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Vivre et mourir en temps de guerre de la préhistoire à nos jours

 | 
Patrice Foissac

Enjeux et rivalités stratégiques au Moyen Âge

Une forme particulière de mise en défense collective : les forts villageois dans lʼouest du Lot à la fin du Moyen Âge

Anaïs Comet

Texte intégral

  • 1 Dominique Baudreu et Frédéric Loppe, « Types de forts villageois dans le bassin moyen de l (...)

1La guerre de Cent Ans impose de nouvelles conditions de vie aux populations du Midi. Pour se défendre, des solutions nouvelles sont adoptées. Les forts villageois en font partie. Est considérée comme fort villageois « toute fortification collective de faible superficie, dʼabord destinée à être utilisée temporairement en cas de danger par les habitants, et créée ou remise en défense durant la période de la guerre de Cent Ans ou de lʼaprès guerre de Cent Ans1. » Trois aspects apparaissent dans cette définition : la taille réduite du fort, son caractère temporaire et sa mise en place à la fin du Moyen Âge.

  • 2 Gabriel Fournier, « La défense des populations rurales pendant la Guerre de Cent Ans en Ba (...)
  • 3 Voir par exemple : Michel Roblin, « Lʼhabitat rural dans la vallée de la Haute Garonne », (...)
  • 4 Gabriel Fournier, Les villages fortifiés et leur évolution, Contribution à lʼhistoire du v (...)
  • 5 Gabriel Fournier, Notes historiques sur Authezat, Châlus-les-Bussières, La Sauvetat (Puy-d (...)
  • 6 Jean Lartigaut, Les Campagnes du Quercy après la Guerre de Cent Ans, vers 1440-vers 1500, (...)
  • 7 Jean Lartigaut, « Les lieux fortifiés dans la partie occidentale du Quercy au XVe siècle » (...)
  • 8 Florent Hautefeuille, Structures de lʼhabitat rural et territoires paroissiaux en bas Quer (...)
  • 9 Ibidem, p. 381-391.

2En Auvergne, de telles structures ont été étudiées dès les années 1960 par Gabriel Fournier2. Même si ce nʼest pas le premier chercheur à avoir révélé lʼexistence des forts villageois3, il sʼy est intéressé de manière approfondie. Il a publié très récemment un ouvrage de synthèse4 sur les forts auvergnats et débuté une collection de monographies sur ces sites5. En Quercy, des structures assimilables à des forts villageois ont été repérées à la même période par Jean Lartigaut, même sʼil préfère utiliser lʼexpression « fortification villageoise6. » Dans un article consacré aux lieux fortifiés, il a établi une distinction entre les villages entièrement défendus par une enceinte et ceux dont seule une partie était protégée7. Le premier chercheur à avoir employé le terme « fort villageois » en Quercy est Florent Hautefeuille dans sa thèse soutenue en 19988. Il les présente comme étant la dernière étape de la genèse des villages au Moyen Âge. Ils ont pu prendre plusieurs formes : réduit dans une agglomération, création ex nihilo, fort près dʼun repaire isolé9.

3En 2008, un projet collectif de recherche (PCR) sur les forts villageois a été initié par des chercheurs de lʼUniversité Toulouse-le Mirail. Lʼobjectif est dʼétudier ces structures en Midi aquitain et méditerranéen. Mes recherches sʼinscrivent dans le cadre de ce PCR et portent sur lʼouest du Lot. La zone géographique étudiée correspond au nord-ouest de la région historique du Quercy. Elle comporte trois microrégions possédant des caractéristiques spécifiques. Au sud, le Quercy blanc ou pays de Vaux, est composé de longues serres de calcaire arides et de fonds de vallées fertiles. Les villages y sont principalement perchés. Lʼhabitat est dispersé et les paroisses nombreuses. Au nord, la Bouriane présente des paysages contrastés entre des fonds de vallées humides et fertiles et des plateaux plus secs. Lʼhabitat est traditionnellement regroupé et les villages prennent place sur les versants. Entre ces deux régions sʼétend la vallée du Lot en aval de Cahors. Celle-ci bénéficie dʼune mise en valeur intense. Les villages concentrent lʼhabitat sur des terrasses à lʼabri des crues. La présence, tout au long de la guerre de Cent Ans, des bandes anglo-gasconnes donne une certaine unité à la région étudiée. Cʼest à cette période une zone de contact entre les possessions anglaises et françaises. Les premiers épisodes de la guerre de Cent Ans sʼy déroulent après la prise de Bergerac par les Anglais en 1345. Les derniers ont lieu autour des années 1430.

