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Vivre et mourir en temps de guerre de la préhistoire à nos jours

 | 
Patrice Foissac

Grottes et forteresses

Sites quercinois à vocation défensive, du Bas-Empire au haut Moyen Âge : un état des connaissances1

Jean-Luc Boudartchouk et Didier Rigal

Texte intégral

  • 1 Nos chaleureux remerciements à Valérie Rousset, Michel Vidal, ainsi qu’à la Société des Etudes du L (...)
  • 2 G. Fournier, Le peuplement rural en Basse Auvergne durant le haut Moyen Âge, Paris, 1962. – G. Four (...)
  • 3 Cf. travaux de nombreux chercheurs aveyronnais, comme A. Soutou (†), J. Arnal, F. de Gournay, F. Ma (...)

1À l’instar de l’Auvergne2 et du Rouergue3, le Quercy recèle un nombre significatif de sites à vocation défensive occupés entre la fin du IVe siècle et le IXe siècle. Outre l’enceinte urbaine de Cahors et – pensons-nous – une forteresse bâtie en surplomb, il s’agit, comme dans les régions montueuses voisines, d’anciens éperons barrés protohistoriques réoccupés, mais aussi de sites perchés naturellement défendus, voire de grottes. Le mobilier archéologique qui y a été mis au jour permet de poser quelques jalons chronologiques, que l’on peut croiser avec les rares sources textuelles disponibles.

Mas-de-Greil (commune de Brengues)

2Dominant d’une centaine de mètres la rive gauche du Célé, le plateau du Mas-de-Greil est enclos sur 4 à 5 ha par une fortification en arc de cercle se raccordant à la falaise après un développement de 400 m, pour une hauteur conservée n’excédant pas 4 m. La largeur de 5,30 m, l’existence d’un fossé extérieur, de même que deux portes mentionnées au XIXe siècle sont difficiles à lire actuellement.

  • 4 P.-M. Decombeix, 1998, Bilan scientifique, DRAC Midi-Pyrénées, p. 132 ; P.-M. Decombeix, 1999, Anna (...)

3Le parement interne, muni de trous de boulins, présente des séries d’assises discontinues disposées à 45 degrés ; peut-être comporte-t-il également les vestiges d’un chemin de ronde. La face externe n’est pour sa part plus apparente en élévation. Un sondage réalisé en 1990 par C. Ramponi a permis de récolter du mobilier attribué à l’Âge du Fer. En 1998, P.-M. Decombeix4 procède à une nouvelle description l’amenant à considérer que le rempart, lié par un abondant mortier de chaux gris-clair de facture médiévale à moderne (Xe-XVIIe siècle), correspond à une reprise d’un état probablement protohistorique. Il distingue également plusieurs discontinuités dans l’agencement du parement qui correspondent à des réaménagements successifs.

Fig. 1. Carte des sites quercinois à vocation défensive. JLB/DR/Inrap (Remerciements à J.-P. Chambon pour nous avoir guidé dans le choix des toponymes pouvant être signifiants pour la période qui nous intéresse : Caylus, Murceins, Murat)

Fig. 1. Carte des sites quercinois à vocation défensive. JLB/DR/Inrap (Remerciements à J.-P. Chambon pour nous avoir guidé dans le choix des toponymes pouvant être signifiants pour la période qui nous intéresse : Caylus, Murceins, Murat)
  • 5 A. Viré, 1908, BSPF, V, p. 71-72.
  • 6 CAG 46, p. 104.

4Tout comme P.-M. Decombeix, on reste confondu face à l’importance de cet ouvrage de défense linéaire, notamment le volume de mortier employé, ce qui a nécessité des moyens considérables. Pour A. Viré5 la datation se rapporte aux « grandes invasions », tandis que G. Mercadier, faisant abstraction du mortier, la rattache à la protohistoire6.

Fig. 2. Détail du parement interne du rempart, avec trous de boulins et emploi ponctuel de l’opus spicatum.

Cliché DR/Inrap

L’Impernal (commune de Luzech)

  • 7 CAG 46, p. 108-112.

5Implanté dans un méandre du Lot qu’il domine de 100 m, L’Impernal est surtout connu pour ses systèmes défensifs matérialisés au Ier Âge du Fer par un rempart dit calciné auquel succède un murus gallicus gaulois délimitant un oppidum de 8 à 9 ha. Le début de l’époque gallo-romaine est révélé notamment par un fanum et cinq autres édifices, peut-être des dépendances liées à l’aire cultuelle. Au début du Moyen Âge, plusieurs dizaines de sépultures en coffre sont aménagées dans les ruines antiques. À la même période semble-t-il, une occupation structurée apparaît également, considérée traditionnellement comme étant une « forteresse barbare ». C’est le Castel Sarrasis qui, barrant l’isthme et se prolongeant sur les pentes de la cévenne de Caïx, est une bâtisse quadrangulaire faite de murs larges de 2,50 à 5,50 m d’épaisseur dont la partie inférieure paraît correspondre à un massif formé d’un parement avec blocage interne7.

Fig 3. Plan des deux remparts protohistoriques, de la fortification tardive et de sépultures du haut Moyen Âge,

d’après A. Viré et L. Sourdoire, dans BSPF 1913.

  • 8 A. Viré, 1914, Rapport de la Commission des fouilles de l’Impernal à Luzech (Lot), imp. Monnoyeur, (...)
  • 9 A. Viré, 1913, BSPF, X, p. 710-711, fig. 3, 5-7 ; A. Viré, 1914, p. 24.
  • 10 M. Labrousse, 1969, p. 346-347.

6Il comporte un angle arrondi à l’ouest, tandis qu’un espace large de 4,45 m et de longueur inconnue pourrait correspondre à une tour. Superposée aux fortifications de l’Âge du Fer, cette construction massive comportant des départs de murs obliques, larges de 0,80 à 3 m, reconnus sur une quinzaine de mètres, est faite de blocs calcaires « mal taillés, entassés sans ordre »8, parfois disposés en arête de poisson, noyés dans du mortier jaune foncé inconsistant, tandis que du mortier blanchâtre plus dur est employé dans une muraille faite de matériaux plus réguliers, large d’1 m, renforçant la partie nord. A. Viré, qui interprète des constructions successives destinées à se renforcer mutuellement, évoque l’époque « post-romaine et pré-médiévale » ou les « temps barbares »9. Pour M. Labrousse, il est difficile de préciser une datation entre le haut Moyen Âge et la guerre de Cent Ans10.

Fig. 4. Coupe des trois fortifications successives de l’Impernal,

d’après A. Viré, dans BSPF 1913.

Fig 5. Au premier plan, le murus gallicus ; au second plan, l’enceinte tardive.

Cliché attribué à A. Viré, archives SEL, 0961-2-1-T.

Gayfié (commune de Saint-Jean-de-Laur)

  • 11 J.-A. Delpon, 1831, Statistique du département du Lot, I, Cahors, 1, p. 405-406.

7Une tradition invérifiable présente le plateau et la grotte (12 x 25 m) de Gayfié comme l’ultime refuge du duc d’Aquitaine Waïffre, pourchassé par Pépin le Bref de 764 à 768. Dominant la rive gauche du Lot, l’éperon barré de Gayfié (12 ha) est fermé par une fortification en arc de cercle de 250 m de longueur et large de 15 m à la base du cône d’éboulis. J.-A. Delpon précise que le mur est lié par un ciment très dur et l’attribue à la période romaine11.

  • 12 E. Roldes, 2002, Bilan scientifique, Drac Midi-Pyrénées, p. 121-122.

8Le relevé d’une coupe par E. Roldes en 199612 a permis de distinguer la technique de construction : trois niveaux successifs sont maintenus par un parement externe, et probablement un parement interne. L’élévation est conservée sur 2,50 m pour une largeur de 3,60 m. La chaux abondamment présente suggère une datation historique, toutefois le mobilier se rattache à la protohistoire récente, tandis que des restes de poutres distantes de 0,80 m formant un couronnement ont été datés au C14 des années 845-760 av. J.-C.

  • 13 J.-A. Delpon, 1831, 1, p. 405-406 ; M. Labrousse, 1969, p. 392-393 ; D. Rigal dans V. Rousset, 2001 (...)

9Des bijoux qualifiés de « mérovingiens » et cinq sarcophages de grès, contenant chacun deux sépultures et un crâne (XIe-XIIIe siècle ?), ont été découverts sur le site13.

