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Jérôme Lalande

 | 
Guy Boistel
, 
Jérôme Lamy
, 
Colette Le Lay

Première Partie. Instituer l’astronomie

Parcours initiatiques. Les élèves méridionaux de Jérôme Lalande

Jérôme Lamy

Texte intégral

  • 1 Guillaume Bigourdan, « Les élèves de l’Observatoire du Collège de France. Les Observatoires de l’É (...)

1Guillaume Bigourdan rappelle que Jérôme Lalande sut au XVIIIe siècle « grouper autour de sa chaire [au Collège de France] […] des élèves nombreux dont quelques-uns portèrent au loin le bon renom de l’Astronomie française1 ». Nicolas Lesté-Lasserre a mis en exergue les efforts de Lalande pour organiser et structurer le travail de sa cohorte de disciples. Cinq d’entre eux suivent un parcours formateur qui les amène à Toulouse ou à Montauban. Une forme originale de réseau didactique, dont il convient de retracer la genèse et le fonctionnement, émerge, entre Paris et la région garonnaise. Nous évoquerons donc dans une première partie les liens entre Jérôme Lalande et l’astronome toulousain Antoine Darquier qui fait office de précepteur supplétif pour certains disciples de Lalande. Nous détaillerons ensuite les trajectoires méridionales de Méchain, Mersais, Rivet, Duc-La-Chapelle et Bernier. Nous étudierons pour chacun d’eux les modalités de leur séjour toulousain, leurs travaux avec Lalande et les suites de leurs parcours dans la science astronomique. Enfin, nous tenterons de cerner les modèles didactiques et économiques qui sous-tendent cette formation itinérante permettant à de jeunes savants de faire leurs premiers pas dans la pratique scientifique.

Jérôme Lalande, Antoine Darquier et l’astronomie toulousaine

  • 2 Jérôme Lalande, Astronomie, t. I, Paris, Imprimerie P. Didot l’Aîné, 1792 [3e édition.], p. li-lii (...)
  • 3 Jean Sentou, Fortunes et groupes sociaux à Toulouse sous la Révolution, 1789-1799, Essai d’histoir (...)

2Jérôme Lalande entretient un rapport privilégié avec l’astronomie toulousaine. Il convient ici de rappeler la place prééminente qu’il accorde à la cité garonnaise dans le domaine de la science des astres en déclarant, à la fin du XVIIIe siècle dans son Astronomie que Toulouse est « de toutes les villes de province celle où l’astronomie a été le plus cultivée2 ». Lalande a plus particulièrement cultivé une relation scientifique et amicale avec l’astronome toulousain Antoine Darquier. Né en 1718, il constitue l’archétype du savant provincial, qui appartient à l’élite urbaine locale, et dispose d’une fortune conséquente lui permettant d’acquérir les instruments et les ouvrages nécessaires à la pratique de l’astronomie3. Antoine Darquier est receveur ancien des tailles, puis des impositions, de l’élection de Lomagne. Il est un membre très actif de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse et y développe un goût précoce pour l’astronomie. Après avoir fait ses premières armes à l’observatoire de la Tour des remparts de la ville, Antoine Darquier fonde son propre observatoire au-dessus de sa maison. Son arsenal technique est considérable, et comporte un télescope de Short, un héliomètre, une lunette de 7 pieds et demi, un quart de cercle de 2 pieds. Il reçut, en outre, d’un aristocrate anglais en villégiature à Bagnère, une lunette achromatique de Dollond.

  • 4 Antoine Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, Paris, chez J. Aubert, 1777, xiii- (...)
  • 5 Antoine Darquier, « Observations astronomiques des années 1782, 1782 & partie de 1783 », Histoire (...)
  • 6 Antoine Darquier, « Observations astronomiques faites à Toulouse dans les années 1791-1798 », in J (...)
  • 7 Thomas Simpson, Cours élémentaire de mathématiques, t. I : contient les Élémens de géométrie & la (...)
  • 8 Johann Heinrich Lambert, Lettres cosmologiques sur l’organisation de l’Univers, Amsterdam, chez Gé (...)
  • 9 Dom Antonio de Ulloa, Observation de l’éclipse de Soleil du 24 juin 1778, faite en Mer sur l’Espag (...)
  • 10 Antoine Darquier, Uranographie ou contemplation du Ciel à la portée de tous, Paris, chez Didot fil (...)
  • 11 Antoine Darquier, Lettres sur l’astronomie pratique, Paris, chez Didot fils, Jombert jeune, 1786.

3L’œuvre astronomique de Darquier est particulièrement abondante. Il a publié près de 4 000 observations, d’abord dans deux volumes parus à ses frais en 1777 et 17824. La suite de ses travaux fut éditée dans les quatre premiers tomes des Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse5. Enfin, ses ultimes études ont été rassemblées par Lalande dans son Histoire céleste6. Savant complet, Antoine Darquier s’est également essayé à la traduction, puisqu’il a transcrit de l’anglais Éléments de Géométrie de Simpson7, de l’allemand les Lettres cosmologiques de Johann Henrich Lambert8, et de l’espagnol l’Observation de l’éclipse du soleil du 24 juin 1778 de Don Antonio de Ulloa9. Antoine Darquier a également tenté de vulgariser la science des astres. Il a ainsi rédigé, à l’intention de Madame d’Etigny, femme de l’Intendant de la Généralité d’Auch, une Uranographie ou contemplation du Ciel à la portée de tout le monde10. Enfin, ses Lettres sur l’astronomie pratique, détaillent méticuleusement toutes les méthodes à suivre pour observer correctement le Ciel11.

4L’énumération de ses ouvrages ou de ses travaux ne saurait rendre compte de son rôle au sein de la communauté savante du XVIIIe siècle. Sa correspondance avec Jean Bernoulli, astronome et voyageur, nous renseigne sur son ambition de devenir correspondant de l’Académie de Berlin. Ses liens avec Nicolas Delisle, et Le Monnier lui permettent d’accéder à celle de Paris. Enfin, Darquier est en contact très étroit avec Jérôme Lalande. Il est très difficile de cerner les origines de cette relation. Le plus souvent, les savants toulousains n’amorcent pas seuls une correspondance. L’Académie des sciences de la cité garonnaise joue un rôle considérable dans la genèse des échanges de missives. Son statut de cénacle savant établi et reconnu permet d’entretenir des contacts avec l’Académie de Paris, qui invite à faire une observation, prévient de l’imminence d’un événement astronomique ou envoie des données manquantes. C’est ainsi que le 16 juillet 1761 Darquier lit, lors de la réunion académique hebdomadaire « une Lettre qu’il a reçue de M. de Lalande » :

  • 12 Archives de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (AAST), Registre d (...)

« [Ce dernier,] informé des Circonstances qui ont empêché d’observer à Toulouze Le dernier passage de Vénus sur le Soleil, Lui a témoigné ses Regrets : et pour Le dédommager en quelque sorte, il lui communique Les Résultats d’une observation faite de ce Phénomène a Stockholm, ou il a été visible dans Toute son Etenduë12. »

  • 13 AAST, Registre des délibérations, t. XII, 9 mai 1765, f° 181.
  • 14 Antoine Darquier, Observations astronomiques faîtes à Toulouse, Avignon, chez J. Aubert, 1777, p.  (...)
  • 15 Jérome Lalande, Histoire céleste française contenant les observations faites par plusieurs astrono (...)
  • 16 Jérome Lalande, Histoire céleste française contenant les observations faites par plusieurs astrono (...)

