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Transhumance et estivage en Occident

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Pierre-Yves Laffont

Entre le delta du Rhône, la Crau et les Alpes, les séquenciations du temps pastoral et les mouvements des troupeaux à l’époque romaine

Philippe Leveau

Texte intégral

Je remercie Thierry Dutoit, professeur d’écologie à l’université d’Avignon et Élise Buisson d’avoir accepté de relire ce travail et de m’avoir fait part de leurs remarques.

  • 1 Othello Badan, Jean-Pierre Brun et Gaëtan Congès, « Les bergeries romaines de la Crau d’Arles. Les (...)

1Il y a une dizaine d’années, des recherches archéologiques dans la plaine de la Crau d’Arles ont conduit des archéologues à proposer de reculer la mise en place de la Grande Transhumance conduisant les troupeaux provençaux dans les Alpes, de la fin du Moyen Âge à l’époque romaine, soit de près d’un millénaire et demi1. Cette proposition a rencontré un vif succès auprès des historiens et des ethnologues du pastoralisme. Aux premiers, elle permettait d’observer l’importation en Gaule de modes d’exploitation du troupeau connus en Italie. Pour les seconds, elle donnait une dimension historique à une pratique longtemps considérée comme hors du temps.

  • 2 Ecologia mediterranea, 30, 1, 2004, numéro spécial « La Crau » dirigé par Thierry Dutoit.

2L’objectif de cette contribution est d’abord méthodologique. Il s’agit de montrer l’apport d’une « archéologie du paysage » dont l’un des aspects essentiels est la prise en compte des données naturalistes. Dans ce cas, la donnée naturelle est la ressource fourragère dont la disponibilité en fonction des saisons conditionne les mouvements des troupeaux (le temps pastoral). Cette démarche utilise le double apport des gestionnaires du pastoralisme et des écologues réunis autour du site d’atelier de la Réserve naturelle des coussouls de Crau2. Leur démarche est actualiste et prospective : ils décrivent la réalité actuelle afin de définir les termes de conservation d’un espace naturel à préserver au nom du maintien de la biodiversité. La démarche de l’historien du paysage est rétrospective. Il envisage la situation actuelle comme une étape à l’intérieur d’un processus évolutif dans lequel la ressource fourragère n’est pas liée à la seule variabilité annuelle. Envisagée dans la longue durée, sa disponibilité a pu se modifier en fonction des oscillations du climat : des pluies de printemps plus régulières, une sécheresse estivale moins prononcée et des pluies d’automnes plus précoces, c’est-à-dire un climat moins « méditerranéen » ont pu permettre aux troupeaux de séjourner plus longtemps en Crau. Posée en ces termes, la question de transhumance nous rappelle donc que la relation entre l’homme et le milieu doit prendre en compte deux temporalités, celle de l’environnement et celle des sociétés historiques.

Le dossier archéologique

La Crau et ses abords

3La Crau est cette plaine monotone qui s’étend à l’ouest d’Arles sur 60 000 ha entre le delta du Rhône, les Alpilles, l’Étang de Berre et la mer. Elle tire ses caractéristiques de la présence à faible profondeur (40 à 60 cm) d’un horizon imperméable constitué d’un poudingue de galets à matrice calcaire (taparas) empêchant les racines d’atteindre la nappe phréatique. Cet horizon caillouteux provient des apports torrentiels d’une paléo Durance quaternaire. Sa présence induit une sécheresse dont l’origine est moins dans le climat semi-aride à sub-humide que dans les sols (« sécheresse édaphique »), l’importance d’ensoleillement (3 000 h) et le vent (334 jours). Les précipitations se situent en effet entre 500 et 600 mm. Accentuées par les fluctuations inter annuelles, ces conditions ont favorisé l’installation d’une végétation dont le caractère steppique est favorisé par l’exploitation pastorale.

Fig. 1 : La Provence occidentale : Crau, Camargue, Alpilles. L’extension des zones humides correspond à leur état moderne (d’après O. Badan, J.-P. Brun et G. Congés, Bergeries romaines…, fig. 27, p. 300).

a) Prospections et fouilles : la découverte des bergeries de Crau

  • 3 O. Badan, J.-P. Brun et G. Congès, Les bergeries romaines de la Crau d’Arles.… p. 299.
  • 4 O. Badan, J.-P. Brun et G. Congès, Les bergeries romaines de la Crau d’Arles.… p. 306.
  • 5 Martine Leguilloux, « Les bergeries de la Crau. Production et commerce de la laine », dans Stéphan (...)