Les Césarines (communes de Saint-Jean-Lespinasse et Saint-Médard-de-Presque)

  • 14 Ruisseau de Fenouil, de la Mandine ou du Cayla.
  • 15 Ruisseau du Merdalou, de Saint-Médard, de Presque ou de l’Essidou.

10À proximité de Saint-Céré et dominant la vallée de la Bave et ses affluents (de Tourel, de Fenouil14 et du Merdalou15), le site se compose de trois éperons parallèles reliés au sud, respectivement dénommés le Caussenil ou Caussenit (Saint-Médard-de-Presque), le Roc-du-Cayla ou la Césarine et le Roc-de-Sirieys ou Causse-de-Lauriol (Saint-Jean-Lespinasse).

  • 16 J. Lartigaut, 1985, Bulletin de la Société des Etudes du Lot, 3, p. 176 : « Un censier d’Eustache d (...)

11L’intérêt est ancien pour ce lieu particulièrement complexe à appréhender. Outre les appellations toponymiques très fluctuantes, cela provient de la multiplicité de ses lignes de défense faites de murailles composites, parfois précédées de fossés et de tours, manifestement réalisées à diverses époques, depuis la protohistoire jusqu’à la période médiévale. La col Sarrasina est mentionnée en 147116 ; au XVIIe siècle, G. de Maleville y voit une ville forte ; en accord avec l’abbé de Fouilhac, il ne considère que les éperons du Cayla et de Caussenil, omettant celui de Sirieys.

  • 17 G. Castéran, 1992, Annales des rencontres archéologiques de Saint-Céré, 1, p. 37-63 ; id. 2007, 14, (...)

12Au XIXe siècle, G. Lacoste attribue l’occupation du site aux Gaulois et J.- A. Delpon réalise le premier une description assez aboutie. Les travaux de terrain débutent à la même époque et se concrétisent par les plans de F.-A. Calvet (1839) et de E. Castagné (1877). Diverses fouilles d’emprises limitées se succèdent jusqu’à nos jours. Nous devons la synthèse et l’analyse bibliographique de ces différentes explorations à G. Castéran, qui identifie trois ouvrages défensifs distincts à l’intérieur d’un même ensemble17.

Le Col de la Benne

13Une première fortification barre l’étranglement du col, englobant le plateau du Causse ainsi que les deux éperons de Sirieys et du Cayla. Selon Calvet, elle se développe sur une longueur de 936 m, pour une largeur de 14 m à la base et de 4 m au sommet, à 4 m de hauteur. Elle serait faite d’un « amoncellement de pierre et de terre jetées sans ordre, à l’exception de talus inclinés à 54o ».

Le Roc-de-Sirieys

  • 18 Médiévale pour Castagné, 1877, Congrès Archéologique de France, XLIV, p. 506-528 ; de la fin de la (...)

14À environ 50 m de son extrémité, le Roc-de-Sirieys (Lauriol) est condamné par une muraille à pierre sèche18 longue de 65 m, large et haute de 6 m, au centre de laquelle F.-A. Calvet identifie une tour de 4,50 x 9,50 m.

Le Roc-du-Cayla

15À sa jonction avec le plateau, le Roc-du-Cayla est barré par une fortification munie de gradins sur la face interne et d’un profil externe incliné de 25 %. Elle est liée au mortier selon J.-A. Delpon, mais cela est contredit par les autres historiens selon lesquels elle serait érigée à la fin de la Tène. Elle se développerait sur 576 m pour F.- A. Calvet, 645 m pour J.-A. Delpon.

16Ce serait au Bas-Empire que l’extrémité nord de l’éperon, à 242 m du rebord, serait fortifiée par un fossé et un rempart en petit appareil de moellons bruts. Long de 130 à 139 m, large de 4 m (2 m au contact des tours) et haut de 2 m, il génère à l’extrémité ouest un espace de 10 m devant correspondre à une porte. Le même principe de gradins et de profil incliné que celui du mur situé en avant se retrouverait ici. Ce mur est renforcé, postérieurement semble-t-il car les maçonneries ne sont pas chaînées, au centre et aux extrémités, par trois tours ou bastions semi-circulaires distants de 30 à 37 m, ainsi qu’une barbacane de plan carré (ou formant un quart de cercle) au contact du passage. Les maçonneries sont réalisées en petit appareil calcaire, entièrement lié à un mortier peu consistant selon F.-A. Calvet, les parements étant seuls jointoyés pour J.-A. Delpon. La tour située à l’est et celle du centre auraient pour dimensions 7,35 x 10,40 m. Celle de l’ouest, protégeant l’entrée, serait pour J.-A. Delpon un rectangle de 6 x 16 m ou une tour avec deux masses de maçonnerie se terminant en quart de cercle au nord et par deux bastions semi-circulaires à l’ouest. Pour F.-A. Calvet, qui en a reconnu le sol réalisé à l’aide de tegulae, c’est un massif quadrangulaire de 11,30 x 12 m avec une porte large de 4 m à laquelle on accède par l’intermédiaire d’une rampe maçonnée en grès, laquelle pouvait être associée à un pont-levis. F.-A. Calvet identifie un fossé large de 5,20 m complétant le dispositif de défense en avant du rempart, cet aménagement est remis en question par J.-A. Delpon. Au pied de ces tours, des restes humains, de la faune, de la céramique (commune, sigillée, sigillée claire et D.S.P.) dont une grande quantité d’amphores, de l’armement et des monnaies du Bas Empire ont été prélevés (Aurélien : 270-275, Tétricus : 275- 285, Constantin : 306-337).

Le Roc-de-Caussenil

17Ce retranchement est condamné par un rempart long de 360 m muni d’un passage large de 10 m en son centre. La hauteur résiduelle atteint 6 m, la largeur de l’éboulis 8 m. F.-A. Calvet représente sur son plan un second mur situé en avant, ne renfermant que la partie ouest de l’éperon, mais n’en fait pas état dans son étude. Pour E. Castagné, ces retranchements sont de même nature que ceux du col de la Benne, et doivent dater des invasions normandes.

Fig 6. Plan d’ensemble des trois éperons. Plan F.-A. Calvet, 1839, Recherches nouvelles sur le camp romain des Césarines.

Fig 6. Plan d’ensemble des trois éperons. Plan F.-A. Calvet, 1839, Recherches nouvelles sur le camp romain des Césarines.

Fig 7. Courtine de l’enceinte tardive dite « mur aux trois tours »,

photo G. Castéran, 1991.

Fig 8. Monnaies romaines découvertes en 1836-1837 par F.-A. Calvet, 1839, Recherches nouvelles sur le camp romain des Césarines.

Fig 8. Monnaies romaines découvertes en 1836-1837 par F.-A. Calvet, 1839, Recherches nouvelles sur le camp romain des Césarines.

Colonjac (commune de Vers)

18À 11 km au nord-est de Cahors, le petit éperon barré (4,3 ha) dit du Roc-de-Colonjac (ou Colonjat ou Coronzac) domine la rive gauche du Vers, en limite des communes de Cabrerets et Cours. L’éperon est relativement plan dans son contact avec le plateau, et présente ensuite un pendage général marqué en direction de l’ouest. Probablement en partie cultivé jusqu’à la fin du XIXe siècle, puis voué au pastoralisme pour quelques décennies, cet espace est aujourd’hui reconquis par les petits chênes pubescents.

  • 19 Antiquités diverses du Quercy, Bib. mun. Cahors, fonds Greil, ms. 111, f° 8-14.
  • 20 E. Albe, Miracles de Rocamadour, p. 36.
  • 21 Les analogies de date et de lieu entre les Didier, l’un étant évêque de Cahors, le second d’Auxerre (...)
  • 22 Selon l’abbé de Fouilhac, Antiquités…, citant le cartulaire de Marcilhac, le corps d’Amateur aurait (...)
  • 23 Lintiniacum (Lentillac), Quintiacum (Quissac), Crispiniacum (Saint-Crépin - Vers), Saint-Géry.
  • 24 E. Rupin, 1904, p. 66, A. Lemozi, 1946, p. 1-2, 14.
  • 25 A. Lemozi, 1946, p. 12-13
  • 26 Annales du Quercy, Bib. mun. Cahors, ms 137.
  • 27 A. Lemozi, 1946, p. 3.
  • 28 Info. J. Lartigaut, sept. 1996.
  • 29 Ses dimensions étaient de 3,60 x 13,60 m, J.-A. Delpon y reconnaît les vestiges d’un autel et du ch (...)
  • 30 E. Albe, Marcilhac l’Hébrardie, p. 41.