5Cette solidarité épistolaire se poursuit en relation savante régulière. Darquier reçoit en mai 1765, une « Lettre que lui a Ecrite M. de Lalande de L’académie Royale des Sciences de Paris », dans laquelle il « Luy envoye les calculs de la prochaine Eclipse de Soleil et l’exhorte a observer cette Eclipse qui doit arriver le 16 août13 ». À l’automne 1774, l’astronome toulousain explique qu’il observe la disparition des anneaux de Saturne avec « M. de Lalande qui étoit alors à Toulouse chez [lui] ». Le 26 octobre l’astronome toulousain note qu’ils ne virent « absolument aucun vestige d’anneau : observation que [Lalande] écrivit lui-même sur [s] on journal14 ». Antoine Darquier accueille, donc Jérôme Lalande non seulement dans son observatoire, mais également dans sa maison pour qu’il y séjourne. Il ne s’agit plus ici seulement de coopération, mais bien de l’expression d’une sociabilité savante dépassant le simple cadre de la pratique observationnelle. Lalande joue un rôle particulièrement actif, puisque c’est lui qui inscrit de sa main les mesures dans le journal de Darquier. Celui-ci s’efface quelque peu, l’espace d’une observation, derrière le célèbre astronome parisien, indiquant par ce geste la hiérarchie sous-jacente qui existe entre les deux hommes. Lalande aide le savant garonnais a publié ses travaux : il intègre ses observations de 1791 à 1798 dans son Histoire céleste et s’implique dans la publication de la traduction par Darquier des Lettres cosmologiques de Lambert. Lalande reconnaît la qualité des travaux de l’astronome toulousain et signale dans son Histoire céleste qu’il a « acquis des instrumens à ses frais, [qu’] il a établi un observatoire dans sa maison […] [et qu’] il a fait des sacrifices qu’aucun particulier n’avoit encore faits15 ». À la mort de Darquier, Lalande assure que Darquier était « estimé des astronomes, à qui il n’a cessé d’être utile16 ».

6Cette relation savante et amicale est également le point de départ d’une entreprise pédagogique originale dans laquelle Lalande fournit à Darquier des assistants qui sont également ses propres élèves.

Les modestes débuts de l’illustre Méchain

  • 17 Antoine Darquier, Observations astronomiques faîtes à Toulouse, Paris, chez J. Aubert, 1777, p. ix
  • 18 Ibidem, p x.

7Antoine Darquier s’est attaché un certain nombre de collaborateurs, notamment pour ses calculs, à cause de ses occupations professionnelles qui l’empêchaient de faire les réductions de ses observations. Il retrace ainsi, dans la préface du premier volume de ses Observations astronomiques, les raisons qui l’ont poussé à engager un premier calculateur, Pierre Méchain. Occupé par les « devoirs d’Etat qui prennent une grande partie de [s] on tems », Darquier ne put comparer ses résultats aux principales tables astronomiques. « M. Méchin, ajoute-t-il, jeune astronome plein de mérite & de talent a bien voulu s’en charger17 ». Plus loin, Darquier explique que « Tous les calculs des lieux de la Lune de M. Méchin ont été faits deux fois dans des cayers ». Il précise qu’il a lui-même « vérifié ceux qui [lui] ont paru s’éloigner de l’observation18 ».

  • 19 Sur ce point, cf. Denis Guedj, Le mètre du monde, Paris, Le Seuil, 2000, p. 109. Cf. également sur (...)

8Le futur collaborateur de Delambre, dans l’immense entreprise décrétée par l’Assemblée constituante en 179119 de mesure du méridien entre Dunkerque et Barcelone, a donc commencé son parcours d’astronome comme calculateur rémunéré de Darquier.

  • 20 Jean-Baptiste Delambre, Histoire de l’astronomie au dix-huitième siècle, Paris, Bachelier, 1827, p (...)
  • 21 L’hypothèse selon laquelle Lalande serait entré en contact avec Méchain en achetant un instrument (...)
  • 22 Jean-Baptiste Delambre, Histoire de l’astronomie au dix-huitième siècle, Paris, Bachelier, 1827, p (...)
  • 23 Ibidem, p. 757-758.

9Jean-Baptiste Delambre détaille les premières années de la carrière de Pierre Méchain. Né à Laon en 1744, il est destiné par son père à lui succéder dans la profession d’architecte. Cependant, les premiers travaux remarqués du jeune homme « lui donnèrent l’idée d’aller à Paris puiser une instruction plus étendue et plus brillante à l’École des ponts et chaussée20 », au sein de laquelle il fut admis. Faute de subsides, il doit rentrer chez ses parents. La rencontre entre Méchain et Lalande reste nimbée de mystère21. Delambre rapporte que l’astronome parisien engage une correspondance avec le jeune homme. Alors que ce dernier était « sans état assuré, Lalande l’avait mis en société de travaux avec Darquier […]22 ». Le système mis en place repose uniquement sur des échanges épistolaires sans contact direct et sur une organisation hiérarchique du travail. « Darquier, précise Delambre, envoyait ses observations ; Méchain les réduisait, les calculait, les comparait aux tables, et Darquier se chargeait de tous les frais de calcul et de publication23 ». Jérôme Lalande est donc à l’origine de cette association d’intérêts, qui permet à l’observateur toulousain d’échapper à la fastidieuse corvée des réductions et au jeune Méchain de se procurer quelques ressources financières. Il est probable que la période pendant laquelle Méchain travaillait pour Darquier fut assez brève, même s’il est impossible de la dater avec précision.

  • 24 Ibidem, p. 756.
  • 25 Joseph Laissus, « Un astronome français en Espagne : Pierre-François-André Méchain (1744-1808) », (...)

10Par la suite, Lalande permettra à Méchain de trouver une place plus assurée au dépôt général des Cartes de la Marine24. Il entrera finalement à l’Observatoire de Paris en 178325.

  • 26 Bibliothèque Universitaire de Bâle, La 686, Lettre d’Antoine Darquier à Jean Bernoulli, 8 mars 178 (...)
  • 27 « Éloge de M. Darquier », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et (...)
  • 28 Ibidem, p. 303.

11Darquier et Méchain ont poursuivi une relation épistolaire discontinue. Ainsi, en 1781, Méchain, sachant que Darquier a « l’avantage de correspondre avec [Bernoulli, l’]a prié de [lui] adresser les éléments de la comettes de 1780 déduites de ses observations26 ». Pendant la révolution, et alors que Méchain travaille avec Delambre à la mesure du méridien, les lettres qu’il échange avec Darquier sont étroitement surveillées. L’astronome toulousain est inquiété lorsque le Comité Révolutionnaire de la ville intercepte une missive envoyée à son ancien élève, qui se trouve en Espagne. Dans cette lettre où « il était question de chiffres, de signaux, de feux à allumer sur les montagnes […] on crut avoir saisi une conspiration flagrante27 ». Un ami d’Antoine Darquier persuade finalement les « membres du Comité que ce travail était utile à la république28 ».

  • 29 Lettre de Pierre Méchain à Antoine Darquier, 26 thermidor an VII, [13 août 1799], in Émile Paloque (...)

12Une lettre de Méchain, adressée à son ancien maître le 13 août 1799, témoigne de la relation très amicale entre les deux hommes. Méchain lui décrit, en détail, le chaos qui règne à l’Observatoire de Paris depuis le renvoi de Cassini et les efforts qu’il fait pour maintenir à l’établissement sa vocation savante. Il achève sa missive en assurant Darquier de sa « plus profonde vénération et de [son] inviolable attachement […]29 ».

Le destin tragique de l’inconstant Mersais

  • 30 Nous ne disposons en tout et pour tout que de la notice imprimée dans le premier cahier des Nouvel (...)

13Le parcours de Jean-Michel Tabary (qui prendra plus tard le nom de Mersais) est particulièrement difficile à suivre. Ses variations dans le choix de sa vocation professionnelle et la faiblesse des sources le concernant30 interdisent de brosser un portrait complet de ce jeune savant mort tragiquement lors de l’expédition en terres australes menée par Kerguelen de Trémarec.