  • 10 Anaïs Comet, Les fortifications de lʼouest du Lot à la fin du Moyen Âge. Premières étapes (...)
  • 11 Voir plan et liste en fin dʼarticle.

4Au cours de deux années de master10, mes recherches ont permis de mettre en avant lʼexistence de soixante-et-onze forts villageois potentiels11. Parmi ceux-ci, trente-six sont attestés et trente-cinq sont plus hypothétiques. Quatre sites ont été étudiés de manière approfondie : Lavalette (commune du Boulvé), Saint-Géry (commune de Lascabanes), Bagat-en-Quercy et Saint-Chamarand. Lavalette (Le Boulvé), Saint-Géry (Lascabanes) et Bagat-en-Quercy se trouvent au cœur du pays de Vaux. Lavalette (Le Boulvé) est situé à 18 km au nord-ouest de Montcuq, Saint-Géry (Lascabanes) à 8 km à lʼest de Montcuq et Bagat-en-Quercy à 5 km au nord-est de Montcuq. Saint-Chamarand se trouve en Bouriane, à 10 km au sud-est de Gourdon près de lʼaxe Cahors-Souillac, à peu près à égale distance de ces deux villes (une trentaine de kilomètres).

5À partir de ces exemples, cette communication cherche à montrer comment les forts villageois ont pu contribuer à la protection des populations rurales de lʼouest du Lot à travers lʼétude de la naissance et de la vie de ces structures.

La naissance des forts villageois

Une chronologie tardive en Quercy

  • 12 Gérard Pradalié, « Les transformations de lʼhabitat rural (XIIIe-XIVe siècles) », dans Arc (...)
  • 13 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 5990, fol. 23.
  • 14 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6002, fol. 191.

6Les forts villageois apparaissent dès le milieu du XIVe siècle en Auvergne, en Toulousain et en Lauragais12, mais leur développement se poursuit jusquʼau XVe siècle. Dans lʼouest du Lot, ils semblent nʼapparaître en grand nombre dans la documentation quʼau lendemain de la guerre de Cent Ans et non pendant celle-ci. Parmi les quatre sites étudiés en master, Saint-Géry (Lascabanes) a commencé à se mettre en place avant 1450. Un acte de 1451 mentionne une maison accensée en 144613. Les trois autres sites étudiés dateraient de la seconde moitié des années 1460. À Bagat-en-Quercy par exemple, le premier acte dʼaccensement retrouvé date de 146814. Les accensements de parcelles à bâtir dans les forts au cours de la seconde moitié du XVe siècle laissent supposer une implantation en temps de paix et non plus en temps de guerre. Ceci est à nuancer pour deux raisons. Même si les derniers épisodes de la guerre de Cent Ans ont eu lieu dans la région autour de 1430, le souvenir du conflit est bien présent et a certainement favorisé lʼimplantation des forts. Il faut aussi préciser que lʼaccensement de parcelles bâties ou à bâtir dans les forts au cours de la seconde moitié du XVe siècle nʼindique pas nécessairement le moment de leur création, mais peut-être plutôt une évolution au cours de leur histoire.

  • 15 Arch. dép. Haute-Garonne, 10 D 80. Il est intéressant de noter ici que cette mention appar (...)

7La question qui se pose alors est de savoir sʼil existe un décalage réel dans lʼimplantation des forts villageois lotois ou sʼil sʼagit dʼun problème de sources trop tardives par rapport au phénomène étudié. Il est en effet difficile de percevoir lʼexistence de forts villageois du XIVe siècle dans lʼouest du Lot puisque les sources écrites font défaut pour cette période. Lʼarchéologie nʼest pas ici dʼun grand secours, car la plupart de ces forts a presque totalement disparu. Il nʼen subsiste aucun vestige datant. Jʼai repéré au moins un fort existant dès le milieu du XIVe siècle. Il sʼagit de celui du Cluzel (commune de Pontcirq), mentionné comme fortaliciis en 136715. Il est donc possible que les forts villageois se soient développés dans lʼouest du Lot avant le milieu du XVe siècle, mais quʼen lʼabsence de sources écrites nous nʼen percevions lʼexistence quʼaprès leur installation définitive. Les accensements des registres de notaires du XVe siècle peuvent alors être le témoignage de la vie des forts et non de leur naissance.

Une initiative paysanne ou seigneuriale ?

