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Circulation des marchandises et réseaux commerciaux dans les Pyrénées (XIIe - XIXe siècle)

 | 
Jean-Michel Minovez
, 
Patrice Poujade

Études de cas

Les exportations des Pyrénées occidentales vers l’Espagne, milieu XVIIIe-début XIXe siècle

Jean-Michel Minovez

Résumé

Les Pyrénées ont connu au cours de leur histoire une vie intense de relations. Le commerce des marchandises locales en fait partie. Une portion importante de ce dernier était le fait de produits de l’élevage. Cette spéculation résultait d’une vocation pastorale de longue date corollaire de la médiocrité des aptitudes agricoles régionales. Elle répondait, en outre, à une demande espagnole toujours soutenue par le déficit du cheptel au Sud de la chaîne. Pour les mêmes raisons et parce que l’élevage ne fournit pas toutes les ressources nécessaires, les Pyrénéens français sont devenus pluriactifs ; ils ont développé notamment une importante industrie textile de la laine et du lin, entretenant un important courant d’échange avec les marchés ibériques. Il semblerait que ces activités aient sensiblement progressé jusqu’aux années 1770 pour régresser ensuite et devenir faibles au cours du XIXe siècle. Les évolutions politiques et économiques des zones frontalières comme celles des états y sont pour beaucoup et pour les industries, les rapports existant entre les produits, les marchés et les techniques paraissent déterminants. La difficulté réside dans notre capacité à mesurer cette évolution d’ensemble comme à en saisir les temporalités précises. Pourtant les sources ne manquent pas, mais elles sont souvent ponctuelles, hétérogènes, estimatrices, entachées d’erreurs et marquées par la fraude au point de ne fournir le plus souvent qu’une vision tronquée de la réalité. Toutefois, au XVIIIe et au début du XIXe siècle, les administrations françaises ont tenté de mesurer les quantités produites et le commerce qui pouvait en résulter. Incontestablement, la période révolutionnaire et impériale est celle qui a été la plus prolixe en la matière. Qualitatives et quantitatives, les sources statistiques qui en découlent nous permettent d’approcher le niveau de production et d’échange des activités économiques les plus importantes. Imparfaites, les évaluations chiffrées doivent être critiquées et croisées à d’autres documents puis resituées dans une tendance d’évolution sur le long terme. Les résultats obtenus nous donnent la possibilité de démontrer, par les chiffres, la dimension prise par le marché espagnol, premier débouché de la partie occidentale des Pyrénées françaises. Si les productions agricoles y ont pris une place très importante, l’industrie, largement ouverte sur l’extérieur, occupait la première position alors qu’elle n’était que seconde dans la production.

Texte intégral

1Si un certain nombre de produits issus de la partie occidentale des Pyrénées a connu une réputation qui a dépassé les frontières de la France – comme le jambon dit de Bayonne ou les mouchoirs de Béarn – force est de constater la méconnaissance des autres marchandises et notre incapacité à en mesurer les flux. Les études qui se sont intéressées à ce jour aux conditions de production comme à celles de la circulation ont faiblement mis en évidence les volumes, les rythmes de la production et du commerce, tant les sources chiffrées semblent faire défaut. Or dans l’étude des processus d’industrialisation, les recherches ont pu montrer l’importance jouée par la demande dans le démarrage économique moderne ; les liens qui existent entre produits, marchés de consommation et techniques paraissent aux chercheurs de plus en plus déterminants pour comprendre les phénomènes du développement et permettent de dépasser les analyses fondées sur l’étude seule des structures de production. Saisir la fabrication quantitativement et qualitativement, approcher la circulation des marchandises, c’est préparer le travail de compréhension des modes de consommation et de leur évolution et mettre ainsi en évidence une des clefs du processus d’industrialisation du XIXe siècle.

2Quantifier le commerce de part et d’autre des Pyrénées reste difficile car si les sources jusqu’alors explorées ont permis de nous éclairer en partie sur cette circulation par une assez bonne connaissance de la nature des flux, elles ont presque toujours abouti à des résultats essentiellement qualitatifs, l’approche des volumes restant encore à mettre en évidence. Pourtant, de nombreux documents existent et permettent cette approche quantitative ; on connaît bien les cahiers de péage, mais ils restent ponctuels, peu nombreux pour la période qui nous intéresse et, par essence, ignorent la contrebande ; les archives notariales sont aussi bien connues, mais elles sont plus riches en informations – exploitables directement – pour le début de la période que pour la fin et elles nous en apprennent plus sur les réseaux commerciaux que sur les volumes des marchandises ; on connaît aussi les enquêtes et mémoires de la monarchie et de la période de la Révolution et de l’Empire, ponctuels et hétérogènes, mais de plus en plus nombreux au rythme du développement du centralisme monarchique et de la mise en place d’une politique inspirée du mercantilisme.

3Ainsi, cahiers de péage et archives notariales, riches en données chiffrées qui sont donc le plus souvent ponctuels, ne nous permettent pas d’approcher la globalité des échanges dans la durée ; quant aux mémoires, leur limite est contenue dans leur caractère synthétique et estimateur. Mais n’en est-il pas de même de toutes la documentation fiscale ? Le développement des prohibitions et des taxes douanières des deux côtés des Pyrénées ont favorisé celui d’une vigoureuse contrebande dont les sources de ce type ne peuvent que difficilement rendre compte. Aussi peut-on penser que nulle source n’est en mesure d’appréhender d’une manière précise la réalité du commerce pyrénéen ; au mieux peut-on s’en approcher ; quand bien même cela serait-il vrai, faudrait-il pour autant renoncer a en faire son histoire ? En combinant vision partielle et tronquée de la réalité fournie par les sources ponctuelles et approche globale donnée par les documents de synthèse, il semble possible de tenter cette histoire.

  • 1 Général Serviez, préfet, Statistique du département des Basses-Pyrénées, Paris, Imp. des S (...)
  • 2 Jean-Claude Perrot et Stuart J. Woolf ont pu montrer en quoi la statistique descriptive de (...)
  • 3 Les tableaux de synthèse des exportations du département des Basses-Pyrénées proposés par (...)
  • 4 J.-C. Perrot, L’âge d’or de la statistique régionale française (An IV-1804), op. cit., pp. (...)
  • 5 Lacoste, Observations sur la Statistique du département des Basses-Pyrénées qui parut en l (...)

4Pour ce faire, notre choix s’est porté sur l’exploitation des enquêtes et des mémoires, notamment sur les annuaires statistiques de la période révolutionnaire française, en particulier sur la Statistique du département des Basses-Pyrénées du général Serviez, préfet des Basses-Pyrénées, publiée à Paris en 18021. Au cours de cette période, marquée par une intense activité statistique, un très grand nombre de documents ont pu être produits synthétisant des données recueillies pour l’occasion ou élaborées précédemment et dont certains originaux ont disparu des fonds d’archives2. Reprise par Lacoste, inspecteur des contributions du département des Basses-Pyrénées, la Statistique est vérifiée et amendée – sans que cela remette en cause les évaluations chiffrées du général Serviez3 – alors que le préfet Castellane, successeur de Serviez, avait échoué dans la tentative de correction de l’œuvre de son prédécesseur, faute de connaissances4. Dans les deux cas, Serviez, comme Lacoste, fondent leurs mémoires sur les données recueillies par l’administration et vérifiées pour chacune des localités5. Mais les enquêteurs ne se limitent pas à la prise en compte des chiffres fournis par les sources administratives et fiscales officielles, par un travail de terrain et de questionnaire, ils tentent d’approcher aussi la part que peut représenter la fraude et la contrebande ; ils l’intègrent dans leurs mesures qui ne donnent lieu qu’à des évaluations ; les valeurs arrondies le prouvent sans conteste.

  • 6 L. Viré, « La statistique napoléonienne dans les neuf départements belges », La statistiqu (...)
  • 7 M.-N. Bourguet, Déchiffrer la France. La statistique départementale à l’époque napoléonien (...)
  • 8 Ibid.