19Au XVIIe siècle, l’abbé de Fouilhac19 pensait que le testament de saint Didier, originaire du Quercy et évêque d’Auxerre de 595-61420, indiquait la fondation en ce lieu, au début du VIIe siècle, d’une abbaye dédiée à Saint-Amand (identifié par erreur à Amateur ou Amatre)21. Didier en aurait fait le lieu de sépulture de sa mère Nectérie, y déposant encore les corps (ou les reliques) de ses prédécesseurs à Auxerre : Amateur (mort en 418) et Germain22, et le dotant de biens fonciers importants23 dont Marciliacum24 (Marcilhac-sur-Célé) où se seraient réfugiés les moines lors des expéditions des Sarrasins et des Normands25. L’abbé de Fouilhac26 relate par ailleurs la découverte (très suspecte) de l’épitaphe de Nectérie. En fait, rien ne permet de faire à coup sûr une relation entre le corpus des textes relatifs à Didier de Cahors ou sa famille, et le site. L’abbé de Fouilhac se fonde essentiellement sur des homonymies, des documents défectueux ou même forgés. L’établissement religieux, tantôt qualifié de monastère, tantôt d’abbaye bénédictine27, est mentionné au XVe siècle sous le vocable de Saint-Amand de Coronzac28. Centre d’une paroisse, l’église29 sera rattachée au prieuré voisin de Vialoles (Cabrerets) en 167930.

  • 31 Statistique, 1831, 1, p. 426-428 ; 2, p. 85.
  • 32 Histoire générale, 1, p. 205-207.

20Le site sera de nouveau exploré au XIXe siècle par J.-A. Delpon31 et G. Lacoste32. Des sondages seront encore entrepris dans les années 1950 par A. David (l’inventeur de Pech-Merle) dans le cadre de la recherche d’Uxellodunum. Il ne reste malheureusement que de rares traces manuscrites de ces fouilles, sinon la relation que l’on doit au chanoine A. Lemozi, ainsi que les témoignages locaux mentionnant la découverte de sépultures qui correspondaient certainement au cimetière médiéval associé à l’église.

  • 33 À environ 1 km, sur le point dominant du plateau de Malaterre (Cabrerets) en dehors de la fortifica (...)

21S’attachant à toutes les époques, le légendaire local est intéressant à souligner. C’est pour la protohistoire le traditionnel veau d’or, à l’égal de Murcens (Cras) et de quasiment tous les oppida de la région, les appellations la ville (ville-village disparu), la porte (système défensif), une pierre taillée dite le bénitier et la gleye33 pour la présence religieuse.

22J.-A. Delpon décrit une fortification bipartite constituée par deux murs parallèles liés au mortier, larges de 1 m et longs de 40 m, espacés de 6 m, et reliés en plusieurs points par des murs de 0,80 m de largeur. La fortification principale aurait un peu plus de 3 m d’épaisseur, à ces extrémités des espaces libres indiquent la présence de deux portes, tandis qu’au centre et aux extrémités en contact avec la falaise, l’auteur suggère la restitution de trois tours, révélées par des fouilles et des amas de matériaux. Le chanoine A. Lemozi de Cabrerets réalise une étude du site et en lève le plan en 1950. Il restitue pour sa part une seule tour (circulaire) faisant office de barbacane à l’entrée de l’éperon.

  • 34 19 m vers l’intérieur et 13 m vers l’extérieur.
  • 35 P.-M. Decombeix, D. et R. Lassere, D. Rigal, 1996, Bilan scientifique, DRAC Midi-Pyrénées, p. 140- (...)

23Ce site présente actuellement une très importante levée de terre et de pierres de 160 m de développement, dont la masse de l’éboulis se développe sur une largeur atteignant 32 m à la base34, un étroit passage (la « porte ») est ménagé au sud-est, au contact de la falaise. Afin d’appréhender la structure et l’origine du rempart, un sondage a été réalisé en 199635 dans le secteur à la fois le plus élevé et le moins perturbé. Ce que nous supposions être le parement interne, ainsi qu’un mur de doublage d’un mètre d’épaisseur, affleuraient déjà par endroits et se sont trouvés confirmés. Le parement externe de la fortification est réalisé à l’aide de dalles calcaires brutes ; très déversée, elle n’a été dégagée que sur 1 m de hauteur, soit 7 assises. De même que la masse du blocage, l’appareil est lié avec un mortier pauvre et peu consistant de teinte ocre beige, constitué de castine, de petites nodules de chaux et probablement de sable, dont la qualité renvoie à une datation postérieure au Bas-Empire. Certaines pierres du remplissage en réemploi présentent des restes de mortier de tuileau que l’on suppose gallo-romain.

24Il est dorénavant permis de préciser que l’élévation conservée atteint 6 m ; c’est également la largeur au sommet. Le mur de doublage est un aménagement postérieur à la construction du rempart, il est monté avec un liant argileux incluant des éclats calcaires. Son dégagement a entraîné la découverte de l’angle nord-est d’un bâtiment appuyé contre le rempart. Son parement interne, conservé sur 1,80 m d’élévation (13 rangs), est constitué de blocs bien équarris, chaînés à l’angle. La céramique date l’abandon de cette construction aux alentours du XIIIe siècle.

25Ces investigations ont permis d’affiner l’origine de la partie actuellement visible de la fortification. Elle est donc postérieure à l’Antiquité romaine et antérieure au bâtiment abandonné au XIIIe siècle, ce qui ne préjuge en rien d’un éventuel état antérieur à cette muraille imposante.

Fig 9. Photo aérienne de Colonjac, prise en direction de l’est.

Cliché DR.

Fig 10. Coupe du rempart de Colonjac. Fouilles D. Rigal, 1996.

Fig 10. Coupe du rempart de Colonjac. Fouilles D. Rigal, 1996.

Grotte des Tuilières (commune de Reyrevignes)

  • 36 R. Lequément, 1987, « La grotte de Reyrevignes (Lot) », De l’âge du Fer aux temps barbares, Toulous (...)
  • 37 Lequément, 1987, p. 87.
  • 38 Lequément, 1987, p. 86.
  • 39 Dessins M. Vidal, inédit.

26Découverte fortuitement en 1983, la grotte dont l’accès se fait par une très discrète faille s’ouvrant dans le sol, a fait l’objet d’une fouille programmée entre 1984 et 1986, sous la direction de MM. Lequément et Vidal36 ; elle a livré, dans une salle d’environ 25 x 30 m, un remarquable mobilier archéologique datant de la fin du IVe-début du Ve siècle : céramiques communes, lampes imitées de modèles africains, sigillées claires et D.S.P. régionales, verre, bracelets en bronze à extrémités zoomorphes, bague en bronze et argent… Plusieurs objets sont attribuables au « faciès militaire » habituel en Gaule du Centre et du Sud pour la fin du IVe et le début du Ve siècle. Il s’agit d’une silique d’Arcadius frappée à Milan37, d’une autre issue d’un atelier indéterminé, d’un peigne à dos triangulaire décoré d’ocelles, avec son étui38, et surtout de deux éléments de cingula en bronze39 : une terminaison de lanière « en forme d’amphore » et décor d’ocelles, ainsi qu’une boucle simple à protomes zoomorphes affrontés.

  • 40 Lequément, 1987, p. 85.

27En 1987, l’ensemble avait été, à titre d’hypothèse, qualifié de « type d’habitat saisonnier en relation avec des activités pastorales, voire de transhumance »40 ; une série de murs en pierre sèche déterminant des espaces clos plus ou moins rectangulaires, aux angles souvent arrondis, appuyés contre les parois étaient considérés comme datant de la fin de l’Antiquité. Au vu de la documentation, il semble qu’il s’agisse de constructions nettement plus tardives, en rapport avec une occupation médiévale attestée par une monnaie et de la céramique. De fait, aucune structure du Bas-Empire n’est clairement perceptible. Pour autant, l’abondance et la qualité du mobilier de cette époque ne s’accorde guère avec l’ordinaire de bergers. Les éléments de costume masculin militaire, joints à deux monnaies frappées et diffusées essentiellement dans le même milieu, tendent plutôt à considérer le site comme ayant été fréquenté par des hommes (et sans doute des femmes) en rapport avec l’armée, régulière ou non. Etait-ce pour les hommes de la fin de l’Antiquité un refuge discret ou bien une cache ?

Fig 11. Boucle de ceinture de type militaire, alliage cuivreux,

dessin M. Vidal, inédit.

