La persistance du Midi blanc
|Première partie. La résistance des « blocs de granit »
Chapitre 1 : L’empreinte de la « Vendée du Midi »
Texte intégral
- 1 Michel Péronnet, « Naissance révolutionnaire d’un Midi de toutes les couleurs », Provence historiq (...)
- 2 Michel Péronnet, ibidem.
1L’utilisation du terme Midi comme repérage géographique et au-delà anthropologique est d’emploi récent. L’historien Michel Péronnet estime que l’expression apparaît vers 1760-1770, elle remplace progressivement la notion de Sud. À partir de la série des Moniteurs, un journal d’information paru au moment de la Révolution française reprenant intégralement les débats de l’Assemblée1, il signale que la première mise en parallèle entre la Vendée et le Midi remonte au 17 juillet 1793. Un dénommé Albitte, représentant en mission auprès de l’armée des Alpes, présente alors le tableau d’un Midi contre-révolutionnaire, « à travers le lien qui unit la plus grande partie des administrations du Midi, (...) nous menant à la féodalité par la voie du fédéralisme... ». La situation est grave pour cet observateur car : « Lyonnais, Marseillais, Nîmois se sont emparés de Pont-Saint-Esprit. On a désarmé tous les patriotes, chassé les administrateurs, forcé de fuir les jacobins dont le club a été muré (...). Beaucoup d’émigrés et de prêtres réfractaires sont rentrés dans ces pays et sont les principaux moteurs de troubles qui nous agitent ». À la fin de son intervention, Albitte établit le parallèle entre la Vendée et le Midi : « Occupez-vous de la Vendée et je vous assure que ce ne sera pas encore cette année que les contre-révolutionnaires du Midi camperont sous les murs de Paris »2.
- 3 Michel Péronnet, ibidem.
- 4 Jean-Clément Martin, « La Vendée, région-mémoire », in Pierre Nora, dir., Les lieux de mémoire. To (...)
- 5 Le responsable de la Jeunesse royaliste de l’Hérault, André Vincent, l’utilise en 1895 pour caract (...)
- 6 Voir la lettre-préface de Charles Maurras dans Philippe-André Vincent, La vie et l’oeuvre d’André (...)
2Malgré les agitations insurrectionnelles orchestrées par des royalistes enhardis, les zones méridionales connaissent de multiples manifestations de défense républicaine. « Vu de la tribune parlementaire le Midi est d’abord tricolore, puis bleu (républicain fédéraliste), rouge (républicain jacobin) et enfin de toutes les couleurs, ce qui s’explique par les oppositions violentes entre “royalistes” et “républicains” à la fin de la Révolution »3, indique Michel Péronnet. Ce Midi de toutes les couleurs, qui ignore la modération et l’équilibre, déroute les parlementaires. Ils y voient des habitants impétueux, qui « pensent vivement et s’expriment de même » ; ce tempérament serait le fruit d’un climat « où la chaleur excite l’esprit ». À travers ces clichés se constitue un ethnotype recouvrant une région homogène. Dans le discours parlementaire des députés des assemblées révolutionnaires, les départements de l’Ouest et du Midi apparaissent longtemps inassimilables à quelque nationalisation politique que ce soit. L’expression monumentale du souvenir se prolonge et entend alimenter une image politique imprégnée de légendaire à l’instar de la Vendée, « région-mémoire »4. Le terme générique revient encore fréquemment à l’aube du xxe siècle dans la bouche ou sous la plume des dirigeants monarchistes5. Charles Maurras l’emploie pour qualifier « un chapelet de grandes et petites communes, égrenées depuis le Nord jusqu’aux Bouches-du-Rhône, à travers le Gard, l’Hérault, l’Aude, jusqu’aux Pyrénées-Orientales », dans lesquelles un « beau et bon peuple de fidèles » apporte son soutien au Prétendant6.
- 7 Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, Paris, Gallimard, 1996.
- 8 Timothy Tackett, La Révolution, l’Eglise, la France. Le serment de 1791, Paris, Éd. du Cerf, 1986 (...)
- 9 Ibidem.
- 10 Préface de Michel Vovelle, in Thimothy Tackett, ibidem.
- 11 « Derrière les prêtres, les peuples » écrit Michel Vovelle, ibidem.
3Le caractère répétitif et endémique de la contestation violente qui parcourt l’histoire de France a été maintes fois mis en exergue. Alexis de Tocqueville dans une interprétation devenue classique de la Révolution de 1789 et de ses conséquences directes met en exergue l’existence de « fureurs durables », de « fanatismes »7. Il pense ici notamment aux attaques concentrées sur la religion chrétienne. Le principe de catholicité qui prévaut sous l’Ancien Régime connaît à ce moment précis une rupture violente aggravée, aux yeux de nombreux ecclésiastiques, par le serment d’allégeance à la nation et à la Constitution révolutionnaire réclamé à tous en 17918. Prononcé face aux fidèles, il impose dorénavant une « redoutable obligation »9. Tout manquement signifie l’impossibilité de poursuivre le sacerdoce et l’exclusion de la communauté nationale. En filigrane se dessine une réorganisation sans précédent de l’Église. Les débats s’enveniment même dans les paroisses les plus reculées. « Ici pour la première fois, mesure avec justesse Michel Vovelle, la France se casse, faisant de la réponse par délégation des curés et des vicaires le premier scrutin véritablement politique de la Révolution et de la France contemporaine. Et derrière la brutalité de ce choix par oui ou non, par acception ou refus, tout un réseau de motivation se dévoile, dans le domaine religieux et au-delà, car la politique naît du religieux, dans ce qui va devenir, sans qu’on s’en doute encore pleinement, un plébiscite pour ou contre la Révolution »10. Assimilé à une sorte de « référendum », il fixe pour longtemps les options collectives des populations soumises à l’influence de l’Église11.
- 12 Gérard Cholvy, Religion et société au xixe siècle. Le diocèse de Montpellier, Thèse de doctorat d’ (...)