5De par son caractère estimateur, la source est forcément imparfaite. Pourtant – comme Liliane Viré le souligne –, même « si cet instrument paraît souvent inadéquat, s’il n’existe pratiquement aucun cas où il ne soit pris en défaut, le constat n’est nullement négatif. Seul un hypercriticisme stérile rejetterait les résultats tirés d’une source aussi riche sous prétexte qu’elle ne correspond pas à certaines exigences de rigueur. »6 Pour cette dernière raison, cette source bien connue des historiens n’a été utilisée par eux « qu’avec réserve ou suspicion. »7 Dans certains cas – et c’est celui des Basses-Pyrénées – les auteurs y ont eu même recours sans critique externe et sans en exploiter toute la richesse statistique. Des historiens ont pourtant montré comment, par le croisement des sources, l’emploi de la statistique départementale pouvait éclairer la réalité qu’elle entend décrire8.

6Aussi, par l’analyse de cette source il s’agit d’approcher d’une manière globale le commerce terrestre de la partie occidentale des Pyrénées entre la fin du XVIIIe siècle et le Consulat en en saisissant les grandes masses et ses fluctuations de structure. Toutefois, et afin de dépasser le seul éclairage de la Statistique, on la croisera avec les données des mémoires et statistiques du XVIIIe siècle, en particulier celles dues aux inspecteurs de l’Ancien Régime et aux administrations de la période révolutionnaire. Il s’agira de replacer les chiffres obtenus pour 1802 dans le cadre d’une évolution nous permettant de saisir les inflexions de production et des échanges associés, tout en éprouvant les données contenues dans la Statistique. Cela permettra de contextualiser la source principale étudiée et ainsi de mieux saisir les inflexions de la conjoncture et des difficultés d’interprétation qui y sont associées. Aussi, après avoir présenté d’une manière globale le résultat de l’analyse de la Statistique de 1802, on étudiera successivement par grands secteurs productifs les échanges terrestres avec l’Espagne. Toutefois et compte tenu des difficultés d’attribution précise de ce commerce, on débutera le propos par une mise au point sur l’identification des flux.

Analyse globale du commerce des Basses-Pyrénées en 1802

  • 9 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle. Deux cent mille provinciaux au siècle des Lu (...)
  • 10 M. Zylberberg, Une si douce domination. Les milieux d’affaires français et l’Espagne (vers (...)
  • 11 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 39, 41 et 57.
  • 12 J. Pontet, Bayonne. Un destin de ville moyenne à l’époque moderne, fin du XVIIe siècle-mil (...)
  • 13 F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, numéros spéciaux du bullet (...)
  • 14 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 523 ; d’après F. Jaupart, op. supra cit., p. 116.

7Les difficultés de la mesure du commerce avec l’Espagne ne reposent pas seulement sur les questions de quantification, elles tiennent aussi à l’identification certaine des flux terrestres. Le problème est en effet épineux, car les sources ne font pas toujours explicitement mention des voies empruntées par les produits. Pour les Pyrénées occidentales, les marchandises pouvaient aussi bien prendre la route des cols que celle des ports maritimes de Bordeaux ou de Bayonne. Cependant, nous savons que l’influence bordelaise directe sur le Béarn était à peu près nulle ; le silence notarial sur d’hypothétiques relations tendrait à le prouver9. En outre, jusque vers 1780 au moins, le débouché régional principal reste l’Espagne et il est certain que la péninsule ibérique n’a jamais représenté qu’un horizon secondaire pour Bordeaux10. Tel n’est pas le cas de Bayonne qui assure le lien essentiel entre la France et l’Espagne. Or, nous savons que depuis que les Béarnais avaient participé à la Reconquista, « ils avaient organisé à leur profit la frontière pyrénéenne. Pendant des siècles la souveraineté du Béarn, sa politique de neutralité avait fait de lui l’intermédiaire obligé entre les Pays de la Couronne d’Aragon, Valence comprise, et la France méridionale ». Cette situation n’était pas remise en cause à la fin de l’Ancien Régime puisque, malgré le déclin, « le Béarn maintenait des relations privilégiées avec les Pays de la Couronne d’Aragon ». Dans ce dispositif, les négociants d’Oloron occupaient une place clef ; ils détenaient, par exemple, « la fourniture de la boucherie de Saragosse »11. Toutefois, une partie de la production pyrénéenne s’écoulait en Espagne par Bayonne ; cela ne signifie pas pour autant que les marchandises empruntaient la voie maritime. Josette Pontet souligne à ce propos l’importance du trafic terrestre, à l’exclusion des relations avec le Pays basque espagnol, les Asturies et la Galice alors aux mains des caboteurs. La circulation terrestre domine donc dans les échanges avec la péninsule Ibérique et c’est ainsi que sont expédiés la plupart des produits manufacturés12. En outre, les mesures restrictives au commerce prises par les deux monarchies de Bourbon, pour les bestiaux comme pour les produits manufacturés, favorisent le développement d’une contrebande pyrénéenne facilitée par une intense vie de relations entre les vallées que les lies et passeries continuent de perpétuer dans le cadre des accords pastoraux. Ainsi, en 1752, presque tout le commerce de Bayonne avec la Navarre et l’Aragon se fait par terre à dos de mulet ; les cuirs et les pelleteries passent par les ports pyrénéens ; les exportations d’étoffes pour Pampelune se font par la route « pour laquelle c’est le seul mode possible », car la voie qui réunit Saint-Jean-Pied-de-Port au Béarn impose le passage par cette ville du commerce de la vicomté et de la Soule pour la Navarre13. Il est vrai que le mauvais raccordement des Pyrénées occidentales à Bayonne doit aussi jouer dans le choix du franchissement de la frontière par les cols ; en 1784, la route d’Oloron à Bayonne est encore très mauvaise et limite les possibilités de trafic14.

  • 15 P. Verley, L’Echelle du monde. Essai sur l’industrialisation de l’Occident, Paris, Gallima (...)

8Quoi qu’il en soit, et même si l’âge d’or de ce commerce appartient à un autre temps, les échanges terrestres de part et d’autre de la chaîne des Pyrénées restent vigoureux, au moins jusqu’au milieu du XIXe siècle. Ainsi, pour la partie occidentale des Pyrénées, le marché espagnol l’emporte largement dans le commerce d’exportation et les Basses-Pyrénées y réalisent 48 % des valeurs de leurs ventes extérieures. On peut même penser que ce chiffre est plus important dans la mesure où le commerce terrestre qui passe par Bayonne concerne probablement aussi principalement l’Espagne. Globalement, les marchés méditerranéens l’emportent nettement puisque une partie minoritaire des produits gagne le Levant (2 %) ou le Portugal (2 %) ; en cela, la région obéit à une structure de distribution largement partagée par les autres provinces du Sud et de l’arc atlantique15. Les marchés lointains sont ensuite ceux du Nord (14 %) ; la localisation est bien vague et renvoie aussi bien aux provinces françaises septentrionales qu’aux états de la Mer du Nord ou de la Baltique. La destination des produits nous permet de savoir que les principaux marchés sont surtout la Hollande, les pays scandinaves et les états d’Allemagne du Nord. Les produits des Pyrénées gagnent aussi par Bayonne et Bordeaux les marchés exotiques, d’abord ceux des colonies espagnoles d’Amérique, des îles françaises, des côtes africaines ou des Indes. Au plus près, les Basses-Pyrénées entretiennent aussi un commerce de proximité avec les départements environnants dans une proportion de 20 %. L’aire de diffusion est ici aussi très floue. Toutefois, si les circonscriptions voisines semblent absorber l’essentiel des exportations, on trouve des catégories de produits qui gagnent des marchés plus lointains ; c’est particulièrement le cas des productions lainières, notamment des fameuses capes de Béarn qui se négocient tout au long de la chaîne pyrénéenne.

