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Vicomtes et vicomtés

 | 
Hélène Débax

Les vicomtes de Béziers et d’Agde

Déploiement lignager et bipolarité du pouvoir1

Claudie Duhamel-Amado

Texte intégral

  • 1 Abréviations : A (Cartulaire du chapitre d’Agde, publ. O. Terrin) ; An (Cartulaire de l’abbaye d’An (...)
  • 1 C. Duhamel-Amado, « Sociabilité et pouvoir épiscopal à Béziers avant 1209 : rôle de la sociabilité (...)
  • 2 L. Noguier, « Les vicomtes de Béziers : extinction de l’albigéisme, précis historique et archéologi (...)
  • 3 H. Vidal, Episcopatus et pouvoir épiscopal à Béziers à la veille de la Croisade Albigeoise, 1152-12 (...)

1Ce qui suit reprend les éléments d’une recherche publiée1, recomposés en fonction du questionnaire d’Hélène Débax. Pour l’espace biterrois, en dehors d’une prosopographie vieillie2, l’historiographie du thème est mince : seule la question des rapports entre les vicomtes et les évêques a été traitée3. L’histoire des vicomtés de Béziers et Agde peut s’écrire en trois temps qui conduisent aux premières décennies du XIIIe siècle au cours desquelles disparaissent les vicomtes et sont annexées les vicomtés au domaine royal. Je m’en tiendrai ici aux deux premières phases.

2La première, 900-1030, correspond à l’installation de la fonction avec des vicomtes qui ne sont pas seuls à disposer des regalia et à contrôler les églises de Béziers et d’Agde. Sur leur terrain, deux familles leur font concurrence : les vicomtes de Narbonne et, beaucoup moins frontalement, ceux de Lodève. La triple emprise aura des incidences sur la géographie des pouvoirs et l’organisation de l’aristocratie locale dont on enregistre les effets longtemps après l’effacement des Narbonnais et des Lodévois de la scène biterroise, les vicomtes Trencavel et les évêques restant seuls en lice après le milieu du XIe siècle.

3Au cours de la seconde, 1030-1130, deux alliances matrimoniales réunissent entre de mêmes mains six vicomtés et cinq cités (Carcassonne, Albi, Béziers, Agde, Nîmes), tandis que, à la faveur de la réforme grégorienne, l’évêque et le chapitre s’affranchissent de la tutelle vicomtale. Les fidélités de l’aristocratie urbaine se réorientent en fonction de la bipolarisation du pouvoir. Puis, vers 1130, s’opère le déplacement du centre de gravité vicomtal de Béziers à Carcassonne, événement qui ouvre la phase 3 que j’ai décrite ailleurs. Carcassonne devient la résidence principale d’où gouverner. Le fait principal devient la montée du pouvoir épiscopal tandis que trois instruments pérennisent la structure vicomtale : le mariage (redéploiement lignager et territorial au XIe siècle), la coseigneurie (inféodation entre frères et accords infrafamiliaux au XIIe siècle) et, enfin, la recomposition des réseaux de fidélité et d’amitié pendant toute la période.

LES RAINARD ET GUILLAUME (900-1030)

  • 4 Juillet 897 (HGL, t. V, no 17, c. 92-93), à propos d’Aspiran, Lignan, l’Avisaz..
  • 5 Juillet 897 (HGL, t. V, no 17, c. 92-93), à propos d’Aspiran, Lignan, l’Avisaz..

4La première mention d’un vicomte concerne Rainard, en 8974, à rapprocher du « fidèle » du roi Carloman récompensé en 881 pour un service5. Après 900, nous chercherions en vain des témoignages d’une relation hiérarchique aussi visiblement affirmée.

  • 6 Voir Annexe no 1.

5Il est possible de reconstituer l’enchaînement plutôt que la succession des vicomtes depuis la fin du IXe siècle, les premiers liens de filiation étant attestés à la fin du Xe siècle seulement (fig. 2, voir annexes). De Rainard (premier du nom) à Guillaume (second du nom) s’interposent quatre vicomtes entre lesquels des témoignages indirects suggèrent la proximité6.

6Parmi les questions posées figurent celles des premières attestations des mots vicecomes et vicecomitatus, du contexte documentaire (copies ? faux ? interpolations ?), de la dévolution de la fonction, de sa durée, des relations des vicomtes avec les comtes de Toulouse et avec l’Église… Un tableau (fig. 1) rassemble les premières mentions du titre vicomtal (vicecomes, vicecomitissa) dans des actes qui sont des copies. Le titre apparaît à la fin du IXe siècle et devient héréditaire avant la fin du Xe. En décembre 897, il paraît associé à la vicomté de Béziers – illusion l’acte étant suspect. L’autre texte daté de juillet de la même année cite Rainard « homme illustre et vicomte dans le comté de Béziers »…, formule qui indique une délégation comtale de pouvoir pour un vicomte dont l’articulation à la vicomté n’est pas encore de mise. Pas plus en 924 et en 956, lors des mentions de Teudon et Guillaume (I) dans le contexte agathois, ou avec le même Teudon dans le contexte biterrois en 933 (testament de Rainard évêque de Béziers). C’est toute la différence entre la mention d’un vicomte « dans le comté » et d’un vicomte « d’une vicomté » qui est en jeu. La première association explicite est de 961 : Rainardus vicecomes Biterrensi, et elle est reconduite dans le testament de pèlerinage dicté par Guillaume (II), en 990, le scribe usant du mot civitas (de Béziers, d’Agde) pour désigner à la fois la cité et la vicomté.

