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La République en représentations

 | 
Maurice Agulhon
, 
Annette Becker
, 
Évelyne Cohen

Figures, symboles et représentations

La figure de la République en place publique : emblème politique ou œuvre d’art ?

Patrick Laurens

Texte intégral

Expériences

1Un professeur de grande notoriété – qui n’enseigne ni l’histoire ni les mathématiques – me demandait un jour sur quel chantier je travaillais. Heureux et surpris tout à la fois de cette sollicitude, je n’avais pas encore achevé une réponse pleine d’enthousiasme qu’il tournait les talons en maugréant qu’il avait horreur du quantitatif : je venais de faire allusion à une base de données, neuve, formée par les éléments nombreux d’une collection importante de monuments de place publique consacrés à la République.

2Peu de temps après, par un curieux effet du hasard, une autre personnalité me posait la même question. Bien que je me fusse cette fois avancé avec prudence, l’appréciation que je reçus ne fut guère plus encourageante : « Ces bustes, ces statues, qu’est-ce que c’est laid ! »

3Ainsi donc, non seulement je ne faisais pas dans le qualitatif, mais encore je quantifiais la laideur !

  • 1 Même si certaines de ces oeuvres ont donné lieu à éditions ou reproductions et peuvent paraître ain (...)
  • 2 Je me garderai bien d’émettre la moindre considération personnelle qui pourrait avoir un lien avec (...)

4Cette double mésaventure venait illustrer le cœur d’une problématique. Quel intérêt y a-t-il à soumettre à une analyse et à un traitement statistique une série d’objets d’art dont la finalité première fut politique ? À chacun sa réponse, selon justement qu’on les regarde comme objets d’art ou comme objets politiques. Car c’est bien là l’ambiguïté de notre démarche. Certes nous faisons de l’histoire politique et sociale, c’est notre métier, mais pour ce faire nous travaillons sur des éléments qui sont incontestablement des objets d’art – parce que tout simplement sculptés par des artistes1, qu’ils soient célèbres, moins connus, quelquefois même inconnus, ce qui n’enlève rien à leur mérite –, auxquels s’intéressent des critiques ou des historiens de l’art, et aux qualités ou défauts desquels nous ne pouvons échapper2. Une Marianne sculptée relève autant de l’art que de la politique ! Si, lorsqu’elles ont été installées, ces œuvres d’art l’ont été pour des motifs essentiellement politiques, avec quel esprit le passant a-t-il fini par les regarder ou s’y attarder ? Y apprécie-t-il un signe politique et/ou une figure intéressante, ou agréable, à regarder, vivante et parfois – pourquoi pas – charmante présence féminine dans le décor communal ? Là encore la réponse appartient à chacun et elle n’est pas nécessairement unique !

  • 3 J’ai toujours rencontré des personnes, assez peu nombreuses, il est vrai, qui avaient des choses in (...)
  • 4 Le parfait chasseur de Mariannes en place publique est armé d’un appareil photographique, façon de (...)
  • 5 Saupique le nom du sculpteur, auteur de la très belle figure. 1945 appartenait encore au temps où u (...)
  • 6 Je profite de cette anecdote pour signaler les risques et périls attachés au métier de « mariannolo (...)
  • 7 Nombre de fontaines couronnées par une Marianne – en activité ou désaffectées – sont aujourd’hui ri (...)