8Lʼexpression « fort villageois » laisse supposer une initiative plus paysanne ou villageoise que seigneuriale. Pourtant, dans les quatre sites étudiés en master, il ne semble pas y avoir de communauté à lʼœuvre. Les populations participent activement à la construction du fort, mais ne paraissent pas avoir lʼinitiative de celui-ci. Cette information est certainement biaisée par le manque de sources sur la formation des forts. Lʼexistence de ces forts villageois ne semble pas non plus avoir contribué à la création de communautés autonomes à Lavalette (Le Boulvé), Saint-Géry (Lascabanes), Bagat-en-Quercy ou Saint-Chamarand.

  • 16 Voir la thèse Jean Lartigaut sur ce thème : Jean Lartigaut, Les campagnes du Quercy…, ouv. (...)
  • 17 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6009, fol. 199 v°.

9À travers les sources étudiées, nous percevons la mise en place des forts de lʼouest du Lot au cours de la seconde moitié du XVe siècle. Il sʼagit alors du moment du repeuplement du Quercy au lendemain de la guerre de Cent Ans16. Moment où les seigneurs locaux cherchent à repeupler les campagnes et donc à attirer des populations rurales. Ils proposent aux tenanciers installés dans des lieux non fortifiés de se réfugier auprès de leurs repaires ou dans leurs villages. Cela apparaît sans doute encore plus clairement pour Lavalette (Le Boulvé) et Saint-Géry (Lascabanes) que pour les autres sites étudiés. Dans ces deux exemples, le réduit fortifié prend place dans la basse cour du repaire, donc au plus près de la demeure seigneuriale. À Lavalette (Le Boulvé), en 1476, deux habitants reconnaissent tenir une maison qui confronte le mur de la salle basse du repaire et la basse-cour ou place de celui-ci17. Le seigneur peut ainsi compter sur un petit groupe de paysans pour protéger ses biens. Il est aussi intéressant de noter que la plupart des actes dʼaccensement concernent à la fois une maison de secours dans le fort, mais aussi des terres appartenant au seigneur.

10Dans les registres de notaires, nous retrouvons toujours le seigneur qui accense des parcelles ou des maisons dans le fort à des tenanciers. Ceci peut être expliqué principalement par deux raisons. Les textes étudiés sont des documents qui émanent des seigneurs locaux. Ceux-ci paraissent donc avoir un rôle primordial dans la genèse des forts, au moins sur le papier. Les sources dont nous disposons sont tardives et peuvent avoir été rédigées à la demande des seigneurs, mais pour entériner une situation préexistante. Il a pu y avoir une réelle demande de la part des populations qui nʼapparaît pas dans les textes.

La construction du fort par les tenanciers

  • 18 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6016, fol. 4 v°.
  • 19 Arch. dép. Lot, 3 E 444 2, fol. 279.

11Dans les cas étudiés ou repérés, la construction du réduit se fait généralement près dʼun bâtiment stratégique. Les réduits près de repaires isolés prennent place par définition près de bâtiments seigneuriaux, le plus souvent dans la basse-cour de ceux-ci, comme nous venons de le voir. Leur disparition est rapide, car, une fois la paix revenue, les forts retombent dans les possessions seigneuriales, soit par abandon de la part des tenanciers, soit par rachat des loges par les seigneurs. Jʼai ainsi repéré plusieurs actes de déguerpissement pour le fort de Saint-Géry (Lascabanes). Lʼun dʼeux, daté de 1489, concerne une chambre accensée dans le réduit en 144618. À Bagat-en-Quercy, aussi, le fort sʼest mis en place dans la cour du château, bien que celui-ci se trouve à proximité immédiate du village (fig. 1). En 1542, le seigneur de Bagat, Pons de Ferrières, récupère par échange des maisons situées dans le réduit fortifié19. Très rapidement, les bâtiments ainsi récupérés par les seigneurs sont remaniés ou détruits, ce qui peut expliquer lʼabsence de vestiges visibles de ces forts.

Fig. 1. Plan du village de Bagat-en-Quercy et emplacement du fort villageois

Fig. 1. Plan du village de Bagat-en-Quercy et emplacement du fort villageois
  • 20 Le village de Nuzéjouls nʼa pas fait lʼobjet dʼune étude complète ; les informations donné (...)

12Ceci est particulièrement flagrant à Saint-Géry (Lascabanes) et Lavalette (Le Boulvé). Dans le premier cas, il ne reste probablement que des vestiges enfouis. Dans le second exemple, seule subsiste en élévation une tour du repaire seigneurial. Dans dʼautres cas, comme à Nuzéjouls20, lʼéglise est au centre du fort villageois. La structure de celui-ci est encore lisible dans le parcellaire et quelques vestiges subsistent en élévation, comme la tour fortifiée de lʼéglise (fig. 2).