Fig 12. Terminaison de lanière de ceinture de type militaire, alliage cuivreux,

dessin M. Vidal, inédit.

La ville de Cahors

L’enceinte

  • 41 G. Lacoste, 1883, Histoire générale de la province du Quercy, I, Paris ; rééd. Paris, 1968 avec not (...)
  • 42 M. Labrousse, 1954 Gallia, informations archéologiques, p. 228 ; 1963 Gallia, informations archéolo (...)

28À Cahors, la question de l’enceinte, qu’elle soit du Haut Empire ou de l’Antiquité tardive, a toujours alimenté les discussions. On peut seulement considérer comme acquis que Divona n’a pas été une ville fortifiée durant les premiers siècles de notre ère, à l’instar de Toulouse, même si les historiens du Quercy ont défendu autrefois l’existence d’un rempart est-ouest, au sud des fortifications médiévales. Pour certains, cette ligne de défense aurait repris le tracé d’une fortification gauloise enserrant un hypothétique oppidum gaulois, puis un castellum du haut Moyen Âge41. Il n’en est rien : les recherches menées à l’Arc de Diane ont démontré qu’il s’agissait en fait du mur de clôture nord des thermes publics, à l’emplacement qu’occupe de nos jours la rue Charles-de-Frayssinet42.

  • 43 Vita de Didier, évêque de Cahors : réf. BHL 2143. Editions : M.G.H., S.R.M. t. 4, Hanovre-Leipzig 1 (...)
  • 44 J. Durliat, « Les attributions civiles des évêques mérovingiens : l’exemple de Didier, évêque de Ca (...)
  • 45 M. Labrousse, 1969, Inventaire archéologique du département du Lot pour la période gallo-romaine, T (...)
  • 46 L. Maurin, 1992, « Remparts et cités dans les trois provinces du Sud-Ouest de la Gaule », dans Vill (...)

29Aucune donnée archéologique n’indiquant la présence d’un rempart précoce, on peut considérer que Cahors (civitas Cadurcorum dans la Notice des Gaules, XII, 3) fut une ville ouverte durant toute l’Antiquité classique, et que l’enceinte dont fait mention la Vita de saint Didier43 serait une création du VIIe siècle : nous savons en effet que Didier, évêque de 630 à 655, réalisa de multiples travaux d’édilité publique à Cahors44. D’autres chercheurs pensent que la ville était déjà remparée, antérieurement aux travaux de réhabilitation du début du VIIe siècle45. En ce sens, et malgré l’absence de preuves, cette enceinte dont on ne connaît ni le tracé, ni l’architecture, ni la chronologie, pourrait s’intégrer dans le groupe, déjà reconnu en Aquitaine septentrionale46, des enceintes tardives de première (IIIe/IVe siècle) ou deuxième génération (fin IVe/début Ve siècle). Mais ce n’est, en l’état actuel du dossier, qu’une hypothèse, même s’il paraît très difficile d’admettre que la ville/chef-lieu de cité soit restée ouverte durant les siècles troublés du Bas-Empire et du début de l’époque mérovingienne : à vrai dire, ce serait là un unicum en Gaule du Sud.

  • 47 Par exemple, le scribe clunisien de Moissac, surpris de lire que Cahors était qualifiée, dans ce te (...)
  • 48 Les fouilles récentes des allées Fénelon ont montré que le périmètre de l’enceinte prend en compte (...)

30Le seul argument pour dater l’érection de l’enceinte du VIIe siècle est issu de la Vita de l’évêque Didier (cf. supra), dont le texte interpolé retenu par Poupardin doit être écarté47. Il ne faut pas perdre de vue que le témoignage est de l’ordre du panégyrique, et non d’une description exacte et précise de monuments cadurques dus à Didier. Malgré le ton ampoulé et hyperbolique, le vocabulaire choisi pour qualifier les travaux de l’évêque afférents à l’enceinte n’indique pas sa création mais seulement sa restauration (entretien, remise en état et/ou surélévation avec utilisation de moellons calcaires de remploi) ; l’existence d’une fortification antérieure est d’ailleurs sous-tendue par le propos même de l’auteur. C’est pourquoi nous postulerons l’existence d’une enceinte urbaine dotée de tours dès le Bas-Empire48.

  • 49 E. Albe, « Inventaire raisonné des archives municipales de Cahors », BSEL, XLV, p. 346-610. – J. La (...)

31On considère que cette enceinte existait toujours, sans changement de son périmètre, au Moyen Âge. En 1288, c’est un système complexe développé selon un axe nord-sud qui est décrit : « tours, bistours, portes, barbacanes, fortifications et bâtiments élevés sur lesdits remparts et fossés, ou, entre les fossés et les avants-fossés, les portes et les petites places entres les fossés et les avants-fossés »49.

  • 50 Peu avant, à la fin du XIIIe siècle, on procédait à l’édification du rempart fermant l’isthme d’est (...)
  • 51 J. Daymard, 1905, p. 21-34 ; N. Savy, 2005, Cahors pendant la guerre de Cent Ans, Cahors.
  • 52 Par exemple les plans de Tassin en 1636, celui de Mérian en 1660 et le plan dit des Murettes levé l (...)
  • 53 Ce fossé sera définitivement comblé entre 1731 et 1790, ce qui permettra l’ajout de terrasses aux m (...)

32En 1345-4750, la muraille d’origine, large de 2 m, est épaissie d’un mètre vers l’extérieur avec des moellons en moyen appareil et des briques, par le capitaine de Cahors Gaucelin de Vayrols, puis en 1407 par 0,70 m supplémentaires de mêmes matériaux, et de nouveau en 1407, date à laquelle sa hauteur côté ville atteignait 10 m51. Nous en connaissons assez bien le tracé, ainsi que la plupart des portes, grâce à différentes représentations iconographiques52. Le mur était complété par un fossé, large et profond, allant depuis la place Lafayette jusqu’au cours Vaxis et à la place Saint-Laurent53.

33Enfin, même si les premières mentions ne remontent pas au-delà de la guerre de Cent Ans, il est évident que, dès que la ville a éprouvé le besoin de se protéger, une ligne de fortifications a nécessairement été réalisée au contact de la rivière, sur toute la bordure orientale de la ville. Il n’existe en effet aucune défense naturelle depuis le débouché du pont Vieux, à la place Saint-Laurent, jusqu’à la falaise (la roche Roudoulèse) supportant la citadelle dite de Saint-Barthélemy.

Fig 13. Plan de Cahors durant l’épiscopat de Didier : les principaux monuments publics. DR

Fig 13. Plan de Cahors durant l’épiscopat de Didier : les principaux monuments publics. DR

Fig 14. Coupe fortuite du rempart ceinturant la ville médiévale.

Photographie prise rue Blanqui en 1927, détail.

La ville de la fin de l’Antiquité

  • 54 M. Vidal, 2001, « L’aqueduc gallo-romain de Divona », dans D. Rigal (dir.), Fouille pluriannuelle 1 (...)
  • 55 Ausone, Professores (XV), 18, vers 15.
  • 56 Géographe de Ravenne, IV, 10, 40.
  • 57 Sidoine Apollinaire, Carm., IX, 28.
  • 58 Fortunat, Vita sancti Hilarii, IV, 11.
  • 59 Grégoire de Tours.
  • 60 Frédégaire, Chron., IV, 57 : synthèse par M. Labrousse, Inventaire, 1969, p. 46 = CAG 1990, p. 40.

34Hormis par l’intermédiaire de la Vita de Didier, l’état des connaissances de la ville du Bas-Empire et du haut Moyen Âge reste très lacunaire54. Au IIIe siècle Divona, comme de nombreuses cités de Gaule, s’approprie le nom du peuple des Cadurques et devient Cadurca (sedes)55, nom que la ville gardera au travers de transcriptions différentes jusque dans l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge. On retrouve ainsi Caturcium56, Cadurcos57, Cadurci58, Cadurca, Cadorca et Caturca sur les monnaies mérovingiennes, Cadurcina, Caturcina ou Cadurcensis (civitas)59 puis Cathorcinus (pagus)60.

35Des apports significatifs sont dus aux récentes découvertes archéologiques des allées Fénelon. Les niveaux d’abandon de l’amphithéâtre, du cardo et de l’égout qui lui est associé indiquent clairement que les monuments publics sont désertés et transformés en carrière de matériaux à la fin du IVe siècle. Tout comme aux thermes, on observe plusieurs aménagements qui correspondent à de l’habitat précaire s’installant opportunément dans les ruines de ces monuments publics jusque dans le courant du siècle suivant.