  • 7 14 août 822 (An, no 18 bis, p. 74-75) : Arnaud « comte » avait donné à Saint-Sauveur d’Aniane de se (...)
  • 8 Septembre 872 (HGL, t. 2, no 182, c. 369), aumône à l’église d’Agde. Un faux daté de 848, contenu d (...)
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7Qui sont ces hommes ? La prosopographie permet de rapprocher les premiers vicomtes de la nébuleuse guilhemide. Au cours de cette période peu documentée et avant les premières mentions des Rainard, surnagent deux noms : en 822, celui d’Arnaud, comte associé au pagus de Béziers dans lequel il avait des biens propres7, anthroponyme que l’on retrouvera chez les « châtelains » de Béziers aux XIe et XIIe siècles, et, en 872, celui d’Apollon, comte associé au comté d’Agde8. Bernard Plantevelue est le dernier des Guilhemides qui se soit battu pour la direction de la Gothie, les tensions avec les Raimondins s’estompant avant la disparition de son fils Guillaume le Pieux. Qu’en était-il des relations des vicomtes de Béziers et d’Agde avec les comtes de Toulouse dont ils tenaient titre et fonction au début du Xe siècle ? Le champ était libre pour les Raimondins mais pas déblayé pour autant dans leurs comtés où ils se heurtent à l’hostilité de certains grands9. Résistant à Toulouse, Albi, Rodez et Nîmes, il semble en effet que le pouvoir comtal ait été surestimé ailleurs dans la Gothie10, notamment dans le Biterrois et dans la partie du Lodévois tournée vers la vallée de l’Hérault où nous ne trouvons pas trace d’interventions comtales au côté de leurs représentants. Il faut attendre le XIIe siècle pour voir les comtes soutenir les évêques contre leurs rivaux. Par ailleurs, au cours de la phase 1, les gratifications comtales aux églises de Béziers et d’Agde et aux abbayes, et l’implantation foncière autour des cités et dans le nord du Biterrois sont médiocres11. Au XIe siècle, établi sur les rives de l’étang de Thau, Pallas sera une exception, épine comtale enfoncée dans le domaine vicomtal12.

  • 13 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux, t. 1, L’aristocratie languedocienne du Xe au XIIe siècle (...)
  • 14 Ibid., t. 2, Portraits de familles, Toulouse, 2007, monographie Sauvian, p. 29-45.
  • 15 Ibid., t. 1, « L’entourage des Trencavel au XIIe siècle ».

8Regardons maintenant du côté des agents vicomtaux. Vers 1000, Pons, proche des comtes de Toulouse, est viguier auprès de la vicomtesse Garsinde. Dans ce fidèle, on peut voir l’ancêtre des puissants Pons de Thézan13. Au début du XIe siècle, un autre baron, Arnaud « châtelain de Béziers », tient l’une des deux tours vicomtales de la cité comme après lui ses descendants, seigneurs du castrum de Sauvian et de nombreuses autres châtellenies languedociennes. Au début du XIIIe siècle, lors de l’élection de l’évêque, les Sauvian exercent encore un droit de dépouille qui était une prérogative vicomtale remontant au temps où l’Église était sous tutelle laïque14. Au chapitre des représentants du vicomte, Roland de Bise, seigneur du Minervois, reçoit au XIIe siècle de ses mains un fief qui comprend une part de la juridiction vicomtale, notamment les justices urbaines. Ce vassal est choisi hors du Biterrois, tendance qui se confirme avec les viguiers vicomtaux à Béziers, hommes venus du Carcassés tels les Pelapoul15.

  • 16 Ibid., t. 1, Annexe 4, « Présence narbonnaise dans le Bédérés et l’Agadés (Xe au XIIIe s. »), p. 38 (...)

9Considérons, pendant la phase 1, l’entrecroisement des pouvoirs annoncé en introduction. En commençant par les vicomtes de Narbonne. La proximité géographique de la métropole et sa prééminence peuvent expliquer la vigueur de leur ancrage dans le Biterrois que des mariages entre les deux familles vicomtales garantirent probablement sans que l’on dispose à ce propos d’éléments précis. Leur patrimoine est localisé dans des villæ suburbaines de Béziers, dans les terroirs fertiles riverains de l’Orb mais aussi plus au nord, aux marges du pagus, dans les reliefs où s’établit Villemagne-l’Argentière, zone d’extraction minière, ainsi que dans des villages constituant des étapes le long des routes qu’empruntaient les charrois de minerais pour gagner Narbonne (fig. 5). Tandis que ce pôle de grands profits restera narbonnais jusqu’à la conquête capétienne, l’autre regroupement d’alleux, agathois celui-là, sera abandonné16. Cette caractéristique du pouvoir biterrois au Xe siècle n’a jamais été vraiment étudiée ni même remarquée (voir annexe no 2). Tentons une explication.

  • 17 946 (LN, no 23, p. 16), 957 (LN, no 25, p. 19). Approche de ces terroirs suburbains dans F.L. Cheye (...)
  • 18 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux…, t. 1, Annexe 5, p. 384-395.

10Au Xe siècle, la frontière du territoire narbonnais remontait presque jusqu’à la muraille de Béziers que longeait le cours de l’Orb, comme l’indiquent plusieurs textes du Livre Noir. En 946 et en 957, notamment, les villæ suburbaines de Saint-Bauzile d’Esclatian et de Colombiers sont localisées « dans le territoire de Narbonne et dans le suburbium de Béziers17 ». La frontière fut ensuite redéfinie puisqu’au début du XIe siècle les deux villæ sont situées dans le territoire biterrois et dans l’espace épiscopal correspondant, la limite entre pagi étant désormais placée plus bas, sur le cours de l’Aude. Noter aussi que les douze actes rédigés entre 950 et 1020, concernant Saint-Bauzile et Colombiers, les montrent aux mains des familles vicomtales de Narbonne et de Lodève18.