5Sur le terrain, il n’est pas rare d’engager la conversation avec des gens intrigués par les manœuvres et agissements du mariannologue3. Parmi tant d’autres, voici quelques anecdotes et choses vécues qui me paraissent illustrer diverses lectures et préoccupations. Des habitants se sont réjouis de pouvoir bientôt trouver de nouvelles cartes postales de leur Marianne4 ; comment la perçoivent-ils : signe politique, élément d’histoire ou du patrimoine, ou tout simplement personnage qu’ils aiment parce qu’il leur est familier ? À Saint-Privat, chef-lieu de canton en Corrèze et « capitale » de la Xaintrie, une vieille habitante, qui paraissait « découvrir » un monument érigé là pourtant depuis 94 ans, me fit un jour cette réflexion, mélange de surprise et de solide bon sens déjà auvergnat : « Mais alors, si vous vous attachez à l’étude de ce monument, c’est qu’il doit avoir de la valeur ! » ; qu’entendait-elle par « valeur », s’agissait-il d’une valeur économique, vénale, esthétique, affective, politique ou tout cela ensemble, le savait-elle elle-même ? À propos de la très belle Francia (du nom de son sculpteur) qui orne le devant de la mairie de Plaisir, dans les Yvelines (figure 7), j’ai entendu cet étonnement d’une vieille dame, un tantinet coquine : « Je n’avais jamais remarqué que l’on voyait aussi bien ses nénés ! » Et oui, ma bonne dame, la République est femme, elle est nourricière, sa poitrine est belle et généreuse ! Déjeunant un jour à Sèvres sous l’œil bienveillant de l’allante Mme Saupique (voir figure 8)5, car celle-ci se trouve aujourd’hui flanquée des tables du restaurant qui remplace l’ancienne mairie, j’ai connu l’heureux « hasard » d’y côtoyer l’archiviste de la commune, qui, en reconnaissance de mon intérêt pour le monument, s’est empressée de me communiquer des documents précieux pour comprendre l’évolution du site et de l’image de la République – le buste actuel remplace un buste dérobé par les Allemands pendant l’occupation. À Ivry-sur-Seine, sur le zinc du bistrot qui fait face à la séduisante Marianne de P. Granet, j’ai eu la chance d’animer une sorte de débat sur la signification et la perception d’une familière, que paraissaient bien connaître les habitués, flattés d’ailleurs de l’intérêt qu’un chercheur pouvait manifester envers elle. À Saint-Georges-la-Pouge, dans la Creuse, j’ai reçu ce touchant cri du cœur d’une petite fille, véritable historienne de l’art en herbe, qui m’avait interrogé sur ce que je faisais là : « Tu as vu, elle a les bras cassés. » Il s’agit du très beau buste de Lequesne couronnant une fontaine6, et, malheureusement, fortement marqué des blessures du temps. Cette dernière observation n’est, hélas, pas la seule que j’ai eue à faire ; je me suis quelquefois risqué à aimablement recommander un coup de peinture salutaire au rafraîchissement de l’effigie. La bonne conservation, la mise en valeur7 de ces monuments, vont de la mention « très bien » à la mention « franchement mauvaise » en passant par « bien », « passable » ou « peut mieux faire ». Le Midi, mais pas seulement lui, a fait, il faut le dire, de louables efforts de restauration, notamment à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française.

Figure 7
Plaisir (Yvelines), Buste en fonte de fer, par Angelo Francia, édité par la fonderie d’art Durenne, de Sommevoire (Haute-Marne). Monument érigé en 1904, grâce à une souscription populaire. Cliché P. Laurens.

6Remettons-nous en maintenant à deux constatations sur cette enquête territoriale dont on exposera tout à l’heure l’origine et le contexte complet.

Figure 8
Sèvres (Hauts-de-Seine), Madame Saupique, buste en métal de Georges Saupique. Ce buste a remplacé en 1945 un buste en métal de Jean Gautherin, dérobé par les Allemands en 1942. Situé sur la terrasse d’un bistrot, l’ancienne mairie, le monument, comportant une petite fontaine aujourd’hui hors d’état de marche, a été érigé en I 882. Cliché P. Laurens.

7La première concerne le maintien ou non des monuments. Au moment où le premier repérage s’est achevé, il y a une dizaine d’années, un peu moins de 70 % des monuments mis en place entre 1870 et 1914 (avec quelques débordements dans l’entre-deux-guerres) étaient encore là et un peu plus de 7 % avaient été remplacés : avec un maintien d’environ 75 %, la « laideur », pour reprendre l’appréciation de mon second interlocuteur, ne se portait pas si mal, après tout ! Ce beau résultat est un peu terni cependant par l’évolution constatée en Île-de-France, cas atypique, s’il en est, puisque le début de l’étude montrait déjà qu’un peu plus de 60 % des monuments avaient disparu, et qu’aujourd’hui il n’en reste même plus 30 %.