- 13 190 prêtres héraultais se réfugient en Italie. Ceci, selon Gérard Cholvy, « a dû fortement contrib (...)
- 14 L’évaluation porte sur 14 prêtres. Ibidem.
- 15 Michel Vovelle, Religion et révolution. La déchristianisation de l’An II, Paris, Hachette, 1976, p (...)
- 16 François Lebrun, « Religion et révolution dans l’Ouest. Publications scientifiques et luttes histo (...)
4Dans le département de l’Hérault, un pointage minutieux12 dénombre 56,4 % de prêtres réfractaires (314 sur 556). Si l’on regarde avec plus d’attention les variations, en prenant en considération les anciens diocèses, de remarquables contrastes apparaissent : Montpellier : 141 réfractaires sur 178 soit 79,2 %; Béziers : 115 réfractaires sur 178 soit 64,5 %; Agde : 26 réfractaires sur 41 soit 63,4 % ; Lodève : 26 réfractaires sur 76 soit 34,2 % ; Saint-Pons : 16 réfractaires sur 79 soit 20,2 %. En ajoutant à ces effectifs des religieux qui n’étaient pas tenus, selon la loi de se prononcer en 1791 mais qui seront sollicités ultérieurement, le total est de 855. Sur ce nombre, 569 refusent de se plier aux injonctions du pouvoir révolutionnaire, soit 66,5 % du clergé. Beaucoup d’insermentés connaissent l’exil13 ou l’emprisonnement. Quelques-uns périssent sur l’échafaud14. L’Hérault appartient au petit nombre des départements (13 au total) où l’on trouve seulement entre 25 et 50 % d’assermentés. En observant en détail une carte du Sud-Est de l’Hexagone, un « pôle massif de refus »15 se dessine. Il commence dans la partie Orientale du Puy-de-Dôme, trouve son épicentre dans la Lozère et couvre assez largement l’Ardèche, l’Aveyron, le Gard, et l’Hérault. Toute explication des comportements face au serment doit prendre en considération les spécificités locales. Les tensions ancestrales à l’origine d’incidents entre les communautés protestantes et catholiques, le poids de la religiosité populaire, ainsi que les prises de position des autorités diocésaines convaincues que l’Assemblée nationale ne cesse de « persécuter » l’Eglise sont, sans nul doute, des pistes à creuser pour ce qui touche le Bas-Languedoc. Nous n’insisterons pas dans cette voie, convaincus avec François Lebrun, que le serment en lui-même surgit davantage comme « un événement fondateur que comme le révélateur de clivages antérieurs »16 . Quoi qu’il en soit, la géographie départementale du serment met en lumière un fort courant d’antipathie dans l’ancien diocèse de Montpellier (près de 80 % de réfractaires). C’est surtout dans ce secteur et de façon moins nette dans le Biterrois et près d’Agde que les ferments contre-révolutionnaires résistent aux innovations politiques jacobines. Depuis les premiers pas du processus révolutionnaire, la résistance à la politique de déchristianisation se manifeste par une guérilla rurale qui laisse une empreinte indélébile dans la mémoire des partisans de la cause royale. Les accès de violence constatés durant la Terreur blanche représentent un autre témoignage de la détermination des habitants du Midi.
Une décennie de soulèvements populaires et de brigandages
- 17 Voir, par exemple, Ferdinand Saurel, Les brigands royaux dans l’Hérault et autres départements du (...)
- 18 Les premiers chercheurs à se pencher sur ces troubles furent des historiens anglo-saxons. Voir Gwy (...)
- 19 Valérie Sottocasa, « Mémoires affrontées : catholiques et protestants des montagnes du Languedoc f (...)
- 20 Ibidem, p. 247.
- 21 Ibid.
5Une radiographie des actes attribués aux contre-révolutionnaires s’avère difficile. Les récits circonstanciés donnés par les gendarmes ou les interprétations des événements proposés par quelques érudits locaux au xixe siècle demeurent souvent placés sous le signe de la passion partisane17. C’est seulement depuis une vingtaine d’années que notre connaissance des troubles méridionaux s’est améliorée à partir d’incisions très ciblées sur le théâtre des opérations18. Il y a peu afin d’établir un plan large des forces réfractaires, Valérie Sottocasa a conduit une enquête aux archives nationales et départementales du Gard, de la Lozère, de l’Aveyron, du Tarn et de l’Hérault19. Son dépouillement systématique des dossiers portant sur les mouvements contestataires durant la décennie révolutionnaire lui a permis de proposer un premier bilan chiffré : « plus de sept cents émotions populaires (...) (ont concerné) plus des deux tiers des communes des montagnes »20. La rigoureuse exploration archivistique confirme que « l’essentiel de cette agitation était le fruit d’une opposition farouche à la Révolution, opposition qui prit l’allure d’une brutale explosion au début de l’année 1791, ce qui correspond à l’application de la Constitution civile du clergé»21. L’analyse démontre que la plupart des troubles graves se déroulent dans des régions où cohabitent les communautés protestantes et catholiques.
- 22 Ibidem, p. 252.
- 23 Concernant l’époque révolutionnaire dans le Gard, voir les travaux d’Anne-Marie Duport. Notons par (...)
- 24 Voir Daniel Robert, Les Églises réformées en France (1800-1830), Paris, PUF, 1961 et Gérard Cholvy (...)