  • 21 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6001, fol. 165 v° : « un emplacement pour faire et bâtir u (...)
  • 22 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6008, fol. 195.
  • 23 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6011, fol. 315 : « murer trois fenêtres dans ledit mur. »

13Les registres de notaires donnent parfois des informations sur les travaux qui doivent être effectués par les tenanciers. Il nʼest jamais question dans les textes étudiés de travaux réalisés par le seigneur. Certains tenanciers reçoivent des emplacements pour y bâtir des maisons. Cʼest le cas par exemple à Lavalette (Le Boulvé) en 1465 : « una plassa per far e bastir hun ostal […] contenans doas canas dample e quatra canas de tout al lont de ladich muralha21. » Cet acte indique en outre la taille de la parcelle, deux cannes sur quatre, soit environ 25 m2. En 1474, à Saint-Géry (Lascabanes), il est question dʼune maison de quatre cannes et demi sur trois et demi22, soit environ 50 m2. Nous avons ainsi une amplitude large de la surface au sol possible des maisons de secours bâties dans les réduits. Je nʼai jamais trouvé dʼinformations concernant le nombre de niveaux de ces maisons. À Bagat-en-Quercy en 1475, il est fait mention de travaux de mise en défense : « murar tres fenestras en lad. muralha23. » Il nʼy a pas plus de précision sur les délais ou les matériaux employés. Ces maisons étaient certainement bâties dans une durée très courte après lʼaccensement de la parcelle. Les matériaux utilisés étaient sans doute trouvés sur place ou à proximité immédiate du fort. Il sʼagissait donc certainement de calcaire présent en grande quantité dans lʼensemble de lʼouest du Lot.

Fig. 2. Plan du village de Nuzéjouls et emplacement du clocher fortifié.

Fig. 2. Plan du village de Nuzéjouls et emplacement du clocher fortifié.

Fig. 3. Photographie du clocher (A. Comet, nov. 2008)

Fig. 3. Photographie du clocher (A. Comet, nov. 2008)

14Il ressort de ce premier point que, si les populations rurales ne semblent pas être à lʼorigine de la construction des forts villageois dans lʼouest du Lot, ce sont bien elles qui bâtissent les loges qui se trouvent dans le réduit et le mettent en défense.

La vie des forts villageois

Protéger les personnes et les biens

  • 24 Arch. dép. Dordogne, 2 E 1802 64, fol. 39 v° par exemple dans un acte de 1474 : « veiller (...)

15Les tenanciers de maisons de secours dans le fort sont chargés de participer à sa protection en faisant le guet et la garde. À plusieurs reprises dans les actes dʼaccensement et de reconnaissance, lʼobligation de guet est précisée. La mention la plus complète concerne Saint-Chamarand : « facere vigilias et excubias sive la porta e lo guach de die et de nocte in hospicio dicti domini24. » Il sʼagit alors pour les villageois réfugiés dans le fort de monter la garde sous toutes les formes possibles, aussi bien de jour que de nuit. Ces dispositions sʼappliquaient en périodes troublées uniquement et cessaient certainement lorsque le calme était revenu. Il est en général question de guet au château du seigneur, comme à Saint-Chamarand. Il nʼy a donc aucune indication précise sur la défense effective des forts eux-mêmes. Cependant, dans la plupart des cas, le fort sʼétant constitué à proximité immédiate du château, il est possible dʼimaginer que la défense de ce dernier participait aussi activement à la protection du fort. Ce système de défense devait donc profiter autant au seigneur quʼaux paysans en permettant indirectement de protéger les personnes et les biens mis à lʼabri dans le fort. Ces obligations de faire le guet semblent sʼappliquer individuellement à chaque tenancier. Dans les actes nʼapparait pas lʼorganisation globale de la défense. Même si chacun était tenu de monter la garde, il était certainement nécessaire que des tours de garde soient fixés afin de rendre cette défense la plus efficace possible.

  • 25 Jean Lartigaut, « La seigneurie directe en Quercy au XVe siècle dʼaprès les fonds de notai (...)

16De telles mentions de guet apparaissent dans les actes de la Bouriane à de nombreuses occurrences, mais assez peu en pays de Vaux. Jʼai ainsi rencontré des obligations de faire le guet dans la plupart des actes concernant Saint-Chamarand et dans quelques-uns de ceux de Lavalette (Le Boulvé). Il nʼest jamais question de guet ou de garde à Saint-Géry (Lascabanes), ni à Bagat-en-Quercy. Jean Lartigaut avait déjà soulevée cette dichotomie dans un article paru en 196725. Cependant, comme il le fait lui-même remarquer, il est assez peu probable que les paysans du sud de la région étudiée nʼaient pas été contraints à faire le guet comme leurs cousins du nord.