8Quant au signe politique, il n’a véritablement été censuré que dans un peu moins du tiers des disparitions : il s’agit des effigies en métal qui ont été effectivement enlevées durant la période de Vichy, dans le cadre, bien élargi, de la récupération des métaux non ferreux.

  • 8 On ne doit pas craindre d’affirmer cependant que cette évolution peut avoir servi de prétexte à des (...)

9Pour quelles raisons la plupart des monuments sont-ils encore en place : politiques, historiques, patrimoniales, esthétiques ? Il n’y a sans doute un peu de tout cela à la fois, avec, selon les régions et les communes, davantage de ceci ou de cela. Peut-être plus simplement parce qu’il y a aucune raison d’enlever un élément familier du décor communal. Des disparitions ou des déplacements peuvent être la conséquence de réaménagements des espaces communaux entraînés par une évolution galopante de l’urbanisme – c’est le cas en Île-de-France déjà citée8.

  • 9 E. Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveur (...)
  • 10 Les heureux élus sont : Paul Lecreux (dit Jacques France), Jean-Antoine Injalbert, Jean Gautherin e (...)

10La seconde constatation concerne tous les artistes ayant sculpté les Républiques éditées par les grandes fonderies. Chacun a sa rubrique dans le Bénézit, et ce n’est pas là une mince référence9. Mais attention, et nous retrouvons là notre ambiguïté, cela ne signifie pas que leurs Républiques y soient citées10. Un artiste confirmé a bien évidemment sa place dans le Bénézit, pour une série d’œuvres religieuses, mythologiques ou à caractère laïc, mais, hormis quelques cas, pas pour une République. Signalons encore que d’autres artistes – pas tous – appartenant à mon fichier ont également leur place dans le Bénézit, mais que seule est citée la République d’Eugène Paul, au Raincy (aujourd’hui disparue).

  • 11 Bien qu’il ne soit ni agréable ni dans les habitudes de se citer, nous ferons ici une exception, ca (...)

11Loin de m’accabler, ma double mésaventure ne fit que me renforcer dans ma détermination à mener à bien le chantier. En vue d’obtenir des moyens pour « scanner » un certain nombre d’images et documents, je fis parvenir au directeur des affaires administratives et financières du Collège de France une Note concernant l’étude des monuments de place publique consacrés à la République. En voici le texte intégral11 :

  • 12 Il ne faut retenir aucun des nombres donnés dans cette note, car ils sont à présent « dépassés » et (...)
  • 13 Une étude consacrée à tous les résultats statistiques et aux croisements de divers critères est en (...)

« Cette étude est inédite. Au confluent de l’histoire politique et de l’histoire de l’art, elle propose un éclairage original sur l’installation et l’expansion proclamatrice de la (IIIe) République, avec notamment l’interaction du national et du local.
« Elle s’inscrit aussi dans l’histoire de l’aménagement des espaces publics communaux de même que dans l’histoire industrielle ; à côté d’œuvres uniques, originales, on trouve en effet un grand nombre d’œuvres d’art de série, aux qualités esthétiques indéniables, éditées et diffusées par des fonderies d’art.
« Quatre cent quatre-vingt-un monuments12 ont été repérés, sur l’ensemble du territoire de la France métropolitaine et dans la France d’Outre-mer, à partir de l’observation directe, de sources écrites et de sources iconographiques.
« Ces monuments sont décrits et analysés en tant que tels et situés dans leur environnement spatial national et communal, à l’origine et actuellement. Leur histoire et leur éventuelle évolution sont prises en compte.
« J’ai établi une base comportant 38 champs et comptant 18278 données écrites. Cette base est descriptive, mais elle sert aussi à l’étude statistique comparative, celle-ci pouvant aller jusqu’aux recoupements les plus fins13. « Cette étude ne pourra être complète et parfaitement “lisible” que si elle s’enrichit d’une iconographie scientifiquement analysée. Nous possédons un important stock d’illustrations, fait de diapositives, de photos sur papier, de cartes postales, anciennes et récentes, et de documents divers. Unique, ce stock est le témoin privilégié d’un patrimoine historique et culturel local, national et pourquoi pas international, puisque la République française constitue un modèle unique dans l’histoire universelle, modèle auquel se réfèrent d’autres nations. Y sont sensibles aujourd’hui non seulement historiens et historiens de l’art, mais aussi de plus en plus de gestionnaires de collectivités locales (régions, départements et communes) ou simplement des citoyens curieux. Nous avons eu de cela de nombreux témoignages, notamment au cours des Séminaires que j’ai animés au Collège de France. En un mot le public est très demandeur. »