6À partir de cet élan localisé, bon nombre de chefs royalistes perçoivent un espoir de généralisation de la contestation. En parallèle, les dépressions économiques et internationales à répétition nuisent aux artisans du « nouveau régime ». Or, comme les protestants sont bien représentés au sein des milieux dirigeants, ils souffrent d’une sorte de « rancœur populaire »22 à l’origine du durcissement des émeutes. La « bagarre » de Nîmes, durant l’été 1790, en est le paroxysme. La tension confessionnelle s’était accrue pendant les élections municipales dans une ville où 30% de la population est recensée comme protestante23. Bénéficiant du soutien de la Garde nationale, de la Société des amis de la Constitution et regroupés dans une confédération des Hautes et des Basses-Cévennes, ils essuient les provocations des compagnies de Cébets, les « mangeurs d’oignons », recrutés par l’avocat François Forment parmi les couches populaires catholiques. Les premiers écarts de violence entraînent immédiatement l’arrivée dans la ville de Nîmes des coreligionnaires cévenols. Le bilan des affrontements –liés aussi à une « opposition de classes »- est lourd au détriment des Cébets puisqu’il s’élève à 300 morts24. Cet événement sanglant a une répercussion sur l’ensemble de l’aire régionale entre Toulouse, Montpellier et le couloir rhodanien.
- 25 Nous reprenons les estimations données par Robert Sauzet dans : Les Cévennes catholiques. Histoire (...)
- 26 Ibidem.
- 27 Valérie Sottocasa illustre notre propos ainsi : « À la fin du mois de mars 1792, de nombreux jeune (...)
- 28 Nous renvoyons le lecteur aux travaux de Philippe Joutard. Voir La légende des camisards. Une sens (...)
7Dès le 18 août 1790, l’Ardèche, et plus précisément Jalès, est le lieu de rassemblement choisi par « trente mille catholiques vivarois et cévenols en armes »25. Il se déroule sous les auspices de l’abbé Claude Allier, ancien curé de la petite commune de Chambonas qui entend marcher sur Nîmes pour affronter les protestants responsables de la « bagarre ». Bien des tergiversations empêchent la réalisation de la vengeance. Néanmoins, quelques signes démontrent que la fermeté des catholiques est intacte. En février 1791, ils se regroupent sur le même site et commettent différentes exactions, comme le pillage des maisons protestantes à Barjac ou à Saint-Ambroix, sans que les autorités ne réagissent vraiment. Elles ne se laisseront pas déborder durant l’été 1792 quand, toujours à Jalès, François de Saillans désigné à Coblence par les comtes d’Artois et de Provence, s’active pour réitérer une manifestation d’envergure. À la tête de 2 000 hommes, il ne peut que plier face aux 8 000 gardes et volontaires nationaux du général d’Albignac26. Les nobles et les prêtres sont les moteurs de la contre-révolution méridionale qui prend une tournure imprévisible au gré des rumeurs27. Parmi les nombreuses confrontations, une des dernières à revêtir une grande ampleur fut dirigée par Marc-Antoine Charrier en mai 1793. Ce notaire de Nasbinals (Lozère) entraîne des centaines de paysans hostiles à la levée des 300 000 hommes. Les représentants du pouvoir central déclenchent alors une nouvelle phase de répression qui marquera les mémoires. Dirigée par Dalzan, un procureur de confession protestante responsable des opérations contre les réfractaires dans les gorges du Tarn, elle aboutit à une « exécution exemplaire » : cinquante insurgés sont guillotinés à Florac. L’évocation de ces quelques incidents nous renseigne sur les difficultés de coordination de l’ensemble des opposants dispersés entre le Vivarais, l’Aubrac, les confins du Gévaudan, ainsi qu’au cœur des Cévennes. Dans cette « terre de refuge »28, le mouvement contre-révolutionnaire s’étend dans le Gard aux arrondissements d’Alès, d’Uzès, de Sommières ; ainsi que des Cévennes centrales (Génolhac, Sénéchas) et occidentales (Colognac, Sumène, Le Vigan) jusqu’à l’Est du Rouergue. Les idées des insurrectionnels trouvent également dans le Nord-Est de l’Hérault et vers la plaine viticole un accueil favorable.
- 29 Lettre de Fouché du 4 nivôse an IX donnée par Yves Salit, L’esprit public dans l’Hérault sous le C (...)
- 30 Lettre de Jean Lafon, datée du 9 mai 1800. Ibid.
- 31 Voir Ferdinand Saurel, ibidem.
8La contestation, au lendemain du coup de semonce de Florac et de la politique de la Terreur, s’oriente davantage vers une résistance populaire, plus isolée, et vers un développement du brigandage, toujours présent sous le Consulat. Joseph Fouché, en charge de la politique de déchristianisation et d’action révolutionnaire qui occupe le poste de ministre de la Police jusqu’en 1810, considère dans une lettre adressée au préfet de l’Hérault que ce type de mobilisation a une connotation très politique : « les arrestations de diligences et les vols à force ouverte se rattachent à une organisation particulière qui leur imprime évidemment le caractère d’une révolte armée. Tous les complices de cette association sortent de la classe des prévenus ordinaires. La loi les rend justiciables des tribunaux criminels »29. Plus précisément à propos de l’Hérault, les brigands disposent de points d’attaches sûrs dans les cantons de Ganges, de Saint-Martin-de-Londres, de Claret, des Matelles et vers Gignac. Un agent municipal de Ganges confie par courrier au préfet que « la chasse, qu’on a donnée à ces scélérats du côté de Jalès, les oblige à venir se réfugier dans nos montagnes »30. Le relief escarpé facilite la clandestinité, comme le pointe un chef d’escadron justifiant à son supérieur les difficultés de la traque : « Si vous considérez la topographie des communes où se sont faites nos expéditions, que les rochers, les abîmes, les montagnes rendent inaccessibles ; si vous considérez que dans ces mêmes cavernes, entre repaires, bouges ou tanières (car on peut donner tous ces noms aux réduits multipliés où se retirent ces brigands) il y en a d’impénétrables, et qu’on ne peut atteindre qu’à la faveur d’échelles ou échafauds ; et où à l’aide des cordes et paniers on fait passer aux réfugiés des comestibles et les vestiaires dont ils ont besoin (...). Sous Louis XIV, les protestants se retiraient dans ces lieux et quoique poursuivis par les dragons, en dépit de toutes les recherches possibles, nombreux s’y sont maintenus des années entières (...) »31.
- 32 « Jusqu’à la fin de l’an IX, on voit presque chaque jour la diligence de la Compagnie Lescure arrê (...)
