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La persistance du Midi blanc

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Philippe Secondy

Troisième partie. La tentation du fascisme

Introduction à la troisième partie

Texte intégral

  • 1 René Rémond, Les droites en France..., op. cit.
  • 2 Ce thème est au centre de plusieurs interprétations. Les travaux de Zeev Sternhell (comme par exem (...)
  • 3 Raoul Girardet, « Notes sur l’esprit d’un fascisme français (1934-1939) », Revue française de scie (...)
  • 4 Par exemple, comme nous l’examinerons plus loin, le Parti populaire français restera au stade embr (...)
  • 5 Voir la section consacrée à la transfiguration d’Henri de Rodez-Bénavent.
  • 6 Serge Berstein, « L’affrontement simulé des années 1930», Vingtième siècle. Revue d’histoire, n°5, (...)

1La nébuleuse défendant la conception globale de l’organisation sociale chère au milieu royaliste va subir d’amples modifications après la cassure de la Grande Guerre. Sa base sociologique traditionnelle se désagrège. Les avocats et les médecins supplantent le personnel nobiliaire dans nombre de cercles de décisions. En partenariat avec tous les adversaires du « désordre établi », ils scrutent les nouvelles clés idéologiques mises en pratiques dans plusieurs programmes gouvernementaux européens. La très grande majorité suit la politique de Mussolini, tout en dénonçant les dérives hitlériennes. Des positionnements explicites ou implicites de ces années-là découlent des basculements de trajectoires clairement visibles durant la période de Vichy. L’examen minutieux des prises de position des artisans de la mouvance conservatrice montre qu’il n’existe pas de façon uniforme une « imperméabilité »1 ou une « allergie »2 au fascisme mais plutôt, comme l’écrit Raoul Girardet, un phénomène d’« imprégnation »3 qui n’aboutira pas à la création de fortes entités partisanes se revendiquant explicitement de Mussolini4. Les héritiers politiques de Mgr de Cabrières, marqués par l’épreuve des tranchées, se présentant volontiers comme des « hommes nouveaux» depuis les élections législatives de 19195, se tournent en particulier vers un régime mussolinien porteur d’une « efficacité mythique »6. Des infiltrations touchent le socle « traditionniste » sans complètement le dénaturer. Même s’il est complexe d’appréhender une telle alchimie, on a le sentiment que l’objectif ici est de lancer de nouvelles pistes de réflexion pour revigorer un courant contesté face aux défenseurs du « Midi rouge » ayant des positions fortes sur le plan électoral.

  • 7 Voir sa préface à l’ouvrage écrit par Robert Soucy, Fascismes français ? (1933-1939). Mouvements a (...)
  • 8 Jean-Marie Guillon montre bien que le régime de Vichy a plusieurs visages sculptés par les passion (...)

2Les structures issues des Croix-de-Feu, remplacées en 1936 par le Parti social français seront leur principal support organisationnel. Ainsi que le remarque Alain Prost, ces deux vecteurs « s’écartent assez des principes de 1789 pour constituer une préface à Vichy »7. Ils ne peuvent que séduire les intraitables ennemis du traumatisme fondateur. Leur retour au pouvoir en 1940 se place sous le signe de la vengeance dans un terreau où les vieilles haines entre les « rouges » et les « blancs » sont réactivées par la Révolution nationale8.

Notes

1 René Rémond, Les droites en France..., op. cit.

2 Ce thème est au centre de plusieurs interprétations. Les travaux de Zeev Sternhell (comme par exemple, Ni droite, ni gauche. L’idéologie fasciste en France, Paris, Seuil, 1983), ont déclenché une grande polémique. Voir Serge Berstein, « La France des années trente allergique au fascisme. A propos d’un livre de Zeev Sternhell », Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 2, 1984, p. 83-94. Récemment, elle a été réactivée par la publication d’un livre dirigé par Michel Dobry : Le mythe de l’allergie française au fascisme, Paris, Albin Michel, 2003.

3 Raoul Girardet, « Notes sur l’esprit d’un fascisme français (1934-1939) », Revue française de science politique, juillet-septembre 1955, p. 530.

4 Par exemple, comme nous l’examinerons plus loin, le Parti populaire français restera au stade embryonnaire.

5 Voir la section consacrée à la transfiguration d’Henri de Rodez-Bénavent.

6 Serge Berstein, « L’affrontement simulé des années 1930», Vingtième siècle. Revue d’histoire, n°5, janvier-mars 1985, p. 42.

7 Voir sa préface à l’ouvrage écrit par Robert Soucy, Fascismes français ? (1933-1939). Mouvements antidémocratiques, Paris, Éd. Autrement, 2004, p. 19.

8 Jean-Marie Guillon montre bien que le régime de Vichy a plusieurs visages sculptés par les passions politiques. « Le calme des vieilles terres de droite contraste avec le bouleversement des fiefs de gauche (...). Le paradoxe d’un Vichy assis sur un Midi plutôt rouge n’est que relatif. Ce Midi très rural est aussi celui des minorités blanches, dissidentes de la République ou vaincues du suffrage universel, d’autant plus avides de reprendre le pouvoir qu’il leur échappe depuis longtemps. C’est le Vichy le plus sectaire, car rejaillit là plus qu’ailleurs la faille qui sépare les blancs des rouges ». Voir Jean-Marie Guillon, « La philosophie politique de la Révolution nationale », in Jean-Pierre Azéma, François Bédarida, dir., Vichy et les Français, Paris, Fayard, 1992, p. 177.

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