Version classiqueVersion mobile

L’histoire à travers champs

 | 
Michel Cadé

III. Parcours dans le champ politique

Été 1940 : à l’origine des comités populaires

Roger Bourderon

Texte intégral

1Les comités populaires, dont le mot d’ordre a été lancé au lendemain de la défaite par le Parti communiste, sont à l’automne 1940 un moyen clandestin essentiel de la réimplantation du parti, notamment en région parisienne et dans le bassin du Nord – Pas-de-Calais. Axés sur l’activité revendicative dans les usines et les quartiers, ils sont aussi un point de départ et un élément structurant de la résistance communiste. Pour les militants et les dirigeants, notamment syndicaux, qui reprennent contact avec le parti fin juillet – début août 1940, il va de soi que, avec un parti illégal et des syndicats broyés par la tourmente, les comités populaires sont des structures clandestines. Pourtant, dans leur conception initiale, ils se situent dans la perspective de rétablissement d’activités légales, politique impulsée une partie de l’été par Jacques Duclos, secrétaire du parti, et Maurice Tréand, responsable des cadres, et dont les épisodes les plus connus ont été la demande de reparution de L’Humanité et les tentatives de récupération des mairies communistes.

  • 1 Le texte a été publié dans Roger Bourderon, « Mai – août 1940 : de Paris à Moscou, les directions d (...)

2La première consigne visant à créer des comités figure dans la directive que le Comité exécutif de l’Internationale communiste adresse le 22 juin 1940 à sa section française1, dans laquelle s’esquisse une politique de rassemblement des masses sur le plan revendicatif et contre l’envahisseur, mais aussi la recherche de « la moindre possibilité favorable » pour faire paraître les « journaux syndicaux, locaux, éventuellement Humanité »– cette consigne étant en cours d’application, ramenée le 15 juin de Bruxelles, où ils séjournent depuis l’automne 1939, par Duclos et Tréand. C’est dans ce cadre général, où la prudence est de règle (en particulier, prendre garde à tout ce qui donnerait « impression solidarité avec envahisseurs »), mais qui demande aux communistes de reconstituer les syndicats et d’obtenir la réintégration des élus municipaux à leurs postes, qu’apparaissent les comités : « Nécessaire réaliser ralliement forces du peuple sous forme différents comités assistance, ravitaillement, aide pratique aux masses, chômeurs, réfugiés, blessés, démobilisés. » On remarquera la fonction très spécifique impartie aux dits comités : ni politiques – c’est l’affaire du parti – ni revendicatifs – le mot d’ordre est de reconstituer les syndicats –, ces premiers comités ont pour objet la solidarité immédiate – comme l’avait été le Secours rouge – avec les gens en difficulté.

  • 2 id. p. 187.

3Le 30 juin, Duclos cosigne avec Tréand le premier rapport2 envoyé à Moscou depuis la défaite, vaste tour d’horizon stratégique et politique, quelques jours après le premier entretien de Maurice Tréand avec Abetz pour la reparution de l’Humanité (26 juin). Au cours de cet entretien, Abetz s’affirme comme un interlocuteur œuvrant, parmi les courants traversant la politique allemande, pour le rapprochement avec la France et voulant s’appuyer sur le peuple. Duclos le fait ainsi parler : « La France traverse de grandes difficultés : il faut la relever, or qui peut la relever ? C’est seulement le peuple et le peuple c’est vous. La bourgeoisie française bornée, vindicative, hostile aux contacts avec les soldats allemands est dépassée par les événements. Il faut que nous suscitions des initiatives, que nous formions des comités, et si vous allez partout vous aurez votre Parti partout ». Tréand avait-il évoqué d’éventuels comités à Abetz ? On ne le sait, mais le feu vert semble donné par l’ambassadeur allemand. Duclos, dans son rapport, flaire bien les dangers potentiels de cette ligne. Il n’en continuera pas moins à jongler avec une politique légaliste.

4Il explicite dans ce même rapport la conception de ce qu’il appelle pour la première fois des « comités populaires » : « Notre ligne consiste à dire tout ce que nous avons à dire sans parler des autorités allemandes et dans cet esprit nous revendiquons des allocations de secours pour les chômeurs, le moratoire des loyers, la réouverture des entreprises et le droit pour le personnel de rouvrir les entreprises dont les propriétaires sont partis. De plus nous lançons aux communistes et sympathisants le mot d’ordre de constitution de comités populaires de solidarité et d’entraide pour organiser l’aide aux plus malheureux, pour signaler les détresses aux autorités, pour organiser l’arrachage, le transport et la répartition de légumes qui se perdent en banlieue ; il y a là pour nos camarades un champ d’action très vaste et il va falloir pousser plus loin en organisant des délégations pour demander que les élus municipaux communistes soient remis en fonction ». Solidarité et entraide : dans le sens de la directive de l’IC, les comités se voient ainsi confirmer un rôle limité, « humanitaire » en quelque sorte, très clairement distinct de Faction revendicative. Leur légalisation n’est pas explicitement évoquée, mais ils s’inscrivent dans une palette d’interventions visant à obtenir des sorties d’illégalités – on le voit au sujet des élus : « En résumé, dit le rapport du 30 juin, des possibilités nouvelles de travail s’offrent à nous, nous devons les utiliser au maximum sans laisser prendre notre vigilance en défaut ; en plus du travail de masse dans les syndicats et les comités populaires nous voulons reconstituer les amis de l’U.R.S.S ». Le rapport du 30 juin envisage aussi la reparution de Russie d’aujourd’hui et la réouverture de la librairie des Édition sociales internationales.