  • 19 Aprision : du latin aprisio, synonyme de ruptura ou défoncement du sol. À la fin du VIIIe et au IXe(...)
  • 20 A. Catafau, « Sicut ceteri Hispani faciunt… ». Hispani et aprisionnaires en Roussillon et Vallespir (...)
  • 21 A. Catafau, C. Duhamel-Amado, « Fidèles et aprisionnaires en réseaux dans la Gothie des IXe et Xe s (...)
  • 22 19 mai 844 (HGL, t. 2, no 110, c. 228), à la requête d’individus nommés Ranemire, Ansemond, Auriol, (...)
  • 23 HGL, t. V, no 4, c. 71-72.
  • 24 Juillet 897 (HGL, t. V, no 17, c. 92-93).
  • 25 983 (LN, no 44, p. 44-46) : Et fuit probatus infra (conveniens) tempus, sicut in lege Gotorum reson (...)
  • 26 Plus précisément sous le règne de Louis le Pieux (Gall. Christ., t. 2, p. 411). Un acte du Livre No (...)
  • 27 12 août 993 (LN, no 52, p. 57-59).
  • 28 Lieu situé dans la viguerie de Lunas (et non à Combejean comme il a été dit) : preuves réunies dans (...)
  • 29 4 novembre 889 (LN, no 6, p. 4-6 ; Doat, t. 61, fo 6 r° ; et résumé dans HGL, t. V, no 10, c. 81).
  • 30 Ils partageaient avec la famille vicomtale de Béziers les regalia dans le quadrilatère argentifère (...)
  • 31 Gisalfred exécuteur testamentaire du vicomte Matfred en 966 (HGL, t. V, no 115, c. 255-257), dans u (...)

11Le dossier des aprisionnaires biterrois témoigne également du poids des vicomtes de Narbonne. Construction destinée à accueillir et à offrir des garanties aux réfugiés chrétiens sur les terres de fiscs septimaniennes, l’aprision a été d’abord étudiée comme institution carolingienne19. Aymat Catafau est allé plus loin, nous faisant pénétrer dans les familles nobiliaires roussillonnaises et narbonnaises bénéficiaires20, et il a montré comment le flux d’Espagnols a renforcé la puissance vicomtale narbonnaise. Les noms des plus illustres des aprisionnaires et ceux de leurs descendants mentionnés encore au Xe siècle dans ce contexte, installés dans le Narbonnais et autour de Béziers, renvoient à un groupe structuré par la parenté ou la fidélité et maintenu sous l’influence vicomtale21. Cela se vérifie à la lecture des actes se rapportant à quatre villæ biterroises : Aspiran et Lignan, Saint-Jean d’Aureilhan et Saint-Geniès de Cuminiano. 1) En mai 844, Charles le Chauve délivre un diplôme en faveur d’Hispani installés à Aspiran (proche de Thézan) et à Lignan (Lignan-sur-Orb)22. Nous pouvons établir une relation forte entre les aprisionnaires ou les terres d’aprision et la famille vicomtale, ici de Béziers. Le 29 août 881, Carloman confirme en faveur de son fidelis Rainard les deux villæ23 et elles entrent un peu plus tard dans le patrimoine de Saint-Nazaire de Béziers à la faveur d’un échange entre le vicomte et l’évêque24. 2) La femme dite Sissilonis, dans le testament de son frère Amelius25, du 13 mai 983, porte un nom qui est une variante de Cicilia (comme en 844). Le défunt possédait des vignes dans la villa suburbaine de Saint-Jean d’Aureilhan où des terres de fisc avaient été affectées autrefois à des aprisionnaires26 et où la famille vicomtale avait aussi des alleux27. 3) Le 4 novembre 889, Ansemundus, sa femme Columba et un homme appelé Giscalfredus, vendent à l’évêque de Béziers le cinquième de la villa de Cuminiano et de son église dédiée à saint Geniès28. Ils la tenaient de leurs parents et ceux-ci de Charles le Chauve29. Les deux hommes cités appartiennent à une famille qui est à l’origine du lignage de Faugères, castrum voisin de Lunas, situé dans l’aire d’influence des vicomtes de Narbonne encore au début du XIIIe siècle30. Leurs noms renvoient, l’un à un Goth septimanien ayant contribué à l’installation de la dynastie carolingienne dans l’ancienne Narbonnaise Première, l’autre au lignage comtal issu de Belló, comte wisigoth au IXe siècle. Au siècle qui suit, des Gisalfred sont associés aux actes privés des vicomtes de Narbonne31.

  • 32 Des descendants du vicomte de Narbonne Maïeul s’installent à Cazouls-lès-Béziers dont les seigneurs (...)

12Ces derniers conserveront une sorte de monopole du siège épiscopal à Béziers qui est le plus souvent occupé jusqu’à la fin du XIe siècle par des hommes appartenant à leur famille ou sphère d’influence32. Les relations de concurrence entre les deux maisons vicomtales ne se colorent d’hostilité déclarée qu’après 1040, pendant la période active d’installation des seigneuries castrales et des lignages.

  • 33 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux, t. 2, Portraits de familles…, monographies 17 à 22.

13On ne peut parler d’ingérence à propos des vicomtes de Lodève, tout au plus de recoupements patrimoniaux dans la zone suburbaine de Béziers et plus encore dans la poche constituée par la viguerie de Popian aux limites nord-est du Biterrois, ce qui explique pourquoi cette petite enclave échappera au contrôle des Trencavel33.

  • 34 Première et dernière mention de Saint-Geniès de la Mer en mars 1054 (LN, no 67, p. 81-83) que Pierr (...)
  • 35 Rainard, second du nom (connu entre 961 et 969) est enterré à Saint-Jacques et lui lègue une villa (...)
  • 36 Décembre 1029 (G, no 6, p. 8-9).

14Pour répondre à une autre question posée en ouverture, il semble qu’il y ait eu peu de fondations par les vicomtes de Béziers, qu’il s’agisse de monastères ou d’églises. Dans le Biterrois proprement dit, on ne connaît que Saint-Geniès, petite abbaye fondée près de Béziers et qui disparaît du paysage passé 105434. La protection s’exerça sur l’abbaye urbaine de Saint-Jacques de Béziers35, sépulture vicomtale entrant en concurrence plus tard avec Saint-Marie de Cassan, prieuré fondé loin de la ville par des laïcs (les Corneilhan en 1080) puis doté par les vicomtes et d’autres princes. Du temps de Garsinde, notons, bien qu’extérieure aux vicomtés étudiées, la fondation dans le Nîmois de Saint-Pierre-de-Sauve que la vicomtesse de Béziers et Agde et les fils nés de son second mariage avec le seigneur d’Anduze, dotent à partir de biens-fonds maritaux36.