9Les exportations sont représentées d’abord par les produits de l’artisanat et de l’industrie. Les textiles constituent à eux seuls 34 % du total mais seulement 20 % du commerce avec l’Espagne, car en 1802, une grande partie des tissus de laine se négocient en France, dans les départements environnants. Les marchés des cuirs et peaux conservent une diversification beaucoup plus grande, mais les Espagnols en absorbent toujours l’essentiel avec 17 % des exportations. Les papiers viennent ensuite pour seulement 8 % du total de la valeur exportée, mais pour 17 % de celle concernant spécifiquement l’Espagne ; la production s’est en effet développée essentiellement en s’appuyant sur les marchés ibériques et surtout sur ceux de l’Espagne et de ses colonies. Au total, l’ensemble de ces produits représente, en valeur, 54 % des exportations pour l’Espagne. Le reste est constitué par les ventes des produits de l’élevage et des salaisons avec 26 % du total du commerce des Basses-Pyrénées ; les porcs et les jambons arrivent en tête de ce négoce, le quart étant destiné aux marchés français et coloniaux ; les exportations sont ensuite composées essentiellement de cheptel vif avec dans l’ordre les mulets, les moutons et les bovins, les chevaux et juments n’occupant qu’une faible part de l’ensemble ; au total, le cheptel vif et les salaisons représentent 46 % des exportations terrestres vers l’Espagne. Le reste du commerce des Basses-Pyrénées (15 %) est d’abord représenté par les vins (pour 10 %) qui ne gagnent que les marchés du Nord ; viennent ensuite les laines (pour 4 %), produits de basse qualité qui se négocient dans les départements voisins pour la confection des basses étoffes ou des lisières de draps de meilleure qualité ; on trouve enfin le sel (pour 1 %) qui a aussi son débouché dans les circonscriptions administratives voisines.

Élevage et produits associés

  • 16 G. Béaur et P. Minard, Atlas de la Révolution française, 10, Economie, Paris, Ed. de l’Eco (...)
  • 17 M M.-P. Foursans-Bourdette, Economie et finances en Béarn au XVIIIe siècle, Bordeaux, éd. (...)

10L’élevage revêt une importance d’autant plus grande que l’agriculture ne parvient jamais à satisfaire les besoins de la population locale. Si l’on se réfère aux enquêtes de l’Empire, on s’aperçoit que le département des Basses-Pyrénées est un des plus déficitaires en matière céréalière entre 1810 et 1813, ce qui confirme une situation sans doute valable pour tout le XVIIIe siècle16. Si l’on prend l’exemple du Béarn, des trois vallées d’Ossau, d’Aspe et de Barétous, la dernière est la seule qui se suffise en grain et en exporte. La vallée d’Aspe ne produit pas deux mois du grain qu’elle consomme, aussi est-elle la vallée la plus riche en troupeaux17. Compte tenu des possibilités naturelles offertes par la région et à la pratique de la petite polyculture, l’élevage ne peut être que borné et n’entrer que dans une faible proportion dans le commerce du département. Toutefois, le système agropastoral fondé sur une transhumance touchant tout à la fois les estives et les pâturages de plaine hors du département permet d’entretenir des troupeaux bien plus importants que les ressources locales ne l’autoriseraient. De ce fait, l’agriculture, qui est le premier secteur productif, est aussi le second secteur d’exportation du département pour 1 240 000 francs en 1802.

  • 18 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 68 ; concern (...)
  • 19 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., p. 59.
  • 20 M. Bordes, D’Etigny et l’administration de l’intendance d’Auch (1751-1767), Auch, Imp. Fré (...)
  • 21 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 61.
  • 22 M. Bordes, D’Etigny et l’administration de l’intendance d’Auch (1751-1767), op. cit., p. 6 (...)
  • 23 M.-P. Foursans-Bourdette, Economie et finances en Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 58 (...)

11Pour le gros cheptel, il est frappant de constater la nette domination du commerce des mulets – 200 000 francs – en particulier sur celui des chevaux – 20 000 francs. Le général Serviez lie le phénomène à la conjoncture et assimile la chute du commerce de la race chevaline à « la diminution des fortunes de guerre », à la « destruction des haras » et à « l’abâtardissement des chevaux ». En revanche, le commerce des mulets se serait accru, malgré une infériorité en qualité de la race pyrénéenne18. Le pays possédait pourtant une race chevaline dite navarraise d’origine arabe recherchée pour ses qualités militaires de feu et de docilité. La création des haras au XVIIe siècle, sa réglementation nationale en 1718 et sa réforme provinciale par l’intendant d’Etigny au milieu du XVIIIe, avaient eu pour but de promouvoir la production de chevaux dont Serviez nous dit qu’ils « étaient si recherchés jadis, et si propres à l’arme de la cavalerie légère ». En fait, les encouragements ne permirent jamais vraiment un développement de cet élevage. Peut-être même provoquèrent-ils le contraire ; l’interdiction faite aux paysans de faire saillir librement leurs juments pour empêcher l’abâtardissement aurait pu provoquer la diminution de l’élevage chevalin19. En réalité, les difficultés de développement de l’activité sont à rechercher dans l’organisation même du système agropastoral de frontière. Pour des questions économiques, les paysans béarnais préfèrent employer les bovins pour les labours : ils sont moins coûteux à l’achat et à l’entretien et moins fragiles que les chevaux. Toutefois, les juments sont utilisées pour tirer chariots et charrettes et offrent la possibilité d’un petit élevage. Comme la production de mulets est bien moins aléatoire et plus rémunératrice que celle des chevaux – dès l’âge de six mois, on pouvait vendre un mulet entre 80 et 100 livres alors que les poulains d’un an ne se négociaient qu’aux alentours de 80 livres et ceux de dix-huit mois à deux ans entre 100 et 120 livres20 – les paysans préfèrent « livrer [leurs juments] aux baudets », d’autant que la forte demande espagnole de mulets les y encourage21. Leur élevage ne cesse alors de progresser en Basse-Navarre, en Soule, en Béarn et en Bigorre22. Les troubles de la Révolution ne viennent pas modifier une tendance largement amorcée au XVIIIe siècle et qui s’accentue même dans son dernier tiers ; la conjoncture n’y est pourtant pas totalement étrangère puisque l’épizootie bovine de 1774-1775, très durement ressentie en Béarn, avait eu aussi pour effet d’accroître l’élevage de mulets23.

  • 24 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 69.
  • 25 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 53-54.
  • 26 M.-P. Foursans-Bourdette, Economie et finances en Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 51 (...)
  • 27 Comte Chaptal, De l’industrie françoise, Paris, Renouard, 1819, p. 198.

12L’élevage de la race chevaline est donc accessoire pour les paysans des Pyrénées occidentales alors que celui des mulets représente l’élevage de gros cheptel le plus important à des fins spéculatives. Il en est de même, en partie, pour les bovins et les ovins. Les premiers fournissent le lait et servent d’animaux de labour. Les bœufs et les vaches des Basses-Pyrénées prennent toujours la route de l’Espagne en 1802 alors que les boucheries du département doivent s’approvisionner dans les départements voisins, comme au XVIIIe siècle24. Pourtant, le courant d’exportation paraît bien faible avec seulement 100 000 francs estimés. Il faut dire que le cheptel de la région ne s’est jamais réellement remis de la terrible épizootie de 1774-1775 ; elle entraîna la destruction de 110 966 têtes de bétail sur 126 862, soit 87,46 % du troupeau béarnais pour une perte totale estimée à 4 826 445 livres25. En outre, la crise générale des fourrages et les restrictions espagnoles à l’importation auraient empêché définitivement la reconstitution du troupeau26 et limité de ce fait la commercialisation des bovins de la région. Malgré cela, le troupeau des Basses-Pyrénées aurait atteint, selon Chaptal, 103 160 têtes en 181227, ce qui est loin d’être négligeable et prouve qu’une grande partie du bétail a été reconstituée à cette date.

  • 28 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 69.
  • 29 M.-P. Foursans-Bourdette, Economie et finances en Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., p. 48.
  • 30 Ibid., op. cit., p. 46.
  • 31 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 67.
  • 32 Selon Christian Desplat, le maïs aurait fini par s’imposer définitivement au détriment des (...)

