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Pasteurs des âmes, Passeurs des Arts

 | 
Sophie Duhem
, 
Marc Salvan-Guillotin

Partie 1. Une approche de la culture artistique des prêtres en milieu rural (XVIe-XIXe s.)

L’œuvre du vin de messe : la construction de l’église de Banyuls-sur-Mer par l’abbé Rous (1855-1888)

Marie-Hélène Sangla

Texte intégral

  • 1 Sur ce sujet voir M. Brunet, Bonnets rouges et blancs bonnets, la politisation de la campa (...)

1Par ses dimensions, le choix du décor, l’importance des moyens mis en œuvre, la construction de l’église de Banyuls-sur-Mer (1860-1888) est, à notre connaissance, un exemple unique en Roussillon au XIXe siècle. Ce projet semble en décalage avec le milieu où il naît : une commune de moins de 3000 habitants, tournée vers les activités maritimes, la vigne et la contrebande1.

  • 2 J. Nayrolles, « Midi gothique ou Midi roman : dans quel style construire les églises au XI (...)
  • 3 B. Foucart, « Gothique, roman, elliptique », L’architecture religieuse au XIXe siècle, Par (...)

2Autour de 1860, d’abord à l’initiative de la commune et de la fabrique, le projet est confié à l’architecte du département Jules Vignol, puis à l’architecte diocésain César Drogart. C’est en 1871, que l’abbé Rous, arrivé dans la paroisse, reprend pour le compte de la fabrique la maîtrise d’ouvrage. Cet édifice, sans équivalent dans le nouveau paysage monumental roussillonnais, pose la question de la culture artistique des prêtres en général, de l’abbé Rous en particulier. Rappelons que le Roussillon connaît depuis les années 1880, comme l’ensemble du Principat de Catalogne avant lui, sa première révélation identitaire à travers le mouvement de Re naixan ça. Localement, l’abbé Rous est un défenseur de la langue catalane, sensible à la tradition, socle du Régionalisme et membre de l’École Latine. Cette culture a-t-elle influencé ses choix stylistiques ? Peut-on parler au sujet des partis pris architecturaux, d’historicisme par leurs références au Premier et au Second âge roman ou d’une architecture rationalisée, d’un projet abstrait sans modèle précis ? Pouvons-nous autour de ce projet rappeler les prises de position doctrinaires qui font alors débat en France sur le choix des modèles d’origine romane ou gothique2 ? En nous inspirant d’une expression de Bruno Foucart, l’esprit du style, son contenu, sa richesse idéologique3, nous voudrions évoquer ici trois aspects qui n’ont valeur que d’éléments de réflexion.

3Concernant d’abord les projets : quelles ont été les contributions réelles des deux architectes, Jules Vignol en 1860 et César Drogart en 1870 dans la réalisation finale de l’édifice ?

4S’agissant ensuite du financement : quel a été l’impact de la vente du vin de messe dans les diocèses de France, sur l’état des finances de l’œuvre constituée par l’abbé Rous ? L’intérêt de ce système apparemment rentable est-il d’avoir permis une relative indépendance dans la conduite des travaux vis-à-vis de la Commission des arts et édifices religieux ?

5Enfin, qu’elle est l’influence de la culture artistique de l’abbé Rous dans un contexte local qui redécouvre l’histoire et l’archéologie comme supports de reconquête identitaire ?

  • 4 Le fonds des Archives Diocésaines de Perpignan (à présent ADP) contient les correspondance (...)

6Cette étude reste difficile. D’abord parce que l’église n’existe plus : menaçant ruine, elle a été détruite en 1968 ; ensuite parce que les fonds d’archives en permettant l’étude sont rares et dispersés4.

L’origine du projet et les premiers travaux de construction de l’église

  • 5 M. Brunet, Le curé et ses ouailles, la montée de l’anticléricalisme dans les Pyrénées-Orie (...)
  • 6 M. Brunet, (2003), p. 41.
  • 7 Sur cette question voir : Berjoan N., « SEM I SEREM [nous sommes et serons] », Identité et (...)

7Majoritairement réfractaire durant la Révolution française, le clergé roussillonnais, ultramontain, se caractérise au début du XIXe siècle comme l’explique M. Brunet, par son « attachement aux traditions religieuses, aux notabilités locales et au vote conservateur »5. Ce n’est qu’autour de 1848 que les effectifs des prêtres commencent à se renouveler. Sous le Second Empire, le Roussillon est rattaché au « Midi Rouge » par la question religieuse où, toujours selon M. Brunet, « un cléricalisme, rigide, dogmatique et fortement politisé aurait engendré l’anticléricalisme »6. Une situation chaotique qui se généralise avec les lois de 1881 sur les Congrégations. Cette crise se propage dans les domaines économique, politique et démographique en se confrontant à la question historique et à celle du double patriotisme7. L’abbé Rous en fera les frais.

  • 8 « [La] population se trouve augmentée en été surtout d’un grand nombre de baigneurs qui s’ (...)

8L’état des églises reflète ce contexte. Généralement peu entretenues ou restaurées, à l’exception des églises romanes reconnues au titre des Monuments historiques, elles sont parfois trop petites, si elles n’ont été remplacées à partir de 1860 dans le cadre d’un mouvement de reconstruction qui s’amorce : c’est le cas à Banyuls-sur-Mer. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le village côtier est composé de trois hameaux distincts : le quartier de la Rectorie autour de l’église paroissiale ; le hameau du Puig del Mas et le quartier du Fontaulé : lieu de promenade et de villégiature8 qui accueille en 1882 le laboratoire Arago, centre d’étude des milieux marins (Ill. 1).

  • 9 Lettre du curé de Banyuls à l’évêque de Perpignan du 10 décembre 1845. ADP, dossier parois (...)
  • 10 « Dans l’intérêt de la commune il conviendrait qu’une nouvelle église fut élevée au Hameau (...)
  • 11 « Le conseil municipal de Banyuls-sur-Mer assisté d’un certain nombre […] de contribuables (...)
  • 12 « Le conseil municipal fait valoir pour motiver sa décision que cette partie du village es (...)

9En 1845, l’église romane de la Rectorie est déjà trop petite pour contenir les 2400 habitants de la paroisse. En outre, elle « n’offre aucun intérêt sous le rapport de l’art […] l’église de cette commune n’est autre qu’une ancienne chapelle qui a déjà subi dans le temps des agrandissements et qui aujourd’hui suffit à peine à un cinquième de la population »9. La construction d’un nouvel édifice s’impose dans le quartier en développement du Front de Mer, l’ancienne église médiévale pouvant servir aux habitants des hameaux les plus isolés10. L’incendie du 9 avril 1855 qui en ravage l’intérieur11 précipite le vote du conseil municipal qui, le 13 mai 1855 décide la construction d’un nouveau sanctuaire sur le bord de mer12.

10Les premiers projets fournis par Jules Vignol en 1860 ne sont pas suivis pour des questions financières, et l’évêque ne peut agréer l’agrandissement de l’église existante. Les lenteurs administratives repoussent le début des travaux en 1870.

Les projets de Jules Vignol (1860) et César Drogart (1870)

  • 13 J. Vignol succède en 1852 à C. Drogart aux fonctions d’architecte du département. Minute d (...)
  • 14 ADPO, 2OP 310.