  • 37 Août 977 (LN, no 39, p. 38-39), Guillaume et son épouse Ermetrude consacrent les revenus de la vill (...)
  • 38 P. J. Geary, Furta Sacra, Thefts of Relics in the Central Middle Ages, Princeton, 1978, p. 95-99. L (...)
  • 39 Ibid., p. 179-182.

15Avant 1000, il est fait état des frais engagés par le vicomte Guillaume pour la réfection de l’église cathédrale de Béziers37. Un parcours de la documentation ayant trait aux premiers vicomtes relève diverses aumônes testamentaires portant sur des alleux, villæ ou portions. Ce sont de petits legs jusqu’au généreux testament que dicte Guillaume (II) avant son voyage à Rome. Il désigne treize destinataires : sept abbayes dont quatre sont urbaines, six églises dont les églises cathédrales de Béziers et d’Agde et quatre autres également urbaines. Si les vicomtes semblent donner peu, ils durent beaucoup prendre. En cette fin du Xe siècle, les premières plaintes contre les abus de pouvoir émanent des milieux monastiques. Patrick Geary a évoqué la querelle qui opposa Guillaume (II) aux moines de Saint-Thibery, dispute mentionnée dans un acte de février 99038. L’auteur analyse plus longuement un conflit qui semble avoir opposé le vicomte aux moines de Villemagne-l’Argentière à propos des reliques de saint Majan39.

LES TRENCAVEL, DÉPLOIEMENT LIGNAGER ET TENSIONS AVEC L’ÉGLISE (1030-1130)

  • 40 Le premier acte faisant intervenir le couple est passé en janvier 1062 (HGL, t. V, no 259, c. 514-5 (...)
  • 41 Analyses d’H. Débax, La féodalité languedocienne (XIe-XIIe siècles). Serments, hommages et fiefs da (...)

16Peu avant le tournant du XIe siècle, le second des Guillaume disparaît sans héritier mâle. Les deux « cités » échoient à sa fille Garsinde. Dans une région soumise aux règles wisigothiques de succession, les filles peuvent hériter du titre et de la fonction et les transmettre. Garsinde épouse Raimond, comte de Carcassonne et du Razès. Au milieu du XIe siècle, Ermengarde, fille de Pierre Raimond, petite-fille de Garsinde, épouse avant janvier 1062 Raimond Bernard Trencavel vicomte d’Albi et Nîmes40. Puis elle hérite des vicomtés de Béziers et d’Agde et des comtés de Carcassonne et du Razès, à la mort de son frère Roger en 1067. Presque aussitôt sont négociées avec les comtes de Barcelone les ventes des droits comtaux sur Carcassonne et le Razès par tous les ayants droit41. Veuve en 1074, Ermengarde administre six vicomtés. Les tensions au sein des fratries qui se succèdent ensuite sont corrigées par des mesures favorisant le passage sans heurts d’une génération à l’autre, jusqu’à l’instauration du droit d’aînesse qui prend effet au troisième tiers du XIIe siècle, avec Roger de Béziers vicomte de Carcassonne et du Razès, de Béziers et d’Albi. Au milieu du siècle, un partage avait attribué Agde et Nîmes à un fils cadet de Bernard Aton.

  • 42 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux…, t. 1, « Les pouvoirs et les parents autour de Béziers…  (...)
  • 43 Ibid., « Sociabilité et pouvoir épiscopal à Béziers… ».
  • 44 Vers 1050 (LN, no 65, p. 76), juillet 1153 (LN, no 178, p. 241-243).

17Après 1050, le pouvoir urbain se partage entre le vicomte et l’évêque. Trois étapes scandent la lutte entre les pouvoirs. Jusqu’aux années 1050, prémisses de la réforme grégorienne, le siège épiscopal de Béziers est aux mains des maisons vicomtales de Narbonne et de Béziers. La seconde moitié du XIe siècle voit le triomphe des réformateurs. Un protégé de la famille vicomtale de Narbonne, Matfred, fils d’Ermengaud de Cazouls, affranchit le siège épiscopal de la tutelle vicomtale, impose au chapitre la vie commune tout en poursuivant la politique de récupération des dîmes et autres revenus ecclésiastiques, engagée par ses prédécesseurs. Quatre grands procès sont intentés à des familles influentes. Deux d’entre elles, les Gairald et les Bliger de Corneilhan se soumettent à l’autorité épiscopale, deux autres sont plus durement frappées par des confiscations de biens, cas des Riculf de Sérignan, ou par l’excommunication puis le bannissement pour les Nairat. Les deux premières familles appartiennent au « clan des Narbonnais », les deux autres à l’environnement des Trencavel42. Les grégoriens font passer le groupe nobiliaire bas-languedocien dans une féodalité fermement constituée. Brisant les dernières attaches qui soudaient la haute et la moyenne noblesse et qui emprisonnaient les églises locales dans les stratégies princières, ils favorisent la concentration des pouvoirs entre quelques mains laïques et ecclésiastiques, au prix d’un affrontement dont l’évêque sort vainqueur. L’opération accentue les clivages au sein du groupe dirigeant. Vers 1100, il comporte trois niveaux. La haute aristocratie locale réunit les princes laïques et ecclésiastiques – les vicomtes et les évêques – et les barons, poignée de grands seigneurs qui disposent de plusieurs châtellenies et d’importants droits publics comme les mines, les leudes, les péages. La moyenne aristocratie des seigneurs châtelains rassemble les maîtres de un à deux castrum possédant souvent des revenus urbains tenus du vicomte ou de l’évêque. La strate fragile de la petite aristocratie rurale et urbaine réunit les individus issus de lignées nobiliaires écartées du pouvoir castral, qu’une poussière de droits fait vivre. Déjà associée à la gestion urbaine dans la partie épiscopale de la cité et du suburbium, la moyenne aristocratie entre au service de l’évêque et des chanoines43. Les Corneilhan eux-mêmes sont récupérés. Malgré des relations tendues, la sénéchaussée épiscopale leur est conservée : elle était tenue en fief par Bernard Gairald de Corneilhan avant 1050 et le sera par Pons de Corneilhan un siècle plus tard44.

