspondance échangée entre le Secrétariat général et les responsables de la Z (...)
  • 14 FCDG, RPF – 593 : Correspondance, non paginé. Voir à ce sujet Hubert Bonin, « Le financement du RP (...)
  • 15 La campagne de la carte est mise en place à l’approche des législatives de 1951. Il s’agit d’envoy (...)
  • 16 FCDG, RPF – 597.

15Le RPF en ZFO contribue à soutenir le mouvement en France sous une forme financière. Dès 1949, le secrétaire général, Jacques Soustelle, appelle le délégué général à participer à cet effort à l’approche des élections cantonales13. Bien que le terme de « don » soit très rarement utilisé dans les sources, son champ lexical est largement mobilisé dans la correspondance. Paris fait appel à la générosité « désintéressée » des Compagnons, à leur sens du dévouement et à leur solidarité. Le versement des sommes est souvent à faire de toute urgence car la « trésorerie est loin d’être brillante14 ». Les militants des ZFO sont ainsi appelés à participer à toutes les campagnes de levées de fonds. En 1952, la campagne de la carte (438 800 francs récoltés15) est un succès alors que celle des bons de sympathie est un échec en raison du coût élevé de ces derniers (seulement 27 500 francs récoltés16).

  • 17 FCDG, RPF – 594.

16Les militants RPF dans les ZFO pratiquent le don proche et le don lointain. Le premier correspond à la redistribution d’une partie des fonds récoltés en direction des militants malades fréquentant les sanatoriums en Allemagne. Le second constitue une forme de solidarité en faveur des militaires blessés d’Indochine. En 1954, le total des collectes en faveur de ces derniers s’élève à 234 680 francs17. Ces gestes de dons expriment la vigueur de la solidarité horizontale entre militants. Cette générosité s’explique par les liens qui unissent les militants RPF aux officiers et soldats d’Indochine dont beaucoup étaient avant en poste en Allemagne. Elle contribue à renforcer l’éthique de l’engagement et à créer une sorte de communauté de liens avec des militaires en activité dans les colonies.

  • 18 FCDG, RPF – 471.
  • 19 FCDG, Ibid.
  • 20 FCDG, RPF – 601.

17Par ailleurs, le RPF fonctionne globalement comme une communauté dans laquelle les échanges de services constituent un élément essentiel. En échange de l’aide financière envoyée à Paris, les Compagnons des ZFO expriment à la direction parisienne du mouvement gaulliste des attentes sous la forme de requêtes. Tout au long des années 1950, les militants s’adressent au secrétaire général pour qu’il intervienne sur un problème de reclassement, de recrutement, de promotion voire d’élimination d’« antigaullistes » jugés indésirables. Jusqu’en 1952, leur contact à Paris s’appelle Pierre Conte-Offenbach. La question des reclassements de militants appelés à rentrer en France occupe une large part de la correspondance entre la direction parisienne et l’Allemagne. P. Conte-Offenbach sollicite les députés RPF comme le général Catroux afin qu’ils interpellent le gouvernement sur le reclassement des fonctionnaires en ZFO18. Il mobilise aussi tous les délégués départementaux afin d’assurer un reclassement professionnel convenable19. Edmond Michelet, sénateur RPF de la Seine, intervient pour trouver un logement à l’épouse d’un militaire de la Zone affecté en Algérie ou pour faire homologuer la qualité de déporté à un adjudant-chef de la Zone, ancien déporté de Dachau. Les militants RPF des ZFO cherchent aussi à obtenir auprès de la direction parisienne des renseignements sur tel ou tel nouvel officier. En 1955, le délégué de la zone Nord, l’adjudant-chef Lucien, demande à J. Foccart d’intervenir auprès d’E. Michelet afin d’obtenir des renseignements sur les opinions politiques de toute une série de nouveaux officiers prenant leurs fonctions dans la zone Nord : les généraux Dejussieu, Chomel, Janeau, d’Elissagaray et Jourgain20. Les informations obtenues permettent ainsi aux militants RPF d’adapter leur action militante à la ligne politique des officiers en charge des unités militaires. L’analyse de ces requêtes permet de souligner d’une part l’importance des réseaux informels du gaullisme (au sein des ministères) et de montrer l’imbrication des dirigeants du RPF (puis à partir de 1953 de l’URAS) au sein de l’appareil d’État. Au-delà de cette relation d’échanges, le RPF dans les ZFO constitue un relais de la propagande gaulliste et colonialiste.