4Les recherches sur l’élevage en Crau ont connu un développement spectaculaire avec la découverte de plus d’une centaine de bâtiments que la fouille de deux d’entre eux et la comparaison avec des bergeries modernes ont permis d’identifier comme des bergeries antiques dont le maximum d’occupation se situe au iie s.3. Ils mesurent une cinquantaine de mètres de long pour une dizaine de large. Mais cette largeur diminue vers le nord nord-ouest pour former une pointe triangulaire. D’une superficie d’environ 250 m2, ils pouvaient abriter 700 à 900 moutons. La plaine de Crau ne pouvant pas nourrir l’été les 100 000 bêtes correspondant au total des troupeaux, la transhumance était une nécessité. Faisant appel simultanément aux modèles de l’Italie antique, les auteurs de cette découverte suggèrent que dès l’Antiquité les troupeaux gagnaient les Alpes du Sud, comme ce fut le cas à partir du Moyen Âge avec la Grande Transhumance4. La construction de bergeries n’étant pas une nécessité pour l’élevage du mouton, ils se sont orientés vers l’hypothèse d’un élevage pour la laine. Étudiant un lot de faune provenant de la fouille d’une bergerie, M. Leguilloux5 concluait qu’il reflétait un mode de gestion du troupeau pour la production de laine à grande échelle.

b) L’apport de l’archéologie du paysage

  • 6 Karl-Ernst Behre, « The role of man in European vegetation history », dans Bruce Huntley (dir.), T (...)
  • 7 Didier Galop, La forêt, l’Homme et le troupeau dans les Pyrénées. 6000 ans d’histoire de l’environ (...)
  • 8 Valérie Andrieu-Ponel, Philippe Ponel, Hélène Bruneton, Philippe Leveau, « Palaeoenvironments and (...)
  • 9 Hélène Bruneton, « Géomorphologie et évolution du milieu naturel depuis la fin du Würm », dans Fab (...)

5Cette découverte est intervenue dans le contexte du développement d’une archéologie du paysage qui, faisant appel aux études des naturalistes, importait les méthodes paléoécologiques développées en Scandinavie6, qui avaient été mises en œuvre par D. Galop7 dans les Pyrénées. En renforçant les contrôles chronologiques pour rapprocher les échelles de temps de l’analyse pollinique de celles des sociétés humaines, l’analyse des données paléoécologiques permettait d’aborder la gestion du territoire. Liée aux déjections animales, l’augmentation de la proportion de taxons nitrophiles (les Chenopodiaceae, le plantain/Plantago lanceolata, l’oseille/Rumex) permet de percevoir la présence des troupeaux. V. Andrieu et Ph. Ponel en avaient montré la permanence dans le marais d’Arles. Une forte proportion d’insectes fossiles coprophages s’expliquait par le pâturage de bovins et d’ovins au bord d’un point d’eau8. Dans la Vallée des Baux située dans son prolongement, la même fréquentation pastorale expliquait une eutrophisation du marais à l’âge du Fer liée à la prolifération de la végétation de marécage9. À partir des ive-iiie s. av. J.-C., ces marais, comme tous ceux du Bas Rhône ont accueilli des troupeaux pendant la saison estivale : au xixe s., la Camargue a accueilli 75 000 ovins.

  • 10 Pierre Excoffon, Corinne Landuré, Michel Pasqualini, « Habitat et risque fluvial dans le delta du (...)
  • 11 Vianney Forest, « Étude archéozoologique », dans Corinne Landuré, Michel Pasqualini (dir.), Delta (...)
  • 12 Jean-Noël Pelen, « Le pays d’Arles : sentiments d’appartenance et représentation de l’identité », (...)

6La lacune constituée par l’absence de témoignages archéologiques de leur présence dans ces zones humides vient d’être comblée par la découverte d’une bergerie occupée au Ier s. av. J.-C., sur le site du Grand-Parc au sud-est du Vaccarès10. Il faut conjecturer que les moutons fréquentaient alors ces zones humides durant la saison sèche, même si l’élevage bovin était dominant : sur les cinq sites étudiés dans ce secteur, les bovins ont fourni les 3/4 de la viande consommée11. La complémentarité entre la Crau et les zones humides du delta était insuffisamment prise en compte pour des raisons qui relèvent du discours identitaire des élites du pays d’Arles12.

Prospections archéologiques en Haute Provence dans le sud du Parc National des Ecrins

  • 13 Kevin Walsh, Florence Mocci et al. (2003), « Neuf mille ans d’occupation du sol en moyenne montagn (...)
  • 14 Josep-Maria Palet-Martinez, François Ricou, Maxence Segard, « Prospections et sondages sur les sit (...)
  • 15 Bernard Davasse, Didier Galop, Christine Rendu, « Paysages du Néolithique à nos jours dans les Pyr (...)
  • 16 Mona Court-Picon, « Approche palynologique et dendrochronologie de la mise en place du paysage dan (...)

7Les progrès dans la connaissance du pastoralisme enregistrés en Crau et dans les zones humides voisines incitaient à étendre la recherche dans les Alpes. À partir de 1998, des recherches ont été développées dans la partie sud du massif des Ecrins, dans la vallée de Freissinières par une équipe dirigée par K. Walsh et F. Mocci13 et, dans le Champsaur, par une seconde équipe dirigée par J. M. Palet-Martinez14. Des espaces d’altitude ont été prospectés afin de réaliser un inventaire de tous les indices d’occupation au-delà de la limite supérieure de la forêt (1700-1800 m), essentiellement des structures en pierre sèche (cabanes, enclos, limites parcellaires). Les inventaires ont été complétés par des sondages afin d’obtenir une chronologie de l’exploitation pastorale. Le premier constat qui s’impose est l’ancienneté d’une occupation qui remonte au Mésolithique, mais s’affirme plus nettement à partir du Néolithique. Comme dans les Pyrénées15, les recherches archéologiques ont été accompagnées d’études paléoenvironnementales qui ont permis de suivre les rythmes du développement des plantes nitrophiles et rudérales liées à la présence de troupeaux. Sur les huit diagrammes polliniques analysés par M. Court-Picon16 dans le Champsaur, il apparaît qu’à partir de l’âge du Bronze, une occupation agropastorale se manifeste de façon intense et devient durable. En moyenne montagne, les clairières s’étendent dans un paysage de plus en plus ouvert. En haute montagne, la répétition des défrichements provoque une descente progressive de la limite supérieure de la forêt de plusieurs centaines de mètres. La période antique ne correspond pas à une phase de « conquête » du milieu. Elle s’inscrit dans la continuité d’une occupation protohistorique assez forte dans les Alpes à l’âge du Fer. Aucun changement majeur n’est perceptible avant le Moyen Âge.