18À Béziers, commencé durant l’épiscopat de Matfred, l’affrontement des pouvoirs oppose à Bernard Aton (IV) cinq évêques dont quatre sont de grande stature. D’abord Matfred (1077 ? à 1096) en place au moment où le jeune prince commence à être associé à sa mère Ermengarde dans la gestion de l’honneur vicomtal (elle lâche les rênes quand disparaît Matfred). Puis Arnaud de Lèvezon (1097 à 1121) qui devient archevêque de Narbonne en 1121. Ensuite Guiraud (saint Guiraud) qui occupe le siège épiscopal pendant deux courtes années. Enfin, Bermond de Lèvezon, connu depuis avril 1128, qui attend la mort de Bernard Aton, en 1129, pour provoquer un plaid comtal présidé par le comte de Toulouse en mai 1131. Les fils de Bernard Aton, Roger et Raimond Trencavel, y perdront presque tous leurs droits dans les bourgs épiscopaux qui s’étendaient de plus en plus largement hors les murs. Ce qu’ils conservaient en partie dans leurs propres bourgs, ils l’alièneront à l’évêque contre du numéraire.

  • 45 Yves Esquieu, « Les constructions canoniales des chapitres cathédraux du sillon rhodanien et du lit (...)
  • 46 H. Prat, La place de la Citadelle du XIIe au XIXe siècle. Le château des vicomtes…, cahier VII de l (...)
  • 47 D. Baudreu, Cité de Carcassonne. Le château comtal. Essai de bilan documentaire, AFAN, avril-mai 20 (...)

19Ils désertent le vieux château que leurs ancêtres occupaient dans le quartier étroit où se dressaient la cathédrale et les maisons canoniales45 pour une nouvelle résidence plus vaste, le Castel nòu édifié au milieu du siècle (vers 1149 ?) à l’extrémité est de la ville46. De fait, l’évêque et ses chanoines sont débarrassés d’un pesant voisinage. À Carcassonne, qui est devenu la résidence permanente, un remaniement affecte au même moment les bâtis vicomtaux47. Pourquoi ne pas avoir élu Albi ou Nîmes ? Aux marges du domaine, Nîmes était situé dans une zone d’influence comtale, tandis qu’à Albi comme à Béziers, le pouvoir épiscopal était fort. Pourquoi avoir attendu le second tiers du siècle ? Parce qu’auparavant la pression exercée par les comtes de Barcelone sur l’aristocratie urbaine de Carcassonne faisait de l’ombre au pouvoir vicomtal.

  • 48 La marque est portée par le fils aîné de Bernard Aton (IV), Roger (1118 à 1150) dit de Béziers lors (...)

20Les évêques effacent un à un les signes de la prééminence laïque dans la ville dont ils sont devenus les principaux promoteurs et maîtres. Demeurent les symboles visibles du pouvoir laïc, deux tours inscrites dans l’enceinte qui restent aux mains des vicomtes et des Sauvian et cette appellation « de Béziers » arborée par les vicomtes48. Elle est donnée à l’héritier principal, une résistance montrant la prégnance d’un mémorial familial élaboré plus tôt et qui témoigne de l’importance de Béziers dans le dispositif symbolique d’une famille multi-vicomtale longtemps après le retrait stratégique hors de Béziers.

21À la fin du XIIe siècle, le noyau des irréductibles fidèles biterrois s’est réduit. L’entourage d’Ermengarde et de Bernard Aton, entre 1060 et 1100, comprenait de vieux amis tels les barons Sauvian et Thézan, et les Corneilhan, mais aussi de nouveaux venus, seigneurs agathois comme les Poussan et Portiragnes. À Béziers même, le service vicomtal était assuré par les Siger et les Loup, en dessous du niveau des barons. L’entourage de Bernard Aton (IV), entre 1100 et 1129, s’était étoffé parce que Bernard Aton et son fils aîné surveillaient de plus près l’honneur de Carcassonne sans variation des fidélités biterroises. Les ouvertures aux aristocraties minervoises, carcassonnaises, nîmoises et melgoriennes, annonçaient l’élargissement de l’horizon politique à l’approche de la grande guerre méridionale. Deux cours vicomtales coexistèrent entre 1130 et 1150, autour de Roger à Carcassonne, de son frère Raimond Trencavel à Béziers. Pour la seconde, mêmes contours que du temps de leur père, sinon que la cour se restreint progressivement aux barons, résultat de l’attraction exercée sur la moyenne aristocratie châtelaine par le milieu épiscopal. Entre 1150 et 1167, après la mort de Roger, la cour de Raimond Trencavel se fait itinérante, l’entourage permanent biterrois et agathois se réduisant à quelques officiers vicomtaux comme le baile de Loupian, Ermengaud, et à d’anciens fidèles, les Servian, les Pézenas.

  • 49 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux…, t. 1, chap. 4, Les droits de seigneurie (1030-1170), p. (...)
  • 50 Les clés des portes urbaines : exemple de celle qui ouvre l’ouverture aménagée dans le mur entouran (...)
  • 51 Le sceau (voir les travaux de Laurent Macé). Après négociation monnayée, l’évêque et le vicomte dis (...)
  • 52 Mars 1158 (HGL, t. V, no 622, c. 1215-1216), dans la chambre ronde du Palais vicomtal à Carcassonne (...)