  • 61 D. Rigal, 2004, « Le temple gallo-romain de Cahors », dans Aquitania, 20, p. 85-94.
  • 62 Et non pas 200 ha : CAG 1990, p. 17 ; G. Gonsalvès, 1992, p. 62-66 ; R. Bedon, 1999, p. 131, 138.
  • 63 Angoulême : 27 ha, Bordeaux : 32,5 ha, Bourges : 26 ha, Périgueux : 5,5 ha, Saintes : 16 ha… : L. M (...)

36Tous les monuments publics de Divona identifiés à ce jour, ceux précédemment cités ainsi que le théâtre et le temple, se retrouvent en dehors de l’espace délimité par la fortification, et dont l’église cathédrale devient le point central61. L’habitat, identifié en partie grâce à la soixantaine de sols mosaïqués, connaît le même reflux. Cela a pour conséquence de ramener la superficie de la ville antique ouverte que nous estimons à environ 125 ha (1 370 m de long sur 910 de large),62 à un réduit approchant 29 ha (1 100 m de long sur 265 de large) ; ce qui reste toutefois important en regard des capitales de cités voisines où les données sont connues pour cette période63.

Fig 15. Un exemple de réoccupation temporaire découvert aux allées Fénelon : remploi de moellons de l’amphithéâtre pour une structure excavée.

Photo DR/Inrap.

Fig 16. Vue générale de l’amphithéâtre des allées Fénelon.

Photo DR/Inrap.

Près de Cahors, un castellum du Bas-Empire au Pech Saint-Cirq ?

  • 64 Toponyme issu du cadastre napoléonien.
  • 65 A. Viré, 1926. Radio-tellurie et archéologie. Les fouilles du mont Saint-Cyr à Cahors en 1915, Caho (...)
  • 66 A. Viré, 1926, p. 8. Patrice Foissac, que nous remercions vivement, vient de porter à notre connais (...)
  • 67 L’étude de A. Viré, p. 13-14, inclut une note de E. Albe qui identifie l’hagiotoponyme (Cyr, Cirq o (...)
  • 68 A. Viré, 1926, p. 9-10.
  • 69 A. Viré, 1926, p. 10.
  • 70 A. Viré, 1926, p. 12.

37Le site du Pech Saint-Cirq64, qui domine Cahors au sud-est, fut pour l’essentiel exploré par A. Viré en 191565. La présence de tegulae et d’éléments architecturaux antiques sur les flancs de la montagne le conduisit à dégager des substructions imposantes, qu’il date pour l’essentiel des IVe-Ve siècles, dont, au S/SE, « un grand mur de 100 m de long, 1 m de large, qui se poursuit parallèlement à la crête du plateau. Il pourrait être encore plus long et faire songer à un rempart (…) diverses constructions, orientées à angle aigu ou à angle obtus par rapport à ce mur, et le traversant par endroits, appartiennent aux derniers temps de l’Empire romain, avec appareillage irrégulier et peu soigné »66. A. Viré a également exploré les vestiges de l’oratoire Saint-Cyr67 ; une occupation médiévale est d’ailleurs démontrée par la présence de « pégaux »68. Il remarque des éléments d’architecture monumentale (colonne, chapiteau, blocs divers), un débris d’inscription, ainsi qu’une « énorme quantité de tuiles à rebords », de la « vaisselle commune sans aucune trace de poterie samienne » et « une pointe de javelot en fer » dont il joint le dessin69 : il s’agit en fait d’une pointe de lance de la fin de l’Antiquité, mise au jour à l’intérieur de l’enceinte. En 1837, parmi des objets hétéroclites, avait été découverte une monnaie de Constantin70.

  • 71 R. Brulet, 1990. La Gaule septentrionale au Bas-Empire, Trier.

38Nous avons mené en 2008 une prospection pédestre sur le site à plusieurs reprises ; nous avons pu vérifier la fiabilité des descriptions d’A. Viré, dont les tranchées de fouilles sont encore visibles. Il semble bien y avoir effectivement des pièces et surtout une puissante courtine antique maçonnée, dépouillée de son parement, qui épouse une courbe de niveau. Les tegulae observées paraissent, par leurs dimensions et leurs caractéristiques techniques, très tardives ; un tesson de céramique pourrait dater du haut Moyen Âge. La situation des substructions au sommet du mont, dominant directement la ville antique, leur organisation générale, l’existence d’une courtine, la découverte d’une arme de guerre de la fin de l’Antiquité, la datation globale des vestiges qui paraissent intégrer des remplois monumentaux, tout cela nous amène à penser que le mont Saint-Cyr était couronné, dès la fin du IVe siècle au moins, d’un castellum71. Cette place-forte aurait servi à verrouiller l’accès sud à la ville, tout en occupant une place éminemment stratégique en contrôlant le franchissement du Lot.

  • 72 P. Bonnassie, 1990. « L’évêque, le peuple et les sénateurs : scènes de la vie à Cahors, d’après la (...)
  • 73 Auparavant, J. Dufour, dans Les évêques d’Albi, de Cahors et de Rodez des origines à la fin du XIIe(...)
  • 74 M. Banniard, 1994. « Une vita mérovingienne ? Langue et style de la Vie de saint Ambroise, évêque d (...)
  • 75 En 1989, alors qu’il achevait la rédaction de son article, P. Bonnassie m’avait demandé si j’avais (...)
  • 76 P. Bonnassie, 1990, p. 214-216.
  • 77 B.H.L. 369-370. AA. SS die decimasexta octobris, p. 1031-1050.

39Il y a peut-être plus : une mention ancienne de ce castellum. En 1990, P. Bonnassie s’intéressa à la vita Ambrosii72, un évêque de Cahors peu connu, dont il proposa de situer l’épiscopat au VIe siècle73. Puis en 1994, M. Banniard suggéra de voir dans la vita d’Ambroise de Cahors « une rédaction précarolingienne »74. Or cet évêque, selon sa vita, aurait vécu quelque temps reclus dans une « caverne du château » non localisée75, hors les murs mais en vue de la ville (cf. infra). Pierre Bonnassie avait alors pu démontrer que le lieu-dit actuel « château de saint Ambroise », à l’est de la ville antique, ne pouvait convenir. Pour autant, la localisation précise de l’étrange retraite volontaire d’Ambroise demeura sans solution76. Les Bollandistes donnent deux versions de la vila d’Ambroise77, la seconde étant légèrement amplifiée. Elles décrivent précisément un château « en pierre », implanté sur une hauteur et surplombant la grotte de l’évêque reclus, alors que les deux lieux sont suffisamment proches pour être associés dans une même dénomination. Rien dans les textes n’indique que le château soit habité lors du séjour d’Ambroise en contrebas. Selon la seconde vita, un premier édifice chrétien aurait été construit rapidement au-dessus de la grotte, c’est-à-dire vel plus vel minus au niveau du château. Cet édifice semble distinct de l’oratoire construit ultérieurement (début du XIVe siècle), à proximité immédiate de la caverne, donc plus bas. Voici quelques extraits du dossier documentaire :

La forteresse et la caverne de l’évêque reclus

  • 78 AA. SS die decimasexta octobris, p. 1047.
  • 79 Cf. infra, Vita antérieure de Vincentianus.

40On lit dans la première vita, éditée in extenso, deux descriptions de la forteresse78 : « in cavernam castri in proximum pontem, qui est super flumen Olte » (…) « in cavernam castri lapidei quae erat desuper plantatum, et elevans autem oculos suos ad caelum… » (…). Dans la seconde vita, légèrement plus prolixe (ms. Reginae Sueciae), on trouve : « in cavernam castri in proximo ponte, qui est super flumine » (…) « introivitque in cavernam castrae lapideae quae erat desuper constructa ; elevans autem oculos suos ad caelum79… » (…).

Un premier lieu de prière au-dessus de la caverne ?

41Première vita : « Discipulus autem vehementer composuit plantatum supra eum, et nihil parebat… ».

42Seconde vita : « Discipulus autem magnum aedificium construxit super eum ad occultandum eum et non comparebat… » (ms. Reginae Sueciae).

L’oratoire de 1308 au niveau de la grotte

  • 80 AA. SS die decimasexta octobris, p. 1046.

43En 1308 est bâti un oratoire en mémoire d’Ambroise, par l’évêque de Cahors Raymond III : « ad honorem Dei et Beati Ambrosii patroni nostri, et olim episcopi Cadurcensis, de fructibus et bonis praedictis construatur oratorium congruum et honestum, in loco, seu antro, vel spelunca, in qua vel quibus prope pontem veterem cadurcensem juxta flumen Olti dictus sanctus arctam vitam dicitur duxisse longo tempore (…) »80.