Des données à leur interprétation

8La démarche présentée ici consiste en une reprise du dossier pour l’envisager dans sa globalité. Les sources écrites qui ont constitué le point de départ des recherches sont en effet éclairées par les travaux des zootechniciens et des écologues sur la pelouse de Crau et sa gestion pastorale.

Les contraintes naturelles : le climat et la végétation

  • 17 Rémi Dureau, Olivier Bonnefon, « Étude des pratiques de gestion pastorale des coussouls », dans Pa (...)

9Dans le milieu étudié, la donnée climatique joue un rôle décisif car elle conditionne les disponibilités de la ressource herbagère. La croissance des végétaux est en effet commandée par les éléments atmosphériques, pluie, température et vent, selon le rythme des saisons. Ces caractéristiques connaissent des variations qui permettent de définir un changement climatique ou des oscillations du climat. Pour les régions qui nous intéressent, à l’échelle des dix millénaires de l’Holocène, l’attention des naturalistes s’est portée sur la mise en évidence des fluctuations des limites de la prairie alpine et de la mise en place de l’aridité méditerranéenne. Celle-ci a un impact décisif sur « l’offre pastorale » d’une végétation steppique telle que la décrivent les zootechniciens en Crau17. Actuellement le pic de production est réparti sur les mois d’avril et de mai. En juin, la chaleur et la sécheresse la font brusquement chuter. Mais les fortes fluctuations interannuelles sont une des caractéristiques du climat méditerranéen. C’est ainsi que la sécheresse prolongée du printemps de l’année 1997 a été encadrée par deux années où, durant la même saison, les précipitations ont été fortes.

a) La question climatique

  • 18 Philippe Columeau, « Nouveau regard sur la chasse et l’élevage dans le Sud et le Sud-Est de la Gau (...)
  • 19 Philippe Columeau, « La fin d’un mode de vie ancestral : le début de la grande transhumance », dan (...)
  • 20 Guy Jalut, Augustin Esteban Amat, Santiago Riera i Mora, Michel Fontugne, Reinhard Mook, Louis Bon (...)

10Sensibilisé à ces questions, Ph. Columeau18, un archéozoologue qui a travaillé sur des restes fauniques provenant de secteurs proches, a fait observer que, dans un tel milieu, une faible variation dans la répartition de la pluviosité estivale a, sur le dessèchement de la végétation herbacée, un effet dont les répercussions sont considérables sur le séjour des bêtes. Il rappelle en particulier l’existence de « deux pulsations humides, l’une au cours du ve au iiie s. av. J.-C. et l’autre au cours du Bas-Empire19 ». De fait, un certain nombre d’indices suggère que la période romaine a bénéficié d’un climat légèrement plus chaud et humide que l’actuel. S’il est effet acquis que le climat méditerranéen est en place depuis plusieurs millénaires, cette stabilité n’exclut pas une possible évolution. Selon certains palynologues, entre 40° et 44° de latitude nord, une modification dans la répartition annuelle des précipitations aurait conduit à l’installation de la sécheresse estivale caractéristique du climat méditerranéen entre 3 300 et 1 000 B. P.20.

  • 21 A. Pons, P. Quezel, « À propos de la mise en place du climat méditerranéen », C. R. Acad. Sci. Par (...)

11Cependant cette proposition a été contestée par d’autres palynologues et par des écologues qui considèrent que l’aridification n’est pas l’effet d’une évolution du climat méditerranéen mais la conséquence de l’anthropisation croissante de l’espace21. La « Grande Transhumance » coïncide avec le début du Petit Âge Glaciaire. Mais personne n’a encore proposé un lieu de cause à effet entre les deux. Cette période constitue même un contre-exemple du déterminisme climatique, puisque, dans les Alpes françaises, elle correspond au maximum du peuplement en altitude.

b) La végétation naturelle de la Crau et les galets

  • 22 Michel Bourrelly, Contribution à l’étude écologique de la Crau (Bouches-du-Rhône). Caractéristique (...)

12Jusque dans les années 1975, la végétation steppique de Crau était décrite comme globalement homogène et peu digne d’attention. À partir de cette période, des programmes de recherches montrèrent la diversité de la flore et de l’avifaune de ce qui est le seul écosystème steppique de France. Constituée de plantes adaptées à la sécheresse (jusqu’à un mois et même au-delà pour le brachypode), elle est dominée par les Poaceae (graminées), le Brachypodium retusum (Baouque ou « herbe à mouton ») et le Thymus vulgaris. Les écologues attirent l’attention sur le rôle protecteur joué par les galets vis-à-vis des prélèvements dus au pâturage. Les galets créent aussi un microclimat protecteur : des mesures ont montré que, quand la température atteignait l’été 60° en surface, elle n’était en-dessous que de 30°22.

c) Le coussoul, une création historique

  • 23 Élise Buisson, Thierry Dutoit, Axel Wolff, « Bilan de trente années de recherches en écologie dans (...)
  • 24 R. Dureau, O. Bonnefon, Étude des pratiques de gestion pastorale…, p. 63.
  • 25 Patrick Fabre, Jan Boutin, « Troupeaux transhumants et gestion… », p. 184.