  • 3 N° 58, 1er juillet 1940. L’Humanité clandestine, 1939-1944, Éditions sociales / Institut Maurice Th (...)

5Les comités populaires sont désormais un dispositif central de la politique communiste, ce qu’atteste leur forte présence dans la presse clandestine. Le 1er juillet, le mot d’ordre des « comités populaires de solidarité et d’entraide »– cette appellation initiale délimite clairement leur objectif – apparaît pour la première fois dans l’Humanité clandestine3. Leur but : « organiser en accord avec les autorités la récupération et la distribution des denrées périssables », « signaler aux autorités les locaux pouvant être réquisitionnés en vue de loger des évacués ou des personnes dont l’habitation a été détruite », « créer sur le plan du quartier, de la rue ou de la localité, un esprit de solidarité pour venir en aide aux malheureux et leur assurer le réconfort moral dont ils ont besoin ». Voués à l’aide sociale, les premiers comités populaires sont destinés à œuvrer au grand jour, puisqu’ils doivent servir de relais auprès des « autorités » – le terme est valable aussi bien pour l’administration française que pour les forces d’occupation. Notons aussi qu’alors que l’Humanité développe une campagne « pour remettre la France au travail », obliger les patrons à rouvrir, voire organiser sans eux la reprise du travail, les premiers appels à constituer des comités leur donnent une base locale et ignorent l’entreprise.

6Sous le titre « La main dans la main », L’Humanité du 4 juillet (n° 59) confirme cette orientation : « En ces temps de malheur, les hommes de bonne volonté doivent s’unir. Il faut venir en aide aux malheureux. Il faut résoudre l’angoissant problème du rapatriement et du logement des évacués. Il faut créer un esprit de solidarité grâce auquel sera mis en pratique le fameux précepte : Un pour tous, tous pour un. Pour que cela soit, camarades communistes, appelez partout à la formation de Comités populaires de solidarité et d’entraide ».

7Le n° 60 (7 juillet), explicite la démarche : « La misère, les privations, pèsent sur la population de notre pays. Chacun peut en faire chaque jour la douloureuse, l’amère constatation, et on peut voir aussi de réconfortantes manifestations de solidarité. On nous signale le cas d’une mère de famille rentrée seule avec trois enfants dont un en bas âge que ses voisines aident à tour de rôle, faisant la queue à sa place, gardant les enfants quand elle doit sortir. On nous signale aussi des cas de camarades dévoués, donnant des conseils, aidant à faire des demandes auprès des autorités pour telle ou telle question. Ce sont là des manifestations de solidarité qui peuvent se multiplier, qu’il faut organiser partout en constituant des comités populaires de solidarité et d’entraide dont l’activité s’étende à tous les besoins de la population. Camarades communistes, au travail pour rassembler les masses populaires, pour organiser la solidarité, pour leur donner confiance et leur donner le sentiment que le salut est en elles : comme nous l’indique ‘l’Internationale’ avec son ‘sauvons-nous nous-mêmes’ ». Dans ce numéro où l’on perçoit par ailleurs dans certains articles le cheminement vers les thèmes majeurs de refus de l’esclavage, d’indépendance nationale, d’organisation des travailleurs, de retour à une stratégie frontiste, se profile une vocation plus étendue des comités populaires, que suggèrent la référence à « tous les besoins de la population » et le rappel du « Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes » de l’Internationale. Mais le 13 juillet (n° 61), en deçà des ambitions prudemment exprimées dans le numéro précédent, L’Humanité retourne à la stricte vocation humanitaire des comités, sous le titre « Solidarité – Entraide » : « Il faut constituer partout des comités populaires de solidarité et d’entraide. Partout pour P accomplissement de cette tâche d’humanité, les communistes doivent être les meilleurs, donner l’exemple, susciter des initiatives ».

8Vers le 15 juillet, le manifeste « Peuple de France »– qui est alors pour Jacques Duclos une déclaration politique parmi d’autres, avant qu’il ne devienne après la Libération « l’Appel du 10 juillet », texte fondateur de la résistance communiste –, appelle à la formation de comités populaires dans une optique humanitaire et sur une base géographique où l’entreprise n’est toujours pas évoquée : « L’unité de la nation peut se faire. Elle doit se faire et elle peut se faire tout de suite, pour alléger le fardeau de misère qui pèse sur notre pays. – Que tous les hommes et femmes de bonne volonté, que les vieux et les jeunes s’unissent à la ville, au village, partout, en des comités populaires de solidarité et d’entraide, pour organiser l’assistance aux réfugiés, aux malheureux, aux démobilisés, aux chômeurs, aux malades, aux blessés ; pour organiser le ravitaillement qui, dans de nombreuses communes isolées, n’est pas assumé ; pour créer, d’un bout à l’autre du pays, un esprit de solidarité fraternelle fondé sur le principe ‘un pour tous, tous pour un’ ». Organisation de l’assistance, organisation du ravitaillement : ces objectifs, s’ils ont quelque chance d’être atteints, supposent une activité au grand jour. Dans l’appel final à un « gouvernement de la renaissance nationale », les comités populaires sont inscrits dans une perspective organisationnelle plus vaste, mais dans le cadre de la fonction qui leur est impartie : « Voilà ce que pense le parti communiste, voilà ce qu’il te dit, peuple de France, en ces heures douloureuses, quand il t’appelle à t’unir dans tes Comités populaires de solidarité et d’entraide, dans les syndicats, dans les usines, les villes, les villages, sans oublier jamais que tous unis, nous relèverons la France, nous assurerons sa liberté, sa prospérité et son indépendance ».