- 33 Toutes ces informations émanent de la synthèse de différents rapports trouvés aux archives départe (...)
- 34 Ibid.
9Les rapports convergent pour considérer qu’à partir de ces pays reculés les brigands écument les grandes voies de passage entre Montpellier, Béziers et Lodève. Ni les particuliers, ni les diligences ne peuvent s’y aventurer sans risquer un traquenard32. Leur nombre est difficile à évaluer : « il est certain qu’à la fin de l’an VIII, il est supérieur à celui des forces de l’ordre. La commune de Gignac, par exemple, dispose d’un noyau de quarante hommes, souvent les chefs d’expédition. Certains ont même “noyauté” les gardes nationales. Hormis les responsables des bandes constamment sous les armes, la plupart des brigands rentrent chez eux, paisibles citoyens, l’affaire terminée. Une revue à Arboras, à cette époque, groupe 300 hommes »33. Quelques statistiques judiciaires les présentent comme appartenant très largement à la paysannerie (cultivateur, travailleur de la terre) et au monde des artisans villageois (charretier, tonnelier, bourrelier...). Les liens entre les deux catégories étant très étroits. Le reste se compose de propriétaires fonciers, d’origines nobiliaires, « comme les frères Peyrottes, fils du seigneur de Saubas, baron de Jonquières, ou Fajon d’Alary, habitant Montpeyroux, et chez qui se tiennent les conseils de guerre. (...) L’aîné des Peyrottes (Henry , 22 ans) est l’un des scélérats couvert de crimes antérieurement au 18 fructidor (...). Certains aubergistes, comme Paul Bénézech, dit le Barraqué de Bouzigues, sont affiliés à la bande. (On trouve aussi) les trois frères Ponsy (Joseph, Barthélémy et François), tous trois de Gignac (...). Le dernier étant considéré comme l’un des chefs les plus dangereux des brigands de l’Hérault (...). (Pour sa part) Causse, dit Miquel, tient sous sa coupe le secteur de Brissac »34.
10Les réfractaires et les déserteurs nourrissent également les rangs des troupes à l’origine du harcèlement gouvernemental. Beaucoup, une fois qu’ils sont déclarés dans l’illégalité, franchissent le pas du brigandage pour survivre et pour lancer un message politique. Si nous avons insisté sur les réticences du clergé envers les réorganisations de l’Église, l’accent aurait pu aussi être mis sur le rejet de la conscription. Fréquent sur la bande méridionale, et surtout dans l’Hérault, il prend un caractère inégalé à l’époque napoléonienne. Il concerne une population dont la présence quotidienne au sein de l’exploitation agricole est indispensable pour garantir la survie de la famille. Un témoignage éclairera le mécontentement des militaires devant l’ampleur du phénomène. Une revue réunit le 28 brumaire sur une esplanade de Montpellier, 1125 hommes; le 5 frimaire, il n’en reste que 866. À la remise du drapeau, le général réagit ainsi :
- 35 Rapport des archives départementales donné par Yves Salit, op. cit., p. 21.
« Jeunes conscrits, le premier bataillon est presque entièrement désorganisé par la désertion. Le général de brigade Guilles qui les conduisait à la victoire a été forcé de s’arrêter et de faire séjourner à Aix, pendant quinze jours, le reste du bataillon, espérant que les conscrits égarés par des suggestions perfides reviendraient où l’honneur et le devoir les appellent. Revenez donc » ! (S’adressant au deuxième bataillon en formation), il leur dit : « Vous-mêmes, jeunes citoyens, pourquoi vos rangs sont-ils éclaircis ? Comment s’est-il fait que quatre jours après avoir donné tous les signes de l’allégeance, de l’ardeur martiale, des sentiments généreux, une épidémie morale ait atteint une jeunesse intéressante et belle dont nous aurions à mieux espérer »35 ?
- 36 Voir Valérie Sottoca, ibidem.
- 37 Adrienne Durand-Tullou, Yannick Chassin du Guerny, Un Contre-Révolutionnaire cévenol. L’abbé Jean- (...)
- 38 Dans un rapport, le commissaire du district de Montpellier tire la conclusion suivante : « L’assem (...)
11Ce désaveu massif renforce la légitimité des contre-révolutionnaires. Cependant, ils poursuivent leurs actions d’une manière éclatée. La protestation populaire contre la conscription et en faveur des prêtres persécutés rejoint les préoccupations des « brigands » dans leur entreprise visant à propager « l’épidémie morale » dénoncée par l’officier supérieur dans son discours. La jonction des deux mouvements n’a pas eu lieu. Elle aurait pu donner une autre dimension à la rébellion du Midi. Pourtant plusieurs sources concordent pour indiquer qu’une personnalité « réalise la fusion entre ces deux types de résistance »36. Il s’agit de l’abbé Solier, surnommé « Sans Peur », qui défie les bataillons dans les Cévennes entre 1791 et 1800. Ce prêtre appartient à une famille de marchand drapier de l’arrondissement du Vigan. En quête d’ascension sociale, elle se lia à une lignée qui détenait le haut du pavé (les de Roussy). De l’union naquit une vingtaine d’enfants dont Jean-Louis. Il reçut très tôt la tonsure et exerça son ministère à Colognac dans le Gard. Prêtre très actif, il entre en 1789 à l’assemblée du diocèse et refuse de se soumettre aux lois de la République lors du serment de 1791. Âgé alors de cinquante-sept ans, il prend contact avec l’abbé Allier. Celui-ci recherche un « homme d’action » à la poigne suffisamment ferme pour prendre en charge le réseau d’insurgés37. En février 1792, un autre regroupement programmé par l’abbé Solier à Saint-Jean-de-Buèges, près de Ganges, inquiète les pouvoirs publics qui avancent la venue de 18 000 hommes38. Les conditions atmosphériques exécrables empêchent la tenue de la réunion, ce qui nous laisse dans l’incertitude pour palper les forces en présence.