22Les droits d’origine régalienne aux mains des vicomtes progressivement rognés résistent longtemps49. Ce sont des résidus de fiscs, les droits du sous-sol, l’albergue vicomtale, la cavalcade, les droits de messagerie, le contrôle des routes, des échanges (mercatum, leudes, monnaie), du réseau fortifié (y comprise la muraille de Béziers), les justices, des droits sur les hommes comme le serment collectif, les droits sur les juifs. Toutes prérogatives que les vicomtes négocient au fil du temps au risque d’un affaiblissement accru malgré la force des symboles du pouvoir vicomtal : les clés de la cité50, le sceau et le notariat public51, la reprise du vocabulaire antique avec le titre de « proconsul52 ».

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  • 53 Les vigueries jalonnent les limites septentrionales du Biterrois. Ailleurs, elles sont inexistantes (...)

23Dans les comtés de Béziers et Agde, les vicomtes sont signalés depuis l’extrême fin du IXe siècle. Au siècle qui suit, la référence spatiale pour une villa ou un alleu est le comté et la viguerie53, et, plus fréquemment, le pagus. Le vicomte est formellement associé à la vicomté après 960. À la fin du siècle, la patrimonialisation du vicecomitatus est chose accomplie.

24Un acte de 881 montre la relation forte entre le roi et son fidèle dans lequel on peut voir (coïncidence anthroponymique et patrimoniale) un proche du premier Rainard dit vicomte ou, peut-être, le même individu. La force du lien s’efface ensuite.

25On pourrait penser que les Rainard et Guillaume qui, à l’origine, paraissent reliés aux Guilhemides et aux comtes de Provence, entrent en scène dans la toute puissance que donne une origine prestigieuse, il n’en est rien. Leur pouvoir entre en concurrence avec la famille vicomtale de Narbonne qui s’exprime par son implantation territoriale dans des fiscs et des honneurs offrant des ressources convoitées : mines et salines. Elle exerce son influence jusque dans l’entourage des vicomtes biterrois : familles fidélisées disposant de tours urbaines dans la métropole narbonnaise, contrôle du siège épiscopal de Béziers jusqu’au troisième tiers du XIe siècle.

26Au XIe siècle, la lignée vicomtale biterroise se fond dans le lignage comtal de Carcassonne et du Razès, et celui-ci dans le lignage vicomtal d’Albi et de Nîmes. Les deux unions qui président à ces ouvertures montrent une capacité au déploiement lignager et patrimonial qui assure la pérennité de la construction vicomtale.

27Le lignage une fois renforcé, les vicomtes « Trencavel » sont immédiatement confrontés à la montée en puissance des évêques et des chapitres à Béziers et à Agde – la réforme grégorienne coïncide avec leur entrée en scène. Le déplacement du centre de gravité du pouvoir de Béziers à Carcassonne, un demi-siècle plus tard, est facilité par l’étendue du confortable patrimoine. À aucun moment cependant, les vicomtes n’accapareront le titre comtal, ce qui ne les empêchera pas d’agir à leur guise et même de s’opposer par les armes aux comtes de Toulouse.

Notes

1 C. Duhamel-Amado, « Sociabilité et pouvoir épiscopal à Béziers avant 1209 : rôle de la sociabilité dans le processus d’unification de la communauté urbaine au XIIe siècle », Sociabilité, pouvoirs et société, Publications de l’Université de Rouen, no 110, 1987, p. 347-357 ; « Les pouvoirs et les parents autour de Béziers (980-1100) », Annales du Midi, t. 102, no 189-190, 1989, p. 309-317 ; « Les Trencavels et la guerre méridionale au XIIe siècle », L’écrit occitan et l’État toulousain avant la croisade, CELO, W. Blake and co édt., 1994, p. 117-138 ; « L’entourage des Trencavel au XIIe siècle », Heresis, no 8, 2001, p. 11-43 ; Genèse des lignages méridionaux, t. 1, L’aristocratie languedocienne du Xe au XIIe siècle, Toulouse, 2001, chap. 1, « Les hommes du pouvoir », annexe 3, « Prosopographie des vicomtes de Béziers et d’Agde (880-1035) », p. 367-379, annexe 4, « Présence narbonnaise dans le Bédérés et l’Agadés (Xe-XIIIe) ». Pour la période qui suit 1035, chap. 6, p. 177-222.

2 L. Noguier, « Les vicomtes de Béziers : extinction de l’albigéisme, précis historique et archéologique », BSAB, 2e série, t. 13, 1885, rééd. Béziers, 1894.

3 H. Vidal, Episcopatus et pouvoir épiscopal à Béziers à la veille de la Croisade Albigeoise, 1152-1209, thèse, Montpellier, 1951, dactyl. A. Castaldo, L’Église d’Agde (Xe-XIIIe siècle), Paris, 1970.

4 Juillet 897 (HGL, t. V, no 17, c. 92-93), à propos d’Aspiran, Lignan, l’Avisaz..

5 Juillet 897 (HGL, t. V, no 17, c. 92-93), à propos d’Aspiran, Lignan, l’Avisaz..

6 Voir Annexe no 1.

7 14 août 822 (An, no 18 bis, p. 74-75) : Arnaud « comte » avait donné à Saint-Sauveur d’Aniane de ses biens acquis par achat dans le pagus de Béziers à Cissan (près de Nizas) et à Cazouls (d’Hérault) ; à la mort d’Arnaud, des hommes, délégués de l’empereur, en avaient pris possession ; Louis les fait restituer à l’abbé.

8 Septembre 872 (HGL, t. 2, no 182, c. 369), aumône à l’église d’Agde. Un faux daté de 848, contenu dans le cartulaire du chapitre (A, no 3, p. 8), est attribué à Charles le Chauve ; forgé au XIIe siècle (A. Castaldo, L’Église d’Agde…, note 3, p. 64), il accordait à l’évêque, « à la prière du comte d’Agde Apollonius », le tiers du comitatus.