  • 31 Bigourdan assure que c’est Dagelet qui est l’auteur de l’éloge de Mersais dans les Nouvelles litté (...)
  • 32 « Éloge de M. Mersais », in Jean Bernoulli, Nouvelles littéraires de divers pays, premier cahier, (...)
  • 33 Ibidem, p. 35.
  • 34 Ibid., p. 36.
  • 35 Guillaume Bigourdan, « Les travaux de Lalande et de ses élèves au Collège Mazarin », Comptes Rendu (...)
  • 36 Ibidem, p. 1362.
  • 37 « Éloge de M. Mersais », in Jean Bernoulli, Nouvelles littéraires de divers pays, premier cahier, (...)
  • 38 Ibidem.
  • 39 Ibid.
  • 40 Ibid.
  • 41 Ibid.
  • 42 Guillaume Bigourdan, « Les travaux de Lalande et de ses élèves au Collège Mazarin », Comptes Rendu (...)

14Il est une nouvelle fois impossible de connaître avec précision la manière dont Lalande entre en contact avec Tabary. Selon Dagelet31 Lalande aurait enrôlé le jeune homme à partir du mois d’avril 1766. L’astronome avait remarqué l’« esprit vif & pénétrant » de Tabary, avant de lui faire acquérir « l’habitude des observations […] & les connoissances nécessaires pour les calculs […] » ainsi que la manière d’en « tirer des résultats […]32 ». Lalande installe Tabary dans l’observatoire du Collège Mazarin que lui avait cédé l’abbé La Caille. Dagelet assure que les multiples activités de Lalande, de l’enseignement aux responsabilités académiques, de la rédaction de ses ouvrages aux exercices de sociabilité mondaine, lui interdisait d’exploiter lui-même les possibilités de l’observatoire du Collège Mazarin richement doté en instruments de qualité33. Jérôme Lalande propose donc à Mersais d’utiliser cet espace savant et d’y faire des examens célestes. Pendant deux ans, le jeune homme « fit un grand nombre d’observations et de calculs […]34 ». Entre le 26 mars et le 5 juin 1767, Mersais prend ainsi les hauteurs et détermine les passages méridiens du Soleil et de la Lune, il examine également plusieurs taches solaires35. Il se rend également à l’observatoire de l’hôtel de Cluny, pendant l’absence de Messier en 176736. Toutefois, Dagelet indique à mots couverts que l’ascétisme, la rigueur et la régularité des travaux astronomiques convenaient mal au caractère impétueux de Mersais, dont le « feu de la jeunesse37 » lui fit provisoirement préférer la chirurgie. Il ne s’agit cependant que d’une « fantaisie passagère38 », et le jeune homme revient bientôt auprès de Lalande pour poursuivre son apprentissage de la science des astres. Ce dernier décide alors de confier son élève labile à Darquier, « son correspondant & son ami39 » afin qu’il le reçoive chez lui pour avoir « soin de son observatoire40 ». Dagelet assure que le jeune élève de Lalande « travailla avec zèle et […] assiduité pendant quelques mois41 », probablement pour y faire des calculs42. Nous n’avons pu trouver d’archives relatives au séjour toulousain de Mersais, il est donc impossible de connaître précisément les tâches qu’il a accomplies et les enseignements que Darquier a pu lui prodiguer. L’objectif de Lalande était sûrement de permettre à son élève de découvrir et d’apprendre la pratique astronomique auprès d’un astronome déjà chevronné. On peut penser que Darquier, de son côté, se déchargeait des calculs qu’il n’avait pas le temps de faire.

  • 43 « Éloge de M. Mersais », in Jean Bernoulli, Nouvelles littéraires de divers pays, premier cahier, (...)

15Le séjour toulousain de Mersais est bref, car il revient à Paris pour travailler avec le mathématicien et chimiste Alexandre Théophile Vandermonde, avec lequel il s’initie à la géométrie43.

  • 44 Ibidem, p. 37.
  • 45 Ibid.
  • 46 Ibid., p. 39.

16En 1771, le chevalier de Borda et Pingré organisent pour l’Académie des Sciences, une expédition maritime, avec la frégate La Flore, pour « y faire des épreuves sur les horloges marines & sur les instrumens & sur les méthodes propres à déterminer les longitudes en mer […]44 ». Lalande entrevoit ici une occasion de canaliser et de discipliner l’inconstance de Mersais, dont il sait « qu’il travailleroit très bien, aussitôt qu’il seroit continuellement animé par l’exemple & retenu dans l’enceinte d’un vaisseau […]45 ». Le jeune homme participe donc au voyage et à son retour en 1773, il rencontre Kerguelen de Tremarec, qui prépare une expédition vers les terres australes, l’embarque à bord du Roland, en qualité d’astronome. Mersais travaille avec Dagelet, autre élève de Lalande, embarqué lui sur une frégate participant également au voyage savant. Ils observent notamment l’éclipse de Soleil du 12 mars 1773. Victime d’une « fièvre chaude46 », alors que le Roland navigue près de l’île de Madagascar, il est saisi de délire et se jette à la mer et se noie le 31 mars suivant.

17La trajectoire météorique de Mersais à Toulouse ne nous laisse aucune trace des relations qu’il a pu entretenir avec Darquier ; remarquons cependant qu’elle s’inscrit dans une forme d’expérience pédagogique que Lalande applique ici, sans véritable succès, à un élève instable et versatile.

De l’astronomie à l’urbanisme : le parcours de Jules Rivet

  • 47 D’Aubuisson, « Éloge de M. Julien Rivet », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences (...)
  • 48 Ibidem, p. 3.
  • 49 « Éloge de M. Julien Rivet », Histoire & Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions (...)
  • 50 d’Aubuisson, « Éloge de M. Julien Rivet », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences (...)
  • 51 Ibidem, p. 4.
  • 52 Antoine Darquier, « Suite des observations astronomiques, depuis le 2 juillet 1784 jusqu’au 6 octo (...)
  • 53 Antoine Darquier, « Observations astronomiques pour 1787, 1788, 1789 & 1790 », Histoire & Mémoires (...)
  • 54 D’Aubuisson, « Éloge de M. Julien Rivet », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences (...)

18Julien Rivet, autre assistant de l’astronome toulousain, a suivi un parcours analogue à celui de Méchain et Tabary. Né en 1757 à Montpellier, ce fils de commerçant en soieries fait ses études à Toulouse dans « l’école des ponts et chaussées dont la ville venait de se doter47 ». D’Aubuisson, biographe de Rivet, rapporte qu’il épuise rapidement les ressources de cette institution et que, tout en s’orientant vers l’astronomie, il rejoint la Capitale pour y suivre « avec le plus grand zèle les leçons de l’illustre Lalande48 ». Rivet entre alors au service de Lalande et « l’assist[e] dans ses calculs et ses observations49 ». L’expédition de Lapérouse, alors en préparation, réclamait un « ingénieur-géographe50 ». Lalande désigne son élève pour occuper la place. Une maladie retient Rivet à terre et le préserve « d’une fin tragique ». De retour à Toulouse, le jeune homme rencontre Antoine Darquier. Ce dernier « se l’attacha, et pendant six années il l’a eu pour collaborateur51 ». Il est tout fait probable que l’astronome toulousain rémunérait son assistant pour qu’il effectue des travaux de calculs. Cependant, à la différence de Méchain et de Tabary, Julien Rivet participe activement aux observations menées par Darquier. Dans l’introduction de sa « suite d’observations » couvrant la période 1784-1787, il avertit « que M. Rivet [s] on élève a concouru avec [lui] dans une bonne partie de ces Observations […]52 ». Darquier laisse son élève s’émanciper peu à peu de sa tutelle, et Julien Rivet gagne peu à peu son autonomie. En 1789, lors de l’opposition de Saturne, Darquier indique qu’il a observé le phénomène avec « une lunette de Dollond armée d’un micromètre ». Il ajoute que « M. Rivet l’observ[ait] en même-tems à la Lunette des passages & au quart de cercle ». Il conclut que leurs « observations se sont singulièrement accordées53 ». D’Aubuisson assure que certaines opérations « étaient entièrement abandonnées à M. Rivet54 ». Le statut de cet assistant, auprès de Darquier, est donc légèrement différent de celui de Méchain ou Tabary, puisque, restant à Toulouse, il passe d’élève à observateur affranchi.