13Comme pour les bovins, le commerce des ovins est destiné aux boucheries espagnoles. L’exportation ne s’effectue qu’au printemps, après la tonte28. Les ovins forment, à l’exclusion des volailles, les effectifs animaux les plus importants : en Ossau les troupeaux comportent 10 à 30 brebis alors qu’en vallée d’Aspe ils atteignent 50 à 100 têtes29. Pourtant, le commerce reste limité à 120 000 francs en 1802. Les ovins ne représentent pas, en effet, l’essentiel de la spéculation sur le petit cheptel. Dans les économies rurales à faibles revenus, les animaux de basse-cour occupent avec les porcs une place essentielle – ici première – dans l’alimentation des populations et dans la constitution d’un petit commerce ; la vente d’un porc permet souvent de fournir au paysan le numéraire nécessaire à l’achat de quelques porcelets ou d’adultes à engraisser, une partie était destinée à la consommation familiale, l’autre étant vendue pour boucler le cycle économique. En Béarn, le paysan achète au XVIIIe siècle les porcs dans la vallée de la Garonne, en Périgord ou en Quercy pour les engraisser et les tuer en décembre30. Le développement du négoce de ces animaux vivants a été favorisé par la demande espagnole au point que Serviez y voit là le débouché unique31. L’augmentation de la production de maïs32 aurait permis de répondre à cette demande en fournissant l’aliment indispensable à l’engraissement des porcs. Aussi, leur négoce, ainsi que celui des salaisons pour l’Espagne atteint une valeur appréciable de 600 000 francs en 1802.

  • 33 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 83.
  • 34 Comme l’épizootie bovine avait pu aussi le faire, cf. J. Pontet, Bayonne. Un destin de vil (...)
  • 35 F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 170, 185, 22 (...)
  • 36 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 85.

14En effet, la forte présence de l’élevage se traduit par plusieurs productions dérivées au rang desquelles les salaisons occupent la place essentielle avec les cuirs et peaux. Un des produits les plus réputés est le jambon de Bayonne qui doit son nom à la ville qui lui sert de principal entrepôt avec Bordeaux, et dont le commerce est dans les mains des négociants des deux ports. Même si une grande partie est écoulée par voie maritime et gagne les marchés français et ceux des colonies, une autre très importante trouve aussi son débouché en Espagne. Cette production a pu se développer en grande partie sous l’Ancien Régime grâce à l’existence sur place du sel de Salies exempté de la gabelle, la province étant traitée fiscalement « à l’instar de l’étranger effectif ». Avec les salaisons, les produits induits par l’élevage sont les cuirs qui avec les pelleteries ont un commerce estimé à 800 000 francs. Cependant, l’essentiel de l’activité doit peu à la mise en valeur des ressources locales, même si « les troupeaux nombreux des vallées […] fournissent [les cuirs en] grande quantité »33. Si une fraction des peaux et des cuirs traités sont originaires de la région, la majeure partie est importée, même dans le cas des produits bovins. Le Canada a été le premier pourvoyeur de matière première jusqu’à sa perte qui a perturbé temporairement l’activité34. Depuis, les approvisionnements se font aussi bien en Angleterre, qu’au Portugal, qu’à Hambourg ou Amsterdam. Il semblerait toutefois que la plus grande partie des cuirs provienne d’Espagne. Les peaux, « préparées à Hasparren, Orthez et surtout à Arudy, où il existe des mégisseries », forment la quasi-totalité d’un trafic très diversifié qui gagne les marchés du Nord, du Portugal, de Bordeaux et de Bayonne. L’essentiel est donc écoulé par voie maritime, mais une partie gagne aussi les marchés espagnols par voie de terre, comme les 300 000 francs de cuirs exportés. Au XVIIIe siècle, le marché espagnol représente le principal débouché de cette industrie ; les ventes de peaux de chamois, de chevreuils, de cerfs et d’orignaux ont pu atteindre 82 000 pièces, celles des moutons se sont situées entre 3 000 et 15 000, celles des bœufs entre 3 000 et 8 000, celles des veaux entre 1 000 et 9 000. Les autres marchés étaient maritimes ; il s’agissait en particulier de ceux des pays du Nord dont les ventes oscillaient entre 4 000 et 70 000 peaux, puis celui de Hollande pour 2 000 à 25 000 pièces35. En 1802, le marché espagnol s’est indéniablement rétracté pour les pelleteries puisqu’il n’est plus évalué qu’à environ 100 000 francs36.

Le textile lainier et linier

15Si pour les raisons exprimées précédemment l’élevage n’offrait que des possibilités limitées de croissance, tel n’est pas le cas des produits de l’industrie dont la production était susceptible de connaître de grands développements du fait de l’appel des marchés internationaux et au premier chef de ceux dépendant de l’Espagne. En 1802, malgré les difficultés, les exportations de produits industriels atteignaient 2 850 000 francs : 1 250 000 francs de ces marchandises prenaient la route d’Espagne dont 450 000 francs de textiles.

  • 37 C. Dartigue-Peyrou, La Vicomté de Béarn sous le règne d’Henri II d’Albret, 1517-1555, Pari (...)
  • 38 A. Marcos Martín, España en los siglos XVI, XVII y XVIII. Economía y sociedad, Barcelone, (...)
  • 39 F. Brumont, « Des relations sans frontières : le commerce franco-navarrais au début du XVI (...)
  • 40 T. J. Markovitch, Histoire des industries françaises. Les industries lainières de Colbert (...)
  • 41 G. G. Anthony, L’industrie de la toile à Pau et en Béarn de 1750 à 1850, Bordeaux, éd. Biè (...)
  • 42 Ibid., p. 51.

16La production textile de Béarn est ancienne et remonte au moins au début de l’époque moderne37. Sa montée en puissance est plus récente et tient au développement de la demande espagnole, et à celle des marchés coloniaux. En effet, au cours du XVIIe siècle, les industries textiles au Sud des Pyrénées entrent en décadence38. Au XVIe siècle, les importations navarraises en Béarn de draps ou de bas de la vallée de Roncal étaient importantes ; elles chutent au début du XVIIe siècle et progressivement l’Espagne, d’exportatrice, devient importatrice de produits textiles39. Cela a pour effet de dynamiser la fabrication de lainages au Nord des Pyrénées. La forte croissance du commerce entre la France et l’Espagne dans la première moitié du XVIIIe siècle ne semble pourtant profiter que peu à l’industrie béarnaise dont le développement s’effectue surtout après 1750-1760 pour atteindre son maximum aux alentours de 1780. Le maintien de la demande espagnole aurait ainsi permis à la fabrication béarnaise de connaître un développement sensible, la valeur de la production passant de 400 000 livres en 1727 à 2 400 000 livres au début de la Révolution française40. Parallèlement à la production de tissus, le Béarn – Oloron et sa région en particulier – a développé une industrie de bas de laine, répondant ainsi à une forte demande du marché espagnol. A côté des productions à base de laine, l’activité textile principale était représentée par l’industrie du fil. Ancienne, elle resta, durant la plus grande partie de la période moderne, une activité familiale et complémentaire dans les campagnes, artisanale dans les villes et les bourgs. La progression ne se fait que très lentement et il faut attendre le milieu du XVIIIe siècle pour assister à un essor à caractère industriel41. La quasi-absence de statistiques la concernant en rend la mesure particulièrement délicate. Cependant, on peut tenter d’approcher sa mutation à travers l’étude de la population fiscale ; si l’on se réfère à l’évolution du nombre des tisserands de toiles palois mentionné dans les registres de la capitation, on s’aperçoit que leur nombre est stagnant à un bas niveau – entre 36 et 52 – jusqu’en 1757. Il est ensuite nettement orienté à la hausse, s’accélérant même entre 1773 et 1790 pour atteindre à cette date le nombre de 24842.

  • 43 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., p. 132.
  • 44 Arch. nat., F12, 1377 ; Rapport de l’inspecteur des manufactures, 1727.
  • 45 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 284 ; Etats des étoffes fabriquées, visitées et marqué (...)
  • 46 Arch. nat., F12, 1344 et 1347 ; Tableaux dressés en ventôse an III (février-mars 1795).
  • 47 Annuaire des Basses-Pyrénées pour l’an XI.