11L’architecte du département Jules Vignol13 réalise les premiers dessins et études en 186014. Conformément à la décision du conseil municipal, il prend en compte les soubassements d’une ancienne redoute à usage défensif et d’une poudrière située sur la plage :

  • 15 Devis et cahier des charges pour la construction de l’église de Banyuls dressé par J. Vign (...)

on conservera les soubassements des murs au dessus desquels les murs de l’église en pierres de taille pourront s’élever […] les murs seront parementés à l’intérieur, les petits cintres des portes seront en briques, les petits arcs de la façade seront en briques taillées […] des châssis circulaires éclairent la nef, avec du verre blanc et de couleurs, rouge et bleue […] les verres de la fenêtre de l’abside seront coloriés et historiés15.

12Le programme présenté est conforme aux orientations prises par J. Vignol dans l’ensemble de ses projets pour les églises du département, avec une tendance à rassembler des formes empruntées aux styles roman et gothique. Les plans et dessins d’élévation conservés aux Archives départementales des Pyrénées-Orientales indiquent une architecture assez ordinaire : plan en croix latine, nef bordée de bas-côtés avec chapelles, abside polygonale et absidioles saillantes sans plus de précisions ; la façade est prolongée par l’élévation du clocher dans l’axe de la nef. La mise en valeur du caractère roman de l’édifice s’entend pour la décoration, mais se limite aux arcatures aveugles des façades qui suivent la bordure des toitures, aux colonnes à chapiteaux épannelés dans les ouvertures soutenant pour la porte d’entrée une archivolte simple. Il s’agit donc d’une sorte de synthèse entre des modénatures d’un art roman méridional du XIIe siècle et d’une architecture du XIIIe complètement étrangère au Roussillon. (Ill. 2)

  • 16 « Le conseil municipal de Banyuls-sur-Mer expose que, vu l’insuffisance de ses ressources, (...)
  • 17 « En me renvoyant cette délibération, vous m’avez fait connaître Monseigneur que vous ne s (...)
  • 18 « Le trésorier de la fabrique de l’église succursale de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Oriental (...)
  • 19 Projet dressé pour la commune de Banyuls-sur-Mer par l’architecte départemental le 13 févr (...)
  • 20 Note du 13 février 1860. Projet dressé pour cette commune par l’architecte départemental, (...)
  • 21 Lettre du maire de Banyuls-sur-Mer au préfet des Pyrénées-Orientales du 4 juillet 1868, ib (...)
  • 22 Lettre du maire de Banyuls-sur-Mer au préfet des Pyrénées-Orientales du 4 juillet 1868, ib (...)
  • 23 Drogart est à ce moment-là chargé des travaux de la cathédrale de Perpignan. Il dirige not (...)
  • 24 J.-M. Léniaud, « Drogart, César, Guillaume », Répertoire des architectes diocésains du XIX(...)

13Dix ans s’écoulent et le projet n’est pas encore engagé. Contre l’avis du conseil de fabrique, de l’abbé Garetta16 et de l’évêque17, la commune décide d’abandonner. L’évêque obtient le 17 mai 1867, la vente de deux terrains mais les lenteurs administratives repoussent leur acquisition au mois d’avril 186918. La cessation prévue des terrains et de la redoute qui appartiennent au Génie ne peuvent aboutir, le projet de Vignol est encore repoussé, l’architecte n’est pas rétribué pour ces études préalables19. Entre temps, grâce aux souscriptions, le conseil de fabrique a fait provision de 17000 francs20, somme malgré tout insuffisante pour pallier les faibles ressources de la commune : « le conseil municipal et la fabrique ont jugé qu’une œuvre de cette importance était irréalisable, qu’elle nécessitait un capital au dessus de nos forces, que l’achat d’un terrain ne s’élevait pas à moins de 15000 francs que pour tous ces motifs il ne pouvait être donné suite à ces projets »21. Encore une fois le conseil municipal opte pour l’agrandissement de l’église de la Rectorie sous l’égide de l’architecte départemental, mais contre la proposition de l’évêque22. Entre temps, César Drogart est devenu l’architecte du diocèse de Perpignan. Il récupère le projet qui lui a été confié par Monseigneur Ramadié23, probablement un des derniers avant qu’il soit relevé de ses fonctions pour la deuxième fois en 1880 par l’administration des Cultes24.

  • 25 C. Blazy, ouv.cit.
  • 26 Lettre du maire de Banyuls-sur-Mer au préfet des Pyrénées-Orientales du 4 juillet 1868, AD (...)

14Le projet de César Drogart n’est connu que partiellement à travers les sources bibliographiques25. D’ambition plus modeste que celui de J. Vignol, il est estimé en 1870 à 60 272, 35 francs26. Il est brièvement défini dans son devis :

  • 27 Ibid.

Cet édifice auquel j’ai voulu donner le caractère roman comprend une nef, un vaste transept, un sanctuaire. La sacristie placée d’un côté du sanctuaire et de l’autre le clocher laissent la partie circulaire de l’abside complètement dégagée. Il eut été préférable de placer le clocher au centre de la façade. Cette disposition eut servi tout à la fois de porche et d’ornementation mais voulant restreindre autant que possible, les dépenses j’ai cru devoir profiter des murs du sanctuaire et du transept qui me donneront une portée de la base du clocher27.

  • 28 C. Laroche, « Les églises d’Abadie : un laboratoire d’architecture sacrée », Paul Abadie a (...)

15Drogart a-t-il pensé une architecture rationnelle empruntant au répertoire roman quelques uns de ses caractères ? Nous connaissons les choix de cet architecte en règle générale. A la manière d’Hippolithe Durand en Aquitaine28, Drogart a l’habitude de concevoir des modèles simples et efficaces, qui sont autant de réponses aux nécessités du culte et facilitent l’attribution des aides financières. Drogart conçoit l’église comme un volume unique, sans superstructures différenciées. Pour cet architecte, le répertoire roman se limite à quelques détails dans le décor d’architecture : arcatures aveugles et rangées de modillons qui soulignent les différents niveaux, colonnes à chapiteaux épannelés dans les ouvertures soutenant pour la porte d’entrée, une archivolte et quelques voussures. Il a donc a priori une vision rationnelle de l’architecture. Les projets de Drogart pour la construction des églises du département des Pyrénées Orientales conservés à la Médiathèque du patrimoine présentent trois modèles empruntés à un style vaguement gothique lorsqu’il s’agit notamment de concevoir les voûtes. (Ill. 3).

  • 29 J.-M. Léniaud, Les cathédrales au XIXe siècle, Paris, CNMHS, Economica, 1993, p. 484-485. (...)

16Le plan de l’église de Banyuls semble inspiré de la proposition n° 3 : Proportions pouvant s’appliquer aux églises des Pyrénées Orientales pour une population de 2500 à 5000 âmes. Il s’agit d’une réponse de Drogart à l’idée du plan-type pour la rationalisation des coûts, reprise par le cabinet Fourtoul en 1853, « demandant aux architectes diocésains de dresser des modèles d’églises, de presbytères et d’écoles primaires »29 tout en tenant compte du rapport entre la surface de l’édifice et le nombre d’habitants.

  • 30 Collections particulières.
  • 31 Relevé de la façade de l’église de Banyuls-sur-Mer, de Bertrand, planche publiée dans la r (...)
  • 32 J.-M. Léniaud (1993), p. 484.
  • 33 C. Laroche (dir.), Paul Abadie, architecte, 1812-1884, catalogue de l’exposition au Musée (...)