- 39 Rapport cité par Adrienne Durand-Tullou, Yannick Chassin de Guerny, op. cit.
12L’échec du rassemblement, s’ajoutant à celui de la seconde concentration de Jalès, ne tempère pas l’ardeur des ennemis de la Révolution. Le 15 février 1792, les autorités préfectorales gardoises préviennent celles de l’Hérault que de nouveaux troubles sont imminents : « Nous venons de recevoir l’avis que des hommes mal intentionnés se disant commissaires d’une ligue contre-révolutionnaire parcourent nos communes pour s’enquérir de l’esprit qui y règne. (Ils souhaitent aussi) calculer le nombre de patriotes, celui des malveillants, et s’assurer ainsi de la force sur laquelle ils peuvent compter pour l’exécution de leurs projets sinistres. On ajoute que ces prétendants commissaires se cachent ou se montrent à découvert suivant la disposition des lieux où ils se trouvent. Il y a des communes dans notre département où ils ont ouvertement annoncé le but de leur mission »39. Les phases de répression et les exécutions des meneurs, comme celle de l’ex-prieur de Chambonas qui se qualifiait de « directeur général et de grand aumônier » des camps contre-révolutionnaires, assomment la fronde.
- 40 « La Terre Blanche désigne un sol très léger formé à partir de la décomposition du granit, de tein (...)
- 41 En 1798, on signale que « Sans Peur » exerce son ministère à Viols-le-Fort tout en continuant ses (...)
- 42 Ibidem.
- 43 Philippe Sénart, « La Montagne blanche ou une Vendée cévenole », Revue des Deux-Mondes, mai 1979, (...)
- 44 Adrienne Durand-Tullou, Yannick Chassin de Guerny, op. cit.
- 45 « L’un de nous avait conservé en mémoire des bribes de récits entendus à la veille de la Seconde G (...)
13Malgré les obstacles, Solier poursuit son travail de sape avec l’appui d’une grande partie de la population effrayée par les changements, refusant la « chasse » menée contre les messagers de la catholicité. Pour bien des paysans des montagnes, l’interdiction des pratiques cultuelles ne peut être acceptée. Ils sont persuadés de leur importance vitale pour protéger les récoltes, garantir la prospérité du bétail jusqu’à leur propre santé. Dans cette région névralgique, au regard des luttes religieuses de l’Ancien Régime, Jean-Louis Solier devient un chef réputé, pourchassé dans un périmètre compris entre la « Terre Blanche »40, la Vallée-de-la-Buèges, les secteurs de Viols-le-Fort41 et de Saint-Gely-du-Fesc. Dans cette commune située à une dizaine de kilomètres de Montpellier, il retrouve « 19 prêtres insermentés fuyant la réclusion ou la déportation dans les bois de Ballènes »42. « Sans Peur » agit de concert avec un maître d’armes originaire de Ganges, Louis Féret, surnommé « Belle Rose ». Tous deux commandent « 70 à 80 gaillards vêtus de chemises blanches et barbouillés de suie »43 avec un profil social identique : « il s’agissait d’autochtones agissant sur place ou dans les environs : cabaretiers, manouvriers, déserteurs, réquisitionnaires. Le cas échéant, s’y ajoutaient des individus de sac et de corde que l’on retrouve aussi bien dans l’Hérault qu’en Aveyron ou en Lozère, se déplaçant en fonction des coups projetés, attirés par la perspective du gain et sécurisés par la configuration du terrain et l’attitude de certains responsables locaux »44. En parfaite collusion avec un réseau d’informateurs complices, ils évitent pendant près de dix années les pièges tendus par les autorités. Périodiquement la « bande à Sans Peur » s’illustre par des coups de force. Elle rançonne, moleste des « patriotes » trop actifs ou des prêtres assermentés, s’attaque aux convois de fonds publics, brûle les registres des administrations municipales, détruit les « arbres de la liberté »... Tous les symboles du « nouveau régime » sont la cible des insurgés. Alors que son aura dépasse le cadre cévenol, l’imbrication entre les deux fractions porteuses d’une hostilité sans limites vis-à-vis du pouvoir en place ne s’effectue pas. L’arrestation de « Sans Peur » le 23 mai 1800 et sa condamnation à mort décapitent la résistance tout en fossilisant ses exploits dans l’imaginaire collectif45.
La Terreur blanche
- 46 Rapport du 5 mai 1815. Archives nationales (AN) F7 9663. Cité par Gérard Cholvy, Religion et socié (...)
14La violence dans les départements situés à proximité de la bordure méditerranéenne s’étiole sous l’Empire sans se tarir complètement. La Terreur blanche constitue le meilleur exemple d’une résurgence littéralement spectaculaire. Elle éclate pendant l’été 1815 après la déroute de Waterloo et la chute de Napoléon. Les verdets, favorables au comte d’Artois, reçoivent le renfort massif d’habitants du Midi, excédés par un effort de guerre exigeant une conscription massive et mus par un sentiment de vengeance vis-à-vis des patriotes. L’imbrication des passions politiques et religieuses est au centre de bien des excès commis dans de nombreux foyers où l’idéologie de la contre-révolution disposait de racines solides. Jusqu’à l’automne 1815 entre Marseille et Toulouse, le sang coule. Le département de l’Hérault connaît une explosion de colère qui n’atteint pas les sommets observables par exemple dans le Gard voisin. La retenue constatée ne signifie pas pour autant une frilosité devant les tentatives de rébellion. En avril 1815, le baron d’Alphonse, conseiller d’État, commissaire extraordinaire de l’Empereur, déplorait dans un compte-rendu la mauvaise situation politique héraultaise : « le royalisme, regrette-t-il, est l’opinion presque générale ; elle est celle des classes élevées et de toutes les classes mêmes inférieures »46. À la différence des révoltes populaires et de la guérilla des années 1790, la « Terreur blanche » ne s’inscrit pas sur la longue durée et les actions d’éclat remplacent les sabotages clandestins. Elle rentre dans la catégorie des pics symboliques que connaît l’histoire des affrontements entre les « rouges » et les « blancs ». À l’instar des « exploits » de « Sans Peur », la phase de conspiration et de chocs meurtriers qui annonce la fin de l’expérience politique napoléonienne reste gravée dans les mémoires des générations héritières des deux cultures politiques. Une commémoration ou un événement culturel évoquant l’été 1815 ne manque pas de faire ressurgir le clivage entre ceux qui affirment comprendre la réaction royaliste et ceux qui la rejettent avec véhémence. La référence à la « Grande Terreur », voulue par Robespierre, relève du même processus.