Un relais de propagande

  • 21 FCDG, RPF – 601.

18La diffusion de la propagande dans les ZFO est irrégulière, reflétant des liens ténus entre le centre et la périphérie. Le délégué général comme les délégués de zone rappellent régulièrement au secrétaire général le manque de contact direct, les retards de livraison des brochures, du matériel de propagande. Bref, les ZFO constituent un relais de propagande limité en raison de difficultés essentiellement d’ordre matériel. La principale action de propagande du RPF dans les ZFO concerne le combat contre la CED entre 1952 et 1954. En dépit des difficultés matérielles et du manque de moyens, des centaines de réunions publiques d’informations sont organisées en dehors des casernes, des brochures sont distribuées21.

  • 22 L’Union pour le Salut et le Renouveau de l’Algérie Française est une association créée en 1956 et (...)
  • 23 FCDG, RPF – 601.
  • 24 Pour le cas indochinois, voir Frédéric Turpin, De Gaulle, les gaullistes et l’Indochine, op. cit.

19Le RPF des ZFO ne s’est pas contenté de relayer la propagande produite en métropole par le mouvement gaulliste. Il a également servi de relais à la propagande à L’Union pour le Salut et le Renouveau de l’Algérie Française22 entre 1956 et 1958, et vraisemblablement au-delà du retour de de Gaulle au pouvoir, comme l’atteste la correspondance entre le délégué général de l’époque, James Russell, et J. Foccart23. Tout en lui rappelant de ne pas mettre en avant le RPF, le secrétaire général l’invite à soutenir cette association. Cette correspondance témoigne également de l’attachement de la plupart des militants RPF à l’Algérie française. Elle reflète une conception de la puissance nationale défendue par le RPF à l’époque de la guerre d’Indochine, dans laquelle les possessions coloniales sont vitales pour le rayonnement international de la France24. Quelques mois plus tard, J. Russel écrit à J. Foccart pour lui faire part de sa volonté d’inviter J. Soustelle à venir faire une tournée de conférences sur l’Algérie dans les ZFO. Plus généralement, tout au long des années 1950, le délégué général ne cesse d’insister pour obtenir la visite de membres éminents du RPF, et notamment du secrétaire général.

Les voyages du secrétaire général

  • 25 Louis Terrenoire, De Gaulle 1947-1954 – Pourquoi l’échec ?, Paris, Plon, « Collection Espoir », 19 (...)
  • 26 Louis Terrenoire, op. cit., p. 203.
  • 27 FCDG, RPF – 593.

20Comme les liens entre les ZFO et la direction parisienne sont ténus, le délégué général G. Boyer insiste régulièrement pour que le secrétaire général effectue une visite en Allemagne. C’est ainsi que Louis Terrenoire se rend dans les ZFO à deux reprises au cours de l’année 1953 : une première fois en février 1953 en zone Nord peu avant les élections municipales et une seconde en mai en zone Sud. Il ne les mentionne pas dans l’ouvrage qu’il a tiré du journal qu’il a tenu durant les années 1947-195425. Il revient par contre sur sa visite du camp de Dachau où il fut déporté26. Le secrétaire général est très attendu à la fois pour régler les querelles intestines et pour redonner de l’élan au RPF dans les ZFO. En février 1955, le nouveau secrétaire général, J. Foccart, se rend également en ZFO afin de mettre un terme aux rivalités entre les responsables des zones Nord et Sud. Les querelles intestines qui minent l’action du RPF en ZFO sont d’ordre structurel. Depuis 1953, les responsables de la zone Sud plaident pour une autonomie totale des zones Nord et Sud, c’est-à-dire pour la suppression du délégué général. Ils espèrent être rattachés au groupement du Bas-Rhin27. L’idée d’un rattachement de la zone Sud au Bas-Rhin est une sorte de chiffon rouge agitée régulièrement de façon à contester l’autorité du délégué général. Ce projet n’a jamais abouti en raison de la mise en sommeil du RPF en 1955. À côté des voyages des secrétaires généraux, on voit aussi des membres éminents RPF se rendre en ZFO tenir des conférences comme le général Catroux (peu avant sa démission) et Pierre de Gaulle en 1952, Gaston Palewski en août 1953 ou E. Michelet en mars 1955.