17A partir des quelques sources iconographiques que nous possédons – des cartes postales des années 191030 et un relevé de la façade de 189031 – nous constatons que l’église de Banyuls ne répond pas totalement à ces principes. Il semble qu’elle en ait adopté le plan mais l’élévation de la façade occidentale s’inspire d’un tout autre programme. Le résultat obtenu présente en effet, un modèle commun aux églises reconstruites dans la seconde moitié du XIXe siècle en France, très éloigné du modèle régional auquel la circulaire de Fourtoul demandait de faire référence, en l’occurrence les modèles roussillonnais32. L’organisation de la façade comporte trois porches, trois baies à l’élévation, elle est surmontée d’un mur pignon encadré de deux tours. L’emploi du plein cintre, des baies géminées sur les tours et les animations de surface rappellent les modèles charentais comme ceux présentés par Paul Abadie33 (Ill. 4).

18Nous sommes loin des habitudes prises par Drogart pour la construction d’églises en Roussillon. A l’église de Banyuls, l’architecte a seulement adopté un de ses plans type avec les voûtes sur croisées d’ogives en double rajoles, conception d’un gothique méridional sans transept ou la continuité volumétrique du chœur par rapport à la nef s’inspire des programmes du XIIIe siècle, déjà remis au goût du jour en Roussillon au XVIIe siècle dans un certain nombre d’église reconstruite après le concile de Trente.

  • 34 Le nom de l’architecte est cité par le comte Toulouse-Lautrec : « Dés aujourd’hui on peut (...)

19L’achèvement de l’église et de la façade a été conduit certainement après la révocation de C. Drogart en 1880, par l’architecte Bertrand34, ancien architecte diocésain de Bayonne, élève de Duban à l’école des Beaux-arts dont on sait peu de chose (Ill. 5). Est-il intervenu à la demande de l’abbé Rous ? Quelle a été sa part de création, alors que depuis 1875 il ne manque à l’édifice que la toiture ? Les relevés signés et publiés par cet architecte semblent indiquer qu’il est bien l’auteur du décor de la façade. Cependant quelle a été l’intervention de l’abbé Rous dans ce projet, qui prend une part active au chantier tout en le finançant grâce à la vente du vin de messe ?

L’œuvre du vin de messe de l’abbé Rous

  • 35 A. Capeille, Dictionnaire de Biographies roussillonnaises, Marseille, Laffite, 1978. p. 54 (...)
  • 36 E. Cortade, « Biografies rosselloneses », Revista catalane de l’institut d’estudis catalan (...)

20L’abbé Rous, né à Prades le4 novembre 1828, est ordonné prêtre à Perpignan le 21 mai 1853. D’abord professeur au petit séminaire de Prades, il devient vicaire à Rivesaltes (1855), puis à la paroisse Saint-Mathieu de Perpignan (1860) ; il est ensuite curé de Saint-Estève, puis desservant à Estagel à partir de 1866, à Néfiach en 1870 et à Banyuls en 1871 où il meurt en 189735. L’abbé est républicain, voue une certaine admiration à François Arago qu’il a découvert lors de son ministère à Estagel. Le succès et les substantiels bénéfices que lui procure la vente du vin de messe l’oppose à ses concitoyens viticulteurs. Homme d’affaires, mais aussi de culture et de goût, poète, membre du félibrige, il écrit quelques catalanades dont la publication en 1882 sert à financer – très modestement – la construction de l’église. Si comme l’indique l’abbé Cortade, « la faiblesse de la versification et les banalités des termes choisis » ne lui ont pas assuré la postérité36, il laisse le souvenir de formidables jeux floraux, qu’il organise à Banyuls en 1883 et 1888, point de départ officiel de la Renaixança littéraire en Roussillon.

  • 37 « Le dit François Py s’engage dans les travaux de construction de l’église de Banyuls-sur- (...)
  • 38 Lettre de l’abbé Rous à l’évêque de Perpignan du 7 juillet 1871, ibid.
  • 39 L’entreprise de Pallade Boher assure les travaux depuis 1872, ibid.
  • 40 E. Cortade, « Monsieur Rous, curé, marchand de vin en gros », Cerca, n° 32-33, Perpignan, (...)
  • 41 Ibid., p. 222
  • 42 Lettre de l’abbé Rous à l’évêque de Perpignan du 28 juillet 1874. ADP, dossier paroisse de (...)
  • 43 Rapport sur l’œuvre du vin de messe lu à la réunion du conseil de fabrique en 1875 par l’a (...)

21La construction de l’église par l’entreprise Py de Collioure37, est une priorité pour l’abbé Rous qui en assure la gestion et la surveillance. La première pierre est posée le 31 juillet 187138. En 1875 il ne manque que le couronnement des murs, la pose de la charpente et de la toiture. Le gros œuvre est terminé en 188739. La somme dépensée, 162 000 francs or, dépasse largement le timide projet et l’estimation de C. Drogart dans son devis. La situation n’est plus comparable à celle des années 1870 : le conseil de fabrique accorde sa confiance à l’abbé Rous qui orchestre pour le compte de la fabrique la vente du vin servant à financer la construction de l’église. Car Banyuls, une des cures les plus importantes du diocèse, est aussi riche de son terroir viticole. Ce qui n’échappe pas à l’abbé Rous, véritable négociant, dont le sens du commerce va permettre de trouver un compromis entre les ressources des habitants et la fabrique : pour cela il crée une fondation à laquelle il donne le nom « d’œuvre du vin de messe »40, œuvre commerciale qui est loin d’être unique en France. Il s’agit de vendre aux paroisses de divers évêchés, du vin de Banyuls pour la célébration de la messe. Le clergé constitue un réseau de distribution et une clientèle fidèle41. Le projet de l’abbé Rous devient vite une affaire prospère qui finance bien au-delà de ses espérances la construction de l’église. Il achète aux viticulteurs banyulencs le vin, achète des celliers pour le stocker, fait éditer des prospectus, des tarifs, qu’il diffuse dans les diocèses de France. Il y propose un vin blanc pour la messe, un petit grenache pour le plaisir. L’abbé profite du passage de la voie de chemin de fer qui aboutit à Cerbère en 1878 et permet l’expédition des colis : « Notre œuvre du vin de messe est en fait très applaudie à Banyuls-sur-Mer par les avantages qu’elle procure par le but qu’elle poursuit. Elle est de fait aussi très appréciée en France comme le constatent les lettres des clients de plus en plus nombreux et toujours satisfaits »42. Les chiffres ne le démentent pas : « les expéditions de l’œuvre ont plus que doublé chaque année. L’année 1874 compte 724 expéditions, le premier semestre de 1875 en compte 379, c’est encore la même progression croissante qui se continue »43.

  • 44 Ibid.
  • 45 Ibid.

22En 1875 ce seront 1486 expéditions pour un bénéfice net de 124 947 francs et 80 centimes44. Selon l’architecte diocésain, il ne manque en 1875 que 12000 ou 15000 francs pour l’achèvement de la toiture45. Même les prévisions les plus pessimistes sur la vente du vin de messe ne peuvent empêcher le financement de la fin des travaux.