  • 14 À propos de l’histoire de la sculpture du xixe siècle : réflexions sur le bonheur de l’historien, « (...)

12J’interromps ici cet exposé administratif pour parler, avec une gratitude mêlée d’émotion, d’un troisième interlocuteur, le professeur Jacques Thuillier, qui ne m’a pas ménagé ses conseils et ses éclaircissements sur des subtilités auxquelles j’étais loin d’être rompu. Comment aurais-je pu me douter que le magnifique spécialiste de Nicolas Poussin, Georges de la Tour et autre Simon Vouet pût accorder quelque intérêt à un travail concernant des œuvres d’art « subalternes », à notre problématique, à sa finalité et à l’évolution de notre « parc » dans l’espace et dans le temps ? Je ne connaissais pas à ce moment-là, il est vrai, les réflexions qu’il avait livrées sur le bonheur de l’historien, à propos de l’histoire de la sculpture du xixe siècle14, et dans les vérités saisissantes desquelles mon expérience de terrain (et celle de tous ceux qui ont participé à l’entreprise) se reconnaît. J’en reprends l’exposé :

  • 15 Les randonnées « mariannologiques » imposent quand même de longues positions assises eu égard au no (...)
  • 16 Comme nous l’avons dit, le parc des Mariannes a été relativement épargné. Peut-être est-ce parce qu (...)