21L’analyse du RPF dans les ZFO ne doit pas se limiter à une étude centrée uniquement autour du mouvement gaulliste. Elle implique également une étude des rapports du RPF en ZFO aux pouvoirs publics et aux autorités militaires.

Les rapports du RPF en ZFO aux pouvoirs publics et aux autorités militaires

22La question de l’attitude des pouvoirs publics et des autorités militaires est centrale pour la compréhension de l’activité politique du mouvement gaulliste en milieu militaire. Nous distinguons deux phases qui s’articulent autour de l’année 1952 : une première phase de tolérance bienveillante des pouvoirs publics et des autorités militaires puis une seconde phase d’exigence de retour à la neutralité politique induite par la circulaire Pleven et de mise en place d’une surveillance du RPF en ZFO.

Une tolérance bienveillante : 1947-1952

  • 28 MAE. AR/Colmar, Bade 3. 182/1, Ordonnance no 91 en date du 18 avril 1947, autorisant les ressortis (...)

23L’existence du RPF en ZFO en Allemagne relève au départ de la tolérance du Commandant en chef français en Allemagne qui entre 1945 et 1949 n’est autre que le Général Koenig. Elle est pourtant théoriquement contraire à l’ordonnance signée par le même Koenig et publiée le 18 avril 1947. Une dizaine de jours après avoir participé au côté du Général de Gaulle à la « naissance » du RPF à Strasbourg (le 7 avril 1947) et quatre jours après la création officielle du mouvement gaulliste, le général Koenig promulgue en effet une ordonnance autorisant les ressortissants français à former dans les ZFO des associations de droit français. Or, l’article 4 de cette disposition souligne clairement l’impossibilité de fonder une association de type loi de 1901 à caractère politique : « Les Associations qui compromettraient les intérêts, le prestige ou la sécurité des puissances occupantes en Allemagne ou qui auraient un caractère politique28 » ne sont pas recevables. Le dépouillement aux archives du Haut-Commissariat de la République française en Allemagne du registre des associations enregistrées officiellement en ZFO entre 1947 et 1954 montre que le RPF n’y est pas mentionné. Sont mentionnées dans ce répertoire toutes les associations sportives et les organisations syndicales comme la CGT ou FO.

  • 29 FCDG, RPF – 471.
  • 30 Ibid.

24En somme, le RPF s’est implanté « illégalement » dans les ZFO. Son existence doit évidemment beaucoup à la tolérance bienveillante du Général Koenig, mais aussi à de nombreux officiers issus de la Résistance, restés proches du Général de Gaulle et exerçant un pouvoir de commandement en Allemagne après la guerre. L’exemple le plus connu est Claude Heltier de Boislambert, gouverneur de Rhénanie et du Palatinat entre 1945 et 1951 et surnommé le « roi de Rhénanie ». Mais le RPF peut aussi compter sur Pierre Péné, gouverneur du Pays de Bade de 1946 à 1952 et Guillaume Widmer, gouverneur du Wurtemberg-Hohenzollern. L’étude de la correspondance du secrétaire général du RPF, J. Soustelle, pour l’année 1950 laisse apparaître un appel insistant à voir Heltier de Boislambert s’engager officiellement pour le RPF ou tout du moins à ce qu’il favorise son implantation29. Mais, finalement, Heltier de Boislambert refuse de s’engager activement au sein du RPF. Par contre, il accepte de recevoir en décembre 1950 le délégué général des ZFO, G. Boyer, qui lui demande « un appui discret mais efficace pour le développement du RPF en Rhénanie30 ». Son attitude reflète celle de beaucoup d’autres officiers supérieurs proches du Général de Gaulle. Si d’un côté, la plupart des officiers supérieurs restent fidèles à une position officielle « neutre » sur le plan politique, ils admettent la violation des règlements militaires. La tolérance du RPF s’explique en partie par le fait que le mouvement gaulliste n’est pas considéré comme un parti classique. Le RPF se situe beaucoup plus dans le registre du réseau, de l’amicale s’inscrivant à ce titre dans la continuité des groupes de Résistance. Cette position explique la relative bienveillance dont bénéficie le mouvement gaulliste au départ.