13La forte hétérogénéité spatiale de la végétation de Crau est liée à des pratiques pastorales engendrant des inégalités de pâturage23. Les éleveurs distinguent en effet deux ensembles fourragers. Composants principaux, le Brachypodium retusum et le Thymus vulgaris, aux caractéristiques proches, constituent le « grossier » qui est le fond de la ressource pastorale. Le brachypode est « une herbe dure et courte à racine traçante » dont les rhizomes de réserves permettent de survivre à la sécheresse estivale. Il fournit 50 % de la biomasse totale herbacée. Pendant la courte période d’abondance des mois d’avril et mai, les troupeaux se détournent des plantes du « grossier » pour consommer le « fin », second ensemble fourrager, qui, réunissant des espèces à dominantes de plantes annuelles à cycles plutôt courts, fournit le meilleur de la ressource sur une période allant de mi-avril à mi-mai24. Son développement est lié à deux formes de l’intervention du berger : directe lorsque le pâturage est épierré ou indirecte lorsqu’il conduit son troupeau dans un secteur particulier. L’imbrication du fin et du grossier « dans un équilibre complexe » est « à l’origine de la qualité pastorale du Coussoul ». Au total, la valeur de ce pâturage est supérieure à celle de l’alpage : un troupeau ovin transhumant actuel de 800 brebis pâture 300 ha de coussoul et 1 000 ha d’alpage25.

  • 26 É. Buisson, T. Dutoit, C. Rolando, Composition et structure de la végétation…, p. 81. É. Buisson, (...)

14Le coussoul n’est pas une formation végétale naturelle uniquement commandée par des conditions climatiques dont la nature des sols accentue la dureté, mais le fruit d’une histoire complexe qui a pu se répéter depuis « des temps anciens ». Il n’existait certainement pas durant la période antique sous la forme que nous lui connaissons. Les études actuelles démontrent la lenteur de sa constitution : plusieurs siècles probablement pour atteindre l’état qui était le sien au xixe s.26. La dispersion des graines sur de courtes distances est assurée essentiellement par le vent et par les fourmis. Celle que le mouton assure par adhésion est réduite du fait de la petite taille des moutons et de leur absence pendant la période de végétation.

  • 27 Gilbert Molenat, Michel Prud’hon, Yvon Recurt, « Les races transhumantes : caractéristiques zootec (...)
  • 28 M. Leguilloux, Les bergeries de la Crau. Production et commerce de la laine…

15Né du pâturage comme la prairie d’altitude, le coussoul est une création historique Mais ce n’est pas la seule : le mérinos d’Arles, la brebis apte à la transhumance, est une race créée au xixe s. par croisement d’une race locale et du mérinos espagnol pour donner aux bêtes les aptitudes leur permettant de vivre aussi bien en haute montagne qu’en plaine, de se déplacer entre ces deux espaces et de produire de la viande et de la laine27. Quelles étaient les aptitudes des races antiques ? L’augmentation de la taille des espèces animales domestiques à l’époque romaine est là pour démontrer que les Anciens avaient des connaissances dans le domaine zootechnique. Mais, pour l’heure, l’étude des quelques restes fauniques recueillis à l’occasion des fouilles des bergeries28 ne permet pas de connaître les aptitudes de la brebis antique de Crau.

Une relecture des sources écrites : l’herbe, la pierre, la transhumance inverse et le statut antique de la Crau

a) L’herbe et la pierre

  • 29 Dans la Hiéra Syngraphè de Délos il s’agit de bovins, précision dont je remercie C. Chandezon.
  • 30 André 1972, 183 Frantz Olck, s. v., Agrostis, Realencyclopädie der classischen Altertumwissenschaf (...)

16Le passage de Strabon sur la Crau est peu exploitable. Le terme utilisé, boskèmata, désigne les bestiaux en général29. Il en est de même de agrostis, la plante qui fournit une « abondante pâture ». Équivalent du latin gramen décrit par Pline (Hist. Nat., XXIX, 178-182), elle est identifiée comme un chiendent (Triticum repens, Agropyrum repens, Panycum dactylon L. ou Cynodon dactylon Pers)30. En fait, nous ignorons à quelle plante actuelle correspond le terme, même si le brachypode constitue la possibilité la plus vraisemblable. Ni Strabon ni Pline ne mentionnent de près ou de loin la qualité particulière apportée par le « fin ». Son extension est liée au pastoralisme. Mais il ne devait pas pour autant être totalement absent. Le « fin » peut être aussi la résultante de facteurs physiques là où le taparas est plus affleurant, le sol moins épais et le pH plus acide. Il peut y perdurer sans pâturage. Strabon ne cite pas le thym dont parle Pline dans un passage où tous les commentateurs considèrent qu’il s’agit du nôtre bien qu’un doute subsiste. Le passage que conclut cette mention débute en effet par la distinction entre deux plantes, le thymus candidus et le thymus nigérians. Dans l’un d’eux, J. André reconnaît une espèce de sariette (satureia thymbra).