La multipropriété ou comment survivre ensemble

  • 26 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 5990, fol. 23.
  • 27 Ibidem : « dʼun côté avec la chambre de Johanne de Lanie et dʼun autre côté avec la chambr (...)
  • 28 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6011, fol. 345 : « une chambre située dans la grosse tour (...)

17Dans les forts villageois se réfugiaient des personnes issues de différentes familles et de lieux variés. Cette cohabitation dans un espace réduit entrainait nécessairement une entraide pour la survie de tous. Parfois elle se faisait dans un même édifice. Certaines maisons de secours étaient accensées à plusieurs personnes de familles différentes qui sʼy réfugiaient ensemble. Un acte de reconnaissance de 1451 nous apprend que Petrus Chalveti de Pechpeyroux et Petrus Orlhac de Lascabanes tiennent une maison en indivis dans le fort de Saint-Géry (Lascabanes)26. Il sʼagit là dʼun cas de multipropriété, comme il devait en exister beaucoup. En effet, dans de nombreux actes, il est fait mention de chambres dans les forts. Lʼexemple sans doute le plus parlant est celui de la maison citée précédemment qui confronte « ex una parte cum camera Johanne de Lanie et per alia parte cum camera Johanne de Matio et per alia parte cum camera Arnaldi de Sabbatiers27. » Nous avons ici le cas dʼune maison, elle-même en indivis, qui confronte trois chambres appartenant à des personnes différentes. Il ne faut pas entendre ici le mot chambre au sens actuel du terme, mais plutôt comme une unité dʼhabitation composée généralement dʼune seule pièce et de taille réduite par rapport à lʼhabitat permanent. Parfois, la chambre accensée ne se trouvait pas dans une maison du réduit fortifié, mais dans le bâtiment seigneurial lui-même. Cʼest le cas à Bagat-en-Quercy. En 1475, le seigneur accense au prêtre du village une chambre dans la tour du repaire seigneurial : « una cambra situada dins la grossa tor de la porta deld. loc de Bagat28. » Ces chambres, tout comme les maisons de secours bâties dans les forts villageois, nʼavaient pas vocation à accueillir un habitat permanent, mais fonctionnaient comme des lieux de refuge temporaires.

Se réfugier dans le fort villageois

  • 29 Voir à ce sujet : Dominique Baudreu et Frédéric Loppe, « Types de forts villageois… », art (...)

18Tous les tenanciers de maisons ou de chambres dans les forts villageois vivaient en temps de paix ailleurs que dans le réduit fortifié. Il y a donc double propriété. Cette caractéristique est primordiale pour la définition des forts villageois29. Dans les cas où les habitats protégés par lʼenceinte sont majoritairement des lieux de résidence principale, il convient de parler plutôt de villages fortifiés que de forts villageois.

  • 30 Il ne sʼagit ici que dʼune hypothèse de recherche quʼil conviendrait de vérifier à grande (...)

19Grâce aux réduits dans des agglomérations qui ont été étudiés, jʼai pu constater que les villageois ayant une maison de secours dans le fort vivaient ordinairement dans le village30. Ceux-ci étaient des villages ouverts difficiles à protéger dans leur totalité. La distance à parcourir entre la résidence principale des villageois et le réduit fortifié était donc très faible. Ils pouvaient alors se réfugier rapidement dans le fort en cas de danger. Cʼest le cas à Bagat-en-Quercy et Saint-Chamarand. Le village de Saint-Chamarand est particulièrement intéressant, puisquʼil sʼagit dʼun cas unique, à ma connaissance, de double fort villageois dans une même agglomération (fig. 4).