9Le 17 juillet L’Humanité (n° 62) fait état pour la première fois de la constitution de comités populaires de solidarité et d’entraide dans « un département proche de la Seine » et donne en exemple les « nombreux villages » où les communistes « ont pris en mains la direction de travaux de réorganisation et se conduisent en défenseurs intelligents et actifs de la population, ce qui leur vaut la confiance de tous », ajoutant que « dans une localité » même « nos adversaires politiques ne veulent pas reconnaître le maire et suivent nos amis en qui ils trouvent leurs meilleurs défenseurs. » L’article est intéressant moins par l’annonce de la création de comités – aucun exemple précis n’est donné – que par la portée politique qui est suggérée, sous-jacente à leur constitution : face à la carence des pouvoirs en place, les communistes sont à même de prendre eux-mêmes en main les intérêts de la population, comme si le comité pouvait devenir un embryon de contre pouvoir.

  • 4 CHIRM, n° 52-53, p. 201

10À dire vrai, la fonction des comités n’est pas très claire, même sur la base initiale de la solidarité et de l’entraide. Le 2 juillet, Jacques Duclos laisse entendre dans une lettre au Komintem4 qu’ils constituent une étape d’organisation intermédiaire entre le vide existant à la défaite et la reprise de l’activité syndicale : « Nos groupements ici [la région parisienne, R.B.] étaient dans un état de désorganisation très grand, avec des liaisons ne touchant qu’une partie de la région. C’est pourquoi nous prenons des mesures pour réorganiser et en même temps que nous nous efforçons d’organiser un travail de masse par la formation de comités populaires de solidarité et d’entraide en attendant de pouvoir travailler sur le plan syndical au fur et a mesure de la reprise du travail, nous comblons les lacunes de notre organisation illégale ». À côté de la réorganisation illégale du parti, la création des comités semble être ici une structure provisoire de reprise de contact avec la population alors que les entreprises n’ont pas encore rouvert leurs portes.

  • 5 CHIRM, n° 52-53, p. 207.
  • 6 À Caudry, dans l’arrondissement de Cambrai (Nord).

11Le 3 juillet, Jacques Duclos adresse des consignes à Martha Desrumeaux, dirigeante de la région du Nord, qui a commencé à y réorganiser le parti5. Ce courrier fait suite à la reprise de contacts avec cette région. Il témoigne des balbutiements des comités et de l’extrême confusion politique, sur fond de référence à la directive de l’IC du 22 juin, non directement évoquée, mais de fait largement citée (« soutenir » et « organiser la résistance des masses contre les mesures de violence de spoliation et d’arbitraire envers le peuple », mais aussi « recommander aux travailleurs le contact avec les soldats occupants de façon à établir des liens fraternels étant bien entendu que rien de ce qui opprime le peuple français ne sert le peuple allemand »). Dans les mines, demande Duclos, les délégués mineurs doivent reprendre leur poste et favoriser la reprise du travail en se substituant au besoin aux ingénieurs pour assurer les travaux de sécurité éventuellement nécessaires. La reprise de l’activité syndicale doit être dans le même temps à l’ordre du jour. Les passages consacrés aux comités font d’eux un point d’ancrage du travail de masse. C’est le sens, à partir d’un exemple local6 lié semble-t-il à l’activité des coopératives existantes, de l’appel au « développement de réseau des comités de ravitaillement et de solidarité où notre Parti peut faire un travail de masse extrêmement important ». « Il est nécessaire de préconiser et d’organiser le rassemblement des forces du peuple sous forme de différents comités d’assistance, de ravitaillement, d’aide pratique aux masses de chômeurs, réfugiés, démobilisés ». On notera l’insistance sur le ravitaillement. Assistance, entraide, mais aussi rôle politique, car les comités seront également des tremplins pour le retour des municipalités : « Pour ce qui est des municipalités dans la mesure où nous allons nous lancer dans le travail de masse des comités et y plonger les hommes de notre parti, nous pourrons susciter des délégations de la population, des pétitions, etc., pour exiger le rétablissement dans leurs fonctions de nos municipalités communistes ».

  • 7 CHIRM, n° 52-53, p. 209 et 212.

