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Anthropologie des abris de loisirs

 | 
Gilles Raveneau
, 
Olivier Sirost

La société face aux abris de loisirs

L’abribus : le mobilier urbain de la société du loisir

Olivier Pégard

Texte intégral

1Dans le contexte des sociétés riches et technologiques, confort, sécurité et propreté constituent les critères politiques d’agencement de l’espace urbain. Par ces critères, il s’agit d’interpeller et de réguler discrètement le comportement des individus notamment à travers les usages de la mobilité.

  • 1 Lire l’article de Peretti-Watel Patrick sur l’analyse sociologique de la production écrite de l’hor (...)

2Choisir pour objet l’abribus repose sur l’ambition de positionner cet équipement public en tant que matériel ordinaire destiné à entretenir et à produire un effet social d’adhésion à un agencement modelé sur les critères justement du confort, de la sécurité et de la propreté. La sociologie d’un objet ordinaire est une sociologie qui s’efforce de rompre avec les impressions sociales de l’évidente présence qui, parce qu’évidente, n’aurait plus lieu d’être questionnée. Intégrer dans la production sociologique les choses les moins pensées1 permet de produire un questionnement renouvelé, c’est-à-dire un questionnement qui sorte notamment des branches canoniques (sociologie du travail ou de l’éducation par exemple). Via l’abribus, via un élément de l’ordinaire urbain, on cherchera à expliciter les usages et fonctions de cet équipement.

  • 2 Bourdieu Pierre, Esquisse d’une auto-analyse, Paris, Raisons d’agir, 2003, p. 95.

3Questionner un tel objet, c’est essayer de comprendre d’une part, comment celui-ci trouve sa place dans un environnement (un contexte), et d’autre part, comment il acquiert le sens que les habitudes sociales (pratiques et discours) lui accordent2. L’abribus est posé ici comme analyseur social, économique et politique dans la mise en ordre de l’espace urbain.

Trois fonctions de l’abribus

  • 3 Jeudy Henri-Pierre, Critique de l’esthétique urbaine, Paris, Sens & Tonka, 2003.
  • 4 Ibid., p. 130.

4Trois fonctions de l’abribus sont repérées : usage, message, ordre. Ces trois fonctions opèrent autant sur le registre de l’apparent que celui du caché. C’est-à-dire que les fonctions usage, message, ordre, n’ont pas à être désolidarisées car l’apparent d’une fonction fait diversion pour dissimuler une autre fonction. Les installations d’abribus reposent sur une stratégie à grande échelle de « l’esthétisme du social3 ». « L’aménagement des lieux, la décoration des espaces, les relations aux objets peuvent être révélateurs d’une volonté collective d’organisation esthétique de l’espace et du temps4. » Dans le contexte des économies tertiaires et de l’encadrement économique et politique des loisirs de masse (divertissement et consommation), cette dite « organisation esthétique de l’espace et du temps » est un principe efficace de conservation sociale où notamment l’orchestration du design assure l’expression d’une image positive de sécurité publique derrière laquelle le recyclage périodique des couleurs, des matériaux et des formes assure un effet de nouveauté en trompe-l’œil.

Les fonctions apparentes

  • 5 Decaux, leader mondial dans le mobilier urbain et les enseignes lumineuses, exploite 100 000 abribu (...)

5L’abribus est un mobilier urbain présent dans toutes les grandes agglomérations françaises et dans certaines villes d’Europe (Allemagne, Europe du Nord). En France, la société Decaux5 dispose pour ainsi dire du monopole de l’activité pour l’installation. Celle-ci gère l’affichage publicitaire des réseaux d’abribus de 3 500 villes de plus de 10 000 habitants sur le territoire français. Ainsi, lorsque des communautés de communes rurales se regroupent pour atteindre un seuil de population conséquent, on pourra supposer la mise en place de cet équipement de l’urbain.

6Quand les sociétés commerciales propriétaires exploitantes des abribus s’engagent auprès des politiques locaux à leur bon usage, ces sociétés entretiennent simultanément un support média de qualité car la diffusion des affiches publicitaires se réalise sur fond d’un micro-édifice qui valorise l’imaginaire social d’une mobilité adossée à un haut niveau de confort. Il n’existe pas d’abribus dans des grandes villes du monde pauvre. Ce mobilier urbain serait une sorte de bon critère de la richesse publique visible.