Fig. 4. Plan du village de Saint-Chamarand et emplacement des forts villageois

Fig. 4. Plan du village de Saint-Chamarand et emplacement des forts villageois

20Le village est organisé à la fin du Moyen Âge autour de trois pôles fortifiés : le château des seigneurs de Peyronenc, le fort villageois de Peyrat et celui de La Casa. Cela peut sans doute sʼexpliquer comme une survivance de la coseigneurie qui existait à Saint-Chamarand quelques siècles auparavant. Le cas des réduits près de repaires isolés est un peu différent. À Saint-Géry (Lascabanes) et Lavalette (Le Boulvé), jʼai constaté que les paysans possédant une maison de secours dans ces forts villageois vivaient généralement à moins dʼune heure de marche du réduit. À Lavalette (Le Boulvé), la distance entre le lieu de résidence principale et le fort est au maximum de 3 km, à Saint-Géry (Lascabanes) elle est de 2 km. À cette distance théorique, il faut ajouter les contraintes du relief. Ces deux forts villageois sont situés en bout dʼéperon rocheux et donc orientés dʼun côté vers une vallée et de lʼautre vers un plateau. Il est intéressant de constater quʼà Saint-Géry (Lascabanes) les paysans se réfugiant dans le fort venaient de la vallée du Verdanson dʼoù il était plus facile dʼaccéder au site, et non de la vallée de la Barguelonne située de lʼautre côté du plateau (fig. 5).

Fig. 5. Lieux de résidence principale des tenanciers de Saint-Géry (Lascabanes)

Fig. 5. Lieux de résidence principale des tenanciers de Saint-Géry (Lascabanes)

21Cette constatation est à nuancer, car à Lavalette (Le Boulvé), le relief ne semble pas avoir joué un rôle déterminant dans cette répartition (fig. 6).

Fig. 6. Lieux de résidence principale des tenanciers de Lavalette (Le Boulvé)

Fig. 6. Lieux de résidence principale des tenanciers de Lavalette (Le Boulvé)
  • 31 Voir par exemple : Gabriel Fournier, Notes historiques sur Authezat…, ouv. cité, 2007.

22En guise de conclusion, il est intéressant de revenir rapidement sur lʼabandon des forts villageois. La mort des ces structures est assez peu documentée. Je nʼai donc pas dʼindications précises sur le rôle de chacun dans cette disparition. Pour lʼouest du Lot, ils semblent être abandonnés dès le milieu du XVIe siècle, contrairement à dʼautres régions où ils sont réutilisés comme refuge pendant les guerres de Religion, et réaménagés ensuite, par exemple en celliers. Cʼest le cas de nombreux sites auvergnats étudiés par Gabriel Fournier31. La durée de vie des forts villageois du Quercy occidental est très courte, ce qui peut expliquer la quasi absence de vestiges. Il nʼexiste à ma connaissance aucun récit dʼattaque ou de siège de forts villageois pour lʼouest du Lot qui pourtant pourrait permettre de proposer une histoire moins « désincarnée » de ces sites.

  • 32 Nicolas Savy, La défense des villes et des bourgs du Quercy pendant la guerre de Cent Ans  (...)

23Les recherches sur les forts villageois sont encore récentes dans le sud de la France. Elles permettent de compléter le regard actuel sur la guerre de Cent Ans et lʼattitude des populations face au danger. Elles mettent souvent en avant la vie des communautés et des seigneurs pendant ces périodes de troubles, comme a pu le faire Nicolas Savy pour les villes et bourgs quercynois32.

Tableau récapitulatif des forts villageois de lʼouest du Lot

Tableau récapitulatif des forts villageois de lʼouest du Lot

Bibliographie

Bibliographie

Baudreu (Dominique) et Loppe (Frédéric), « Types de forts villageois dans le bassin moyen de lʼAude durant la guerre de Cent ans », dans Archéologie du Midi médiéval, t. 22, 2004, p. 103-140.

Comet (Anaïs), Les fortifications de lʼouest du Lot à la fin du Moyen Âge. Premières étapes dʼune enquête, mémoire de master 1 sous la direction de Jean-Loup Abbé et Florent Hautefeuille, Toulouse, UTM, 2008.

Comet (Anaïs), Les forts villageois de lʼouest du Lot à la fin du Moyen Âge, mémoire de master 2 sous la direction de Jean-Loup Abbé et Florent Hautefeuille, Toulouse, UTM, 2009.

Fournier (Gabriel), « La défense des populations rurales pendant la Guerre de Cent Ans en Basse Auvergne », dans Actes du 90e congrès national des Sociétés Savantes, Nice 1965, Paris, PUF, 1966, p. 157-199.

Fournier (Gabriel), Notes historiques sur Authezat, Châlus-les-Bussières, La Sauvetat (Puy-de-Dôme), La Sauvetat, A.F.V.A., 2007.

Fournier (Gabriel), Les villages fortifiés et leur évolution, Contribution à lʼhistoire du village en Auvergne, Synthèse, La Sauvetat, A.F.V.A., 2009.