12Le même jour, puis le 67, Duclos et Tréand rendent compte au Komintern de ces premiers résultats : dans le Pas-de-Calais est annoncée la remise en place de quarante cellules, l’organisation « par nous » de « différents comités de ravitaillement », le retour d’un délégué mineur, des démarches officielles auprès du sous-préfet ; dans le Nord est notamment donné en exemple le militantisme des communistes d’Haubourdin, dans l’arrondissement de Lille – sans que l’on puisse vérifier bien entendu l’exactitude de l’information et l’ampleur de l’impact sur la population : « On a retrouvé une centaine de membres du Parti et là nos camarades ont pris une initiative très intéressante correspondant à nos préoccupations. Ils ont constitué un comité de ravitaillement groupant plus de 100 personnes de différentes couches de la population ; ce comité désigne tous les jours des hommes qui vont chercher le ravitaillement à la campagne, la distribution est faite aux petits commerçants, les prix sont fixés et le petit bénéfice qui reste sert à donner des secours aux plus malheureux. Ce comité est dirigé par nos camarades et nous avons insisté auprès de nos amis du Nord pour faire en sorte que cet exemple soit généralisé. Nous nous en servons aussi ici pour montrer pratiquement à nos camarades comment ils doivent se lier aux masses, les unir, ce qui est le problème capital du moment car dans un tel mouvement de masse étant donné la désorganisation qui règne il sera plus difficile à nos ennemis de classe de nous porter des coups. » La création des comités apparaît clairement comme un moyen d’imposer la présence au grand jour du parti.

13Un argumentaire se développe autour de cette idée. Dans la même lettre, Duclos et Tréand croient pouvoir affirmer que la désorganisation économique de la France provoque de grandes inquiétudes chez les dirigeants français comme chez l’occupant. Soulignant l’échec de La France au travail – création des Allemands en vue de remplacer L’Humanité – « qui a pu tromper les gens un jour ou deux mais qui maintenant montre son visage de journal nazi antisémite etc. », ils affirment que « ces messieurs n ’ignorent pas non plus l’accueil fait par les masses à nos tracts et journaux ; ils sont obligés de constater que les masses sont avec nous et sont hostiles à la fois au gouvernement de Vichy et à ses protecteurs » et tirent de ce constat totalement irréaliste des conclusions optimistes sur la possibilité pour le parti communiste de s’ouvrir un espace public par le biais des comités populaires.

14« Dans une telle situation, écrivent en effet Duclos et Tréand, les autorités occupantes ne sont pas hostiles, au contraire, au développement d’initiatives privées pour résoudre des problèmes comme celui du ravitaillement, de l’aide etc. et ces autorités savent qu’elles ne parviendront pas à créer des comités de masse avec leurs hommes, elles savent que seuls nous pouvons réaliser cela ». C’est pourquoi, après avoir refusé de faire paraître L’Humanité, les occupants vont laisser paraître Ce Soir, « dont nous allons nous efforcer de faire le centre de ralliement des comités populaires de solidarité et d’entraide en poursuivant une politique très ferme contre les responsables de la catastrophe et pour l’indépendance de la France. Nous allons en outre essayer de publier des lettres de plaintes, doléances, réclamations sur les sujets les plus divers afin de donner une allure revendicative à ce journal et bien entendu on n’y verra pas ce qu’on voit dans toute la presse, des manifestations d’obséquiosité à l’égard des occupants.

  • 8 En fait, Ce Soir ne sera pas autorisé.

15« Le Parti n ’est pas directement engagé dans la parution de ‘Ce Soir’ mais nous allons le surveiller de très près et en faire le défenseur des masses populaires ; sans doute on essayera de nous jouer des tours, mais il est bien entendu que si l’on exigeait pour prix de la parution du journal des manifestations d’approbation d’une politique qui n’est pas la nôtre, nous cesserions avec éclat la publication du journal, mais tout d’abord nous allons voir comment marchent les choses. »8

16La direction du parti à Paris espère donc début juillet, tout en insistant sur le refus de toute compromission avec l’occupant – condition sine qua non clairement affirmée –, de profiter des préoccupations qu’elle croit percevoir chez celui-ci sur les effets prévisibles des conséquences sociales de la pagaïe économique, de la pénurie de ravitaillement – qui est en effet devenu une affaire domestique majeure –, de la désorganisation (supposée, mais fort peu réelle) de l’appareil d’Etat, pour créer par le biais des comités un mouvement de masse tel qu’il mettrait le parti communiste à l’abri des coups de l’ennemi de classe, d’autant qu’est sans cesse rappelée la faillite totale des partis, notamment du parti socialiste. Derrière la tête, l’organisation des masses pour des perspectives révolutionnaires ? On sait que pendant cette période, la libération nationale revendiquée passe par le préalable de la libération sociale

  • 9 CHIRM, n° 52-53, p. 216.