7Qu’on utilise ou non les transports en commun, l’orchestration commerciale de l’abribus, en lien avec la décision politique concernant les plans de circulation, est une ponctuation physique derrière laquelle l’idéologie de la circulation des biens et des personnes y sera valorisée.

Esthétique de la circulation

8Ramené à l’échelle de l’individu qui utilise les transports en commun, l’abribus d’en bas de chez soi confère un sentiment de familiarité d’usage. Mais dans une observation plus distante, à hauteur de trottoir, deux fonctions apparentes structurent l’ordinaire de la rue. Une fonction dite d’amélioration des conditions d’usages dans les transports publics et une autre commerciale destinée à faire la promotion des signes marchands.

  • 6 La circulation n’évoque pas seulement le principe « naturel » du déplacement. Elle est, à l’inverse (...)
  • 7 Jeudy Henri-Pierre, Critique de l’esthétique urbaine, op. cit., p. 89.

9Quand l’urbanisation se détermine surtout par les impératifs de la circulation6, l’abribus stimule l’imaginaire positif de « l’esthétique de la vitesse déambulatoire7 », dans le sens où, l’organisation de la mobilité humaine reste étroitement associée à la fréquence de réception d’images. Par le souci d’habiller la rue de la fonction d’abri, l’exploitation privée des abribus marque un effet d’encadrement marchand qui divertit les usages de la mobilité.

10Ces distributions de micro-édifices restent à la fois fondues dans l’espace urbain et à la fois suffisamment visible pour assurer le stimulus de l’affichage. Doté d’un objectif double, public et marchand, l’abribus constitue un opérateur politique discret, car sur fond de quotidienneté pacifiée et de consumérisme émancipatoire, la circulation des individus se confond à celle des signes marchands. Et réciproquement, le recyclage permanent des mots et des images constitue le décorum indépassable pour l’individu en voie d’émancipation économique.

11Par le stimulus visuel de l’affichage et par l’emploi d’une micro-architecture réalisée en vitres transparentes, l’usager de l’abribus évolue dans le décor de stimulation de la ville riche, propre et tertiaire qui n’aurait, semble-t-il, plus rien à cacher !

12Sur fond de redondance du visible marchand, l’architecture légère et transparente produit une reconnaissance immédiate des usages individuels notamment dans le travail routinier des patrouilles policières. Disposé face à la voirie, l’individu assis sur le banc abrité pour s’y reposer devient l’individu potentiellement repérable. Dans la société contemporaine le positivisme des individus mobiles sanctionne ceux qui n’y participent pas. Suivant le même principe que les bornes d’appel de secours postées sur le parcours des autoroutes, l’abribus posté, ponctue les itinéraires urbains : il est un opérateur efficace dans la surveillance douce.

Standardisation de l’abri

13Architecture de la transparence, répété et réparti dans l’espace, l’abribus remplit les conditions de l’environnement rassurant. Le design fait du confort une sorte de nécessité sociale. Mais le véritable confort n’est pas forcément celui que l’individu subit subtilement.

  • 8 Campagne de communication de la société France Télécom vers la fin des années 1990.
  • 9 Baudrillard Jean, Le Ludique et le policier, Paris, Sens & Tonka, 2001, p. 17.
  • 10 Ibid.

14Dans les grandes villes où dominent services et loisirs, « Nous allons vous faire aimer l’an 20008 », « c’est la quotidienneté pacifiée où s’efface la distinction entre le ludique et le policier9 ». Doit-on pour cela imaginer que la société d’individus tant vantée par le marché du loisir désigne une société de la libération ? « La répression, en pays civilisé, n’est plus une négation, une agression, c’est une ambiance 1010 », dont l’abribus comme d’autres objets signes font système. L’abribus est un agent d’ambiance dont l’une des principales fonctions est de maintenir l’équilibre entre prise en charge du collectif et esthétique sociale de l’individu souverain.