- 47 Nous nous basons ici sur le mémoire d’Andrée Barraut, L’esprit public dans l’Hérault pendant les C (...)
- 48 Ibidem, p. 150-154.
15Après la parenthèse des Cent-Jours, l’avènement du comte de Provence, frère puîné de Louis XVI, entraîne une réaction virulente à l’égard des agents du régime impérial à partir de la fin juin. Les débordements existent dans notre département jusqu’à la veille de l’hiver. Les travaux historiques notent « qu’une grande partie de l’Hérault connut l’insurrection et en particulier certaines localités qui avaient déjà été troublées au moment du retour de Napoléon de l’île d’Elbe : Agde, Sète, Frontignan, Gignac, Saint-Georges-d’Orques, Castelnau, Cournonterral, Mauguio, Ganges, Saint-Bauzille-de-Putois, Lunel, Pignan, Mèze et Saint-Jean-de-Fos »47. Plusieurs habitants des deux premières villes portuaires citées, dirigés par des marins et des militaires, défient quelques récalcitrants bonapartistes –comme le maire de la commune voisine de Vias- ce qui se traduit par des débordements faisant trois morts. À Sète, les attroupements, les dévastations de boutiques, la prise d’assaut de la mairie ou les mutineries inquiètent davantage les observateurs officiels. L’état de siège est alors décrété. Les « rixes » fréquentes aux alentours de Ganges, ainsi qu’à Bédarieux, nous offrent d’autres signes de la détermination intacte des opposants dans des secteurs sensibles. Immédiatement les prisonniers politiques sont libérés et tous les emblèmes, et en premier lieu les drapeaux tricolores, détruits48. Aux portes de Montpellier, les débordements les plus marquants se déroulent à Pignan.
- 49 Ibidem, p. 163.
16Le chef-lieu départemental rencontre une intensification des combats du 27 juin au 2 juillet. Toute la lumière sur les batailles de rues et les actes séditieux constatés n’a pu être réalisée. Les autorités fidèles à Napoléon, toujours en place au moment des frictions, ont occulté leur portée. La presse bâillonnée n’en dira pas plus. Les procès sous la Restauration viseront à consolider le nouveau régime sans apporter d’éléments tangibles sur le rapport de force qui s’est établi en ce début d’été. En 1830, le journal La République racontera sous forme de feuilleton les incidents entre les milieux populaires « blancs » et les gardes nationaux, obligés de se réfugier dans la citadelle. Ces trois sources d’informations évoquent les fusillades sans bien sûr se rejoindre à propos du bilan. Les rapports « les moins exagérés estiment à quarante le nombre de tués ou de blessés » essentiellement dans les derniers jours de juin. Le 2 juillet, le marquis de Montcalm, commissaire extraordinaire du Duc d’Angoulême, à la tête des volontaires royaux pénètre dans la ville pour y rétablir l’ordre pendant que d’autres sympathisants occupent des communes du Biterrois et de la bordure méditerranéenne. Les premières semaines de juillet se déroulent dans une tension extrême. La République annonce « la perte de deux cents personnes mortes ou blessées »49. Cette évaluation ne porterait que sur le début des émeutes et peut difficilement être vérifiée.
- 50 Gérard Cholvy, « Religion et politique en Languedoc méditerranéen et Roussillon à l’époque contemp (...)
- 51 Lettre du sous-préfet, François d’Ortel de Tressan, datée du 31 octobre 1815. Voir Gérard Cholvy, (...)
17Au-delà de la querelle des chiffres, l’accent doit être mis sur la levée d’une troupe spécifique pour appuyer les rebelles : « le fait important, pour le Midi, est que quelques nobles légitimistes aient cherché à devancer les événements, explique Gérard Cholvy, en mettant sur pied une “Armée royale” faite de volontaires. Elle établit un pouvoir de fait sur une partie du pays avant le retour d’une administration régulière »50. Sa mission concerne aussi le Gard et la Lozère. Cet engagement spécifique attire notre attention parce qu’il sous-entend l’existence d’une mobilisation inégalée en faveur des Princes. Le retour sur le trône de Louis XVIII ne freine pas le ressentiment et les coups portés contre les bonapartistes se poursuivent, ce qui ne manque pas d’intriguer les envoyés du pouvoir central. « La virulence des opinions présente un caractère inconnu ailleurs en France, remarque un des premiers représentants du nouveau gouvernement. On fait de la politique dans toutes les classes. Il y a dans la ville de Montpellier une réunion de servantes qui ont loué un local pour se rassembler et conférer sur les événements et les actes du gouvernement ». En général l’aversion pour la Révolution est vive, mais on doit craindre « l’esprit de réaction et l’animosité vindicative qui accompagnent ces honorables sentiments. Le royalisme n’est pas ce qu’il serait à désirer qu’il fût... Ses démonstrations sont effrayantes. (...) ». C’est avant tout « une haine contre le gouvernement de Bonaparte, un désir de représailles contre les excès de la Révolution... Ce pays est essentiellement ennemi de l’autorité ». Avec Gérard Cholvy, qui nous donne cette citation, nous pouvons en conclure que toutes les manifestations observées depuis un quart de siècle inclinent à penser que « L’Hérault est un “pays blanc”, fidèle à la monarchie légitime (...) ». Afin d’affiner cette assertion, il précise : « Les catholiques pratiquants dans leur écrasante majorité sont “blancs” et cela est d’autant plus vrai lorsqu’ils vivent dans des communes à minorité protestantes. Si les notables protestants de Montpellier sont eux aussi en majorité des partisans du roi, il n’en est pas de même des groupes protestants disséminés ailleurs dans le département. Qu’ils soient (provisoirement) bonapartistes ou républicains, les protestants sont avant tout contre tout ce qui rappelle l’Ancien régime. Le “blanc” le plus pur est dans l’arrondissement de Montpellier. Les passions sont moins vives dans celui de Béziers, si l’on met à part Bédarieux, pays de protestants et Agde, victime économique de la Révolution et de l’Empire. Quant aux deux arrondissements industriels de Lodève et de Saint-Pons, ils semblent fortement attachés aux conquêtes de la Révolution »51. Les confrontations post-révolutionnaires qui dessinent la « Vendée du Midi », avec plusieurs débordements visibles au début de la Restauration, mettent en lumière des espaces politiques bien tranchés. L’arrivée progressive des masses sur la scène électorale ne remettra pas fondamentalement en question cet éclairage sur la répartition des sensibilités politiques. La puissance sociale de la noblesse explique une grande partie des fondements d’une implantation politique que les agents de la République qualifieront de « réactionnaire ».