Hautefeuille (Florent), Structures de lʼhabitat rural et territoires paroissiaux en bas Quercy et haut toulousain du VIIe au XIVe siècle, thèse sous la direction de Pierre Bonnassie et Maurice Berthe, Toulouse, UTM, 1998.

Lartigaut (Jean), « La seigneurie directe en Quercy au XVe siècle dʼaprès les fonds de notaires de Montcuq et Lauzerte », dans Figeac et le Quercy, Actes du XXIIIe congrès dʼétudes régionales organisé à Figeac les 2-4 juin 1967, Figeac, Société dʼÉtudes du Lot, 1967, p. 214.

Lartigaut (Jean), « Les lieux fortifiés dans la partie occidentale du Quercy au XVe siècle », dans Annales du Midi, t. 79, 1967, p. 5-18.

Lartigaut (Jean), Les Campagnes du Quercy après la Guerre de Cent Ans, vers 1440 – vers 1500, Toulouse, Publications de lʼUniversité de Toulouse-le Mirail, 1978.

Pradalié (Gérard), « Les transformations de lʼhabitat rural (XIIIe-XIVe siècles) », dans Archéologie et vie quotidienne aux XIIIe-XIVe siècles en Midi-Pyrénées. Catalogue dʼexposition, Musée des Augustins, mars-mai 1990, Toulouse, APAMP, 1990, p. 79-82.

Roblin (Michel), « Lʼhabitat rural dans la vallée de la Haute Garonne », dans Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, t. 8, 1937, p. 52-60.

Roques (Claire), Les forts villageois dans le quart sud-est du Lot pendant la guerre de Cent Ans. Monographies et synthèse, mémoire de master 2 sous la direction de Jean-Loup Abbé, Toulouse, UTM, 2009.

Savy (Nicolas), La défense des villes et des bourgs du Quercy pendant la guerre de Cent Ans : aspects militaires, politiques et socio économiques, Thèse de doctorat sous la direction de Jacky Theurot, Besançon, Université de Franche Comté, 2007. Thèse publiée en novembre 2009 : Savy (Nicolas), Les villes du Quercy en guerre. La défense des villes et des bourgs du Quercy pendant la guerre de Cent Ans, Pradines, Éditions Savy AE, 2009.

Notes

1 Dominique Baudreu et Frédéric Loppe, « Types de forts villageois dans le bassin moyen de lʼAude durant la guerre de Cent ans », dans Archéologie du Midi médiéval, t. 22, 2004, p. 103-140.

2 Gabriel Fournier, « La défense des populations rurales pendant la Guerre de Cent Ans en Basse Auvergne », dans Actes du 90e congrès national des Sociétés Savantes, Nice 1965, Paris, PUF, 1966, p. 157-199.

3 Voir par exemple : Michel Roblin, « Lʼhabitat rural dans la vallée de la Haute Garonne », dans Revue Géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, t. 8, 1937, p. 52-60.

4 Gabriel Fournier, Les villages fortifiés et leur évolution, Contribution à lʼhistoire du village en Auvergne, Synthèse, La Sauvetat, AFVA, 2009.

5 Gabriel Fournier, Notes historiques sur Authezat, Châlus-les-Bussières, La Sauvetat (Puy-de-Dôme), La Sauvetat, AFVA, 2007.

6 Jean Lartigaut, Les Campagnes du Quercy après la Guerre de Cent Ans, vers 1440-vers 1500, Toulouse, Publications de lʼUniversité de Toulouse-Le Mirail, 1978, p. 213.

7 Jean Lartigaut, « Les lieux fortifiés dans la partie occidentale du Quercy au XVe siècle », dans Annales du Midi, t. 79, 1967, p. 5-18.

8 Florent Hautefeuille, Structures de lʼhabitat rural et territoires paroissiaux en bas Quercy et haut toulousain du VIIe au XIVe siècle, thèse de doctorat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1998.

9 Ibidem, p. 381-391.

10 Anaïs Comet, Les fortifications de lʼouest du Lot à la fin du Moyen Âge. Premières étapes dʼune enquête, mémoire de master 1 sous la direction de Jean-Loup Abbé et Florent Hautefeuille, Toulouse, UTM, 2008. – Anaïs Comet, Les forts villageois de lʼouest du Lot à la fin du Moyen Âge, mémoire de master 2 sous la direction de Jean-Loup Abbé et Florent Hautefeuille, Toulouse, UTM, 2009. Un autre master sur le Quercy a été conduit en parallèle : Claire Roques, Les forts villageois dans le quart sud-est du Lot pendant la guerre de Cent Ans. Monographies et synthèse, mémoire de master 2 sous la direction de Jean-Loup Abbé, Toulouse, UTM, 2009.