17Cette analyse ne prend corps qu’à travers une vision de la situation politique française d’un optimisme échevelé, qui laisse à penser que le parti jouit dans les masses d’une immense sympathie. « Les masses sont avec nous », comme le dit le rapport du 6 juillet. Le 18, Duclos et Tréand, dans un nouveau rapport à l’IC9, soulignent la « très grande sympathie pour notre parti » dans la région parisienne, font état de chiffres impressionnants de diffusion de l’Humanité et de tracts clandestins, annoncent la réception à la préfecture de la Seine d’une délégation des onze municipalités de la région pour le rétablissement des élus. À côté de la formation de comités populaires « dans les divers quartiers » d’Aubervilliers et de Saint-Denis, dont un « comité populaire pour le ravitaillement » dans cette dernière ville, est indiquée pour la première fois, également à Saint-Denis, la création en cours de « comités d’usine » dans « les principales entreprises ». À Bagneux une délégation composée de vingt-trois femmes et de deux hommes a été reçue par le président de la délégation municipale « en vue d’obtenir l’ouverture d’un magasin d’alimentation et des moyens de transport pour organiser un comité de ravitaillement ». Elle a rendu compte « de la demande faite dans le hall de la mairie à une vingtaine d’autres personnes qui attendaient, ce qui fit une réunion dans la mairie même ».

18Le même optimisme est de mise pour la province, où Duclos et Tréand prétendent que « la désorganisation de l’appareil d’Etat est beaucoup plus grande qu’à Paris ». Mais ils ne donnent qu’un seul exemple, en Seine-et-Marne, citant la lettre d’« une camarade »« d’une commune » écrite le 7 juillet, et dont L’Humanité du 17 juillet a fait l’article relaté supra : les comités populaires « ont l’air de bien vouloir débuter », les responsables communistes dirigent les travaux de réorganisation, les habitants d’un village ne reconnaissent plus le maire de la commune, tous suivent les communistes, même leurs ennemis. « Cette lettre, écrivent Duelos et Tréand, montre que dans le moment présent nous pouvons nous lier aux masses et développer notre influence ; l’essentiel c’est d’aller vite et de consolider nos positions ce qui gênera toutes les manœuvres qui pourront être tentées contre nous dans le développement de la situation ».

  • 10 CHIRM, n° 52-53, p. 225.
  • 11 Député d’Amiens, alors responsable des cinq régions de Paris, et qui, par discipline mais à son cor (...)

19Une lettre manuscrite non datée de Maurice Tréand accompagne et complète le courrier du 18 juillet10. Elle apporte des précisions sur la création de comités d’usines. Tréand annonce la désignation d’anciens permanents – « tous des gars connus des métallos »– dans chacune des cinq régions de Paris/banlieue pour « faire des comités populaires dans les usines ouvertes et former des comités populaires pour faire ouvrir les usines », sous la responsabilité d’Henri Gautier, ex trésorier de la Fédération CGT des métaux, bien que celui-ci soit « bien faible, pas très dynamique »– il venait de s’opposer très vivement aux sorties de l’illégalité et à l’envoi d’une délégation de métallos à l’ambassade allemande. Ces responsables doivent être très prochainement réunis (« demain matin » soit sans doute le 19 juillet) par Maurice Tréand et Jean Catelas11. Objectif : « les pousser d’aller plus vite, et plus fort c’est-à-dire aller jusqu’à l’ouverture par nous-mêmes des usines abandonnées par leur patrons ou directeurs. Il faut que dans ces 8 jours il y ait déjà des résultats ». Tréand annonce l’arrivée sans doute prochaine d’Eugène Hénaff, ancien secrétaire de l’Union des syndicats de la région parisienne : « on pourrait immédiatement le prendre car là comme partout c’est une question de vitesse, de s’installer, de jouer des coudes, de s’implanter, après si nous réalisons ce sera bien difficile de nous déloger ». Toujours cette tactique de présence immédiate, de course de vitesse à l’échelon local et étendue cette fois à l’entreprise, avec les pouvoirs en place, dans l’espoir de créer un rapport de force irréversible, à la faveur des hésitations de l’occupant et aussi de soi-disant contradictions dans le parti nazi sur l’attitude à l’égard du parti communiste, plusieurs fois exprimées dans les rapports de Duclos et Tréand à TIC.

  • 12 Tréand ajoute : « En permettant "Ce Soir" ils espèrent avec la censure nous étouffer ».

20Pourquoi cet intérêt, nouveau, pour les « comités d’usine » ? L’idée était sans doute dans l’air, mais Tréand précise que « Après la réunion avec les Allemands hier [17 juillet]... nous avons hier soir décidé d’aller encore plus vite ». Cette réunion – la troisième de Tréand et Catelas avec l’occupant – a eu lieu chez l’avocat Foissin, intermédiaire initial entre la direction du PCF et l’ambassade allemande, avec le chef de la propagande du parti nazi en France, Maass. Celui-ci, selon ce qu’en rapporte Tréand, s’était livré à un ensemble de considérations géopolitiques d’ou émergeaient l’idée d’un monde en trois blocs – « l’Allemagne hitlérienne avec l’Europe, l’U.R.S.S. avec l’Asie, et l’Amérique, qui seraient bien bêtes de se faire la guerre »–, et l’affirmation que « tout ce qui est anti-soviétique est contre l’émancipation des travailleurs ». Sur la situation en France, ce conseil, parmi d’autres : « Nous pensons que vous devez faire plus pour faire marcher les usines ! Formez des comités populaires, et si des patrons ne sont pas là faites marcher l’usine. Nous ne vous créerons aucune difficulté dans ce sens. Il faut faire vite. » Tréand voit dans ces propos l’embarras des Allemands « avec notre propagande de masse », qu’ils tentent de I* « canaliser en discutant avec nous »12. Il n’est toutefois pas dupe de leurs intentions : « Ils veulent en faisant marcher les usines qu’il en retire le bénéfice [sic] » ; « En nous orientant dans la formation des comités d’aides, soupes, entraide, que ça leur profite ». Il réaffirme le refus de toute compromission de la presse communiste avec eux. Tout est dans l’application de la politique du parti, tout particulièrement à Paris. Il faut « mobiliser » : « les chômeurs autour de leur comité populaire de chômeurs », « les ouvriers d’usine autour de leur comité populaire d’usine », « les démobilisés autour de leur comité d’entraide ou de réception », « prendre les municipalités », « Enfin faire tout le travail de masse nécessaire », avec cependant ce risque entrevu : « À côté de cela penser et réaliser sérieusement que le parti peut dans un certain moment reculer ».