« Proposons un constat très simple et tiré directement de l’expérience : l’historien de la sculpture du xixe siècle est un historien heureux…
« Ce privilège… tient à quelques raisons toutes aussi simples.
« La première est d’ordre tout pratique. L’historien de la sculpture du xixe siècle n’est pas un historien assis, mais un historien debout15. Entendons bien cette distinction, plus importante qu’il n’y paraît. Il n’est pas un historien assis à sa table de travail, accumulant commentaires et discussions à propos des écrits de ses prédécesseurs, lesquels écrits, bien souvent, étaient déjà des commentaires : situation fréquente en plus d’un secteur de l’histoire où la glose l’emporte sur l’objet. Au rebours, l’historien de la sculpture du siècle passé est contraint d’aller à la découverte, une découverte qui ne se fait pas seulement à coup de livres et d’archives (même si les archives sont indispensables et si les livres peuvent être utiles), mais aussi à coup de visites et de voyages qui demeurent presque toujours des aventures.
« Malgré des destructions considérables, la sculpture du xixe siècle se présente de nos jours comme une production immense, très dispersée et en majeure partie inconnue. Peu de répertoires, et toujours sommaires. Très peu de catalogues critiques : même pour les plus grands maîtres, jamais l’œuvre complet, plâtres et dessins compris, n’a été publié. Que de fois on se trouve devant une statue d’excellente venue dont il faut, contournant le socle et inspectant la base, découvrir l’auteur et la date : et il arrive que ce nom ne dise rien… Lorsqu’on aborde […] [l’] étude [de la sculpture du xixe siècle], il est bien difficile de ne pas ressentir cette sorte d’exaltation qu’il y a toujours à fouler le premier un sol vierge.
« Nous venons de mentionner les destructions : et ce mot conduit au second motif qui fait de l’historien de la sculpture un érudit heureux. Il n’est pas seulement un historien qui fabrique du savoir : il est un historien qui sauve.
« C’est chose assez rare que le savoir ait partie liée avec un type d’action aussi décisive que le salut des œuvres. C’est pourtant ce qui arrive ici. On a détruit, beaucoup détruit, et souvent de volonté délibérée, au cours de ce dernier demi-siècle : et la sculpture du xixe siècle a été l’un des domaines les plus affectés par la vague contemporaine d’iconoclasme16. On continue, avec bonne ou mauvaise conscience. Les motifs de ces destructions sont fort divers : ils vont des nécessités de l’urbanisme contemporain à l’affirmation brutale de certaines esthétiques. Non moins divers leurs modes, depuis les procédés violents jusqu’aux négligences sournoises, la pluie et le gel étant chargés des responsabilités qu’on ne veut pas assumer… Dans tous les cas, l’oubli et l’ignorance sont les vrais responsables. L’article ou le livre, révélant l’artiste, éclairant l’œuvre, ranimant l’intérêt, suffisent presque toujours à suspendre la menace. Une œuvre photographiée est à demi sauvée. Une œuvre exposée est désormais une œuvre protégée. Et cela, l’historien ne peut l’ignorer.
« Il sait que chacune de ses publications peut ramener l’attention sur la création d’un artiste plus ou moins oublié. Il a conscience, plus ou moins clairement, que ses travaux finiront par modifier les mentalités, et donc les attitudes. Ses recherches, parfois pénibles, ses démarches, parfois d’ordre purement administratif, ses considérations les plus abstraites en apparence, rien de ce qu’il fait n’est indifférent à la survie matérielle et au destin spirituel des œuvres d’art concernées. Qu’il arrive trop tard, il retrouve le socle vide, le plâtre en morceaux, le marbre devenu un tronçon pulvérulent : mais cet échec même l’avertit clairement de l’incidence de son travail. En revanche, dans ses moments de lassitude, n’a-t-il pas pour réconfort la pensée des œuvres sauvées in articulo mortis, et des artistes auxquels il a durablement attaché son nom ?
« Cet aspect tout concret de l’érudition ne laisse pas d’être souvent pour lui une contrainte : mais il donne aussi à ses propos et à ses écrits un poids qu’ont rarement les travaux de l’historien. De sorte qu’il ignore ce scrupule qui souvent saisit l’intellectuel et le fait s’interroger sur la frivolité de son discours. L’historien de la sculpture du xixe siècle est un historien foncièrement heureux, parce qu’il se sait responsable de l’objet qu’il étudie.
« Mais il faut insister sur un troisième point, essentiel à nos yeux. L’historien de la sculpture du xixe siècle est un historien heureux, parce que, privilège rare, il trouve devant lui un champ de recherches qui n’est pas encore structuré. »

Chantier

13Venons-en maintenant à l’objet précis, au cadre et à l’originalité du chantier, à la méthode et aux moyens utilisés.

14Chantier… mot qui convient, comme on l’a compris, à une recherche menée sur le terrain avant de se prolonger à l’ordinateur. Mais cette recherche concerne un objet très partiel – l’effigie en place publique – élément de l’étude d’ensemble consacrée par M. Agulhon à tous les éléments de la visualisation républicaine, étudiées dans notre réunion. La petite portion étudiée ici a le mérite d’être neuve et pittoresque, malgré les difficultés matérielles nécessaires pour la réunir. Avant les premières publications de l’historien cité, qui avait entendu parler d’une géographie des Mariannes de terrain ?

  • 17 Voir M. Agulhon, Marianne au pouvoir, Paris, Flammarion, 1989.

15L’objet étudié est donc un monument de place publique dédié exclusivement à la République. N’entrent pas, dans le cadre de cette étude, les monuments aux morts (où la République-Patrie peut être représentée), les monuments aux grands hommes (où l’image de la République peut également trouver sa place) et les « monuments » d’intérieur – notamment les bustes de mairie, on ne peut plus représentatifs de la République, bien que la signification en ait évolué17 – ; des modèles de bustes de mairie peuvent d’ailleurs se trouver également en place publique (notamment la « Francia » et l’« Injalbert »).