15L’abribus comme le jardin public sont ponctués par la saisonnalité (les crèmes bronzantes qui s’affichent en été, les crysanthèmes plantées à la Toussaint). Il y a dans ce décorum de la rue et des jardins l’expression de l’espace accueillant tout en étant répressif, car il y a dans le joli et l’agréable à l’œil, l’expression dissimulée de l’incitation à bien faire les choses. L’abribus reste l’instrument de promotion de la ville grande, riche, tertiaire, propre, etc.

16Là où la centralité urbaine se déroule, là où la densité humaine est surveillée (en même temps qu’en auto-surveillance), constitué de parois vitrées, l’abribus fait l’esthétique du lisse. Opérations périodiques : nettoyage, vérifications, changements des affiches publicitaires, maintenance technique, remplacements des parties dégradées, relookage en fonction des tendances formelles du moment, tout un ensemble de facteurs produit une politique d’usage.

17Quand les comportements observés se démarquent de la convenance publique, le « nouveau » design sera le support adéquat pour contrer les usages sociaux repérés comme trop déviants. On remplacera par exemple les bancs installés par des dispositifs sièges coquilles et empêcher ainsi les positions allongées. Quand on aura repéré des attitudes trop désinvoltes, on changera ces coquilles par des bancs peu profonds suggérant plus un confort visuel que corporel.

18En résumé, il s’agit dans la centralité marchande de privilégier le marketing de l’individu debout car le scénario des sociabilités assises indique la prise de distance sur le monde et ses sollicitations continues.

  • 11 Debord Guy, La Société du spectacle, Paris, Gallimard, 1992.

19L’abribus n’abrite que le temps de l’attente du bus. Ceux (les clochards, les vieux, les adolescents qui discutent, les personnes seules, etc.) qui l’utiliseraient comme refuge, imposent une sorte de contraste entre des sociabilités réelles et le réel idéalisé de l’abribus. Sur le plan des représentations sociales de l’image publique de soi, le design hygiéniste a pour fonction discrète d’entretenir une police de l’image. La présence de l’abribus évoque un spectacle permanent11 : un film en sortie nationale, un prix de billet d’avion aller/retour, une bière fraîche, un sandwich d’Amérique, une paire de lunettes. Autre chose que des publicités « divertissantes » ou « envahissantes », par le détour de la marchandise, c’est un énoncé performatif qui réifie la société de production d’un type d’individu.

Le design dans le contexte du loisir

20Le design est un élément caractéristique de l’économie tertiaire. Des phares de voitures aux emballages yaourts, le design pérennise le goût du neuf. À partir de formes géométriques, de couleurs, de matériaux, etc., on assiste au marketing de la stimulation visuelle.

21Par l’instauration du neuf, c’est subtilement le contexte concurrentiel dans tout usage public de lieu qui est réactivé à l’intérieur de nos démocraties d’individus. Lié à sa dimension visuelle et publique, l’abribus n’est donc pas le lieu d’un possible relâchement postural. Le confort public n’est jamais autre chose qu’un confort en trompe-l’œil.

22L’orchestration du design représente le jeu politique qui oriente la production de l’individu dans les sociétés tertiaires. Soumis au pouvoir du design, l’espace public est l’espace déhistoricisé du divertissement visuel. Les cycles du design participent du processus d’activation en continu dans l’individuation du social, ceci, dans la mesure où le jeu avec les formes alimente une quête dans la perfection, dans le renouvellement de soi.

  • 12 Perec Georges, L’Infra-ordinaire, Paris, Éditions du Seuil, 1989.

23Les vitrines publicitaires apportent un divertissement narratif. À l’approche des vacances, elles parlent de soleil et de peau satinée. En hiver elles nous rassurent d’un spray pour éviter le mal de gorge. Au-delà des saisons, c’est le tempo politique travail/loisir qui se fait entendre : des films qui sortent, les crèmes hydratantes, les séjours touristiques, les gains illusoires du loto, le soda qui nous va, etc. On pourrait ainsi, à la façon de Georges Perec, restituer l’infra-ordinaire12 des messages publicitaires tels de banals récits de cartes postales.

  • 13 Ibid., p. 11-12.