23Cette prospérité n’est pas du goût de tout le monde. L’abbé Roca, vicaire général, prévient le préfet de cette situation qu’il juge irrégulière : le clergé concordataire payé par le gouvernement appartient à la catégorie des fonctionnaires publics. Un curé peut-il faire du commerce sous le couvert du conseil de fabrique ? Le préfet des Pyrénées-Orientales en 1872, alerte le ministre des cultes qui de son côté ne voit aucune faute. Devant les attaques dont il est l’objet, l’abbé Rous en vient à douter du soutien de l’évêque :

  • 46 Lettre de l’abbé Rous à l’évêque de Perpignan du 28 juillet 1874. ADP, dossier paroisse de (...)

Je dois dire que je ne m’étais jusqu’à présent ni préoccupé, ni attristé des épreuves qu’avaient du subir notre œuvre ni les attaques des journaux de ces radicaults (sic), ni les agissements de monsieur le préfet Joussandot, ni l’envie de certains négociants étrangers à Banyuls ni l’ignorante légèreté de certains confrères, rien n’avait réussi à m’enlever une partie de mon calme ni un atome de ma foi en l’avenir de mon œuvre. J’allais toujours fort de l’assentiment de mon évêque de l’approbation de plusieurs autres qui sont devenus nos clients […] mais voilà qu’à cette heure mon calme se trouble et ma foi s’ébranle, pourquoi ?46

  • 47 « Nous avons l’honneur de vous exposer que le sieur Rous notre curé avec ses trois vicaire (...)
  • 48 Note sur les dépenses de l’église, évêché de Perpignan, 24 mai 1879. ADP, dossier paroisse (...)
  • 49 Délibération du conseil de fabrique de l’église paroissiale de Banyuls-sur-Mer pour demand (...)
  • 50 Ibid. p. 224.
  • 51 Exemple donné par la lettre d’un curé d’une paroisse de l’Orme le 6 juillet 1882. ADP, dos (...)

24A partir de 1876, avec la montée de l’anticléricalisme, il finit par payer son audace. Les viticulteurs de Banyuls-sur-Mer s’en prennent à son œuvre qui les concurrence directement : le conseil de fabrique n’est pas un négociant, il ne paie « ni patente, ni licence »47. Les négociants portent plainte, contestent et s’interrogent sur le placement des bénéfices bien supérieurs au cout réel de l’église48. L’administration fiscale ne constate aucune irrégularité, l’abbé Rous poursuit son œuvre et en 1881 finance même la construction de l’église et du presbytère de Cerbère, paroisse voisine érigée en succursale49. S’ajoute aux jalousies économiques, la haine politique lorsque l’abbé Rous fait construire une école libre après la loi sur les congrégations religieuses de 188150. Après avoir attisé la colère anticléricale, l’abbé Rous tombe sous le coup d’une décision du conseil du département qui le 14 avril 1888, vote l’interdiction du commerce aux ecclésiastiques. Le curé se rend. Il fait l’objet d’une campagne de calomnie durant laquelle on met en doute la qualité de son vin de messe pour le Saint Sacrifice51. Il transfère la raison sociale de l’œuvre tout en restant discrètement son gestionnaire jusqu’à sa mort en 1897.

L’abbé Rous et la Renaixança catalane

  • 52 Sur cette question on peut se référer aux travaux de S. Michonneau, Barcelone, Mémoire et (...)
  • 53 Sur J.A. Brutails, voir O. Poisson, « Jean-Auguste Brutails, l’arqueologia francesa i l’ap (...)
  • 54 J.A. Brutails, « Notes sur l’art religieux du Roussillon », Bulletin Archéologique du Comi (...)
  • 55 On peut se référer à ce sujet à M.H. Sangla, « L’invention d’une Méditerranée en Roussillo (...)
  • 56 M.-H. Sangla, ibid.

25La fin des travaux de l’église de Banyuls coïncide avec le renouveau culturel et artistique qui prend forme en Roussillon dans les deux dernières décennies du siècle. En décalage avec le mouvement de la Renaixança qui débute à Barcelone autour de 183052, cette expérience collective adopte plus ou moins le même principe d’une refonte identitaire à partir de l’histoire, des monuments qui en témoignent et qui la commémorent. Elle se manifeste à travers le développement de l’archéologie et de la littérature. Les études historiques qui prolongent les initiatives nées sous la Monarchie de Juillet bénéficient par leur diffusion d’une certaine popularité. En 1884, l’archiviste J.A. Brutails est nommé dans les Pyrénées-Orientales53 et à partir de cette date travaille sur l’architecture romane du Roussillon54, établit des liens avec l’architecte catalan, Puig i Cadalfalch55. La Renaixança littéraire se réapproprie la culture et la langue catalane, revendique la Tradition et la terre, la reconnaissance de la race selon le point de vue régionaliste à l’origine d’un nouveau discours sur l’art56.

  • 57 Justin Pépratx est en Roussillon un des fondateurs de la renaissance régionale avec l’abbé (...)

26Les Fêtes Littéraires de Banyuls organisées en 1883 par l’abbé Rous sur les conseils de Justin Pépratx57 sont le coup d’envoi de ce mouvement qui perdure dans une seconde Renaixança jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

  • 58 J. Molas (dir.), Historia de la literatura catalana, part moderna vol VII, Barcelona, edit (...)

27L’abbé Rous est depuis longtemps sensible à la question latine. Il reçoit un prix littéraire à Montpellier58 à l’occasion de la fête organisée en 1878 qui rappelle les premières rencontres de 1868 entre les félibres représentés par Mistral et les catalans de Barcelone. Ils avaient ensemble, consacré l’idée d’une fédération latine dans laquelle le Roussillon n’était pas encore représenté.

  • 59 Alexandre Oliva est né à Saillagouse dans les Pyrénées-Orientales en 1823. Il meurt à Pari (...)
  • 60 Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de l’inauguration de la Vierge d’Oliva, (...)
  • 61 J. Molas, (dir.), Historia de la literatura catalana, part moderna vol VII, Barcelona edit (...)
  • 62 Albert Saisset est un poète roussillonnais qui signe sous le pseudonyme de Un Tal. Né en 1 (...)
  • 63 Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de l’inauguration de la Vierge d’Oliva, (...)
  • 64 Depuis la destruction de l’église, la statue d’Alexandre Oliva est transférée dans la nouv (...)
  • 65 Discours d’A. Saisset, Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de l’inauguratio (...)

28Avec le soutien des fêtes littéraires, l’abbé Rous imagine en 1883 un évènement capable de produire un rayonnement suffisant pour la commune de Banyuls et sa nouvelle église, qui coïncide aussi avec la réception des travaux. Les cérémonies officielles rassemblent les élites roussillonnaises, catalanes et languedociennes dont il est proche. Les discours sont prononcés en catalan pour la première fois dans une manifestation publique. C’est l’occasion pour Justin Pépratx de rappeler l’ancien usage de la langue et son déclin et d’informer sur la renaissance des lettres dans le Principat. Le 15 avril 1887, l’inauguration par Mgr Gaussail de la statue de la Vierge du sculpteur Alexandre Oliva59 pour la nouvelle église, est le prélude aux secondes fêtes littéraires organisées par l’abbé Rous et J. Pépratx en 1888. Les représentants des lettres catalanes et de l’Académie des Jeux Floraux de Barcelone sont présents : Angel Guimera, Jacint Verdaguer, Jaume Coll, Narcis Oller, à la tête d’un ensemble que Pépratx désigne comme « la phalange des poètes »60. Se joignent les poètes roussillonnais, l’abbé Bonafont61, A. Saisset62 « qui rassemble la fraternité avec l’Espagne par la poésie en langue maternelle [...] et dans laquelle on remarque les idées les plus élevées sur le rôle à venir de notre littérature catalane »63. La maintenance du Languedoc est représentée par Donnadieu de la branche du félibre de Béziers et le comte de Toulouse-Lautrec, syndic de la maintenance d’Aquitaine. J. Pépratx rappelle l’union des races latines et l’abbé Rous est remercié par un vibrant hommage saluant l’organisation de la fête et la construction de la « cathédrale » dont la Vierge d’Oliva termine le programme iconographique64 (Ill. 6). Cette sculpture reste définitivement liée aux souvenirs de ces fêtes littéraires : « Banyuls n’oubliera pas cette grande fête : nous la garderons dans notre cœur et l’Immaculée Conception se souviendra de celui qui l’a ennoblie, de ceux qui l’ont chanté sur les lyres de la poésie et de la musique, et de ceux qui l’ont prié »65.