  • 13 Cf. Vichy 1940-1944, Archives de guerre d’Angelo Tasca, présentation de Denis Peschanski, Editions (...)
  • 14 id., p. 354.
  • 15 Rue d’Angoulême à Paris 11e – aujourd’hui rue Jean-Pierre Timbaud.

21Le 24 juillet, une réunion assurée par Jean Catelas et à laquelle assistent plusieurs responsables syndicaux, dont Eugène Hénaff, est connue par un rapport de police13. L’informateur en rajouta-t-il ? Selon lui, il fut question des comités populaires d’usines comme « bases du mouvement devant conduire à la prise du pouvoir ». Dans l’immédiat, en tout cas, il s’agit de les officialiser, comme le montrent les onze articles d’un projet de statuts14 leur donnant comme siège central la Maison du métallurgiste15, prévoyant une organisation en secteurs, sections locales, comités de base, une direction centrale et des bureaux d’entreprise élus par l’assemblée générale du personnel. Le but du comité populaire d’usine est de rassembler tout le personnel « en vue de lui assurer les moyens d’existence : a) dans l’immédiat : ravitaillement en vivres des familles du personnel ; b) dans la perspective proche : l’organisation du travail » (art. 1). Les secours – uniquement en nature (art. 7) – seront distribués « au prorata » des membres de la famille, sur présentation du livret de famille ou de toute autre pièce (art. 6). Sous le contrôle du bureau local, des commissions techniques étudieront « 1) la réouverture de l’établissement ; 2) le réembauchage du personnel ; 3) la mise en route des fabrications » (art. 8). L’assemblée générale des comités d’usine désigne la délégation les représentant aux Congrès des comités de la région parisienne (art. 10). Un dernier article laisse entendre que le comité a la haute main sur l’usine : « Toute action sciemment accomplie en vue de nuire à la bonne marche du Comité populaire d’usine est sanctionnée par lui » (art. 11). Les Soviets partout ?

22L’Humanité Au 24 juillet (n° 64) revient sur la vocation initiale des comités : «... tandis que des milliers et des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ne mangent pas à leur faim, nos camarades doivent avoir à cœur d’organiser des soupes populaires 1°) en faisant appel à la solidarité de la population (commerçants, etc.) ; 2°) en exigeant des autorités la réquisition ou l’attribution des locaux indispensables ; 3°) en effectuant un contrôle sérieux pour que chacun sache que ce qui est donné pour les malheureux va aux malheureux ». Mais le numéro s’ouvre sur la nécessaire reprise du travail avec son titre général – « La Bourse va rouvrir, mais les usines restent fermées. Travailleurs, ouvrez-les, faites-les marcher ! »– et un article – « Il faut ouvrir les usines »– demandant aux ouvriers d’organiser la reprise du travail et pour cela de se rassembler devant leur entreprise, de s’organiser en comités populaires et de « prendre tout de suite les mesures nécessaires pour faire fonctionner les entreprises en désignant un Comité de direction parmi le personnel de chacune d’elles. – Devant la carence et le mauvais vouloir évident des capitalistes, les ouvriers ont le devoir d’agir, de procéder à l’ouverture des usines et de les faire fonctionner ». Très revendicatif, le numéro suivant (n° 65, 27 juillet) reprend ce thème : « Ouvrez les entreprises et faites-les fonctionner en désignant dans chacune d’elles un Comité de direction parmi le personnel ».

  • 16 Cf. Francis Crémieux et Jacques Estager, Sur le Parti, 1939-1940, Messidor, Paris, 1983, p. 99.

23On touche à l’extrême pointe des aberrations engendrées par les consignes de l’IC ramenées de Bruxelles par Duclos, la surestimation de la désorganisation administrative du pays et de l’impact du parti dans l’opinion, la croyance en un espace d’intervention que laisserait le pacte germano-soviétique, les illusions sur de prétendues contradictions internes des nazis – et leurs deux volets, aussi dangereux l’un que l’autre : la reprise du travail et le comité axé uniquement sur l’entraide sociale. D’ailleurs, si Tréand, on l’a vu, flaire le piège, les nazis l’ont clairement tendu : le 30 juillet, un mémorandum d’Abetz à Hitler préconise entre autres l’ouverture de « quelques sièges syndicaux sous couvert d’aide sociale, où seraient introduits Français et Allemands rompus à la lutte contre la tactique communiste » pour lutter contre les communistes français16.