44Ces textes rassemblés par les Bollandistes nous paraissent suffire à une identification du lieu unique dont il est question, situé au-delà mais à proximité du Pont-Vieux : il s’agit bien du massif du Pech de Saint-Cirq (appellation du cadastre napoléonien). La chapelle, oratoire ou ermitage « saint Cirq » (cad. napoléonien n° 313, bâtiment quadrangulaire en ruines), qui parait inclus dans le périmètre du castellum, pourrait correspondre à l’ aedificium mentionné dans la seconde vita. Quant à la grotte, il est très probable qu’elle se soit trouvée dans ou au pied de la falaise calcaire en contrebas, peut être dans le prolongement direct du Pont-Vieux : le toponyme « la Reclusie », au pied de la falaise, a peut-être son origine dans la réclusion volontaire d’Ambroise, perpétuée plus tard dans le Moyen Âge (cf. supra). De fait, dans cette hypothèse, on ne peut maintenir la localisation de l’oratoire de 1308 au lieu-dit actuel « château saint Ambroise », dont les formes anciennes, comme l’avait remarqué P. Bonnassie, donnent clairement « saint André » (cf. carte de Cassini et cadastre napoléonien) : une telle confusion entre les deux hagiotoponymes ne nous parait guère possible. Le « château saint Ambroise » est donc sans doute un produit de l’érudition moderne, tandis que le castrum de la vita se situait bien au sommet du Pech Saint-Cirq.

  • 81 MGH SRM V, p. 116-128. BHL 8618.
  • 82 MGH SRM V, p. 121-122 « ad heremum perrexit (…) per diversa loca ibat. Tunc invenit quidam vir Ambr (...)

45Pour autant, que penser de la vita en elle-même, qu’il s’agisse de son contenu ou de sa datation ? Faut-il y voir une œuvre d’époque mérovingienne dépositaire d’un contenu historique significatif, comme cela a été avancé ? Peut-être pas. À bien y regarder, nonobstant l’insolite castrum lapideum qui appartient à l’arrière-plan du récit, la vita ne contient guère que des poncifs de la littérature hagiographique adaptés au contexte cadurque. Plus inquiétant, comme l’ont bien noté les Bollandistes, un passage relatif au port de la barbe chez un clerc parait bien renvoyer à des préoccupations du XIe siècle. Quant à la langue, elle est bien plus évoluée que celle de la correspondance authentique de Didier de Cahors. Il y a peut-être pire : la vita d’Ambroise parait bien être directement tributaire de celle de Vincentianus, confesseur ermite aquitain mort vers 67281. La Vita de Vincentianus, qui date sans doute de la fin de l’époque mérovingienne ou des premiers temps de la présence carolingienne dans le Midi (mention de la « Gotia »), nous apprend qu’il avait résidé à Cahors où il avait connu l’évêque Didier. Lors de ses pérégrinations, sans doute vers 660-670, il rencontra un certain Ambrosius, vivant lui aussi « ad heremum ». Après avoir partagé un certain temps leur solitude, ils se séparèrent ; Ambroise partit vers la ville de Cahors et y mourut82. Il s’agit là très vraisemblablement du véritable Ambroise de Cahors, ermite et non évêque. C’est lui, « prêtre et confesseur », que connaissent les martyrologes carolingiens. Selon un procédé banal, on en fit ultérieurement (à l’époque post-carolingienne ou même sans doute un peu plus tard) un évêque de Cahors, que l’on situait traditionnellement « au temps du roi Pépin ». La vita d’Ambroise, dans la forme où elle nous est parvenue, est probablement une œuvre du début de l’époque féodale, qui travestit un ermite du VIIe siècle en évêque. Elle nous a pourtant transmis, semble-t-il, le souvenir d’une forteresse perchée de la fin de l’Antiquité, d’un type inhabituel en Gaule du sud.

46Au terme de cette modeste enquête préliminaire, il est néanmoins possible de suggérer quelques réflexions qui s’accordent aux « tendances de fond » en la matière, mais qui témoignent aussi de spécificités :

  • une présence militaire impériale est attestée fin IVe-début du Ve siècle, à proximité de la ville (forteresse de Pech Saint-Cirq), mais aussi, ce qui est plus étonnant, en pleine campagne (grotte de Reyrevignes) ;

  • la permanence du mode de bâtir (moellons et mortier de chaux) et l’ampleur des programmes (grandes courtines parfois garnies de tours) est remarquable ;

  • la plupart des lieux à vocation défensive ont connu une occupation antérieure à finalité similaire.

Fig 17. Photographie du Pont-Vieux prise en 1873, anonyme. À droite, le Pech Saint-Cirq, planté de vignes. Au centre, au second plan, le Pont-Vieux en partie emporté par une crue. Au débouché rive gauche, l’église Notre-Dame du Pont et la Reclusie.

Fig 17. Photographie du Pont-Vieux prise en 1873, anonyme. À droite, le Pech Saint-Cirq, planté de vignes. Au centre, au second plan, le Pont-Vieux en partie emporté par une crue. Au débouché rive gauche, l’église Notre-Dame du Pont et la Reclusie.

Fig 18. Plan des vestiges du mont Saint-Cyr,

d’après A.Viré, 1926.

Fig 19. Colonnes et débris architecturaux antiques mont Saint-Cyr,

photographie attribuée à A.Viré, archives SEL, 0466-1.

Fig 20. Mur réalisé en alternance de moellons et de lauzes disposées en opus spicatum, probablement situé à la base orientale de l’ermitage médiéval Saint-Cyr,

photographie attribuée à A. Viré, archives SEL, 0467-2-2.

Fig 21. Mur d’enceinte spolié (?) orienté NE/SW,

Photo DR

Fig 22. Fer de lance du Bas-Empire mis au jour à l’intérieur de l’enceinte,

dessin A. Viré, 1926.

Fig 23. Profil de deux tegulae du mont Saint-Cyr,

Christian Salmon/Inrap.

Notes

1 Nos chaleureux remerciements à Valérie Rousset, Michel Vidal, ainsi qu’à la Société des Etudes du Lot pour nous avoir permis un accès au fonds photographique ancien qu’elle conserve. Auteurs des notices : Mas-de-Greil, l’Impernal, Gayfié, Les Césarines, Colonjac : DR ; Reyrevignes, Pech Saint Cirq : JLB, Cahors : JLB/DR.

2 G. Fournier, Le peuplement rural en Basse Auvergne durant le haut Moyen Âge, Paris, 1962. – G. Fournier, « Les campagnes de Pépin le Bref en Auvergne et la question des fortifications rurales au VIIIe s. » dans Francia, Munich, 1974, p. 125 sq. – G. Fournier, « Les forteresses rurales en France à l’époque carolingienne » dans Actes du 101e Congrès national des Sociétés Savantes, Lille, 1976, p. 53- 69.

3 Cf. travaux de nombreux chercheurs aveyronnais, comme A. Soutou (†), J. Arnal, F. de Gournay, F. Martin, J. Poujol, J. Pujol, Chr. Saint-Pierre…

4 P.-M. Decombeix, 1998, Bilan scientifique, DRAC Midi-Pyrénées, p. 132 ; P.-M. Decombeix, 1999, Annales des VIIe rencontres archéologiques de Saint-Céré, p. 84-93.

5 A. Viré, 1908, BSPF, V, p. 71-72.

6 CAG 46, p. 104.

7 CAG 46, p. 108-112.

8 A. Viré, 1914, Rapport de la Commission des fouilles de l’Impernal à Luzech (Lot), imp. Monnoyeur, Le Mans, p. 24.

9 A. Viré, 1913, BSPF, X, p. 710-711, fig. 3, 5-7 ; A. Viré, 1914, p. 24.

10 M. Labrousse, 1969, p. 346-347.

11 J.-A. Delpon, 1831, Statistique du département du Lot, I, Cahors, 1, p. 405-406.

12 E. Roldes, 2002, Bilan scientifique, Drac Midi-Pyrénées, p. 121-122.

13 J.-A. Delpon, 1831, 1, p. 405-406 ; M. Labrousse, 1969, p. 392-393 ; D. Rigal dans V. Rousset, 2001, L’abbaye de Lantouy, à Saint-Jean-de-Laur, rapport de sondages, SRA de Midi-Pyrénées, p. 9-10.