9 Odon, Vita Sancti Geraldi Auriliacensis, I, 32, Migne, PL. CXXXIII, c. 660-661, commenté dans ce sens par A. Lewis, The development of Southern French and Catalan Society, 718-1050, Austin, 1947, p. 248.

10 É. Magnou-Nortier, La société laïque et l’Église dans la province ecclésiastique de Narbonne (zone cispyréenne) de la fin du VIIIe à la fin du XIe siècle, Toulouse, 1974, note 54, p. 255-256 (pour les Xe et XIe s.), 520-524 (fin XIe s.), 648, 651 : « Ce grand état médiéval gouverné de façon souveraine par la Maison raimondine. »

11 La carte dressée par É. Magnou-Nortier des biens de la comtesse Garsinde d’après son testament [vers 972 (HGL, t. V, no 126, c. 274-280). Ibid., entre les p. 238-239] localise les biens-fonds et les droits à Cessenon, Coujan, Thézan, et plus au nord, près de Villemagne-l’Argentière (Levaz et Caunas, entre Lunas et Faugères), tous lieux soumis à l’influence des vicomtes de Narbonne.

12 La branche rouergate de la famille comtale toulousaine protège les intérêts de Sainte-Foi de Conques, sanctuaire familial fondé dans le Rouergue, menacé de perdre les ressources lagunaires que le testament de Raimond fils d’Ermengaud (961, HGL, t. V, no 111, c. 242) a partagées entre Saint-Thibéry, Saint-Nazaire de Béziers et l’église cathédrale de Narbonne, avec réserve usufruitière en faveur de l’épouse et du fils. Ce fils, Raimond, comte de Rodez, attribue aux moines « la cour et les salines », tandis que son propre fils, Raimond, renouvelle sous forme de donation, l’aumône de l’alleu, des pêches et des salines en 1002 (HGL, t. V, no 163, II, c. 346-347). À la fin du XIe (1078, HGL, t. V, no 333, c. 642-643), Raimond de Saint-Gilles prend sous sa protection les intérêts de Conques à Pallas.

13 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux, t. 1, L’aristocratie languedocienne du Xe au XIIe siècle, Toulouse, 2001, chap. 2, p. 73-74 et t. 2, Portraits de familles, monographie Thézan (plus particulièrement p. 101-104).

14 Ibid., t. 2, Portraits de familles, Toulouse, 2007, monographie Sauvian, p. 29-45.

15 Ibid., t. 1, « L’entourage des Trencavel au XIIe siècle ».

16 Ibid., t. 1, Annexe 4, « Présence narbonnaise dans le Bédérés et l’Agadés (Xe au XIIIe s. »), p. 380-383.

17 946 (LN, no 23, p. 16), 957 (LN, no 25, p. 19). Approche de ces terroirs suburbains dans F.L. Cheyette, C. Duhamel-Amado, « Organisation d’un terroir et d’un habitat concentré : un exemple languedocien », dans Habitats fortifiés et organisation de l’espace en Méditerranée médiévale, GIS Maison de l’Orient, 1983, p. 35-44.

18 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux…, t. 1, Annexe 5, p. 384-395.

19 Aprision : du latin aprisio, synonyme de ruptura ou défoncement du sol. À la fin du VIIIe et au IXe siècle, les souverains carolingiens favorisèrent l’accueil et la fixation sur des terres vacantes de la Septimanie des Hispani chassés de la péninsule ibérique par les avancées musulmanes ; l’aprisio portait sur des terres du fisc et l’aprisionnaire devenait, au bout de trente années, propriétaire du sol qu’il avait défriché et mis en valeur.

20 A. Catafau, « Sicut ceteri Hispani faciunt… ». Hispani et aprisionnaires en Roussillon et Vallespir de la fin du VIIIe siècle à la fin du Xe siècle, maîtrise, Toulouse-le Mirail, 1991, dactyl, et article cité note suivante.

21 A. Catafau, C. Duhamel-Amado, « Fidèles et aprisionnaires en réseaux dans la Gothie des IXe et Xe siècles. Le mariage et l’aprision au service de la noblesse méridionale », dans R. Le Jan (dir.), La royauté et les élites dans l’Europe carolingienne (du début du IXe aux environs de 920), Centre d’Histoire de l’Europe du Nord-Ouest, 17, 1998, p. 437-465.

22 19 mai 844 (HGL, t. 2, no 110, c. 228), à la requête d’individus nommés Ranemire, Ansemond, Auriol, Elias, Mirabilis et Cécile.

23 HGL, t. V, no 4, c. 71-72.

24 Juillet 897 (HGL, t. V, no 17, c. 92-93).

25 983 (LN, no 44, p. 44-46) : Et fuit probatus infra (conveniens) tempus, sicut in lege Gotorum resonat.

26 Plus précisément sous le règne de Louis le Pieux (Gall. Christ., t. 2, p. 411). Un acte du Livre Noir de Béziers, daté du 19 octobre 918 (LN, no 17, p. 12-13) fait implicitement référence à ce contexte aprisionnaire.

27 12 août 993 (LN, no 52, p. 57-59).

28 Lieu situé dans la viguerie de Lunas (et non à Combejean comme il a été dit) : preuves réunies dans la monographie Faugères (t. 2, p. 156-157).

29 4 novembre 889 (LN, no 6, p. 4-6 ; Doat, t. 61, fo 6 r° ; et résumé dans HGL, t. V, no 10, c. 81).

30 Ils partageaient avec la famille vicomtale de Béziers les regalia dans le quadrilatère argentifère de Villemagne.

31 Gisalfred exécuteur testamentaire du vicomte Matfred en 966 (HGL, t. V, no 115, c. 255-257), dans un testament où il est précisément question des honneurs biterrois situés vers Villemagne.