  • 66 Discours du comte Toulouse-Lautrec, Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de (...)

29L’Art et la littérature se confondent. L’église de Banyuls résume cette alliance : l’édifice s’inspire des modèles historiques inventés par l’archéologie mais sans faire appel aux références de l’art roman roussillonnais. A la fête de 1888 le comte de Toulouse-Lautrec définit l’église en ces termes : « On peut admirer un style très pur, savant parti pris de transition entre le roman et l’art incomparable du XIIIe siècle ; un ensemble harmonieux et majestueux, de grandes lignes, des proportions élégantes, des matériaux de premier choix. Telle est dans sa synthèse cette église de Banyuls »66. Le style de l’église pourrait être défini comme une sorte de néo-médiéval abstrait qui concentre un certain nombre de formes ne s’apparentant à aucun modèle local. Cette architecture sert à transmettre un principe encore vague en Roussillon, mal assimilé : le recours à l’art roman comme référence à un passé intellectuel et artistique. Système construit sur l’idée d’une civilisation romane, perçue comme l’élément constitutif le plus fort et le plus dense de la création dans l’histoire de la province. Le modèle régional, pourtant omniprésent dans le paysage monumental n’est pas évoqué, pas plus que l’environnement méditerranéen dont on aurait pu attendre qu’il souffle l’idée d’un emprunt aux souvenirs mozarabes ou byzantins, d’une culture entre orient et occident. Le modèle est commun, rationnel, très éloigné d’un déterminisme géographique : l’architecture de l’église de Banyuls est en contradiction avec l’environnement culturel qui l’a consacrée en 1888. Peut-être parce que cette reconquête ne fait que débuter ?

30Si la part respective des architectes et de l’abbé Rous est difficile à départager, nul doute que les choix stylistiques, l’indépendance financière de la fabrique et du curé ont permis une certaine liberté pour le décor. On doit à l’abbé Rous d’avoir multiplié les statues en façade, à l’intérieur de l’église, sur les piliers de la nef, sur les autels. Le comte Toulouse-Lautrec donne ses impressions :

  • 67 Ibid.

Alors chaque année vint (sic) s’accumuler les peintures, les statues et les bas-reliefs polychromes, les retables, les autels sculptés, les vitraux, les balustres de marbre, l’élégant dallages (sic), les menuiserie fines et délicates, l’or, l’argent, l’azur, le pourpre revêtirent les murs robustes, les piliers élancés ; la voûte se peupla de saints et d’anges et jamais l’infatigable curé de Banyuls ne laissa passer un jour sans qu’un embellissement, une amélioration, un ornement nouveau ne fussent imaginés ou exécutés. Il a voulu que cette décoration qui semblait déjà si touffue, si riche et si complète eût son couronnement et il a demandé au sculpteur célèbre, un éminent artiste, enfant du Roussillon, Mr Oliva une de ses œuvres les plus exquises et les plus achevées67. (Ill. 7)

31Le parti choisi par l’abbé Rous pour l’église de Banyuls s’oriente plus vers la recherche d’une certaine esthétique, à travers une sorte d’idéal imaginé avec des combinaisons diverses, élaborées à partir de modèles immédiatement accessibles mais non revendiqués : la richesse et la profusion baroques des églises d’Espagne à laquelle il oppose l’académisme de la Vierge d’ Oliva. Une œuvre de cet artiste sur les terres de Maillol ? Peut-être une autre contradiction dans la culture de ce prêtre, et plus généralement dans celle qui revendique la Terre comme acte fondateur, ou tout simplement une certaine forme d’éclectisme.

Conclusion

32La culture des curés ne s’est pas particulièrement manifestée en Roussillon au XIXe siècle à part quelques rares exceptions dans des projets d’embellissement. Les églises reconstruites sont peu nombreuses et sont faites invariablement sur le même modèle.

33Les architectes responsables de la construction de l’église de Banyuls, qu’il s’agisse de Bertrand dont finalement nous savons peu de chose ou de Drogart, n’ont pas pris en compte la culture régionale. Ils viennent comme la plupart des architectes diocésains d’autres départements français. On aurait pu penser que Drogart avait un rapport plus sensible avec l’architecture religieuse locale car il a collaboré et succédé à Basterot, architecte du département jusqu’en 1844, qui connaissait bien comme inspecteur des Monuments historiques l’architecture romane.

34En règle générale, la question de l’esthétique chrétienne ne se pose pas en termes compliqués en Roussillon et c’est bien pour cela que l’église de Banyuls fait figure d’exception. Que la vision archéologique eut été imposée par l’architecte, celle de l’abbé Rous est modelée par celle de ses amis mais aussi par un attachement patriotique à la France. L’ouverture de l’abbé Rous à l’École Latine, au félibre et aux auteurs catalans ne l’empêche pas d’écrire en français les poèmes qui louent sa terre natale et ce qu’il appelle aussi la petite patrie.

35Si le succès de l’abbé Rous n’a pas duré, la gloire de son église fut tout aussi éphémère. La façade s’effondra en 1922 sous le poids de la statue de fonte qui ornait le pignon. Elle fut reconstruite, dépouillée de sa richesse ornementale, dotée de puissantes modénatures. (Ill. 8). Puis la voûte se fissura, les murs de l’église s’enfonçant peu à peu dans les sables d’un terrain instable. Sa démolition décidée dans les années 30 eut lieu en 1968.

36Son souvenir est diffus en Roussillon, puisqu’elle incarne le pastiche, l’ambition et le mauvais goût. Pourtant ce que l’on ignore c’est qu’à chaque gorgée de Banyuls, se glisse le souvenir de l’abbé Rous et de son église :

  • 68 Rapport sur l’œuvre du vin de messe lu à la réunion du conseil de fabrique en 1875 par l’a (...)

Grâce à nous les vins de Banyuls jusqu’à présent confondus avec les autres vins du Roussillon auront désormais une considération particulière. Introduis (sic) dans notre département où ils étaient complètement inconnus ils y jouissent d’une très grande faveur, dans le nord, nord-est, dans quelques parties de l’ouest et du centre de la France, ils y sont complètement vulgarisés68.

Ill. 1. Le village côtier de Banyuls-sur-Mer, dans la seconde moitié du XIXe s.

Ill. 1. Le village côtier de Banyuls-sur-Mer, dans la seconde moitié du XIXe s.