Le rappel à l’ordre officiel

  • 31 FDCG, RPF – 597.
  • 32 Depuis le début de l’année 1951 et son discours de Nîmes (7 janvier 1951), le Général de Gaulle mè (...)
  • 33 FDCG, RPF – 597.

25La tolérance bienveillante cesse officiellement avec la circulaire Pleven du 27 septembre 1952 relative à l’activité politique des militaires de l’Armée active. Cette circulaire est paradoxalement publiée assez tardivement, au moment où le RPF connaît un reflux tant au niveau électoral qu’au niveau des militants. Dans ce texte, René Pleven, alors Ministre de la Défense du gouvernement Pinay, rappelle clairement les règles définies dans les années 1930 qui interdisent aux officiers et sous-officiers de s’inscrire à des partis ou à des associations politiques31. L’objectif du gouvernement est moins d’interdire l’activité des « partis politiques » que d’empêcher les militaires gaullistes de prendre une position politique trop voyante face à la CED32. Le Général Koenig, député du Bas-Rhin depuis 1951 et surtout président de la Commission de la Défense nationale entre 1951 et 1954, demande expressément au délégué général en Allemagne, G. Boyer, « de le prévenir si quelqu’un de nos Compagnons était ennuyé à ce sujet33 ».

  • 34 FCDG, RPF – 129.
  • 35 FCDG, RPF – 9 : Délégation générale de Pierre Conte-Offenbach, Correspondance avec la ZFO, non pag (...)

26L’analyse du courrier des adhésions montre que l’armée française en ZFO multiplie les notes de service relatives à cette interdiction de militantisme politique34. La répétition au cours des années 1953-1954 des mêmes prescriptions traduit moins l’existence d’une forme de résistance voire de désobéissance aux ordres que le souci des pouvoirs publics de réaffirmer dans le contexte de l’hostilité à la CED leur autorité en rappelant les militaires à leur devoir de neutralité politique. Outre la circulaire Pleven, les Accords de Paris du 23 octobre 1954 mettant fin au régime d’occupation et qui entrent en vigueur le 9 mai 1955 stipulent dans la Convention relative aux Droits et Obligations des Forces et de leurs membres que ces derniers « s’abstiendront de toute activité incompatible avec l’esprit de la présente Convention et en particulier de toute activité politique35 (Art. 2, § 2) ». Les textes de cette nature sont évidemment empreints d’ambiguïté : ils prescrivent un devoir-être dont on ne sait jamais dans quelle mesure il est accepté, obéi et intériorisé par les militaires.

Le temps de l’accommodation et du braconnage (1952-1958)

  • 36 Terrenoire, op. cit., p. 170.

27À partir de 1952, l’appartenance au RPF se fait très discrète. Il semble que la circulaire Pleven ait été très rapidement intériorisée par les militaires. Les militants RPF ont donc dû ajuster leur comportement en conséquence et pratiquer un « militantisme de l’ombre », renouant pour certains d’entre eux avec des pratiques de l’époque de la Résistance. La prudence devient donc la règle d’or. L’appel à une discrète continuité militante permet de réactualiser des valeurs exaltées et mises en œuvre entre 1940 et 1944. L’utilisation de mots comme « devoir » et « courage » renvoie aux valeurs du gaullisme de guerre, née dans la résistance à l’ennemi commun. Au fond, ces militants se considèrent toujours comme des Résistants à un « ordre » établi. L’idée forte qui sous-tend cet engagement de l’ombre est l’assimilation entre la Résistance et le RPF et le fait que la résistance aux pouvoirs publics peut être « le recours de demain36 ».

  • 37 Voir à ce sujet Michel de Certeau, L’invention du quotidien. Arts de faire, Paris, 10/18, 1980.
  • 38 FCDG, RPF – 129.
  • 39 Ibid.
  • 40 Ibid.