  • 55 Archives Municipales de Toulouse, 2R 5, Procès-verbaux des séances de la Société Académique connue (...)
  • 56 Archives Nationales, F17, 1947, Lettre de Jean-Baptiste Delambre au Grand Maître de l’Université I (...)
  • 57 Pierre d’Aubuisson, « Éloge de M. Rivet », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, (...)
  • 58 Ibidem, p. 7. La confection de ce plan dure près d’une quinzaine d’années. En 1817, le maire de To (...)

19Nous ignorons si Jules Rivet poursuit ses activités savantes au début du XIXe siècle. Il est membre de la structure académique qui renaît à Toulouse après la Révolution sous le nom d’Athénée55, mais reste ignoré, après la mort de Lalande, de la communauté astronomique parisienne. Ainsi, Jean-Baptiste Delambre, chargé, en 1809 de conseiller l’administration toulousaine pour la désignation d’un directeur de l’observatoire municipal, assure que « M. Rivet ancien aide et calculateur de M. Darquier […] », lui est « entièrement inconnu56 ». Rivet semble s’être éloigné des travaux astronomiques, il participe en revanche aux travaux d’urbanisme que la nouvelle administration napoléonienne entreprend à Toulouse. Le préfet du département lui confie les « premiers travaux du cadastre qui furent faits dans le pays57 ». Le conseil municipal de la cité garonnaise fait appel à lui dès 1801 pour « un plan sur une fort grande échelle, […] pour assoire des projets d’alignement58 ».

Duc-La-Chapelle, le disciple montalbanais

  • 59 Sur Duc-La-Chapelle, voir : Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La (...)
  • 60 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tar (...)
  • 61 Ibidem, p. 6.
  • 62 Ibid.
  • 63 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 180 (...)
  • 64 Ibidem, p. 687.
  • 65 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tar (...)
  • 66 Ibidem, p. 8.
  • 67 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 180 (...)
  • 68 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tar (...)

20Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle59, en 1765, est le fils du receveur des finances de Montauban60. Après avoir obtenu sa licence à Toulouse, il s’installe définitivement à Montauban et devient « conseiller à la cour des aides en 178661 ». Intéressé par les sciences, il connaît la réputation de Lalande et décide de se rendre à Paris pour parfaire son éducation astronomique en suivant les cours du Collège de France62. Lalande rappelle que cet espace savant le met à même « de recevoir [ses] coopérateurs, de vivre avec eux, et d’accélérer leurs progrès63 ». Duc-La-Chapelle quitte le Collège de France en 1789, avec la charge « de porter au loin les connaissances qui doivent propager l’astronomie64 ». Le jeune astronome montalbanais décide de construire un observatoire dans sa ville natale et de l’équiper d’un arsenal technique conséquent65. Son premier espace savant, érigé au sommet de sa maison est trop étroit. Il en établit donc un autre dans son jardin66. Lalande rapporte les difficultés de Duc-La-Chapelle pour imposer dans le paysage la mire nécessaire à ses observations. En effet, quelques « habitans du canton » détruisirent la modeste borne de pierre installée dans un champ, ruinant ainsi les « dispositions et [l] es mesures de l’astronome montalbanais67 ». Finalement, à partir de 1792, Duc-La-Chapelle dispose d’un observatoire opérationnel. C’est très probablement dans cette période qu’il entre en contact avec Darquier. Nous ne disposons pas d’une correspondance relatant cette rencontre, mais plusieurs indices convergents permettent de reconstituer le rapprochement entre les deux astronomes et de restituer la teneur de leurs échanges. Vers 1792 Darquier confie à Duc-La-Chapelle « un quart de cercle de Messier68 » pour étoffer son corpus technique. Les archives de l’Académie des Sciences de Toulouse recèlent également un mémoire de Duc-La-Chapelle, datée de 1792, sur l’opposition de Saturne. Il décrit la série de 9 observations effectuées entre le 17 et le 25 octobre, en prenant soin d’exposer son mode opératoire :

  • 69 Archives de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (AAST), 8008874, D (...)

« Ma méthode pour observer Saturne consiste à prendre l’instant ou le fil de l’instrument des passages touche le borde de l’anneau & l’instant ou il le quitte. Le milieu de ces deux instants donne le passage devant le centre69. »

  • 70 Ibidem.
  • 71 AAST, 8008874, Note d’Antoine Darquier, 1792.
  • 72 Bibliothèque Municipale de Montauban, Ms 89/3, Duc-La-Chapelle, Observations astronomiques, t. III (...)
  • 73 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annu (...)
  • 74 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tar (...)
  • 75 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annu (...)

21Il détermine une erreur dans les tables de Delambre « de 19”, 4 en excès70 ». Darquier est « chargé de faire le rapport sur le mémoire » de Duc-La-Chapelle. Il trouve les résultats obtenus « très satisfaisants » et propose d’imprimer le document « tel qu’il est71 » dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Toulouse, ce qui ne sera jamais fait. La relation qui s’instaure entre les deux hommes se déploie dans le registre didactique. Le troisième volume d’observations astronomiques de Duc-La-Chapelle porte en exergue, un nota bene de Darquier sur la manière d’observer la Lune72. Alors que le savant de Montauban vérifie la commodité de son espace savant et la pertinence de son arsenal technique en s’essayant à l’examen difficile de Mercure, Darquier lui écrit, pour l’encourager : « C’est un bon augure pour votre observatoire d’en avoir fait l’essai par une observation aussi importante que celle de Mercure73. » De la même façon qu’il employait Méchain et Mersais à ses réductions d’observations, l’astronome toulousain lui fait fréquemment parvenir des calculs : « Il faut, assurait Darquier, que les jeunes astronomes soulagent les vieillards74. » La filiation entre les deux savants méridionaux est très forte. Darquier voit en Duc-La-Chapelle son continuateur : « C’est une consolation pour moi de laisser à l’astronomie un successeur comme vous. Je puis chanter maintenant le Nunc dimittis, puisque l’astronomie va, par votre moyen, dans cette province, renaître plus brillante que jamais75 », lui écrit-il pendant la Révolution. À la mort de Darquier, l’astronome de Montauban recueille les lettres de son ancien maître toulousain.

22Les liens entre Darquier et Duc-La-Chapelle mettent en exergue une relation pédagogique dense qui prolonge, sur un mode bienveillant et presque paternaliste, les leçons reçues au Collège de France.

  • 76 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 180 (...)
  • 77 Ibidem, p. 726.
  • 78 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tar (...)
  • 79 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 180 (...)
  • 80 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annu (...)
  • 81 Archives Départementales du Tarn et Garonne (ADTG), 92 J, Lettre de Jérôme Lalande à Duc-La-Chapel (...)
  • 82 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annu (...)
  • 83 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tar (...)
  • 84 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annu (...)
  • 85 ADTG, 92 J, Lettre de Duc-La-Chapelle à Jérôme Lalande, 14 juillet 1806.
  • 86 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tar (...)
  • 87 ADTG, Lettre de Duc-La-Chapelle à Le François, 15 avril 1807.