Ill. 2. Banyuls-sur-Mer, façade de l’église, dessins et études en 1860, Archives Départementales des Pyrénées Orientales, Jules Vignol

Ill. 2. Banyuls-sur-Mer, façade de l’église, dessins et études en 1860, Archives Départementales des Pyrénées Orientales, Jules Vignol

Ill. 3. Banyuls-sur-Mer, église, Les Projets de Drogart pour la construction des églises du département des Pyrénées Orientales conservés à la Médiathèque du patrimoine

Ill. 3. Banyuls-sur-Mer, église, Les Projets de Drogart pour la construction des églises du département des Pyrénées Orientales conservés à la Médiathèque du patrimoine

Ill.4. Eglise de Banyuls-sur-Mer, façade

Ill.4. Eglise de Banyuls-sur-Mer, façade

Ill. 5. Eglise de Banyuls-sur-Mer, Achèvement de l’église et de la façade par l’architecte Bertrand

Ill. 5. Eglise de Banyuls-sur-Mer, Achèvement de l’église et de la façade par l’architecte Bertrand

Ill. 6. Eglise de Banyuls-sur-Mer

Ill. 6. Eglise de Banyuls-sur-Mer

Ill. 7. Eglise de Banyuls-sur-Mer

Ill. 7. Eglise de Banyuls-sur-Mer

Ill. 8. Le vin de messe de l’abbé Rous

Ill. 8. Le vin de messe de l’abbé Rous

Notes

1 Sur ce sujet voir M. Brunet, Bonnets rouges et blancs bonnets, la politisation de la campagne catalane, 1815-1852, Perpignan, Trabucaire, 2009, p. 83-108 : « Ce peuple minuscule s’était […] organisé comme une sorte de république contrebandière jouant un rôle moteur dans l’immense commerce interlope. Ce destin hors du commun s’expliquait à coup sûr par la situation géographique et par les caractéristiques de cette vaste commune. Banyuls, commune frontalière entre la France et l’Espagne, commune charnière entre la mer et la montagne disposait d’anses et de criques ourlant une cote rocheuse particulièrement accidentée et sauvage où l’on pouvait décharger discrètement les barques catalanes pour entreposer les marchandises dans les grottes, les caches, les bergeries et les mas isolés qui n’étaient accessibles que par des sentiers escarpés et rocailleux propices aux cheminements discrets et aux embuscades », p. 96.

2 J. Nayrolles, « Midi gothique ou Midi roman : dans quel style construire les églises au XIXe siècle ? », L’art du Sud, de la création à l’identité (XIe-XXe siècle), (sous la direction de Quitterie Cazes, Paris, Éditions du CTHS, 2003, p. 181-199.

3 B. Foucart, « Gothique, roman, elliptique », L’architecture religieuse au XIXe siècle, Paris, PUPS, 2006, p. 9.

4 Le fonds des Archives Diocésaines de Perpignan (à présent ADP) contient les correspondances et la comptabilité du vin de messe tenues par l’abbé Rous. Les Archives départementales des Pyrénées-Orientales (à présent ADPO) conservent dans la série 2OP, les premiers projets de l’architecte Vignol. La bibliographie récente faisant référence à d’autres sources permet de combler quelques lacunes archivistiques. Quant à la bibliographie contemporaine de la construction de l’église elle n’en témoigne que très partiellement. Enfin les sources iconographiques, peu nombreuses, rendent compte de l’architecture, de l’élévation de la façade occidentale et très approximativement de la disposition intérieure. Ainsi face à ces lacunes il est impossible de connaître la disposition du chevet et des façades latérales.

5 M. Brunet, Le curé et ses ouailles, la montée de l’anticléricalisme dans les Pyrénées-Orientales, 1800- 1852, Perpignan, Trabucaire, 2003, p. 7 ; Bonnets rouges et blancs bonnets, la politisation de la campagne catalane, 1815-1852, Perpignan, Trabucaire, 2009, passim.

6 M. Brunet, (2003), p. 41.

7 Sur cette question voir : Berjoan N., « SEM I SEREM [nous sommes et serons] », Identité et régionalisme dans le Roussillon contemporain, Thèse soutenue sous la direction de Mme Ozouf-Marignier et Mr Marti, EHSS, Université de Valence (Espagne), 2007, 857 pages.

8 « [La] population se trouve augmentée en été surtout d’un grand nombre de baigneurs qui s’y rendent régulièrement », lettre de l’évêque de Perpignan au préfet des Pyrénées-Orientales du 14 mars 1870, ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

9 Lettre du curé de Banyuls à l’évêque de Perpignan du 10 décembre 1845. ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

10 « Dans l’intérêt de la commune il conviendrait qu’une nouvelle église fut élevée au Hameau du bord de la mer qui se trouve par sa position le plus important et le plus susceptible d’agrandissement sans qu’il fut nécessaire de détruire cette église existante. Elle pourrait servir aux habitants du hameau de la Rectorie et du Puig del Mas ». Réponse à la circulaire du 17 décembre 1845. Recensement des besoins pour la conservation des édifices (églises et presbytères). ADPO, 4V9.

11 « Le conseil municipal de Banyuls-sur-Mer assisté d’un certain nombre […] de contribuables de la commune a pris une délibération pour demander qu’une nouvelle église soit construite sur la partie de la commune située au bord de la mer au lieu de réparer l’ancienne église détruite par un incendie ». Lettre du préfet des Pyrénées-Orientales à l’évêque de Perpignan du 11 août 1855. ADP dossier, paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

12 « Le conseil municipal fait valoir pour motiver sa décision que cette partie du village est le centre des affaires commerciales et administratives et renferme la plus grande partie de la population agglomérée ». Lettre du préfet des Pyrénées-Orientales à l’évêque de Perpignan du 11 août 1855. ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté. « La fabrique a acheté un terrain on ne peut plus convenable il se trouve tout à la fois au centre de la population et entièrement dégagé de toute habitation ; on pourra voir du reste sur le plan que l’église sera entourée de quatre rues ». C. Blazy, « La construction et la démolition de l’église de Banyuls sur Mer, 1885-1968 », Perpignan, Massana, n° 16, 1972.

13 J. Vignol succède en 1852 à C. Drogart aux fonctions d’architecte du département. Minute du préfet des Pyrénées-Orientales à l’administration des Cultes du 21 juin 1853, ADPO, 3V4. Drogart est promu architecte diocésain le 20 août 1853. Arrêté du ministre de l’instruction publique et des cultes H. Fourtoul, du 13 août 1853, ADPO, 3V4.

14 ADPO, 2OP 310.

15 Devis et cahier des charges pour la construction de l’église de Banyuls dressé par J. Vignol, 10 février 1860, ibid.

16 « Le conseil municipal de Banyuls-sur-Mer expose que, vu l’insuffisance de ses ressources, la commune est obligée de renoncer à la construction d’une nouvelle église et doit se borner à l’agrandissement de l’église actuelle. Cette assemblée propose en outre d’organiser une commission qui serait chargée d’ouvrir une liste de souscriptions en vue de l’exécution de ce dernier projet ». Lettre du préfet des Pyrénées-Orientales à l’évêque de Perpignan, du 27 novembre 1866. ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

17 « En me renvoyant cette délibération, vous m’avez fait connaître Monseigneur que vous ne sauriez sur cette question partager l’avis du conseil municipal attendu que le seul projet qui vous paraisse convenable est celui de la construction d’une nouvelle église […] j’ai vu moi-même les lieux et je ne peux que me ranger à l’opinion de votre grandeur ; en effet l’emplacement où se trouve située l’église actuelle se prête peu à un agrandissement convenable […] il est à craindre qu’après l’exécution des améliorations projetées l’édifice ne devienne d’ici à un avenir peu éloigné encore insuffisant ». Lettre du préfet des Pyrénées-Orientales à l’évêque du 23 janvier 1867, ibid.