Notes
1 Michel Péronnet, « Naissance révolutionnaire d’un Midi de toutes les couleurs », Provence historique, tome XXXVI, fascicule 148, 1987, p. 153.
2 Michel Péronnet, ibidem.
3 Michel Péronnet, ibidem.
4 Jean-Clément Martin, « La Vendée, région-mémoire », in Pierre Nora, dir., Les lieux de mémoire. Tome I : La République, Paris, Gallimard, 1984, p. 595-617.
5 Le responsable de la Jeunesse royaliste de l’Hérault, André Vincent, l’utilise en 1895 pour caractériser le fief conservateur de Pignan : « Je sais que dans cette terre qui fait partie de ce qu’on pourrait appeler la Vendée du Midi, les sentiments de fierté royaliste ont poussé des racines si fortes que rien ne saurait les arracher ». Cité par Louis Secondy dans : Pignan au xixe siècle, Mémoire pour le DES d’histoire, Faculté des lettres, Montpellier, 1964, p. 138.
6 Voir la lettre-préface de Charles Maurras dans Philippe-André Vincent, La vie et l’oeuvre d’André Vincent, Montpellier, Librairie Louis Valat, 1940, p. xi.
7 Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, Paris, Gallimard, 1996.
8 Timothy Tackett, La Révolution, l’Eglise, la France. Le serment de 1791, Paris, Éd. du Cerf, 1986 et Paul Bois, Paysans de l’Ouest..., op. cit.
9 Ibidem.
10 Préface de Michel Vovelle, in Thimothy Tackett, ibidem.
11 « Derrière les prêtres, les peuples » écrit Michel Vovelle, ibidem.
12 Gérard Cholvy, Religion et société au xixe siècle. Le diocèse de Montpellier, Thèse de doctorat d’État d’histoire, op. cit., p. 72 et s.
13 190 prêtres héraultais se réfugient en Italie. Ceci, selon Gérard Cholvy, « a dû fortement contribuer au renforcement dans le clergé du Midi des idées ultramontaines ». Voir Gérard Cholvy, op. cit., p. 84.
14 L’évaluation porte sur 14 prêtres. Ibidem.
15 Michel Vovelle, Religion et révolution. La déchristianisation de l’An II, Paris, Hachette, 1976, p. 64-65.
16 François Lebrun, « Religion et révolution dans l’Ouest. Publications scientifiques et luttes historiographiques », in Jean-Clément Martin, dir., Religion et Révolution, Paris, Anthropos, 1994, p. 54.
17 Voir, par exemple, Ferdinand Saurel, Les brigands royaux dans l’Hérault et autres départements du Midi sous la République et le Consulat. Épisode de chouannerie, Montpellier, Typographie et lithographie Charles Boehm, 1893.
18 Les premiers chercheurs à se pencher sur ces troubles furent des historiens anglo-saxons. Voir Gwynne Lewis, The Second Vendée : the continuity of Counter Revolution in the Departement of the Gard (1789-1815), Oxford, Clarendon Press, 1978 ; Peter Michael Jones, Politics and rural society. The southern Massif central (1750-1880), Cambridge University Press, 1985 ; Hubert C, Johnson, The Midi in Revolution. A study of regional political diversity (1789-1793), Princeton University Press, 1986.
19 Valérie Sottocasa, « Mémoires affrontées : catholiques et protestants des montagnes du Languedoc face à la Révolution française », in Nicole Lemaître, dir., Religion et politique dans les sociétés du Midi, Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2002, p. 245-264. Du même auteur, voir : Mémoires affrontées. Protestants et catholiques face à la Révolution dans les montagnes du Languedoc, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004.
20 Ibidem, p. 247.
21 Ibid.
22 Ibidem, p. 252.
23 Concernant l’époque révolutionnaire dans le Gard, voir les travaux d’Anne-Marie Duport. Notons par exemple, Terreur et Révolution. Nîmes en l’an II, Paris, J. Touzot, 1987.
24 Voir Daniel Robert, Les Églises réformées en France (1800-1830), Paris, PUF, 1961 et Gérard Cholvy, dir., Le Languedoc et le Roussillon. Civilisations populaires régionales, Roanne/Le Coteau, Horvath, 1982, p. 407.
25 Nous reprenons les estimations données par Robert Sauzet dans : Les Cévennes catholiques. Histoire d’une fidélité (xvie-xxe siècle), Paris, Perrin, 2002, p. 293.