14 Ruisseau de Fenouil, de la Mandine ou du Cayla.

15 Ruisseau du Merdalou, de Saint-Médard, de Presque ou de l’Essidou.

16 J. Lartigaut, 1985, Bulletin de la Société des Etudes du Lot, 3, p. 176 : « Un censier d’Eustache de Narbonès ».

17 G. Castéran, 1992, Annales des rencontres archéologiques de Saint-Céré, 1, p. 37-63 ; id. 2007, 14, p. 24-60.

18 Médiévale pour Castagné, 1877, Congrès Archéologique de France, XLIV, p. 506-528 ; de la fin de la Tène pour M. Labrousse, 1969, p. 428-433.

19 Antiquités diverses du Quercy, Bib. mun. Cahors, fonds Greil, ms. 111, f° 8-14.

20 E. Albe, Miracles de Rocamadour, p. 36.

21 Les analogies de date et de lieu entre les Didier, l’un étant évêque de Cahors, le second d’Auxerre, ont pu amener une certaine confusion entre les attributions relatives à l’abbaye Saint-Amand de Cahors et à celle, supposée, de Colonjac : E. Albe, A. Viré, 1926, L’hébrardie, Monographie de l’abbaye de Marcilhac, du prieuré d’Espagnac et du château de Saint-Sulpice en Quercy, Brive, Lachaise, p. 3-5.

22 Selon l’abbé de Fouilhac, Antiquités…, citant le cartulaire de Marcilhac, le corps d’Amateur aurait par la suite été caché au lieu qui deviendra Roc-Amadour. Cette thèse est déjà – avec raison – suspecte aux yeux de E. Rupin, 1904, Roc-Amadour, p. 65-70, car le corps d’Amateur est mentionné, conservé dans la cathédrale d’Auxerre, en 859 puis en 1320, ce qui va à l’encontre de la découverte du corps intact d’Amateur découvert par Robert de Thorigny à Roc-Amadour en 1166. Peut-être faut-il interpréter le mot reliquias comme un modeste fragment. Voir aussi A. Lemozi, 1946, p. 7.

23 Lintiniacum (Lentillac), Quintiacum (Quissac), Crispiniacum (Saint-Crépin - Vers), Saint-Géry.

24 E. Rupin, 1904, p. 66, A. Lemozi, 1946, p. 1-2, 14.

25 A. Lemozi, 1946, p. 12-13

26 Annales du Quercy, Bib. mun. Cahors, ms 137.

27 A. Lemozi, 1946, p. 3.

28 Info. J. Lartigaut, sept. 1996.

29 Ses dimensions étaient de 3,60 x 13,60 m, J.-A. Delpon y reconnaît les vestiges d’un autel et du chœur.

30 E. Albe, Marcilhac l’Hébrardie, p. 41.

31 Statistique, 1831, 1, p. 426-428 ; 2, p. 85.

32 Histoire générale, 1, p. 205-207.

33 À environ 1 km, sur le point dominant du plateau de Malaterre (Cabrerets) en dehors de la fortification.

34 19 m vers l’intérieur et 13 m vers l’extérieur.

35 P.-M. Decombeix, D. et R. Lassere, D. Rigal, 1996, Bilan scientifique, DRAC Midi-Pyrénées, p. 140- 141.

36 R. Lequément, 1987, « La grotte de Reyrevignes (Lot) », De l’âge du Fer aux temps barbares, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 1987, p. 85-87. Nous remercions vivement M. Vidal de nous avoir communiqué une copie des rapports de fouille.

37 Lequément, 1987, p. 87.

38 Lequément, 1987, p. 86.

39 Dessins M. Vidal, inédit.

40 Lequément, 1987, p. 85.

41 G. Lacoste, 1883, Histoire générale de la province du Quercy, I, Paris ; rééd. Paris, 1968 avec notes complémentaires par M. Labrousse, p. I-XXXIII.1, p. 105-106.

42 M. Labrousse, 1954 Gallia, informations archéologiques, p. 228 ; 1963 Gallia, informations archéologiques, p. 203, 212 ; 1968 Gallia, informations archéologiques, p. 47-49 ; M. Labrousse, G. Mercadier, 1990, Carte Archéologique de la Gaule, Les Belles Lettres (CAG 46), p. 41.

43 Vita de Didier, évêque de Cahors : réf. BHL 2143. Editions : M.G.H., S.R.M. t. 4, Hanovre-Leipzig 1902, p. 547-602 (B. Krusch) ; La vie de saint Didier évêque de Cahors, Paris, Picard, 1900, xx-64 p. (R. Poupardin). Pour les travaux sur la muraille de ville, cf. éd. Krusch § 16 : « Ab ipso quippe exordio episcopatu suo initia extruendae immoque recuperandae moeniae studium dedit » ; § 17 : « Praeter civitatis autem opera castella quoque Cadurcum, qui antea nudus pene ac exiguus videbatur, copioso opere conspicandaque municione ampliavit, erexit ac firmavit. Quem sagaciter extruens multoque inibi labore desudans, aecclesias, domos, portas, turres murorum ambitu ac quadratorum lapidum conpactione munivit firmumque hac solidum ad posteros pervenire decrevit » (avec variantes non signifiantes). B. Krusch (p. 574, n. 1), reconnait dans ce texte un probable emprunt fait à la Vita de l’évêque Didier de Vienne, mort en 606-607 : « suae meniae civitatis recuperandi » (éd. MGH SRM, t. 3, p. 640, cf. BHL 2149). Dans l’édition Poupardin (p. 17-19), on trouve des variantes notables ; l’auteur a suivi pour l’essentiel les leçons du manuscrit, pourtant interpolé, de Moissac : « Praeter civitatis autem opera, castellorum quoque municipia, Cadurcum, qui antea nudus pene ac exiguus locus ille videbatur, copioso opere conspicandaque municione ampliavit, erexit ac firmavit. Quae sagaciter exstruens multoque inhibi labore desudans, ecclesias, domos, portas, turres murorum ambitu ac quadratorum lapidum conpactione munivit, firmumque hac solidum ad posteros pervenire decrevit ». Cf. traduction du passage par F. Prévot, dans F. Prévot, X. Barral i Altet, Topographie chrétienne des cités de la Gaule, VI, 1989, p. 60.

44 J. Durliat, « Les attributions civiles des évêques mérovingiens : l’exemple de Didier, évêque de Cahors (630-655) », dans Annales du Midi, 1979, p. 238-254.

45 M. Labrousse, 1969, Inventaire archéologique du département du Lot pour la période gallo-romaine, Thèse complémentaire d’un doctorat d’État, Paris, Bib. univ. de la Sorbonne, w 1969 (42 bis), p. 49. – J. Lartigaut, 1983, « Cahors », dans Ch. Higounet, J.-B. Marquette et Ph. Wolff (éd.), Atlas historique des villes de France, Paris. – F. Prévot, X. Barral i Altet, Topographie chrétienne des cités de la Gaule, VI, 1989, p. 59-60. – G. Gonsalvès, 1992, « Cahors (Lot). Divona, Civitas Cadurcorum », dans Villes et agglomérations…, 6e suppl. à Aquitania, deuxième colloque Aquitania, (Bordeaux, 13-15 sept. 1990), p. 66. – M. Scellès, 1999, Cahors, Ville et architecture civile au Moyen Âge (XIIe-XIVe s.), Cahiers du Patrimoine, 54, p. 65, 215.

46 L. Maurin, 1992, « Remparts et cités dans les trois provinces du Sud-Ouest de la Gaule », dans Villes et agglomérations… 6e suppl. à Aquitania, p. 365-389.

47 Par exemple, le scribe clunisien de Moissac, surpris de lire que Cahors était qualifiée, dans ce texte déjà ancien, de « castellum », a transformé le passage pour faire apparaitre fictivement des « castellorum » (forteresses) et des « municipia » (villes) [sic]. Il est évident que le texte originel ne parlait que de l’enceinte urbaine de Cahors. Par ailleurs, il conviendrait de s’interroger sur la datation de la Vita proprement dite, sans doute tardive (post-mérovingienne selon nous, dans la rédaction qui nous est parvenue) au regard d’autres pièces du dossier, comme le testament de Didier.

48 Les fouilles récentes des allées Fénelon ont montré que le périmètre de l’enceinte prend en compte la proximité de l’amphithéâtre du Haut-Empire, en l’excluant nettement des abords de la fortification grâce à une concavité de la courtine, encore perceptible par l’alignement des façades donnant actuellement sur le boulevard.