18 « Le trésorier de la fabrique de l’église succursale de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) est autorisé à acquérir pour servir d’emplacement à la nouvelle église, 1ère du sieur Pierre Sagols, moyennant une somme de 5467 francs, égale au montant de l’estimation […] du 27 mai 1867, une parcelle de terrain d’une superficie de 781 m2 ; 2ème du sieur Bernadi, moyennant une somme de4557 francs égale au montant de l’estimation […] du 17 mai 1867 une autre parcelle de terrain de 651 m2 ». Décret de l’administration des cultes, du 29 avril 1869, ibid.

19 Projet dressé pour la commune de Banyuls-sur-Mer par l’architecte départemental le 13 février 1860, ibid.

20 Note du 13 février 1860. Projet dressé pour cette commune par l’architecte départemental, ibid.

21 Lettre du maire de Banyuls-sur-Mer au préfet des Pyrénées-Orientales du 4 juillet 1868, ibid.

22 Lettre du maire de Banyuls-sur-Mer au préfet des Pyrénées-Orientales du 4 juillet 1868, ibid.

23 Drogart est à ce moment-là chargé des travaux de la cathédrale de Perpignan. Il dirige notamment le programme ornemental définit par l’évêque qu’il fait appliquer sans l’avis du Comité des inspecteurs généraux, reproche qui s’ajoute en 1880 au moment de sa révocation aux raisons politiques. M.H. Sangla, L’invention d’une Méditerranée en Roussillon, patrimoine et création, 1800-1930, thèse de doctorat nouveau régime, sous la direction de Luce Barlangue et Jean Nayrolles, Université Toulouse-Le Mirail (en cours). Il convient de rappeler ici, qu’avant 1848 les travaux sur les édifices diocésains sont confiés à l’architecte diocésain recruté et nommé par le département sur avis du préfet et de l’évêque. L’architecte départemental a la charge des bâtiments civils. La liberté d’initiative est compensée par le contrôle exercé par le Conseil des bâtiments civils, qui s’assure du besoin de la paroisse, du coût de l’opération, du parti architectural et décoratif. Le conseil contrôle également les demandes de secours et participe à des financements supérieurs ou égaux à 20 000 francs. Le service est réorganisé à partir de décembre 1848 et devient la Commission des arts et édifices religieux, remplacée par un corps plus restreints, le Comité des inspecteurs généraux. La première réorganisation du service entraîne la réforme du corps des architectes diocésains, ils sont désignés par arrêté ministériel, en charge d’une circonscription territoriale, résidents ou pas. J.-M. Léniaud, L’administration des cultes pendant la période concordataires, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1988, 428 pages.

24 J.-M. Léniaud, « Drogart, César, Guillaume », Répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle, Paris, éd. Ecole nationale des chartes, 2003, voir http://elec.enc.sorbonne.fr/architecte:dico. [Consulté le 16 mai 2008]

25 C. Blazy, ouv.cit.

26 Lettre du maire de Banyuls-sur-Mer au préfet des Pyrénées-Orientales du 4 juillet 1868, ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

27 Ibid.

28 C. Laroche, « Les églises d’Abadie : un laboratoire d’architecture sacrée », Paul Abadie architecte, 1812-1884, catalogue d’exposition du Musée national des Monuments français, Paris, RMN, 1988, p. 160-171.

29 J.-M. Léniaud, Les cathédrales au XIXe siècle, Paris, CNMHS, Economica, 1993, p. 484-485. Peu de réponses ont été renvoyées par les architectes diocésains. Parmi elles figurent celles de Vignol et de Drogart pour les Pyrénées-Orientales, p. 594.

30 Collections particulières.

31 Relevé de la façade de l’église de Banyuls-sur-Mer, de Bertrand, planche publiée dans la revue, La construction moderne, 4e année, 1890, ADPO, 1Fi 650.

32 J.-M. Léniaud (1993), p. 484.

33 C. Laroche (dir.), Paul Abadie, architecte, 1812-1884, catalogue de l’exposition au Musée des Monuments français, novembre 1988-janvier 1989, Paris, ministère de la culture, éditions de la RMN, 1988.

34 Le nom de l’architecte est cité par le comte Toulouse-Lautrec : « Dés aujourd’hui on peut juger et admirer l’œuvre de Mr Bertrand, l’habile architecte de l’édifice ». Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de l’inauguration de la Vierge d’Oliva, Perpignan, Imprimerie Latrobe, 1888.

35 A. Capeille, Dictionnaire de Biographies roussillonnaises, Marseille, Laffite, 1978. p. 540.

36 E. Cortade, « Biografies rosselloneses », Revista catalane de l’institut d’estudis catalans, n° 7, 1970. p. 29.

37 « Le dit François Py s’engage dans les travaux de construction de l’église de Banyuls-sur-Mer, à faire la maçonnerie ordinaire depuis les fondations jusqu’à la naissance des arcs doubleaux au prix de 9, 50 francs le mètre cube ; le reste de la maçonnerie jusqu’à la corniche au prix de 10 francs le mètre cube ; il exécutera les autres travaux de toute nature au prix du devis estimatif conformément aux clauses du projet dressé par Monsieur Drogart et approuvé le 16 juillet par Monsieur le préfet. Il s’engage encore à prendre les pierres que la fabrique fera transporter au pied d’œuvre durant l’exécution des travaux au prix de 22 francs la toise ; il acceptera les journées promises par les ouvriers maçons au prix de trois francs la journée. L’entrepreneur s’engage à commencer les travaux entre le 1er et le 20 août 1870 […] la fabrique s’engage à faire exécuter les travaux jusqu’à concurrence de la somme de 12000 francs. Les travaux seront suspendus si la somme n’a pas été réuni dans l’année ». Contrat signé entre le sieur Sagols, trésorier de la fabrique de l’église de Banyuls-sur- Mer et François Py, maître maçon à Collioure, le 3 juillet 1870. ADPO, 2OP 310. Une subvention de 8000 francs est accordée par le ministère de la justice et des cultes pour le début des travaux. Lettre du ministère de la justice et des cultes à l’évêque de Perpignan du 11 juillet 1870. ADP, dossier paroisse Banyuls-sur-Mer, non côté.

38 Lettre de l’abbé Rous à l’évêque de Perpignan du 7 juillet 1871, ibid.

39 L’entreprise de Pallade Boher assure les travaux depuis 1872, ibid.

40 E. Cortade, « Monsieur Rous, curé, marchand de vin en gros », Cerca, n° 32-33, Perpignan, 1966. p. 222.

41 Ibid., p. 222

42 Lettre de l’abbé Rous à l’évêque de Perpignan du 28 juillet 1874. ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

43 Rapport sur l’œuvre du vin de messe lu à la réunion du conseil de fabrique en 1875 par l’abbé Rous. Le 4 avril 1875, ibid.