23Il convient de noter qu’en revenant à Montauban Duc-La-Chapelle n’a pas rompu avec Lalande. Il poursuit avec lui une relation savante et amicale. Il lui fait parvenir de nombreuses observations, notamment celles de Mercure76, ainsi que celles d’étoiles méridionales « plus difficilement77 » visibles à Paris. Lalande publie les examens célestes de son ancien élève dans la Connaissance des temps78. L’astronome parisien veille à ce que Duc-La-Chapelle dispose d’une instrumentation de qualité. Lalande œuvre ainsi au Bureau des longitudes pour que le secteur de 6 pieds qui avait servi à l’abbé La Caille lors de son séjour au Cap de Bonne Espérance79 soit envoyé à Montauban, certain que le jeune astronome « en tirerait le meilleur parti80 ». Ceci montre à la fois la confiance de Lalande dans son élève et le souci de l’inscrire dans la communauté savante. De la même manière, Lalande, veille à ce que Duc-La-Chapelle dispose d’une instrumentation de qualité. Il lui écrit, en novembre 1804 : « vous ne pouvés vous passer mon cher ami du Catalogue de Piazzi81. » L’astronome parisien ne tarit pas d’éloge sur son ancien élève et vante ses mérites aux autres savants, français et européens, ce qui étend immédiatement le réseau de correspondance de Duc-La-Chapelle. Ainsi, le baron von Zach, astronome à Gotha et fin connaisseur des observatoires méridionaux, lui écrit : « vous édifier, par votre exemple tous les astronomes : votre respectable maître me l’a écrit […]82. » Lalande travaille également à la reconnaissance académique de son disciple en le faisant admettre comme associé astronome à l’Institut en mars 179683. Les échanges scientifiques et la poursuite, à distance, d’une éducation savante se doublent de liens amicaux jamais distendus. Duc-La-Chapelle revient très régulièrement à Paris et rend alors visite84 à celui qu’il appelle son « Très cher Maître85 ». Lorsqu’il fonde à Montauban une Société des sciences et des arts, en 1796, il s’empresse d’inscrire Lalande comme le premier « associé-correspondant86 ». À la mort de Lalande en 1807, Duc-La-Chapelle écrit à son neveu : « vous avez perdu un bon parent, j’ai perdu aussi un bon ami87. »

24La protection et les conseils dont a bénéficié l’astronome montalbanais de la part de Lalande et de Darquier, ainsi que sa fortune personnelle, ont permis à Duc-La-Chapelle de fonder un observatoire et de poursuivre une carrière savante en province. Lalande a utilisé ses observations pour nourrir la Connaissance des temps et Darquier a bénéficié, une nouvelle fois, des services d’un calculateur pour réduire ses examens célestes. C’est ici à un travail de reproduction que les deux savants ont œuvré pour permettre à leur protégé d’apprendre les règles de leur discipline et d’entrer dans la communauté scientifique. La trajectoire de Duc-La-Chapelle illustre donc le souci pour les astronomes du XVIIIe siècle de transmettre leurs savoirs et les normes de la cité savante pour perpétuer leur identité.

Bernier ou les provignements singuliers d’un réseau d’élèves astronomes

25L’itinéraire de formation de Pierre François Bernier est différent de ceux que nous avons précédemment retracés. En effet, cet élève de Lalande ne passe pas par Toulouse et ne côtoie pas Antoine Darquier. Son espace d’initiation à l’astronomie se limite à Montauban où il travaille avec et pour Duc-La-Chapelle. Il s’agit là d’une position originale puisque Bernier suit à la fois les leçons du maître Lalande et d’un de ses disciples, Duc-La-Chapelle.

  • 88 Jérôme Lalande, « Notice sur l’astronome Bernier », Connaissance des temps ou des mouvements céles (...)
  • 89 Ibidem, p. 447.
  • 90 Ibidem, p. 447.
  • 91 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 180 (...)
  • 92 Jérôme Lalande, « Notice sur l’astronome Bernier », Connaissance des temps ou des mouvements céles (...)
  • 93 Ibidem, p. 448.
  • 94 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 180 (...)
  • 95 Ibidem, p. 841.
  • 96 Jacques Vidal, « Catalogue de 887 étoiles australes observées à Mirepoix, et réduites au 12 nivôse (...)
  • 97 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 180 (...)
  • 98 Ibidem, p. 787
  • 99 Ibid., p. 841.
  • 100 Ibid., p. 788.

26Né à La Rochelle en 1779, Bernier est le fils d’un employé de l’intendance qui malgré la perte de son emploi pourvoit à son éducation. Lalande rapporte, dans la notice nécrologique qu’il consacre à Bernier, que ce dernier, cherchant à se procurer des ouvrages scientifiques rencontra Duc-La-Chapelle, « vers le milieu de 179688 ». Nous ignorons comment les deux hommes sont entrés en contact. L’astronome montalbanais accueille le jeune Rochelais dans sa demeure et lui offre « tous les secours qui dépendraient de lui ; il l’encourag[e] dans ses heureuses dispositions ; il lui fournit des livres [notamment l’Astronomie de Lalande]89 ». Duc-La-Chapelle initie Bernier aux « calculs astronomiques » et lui permet de faire des observations en utilisant « ses meilleurs instruments90 ». Alors que Duc-La-Chapelle doit décliner la proposition qui lui est faire de participer à l’expédition de Bonaparte en Égypte, il propose d’être remplacé par Bernier91. Il est cependant trop tard pour que le jeune homme puisse embarquer. La qualité de ses travaux est telle que le savant de Montauban avertit Lalande des talents de son jeune élève. Bernier s’enhardit et adresse les résultats de ses examens célestes à l’astronome parisien, qui les publie dans la Connaissance des temps. Lalande reconnaît qu’il a cherché « à l’attirer à Paris92 ». Ses efforts ne sont pas vains, puisque l’ancien élève de Duc-La-Chapelle arrive chez Lalande le 31 janvier 1800. L’auteur de l’Astronomie écrit à propos de ce séjour : « je le traitai avec autant de distinction que d’amitié. L’astronomie s’empara exclusivement de toutes ses affections93 ». On sait très peu de choses des activités de Bernier auprès de Lalande. Le jeune savant travaille à l’observatoire du Collège de France94 et s’exerce « à l’astronomie nautique avec une assiduité extrême95 ». Il réalise d’importants travaux de calculs. Jacques Vidal, astronome à Mirepoix dans l’Ariège a en effet établi un « catalogue de 887 étoiles australes […]96 » dont Bernier réalise toutes les réductions97. Lalande semble particulièrement satisfait du travail réalisé par l’ancien élève de Duc-La-Chapelle. Il célèbre, dans sa Bibliographie astronomique, « son courage et son habileté98 », son « zèle et son intelligence99 » et le désigne comme une « acquisition nouvelle pour l’astronomie100 ».

  • 101 Jérôme Lalande, « Notice sur l’astronome Bernier », Connaissance des temps ou des mouvements céles (...)
  • 102 Ibidem, p. 448.
  • 103 Ibid., p. 448.
  • 104 Ibid., p. 449.
  • 105 Ibid., p. 450.
  • 106 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 180 (...)
  • 107 Jérôme Lalande, « Notice sur l’astronome Bernier », Connaissance des temps ou des mouvements céles (...)