  • 31 Pierre Gros, « Hercule à Glanum. Sanctuaires de transhumance et développement « urbain » ». Gallia (...)

17Le propos de Strabon tourne autour de la caractéristique principale de la Crau : la présence en surface de pierres dont il décrit parfaitement la forme : des galets, « tous pareils, également polis et de même volume », comparables à ceux que l’on trouve dans le lit d’un fleuve et sur le littoral. Conformément aux pratiques de son temps, il en propose deux explications, par le mythe et par un raisonnement scientifique. Le mythe est celui d’Hercule qui, « dit-on, en lutte contre Alébion et Dercymon, fils de Neptune, et se trouvant à cours de flèches, invoqua Jupiter qui lui vint en aide au moyen d’une pluie de pierres ». Plusieurs auteurs ont cru pouvoir identifier l’Hercule de Crau à un Hercule pastoral31. En fait Strabon ne fait pas d’allusion au pastoralisme. L’Hercule dont il est question dans tous les textes qui évoquent la « Plaine de Pierres », est un Hercule « lanceur de rochers », ce qui pourrait s’accorder avec Saxanus, l’une des nombreuses épithètes de ce dieu.

b) Le statut du pastoralisme dans la plaine de Crau et les mouvements des trou

  • 32 O. Badan, J.-P. Brun, G. Congès, Les bergeries romaines de la Crau…, p. 20.

18C’est dans le livre XXI consacré aux plantes que Pline apporte la précision sur les mouvements des troupeaux qui est à l’origine du débat : « Aujourd’hui, les Plaines de Pierres, dans la Province de Narbonnaise, sont remplies de thym ; c’est presque leur seul revenu, des milliers de moutons y venant de régions lointaines paître ce thym » (thymo quidem nunc etiam Lapideos Campos in provincia Narbonensi refertos scimus, hoc paene solo reditu, e longinquis regionibus peculum milibus convenientibus ut thymo prescantur) (Pline XXI, 57). Selon O. Badan, J.-P. Brun et G. Congés, Pline aurait confondu deux formes de transhumance, la grande transhumance estivale qui conduit les troupeaux dans les massifs montagneux et son contraire, la transhumance hivernale des troupeaux qui descendent dans la plaine, car la formule est en contradiction avec les faits archéologiques32. Pour ma part, je ne vois pas de raison de suivre cette opinion. Pline décrit des mouvements de troupeaux dont il ne précise ni la saison ni l’origine précise. Il ne faut se laisser égarer ni par la situation du pastoralisme à l’époque médiévale quand les abbayes du haut pays provençal envoient des troupeaux en Crau – situation décrite par Coste et Coulet –, ni par le mot « transhumance » dont le succès est dû à une commodité. Créé au xixe s. à partir d’un mot espagnol pour désigner une forme de changement de pâturage et préféré par les géographes à des termes régionaux comme « remue », il s’est imposé comme un paradigme qui finit par masquer la très grande diversité des mouvements des troupeaux. Après tout, l’objectif de l’historien du pastoralisme n’est-il pas de décrire la diversité des situations aux divers moments de l’histoire sans préjuger de l’assimilation des pratiques antiques, médiévales et modernes ? Dans cette perspective, on portera plus d’attention à la mention du thym que cela a été le cas jusqu’ici. Elle ne peut pas être rejetée comme invraisemblable. Si la valeur fourragère de cette plante est effectivement médiocre, cela n’empêche pas actuellement les troupeaux de pâturer les jeunes pousses quand la pression pastorale est trop forte. Par ailleurs, le mouton antique n’est pas le mérinos arlésien.

  • 33 Philippe Leveau, « La cité romaine d’Arles et le Rhône. La romanisation d’un espace deltaïque », A (...)
  • 34 Etiam nunc in tabulis censoriis pascua dicuntur omnia, ex quibus populus reditus habet, qui diu ho (...)
  • 35 J. Humbert, s. v. Scriptura, dans C. Daremberg, E. Saglio, E. Pottier, Dictionnaire des Antiquités (...)
  • 36 Gérard Chouquer et François Favory, L’arpentage romain, Paris, 2001, p. 176-177.

19La remarque de Pline, selon lequel le thym procure un revenu, peut nous mettre sur la voie d’une réflexion sur l’organisation du territoire d’Arles en replaçant la question de l’élevge dans un contexte régional en relation avec l’organisation du territoire de la colonie d’Arles et avec le débat qui s’est noué autour de sa (ou ses) centuriation(s)33. Employé dans ce sens par Ovide dans les Pontiques (4, 5, 19 et 4, 9, 45), reditus, le terme qu’il utilise, désigne certainement les revenus de l’État, comme dans un autre passage où le même Pline explique que les pascua désignaient l’ensemble des revenus publics34. Ces revenus viendraient d’une taxe portant sur le pacage des troupeaux sur les terres des cités, notamment celles des colonies (par exemple à Pompéi). Il ne s’agit sans doute pas de la scriptura, taxe de dépaissance connue à l’époque de la République par la lex agraria de 111 (CIL I2 585,15 ; 26, 82-83), par Varron (RR, II, 1) et à laquelle Cicéron fait allusion dans les Verrines35. À l’époque impériale, sa perception n’est plus assurée par les publicains. On parlera donc plutôt de pascua. L’espace où viennent les troupeaux serait à ranger dans une catégorie particulière de terres, un ager scriptuarius, – défini par Festus (333a) comme la partie de l’ager publicus où les publicains perçoivent une taxe –, correspondant à une zone non divisée de la pertica d’une colonie. De telles zones de bois et de pâturages sont figurées sur les illustrations des textes gromatiques36.