44 Ibid.

45 Ibid.

46 Lettre de l’abbé Rous à l’évêque de Perpignan du 28 juillet 1874. ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

47 « Nous avons l’honneur de vous exposer que le sieur Rous notre curé avec ses trois vicaires font le commerce en gros des vins de Banyuls, sans payer ni patente, ni licence. Ils vendent 2 à 300 000 par an au demi détail, ils appelent (sic) cela l’œuvre des vins de messe sous les patronages des évêques et archevêques, ils ont gagné beaucoup, fait bâtir une église, acheté une maison de maître, cellier, cave, jardin, vignes, etc. Comme il n’est pas juste et que c’est vilain et préjudiciable à nos intérêts que le curé Rous vende du vin de la plaine pour des Banyuls, et qu’il fasse le commerce en exerçant la religion, je pense que vous ferez cesser cet état de choses qu’un curé ne soit pas un marchand voleur. Veuillez faire vérifier les faits par Monsieur notre préfet et les contributions indirectes qui tiennent ses comptes, après avoir vérifié nos accusations. Si nous avons droit, car c’est la vérité, veuillez nous faire faire justice et empêcher un curé d’exercer et d’être marchand voleur, en vendant des piquettes pour vins de messes, et dire que c’est une œuvre de vin de messe ». Lettre des négociants de Banyuls sur Mer au Ministre des Cultes du 24 janvier 1880 ». C. Cortade, ouvr. cit. p. 224.

48 Note sur les dépenses de l’église, évêché de Perpignan, 24 mai 1879. ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

49 Délibération du conseil de fabrique de l’église paroissiale de Banyuls-sur-Mer pour demander l’érection en succursale et un secours pour la construction de la nouvelle église et du presbytère, ibid.

50 Ibid. p. 224.

51 Exemple donné par la lettre d’un curé d’une paroisse de l’Orme le 6 juillet 1882. ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

52 Sur cette question on peut se référer aux travaux de S. Michonneau, Barcelone, Mémoire et identité, 1830-1930, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, 346 pages.

53 Sur J.A. Brutails, voir O. Poisson, « Jean-Auguste Brutails, l’arqueologia francesa i l’aparicio de l’arqueologia monumental catalana a finals del segle XIX », lliço inaugural del curs 2006-2007, Amics de l’art romanic ; Barcelone, Institut d’Estudis Catalans, 2006, 33 pages.

54 J.A. Brutails, « Notes sur l’art religieux du Roussillon », Bulletin Archéologique du Comité des Travaux Historique, Paris, 1892. J.A. Brutails, « L’art roussillonnais et quelques problèmes d’archéologie », Revue d’Histoire et d’Archéologie du Roussillon, Tome 1, 1900, p. 65-70.

55 On peut se référer à ce sujet à M.H. Sangla, « L’invention d’une Méditerranée en Roussillon, patrimoine et création, 1800-1930, thèse nouveau régime, sous la direction de Madame le professeur Luce Barlangue, Université de Toulouse-le Mirail, (en cours).

56 M.-H. Sangla, ibid.

57 Justin Pépratx est en Roussillon un des fondateurs de la renaissance régionale avec l’abbé Bonnafont.
Traducteur de l’œuvre de Verdaguer, L’Atlantide, il est le lien constant entre les intellectuels roussillonnais et le poète catalan. Pépratx écrit en langue catalane, des quatrains de proverbes, petites pièces en vers, fables imitées de celles de la Fontaine, chansons…, l’ensemble réuni sous le titre de Pa de Casa. Il traduit aussi des poèmes de Joaquim Rubio y Ors, père de la Renaixança des lettres catalanes. Il contribue à l’institution et à l’organisation de l’Etudiantina catalana, première société musicale roussillonnaise qui se produit de Marseille à Barcelone. Justin Pépratx est nommé en 1884, Mainteneur des Jeux Floraux de Barcelone et membre correspondant de l’Académie royale des belles-lettres. D’après Jean de la Têt, Journal commercial, maritime, artistique et littéraire des Pyrénées-Orientales, Perpignan, 1900, p. 37.

58 J. Molas (dir.), Historia de la literatura catalana, part moderna vol VII, Barcelona, editorial Ariel, 1986, p. 151.

59 Alexandre Oliva est né à Saillagouse dans les Pyrénées-Orientales en 1823. Il meurt à Paris en 1890.
Fils de céramiste il s’initie assez jeune au modelage. Engagé dans l’armée, en poste à Béziers, il rencontre un mécène qui le recommande au peintre Delestre auprès de qui il apprend le dessin et s’initie à la sculpture. Sa carrière est essentiellement parisienne, son style académique. Des quelques œuvres conservées dans les Pyrénées-Orientales on retient : la statue de François Arago pour la commune d’Estagel, la Mare de Deu de Font-Romeu et l’Immaculée-Conception pour l’église de Banyuls-sur-Mer.

60 Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de l’inauguration de la Vierge d’Oliva, Perpignan, Imprimerie Latrobe, 1888,

61 J. Molas, (dir.), Historia de la literatura catalana, part moderna vol VII, Barcelona editorial Ariel, 1986, p. 151.

62 Albert Saisset est un poète roussillonnais qui signe sous le pseudonyme de Un Tal. Né en 1824, il se consacre d’abord aux affaires puis publie ses premiers poèmes en français sous le titre de Poésies Roussillonnaises ; il aborde enfin la poésie en langue catalane mais écrit phonétiquement sans connaître les prescriptions grammaticales. Son œuvre, régionaliste, est populaire, teintée de bonne et joyeuse humeur, parfois bonne enfant mais reflet de la Terre et de la race qu’il loue. Saisset met au point en 1886, avec Bonaventure Petit, l’organiste de la cathédrale, une pièce musicale, le Salut du Roussillon qui figure dans tous les programmes de L’Estudiantine. D’après Jules Delpont, Journal, commercial, maritime, artistique et littéraire des Pyrénées-Orientales, Perpignan, 1900, p. 60.

63 Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de l’inauguration de la Vierge d’Oliva, Perpignan, Imprimerie Latrobe, 1888.

64 Depuis la destruction de l’église, la statue d’Alexandre Oliva est transférée dans la nouvelle église construites dans les années 1970-80 où elle est encore conservée.

65 Discours d’A. Saisset, Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de l’inauguration de la Vierge d’Oliva, Perpignan, Imprimerie Latrobe, 1888.

66 Discours du comte Toulouse-Lautrec, Souvenir des fêtes de Banyuls-sur-Mer à l’occasion de l’inauguration de la Vierge d’Oliva, Perpignan, Imprimerie Latrobe, 1888.

67 Ibid.

68 Rapport sur l’œuvre du vin de messe lu à la réunion du conseil de fabrique en 1875 par l’abbé Rous. Le 4 avril 1875. ADP, dossier paroisse de Banyuls-sur-Mer, non côté.

Table des illustrations

Titre Ill. 1. Le village côtier de Banyuls-sur-Mer, dans la seconde moitié du XIXe s.
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Titre Ill. 2. Banyuls-sur-Mer, façade de l’église, dessins et études en 1860, Archives Départementales des Pyrénées Orientales, Jules Vignol
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Titre Ill. 3. Banyuls-sur-Mer, église, Les Projets de Drogart pour la construction des églises du département des Pyrénées Orientales conservés à la Médiathèque du patrimoine
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Titre Ill.4. Eglise de Banyuls-sur-Mer, façade
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Titre Ill. 5. Eglise de Banyuls-sur-Mer, Achèvement de l’église et de la façade par l’architecte Bertrand
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Titre Ill. 6. Eglise de Banyuls-sur-Mer
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Titre Ill. 7. Eglise de Banyuls-sur-Mer
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Titre Ill. 8. Le vin de messe de l’abbé Rous
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