16La plupart du temps, le monument forme un ensemble installé sur un support – sec ou en rapport avec l’eau (fontaine, ancienne ou contemporaine, ou le lavoir) –, et constitué d’une base sur laquelle est posée une effigie presque exclusivement féminine, sous la forme d’une statue ou d’un buste (la représentation classique de la République française en femme, Marianne, voir par exemple figure 9). Il convient de signaler quelques exceptions : effigies masculines (dans ce cas la République n’est pas Marianne ou ce n’est pas Marianne qui représente la République), autres formes d’images que le buste ou la statue posés sur l’ensemble support-base qui vient d’être évoqué (il s’agit dans ce cas de Mariannes).

Figure 9
Royère-de-Vassivière (Creuse), Statue en bronze, auteur inconnu. Cette Marianne sans bonnet phrygien est remarquable par la richesse de ses symboles (couronnes de lauriers sur la tête et à la main droite, bouclier décoré d’une ruche et cerclé d’étoiles à cinq branches, gerbe de blé à la main gauche). Monument érigé sur une fontaine en 1885. Cliché P. Laurens.

  • 18 Un compte rendu explicatif précis en sera donné ultérieurement. Voir note 8 ci-dessus.
  • 19 J’ai évoqué plus haut ce concept de valeur aux multiples facettes. Il est évident que la valeur ret (...)

17Parmi ces nombreuses représentations de la République, l’objet étudié occupe une place particulière dans ce sens qu’il est assez rare, assez disséminé géographiquement – à des degrés divers il est vrai, certaines zones sont plus denses que d’autres (pour des raisons données par l’histoire politique) –, et malgré quelques concentrations notoires18, ce qui en fait un objet d’étude intéressant – pas banal en tout cas –, à défaut peut-être de se déterminer comme un véritable objet de valeur19.

  • 20 Un peu moins de 5 % des communes concernées ont deux monuments et deux communes en ont trois.
  • 21 Le monument de place publique n’est pas toujours immédiatement identifié ou même tout simplement re (...)
  • 22 Le 19 août 1888, le général Boulanger avait été élu dans les trois départements de la Charente-Infé (...)

18À la fin de la période durant laquelle eurent lieu les édifications, à peine 1 % des communes de France montrait au moins un monument20, ce qui revient à dire que seulement environ 1,25 % des communes d’aujourd’hui a connu le phénomène, qu’une forte proportion, je l’ai déjà dit, « vit » encore. Il s’agit donc à chaque fois d’un fait « remarquable », à défaut d’être trop souvent remarqué21, et encore plus « remarquable » dans les zones à faible ou très faible densité « mariannesques ». On pouvait s’en douter, et c’est presque banal de le dire, des « régions » comme le Languedoc viticole, la Provence, Le Massif central, l’Île-de-France et la Franche-Comté (en ordre décroissant) occupent ensemble près de 65 % de notre fichier, alors que le nombre de départements du « reste » n’a que très peu ou pas du tout de monument de place publique spécifiquement consacré à la République. Alors il est légitime de s’interroger, par exemple, sur la présence d’une des Mariannes les plus attirantes, celle que M. Agulhon a « baptisée »« l’anonyme de Tusey » – le fondeur – parce que l’on n’en connaissait pas exactement le sculpteur (figure 10), une statue, de surcroît, à La Flamengrie, un village perdu dans le département du Nord. On ne comprend pas a priori comment une commune de 306 habitants, dans le Nord, a pu « se payer » une telle statue. Seul le socle de pierre nous en livre l’explication : inaugurée le 21 juillet 1889, cette statue a été offerte à la commune de La Flamengrie pour son vote du 19 août 188822.

Figure 10
Die (Drôme), Statue en fonte de fer, auteur anonyme, éditée par Louis Gasne, Maître de Forges à Tusey, faubourg de Vaucouleurs (Meuse), pour le centenaire de la Révolution française. Cette Marianne de place publique est la plus répandue, avec une fréquence d’installation très élevée en 1889 et encore un nombre non négligeable d’érections jusqu’en 1893. Ici, monument élevé en 1889. Cliché P. Laurens.

