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Misère de l’historiographie du « Maghreb » post-colonial (1962-2012)

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Pierre Vermeren

Avant-propos

Texte intégral

1Entre la soutenance du travail universitaire qui a donné lieu à cette publication, en juin 2010, et son édition début 2012, des événements politiques et sociaux considérables se sont déroulés au Maghreb. Le « printemps arabe » de l’hiver 2011 a en effet pris naissance en Tunisie, et secondairement en Algérie, en décembre 2010-janvier 2011 et au Maroc en février-mars 2011. À l’échelle du Maghreb et du monde musulman, la séquence historique qui en est encore à ses prémisses est un tournant comparable à ce qui s’est déroulé cinquante ans auparavant, à l’heure des indépendances. À cette occasion, les Français et les Européens ont éprouvé leur ignorance des sociétés et des enchaînements de causalité qui ont présidé à un tel bouleversement révolutionnaire. Dans cet essai, l’auteur s’interroge précisément sur l’« oubli du Maghreb » dans les sciences sociales françaises, et plus particulièrement dans la discipline historique. Alors que les Français et leurs intellectuels reviennent avec passion sur leur passé colonial, et s’adonnent avec délectation, en 2010-2012, à leur passion de la commémoration, des indépendances africaines et algérienne en l’occurrence, cet ouvrage a pour ambition de leur rappeler que les sociétés du Maghreb ont continué à vivre et à produire de l’histoire.

2Après la séquence désormais balisée des indépendances étatiques (1956-2010), gageons que les peuples du Maghreb se sont engagés dans un processus irréversible de démocratisation de leurs sociétés et d’indépendance de leurs peuples. Pour faciliter la compréhension des processus révolutionnaires en cours et comprendre des sociétés dont le visage s’est radicalement transformé en un demi-siècle, le recours à l’histoire des cinquante dernières années s’impose comme une nécessité scientifique et politique. Ce détour par les blocages de l’historiographie n’en est que davantage d’actualité.

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