26 Ibidem.
27 Valérie Sottocasa illustre notre propos ainsi : « À la fin du mois de mars 1792, de nombreux jeunes volontaires désireux de soutenir la nation en guerre sont dirigés sur la ville d’Arles, révoltée. Les jeunes gens conduits à Avignon, embarquent sur le Rhône, mais l’une des embarcations, croulant sous le poids des soldats très nombreux, fait naufrage et soixante-neuf jeunes volontaires périssent noyés. Très vite, la rumeur se répand : la noyade serait due à un attentat royaliste. Le démenti des autorités est impuissant à désarmer la colère des patriotes qui se traduit par une véritable guerre contre les châteaux de Cévennes (...). Ils veulent éradiquer la contre-révolution de leurs terres. Les communes qui sont le théâtre de ces mouvements patriotiques sont toutes exclusivement protestantes ; ajoutons que la plupart des jeunes volontaires en étaient issus ». Ibid.
28 Nous renvoyons le lecteur aux travaux de Philippe Joutard. Voir La légende des camisards. Une sensibilité au passé, Paris, Gallimard, 1977 ; avec Jacques Poujol et Patrick Cabanel, Cévennes, terre de refuge (1940-1944), Montpellier, Presses du Languedoc, 1994.
29 Lettre de Fouché du 4 nivôse an IX donnée par Yves Salit, L’esprit public dans l’Hérault sous le Consulat et l’Empire (1800-1815), Mémoire pour le DES d’histoire, Faculté de lettres, Montpellier, 1964, p. 14.
30 Lettre de Jean Lafon, datée du 9 mai 1800. Ibid.
31 Voir Ferdinand Saurel, ibidem.
32 « Jusqu’à la fin de l’an IX, on voit presque chaque jour la diligence de la Compagnie Lescure arrêtée ». Voir Yves Salit, ibidem.
33 Toutes ces informations émanent de la synthèse de différents rapports trouvés aux archives départementales par Yves Salit, ibidem.
34 Ibid.
35 Rapport des archives départementales donné par Yves Salit, op. cit., p. 21.
36 Voir Valérie Sottoca, ibidem.
37 Adrienne Durand-Tullou, Yannick Chassin du Guerny, Un Contre-Révolutionnaire cévenol. L’abbé Jean-Louis Solier dit Sans-Peur (1734-1801), Alès, Éditions Créations, 1989, p. 37.
38 Dans un rapport, le commissaire du district de Montpellier tire la conclusion suivante : « L’assemblée de Saint-Jean-de-Buèges, composée de députés ou commissaires, pris dans les lieux où les principes anti-constitutionnels triomphent, devait s’occuper des moyens d’opérer un rassemblement de 18 000 hommes ; de faire une collecte pour assurer l’entretien et l’armement de cette troupe ; de cacher des armes et des munitions dans les cavernes du pays... Bref, d’opérer une contre-révolution ». Voir Ferdinand Saurel, op. cit., p. 8.
39 Rapport cité par Adrienne Durand-Tullou, Yannick Chassin de Guerny, op. cit.
40 « La Terre Blanche désigne un sol très léger formé à partir de la décomposition du granit, de teinte très claire. Ce sol convient à la culture des oignons qui occupent les terrasses du flanc de la montagne. Cette production constitue une ressource appréciable. La “terre blanche” correspond au territoire de la commune de Saint-André-de-Majencoules (Gard). On la retrouve en certains points dans les communes à l’Est de Saint-André (...). Au point de vue humain, la “terre blanche” est marquée par un attachement des populations au catholicisme ». Voir Adrienne Durand-Tullou, Yannick Chassin de Guerny, op. cit., p. 8.
41 En 1798, on signale que « Sans Peur » exerce son ministère à Viols-le-Fort tout en continuant ses efforts insurrectionnels. Il le fait à la demande de l’abbé Poujol qui l’avait prié de « voler au secours de ses habitants ». Figure du clergé, l’abbé Poujol, trop âgé pour être déporté, avait été incarcéré. Ibidem.
42 Ibidem.
43 Philippe Sénart, « La Montagne blanche ou une Vendée cévenole », Revue des Deux-Mondes, mai 1979, p. 314.
44 Adrienne Durand-Tullou, Yannick Chassin de Guerny, op. cit.
45 « L’un de nous avait conservé en mémoire des bribes de récits entendus à la veille de la Seconde Guerre. Ces lambeaux de souvenirs surgissaient à l’occasion d’entretiens au coin de la cheminée ou au soleil, selon l’heure et les caprices météorologiques de la morte-saison, la seule durant laquelle les anciens parlaient parce qu’ils avaient alors un auditoire. La nature se repose. Seuls, les animaux domestiques continuent à manifester leurs exigences quotidiennes ; mais laissent néanmoins le temps de dire et d’écouter pour transmettre le passé. Chaque fois qu’il était question des grottes du Causse-de-Blandas, une réminiscence faisait surface : ici, c’était un déserteur qui avait échappé aux recherches, tandis que les “garnisaïres” menaient la vie dure à sa famille ; là, c’était “le curé Sans Peur qui restait caché” ; là encore, on avait “fait la contrebande du sel ou des allumettes” ; là enfin, les Camisards s’étaient joués des dragons. Ce qui revenait le plus souvent et de loin : c’étaient Sans Peur et les déserteurs ». Voir Adrienne Durand-Tullou, Yannick Chassin du Guerny, op. cit.
46 Rapport du 5 mai 1815. Archives nationales (AN) F7 9663. Cité par Gérard Cholvy, Religion et société au xixe siècle..., op. cit., p. 235.
47 Nous nous basons ici sur le mémoire d’Andrée Barraut, L’esprit public dans l’Hérault pendant les Cent-Jours et la « Terreur blanche » (1815-1816), Mémoire pour le DES d’histoire, Faculté de lettres, Montpellier, 1966, p. 148-149.
48 Ibidem, p. 150-154.
49 Ibidem, p. 163.
50 Gérard Cholvy, « Religion et politique en Languedoc méditerranéen et Roussillon à l’époque contemporaine », op. cit., p. 47.
51 Lettre du sous-préfet, François d’Ortel de Tressan, datée du 31 octobre 1815. Voir Gérard Cholvy, Religion et société..., op. cit., p. 244 et 246.
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