17À partir des années 1770, l’évolution entre les branches textiles se fait discordante ; l’industrie du fil semble entrer dans une phase de forte croissance alors que celle des lainages débute une période de déclin irréversible. Pour Christian Desplat, l’industrie textile du Béarn connaît une crise générale qui débute en 1776 et se poursuit jusqu’à la Révolution43. On dispose de très peu de renseignements chiffrés au XVIIIe siècle pour mesurer le phénomène. Pour les tissus de laine, en dehors d’un rapport de 172744, on ne possède qu’une seule série relativement homogène entre 1767 et 1772 due à Carget, inspecteur des manufactures de Bayonne45. Les données statistiques sont ici fondées sur les droits payés dans les bureaux de marque de l’inspection. On ne trouve plus ensuite que des évaluations établies par les agents nationaux à l’occasion de l’enquête de l’an III46. Pour la production de bas, les informations sont encore plus indigentes et on ne peut guère s’appuyer que sur les estimations des marchands d’Oloron contenues dans divers mémoires de la fin de l’Ancien Régime et de la période révolutionnaire et impériale. Il en est à peu près de même pour l’industrie du fil que l’on ne peut approcher qu’à travers des sources postérieures datant toutes les deux de 1802 : l’Annuaire des Basses-Pyrénées47 et la Statistique du général Serviez.

  • 48 Arch. nat., F12, 1344 et 1347 ; Tableaux dressés en ventôse an III (février-mars 1795).
  • 49 Arch. nat., F12, 654 ; Carget, inspecteur des manufactures de Bayonne, 24 avril 1779, cité (...)
  • 50 S. Chassagne, « L’industrie lainière en France à l’époque révolutionnaire et impériale (17 (...)
  • 51 T. J. Markovitch, Histoire des industries françaises, op. cit., p. 337.
  • 52 Voir à cet effet la cartographie de Serge Chassagne : S. Chassagne, « L’industrie lainière (...)
  • 53 Mémoire des marchands d’Oloron, 26 avril 1788 ; cité à partir de la publication de G. Dumo (...)
  • 54 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 71.
  • 55 D’autant que les couvertures faisaient l’objet d’une demande importante de la part de la M (...)

18Toutefois, les chiffres dont on dispose pour les tissus de laine ne sont pas sans poser problème ; on peut, en effet, être surpris des valeurs avancées dans l’enquête de l’an III pour la période « avant la guerre » car, comparées aux données fournies par les inspecteurs, elles peuvent laisser penser à une croissance de la production de 150 % pour les vingt dernières années de l’Ancien Régime48. L’aspect invraisemblable du résultat tient à la forte hétérogénéité des sources ayant permis son calcul ; le problème méthodologique majeur réside dans le fait que les chiffres fournis par Carget s’appuient sur les pièces réellement enregistrées, alors que de l’aveu même de l’inspecteur, « on marque peu d’étoffes, eu égard à celles qui se fabriquent ». Aussi, Carget considère-t-il que l’on « ne doit point faire fonds sur les états dressés sur les relevés des registres tenus dans les bureaux de fabrique pour s’assurer du commerce qui se fait […] des étoffes dans [son] département »49, car ils ne peuvent qu’être sous-évalués. Il en va différemment des données fournies pour l’enquête de l’an III qui semblent au contraire totalement surévaluées ; nous savons, en effet, les difficultés auxquelles les agents nationaux ont dû faire face pour répondre aux questions, aussi, nombre des réponses ne peuvent être que des estimations voire des calculs interpolés, avec tous les risques d’erreurs que cela comporte, face à l’incapacité de réunir l’information nécessaire50. Dès lors, ces chiffres ne valent que pour eux-mêmes et ne peuvent être comparés qu’avec ceux élaborés à partir d’une source identique ou estimés par le même individu. Or, c’est sur ces indications que Tihomir Markovitch s’est fondé pour calculer l’évolution de la production des manufactures de la généralité de Pau au XVIIIe siècle ; cela l’avait conduit à conclure à un taux de croissance formidable des industries lainières régionales de 4,6 % par an grâce à la multiplication par 16 de la fabrication entre 1727 et 178951. Un simple calcul d’estimation de la valeur produite permet d’invalider un tel résultat. En se fondant sur les longueurs courantes ou moyennes de chacune des catégories de tissus et sur les évaluations de l’enquête du nombre de pièces produites, on a estimé la valeur qu’aurait due avoir la production totale de la généralité de Pau. Pour ce faire on a choisi d’appliquer, d’une part les prix les plus faibles observés dans le dernier tiers du XVIIIe siècle (années 1770), d’autre part de s’appuyer sur les prix particulièrement élevés donnés dans l’enquête de l’an III, afin de pouvoir encadrer notre estimation d’un minimum et d’un maximum. On aboutit, dans les deux cas, à des valeurs totalement invraisemblables comprises entre 5 et plus de 11 millions de livres. Cela est dû à une surévaluation par les agents nationaux du nombre de pièces d’étoffes courantes produites – de type cordeillats, cadis, rases, d’environ 54 aunes de long – ainsi que des confusions qui peuvent exister sur la longueur de certains lainages ; il faut en effet garder à l’esprit que les couvertures ont des longueurs comprises entre 2 et 2,5 aunes, les jupes ne font plus que 2 aunes 3/8 à la fin de l’Ancien Régime et les capes 3 aunes ; la confusion est encore possible en appliquant aux jupes leur ancienne longueur (29 aunes) et en confondant les capes (3 aunes) avec les capas, genre de mauvais cordeillats de 13 à 14 aunes de longueur. En prenant en compte la petite dimension d’une très grande partie de la production des Pyrénées occidentales, on comprend mieux aussi le nombre flatteur des métiers à tisser recensés dans l’enquête de l’an III qui, comparativement au reste du Sud-Ouest, laisserait penser à l’existence dans la région de la première industrie des Pyrénées52. En réalité, il ne fait que refléter la multiplication des métiers occupés à la confection des tissus de petite dimension tels que couvertures, jupes et capes de Béarn. Pour autant, cela invalide-t-il l’idée d’une possible croissance, ou tout au moins du maintien, de la confection de tissus entre la fin des années 1770 et la Révolution ? Si l’on se réfère aux différents mémoires de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, la fabrication des étoffes diminuerait dans de fortes proportions, à l’image de celle des bas, au point que « les fabricants du Béarn sont dans un état de crise d’autant plus violent que s’ils n’obtiennent un prompt secours ils se voyent menacés d’une chute absolue et inévitable »53. Serviez confirme en 1802 la chute des manufactures locales « d’étoffe[s] grossière[s], nommée[s] cordeillats » tombées avec celles des bas auxquelles elles étaient liées54. Si l’on s’en tient aux estimations du préfet des Basses-Pyrénées évaluant le commerce extérieur au département des cadis et draps de Nay à 200 000 francs, des cordeillats à 130 000, des étoffes de Bruges à 40 000, il paraît indéniable que la production des étoffes de laine de dimension courante a non seulement chuté durant la Révolution – si l’on conserve l’idée d’une baisse de 50 % à partir de l’enquête de l’an III –, mais qu’elle n’a fait que poursuivre un phénomène amorcé avant elle ; on ne produisait plus en 1802 que quelques milliers de pièces d’étoffes courantes – probablement entre 2 000 et 4 000 pour l’exportation – chiffre qui, sans négliger l’autoconsommation locale, ne pouvait être qu’inférieur à la fabrication des années 1770, surtout si l’on admet la forte part de fraude dans la marque des tissus. Aussi, peut-on penser que la confection d’étoffes de dimension courante a au mieux stagné entre la fin des années 1770 et la Révolution. Il est plus probable qu’elle ait régressé au profit du développement de produits de basse qualité de petite dimension comme les capes ou les couvertures ; avec une valeur de 300 000 francs, le nombre de ces dernières peut être évalué en 1802 entre 30 000 et 50 000 pièces, quant aux capes de Béarn, avec 120 000 francs, elles ont pu encore en représenter, à la même époque, 9 000 à 15 000. Ces lainages auraient donc continué de croître dans les dernières décennies de l’Ancien Régime et leur déclin aurait été limité durant la période de la Révolution et de l’Empire55.