  • 17 CHIRM n° 52-53, p. 231 et 234.

24Pourtant, en cette fin juillet, la situation politique est en train de changer. Des cadres communistes de la région parisienne se sont opposés aux sorties de l’illégalité ou ont au moins manifesté de vives réticences (Gautier au syndicat des métaux, le maire de Villejuif Le Bigot). Par deux fois, l’exécutif du Komintern rectifie la ligne. Le 19 juillet, il considère comme une faute l’entrevue avec Abetz et demande le renforcement de l’appareil illégal, même s’il continue d’estimer juste l’utilisation de toute possibilité légale. Surtout, le 5 août, « extrêmement préoccupé » par les « graves dangers » que court le parti s’il « se laisse influencer par les manœuvres de l’occupant », il interdit toute tractation avec celui-ci et investit Duclos de la responsabilité exclusive de la politique du parti17. Enfin la plupart de militants qui reviennent à Paris n’imaginent pas que l’on puisse mener d’autre lutte que clandestine.

25De fait, L’Humanité infléchit sensiblement la vocation des comités populaires dans un sens revendicatif : le 9 août (n° 68) le journal appelle à la constitution de comités de femmes et de parents de prisonniers pour exiger du gouvernement l’envoi de vivres, annonce l’obtention du paiement des salaires en retard dans deux entreprises grâce au comité d’usine, lance le mot d’ordre « Travailleurs, pour vous défendre, constituez partout des comités populaires d’entraide ». On lit bien : « pour vous défendre ». Le 14 août (n° 69) l’article leader, « La misère du peuple », demande de créer « partout » des comités populaires pour « organiser la lutte contre la misère », face à la volonté des capitalistes et de « leur ministre-valet Belin » de faire de la CGT un « instrument de la fascisation de la France ». Le changement de ton est évident. Le recentrage revendicatif fait désormais des comités populaires le moyen favori pour conduire la lutte des classes partout où elle se manifeste – entreprises, quartiers, vie sociale – tandis qu’on ne manque pas de valoriser les succès éventuellement obtenus. Le 28 août, l’Humanité fait le point (n° 73) : constitution de plus de soixante-dix comités populaires d’entreprise, dont « bon nombre d’entre eux ont imposé leurs revendications au patronat » ; existence de nombreux comités de chômeurs ; appel à la création de comités « pour exiger que les richesses françaises servent au peuple de France et que des riches paient pour permettre au peuple de manger », alors que « les queues s’allongent et se multiplient ».

  • 18 Cf. la collection de tracts clandestins de la Bibliothèque marxiste de Paris.

26Cette orientation ne se démentira pas, quelle que soit la nature du comité-ouvriers, chômeurs, ménagères, femmes de prisonniers de guerre. Leur intervention est désormais d’abord revendicative. Les tracts de l’automne appelant à en constituer adressés à des couches diverses de la population sont à cet égard très nets18. Même s’il s’agit de solidarité et d’entraide, le point de départ est toujours constitué par l’énoncé d’exigences – pour améliorer le ravitaillement, contre la vie chère, pour l’augmentation de l’allocation chômage, contre la répression, pour l’aide aux prisonniers politiques, pour les prisonniers de guerre. La recherche d’une existence légale n’est pas exclue a priori lorsqu’il s’agit de comités dont l’intervention doit déboucher sur des actes devant transiter par les pouvoirs publics : ainsi les colis aux prisonniers de guerre. Mais ce n’est pas l’objectif premier. Le comité populaire est destiné à rassembler pour dénoncer, se battre, exprimer la colère.

27C’est aussi, explicitement, un moyen de développer l’influence du parti. En novembre, un appel aux communistes signé « Au nom du Comité central » énonce, parmi les devoirs des militants : « lutter » avec les chômeurs, les vieux, les démobilisés, les familles de prisonniers, les jeunes, les petits commerçants, les paysans, les intellectuels, les fonctionnaires ; « se mêler à la masse », « faire écho à ses plaintes », « participer à ses luttes » ; lier l’action clandestine à la reconquête des masses : « Nous sommes obligés en raison des conditions d’illégalité de notre travail de répartir les adhérents en petits groupes, mais chacun de ces groupes doit plonger dans la masse, dans telle ou telle organisation de masse, dans tel ou tel comité populaire où doivent se recruter de nouveaux adhérents pour constituer de nouveaux groupes et élargir notre influence sur la masse ».

  • 19 Henri Jourdain : Comprendre pour accomplir, dialogue avec Claude Willard, Editions sociales, Paris  (...)
  • 20 André Toilet : La classe ouvrière dans la résistance. Messidor, Paris 1984, p. 70.
  • 21 Colonel Roi-Tanguy et Roger Bourderon : Libération de Paris, les 100 documents, Hachette Pluriel, P (...)
  • 22 Roger Linet : 1933-1943 : La traversée de la tourmente, Éditions Messidor, Paris 1990, notamment p. (...)