28L’accommodation se traduit par des pratiques de « braconnages » au quotidien37. Supposés voués à la passivité et à la discipline, les militaires-militants du RPF inventent des pratiques qui leur permettent de continuer en toute discrétion leurs activités politiques. La première mesure adoptée par le délégué général du RPF en ZFO est le renforcement de la précaution prise dans l’envoi des cartes d’adhérents, de la documentation relative à l’action de propagande ou du paiement des cotisations. Le responsable des cotisations en Allemagne, le capitaine Gagnebien, monte à Paris récupérer les cartes pour ensuite les transmettre directement aux militants. Chargé de rassembler les cotisations, il fait remonter la somme sous forme de mandat apporté par une tierce personne lors d’un passage à Paris38. Gaston Deville, délégué RPF pour le Pays de Bade recommande dans un courrier adressé au secrétariat général en décembre 1953 de « bien vouloir [lui] faire adresser toute la documentation produite par le Centre national à mon nom et secteur postal, sans aucune appellation de votre part. Ne porter aucune mention RPF39 ». Certains militants imaginent des stratagèmes assez originaux pour ne pas se faire remarquer. Jean Parisot est militaire de carrière en ZFO depuis 1952. Membre du RPF en France depuis 1947, il cherche à payer sa cotisation annuelle auprès du parti gaulliste en Zone. Or à Coblence, il ne parvient pas à nouer de contacts avec les Compagnons. Il écrit donc au secrétariat général à Paris afin d’obtenir les contacts nécessaires. Il en profite pour dévoiler sa stratégie de contournement de la circulaire Pleven au responsable du service financier du RPF à Paris dans une lettre datant de juillet 1954 : « Monsieur, pouvez-vous me faire parvenir les formulaires nécessaires à l’inscription de mon épouse et à ma réinscription ? […] D’autre part, me conseillez-vous de faire inscrire mon fils âgé de quatre ans en mes lieux et places ? Je suis en effet militaire de carrière40 ! »

  • 41 FCDG, RPF – 471.

29Le RPF en ZFO est devenu tellement prudent que les militants arrivés de France n’arrivent pas à rentrer en contact avec leurs Compagnons au sein de la garnison. Jacques Milloux, membre du RPF depuis 1948, est un appelé qui remplit ses obligations militaires en Allemagne. En juin 1953, il écrit un courrier au secrétaire général L. Terrenoire dans lequel il lui explique qu’il « cherche à nouer contact avec le responsable RPF de [sa] Garnison. Il m’a été impossible de le connaître jusqu’à présent. La chose est assez délicate, d’ailleurs vue qu’en principe il nous est interdit de ‘‘faire de la politique’’41 ».

  • 42 FCDG, RPF – 601.

30Les archives du RPF permettent ainsi ponctuellement de reconstruire le répertoire d’actions, les mille et une manières de braconner des militants stationnés dans les ZFO en Allemagne. Ces procédures et ces ruses composent le réseau d’une « anti-discipline » au sein d’une institution dont la culture est de valoriser justement la discipline tant sur le plan des attitudes effectives, morales que sur le principe d’autorité. Par ailleurs, les archives ne font état au cours des années 1950 que d’un double cas isolé de sanctions (en mai 1955) due à une action militante trop visible dans une caserne de Marbourg en Hesse et donc contraire aux règlements militaires42. Entre 1947 et la fin des années 1950, la visibilité de l’action militante du RPF en ZFO a connu une évolution notable, l’année 1952 constituant une césure déterminante puisque l’interdiction par les pouvoirs publics faite aux militaires d’appartenir à un mouvement politique oblige les militants RPF à braconner, c’est-à-dire à pratiquer un militantisme toute en discrétion. La question des interactions entre le RPF en ZFO et les pouvoirs publics mérite toutefois un approfondissement particulier eu égard à la surveillance dont les gaullistes ont fait l’objet.

L’action de surveillance du service de sécurité militaire43

  • 43 Je remercie le Professeur Sébastien Laurent (université de Bordeaux III) pour m’avoir fourni des i (...)
  • 44 FCDG, RPF – 593.