32 Des descendants du vicomte de Narbonne Maïeul s’installent à Cazouls-lès-Béziers dont les seigneurs donnent au siège de Saint-Nazaire de Béziers plus de titulaires que la famille vicomtale de Béziers.

33 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux, t. 2, Portraits de familles…, monographies 17 à 22.

34 Première et dernière mention de Saint-Geniès de la Mer en mars 1054 (LN, no 67, p. 81-83) que Pierre Raimond comte de Carcassonne, vicomte de Béziers, vend au chapitre Saint-Nazaire contre 600 sous : ipsam abadiam vocabulo Sancti Genesii, que est juxta mare…(à localiser à Sérignan).

35 Rainard, second du nom (connu entre 961 et 969) est enterré à Saint-Jacques et lui lègue une villa et un villare (Gall. Christ., t. 6, Instrumentorum, c. 127-128).

36 Décembre 1029 (G, no 6, p. 8-9).

37 Août 977 (LN, no 39, p. 38-39), Guillaume et son épouse Ermetrude consacrent les revenus de la villa de Lignan au paiement des ouvriers chargés de couvrir et de restaurer Saint-Nazaire, pour le prix du travail et jusqu’à la fin des travaux, après quoi Lignan entrera dans le domaine

38 P. J. Geary, Furta Sacra, Thefts of Relics in the Central Middle Ages, Princeton, 1978, p. 95-99. L’sur lequel il s’appuie est reproduit dans HGL (février 990, t. V, no 149, c. 314-316).

39 Ibid., p. 179-182.

40 Le premier acte faisant intervenir le couple est passé en janvier 1062 (HGL, t. V, no 259, c. 514-515).

41 Analyses d’H. Débax, La féodalité languedocienne (XIe-XIIe siècles). Serments, hommages et fiefs dans le Languedoc des Trencavel, Toulouse, 2003, p. 58-71.

42 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux…, t. 1, « Les pouvoirs et les parents autour de Béziers… » ; chap. 8, « Dans la tourmente », p. 309-312.

43 Ibid., « Sociabilité et pouvoir épiscopal à Béziers… ».

44 Vers 1050 (LN, no 65, p. 76), juillet 1153 (LN, no 178, p. 241-243).

45 Yves Esquieu, « Les constructions canoniales des chapitres cathédraux du sillon rhodanien et du littoral méditerranéen du temps de la Réforme grégorienne », Cahiers de Fanjeaux, no 24, 1989, p. 156-157.

46 H. Prat, La place de la Citadelle du XIIe au XIXe siècle. Le château des vicomtes…, cahier VII de la Société Archéologique Scientifique et Littéraire de Béziers, 2001. Le nouveau palais est bâti entre les portes médiévales dites du Gua et de Saint-Gilles (aujourd’hui Place de la Citadelle) et sera détruit en 1224.

47 D. Baudreu, Cité de Carcassonne. Le château comtal. Essai de bilan documentaire, AFAN, avril-mai 2000. F. Guyonnet, avec la collaboration de D. Baudreu, S. Barbey, S. Bonnaud, « Le château comtal de Carcassonne à la lumière des récentes recherches archéologiques », Dossiers Archéologie et sciences des origines, no 314, juin 2006, p. 82-87.

48 La marque est portée par le fils aîné de Bernard Aton (IV), Roger (1118 à 1150) dit de Béziers lorsqu’il hérite, en 1129, de Carcassonne, du Razès et de la vicomté d’Albi. Elle est arborée ensuite par son frère Raimond Trencavel (1118 à 1167), vicomte de Béziers et Agde puis de Carcassonne et Albi à la mort de Roger. Le fils de Raimond, Roger (né en 1149, mort en 1194) sera lui aussi dit « de Béziers » près d’un an avant la mort de son père. Tradition poursuivie par son propre fils, Raimond Roger né en 1185, mort en 1209 dans la prison de Carcassonne.

49 C. Amado, Genèse des lignages méridionaux…, t. 1, chap. 4, Les droits de seigneurie (1030-1170), p. 118-153.

50 Les clés des portes urbaines : exemple de celle qui ouvre l’ouverture aménagée dans le mur entourant le bourg cathédral (août 1146, LN, no 160, p. 220-221).

51 Le sceau (voir les travaux de Laurent Macé). Après négociation monnayée, l’évêque et le vicomte disposent ensemble du tabellionat (C. Amado, Genèse des lignages méridionaux…, t. 1, p. 125 : « Le jeune Roger, fils de Raimond Trencavel confie à nouveau (à un clerc de Saint-Nazaire) le tabellionat sur toute la ville et celui qui était plus spécifiquement attaché à la cour vicomtale, avec l’usage du sceau », avril 1180 (HGL, t. 8, no 40, I, c. 348-350).

52 Mars 1158 (HGL, t. V, no 622, c. 1215-1216), dans la chambre ronde du Palais vicomtal à Carcassonne, Raimond Trencavel dit « proconsul de Béziers » transmet la cité de Carcassonne et le Razès à son fils Roger.

53 Les vigueries jalonnent les limites septentrionales du Biterrois. Ailleurs, elles sont inexistantes ou du moins non documentées.

Notes de fin

1 Abréviations : A (Cartulaire du chapitre d’Agde, publ. O. Terrin) ; An (Cartulaire de l’abbaye d’Aniane, publ. Cassan et Meynial) ; BSAB (Bulletin de la Société Archéologique, Scientifique et Littéraire de Béziers) ; CE (Cartulaire des évêques d’Agde, ms latin 9999, BN) ; Gall. Christ (Gallia christiana), HGL (Dom Devic, Dom Vaissète, Histoire générale de Languedoc, deuxième éd., Toulouse, Privat, 1875-1892) ; G (Cartulaire de l’abbaye de Gellone, pub. Cassan et Meynial) ; LN (Livre Noir, Cartulaire du chapitre cathédral de Béziers, publ. J. Rouquette).

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