49 E. Albe, « Inventaire raisonné des archives municipales de Cahors », BSEL, XLV, p. 346-610. – J. Lartigaut, 1983.

50 Peu avant, à la fin du XIIIe siècle, on procédait à l’édification du rempart fermant l’isthme d’est en ouest, tel que nous le connaissons aujourd’hui : F. Cangardel, 1881, « Réunion des sociétés des beaux-arts des départements à la Sorbonne du 20 au 23 avril 1881 », Paris, p. 161-167.

51 J. Daymard, 1905, p. 21-34 ; N. Savy, 2005, Cahors pendant la guerre de Cent Ans, Cahors.

52 Par exemple les plans de Tassin en 1636, celui de Mérian en 1660 et le plan dit des Murettes levé le 29 septembre 1745.

53 Ce fossé sera définitivement comblé entre 1731 et 1790, ce qui permettra l’ajout de terrasses aux maisons adossées au rempart, ainsi que la création de l’actuel boulevard L. Gambetta.

54 M. Vidal, 2001, « L’aqueduc gallo-romain de Divona », dans D. Rigal (dir.), Fouille pluriannuelle 1999/2001, Cahors, p. 19-47, D. Rigal, 2009, « Un regard nouveau sur Cahors-Divona, le chef lieu de la cité des Cadurques », dans Pallas, 79, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, p. 377-399.

55 Ausone, Professores (XV), 18, vers 15.

56 Géographe de Ravenne, IV, 10, 40.

57 Sidoine Apollinaire, Carm., IX, 28.

58 Fortunat, Vita sancti Hilarii, IV, 11.

59 Grégoire de Tours.

60 Frédégaire, Chron., IV, 57 : synthèse par M. Labrousse, Inventaire, 1969, p. 46 = CAG 1990, p. 40.

61 D. Rigal, 2004, « Le temple gallo-romain de Cahors », dans Aquitania, 20, p. 85-94.

62 Et non pas 200 ha : CAG 1990, p. 17 ; G. Gonsalvès, 1992, p. 62-66 ; R. Bedon, 1999, p. 131, 138.

63 Angoulême : 27 ha, Bordeaux : 32,5 ha, Bourges : 26 ha, Périgueux : 5,5 ha, Saintes : 16 ha… : L. Maurin, 1990, p. 365-389. Le cas exceptionnel de Toulouse avec ses 90 ha échappe à ce raisonnement car il s’agit d’un rempart à large périmètre du Haut-Empire, complété au Bas-Empire le long de la Garonne afin d’achever la clôture complète de la ville.

64 Toponyme issu du cadastre napoléonien.

65 A. Viré, 1926. Radio-tellurie et archéologie. Les fouilles du mont Saint-Cyr à Cahors en 1915, Cahors, impr. A. Coueslant, 1926, 16 p.

66 A. Viré, 1926, p. 8. Patrice Foissac, que nous remercions vivement, vient de porter à notre connaissance une mention particulièrement intéressante relative à un fonds en cours de classement déposé depuis quelques semaines à la Société des Etudes du Lot. Il s’agit d’un courrier daté du 23 décembre 1837 de M. Lézeret de Lamaurinie, relatant les premières découvertes archéologiques sur le site : « selon une ancienne tradition, il y eut autrefois, sur la montagne de St-Cir, un grand château. L’époque de son existence se perd dans la nuit des temps, il n’en est point fait mention dans les annales du Quercy. »

67 L’étude de A. Viré, p. 13-14, inclut une note de E. Albe qui identifie l’hagiotoponyme (Cyr, Cirq ou Cyric, fils de Julitte, martyr, fête le 16 juin ; des reliques du jeune enfant auraient été apportées à Toulouse, Saint-Amand et Nevers, au Ve siècle, par l’évêque Amateur d’Auxerre [confondu localement avec un Amateur « de Cahors », alias saint Amadour]. Cette légende pourrait expliquer de fréquentes dévotions locales au martyr Cyr). Albe donne quelques occurrences du lieu : « crox de San Cirq » en 1325, « Sainte-Croix, terroir de saint-Cir » au XVIe siècle. En 1403, un ermite résidait à la « croix dudit saint Circ », au « puech de Saint-Cirq ». En 1466, on trouve la mention « terroir de saint Cirq, alias de la Recluse ». Le lieu avait également une importance stratégique : en 1408-1409, on paie des guetteurs postés sur l’éminence, qui « avia estat bada el pueg de sanh Circ ».

68 A. Viré, 1926, p. 9-10.

69 A. Viré, 1926, p. 10.

70 A. Viré, 1926, p. 12.

71 R. Brulet, 1990. La Gaule septentrionale au Bas-Empire, Trier.

72 P. Bonnassie, 1990. « L’évêque, le peuple et les sénateurs : scènes de la vie à Cahors, d’après la vita Ambrosii », dans Annales du Midi, 1990, p. 213-217.

73 Auparavant, J. Dufour, dans Les évêques d’Albi, de Cahors et de Rodez des origines à la fin du XIIe siècle, Paris, 1989, p. 55, situait son épiscopat au VIIIe siècle.

74 M. Banniard, 1994. « Une vita mérovingienne ? Langue et style de la Vie de saint Ambroise, évêque de Cahors », dans Annales du Midi, 1994, p. 229-235.

75 En 1989, alors qu’il achevait la rédaction de son article, P. Bonnassie m’avait demandé si j’avais quelques lumières sur la localisation de ce « château », qu’il avait parfaitement identifié à une forteresse rurale antérieure à la mutation féodale, semblable à celles que je venais d’étudier en haute Auvergne ; je n’en avais alors aucune.

76 P. Bonnassie, 1990, p. 214-216.

77 B.H.L. 369-370. AA. SS die decimasexta octobris, p. 1031-1050.

78 AA. SS die decimasexta octobris, p. 1047.

79 Cf. infra, Vita antérieure de Vincentianus.

80 AA. SS die decimasexta octobris, p. 1046.

81 MGH SRM V, p. 116-128. BHL 8618.

82 MGH SRM V, p. 121-122 « ad heremum perrexit (…) per diversa loca ibat. Tunc invenit quidam vir Ambrosius nomine (…). Perrexerunt itaque ambo simul in heremo et pervenerunt super ripam Vigenne fluminis (…). Diebus autem paucis inibi transactis, Ambrosius revertens ex heremo (…). Cum autem per silvam Ambrosius iret, ut ad villam iret, elevans occulos suos, vidit in cacumine arboris que vocatur quercus diabolum stentem (…). Tunc Ambrosius Caturcorum civitatem petens ibi obiit et vitam temporalem finivit. »

Table des illustrations

Titre Fig. 1. Carte des sites quercinois à vocation défensive. JLB/DR/Inrap (Remerciements à J.-P. Chambon pour nous avoir guidé dans le choix des toponymes pouvant être signifiants pour la période qui nous intéresse : Caylus, Murceins, Murat)
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Légende Fig 5. Au premier plan, le murus gallicus ; au second plan, l’enceinte tardive.
Crédits Cliché attribué à A. Viré, archives SEL, 0961-2-1-T.
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Titre Fig 6. Plan d’ensemble des trois éperons. Plan F.-A. Calvet, 1839, Recherches nouvelles sur le camp romain des Césarines.
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Titre Fig 8. Monnaies romaines découvertes en 1836-1837 par F.-A. Calvet, 1839, Recherches nouvelles sur le camp romain des Césarines.
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Titre Fig 10. Coupe du rempart de Colonjac. Fouilles D. Rigal, 1996.
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Légende Fig 11. Boucle de ceinture de type militaire, alliage cuivreux,
Crédits dessin M. Vidal, inédit.
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Légende Fig 12. Terminaison de lanière de ceinture de type militaire, alliage cuivreux,
Crédits dessin M. Vidal, inédit.
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Titre Fig 13. Plan de Cahors durant l’épiscopat de Didier : les principaux monuments publics. DR
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Titre Fig 17. Photographie du Pont-Vieux prise en 1873, anonyme. À droite, le Pech Saint-Cirq, planté de vignes. Au centre, au second plan, le Pont-Vieux en partie emporté par une crue. Au débouché rive gauche, l’église Notre-Dame du Pont et la Reclusie.
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Légende Fig 21. Mur d’enceinte spolié (?) orienté NE/SW,
Crédits Photo DR
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Légende Fig 22. Fer de lance du Bas-Empire mis au jour à l’intérieur de l’enceinte,
Crédits dessin A. Viré, 1926.
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