31En raison de la rareté des sources, il est difficile de dire si cette surveillance est une pratique continue ou seulement ponctuelle. En tout cas, on en trouve des traces à deux moments précis : en 1952-53 dans le contexte de la guerre froide, avec les débats autour de la CED et en 1957-58 autour des rumeurs de retour au pouvoir du Général de Gaulle. En 1957, un militant de base du RPF communique à l’adjudant Laperoussaz (un des rares militants appartenant à l’Armée de l’Air), responsable du RPF en zone sud, « un renseignement récent et sûr, selon lequel les “gaullistes” de Bremgarten-Fribourg sont passablement surveillés par des gens trop zélés44 ». Ces « gens trop zélés » sont des agents du Service de Sécurité de la Défense Nationale et des Forces Armées (SSDNFA), c’est-à-dire du service de sécurité militaire créé en 1942 et dont l’objectif est d’assurer une surveillance à titre préventif des militaires. Ces officiers sont notamment chargés de prévenir et de rechercher les atteintes à la défense nationale telles qu’elles sont définies par le code pénal et le code de justice militaire, notamment en mettant en œuvre des mesures de contre-ingérence pour s’opposer à toute menace interne ou externe. Il faudrait avoir accès aux archives de ce service pour comprendre les raisons qui poussent à cette surveillance : craint-on la préparation d’activités clandestines visant à préparer un retour « illégal » du Général de Gaulle au pouvoir ? Est-ce que le pouvoir en place utilise cet instrument pour impressionner les militants gaullistes et leur faire peur ?

  • 45 FCDG, RPF – 10.

32En mai 1958, J. Russel, le délégué général de la Zone, écrit à J. Foccart pour lui dire que « les éléments gaullistes de la Zone française en Allemagne sont fichés par les services spéciaux de l’Armée “Extrémistes de droite”, ce qui vaut en toutes occasions, encore actuellement, de faire l’objet d’une surveillance particulière45 ». Cette surveillance pose bien sûr toute une série de questions. Cette initiative relève-t-elle du Commandant en chef des FFA ? Du Ministre de la Défense ? Cette pratique a-t-elle permis à des officiers antigaullistes de régler des comptes personnels ?

33Le RPF en Allemagne a réussi à développer entre 1947 et 1958 une activité militante non négligeable auprès de nombreux sous-officiers en bénéficiant de l’appui de quelques officiers sympathisants gaullistes. Son implantation rencontre un certain succès car ce mouvement correspond à une attente quasi messianique nourrie de déception pour beaucoup de ceux qui s’étaient engagés dans la France libre ou la Résistance intérieure du retour à l’ordinaire. De nombreux compagnons attendent le retour au pouvoir du Général de Gaulle, seul homme à leurs yeux capable de mettre en œuvre les aspirations nationales et internationales de la France. Cette logique de l’homme providentiel explique le dévouement et l’engagement de nombreux militaires stationnés en Allemagne.

34Mais après une période de laxisme, les gouvernements de la 3e Force ont veillé attentivement à rappeler le devoir de réserve qui s’impose aux militaires. La circulaire Pleven de 1952 a donc considérablement gêné l’activité militante dans les casernes. Celle-ci se poursuit le plus discrètement possible, avec beaucoup de dévouement et dans un esprit semblable à l’époque de la Résistance.

  • 46 De Gaulle à Alain Peyrefitte en 1958 : « Le RPF a été un demi-succès, ou un demi-échec. Il a permi (...)
  • 47 Pierre PÉLISSIER, Massu, Paris, Perrin, 2003, p. 362-385 ; Général Massu, Avec de Gaulle du Tchad (...)

35En dépit de tensions et de rivalités entre les responsables politiques des zones nord et sud, et malgré l’effondrement rapide des effectifs, le RPF a su maintenir un noyau de militants dévoués qui attendent le retour de de Gaulle au pouvoir46. Dès l’automne 1958, des militants créent une section de l’UNR et relancent les activités de propagande en vue du référendum sur la Constitution. Ainsi, les liens tissés entre les militants ont survécu à la mise en sommeil du parti et les réseaux RPF en ZFO se mobilisent très vite en mai-juin 1958 pour accompagner le retour de de Gaulle au pouvoir. L’échec du RPF dans cet espace périphérique doit donc être nuancé. Ce territoire politique particulier constitue un espace acquis largement au gaullisme, où de Gaulle a pu trouver appui et réconfort… en mai 196847.