Interroger l’habituel. Mais justement nous y sommes habitués. Nous ne l’interrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s’il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s’il n’était porteur d’aucune information. […] Comment parler de ces “ choses communes ”, comment les traquer plutôt, comment les débusquer, les arracher à la gangue dans laquelle elles restent engluées, comment leur donner un sens, une langue : qu’elles parlent enfin de ce qui est, de ce que nous sommes. Peut-être s’agit-il de fonder enfin notre propre anthropologie : celle qui parlera de nous, qui ira chercher en nous ce que nous avons pillé chez les autres. Non plus l’exotique mais l’endotique13.

24L’abribus reste néanmoins un espace de fréquentations ponctuelles. C’est le clochard qui s’assoit sous l’abri pendant que l’affiche vante le chauffage électrique. C’est la femme qui attend son bus à côté d’un corps de femme en lingerie féminine. Ce ne sont pas les affiches seules qu’il s’agit de recenser, mais le rapport muet qui se joue entre l’individu ordinaire et l’ordinaire visuel spectacularisé en vue de déceler la mise en abyme considérable qui s’ouvre dans l’écart.

Pour finir

  • 14 Bourdieu Pierre, Sur la télévision, Paris, Raisons d’agir, 1996, p. 16.

25L’abribus serait un espace public sensible car il mixe utilité et diversion, ordre urbain et jovialité marchande. L’abribus est un agent d’ambiance qui, au travers des circonstances du vécu et de l’image, est un producteur silencieux de la violence ordinaire. « La violence symbolique est une violence qui s’exerce avec la complicité tacite de ceux qui la subissent et aussi, souvent, de ceux qui l’exercent dans la mesure où les uns et les autres sont inconscients de l’exercer ou de la subir. La sociologie, comme toutes les sciences, a pour fonction de dévoiler les choses cachées ; ce faisant, elle peut contribuer à minimiser la violence symbolique qui s’exerce dans les rapports sociaux et en particulier dans les rapports de communication médiatique14. » Il n’y a pas forcément à « dévoiler les choses cachées ». Non, car parfois tout est là et tout se voit, et c’est parce que tout se voit que l’habitude de voir incite à ne plus penser ce qui est banalement vu.

26L’observation distancée et attentive aux situations qui se produisent à proximité de l’abribus, permet de recenser des effets d’échanges et de collusions symboliques entre images marchandes et réalités vécues. L’affichage publicitaire agit sous le registre du décorum paysager destiné aux individus pris dans l’ordinaire du déplacement (piétons, automobilistes, usagers des transports en commun, cyclistes, motards, etc.). L’orientation des surfaces publicitaires de l’abribus est faite pour « naturaliser » le paysage. La stratégie de l’affichage sera d’organiser du visible pendant les temps de circulation.

27À hauteur de trottoir, en fonction du moment (diurne ou nocturne, temps pluvieux ou ensoleillé, etc.), en fonction du message perçu, qu’il soit érotique (de la peau et des sous-vêtements), exotique (des vacances au soleil), hygiéniste (de la mousse sur la peau et des rasoirs jetables), à tonalité sportive (des jambes mettant en scène une championne) ou technologique (une voiture ou un ordinateur), la suggestion consumériste se voit télescopée par le réel des micro-situations de rue : une jeune femme seule attend en soirée debout devant un abribus affichant la lingerie féminine. En fonction du passage à faible allure des voitures, celle-ci, discrètement aura à négocier son attitude pour éviter la méprise. Transformation implicite de l’offre de confort d’usage d’un mobilier urbain en sous-entendus délicats à gérer. Il est inutile de multiplier des exemples qui montrent un rapport tendancieux dans le sens où des individus se télescopent au jeu des interactions visuelles dépendantes de contextes et de circonstances.

28Ainsi, faut-il se rappeler que le système de diffusion des images marchandes ne se réalise jamais sur un terrain socialement neutre ou neutralisé. Ce fond d’images marchandes ne fait pas uniquement la promotion d’objets anecdotiques, il balise la vie publique de l’esthétique du rapport concurrentiel pour lequel l’idéologie contemporaine de l’émancipation de l’individu est subtilement imprégnée de violences sociales qui « naturalisent » un mode de domination. À hauteur de rue comme dans l’organisation concurrentielle de l’école civique et égalitaire, on voit se répéter la propagande politique de l’affrontement social (face to face), consentie à défaut d’autre chose.