  • 37 Umberto Laffi, « Il tema di Ager Compascuus », dans Ella Hermon (dir.), La question agraire à Rome (...)
  • 38 Michèle Ducos, « Les juristes romains et le domaine agraire », dans E. Hermon (dir.), La question (...)

20Les pâturages de Crau seraient donc des pascua Sextanorum, ager compascuus, une terre communautaire de la colonie. Cet espace est en principe sujet à des appropriations privées. Mais, dans ce cas, il s’agit plutôt de terres indivises attribuées à la communauté comme personne morale, pratique dominante au début de l’Empire, alors que, pendant la période de la République, on parle des attributions individuelles (nominibus) aux colons (lex data adtributa colonis Genitivae Iuliae)37. L’adverbe nunc constituerait une allusion à l’apparition d’une distinction théorique de la personne morale de la colonie au début de l’Empire. De ce fait, rien n’interdit de penser que la pratique pastorale décrite est bien antérieure à l’époque romaine. Sa monotonie n’a certainement pas évité à la plaine de Crau de connaître la diversité des usages pastoraux dont témoignent les conflits qu’eurent à traiter les juristes38.

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  • 39 Christian Goudineau, « Le pastoralisme en Gaule », dans Charles R. Whittaker, Brent D. Shaw (dir.) (...)
  • 40 Ph. Columeau, La fin d’un mode de vie…

21Il est intéressant rappeler la manière dont le dossier a progressé. Dans un texte de synthèse paru en 1988, Ch. Goudineau dressait un tableau réaliste et assez pessimiste des données disponibles39. Nous avons vu les progrès accomplis par l’archéologie du pastoralisme en Crau. Mais il ne faut pas en perdre de vue les biais. Dans cette affaire, le principal acteur est le mouton. Or, en dehors du dépôt étudié par M. Leguilloux, les données archéozoologiques disponibles qui proviennent de déchets alimentaires donnent une image biaisée des réalités du troupeau provençal. Ph. Columeau insiste sur sa « mixité » : durant la période antique, les ovicaprinés ne l’emportent pas nettement sur les bovins et les porcins40. Mais cette constatation peut être difficilement opposée au témoignage de Pline qui évoque les milliers de moutons venus dans les Plaines-de-Pierres. Comme l’ont relevé les auteurs de la découverte de bergeries, la nouveauté que représente leur construction porte sur un mode d’élevage.

  • 41 Pierre Coste, Noël Coulet, « Que sait-on des origines de la transhumance en Provence ? », dans J.- (...)

22L’élevage du mouton ne nécessite de stabulation que si l’on introduit de nouvelles bêtes plus sensibles au froid, comme ce fut le cas au xviiie s. avec le mérinos espagnol. À l’époque romaine, les colons arlésiens (des entrepreneurs originaires de Campanie) auraient donc introduit les moutons élevés pour la laine et ce serait la raison d’être des bergeries. De récentes découvertes d’importation d’alun à Arles vont dans ce sens. En revanche, l’hypothèse d’une origine antique de la Grande Transhumance reste à prouver. Je considère plus sage d’en revenir à l’hypothèse de P. Coste et N. Coulet41. À l’époque romaine, les moutons viennent en Crau probablement au printemps, de régions lointaines qui ne sont pas précisées. Ils devaient estiver dans les zones voisines. La prise en compte de la ressource fourragère conduit à observer que, si un séjour des troupeaux dans les zones humides s’imposait, ce n’était pas le cas des Alpilles ou du Lubéron qui ne devaient pas, l’été, leur fournir plus de nourriture que la Crau.

  • 42 Christophe Chandezon, L’élevage en Grèce (fin ve-fin ier s. av. J.-C.). L’apport des sources épigr (...)

23Ces considérations conduisent à un retour critique sur le paradigme de la « Grande Transhumance ». Celui-ci a trop lourdement pesé sur l’interprétation des données. Une observation analogue a été faite à propos de l’élevage en Grèce classique par Ch. Chandezon qui remarque qu’une partie des « malentendus aurait pu être évitée avec une définition précise de la transhumance42 ». L’attention portée aux deux facteurs distincts qui commandent les mouvements des troupeaux –, une disponibilité fourragère dépendant d’un facteur climatique régulant le rythme des saisons ; des pratiques pastorales qui tendent à s’affranchir d’autres facteurs naturels – suggère de reconsidérer la relation qui est établie entre les bergeries et le texte de Pline. Il s’agirait de pratiques d’élevage distinctes : appartenant à des entrepreneurs arlésiens produisant de la laine, innovation d’époque romaine, les bergeries se juxtaposeraient à des pratiques plus anciennes, celles dont fait état Pline.