27En mars 1800, Bernier émet le souhait de participer à une expédition alors en préparation, pour atteindre la Nouvelle-Hollande. Lalande reconnaît que le jeune astronome avait « le désir de se faire connaître101 » et qu’il ne put s’opposer à son départ. Bernier est en effet nommé, « avec Bissy, par la commission de l’Institut, astronome de l’expédition […]102 ». Il acquiert rapidement « une si grande habitude des observations sur le vaisseau, qu’il croyait être assuré de dix minutes sur la longitude […]103 ». L’ancien élève de Lalande et de Duc-La-Chapelle s’intéresse également « [au] magnétisme, des aurores australes, [et aux] marées104 ». Il examine l’éclipse du Soleil de 4 mars 1802 et l’éclipse de Lune du 19 mars de la même année105. Cependant, les conditions du voyage ne sont guère propices au travail scientifique : la nourriture y est de mauvaise qualité et le capitaine du Géographe, sur lequel se trouve Bernier, semble assez indifférent au travail savant106. Épuisé, Bernier meurt le 6 juin 1803 au large du Timor107.

  • 108 Ibidem, p. 452.
  • 109 ADTG, 92 J, Copie d’une lettre de Duc-La-Chapelle à Jérôme Lalande, 5 décembre 1804.

28Lalande comme Duc-La-Chapelle rendent hommage à leur ancien élève commun. Le premier assure que sa disparition est « une perte pour l’astronomie108 ». Duc-La-Chapelle rappelle les qualités et les compétences de son ancien élève. Il écrit à Lalande en 1804 qu’il souhaiterait « trouver un autre Bernier mais, ajoute-t-il avec une pointe d’amertume, […], mes recherches ont […] été jusqu’ici infructueuses109 ».

29Le parcours d’initiation et de formation à l’astronomie de Bernier est tout à fait original. Parmi les élèves méridionaux de Lalande, il est le seul à avoir été recruté par un élève du maître parisien, avant de travailler pour lui. Le réseau informel de disciples que l’astronome parisien organise dans le sud de la France fonctionne non seulement de Paris vers la province, mais également de la province vers Paris. Lalande travaille à se constituer un vivier d’élèves et lorsqu’un de ses anciens étudiants révèle un talent astronomique certain, comme c’est le cas de Duc-La-Chapelle avec Bernier, il n’hésite pas à le faire venir à lui pour lui transmettre ses connaissances et exploiter ses compétences mathématiques.

Formation et reproduction

30La période de formation des élèves méridionaux de Lalande conduit à des trajectoires professionnelles et savantes diverses. Les itinéraires de Mersais et de Bernier s’interrompent tragiquement alors qu’ils entraient à peine dans la carrière astronomique. Méchain, malgré une position sociale modeste parvient à intégrer l’Observatoire de Paris et fait profession de son travail scientifique. Duc-La-Chapelle poursuit son activité de conseiller à la cour des aides, mais ses moyens financiers conséquents lui permettent de fonder son propre espace savant et de prendre place dans la cité savante. Julien Rivet n’a pas de ressources pour construire un observatoire et il reste plus proche de Darquier que de Lalande ; sa notoriété est donc moindre et il s’éloigne peu à peu de l’astronomie.

31Plutôt que de chercher des points communs à ces itinéraires hétérogènes, nous proposons, en conclusion, de mieux saisir l’originalité de la démarche didactique gyrovague initiée par Lalande.

32Les parcours que suivent les élèves de l’astronome parisien articulent deux traditions pédagogiques.

  • 110 Daniel Roche, Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, Paris, (...)
  • 111 Ibidem, p. 615.
  • 112 Ibid., p. 604.

33La première et la plus ancienne, puisqu’elle remonte au Moyen-Âge, est la peregrinatio academica. Cette mobilité étudiante s’appuyant sur un réseau d’universités et de collèges n’a jamais été, comme le rappelle Daniel Roche, un phénomène massif à l’époque médiévale110. Même limitée à une fraction marginale de la population, la circulation étudiante persiste à l’époque moderne. Elle concerne principalement l’élite et s’inscrit toujours « dans des habitudes intellectuelles et savantes111 ». Daniel Roche souligne que le voyage universitaire s’organise à partir d’un ensemble de solidarités et permet d’en déployer de nouvelles. Dans cet itinéraire scolaire, « la sociabilité et les études constituent le terrain d’un apprentissage qui est autant social que professionnel112 ». Lalande s’appuie sur la peregrinatio academica pour former ses élèves. Il leur permet de se confronter aux habitudes et aux pratiques d’un autre observateur ; il les met en contact avec une séquence décisive et souvent ingrate de l’activité astronomique, la réduction des observations. Dans le même temps, ces jeunes savants entrent dans la carrière d’astronome – telle qu’elle s’envisage au XVIIIe siècle, dans un régime savant principalement aristocratique –, en préparant leurs premières publications et en mesurant l’importance des échanges suivis entre observateurs. C’est ainsi que Méchain et Duc-La-Chapelle poursuivent, bien après leur départ de Toulouse, une relation savante et amicale avec Darquier. L’implication dans des expéditions lointaines participe également de cette mobilité formatrice que Lalande recommande à ses élèves. Même s’il freine les ardeurs de Mersais, l’astronome parisien n’ignore pas que le voyage maritime constitue un moyen de se faire connaître en même temps qu’une expérience savante.

  • 113 John Robert Christianson, On Tycho’s Island. Tycho Brahe and his assistants, 1570-1601, Cambridge, (...)
  • 114 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique, avec l’histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’en 1 (...)

34La deuxième tradition dans laquelle s’inscrivent les parcours des élèves méridionaux de Lalande se rattache au modèle organisationnel que constitue l’Uraniborg de Tycho Brahé. John Robert Christianson a montré comment l’astronome danois a utilisé son pouvoir et ses ressources « to build teams of people working together to carry out his ends […] ». L’historien souligne l’importance de ce travail d’équipe qui est « essential to the birth of modern science113 ». Dans des dimensions bien plus modestes, Antoine Darquier a lui aussi rassemblé autour de lui quelques assistants et « techniciens invisibles » qu’il rémunère114, pour l’aider principalement dans ses travaux de calculs. L’astronome toulousain doit composer avec ses activités de receveur des impositions pour faire ses observations, rédiger ses travaux et les présenter à l’Académie locale. Il délègue donc les réductions à ses aides qu’il emploie et qu’il forme en même temps. Les élèves que Jérôme Lalande lui confie intègrent ce cercle de collaborateurs. Ils participent d’une économie savante dans laquelle la figure de l’observateur solidaire s’efface peu à peu pour laisser place à un travail d’équipe et une pratique collective de l’astronomie. Darquier voit plus loin encore et imagine qu’une institution organisée se substitue aux linéaments d’un système informel :

  • 115 Bibliothèque de l’Observatoire de Paris, B 4, 9-12, Lettre d’Antoine Darquier à Le Monnier, 18 sep (...)

« J’ai souvent pensé, écrit-il à Le Monnier en 1786, que ce seroit une chose bien avantageuse pour l’histoire du Ciel qu’il fut formé une Compagnie d’astronomes calculateurs Soudoyés par Le Gouvernement comme le fait le Bureau de Longitude en Angleterre pour calculer et réduire à une époque fixe l’immensité des observations éparses qui existent sans être réduites115. »

  • 116 Jérôme Lamy, L’Observatoire de Toulouse au XVIIIe et XIXe siècles. Archéologie d’un espace savant,(...)
  • 117 Ce qui ne signifie pas que les académiciens parisiens n’ont pas d’autres ressources que leurs pens (...)