  • 56 Pétition des fabricants d’Oloron ; citée à partir de la publication de G. Dumonteil par fa (...)
  • 57 Ibid., p. 192.
  • 58 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., pp. 71-72.
  • 59 G. Dumonteil, « La crise du commerce et de l’artisanat textile à Oloron », loc. cit., pp.  (...)
  • 60 Arch. nat., F12, 1397 ; Rapport de Bize, inspecteur des manufactures du département de Bay (...)

19Ce type de confusion n’existe pas pour la bonneterie car il n’est pas possible, en la matière, de se perdre dans le maquis des dénominations de produits. Pourtant, les estimations de la vigueur puis de la chute de l’activité semblent poser tout autant problème. Si l’on reprend les évaluations effectuées par les fabricants de bas d’Oloron et de Sainte-Marie en 1801, on aurait compté 900 métiers en activité en 1778 qui, permettant de fabriquer 60 douzaines de bas chacun, donnaient 54 000 douzaines. Vendues chacune 18 francs, elles généraient 972 000 livres qui, distraction faite des 256 500 livres d’achat des matières propres à la confection, offraient un bénéfice de 715 500 livres56. En 1788, l’activité se serait effondrée, le nombre de métiers tombant « au-dessous de moitié ». La situation se serait aggravée sous la Révolution et au début de l’Empire puisqu’on n’aurait plus compté que 82 métiers battants57. Cette chute spectaculaire est en partie confirmée par Serviez – qui a dû s’appuyer très probablement sur la même source –, mais qui réduit pourtant les évaluations comme conscient de leur exagération ; aussi considère-t-il que le nombre de métiers est passé de 800 à 100 et que le bénéfice produit était de 500 000 francs58. Il confirme cependant la tendance générale, même s’il en minimise quelque peu les effets. Toutefois, s’il est indéniable que la crise a été très marquée, l’effondrement attribué à la période révolutionnaire et impériale paraît invraisemblable. Remarquons tout d’abord que pour produire 150 000 francs de bas – encore ne prend-on en compte ici que les exportations –, les Béarnais auraient dû entretenir un nombre de métiers battants que l’on peut estimer à 190 en 1802. En outre, si l’on se réfère aux calculs effectués par Dumonteil à partir des sources de l’état civil, la population occupée à la fabrication des bas à Oloron aurait baissé au maximum de 35 % entre les années pré-révolutionnaires et 181759. De plus, si l’on s’appuie sur le recensement des métiers effectué par l’inspecteur Bize en 178660 et qu’on le compare à notre évaluation faite pour 1802, la diminution du nombre des métiers battants serait de 18 % ; même si l’on peut considérer ce chiffre comme trop favorable, on est loin des 56 % de Serviez ou des 64 % de chute que les mémoires des fabricants et négociants oloronais laissaient entendre. L’effondrement de la production de bas ne daterait donc pas de la Révolution et de l’Empire mais bien des années 1780.

  • 61 Annuaire des Basses-Pyrénées pour l’an XI.

20Alors que la très grande majorité des fabrications en laine traverse d’importantes difficultés, l’industrie du fil connaîtrait au contraire une vigoureuse croissance. La réalité précise du phénomène paraît toutefois difficile à évaluer car les sources statistiques portant sur la production font cruellement défaut. On ne dispose, en effet, que d’estimations extrapolées à partir du nombre de métiers. Ainsi, l’Annuaire des Basses-Pyrénées61, tout comme Serviez, avance le chiffre de 60 000 douzaines de mouchoirs – en comptant 30 douzaines par atelier – au début des années 1780. La production aurait alors connu un bond depuis la fin des années 1770 où la fabrication n’était estimée qu’à 20 000 douzaines. A partir de 1786, la production connaîtrait à son tour une diminution sensible. Toutefois, nous sommes ici à la marge du sujet qui nous intéresse puisque la majorité de cette fabrication était destinée aux Antilles. Une moindre partie, comme celle des toiles, gagnait toutefois le marché espagnol par voie terrestre. Mais les évaluations font ici presque totalement défaut ; les sources qualitatives mentionnent aussi des difficultés pour cette production et on sait qu’elle représente, avec les mouchoirs pour l’Espagne, un commerce de seulement 200 000 francs, bien loin des extrapolations en valeur que l’on peut faire à partir du nombre des métiers battants des années 1780.

Le papier

21Si l’industrie textile se détache nettement de toutes les autres en terme de production, l’activité papetière – comme celle des cuirs et peaux – rivalise avec les produits lainiers et liniers sur les marchés espagnols. En 1802, dans un contexte de rétractation des débouchés, les Basses-Pyrénées écoulent encore pour 400 000 francs de papier sur les marchés ibériques et sur ceux qui en dépendent.

  • 62 J.-M. Minovez, « Les artisans aux champs dans les draperies des Pyrénées centrales, fin XV (...)
  • 63 Arch. nat., F12, 2281, dossier I ; Mémoire de Carget sur la demande d’un intendant du comm (...)
  • 64 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 82.

22Malgré les risques d’erreurs et les approximations des informations, l’ancienneté de l’activité papetière des Pyrénées occidentales ne fait pas de doute ; toutefois, on peut avancer que plus de la moitié des créations de papeteries de la région est effectuée au XVIIIe et au début du XIXe siècle. Cela correspond à la période d’accroissement de la production des moulins qui, si l’on en croit l’inspecteur Carget, ne daterait que de la seconde moitié du XVIIIe siècle62. En effet, avant 1750, la fabrication était très faible en quantité et en qualité, les papiers n’étant « ny bon ny beaux ». Les débouchés étaient aussi limités, aucune exportation n’était alors réalisée, malgré la proximité des marchés ibériques. Vers 1760, l’appel du marché espagnol eut pour effet de provoquer une mutation dans la nature des débouchés et dans la quantité de papier produite. Les fabricants, exploitant un marché jusque là négligé, voulurent profiter au maximum de la conjoncture. Ils fabriquèrent vite et beaucoup au détriment de la qualité63. Ils subirent aussi la concurrence des Génois, qui proposèrent des papiers plus adaptés au marché espagnol64. Ces deux causes eurent pour effet de provoquer la chute de la demande espagnole, entraînant une crise de sept à huit ans.

  • 65 Arch. nat., F12, 2281, dossier I ; Mémoire de Carget, 30 juin 1771, fol. 11.
  • 66 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 82.
  • 67 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 283 ; Envois pour 1763 ; Arch. dép. Pyrénées-Atlantiqu (...)
  • 68 Arch. mun. Bayonne, G, 66 ; source citée par F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne (...)
  • 69 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 82 ; A. Nico (...)
  • 70 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 85.
  • 71 Arch. mun. Bayonne, G, 66 ; source citée par F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne (...)
  • 72 Arch. nat., F12, 2281, dossier I ; Mémoire de Carget, 30 juin 1771, fol. 9.
  • 73 Cf. supra, sources citées dans la note 68.
  • 74 Arch. nat., F12, 2281, dossier I ; Mémoire de Carget, 30 juin 1771, fol. 10 ; F. Jaupart, (...)