28Dans les usines, la reprise militante ignore les tentations révolutionnaristes et (ou) légalistes. La page tournée sur cette politique, le silence est d’ailleurs de règle sur la question. Revenu à Paris début juillet, Henri Jourdain, membre du secrétariat de la Fédération CGT des métaux de la région parisienne, ne sait rien des tractations de l’été. Fin août ou début septembre, il devient l’un des responsables des comités populaires, avec mission de « reprendre contact avec le plus grand nombre de camarades, de travailleurs, de réorganiser un mouvement syndical illégal et de l’élargir en créant dans les usines des comités populaires »19. À Paris le 15 août, André Tollet, secrétaire de l’Union régionale CGT en 1939, définira les comités populaires, dont il fut également responsable, comme des « organismes clandestins qui peuvent devenir des ferments dans les syndicats légaux, mais aussi dans les entreprises, où ils inciteront à l’action »20. Henri Tanguy, rentré le 19 août, entre en liaison avec ses camarades CGT des métaux, où il était en 1939 responsable des jeunes métallos. « Ils commençaient à organiser, pour relayer les syndicats tombés sous la coupe de Vichy, des comités populaires qui seraient chargés de défendre les travailleurs dans les entreprises ». Il se retrouve dans le collectif de direction des comités sans soupçonner les avatars du début de l’été. « Au centre de notre activité, l’organisation de la lutte revendicative dans les usines, la mise en place de comités de chômeurs, la diffusion de la presse clandestine, toutes tâches qui nous paraissent urgentes »21. Roger Linet, autre dirigeant des métaux, prisonnier de guerre évadé début septembre avant le transfert en Allemagne, sait par son hôte Émile Deshuis, ex maire adjoint communiste de Colombes, qu’il y eut d’imprudentes sorties de clandestinité. Mais « à notre arrivée à la mi-septembre, écrit-il, l’organisation clandestine s’était déjà ressaisie ». Il devient lui aussi responsable des comités populaires, qu’il voit au départ « un peu » comme « des comités clandestins de base d’une CGT légale », à vocation revendicative, et s’efforçant aussi « de faire des collectes pour aider l’organisation clandestine »22.

29L’ancrage dans le revendicatif des comités populaires est resté pour ces militants la base d’un réveil ouvrier, toujours fragile et très difficile – « Il fallait bien gagner le pain pour la nichée », rappelle souvent Henri Roi-Tanguy –, qui conduira peu à peu à la diversification des interventions et à la confrontation avec l’occupant. Liés au départ aux errements légalistes de l’été 1940 ignorés de la plupart des militants, les comités populaires deviennent une structure importante de la résistance communiste.

Notes

1 Le texte a été publié dans Roger Bourderon, « Mai – août 1940 : de Paris à Moscou, les directions du PCF au jour le jour », Cahiers d’histoire de l’IRM (CHIRM), n° 52-53 (1993), p. 186. Les textes cités publiés dans ce numéro des Cahiers d’histoire proviennent du versement de microfilms en 1991 par l’ex Institut du marxisme léninisme de Moscou. Ils constituent une source essentielle pour l’activité de la direction communiste pendant l’été 1940. On peut les consulter à la Bibliothèque marxiste de Paris.

2 id. p. 187.

3 N° 58, 1er juillet 1940. L’Humanité clandestine, 1939-1944, Éditions sociales / Institut Maurice Thorez, Paris 1975, tome 1, n° 1 à 155.

4 CHIRM, n° 52-53, p. 201

5 CHIRM, n° 52-53, p. 207.

6 À Caudry, dans l’arrondissement de Cambrai (Nord).

7 CHIRM, n° 52-53, p. 209 et 212.

8 En fait, Ce Soir ne sera pas autorisé.

9 CHIRM, n° 52-53, p. 216.

10 CHIRM, n° 52-53, p. 225.

11 Député d’Amiens, alors responsable des cinq régions de Paris, et qui, par discipline mais à son corps défendant, a participé avec Tréand aux négociations pour la reparution de l’Humanité.

12 Tréand ajoute : « En permettant "Ce Soir" ils espèrent avec la censure nous étouffer ».

13 Cf. Vichy 1940-1944, Archives de guerre d’Angelo Tasca, présentation de Denis Peschanski, Editions du CNRS / Feltrinelli Editore, 1986, p. 352.

14 id., p. 354.

15 Rue d’Angoulême à Paris 11e – aujourd’hui rue Jean-Pierre Timbaud.

16 Cf. Francis Crémieux et Jacques Estager, Sur le Parti, 1939-1940, Messidor, Paris, 1983, p. 99.

17 CHIRM n° 52-53, p. 231 et 234.

18 Cf. la collection de tracts clandestins de la Bibliothèque marxiste de Paris.

19 Henri Jourdain : Comprendre pour accomplir, dialogue avec Claude Willard, Editions sociales, Paris 1982, p. 40.

20 André Toilet : La classe ouvrière dans la résistance. Messidor, Paris 1984, p. 70.

21 Colonel Roi-Tanguy et Roger Bourderon : Libération de Paris, les 100 documents, Hachette Pluriel, Paris 1994, p. 30.

22 Roger Linet : 1933-1943 : La traversée de la tourmente, Éditions Messidor, Paris 1990, notamment p. 135, 139, 156.

Auteur

Université Paris VIII – Saint-Denis

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search