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Marcel Duchamp, artiste androgyne

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Yiannis Toumazis

Préface. Prolégomènes à un troisième manifeste du surréalisme, ou non

Fabrice Flahutez

Texte intégral

1On peut dire que chacun cherche son Duchamp et le trouve tantôt sous les traits d’un joueur d’échec, d’un dandy notoire, d’un artiste désinvolte, d’un « générateur-arbitre » d’exposition (1938), d’un inventeur ou d’un collectionneur, etc. L’exégèse de son œuvre est tout aussi plurielle empruntant aux mathématiques et aux sciences physiques, au surréalisme, ou encore aux ésotérismes. Il faut dire que Marcel Duchamp s’adonne à brouiller les pistes pour donner à son œuvre une aura de Grand Œuvre. La thèse de doctorat présentée par Yiannis Toumazis et dont est issu le présent ouvrage, éclaire le parcours de l’artiste sous le prisme de l’androgyne qui est d’un genre relevant de l’entre-deux, d’un inframince. Cette figure étonnante trouve un écho dans une littérature ancienne et parallèle qui rejoint les problématiques du surréalisme dès la publication du Second Manifeste d’André Breton en 1930 et qui s’affirmera dans un texte au titre très duchampien : Prolégomènes à un troisième manifeste du surréalisme, ou non, publié en 1943 à New York. On a souvent peu saisi la portée d’une telle tutelle préférant écrire que le surréalisme se fourvoyait dans un jeu de tables tournantes alors qu’il rencontrait une poétique du non mesurable et de l’inexplicable. L’alchimie et certains ésotérismes, comme les mythes de beaucoup de civilisations ont donné des images où l’androgyne, pour ne pas dire l’hermaphrodite primordial, était à la base de leur fondation. Le surréalisme, à la suite de la psychanalyse freudienne, montrait la nécessité de prêter attention à ces statues Uli lointaines, où la conciliation des contraires et les concepts « d’indécidable » et « d’indifférence » sont légions. L’inframince de Duchamp est un moment et un espace, où nait l’histoire. Marcel Duchamp, artiste androgyne prend donc ces chemins de traverses pour montrer combien les investigations de l’artiste ont poussé sur le terreau fertile de toute une connaissance à la marge, une herméneutique du merveilleux. Cette recherche n’exclue bien entendu pas les autres points de vue interprétatifs puisqu’elle montre, justement, que tous les angles d’attaque sont complémentaires, secret de l’œuvre poétique. La richesse iconographique recueillie par Yiannis Toumazis permet de retrouver des passerelles oubliées ou volontairement écartées liant des champs hétérogènes qui faisaient néanmoins partis du substrat intellectuel des artistes qu’il fréquentait et de son temps.

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