35Le régime de savoirs qui se déploie au XVIIIe siècle est essentiellement aristocratique116. Pour pratiquer l’astronomie il convient d’avoir des moyens suffisant pour construire un observatoire et constituer un arsenal instrumental. Seule la pension d’une place à l’Académie des Sciences, comme celle dont dispose Lalande, permet de se consacrer à la pratique savante sans avoir à chercher d’autres sources de revenus117. En proposant à ses élèves d’effectuer des calculs rémunérés pour Darquier, l’astronome parisien permet aux plus modestes d’entre eux de contourner cet obstacle financier. Lalande tente donc de contourner un système savant aristocratique, en démocratisant l’accès à la pratique astronomique et en se fondant sur le mérite. Pour ce faire, il s’appuie sur ce même système aristocratique que Darquier incarne de manière archétypale.

  • 118 Pierre Bourdieu, La noblesse d’État. Grandes écoles et esprit de corps, Paris, Les Éditions de Min (...)

36L’apprentissage itinérant que Lalande propose à ses élèves, combinant peregrinatio academica et économie savante, met en lumière la manière dont l’astronome parisien imagine au XVIIIe siècle la transmission des connaissances, l’introduction à la sociabilité savante et l’organisation des mécanismes de reproduction de la discipline. Les parcours initiatiques apparaissent, dans cette perspective, comme des rites d’institutions118 qui structurent un groupe savant et assurent sa perpétuation.

Notes

1 Guillaume Bigourdan, « Les élèves de l’Observatoire du Collège de France. Les Observatoires de l’École militaire », Compte rendu de l’Académie des Sciences, t. 170, 1920, p. 691.

2 Jérôme Lalande, Astronomie, t. I, Paris, Imprimerie P. Didot l’Aîné, 1792 [3e édition.], p. li-liii.

3 Jean Sentou, Fortunes et groupes sociaux à Toulouse sous la Révolution, 1789-1799, Essai d’histoire statistique, Toulouse, Éditions Privat, 1965, p. 116.

4 Antoine Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, Paris, chez J. Aubert, 1777, xiii-327 p. ; Antoine Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse. Deuxième partie, Paris, chez Laporte, 1782.

5 Antoine Darquier, « Observations astronomiques des années 1782, 1782 & partie de 1783 », Histoire et Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. II, 1782, p. 217-247. ; Antoine Darquier, « Suite des observations astronomiques. Depuis le 2 juillet 1784, jusqu’au 6 octobre 1786 », Histoire et Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. III, 1788, p. 443-495 et Antoine Darquier, « Observations astronomiques Pour 1787, 1788, 1789 & 1790 », Histoire et Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. IV, 1792, p. 289-336.

6 Antoine Darquier, « Observations astronomiques faites à Toulouse dans les années 1791-1798 », in Jérôme Lalande, Histoire céleste française contenant les observations faites par plusieurs astronomes français, Paris, Imprimerie Nationale, an IX, [1801], p. 393-462.

7 Thomas Simpson, Cours élémentaire de mathématiques, t. I : contient les Élémens de géométrie & la trigonométrie rectiligne et sphérique, Paris, chez Claude-Antoine Jombert, 1771.

8 Johann Heinrich Lambert, Lettres cosmologiques sur l’organisation de l’Univers, Amsterdam, chez Gérard Hulst van Keulen, 1801.

9 Dom Antonio de Ulloa, Observation de l’éclipse de Soleil du 24 juin 1778, faite en Mer sur l’Espagne, Vaisseau Amiral de la Flotte des Indes, [s.l.], 1780.

10 Antoine Darquier, Uranographie ou contemplation du Ciel à la portée de tous, Paris, chez Didot fils, Jombert jeune, 1786.

11 Antoine Darquier, Lettres sur l’astronomie pratique, Paris, chez Didot fils, Jombert jeune, 1786.

12 Archives de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (AAST), Registre des délibérations, t. XII, séance du 16 juillet 1761, f° 48.

13 AAST, Registre des délibérations, t. XII, 9 mai 1765, f° 181.

14 Antoine Darquier, Observations astronomiques faîtes à Toulouse, Avignon, chez J. Aubert, 1777, p. 254.

15 Jérome Lalande, Histoire céleste française contenant les observations faites par plusieurs astronomes français, Paris, Imprimerie de la République, An IX, [1801], p. 394.

16 Jérome Lalande, Histoire céleste française contenant les observations faites par plusieurs astronomes français, Paris, Imprimerie de la République, An IX, [1801], p. 394.

17 Antoine Darquier, Observations astronomiques faîtes à Toulouse, Paris, chez J. Aubert, 1777, p. ix.

18 Ibidem, p x.

19 Sur ce point, cf. Denis Guedj, Le mètre du monde, Paris, Le Seuil, 2000, p. 109. Cf. également sur Méchain : Joseph Laissus, « Un astronome en Espagne : Pierre-François-André Méchain (1744-1804), Compte Rendu du 94e Congrès National des Sociétés Savantes, Pau, 1968, Section Sciences, t. I, Paris, Bibliothèque Nationale, 1970, p. 37-59.

20 Jean-Baptiste Delambre, Histoire de l’astronomie au dix-huitième siècle, Paris, Bachelier, 1827, p. 753.

21 L’hypothèse selon laquelle Lalande serait entré en contact avec Méchain en achetant un instrument astronomique qu’il avait donné à son père, à Paris pour un procès, pour que celui-ci puisse retourner à Laon, semble fausse. Delambre assure que Lalande n’a jamais évoqué cette anecdote devant lui (Jean-Baptiste Delambre, Histoire de l’astronomie au dix-huitième siècle, Paris, Bachelier, 1827, p. 756). Voir Joseph Laissus, « Un astronome français en Espagne : Pierre-François-André Méchain (1744-1808) », Compte rendu du 94e Congrès National des Sociétés Savantes, Pau 1968, Section Sciences, T. I, Paris, Imprimerie Nationale, 1970, p. 37-59.

22 Jean-Baptiste Delambre, Histoire de l’astronomie au dix-huitième siècle, Paris, Bachelier, 1827, p. 757.

23 Ibidem, p. 757-758.

24 Ibidem, p. 756.

25 Joseph Laissus, « Un astronome français en Espagne : Pierre-François-André Méchain (1744-1808) », Compte rendu du 94e Congrès National des Sociétés Savantes, Pau 1968, Section Sciences, t. I, Paris, Imprimerie Nationale, 1970, p. 40-41.

26 Bibliothèque Universitaire de Bâle, La 686, Lettre d’Antoine Darquier à Jean Bernoulli, 8 mars 1781, f° 1025.

27 « Éloge de M. Darquier », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 2e série, t. I, 1827, p. 303.

28 Ibidem, p. 303.

29 Lettre de Pierre Méchain à Antoine Darquier, 26 thermidor an VII, [13 août 1799], in Émile Paloque, « Deux lettres inédites de Laplace et de Méchain à l’astronome toulousain Darquier », Annales de l’observatoire astronomique et météorologique de Toulouse, t. XII, 1936, p. 285.

30 Nous ne disposons en tout et pour tout que de la notice imprimée dans le premier cahier des Nouvelles littéraires de Bernoulli, paru en 1776. Nous n’avons pu retrouver, dans les archives toulousaines, aucune trace de ses activités.

31 Bigourdan assure que c’est Dagelet qui est l’auteur de l’éloge de Mersais dans les Nouvelles littéraires de Bernoulli (Guillaume Bigourdan, « Les travaux de Lalande et de ses élèves au Collège Mazarin », Compte rendu de l’Académie des sciences, t. 169, 1919, p. 1361).

32 « Éloge de M. Mersais », in Jean Bernoulli, Nouvelles littéraires de divers pays, premier cahier, Berlin, chez Haude & Spener Libraires, 1776, p. 35.

33 Ibidem, p. 35.

34 Ibid., p. 36.

35 Guillaume Bigourdan, « Les travaux de Lalande et de ses élèves au Collège Mazarin », Comptes Rendus à l’Académie des Sciences, 29 décembre 1919, t. 169, p. 1362.