23Les fabricants portèrent alors leur attention sur la qualité au point qu’au début des années 1770 « touts se piqu[aient] de bien travailler »65. Ils imitèrent aussi la production génoise, en particulier les trois Ô façon de Gênes66 qui représentaient une production dix fois supérieure à tous les autres papiers, en particulier à celle de la première sorte : les fleurets. La production augmente alors sensiblement, même si les statistiques ne permettent jamais de le prouver directement. On dispose en revanche de données traitant des envois de papiers des Pyrénées occidentales à Bayonne pour neuf années entre 1763 et 1782. Les chiffres montrent, après les hésitations des années 1760, une croissance sensible dans les années 1770 suivie d’une stabilisation au début des années 178067. La domination numérique des fleurets ne doit pas laisser pour autant penser à une finesse de la production des Pyrénées occidentales ; l’ensemble des sources du XVIIIe siècle s’accorde à décrire le caractère commun des papiers. Pour obtenir la blancheur parfaite et la minceur requise pour les fleurets, il aurait fallu pouvoir disposer d’une belle matière première. Or, les difficultés d’approvisionnement en vieux linge suffisamment beau et fin constituent, pour l’inspecteur des manufactures, un « obstacle invincible à la perfection et à l’accroissement de ce papier »68. Aussi, en 1802, la production reste-t-elle commune, et les papiers, « quoique bons et fournis dans leur genre » ne sont pas perfectionnés en raison du débouché facile que semble encore leur offrir l’Espagne69. Il est toutefois difficile de savoir avec précision quelles sont les destinations des différentes qualités, même si l’on sait que l’Espagne n’absorbait pas tout et qu’une partie du commerce concernait aussi la France et ses colonies. Pourtant, pour Serviez, la totalité du commerce hors département, s’élevant à 400 000 francs, gagnerait l’Espagne70. D’autres sources du XVIIIe siècle laissent penser que les papiers sont surtout consommés dans le Nord-Ouest du pays : dans la province d’Alava, en Guipúzcoa ou en Galice. Les villes de Bilbao, Vitoria, Gijon, Oviedo ou Bego « n’en consomment et ne veulent pas en consommer d’autres que ceux fabriqués par les fabriques de Bagnères, de Tarbes et du Béarn »71. Or, pour Carget, la première sorte, ou papier fleuret, était expédiée aux Indes par Cadix et servait « a faire des pipes pour fumer qu’on nomme sygarres », alors que la seconde, « pour ecrire ou autres usages », était réservée au marché espagnol72. Ces conclusions divergentes ne sont pas sans poser problème lorsqu’on sait que les fleurets l’emportaient largement dans les échanges avec l’Espagne comme le prouve l’état comparatif des quantités de papiers envoyées par Bayonne portant sur sept années entre 1763 et 1782 (69 % des envois)73. Le débouché principal ne serait donc pas l’Espagne mais bien ses colonies. Si une partie des papiers emprunte bien la route des cols pyrénéens par Oloron et Saint-Jean-Pied-de-Port74, l’essentiel passerait donc par Bayonne et emprunterait la voie maritime, du moins jusqu’aux guerres de la Révolution et de l’Empire. Il est difficile de trancher d’autant que les états des papiers fleurets passés et visités au bureau de Bayonne n’indiquent jamais autre chose que « pour l’Espagne ».

  • 75 F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, op. cit., p. 405.
  • 76 Arch. nat., F12, 1597, dossier 100 ; Circulaires du 25 novembre 1811 sur la situation des (...)

24Avant la guerre, si les marchés ibériques et ceux de leurs colonies dominaient sans conteste, une partie non négligeable de la production gagnait les îles françaises – pour des envois sensiblement identiques à ceux du Portugal. Les exportations touchaient aussi les Indes et dans une moindre mesure la Nouvelle-Orléans et la Guinée75. En 1802 ce débouché semble tari. Il n’est plus fait non plus mention des envois par Cadix. A cette date, seule l’Espagne absorberait le papier des Basses-Pyrénées. Il est difficile cependant, faute de détails, de mesurer la réalité du changement. Toutefois, il est clair que l’insurrection espagnole change profondément la donne quelques années plus tard ; aussi, lorsque le préfet des Basses-Pyrénées fait le point de la situation en 1812, il note la fin des relations commerciales avec l’Espagne et la diminution de la production qui s’en suit. Les marchés se rétractent et se redéploient : les papeteries de Lanne, Sarrance, Rebenacq, Arrudy, Esquille, Gurmançon, Oloron, Lichans, Maslacq et Gestas vendent désormais leur fabrication dans les départements voisins alors que celles de Mirepeix, Montaut et Bizanos ont un débouché limité à l’arrondissement de Pau76.

Conclusion

25Le mémoire du général Serviez permet d’approcher d’une manière globale le commerce terrestre des Basses-Pyrénées avec l’Espagne. Croisé avec les autres documents statistiques de la période révolutionnaire et confronté aux statistiques du XVIIIe siècle de l’intendance, des péages et de l’inspection des manufactures, il permet de mesurer globalement les évolutions des volumes de production et des flux des échanges vers l’Espagne. Leur mutation précise continue cependant de nous échapper, aussi, il semble légitime de se poser la question de la pertinence de la poursuite d’une telle recherche, compte tenu de l’absence de sources exploitables dans ce sens. En outre, la mise au point que nous avons pu effectuer sur les rythmes de la production et des échanges ne permet pas en l’état de répondre aux causes des variations de la croissance. Une analyse rapide des évolutions pourrait laisser croire à des facteurs d’explication mono-causaux ; ainsi, le déclin des lainages dans les années 1770 serait attribué à l’élargissement de la prohibition et à l’accroissement des droits sur les objets de lin, de chanvre, de laine et de coton ; les difficultés des toiles et des mouchoirs de Béarn trouveraient leur origine dans le traité de 1786 ; enfin, la Révolution française serait venue parachever le tout en détruisant les marchés au Sud des Pyrénées et en coupant les débouchés maritimes. Or, l’analyse fine de la production et de la circulation met en lumière des difficultés antérieures à ces événements remarquables ; les populations ont pu, avant même la mise en place de mesures restrictives ou au contraire libératrices, modifier leur manière de consommer. Il reste donc à mettre en lumière la mutation de la consommation qui, replacée dans un contexte de mutation institutionnel, doit pouvoir s’appuyer sur une connaissance fine des produits d’un point de vue technique.

Notes

1 Général Serviez, préfet, Statistique du département des Basses-Pyrénées, Paris, Imp. des Sourds-muets, An X, 140 p.

2 Jean-Claude Perrot et Stuart J. Woolf ont pu montrer en quoi la statistique descriptive de cette époque a été essentiellement représentée par les mémoires des préfets et les enquêtes qui y sont liées ; J.-C. Perrot, L’âge d’or de la statistique régionale française (An IV-1804), Paris, Société des Etudes robespierristes, 1977, 235 p. ; J.-C. Perrot et S. J. Woolf, State and statistics in France (1789-1815), Londres/Paris, Chur/Harwood, 1984, XII-205 p.

3 Les tableaux de synthèse des exportations du département des Basses-Pyrénées proposés par Lacoste sont très proches de ceux établis par Serviez, cf. les données fournies par Lacoste (Observations sur la Statistique du département des Basses-Pyrénées qui parut en l’année 1802, Pau, Tonnet, 1815, pp. 37-38) par rapport à celles du Général Serviez (Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., pp. 85-86).

4 J.-C. Perrot, L’âge d’or de la statistique régionale française (An IV-1804), op. cit., pp. 189-190.

5 Lacoste, Observations sur la Statistique du département des Basses-Pyrénées qui parut en l’année 1802, op. cit., p. 4.

6 L. Viré, « La statistique napoléonienne dans les neuf départements belges », La statistique en France à l’époque napoléonienne, Journée d’étude, Paris, 14 février 1980, Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales, Bruxelles, Centre Guillaume Jacquemyns, 1981, pp. 42-43.

7 M.-N. Bourguet, Déchiffrer la France. La statistique départementale à l’époque napoléonienne, Paris, Ed. des Archives contemporaines, 1988, p. 15.

8 Ibid.

9 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle. Deux cent mille provinciaux au siècle des Lumières, Biarritz, J & D éd., 1992, p. 31.

10 M. Zylberberg, Une si douce domination. Les milieux d’affaires français et l’Espagne (vers 1780- 1808), Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, p. 194.

11 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 39, 41 et 57.

12 J. Pontet, Bayonne. Un destin de ville moyenne à l’époque moderne, fin du XVIIe siècle-milieu du XIXe siècle, Biarritz, J & D éd., 1990, p. 82 et pp. 88-89.

13 F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, numéros spéciaux du bulletin de la Société des Sciences Lettres et Arts de Bayonne, Nouvelle série n° 110 et 111, Bayonne, imp. Darracq, 1966, pp. 110 et 114-115.

14 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 523 ; d’après F. Jaupart, op. supra cit., p. 116.

15 P. Verley, L’Echelle du monde. Essai sur l’industrialisation de l’Occident, Paris, Gallimard, 1997, 713 p., passim.

16 G. Béaur et P. Minard, Atlas de la Révolution française, 10, Economie, Paris, Ed. de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1997, p. 61.