11 Voir plan et liste en fin dʼarticle.

12 Gérard Pradalié, « Les transformations de lʼhabitat rural (XIIIe-XIVe siècles) », dans Archéologie et vie quotidienne aux XIIIe-XIVe siècles en Midi-Pyrénées. Catalogue dʼexposition, Musée des Augustins, mars-mai 1990, Toulouse, A.P.A.M.P., 1990, p. 79-82.

13 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 5990, fol. 23.

14 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6002, fol. 191.

15 Arch. dép. Haute-Garonne, 10 D 80. Il est intéressant de noter ici que cette mention apparaît dans un fonds dʼarchives différent de ceux étudiés en plus grand nombre au cours de mes recherches. Il sʼagit des archives du collège Pélegry de Cahors déposées aux Archives départementales de la Haute-Garonne. Le type de source est donc très différent.

16 Voir la thèse Jean Lartigaut sur ce thème : Jean Lartigaut, Les campagnes du Quercy…, ouv. cité, 1978.

17 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6009, fol. 199 v°.

18 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6016, fol. 4 v°.

19 Arch. dép. Lot, 3 E 444 2, fol. 279.

20 Le village de Nuzéjouls nʼa pas fait lʼobjet dʼune étude complète ; les informations données ici résultent de lʼétude du parcellaire et dʼune prospection archéologique rapide.

21 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6001, fol. 165 v° : « un emplacement pour faire et bâtir une maison […] contenant deux cannes de côté sur quatre cannes le long de ladite muraille. »

22 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6008, fol. 195.

23 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6011, fol. 315 : « murer trois fenêtres dans ledit mur. »

24 Arch. dép. Dordogne, 2 E 1802 64, fol. 39 v° par exemple dans un acte de 1474 : « veiller et monter la garde ou la porte et le guet de jour et de nuit dans la maison desdits seigneurs. »

25 Jean Lartigaut, « La seigneurie directe en Quercy au XVe siècle dʼaprès les fonds de notaires de Montcuq et Lauzerte », dans Figeac et le Quercy, Actes du XXIIIe congrès dʼétudes régionales organisé à Figeac les 2-4 juin 1967, Société dʼÉtudes du Lot, 1967, p. 214.

26 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 5990, fol. 23.

27 Ibidem : « dʼun côté avec la chambre de Johanne de Lanie et dʼun autre côté avec la chambre de Johanne de Matio et dʼun autre côté avec la chambre dʼArnaldi de Sabbatiers. »

28 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, 5 E 6011, fol. 345 : « une chambre située dans la grosse tour de la porte dudit lieu de Bagat. »

29 Voir à ce sujet : Dominique Baudreu et Frédéric Loppe, « Types de forts villageois… », art. cité, 2004, p. 103-140.

30 Il ne sʼagit ici que dʼune hypothèse de recherche quʼil conviendrait de vérifier à grande échelle.

31 Voir par exemple : Gabriel Fournier, Notes historiques sur Authezat…, ouv. cité, 2007.

32 Nicolas Savy, La défense des villes et des bourgs du Quercy pendant la guerre de Cent Ans : aspects militaires, politiques et socio économiques, Thèse de doctorat sous la direction de Jacky Theurot, Besançon, Université de Franche Comté, 2007. Thèse publiée en novembre 2009 : Nicolas Savy, Les villes du Quercy en guerre. La défense des villes et des bourgs du Quercy pendant la guerre de Cent Ans, Pradines, Éditions Savy AE, 2009.

Table des illustrations

Titre Fig. 1. Plan du village de Bagat-en-Quercy et emplacement du fort villageois
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 34k
Titre Fig. 2. Plan du village de Nuzéjouls et emplacement du clocher fortifié.
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-2.jpg
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Titre Fig. 3. Photographie du clocher (A. Comet, nov. 2008)
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-3.jpg
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Titre Fig. 4. Plan du village de Saint-Chamarand et emplacement des forts villageois
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 40k
Titre Fig. 5. Lieux de résidence principale des tenanciers de Saint-Géry (Lascabanes)
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-5.jpg
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Titre Fig. 6. Lieux de résidence principale des tenanciers de Lavalette (Le Boulvé)
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-6.jpg
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URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-7.jpg
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Titre Tableau récapitulatif des forts villageois de lʼouest du Lot
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-8.jpg
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URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/31056/img-9.jpg
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Auteur

Titulaire dʼun master dʼétudes médiévales, Université de Toulouse-Le Mirail

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