  • 15 En 2005, le groupe J. -C. Decaux, présent dans 43 pays, réalise un chiffre d’affaires de 1,544 mill (...)
  • 16 Après les abribus, cette firme rentabilise ses données cartographiques très précises en proposant a (...)

29Leader du marché, l’entreprise J. -C. Decaux prend en charge la gestion de plusieurs dizaines de milliers d’abribus et se targue avant tout de mettre à disposition de ses clients fournisseurs d’images un nombre important de surfaces publicitaires15. La somme de contrats passés avec les collectivités territoriales (communes ou regroupements de communes) permet en effet d’assurer une large couverture de diffusion16 avec le souci constant de l’innovation de façon à séduire les politiques.

  • 17 Communiqué de presse du groupe Decaux, le 25 octobre 2005.

30Dernier exemple, dans la ville de Milan, à titre d’essai, une partie des abribus dessinés par le designer Norman Foster ont été équipés d’un dispositif de vidéosurveillance17 permettant d’améliorer le travail de la police. Si le test est concluant, l’entreprise propriétaire proposera ce nouveau dispositif dans d’autres villes européennes.

31Si les intentions subjectives de la cabane bricolée jouent sur la dimension de l’enchantement ou du dépaysement, les logiques de l’abribus innovant rappellent en permanence les conditions socio-économiques pour abriter le loisir.

Notes

1 Lire l’article de Peretti-Watel Patrick sur l’analyse sociologique de la production écrite de l’horoscope, « Sous les étoiles, rien de nouveau », in Revue française de sociologie, n ° 43-1, 2002. Ou encore Bourdieu Pierre, Le Bal des célibataires. Crise de la société paysanne en Béarn, Paris, Éditions du Seuil, 2002.

2 Bourdieu Pierre, Esquisse d’une auto-analyse, Paris, Raisons d’agir, 2003, p. 95.

3 Jeudy Henri-Pierre, Critique de l’esthétique urbaine, Paris, Sens & Tonka, 2003.

4 Ibid., p. 130.

5 Decaux, leader mondial dans le mobilier urbain et les enseignes lumineuses, exploite 100 000 abribus répartis dans 31 pays (sources Decaux, site Internet).

6 La circulation n’évoque pas seulement le principe « naturel » du déplacement. Elle est, à l’inverse, le produit d’une construction sociale de l’ordre par le contrôle. Elle est « une fonction structurante de l’espace et du territoire » qui apporte les conditions de contrôle et de sécurité (circulation de l’air, circulation des déchets, des marchandises, des individus). Foucault Michel, Sécurité, territoire, population. Cours au collège de France. 1977-1978, Paris, Gallimard/Le Seuil, « Hautes études », 2004, p. 31.

7 Jeudy Henri-Pierre, Critique de l’esthétique urbaine, op. cit., p. 89.

8 Campagne de communication de la société France Télécom vers la fin des années 1990.

9 Baudrillard Jean, Le Ludique et le policier, Paris, Sens & Tonka, 2001, p. 17.

10 Ibid.

11 Debord Guy, La Société du spectacle, Paris, Gallimard, 1992.

12 Perec Georges, L’Infra-ordinaire, Paris, Éditions du Seuil, 1989.

13 Ibid., p. 11-12.

14 Bourdieu Pierre, Sur la télévision, Paris, Raisons d’agir, 1996, p. 16.

15 En 2005, le groupe J. -C. Decaux, présent dans 43 pays, réalise un chiffre d’affaires de 1,544 milliards d’euros. 630 000 faces publicitaires et 88 % de part de marché en mobilier urbain sur le territoire français, présent dans 153 aéroports du monde, dans 3 500 villes de plus de 10 000 habitants, l’entreprise soigne son image en signant des partenariats avec des designers industriels très médiatisés (Stark, Porsche, Foster, Cox) (sources fournies par le groupe Decaux sur son site Internet).

16 Après les abribus, cette firme rentabilise ses données cartographiques très précises en proposant aux communes la maintenance de l’éclairage public ou encore celle des panneaux de direction. Cette société a su se développer sur le marché de la délégation du service public.

17 Communiqué de presse du groupe Decaux, le 25 octobre 2005.

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