Notes

1 Les recherches de Frédéric Turpin sur l’Indochine, de Jean-Marc Régnault sur l’Océanie, le témoignage de Pierre Bas sur l’AEF ont montré que le RPF s’est implanté dans l’Union Française. Même si cela ne fut pas sans difficulté et si les effectifs restèrent maigres, la présence d’un mouvement gaulliste politique Outre-mer dès l’époque du RPF ne fut pas sans conséquences immédiate (notamment au point de vue financier) et à long terme.
Voir Frédéric Turpin, « Le Rassemblement du Peuple Français en Indochine », in : Fondation Charles de Gaulle (FCDG), Cahrc (dir.), De Gaulle et le RPF (1947-1955), Paris, A. Colin, 1998, p. 280-289. Ibid., De Gaulle, les gaullistes et l’Indochine. 1940-1956, Paris, Les Indes Savantes, 2005 ; Jean-Marc Regnault, « L’échec d’une traduction politique du gaullisme dans l’Océanie française », in : FCFDG, Cahrc (dir.), op. cit., p. 265-280 ; Pierre BAS, « Le RPF en Afrique Équatoriale Française 1949-1951 », in : op. cit., p. 289-294.

2 Stricto sensu, les ZFO en Allemagne existent jusqu’au 21 septembre 1949, date à laquelle cesse officiellement l’activité des gouvernements militaires alliés. Voir Jérôme Vaillant, « L’occupation française en Allemagne », in : IHTP/Institut Charles de Gaulle (dir.), De Gaulle et la nation face aux problèmes de défense 1945-1946, Paris, Plon, « Espoir », 1983, p. 215-226.

3 Rainer Hudemann, « Le Général de Gaulle et la politique de reconstruction en Zone française d’occupation en Allemagne après 1945 », in : Institut Charles de Gaulle, De Gaulle en son siècle, t. 5, L’Europe, Paris, Plon, 1992, p. 313-324.

4 Le Général de Gaulle a laissé des hommes de confiance « aux trois points vitaux qui sont essentiels à préserver : l’Allemagne, l’Afrique du Nord, l’Indochine. Or, trois triumvirs y sont heureusement placés : Koenig, Leclerc, d’Argenlieu ». Voir Claude Mauriac, Un autre de Gaulle. Journal. 1944-1954, Paris, Hachette, 1971, p. 215.

5 Voir à ce sujet l’introduction d’Olivier Forcade dans Olivier Forcade, Éric Duhamel, Philippe Vial, Militaires en République 1870-1962. Les officiers, le pouvoir et la vie publique en France, Paris, PUS, 1999, p. 21-35.

6 Le terme « gaullisme » est très difficile à définir. Par « gaullisme historique », nous faisons référence au mouvement de résistance à l’ennemi né avec l’Appel du 18 juin. Ce gaullisme de guerre né à Londres et sur les champs de bataille se mue après 1945 en un mouvement partisan que J. Charlot qualifie de « gaullisme d’opposition ». Voir Jean Charlot, Le gaullisme d’opposition. 1946-1958. Histoire politique du gaullisme, Paris, Fayard, 1983.

7 FCDG, RPF – 594 : Documentation générale, textes provenant de la ZFO, non paginé.

8 FCDG, RPF – 595 : Documentation générale, texte, non paginé.

9 Le Comptoir de l’Économat des Forces Françaises en Allemagne (c’est-à-dire l’ensemble des organismes de vente situés dans les ZFO) est un établissement public crée par l’État en 1951 sur décision du secrétaire d’État aux Forces Armées. Sa tâche est d’assurer la vente hors taxes de touts les produits nécessaires à la vie courante de l’ensemble des FFA.

10 Grâce à l’existence d’un fichier du RPF, B. Lachaise a pu évaluer à environ 5 % la place des militaires parmi les adhérents RPF en France. Voir Bernard Lachaise, « Les militaires et le gaullisme au temps du Rassemblement du peuple français (1947-1955) », in : O. Forcade, E. Duhamel, P. Vial, op. cit., p. 455-471.