Point de départ du chantier

  • 23 Le deuxième ouvrage de sa trilogie des Mariannes, Marianne au pouvoir, op. cit.
  • 24 Nous avons observé que certains modèles édités par les grandes fonderies du nord-est de la France l (...)
  • 25 M. Agulhon, Marianne au pouvoir, l’imagerie et la symbolique républicaines de 1880 à 1914, op. cit.(...)

19La conception de ce chantier est due à M. Agulhon, qui a commencé ses premières investigations il y a environ trente ans. Dans le premier ouvrage où il évoque cette recherche23, M. Agulhon livre la genèse de cette étude, qui, du Var rural et des départements voisins (la Provence), s’est étendue à la nation tout entière. « Il me fallut, confie-t-il, déchiffrer au pied d’une statue la marque d’une fonderie lorraine (là où j’attendais un nom industriel de Toulon ou de Marseille24), pour comprendre qu’il ait pu exister un marché national du mobilier républicain de carrefour… Le problème n’était donc plus d’étudier… un trait de mœurs méditerranéen, mais d’aborder un problème politico-culturel national, la propagande républicaine par l’effigie, dont l’une des formes (la statue de place publique) semblait avoir eu un succès inégal selon les régions25. »

La méthode et les moyens utilisés

  • 26 Bien d’autres visites ont quelquefois été nécessaires. Il faut dire également qu’à cette époque la (...)
  • 27 Certains départements ont été ratissés avec une diligente ferveur, je ne saurais me dispenser de no (...)

20Une première collecte des données a été réalisée par M. Agulhon pour la plus grande partie, par des collaborateurs bénévoles, souvent locaux ou originaires de lieux visités, ou des passionnées, dont je suis. Un travail complémentaire n’a cessé de se faire pour affiner, compléter, remettre en question même ce qui n’avait quelquefois donné lieu qu’à une rapide collecte de données, pour cette raison vagues et approximatives, qui demandaient en tout cas une seconde visite26. À un premier repérage, rapide, mais fondamental, puisque le monument était au moins répertorié, a succédé, dans un certain nombre de cas et quelquefois un certain temps après, une visite plus fine, qui a permis de répondre à des questions restées jusqu’alors sans réponses. Le nombre de monuments répertoriés n’a cessé de croître, mais de moins en moins. Les « prises » nouvelles se font de plus en plus rares – il y en a encore tout de même –, cela semble indiquer que notre parc tend à l’exhaustivité27.

21Toutes les sources concernant ce type d’études ont été exploitées, dans la mesure des possibilités naturellement. En premier signalement, près de la moitié des monuments a fait l’objet d’une observation directe (le bonheur de l’historien debout cher à J. Thuillier), moins de 10 % ont été repérés sur des cartes postales anciennes – un trésor, en particulier pour les monuments qui ont disparu.

22Pour celle-ci, il faut compléter ou prolonger, et nuancer, les remarques apportées dans la communication de Chantal Georgel.

  • 28 Voir note 13.

23Le caractère – la finalité – pédagogique de la carte postale ancienne (fin xixe siècle-début xxe siècle) est connu : les scènes de la vie, de la guerre, les décors urbains ou ruraux, les monuments de toutes sortes y figurent, sources inestimables pour l’historien. Quantité de réimpressions voient régulièrement le jour. On voit souvent devant les monuments présentés des personnages, gens ordinaires qui sont là comme pour montrer que le monument fait partie de leur vie. C’est loin d’être le cas pour la carte postale couleur, à finalité touristique, d’aujourd’hui, nettement plus figée, et à la palette franchement plus resserrée. Concernant plus particulièrement l’étude qui nous occupe, deux exemples nous viennent à l’esprit. Le premier est emprunté à un exposé fait par M. Agulhon en avril 1986, lors des Rencontres de l’école de Louvre évoquées plus haut28. Parlant des statues politiques au xixe siècle, voici ce qu’il dit d’une vue paysagère de Suze-la-Rousse, dans la Drôme, « où se trouve une statue de la République » (provenant des forges de Tusey) : « J’en possède deux cartes postales séparées par quelques années, et dont les cadrages visent le même carrefour, mais le cadrage de l’une incluant la statue, tandis que l’autre, par un très léger déplacement, l’élimine du champ visuel. » Le second exemple, plus récent, concerne la ville de Saint-Privat, le chef-lieu de canton en Corrèze déjà cité. Une carte postale en couleurs, éditée voilà peu de temps, présente la localité en trois volets. Le premier, qui mobilise la moitié de la carte, montre la façade de l’église, le deuxième, qui occupe un quart de l’espace, fait voir un lieu de loisirs – qui est à plusieurs kilomètres du centre-ville –, le quart restant montre le square où se trouve le buste de la République, celui-ci apparaissant de justesse sur la droite, et de côté, autant dire que sa lisibilité est quasiment nulle. Au dos de la carte, la légende indique simplement : « Le jardin public » sans mentionner le buste, qui n’est en aucun cas, le sujet central de la vue, ni même un élément à remarquer pour celui qui n’est pas pétri de curiosité « mariannologique ». Il nous reste à espérer que la prochaine séance photographique ne lui fera pas subir le sort de la statue de Suze-la-Rousse !