36 Ibidem, p. 1362.

37 « Éloge de M. Mersais », in Jean Bernoulli, Nouvelles littéraires de divers pays, premier cahier, Berlin, chez Haude & Spener Libraires, 1776, p. 36.

38 Ibidem.

39 Ibid.

40 Ibid.

41 Ibid.

42 Guillaume Bigourdan, « Les travaux de Lalande et de ses élèves au Collège Mazarin », Comptes Rendus à l’Académie des Sciences, 29 décembre 1919, t. 169, p. 1361

43 « Éloge de M. Mersais », in Jean Bernoulli, Nouvelles littéraires de divers pays, premier cahier, Berlin, chez Haude & Spener Libraires, 1776, p. 37.

44 Ibidem, p. 37.

45 Ibid.

46 Ibid., p. 39.

47 D’Aubuisson, « Éloge de M. Julien Rivet », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Toulouse, t. III, 1834, p. 2.

48 Ibidem, p. 3.

49 « Éloge de M. Julien Rivet », Histoire & Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres, t. II, 1830, p. xxxiii.

50 d’Aubuisson, « Éloge de M. Julien Rivet », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Toulouse, t. III, 1834, p. 4.

51 Ibidem, p. 4.

52 Antoine Darquier, « Suite des observations astronomiques, depuis le 2 juillet 1784 jusqu’au 6 octobre 1786 », Histoire & Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscription et Belles-Lettres de Toulouse, t. III, 1788, p. 443.

53 Antoine Darquier, « Observations astronomiques pour 1787, 1788, 1789 & 1790 », Histoire & Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. IV, 1792, p. 313.

54 D’Aubuisson, « Éloge de M. Julien Rivet », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Toulouse, t. III, 1834, p. 4.

55 Archives Municipales de Toulouse, 2R 5, Procès-verbaux des séances de la Société Académique connue sous le nom de Lycée et d’Athénée de Toulouse, 1797-1806, séance du 14 thermidor an X, f° 186, Rivet appartient à la classe des arts.

56 Archives Nationales, F17, 1947, Lettre de Jean-Baptiste Delambre au Grand Maître de l’Université Impériale, [s.d.], 1809.

57 Pierre d’Aubuisson, « Éloge de M. Rivet », Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. II, 1834, p. 7.

58 Ibidem, p. 7. La confection de ce plan dure près d’une quinzaine d’années. En 1817, le maire de Toulouse demande encore à Rivet de faire des corrections (AMT 2D 161, Registre des correspondances du maire de Toulouse (1816-1817), lettre no 1109 du maire à Jules Rivet, 3 octobre 1817).

59 Sur Duc-La-Chapelle, voir : Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 1-49. ; Maurice Souleil, Un académicien d’autrefois : l’astronome Duc-Lachapelle, Montauban, G. Forestié, 1910 ; Simone Dumont, Solange Grillot, « L’astronomie d’amateur en France de 1789 à 1830. Deux exemples », L’astronomie, juin 1989, p. 277-284. Les archives départementales du Tarn-et-Garonne renferment plusieurs cartons relatifs à Duc-La-Chapelle : 2J Vrac 16 contient un ensemble de documents sur sa famille, le carton 92 J comporte plusieurs brouillons de lettres adressées à Jérôme Lalande et à Méchain, ainsi que le Journal des observations météorologiques faites à l’Observatoire de Montauban du 1er juin 1805 au 30 septembre 1810. Enfin la Bibliothèque Municipale de Montauban possède sous les cotes Ms 89/3 et Ms 89/4 les volumes III et IV de son journal d’observations astronomiques couvrant la période 1796-1799.

60 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 5.

61 Ibidem, p. 6.

62 Ibid.

63 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 687.

64 Ibidem, p. 687.

65 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 7.

66 Ibidem, p. 8.

67 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 719.

68 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 8.

69 Archives de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (AAST), 8008874, Duc-La-Chapelle, Opposition de Saturne en 1792.

70 Ibidem.

71 AAST, 8008874, Note d’Antoine Darquier, 1792.

72 Bibliothèque Municipale de Montauban, Ms 89/3, Duc-La-Chapelle, Observations astronomiques, t. III, 1796-1798, page de garde.

73 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 15.

74 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 17.

75 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 10.

76 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 725.

77 Ibidem, p. 726.

78 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 17.

79 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 758-759.

80 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 25.

81 Archives Départementales du Tarn et Garonne (ADTG), 92 J, Lettre de Jérôme Lalande à Duc-La-Chapelle, reçue le 27 novembre 1804.

82 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 9.

83 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 26-27.

84 Cité par l’abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 21.

85 ADTG, 92 J, Lettre de Duc-La-Chapelle à Jérôme Lalande, 14 juillet 1806.

86 Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Anne-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 38.

87 ADTG, Lettre de Duc-La-Chapelle à Le François, 15 avril 1807.

88 Jérôme Lalande, « Notice sur l’astronome Bernier », Connaissance des temps ou des mouvements célestes à l’usage des astronomes et des navigateurs pour l’an XV, Frimaire an XIII, [1804], p. 447.

89 Ibidem, p. 447.

90 Ibidem, p. 447.

91 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 33.

92 Jérôme Lalande, « Notice sur l’astronome Bernier », Connaissance des temps ou des mouvements célestes à l’usage des astronomes et des navigateurs pour l’an XV, Frimaire an XIII, [1804], p. 448.

93 Ibidem, p. 448.

94 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 841.

95 Ibidem, p. 841.

96 Jacques Vidal, « Catalogue de 887 étoiles australes observées à Mirepoix, et réduites au 12 nivôse an VII », Connaissance des temps à l’usage des astronomes et des navigateurs pour l’an XI de l’ère de la République, an VIII, [1799-1800], p. 264-292.

97 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 831.

98 Ibidem, p. 787

99 Ibid., p. 841.

100 Ibid., p. 788.

101 Jérôme Lalande, « Notice sur l’astronome Bernier », Connaissance des temps ou des mouvements célestes à l’usage des astronomes et des navigateurs pour l’an XV, Frimaire an XIII, [1804], p. 448.

102 Ibidem, p. 448.

103 Ibid., p. 448.

104 Ibid., p. 449.

105 Ibid., p. 450.

106 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l’Histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 874.

107 Jérôme Lalande, « Notice sur l’astronome Bernier », Connaissance des temps ou des mouvements célestes à l’usage des astronomes et des navigateurs pour l’an XV, Frimaire an XIII, [1804], p. 451.

108 Ibidem, p. 452.

109 ADTG, 92 J, Copie d’une lettre de Duc-La-Chapelle à Jérôme Lalande, 5 décembre 1804.

110 Daniel Roche, Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, Paris, Fayard, 2003, p. 579.

111 Ibidem, p. 615.

112 Ibid., p. 604.

113 John Robert Christianson, On Tycho’s Island. Tycho Brahe and his assistants, 1570-1601, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 3.

114 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique, avec l’histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’en 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 879.

115 Bibliothèque de l’Observatoire de Paris, B 4, 9-12, Lettre d’Antoine Darquier à Le Monnier, 18 septembre 1786.

116 Jérôme Lamy, L’Observatoire de Toulouse au XVIIIe et XIXe siècles. Archéologie d’un espace savant, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, p. 168-169.

117 Ce qui ne signifie pas que les académiciens parisiens n’ont pas d’autres ressources que leurs pensions.

118 Pierre Bourdieu, La noblesse d’État. Grandes écoles et esprit de corps, Paris, Les Éditions de Minuit, 1983, p. 101-102.

Auteur

Post-doctorant à l’université de Strasbourg, Institut de Recherches Interdisciplinaires sur la Science et les Technologies.

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