Notes

1 Othello Badan, Jean-Pierre Brun et Gaëtan Congès, « Les bergeries romaines de la Crau d’Arles. Les origines de la transhumance en Provence », Gallia, t. 52, p. 263-310.

2 Ecologia mediterranea, 30, 1, 2004, numéro spécial « La Crau » dirigé par Thierry Dutoit.

3 O. Badan, J.-P. Brun et G. Congès, Les bergeries romaines de la Crau d’Arles.… p. 299.

4 O. Badan, J.-P. Brun et G. Congès, Les bergeries romaines de la Crau d’Arles.… p. 306.

5 Martine Leguilloux, « Les bergeries de la Crau. Production et commerce de la laine », dans Stéphane Lepetz, Véronique Mattern (dir.), Cultivateurs, éleveurs et artisans dans les campagnes de la Gaule romaine. Revue Archéologique de Picardie, no 1-2, 2003, p. 339-346.

6 Karl-Ernst Behre, « The role of man in European vegetation history », dans Bruce Huntley (dir.), Thompson Webb (dir.), Vegetation History, Dordrecht, 1988, p. 633-672 ; Dagfinn Moe, « The utilisation of Un-cultivated Rural Land in Southern Norway during the Last 2500 Years. From the Coastal Areas to the Arctic-Alpine Zone : a Pollen Analytical Survey », dans Michel Colardelle (dir.), L’homme et la nature au Moyen Âge. Paléoenvironnement des sociétés occidentales, Paris, 1996, p. 122-128.

7 Didier Galop, La forêt, l’Homme et le troupeau dans les Pyrénées. 6000 ans d’histoire de l’environnement entre Garonne et Méditerranée, Toulouse, 1998.

8 Valérie Andrieu-Ponel, Philippe Ponel, Hélène Bruneton, Philippe Leveau, « Palaeoenvironments and cultural landscape of the last 2000 years reconstructed from pollen and coleopteran record in the Lower Rhône Valley, southern France », The Holocene, 10,3, 2000, p. 341-355.

9 Hélène Bruneton, « Géomorphologie et évolution du milieu naturel depuis la fin du Würm », dans Fabienne Gateau, Michel Gazenbeek, Les Alpilles, 13/2, Carte Archéologique de la Gaule, Paris, 1999, p. 55 et 57, fig. 7.

10 Pierre Excoffon, Corinne Landuré, Michel Pasqualini, « Habitat et risque fluvial dans le delta du Rhône au Ier s. av. J.-C. », dans Joëlle Burnouf, Philippe Leveau (dir.), Fleuves et marais, une histoire au croisement de la nature et de la culture. Sociétés préindustrielles et milieux fluviaux, lacustre et palustres : pratiques sociales et hydrosystèmes, Paris, 2004, p. 211-232.

11 Vianney Forest, « Étude archéozoologique », dans Corinne Landuré, Michel Pasqualini (dir.), Delta du Rhône. Camargue antique et médiévale, Aix-en-Provence, 2004, p. 241-267.

12 Jean-Noël Pelen, « Le pays d’Arles : sentiments d’appartenance et représentation de l’identité », Terrain, 1985, t. 5, p. 37-45.

13 Kevin Walsh, Florence Mocci et al. (2003), « Neuf mille ans d’occupation du sol en moyenne montagne : la vallée de Freissinières dans le Parc National des Ecrins (Freissinières, Hautes-Alpes) », Archéologie du Midi médiéval, t. 21, 2003, p. 185-198.

14 Josep-Maria Palet-Martinez, François Ricou, Maxence Segard, « Prospections et sondages sur les sites d’altitude en Champsaur (Alpes du Sud) », Archéologie du Midi médiéval, t. 21, 2003, p. 199-210.

15 Bernard Davasse, Didier Galop, Christine Rendu, « Paysages du Néolithique à nos jours dans les Pyrénées de l’Est d’après l’écologie historique et l’archéologie pastorale », dans Joëlle Burnouf, Jean-Paul Bravard, Gérard Chouquer (dir.), La dynamique des paysages protohistoriques, antiques, médiévaux et modernes, Sophia-Antipolis, 1997, p. 577-599.

16 Mona Court-Picon, « Approche palynologique et dendrochronologie de la mise en place du paysage dans le Champsaur (Hautes-Alpes, France) à l’interface des dynamiques naturelles et des dynamiques sociales. Thématique, méthodologie et premiers résultats », Archéologie du Midi médiéval, t. 21, 2003, p. 211-224

17 Rémi Dureau, Olivier Bonnefon, « Étude des pratiques de gestion pastorale des coussouls », dans Patrimoine Naturel et Pratiques Pastorales en Crau, St Martin de Crau, p. 61-89.

18 Philippe Columeau, « Nouveau regard sur la chasse et l’élevage dans le Sud et le Sud-Est de la Gaule aux ive et ve s. ap. J.-C. », Revue archéologique de Narbonnaise, t. 43, 2001, p. 123-137.

19 Philippe Columeau, « La fin d’un mode de vie ancestral : le début de la grande transhumance », dans Vanpeene Bruhier (dir.), Évaluation des risques environnementaux pour une gestion durable des espaces, Cemagref Antony, p. 233-238.