11 FCDG, RPF – 129 : Courrier des adhésions, Pays étrangers et colonies, non paginé.

12 FCDG, RPF – 601 : Correspondance de Jacques Foccart avec ZFO (21 septembre 1953 – 17 mai 1958), non paginé.

13 FCDG, RPF – 471 : Correspondance échangée entre le Secrétariat général et les responsables de la ZFO (1949-1954).

14 FCDG, RPF – 593 : Correspondance, non paginé. Voir à ce sujet Hubert Bonin, « Le financement du RPF », in : FCDG, Cahrc (dir.), op. cit., p. 78-86.

15 La campagne de la carte est mise en place à l’approche des législatives de 1951. Il s’agit d’envoyer une carte postale sur papier souple à de Gaulle en y inscrivant quelques mots. Malraux est promu président du Comité de la Carte constitué le 22 mars 1951 et cette campagne se poursuit jusqu’en septembre 1952, dégageant un bénéfice net de 18 millions de francs.

16 FCDG, RPF – 597.

17 FCDG, RPF – 594.

18 FCDG, RPF – 471.

19 FCDG, Ibid.

20 FCDG, RPF – 601.

21 FCDG, RPF – 601.

22 L’Union pour le Salut et le Renouveau de l’Algérie Française est une association créée en 1956 et dirigée par J. Soustelle, Marcel-Edmond Naegelen (ancien gouverneur de l’Algérie) et dont Pierre Picard est le secrétaire général.

23 FCDG, RPF – 601.

24 Pour le cas indochinois, voir Frédéric Turpin, De Gaulle, les gaullistes et l’Indochine, op. cit.

25 Louis Terrenoire, De Gaulle 1947-1954 – Pourquoi l’échec ?, Paris, Plon, « Collection Espoir », 1981.

26 Louis Terrenoire, op. cit., p. 203.

27 FCDG, RPF – 593.

28 MAE. AR/Colmar, Bade 3. 182/1, Ordonnance no 91 en date du 18 avril 1947, autorisant les ressortissants français à former des associations de droit français dans la ZFO, non paginé.

29 FCDG, RPF – 471.

30 Ibid.

31 FDCG, RPF – 597.

32 Depuis le début de l’année 1951 et son discours de Nîmes (7 janvier 1951), le Général de Gaulle mène un combat acharné contre le projet de défense européenne et les ZFO reçoivent sous forme d’imprimés les discours dans lesquels le Général développe une opposition viscérale à ce projet.

33 FDCG, RPF – 597.

34 FCDG, RPF – 129.

35 FCDG, RPF – 9 : Délégation générale de Pierre Conte-Offenbach, Correspondance avec la ZFO, non paginé.

36 Terrenoire, op. cit., p. 170.

37 Voir à ce sujet Michel de Certeau, L’invention du quotidien. Arts de faire, Paris, 10/18, 1980.

38 FCDG, RPF – 129.

39 Ibid.

40 Ibid.

41 FCDG, RPF – 471.

42 FCDG, RPF – 601.

43 Je remercie le Professeur Sébastien Laurent (université de Bordeaux III) pour m’avoir fourni des informations sur ce sujet.

44 FCDG, RPF – 593.

45 FCDG, RPF – 10.

46 De Gaulle à Alain Peyrefitte en 1958 : « Le RPF a été un demi-succès, ou un demi-échec. Il a permis de tenir en haleine une armée de compagnons. Il a permis de se préparer à ressaisir le pouvoir. Il a laissé les choses mûrir », in : Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Paris, Éditions de Fallois – Fayard, 1994, p. 38.

47 Pierre PÉLISSIER, Massu, Paris, Perrin, 2003, p. 362-385 ; Général Massu, Avec de Gaulle du Tchad 1941 à Baden 1968, Paris, Éditions du Rocher, 1998, p. 157 et suivantes.

Table des illustrations

Légende Carte tirée de F. Roy Willis, The French in Germany. 1945-1949, Stanford University Press, Stanford, 1962.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/122802/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 173k
Légende Sources : FCDG, RPF – 471 et RPF – 129.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/122802/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 80k
Légende Source : FCDG, RPF – 597.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/122802/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 71k

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