17 M M.-P. Foursans-Bourdette, Economie et finances en Béarn au XVIIIe siècle, Bordeaux, éd. Bière, 1963, p. 46.

18 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 68 ; concernant l’abâtardissement des chevaux, notons qu’en 1787, les autorités s’inquiétaient déjà du préjudice que pouvait engendrer l’élevage des mulets (Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 601 ; Lettres du baron de Navailles et de d’Apat, inspecteur des Haras, à l’intendant de Boucheporn touchant l’exportation des chevaux, mules et mulets).

19 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., p. 59.

20 M. Bordes, D’Etigny et l’administration de l’intendance d’Auch (1751-1767), Auch, Imp. Frédéric Cocharaux, 1957, p. 655.

21 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 61.

22 M. Bordes, D’Etigny et l’administration de l’intendance d’Auch (1751-1767), op. cit., p. 658.

23 M.-P. Foursans-Bourdette, Economie et finances en Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 58-59.

24 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 69.

25 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 53-54.

26 M.-P. Foursans-Bourdette, Economie et finances en Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 51-52.

27 Comte Chaptal, De l’industrie françoise, Paris, Renouard, 1819, p. 198.

28 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 69.

29 M.-P. Foursans-Bourdette, Economie et finances en Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., p. 48.

30 Ibid., op. cit., p. 46.

31 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 67.

32 Selon Christian Desplat, le maïs aurait fini par s’imposer définitivement au détriment des céréales nobles en raison de l’épizootie bovine, cf. C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., p. 62.

33 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 83.

34 Comme l’épizootie bovine avait pu aussi le faire, cf. J. Pontet, Bayonne. Un destin de ville moyenne à l’époque moderne, op. cit., p. 413.

35 F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 170, 185, 224, 425-428.

36 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 85.

37 C. Dartigue-Peyrou, La Vicomté de Béarn sous le règne d’Henri II d’Albret, 1517-1555, Paris, Les Belles Lettres, 1934, chap. XII, d’après G. Dumonteil, « La crise du commerce et de l’artisanat textile à Oloron vue par les négociants (fin du XVIIIe-milieu du XIXe siècle », in Revue de Pau et du Béarn, 1973, n° 1, p. 149.

38 A. Marcos Martín, España en los siglos XVI, XVII y XVIII. Economía y sociedad, Barcelone, Crítica, 2000, pp. 514-525 cité par F. Brumont, note infra cit.

39 F. Brumont, « Des relations sans frontières : le commerce franco-navarrais au début du XVIIe siècle », C. Desplat (éd.), Frontières, actes du colloque du 125e Congrès national des Sociétés historiques et scientifiques, Lille, 2000, Paris, éd. du CTHS, 2002, p. 237.

40 T. J. Markovitch, Histoire des industries françaises. Les industries lainières de Colbert à la Révolution, Genève Droz, 1976, pp. 492-493.

41 G. G. Anthony, L’industrie de la toile à Pau et en Béarn de 1750 à 1850, Bordeaux, éd. Bière, 1961, pp. 15-18.

42 Ibid., p. 51.

43 C. Desplat, Pau et le Béarn au XVIIIe siècle, op. cit., p. 132.

44 Arch. nat., F12, 1377 ; Rapport de l’inspecteur des manufactures, 1727.

45 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 284 ; Etats des étoffes fabriquées, visitées et marquées dans les bureaux de la généralité de Pau, 1771 et 1772 ; Arch. mun. Oloron, 5HH2 ; Statistiques dressées sur l’ordre de l’inspecteur Carget, 1767, 1768 et 1769, pp. 140-146, citées par G. Dumonteil, « La crise du commerce et de l’artisanat textile à Oloron », loc. cit., pp. 137-193.

46 Arch. nat., F12, 1344 et 1347 ; Tableaux dressés en ventôse an III (février-mars 1795).

47 Annuaire des Basses-Pyrénées pour l’an XI.

48 Arch. nat., F12, 1344 et 1347 ; Tableaux dressés en ventôse an III (février-mars 1795).

49 Arch. nat., F12, 654 ; Carget, inspecteur des manufactures de Bayonne, 24 avril 1779, cité par P. Minard, La fortune du colbertisme. Etat et industrie dans la France des Lumières, Paris, Fayard, 1998, p. 202.

50 S. Chassagne, « L’industrie lainière en France à l’époque révolutionnaire et impériale (1790- 1810) », Voies nouvelles pour l’histoire de la Révolution française, Colloque Albert Mathiez-Georges Lefebvre, 30 nov.-1er déc. 1974, Paris, Bibliothèque nationale, 1978, p. 148.

51 T. J. Markovitch, Histoire des industries françaises, op. cit., p. 337.

52 Voir à cet effet la cartographie de Serge Chassagne : S. Chassagne, « L’industrie lainière en France à l’époque révolutionnaire et impériale (1790-1810) », loc. cit., p. 154.

53 Mémoire des marchands d’Oloron, 26 avril 1788 ; cité à partir de la publication de G. Dumonteil par facilité de consultation (G. Dumonteil, « La crise du commerce et de l’artisanat textile à Oloron », loc. cit., p. 192).

54 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 71.

55 D’autant que les couvertures faisaient l’objet d’une demande importante de la part de la Marine, ibid., p. 74.

56 Pétition des fabricants d’Oloron ; citée à partir de la publication de G. Dumonteil par facilité de consultation (G. Dumonteil, « La crise du commerce et de l’artisanat textile à Oloron », loc. cit., p. 192).

57 Ibid., p. 192.

58 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., pp. 71-72.

59 G. Dumonteil, « La crise du commerce et de l’artisanat textile à Oloron », loc. cit., pp. 175-177.

60 Arch. nat., F12, 1397 ; Rapport de Bize, inspecteur des manufactures du département de Bayonne, 1786 ; le rapport fait mention de 229 métiers à cette date.

61 Annuaire des Basses-Pyrénées pour l’an XI.

62 J.-M. Minovez, « Les artisans aux champs dans les draperies des Pyrénées centrales, fin XVIIe-fin XVIIIe siècle », L’artisan au village dans l’Europe médiévale et moderne, Actes des 19e Journées Internationales d’Histoire de Flaran, Abbaye de Flaran les 5, 6 et 7 septembre 1997, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2000, 67-86.

63 Arch. nat., F12, 2281, dossier I ; Mémoire de Carget sur la demande d’un intendant du commerce, concernant les papeteries établies dans le département des manufactures de Bayonne, 30 juin 1771.

64 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 82.

65 Arch. nat., F12, 2281, dossier I ; Mémoire de Carget, 30 juin 1771, fol. 11.

66 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 82.

67 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 283 ; Envois pour 1763 ; Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 43 ; Envois pour 1766 ; Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, C, 1602 ; Envois pour 1774 et 1775 ; Arch. dép. Gironde, C, 1527 ; Envois pour 1778 et 1779 ; Arch. dép. Gironde, C, 1587 ; Envois pour 1779 et 1780 ; Arch. dép. Gironde, C, 1603 ; Envois pour 1781 et 1782.

68 Arch. mun. Bayonne, G, 66 ; source citée par F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, op. cit., p. 402.

69 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 82 ; A. Nicolaï, Histoire des moulins à papier du sud-ouest de la France, 1300-1800 : Périgord, Agenais, Angoumois, Soule, Béarn, Bordeaux, G. Delmas, 1935, pp. 207-217.

70 Général Serviez, Statistique du département des Basses-Pyrénées, op. cit., p. 85.

71 Arch. mun. Bayonne, G, 66 ; source citée par F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, op. cit., p. 405.

72 Arch. nat., F12, 2281, dossier I ; Mémoire de Carget, 30 juin 1771, fol. 9.

73 Cf. supra, sources citées dans la note 68.

74 Arch. nat., F12, 2281, dossier I ; Mémoire de Carget, 30 juin 1771, fol. 10 ; F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, op. cit., p. 403.

75 F. Jaupart, Activités commerciales de Bayonne au XVIIIe siècle, op. cit., p. 405.

76 Arch. nat., F12, 1597, dossier 100 ; Circulaires du 25 novembre 1811 sur la situation des papeteries et des tanneries. Réponse du préfet des Basses-Pyrénées, 5 juillet 1812.

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