20 Guy Jalut, Augustin Esteban Amat, Santiago Riera i Mora, Michel Fontugne, Reinhard Mook, Louis Bonnet, Thierry Gauquelin, « Holocene changes in the western Mediterranean : installation of the mediterranean climate », C. R. Acad. Sci., Paris, 1997, 325, série IIa, p. 327-334.

21 A. Pons, P. Quezel, « À propos de la mise en place du climat méditerranéen », C. R. Acad. Sci. Paris, 1998, 327, série IIa, p. 755-760.

22 Michel Bourrelly, Contribution à l’étude écologique de la Crau (Bouches-du-Rhône). Caractéristiques floristiques. Dynamique annuelle. Production primaire de la Crau steppique, thèse, Université Aix-Marseille I, 1984, p. 9.

23 Élise Buisson, Thierry Dutoit, Axel Wolff, « Bilan de trente années de recherches en écologie dans la steppe de Crau (Bouches-du-Rhône, Sud-Est de la France) », Ecologia mediterranea, 30, 1, 2004, numéro spécial « La Crau », p. 10-11.

24 R. Dureau, O. Bonnefon, Étude des pratiques de gestion pastorale…, p. 63.

25 Patrick Fabre, Jan Boutin, « Troupeaux transhumants et gestion… », p. 184.

26 É. Buisson, T. Dutoit, C. Rolando, Composition et structure de la végétation…, p. 81. É. Buisson, T. Dutoit, A. Wolff, Bilan de trente années de recherches…, p. 30.

27 Gilbert Molenat, Michel Prud’hon, Yvon Recurt, « Les races transhumantes : caractéristiques zootechniques et aptitudes », dans Jean-Claude Duclos, André Pitte (dir.), L’homme et le mouton dans l’espace de la transhumance, Grenoble, 1994, p. 213-220.

28 M. Leguilloux, Les bergeries de la Crau. Production et commerce de la laine…

29 Dans la Hiéra Syngraphè de Délos il s’agit de bovins, précision dont je remercie C. Chandezon.

30 André 1972, 183 Frantz Olck, s. v., Agrostis, Realencyclopädie der classischen Altertumwissenschaft, t. I, Stuttgart, 1893, col. 904-906 : s. v. Gramineen, VII, 2, col. 1699. Le texte de Strabon sur la Crau n’y est pas évoqué.

31 Pierre Gros, « Hercule à Glanum. Sanctuaires de transhumance et développement « urbain » ». Gallia, 1995, t. 52, p. 311-331.

32 O. Badan, J.-P. Brun, G. Congès, Les bergeries romaines de la Crau…, p. 20.

33 Philippe Leveau, « La cité romaine d’Arles et le Rhône. La romanisation d’un espace deltaïque », American Journal of Archaeology, 108, 2004, p. 352-354.

34 Etiam nunc in tabulis censoriis pascua dicuntur omnia, ex quibus populus reditus habet, qui diu hoc solum vectigal fuerat : aujourd’hui encore, dans les registres des censeurs, on comprend sous le nom de pascua l’ensemble des revenus publics, parce que ce fut longtemps la seule redevance perçue par l’État, Pline, XVIII, 11 = XVIII, II(2).

35 J. Humbert, s. v. Scriptura, dans C. Daremberg, E. Saglio, E. Pottier, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, IV, 2, p. 1135-1136 ; Kubler, s. v. Scriptura, dans Paulys & Wissowa, Realencyclopädie der classischen Altertumwissenschaft, t. II A1, Stuttgart 1921, col. 904-905. Claude Nicolet s’en est occupé à propos de l’inscription d’Ephèse (Claude Nicolet, « À propos du règlement douanier d’Asie », CRAI, 1990, p. 675-698).

36 Gérard Chouquer et François Favory, L’arpentage romain, Paris, 2001, p. 176-177.

37 Umberto Laffi, « Il tema di Ager Compascuus », dans Ella Hermon (dir.), La question agraire à Rome : droit romain et société. Perceptions historiques et historiographiques, Coma, 1999, 111-210. Un passage de Hygin L’Arpenteur décrit l’attribution des pascua à la colonie (L’établissement des limites (Corpus Agrimensorium Romanorum IV, Hygini Gromatici Constitutio Limitum), Naples, 1996, p. 140-145 (=Thulin 164-165).

38 Michèle Ducos, « Les juristes romains et le domaine agraire », dans E. Hermon (dir.), La question agraire à Rome…, p. 123.

39 Christian Goudineau, « Le pastoralisme en Gaule », dans Charles R. Whittaker, Brent D. Shaw (dir.), Pastoral Economies in Classical Antiquity, Cambridge, 1988, p. 160-170.

40 Ph. Columeau, La fin d’un mode de vie…

41 Pierre Coste, Noël Coulet, « Que sait-on des origines de la transhumance en Provence ? », dans J.-C. Duclos, A. Pitte, L’homme et le mouton…, p. 65-70.

42 Christophe Chandezon, L’élevage en Grèce (fin ve-fin ier s. av. J.-C.). L’apport des sources épigraphiques, Bordeaux, 2003, p. 393.

Table des illustrations

Légende Fig. 1 : La Provence occidentale : Crau, Camargue, Alpilles. L’extension des zones humides correspond à leur état moderne (d’après O. Badan, J.-P. Brun et G. Congés, Bergeries romaines…, fig. 27, p. 300).
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