  • 29 La source du témoignage aurait peut-être pu être davantage utilisée. Cela supposait que, hormis les (...)

24Revenant aux sources diverses, on en signalera encore une qui a été découverte dans des sources imprimées (ouvrages, monographies, guides, catalogues), près de 22 % sont dus aux recherches en archives (les relevés du GIRM – Groupement interindustriel pour la récupération des métaux, sous le régime de Vichy – ont fourni un assez grand nombre d’occurrences), enfin un seul monument, celui de Thorigny en Seine-et-Marne, a bénéficié d’un témoignage29.

25Telle est l’expérience de la Marianne en place publique, entre histoire de l’art et histoire de la pédagogie républicaine, et peut-être aussi aux confins de l’ethnologie française.

Notes

1 Même si certaines de ces oeuvres ont donné lieu à éditions ou reproductions et peuvent paraître ainsi – c’est un vieux débat – singulièrement dévaluées. Il arrive que le statut d’œuvre unique ou d’œuvre éditée – une véritable question d’histoire de l’art – ne puisse être attribué avec certitude, avec les conséquences que l’on imagine pour mes analyses d’histoire politique et sociale : un buste (une statue) édité(e) coûte en principe moins cher qu’un buste (une statue) unique. Cette question est longuement évoquée une autre étude.

2 Je me garderai bien d’émettre la moindre considération personnelle qui pourrait avoir un lien avec l’histoire de l’art, je laisse cela aux spécialistes. Mes appréciations ne peuvent relever que de l’affectif.

3 J’ai toujours rencontré des personnes, assez peu nombreuses, il est vrai, qui avaient des choses intéressantes à dire ou à raconter sur le monument visité.

4 Le parfait chasseur de Mariannes en place publique est armé d’un appareil photographique, façon de fixer l’objet de son attention sous toutes les coutures.

5 Saupique le nom du sculpteur, auteur de la très belle figure. 1945 appartenait encore au temps où un ciseau amoureux pouvait donner à Marianne les traits d’une épouse connue des seuls familiers. Ce n’était pas encore le phénomène Bardot. Voir M. Agulhon et P. Bonte, Marianne, les visages de la République, Gallimard, « Découvertes », 1992.

6 Je profite de cette anecdote pour signaler les risques et périls attachés au métier de « mariannologue » : pour saisir les détails – il y en a beaucoup ! –, tenter de résoudre des énigmes et taper sur les Mariannes dont on souhaite connaître le matériau – la peinture peut offrir des apparences trompeuses –, il faut accepter l’escalade ; c’est ainsi que j’ai bien failli, là et ailleurs, me retrouver, bien malgré moi, dans la fontaine !

7 Nombre de fontaines couronnées par une Marianne – en activité ou désaffectées – sont aujourd’hui richement fleuries.

8 On ne doit pas craindre d’affirmer cependant que cette évolution peut avoir servi de prétexte à des considérations d’ordre politique, de mode ou d’esthétique. Lorsque les centres anciens n’ont pas été touchés, les Mariannes sont encore généralement en place, quand elles n’ont pas été volées, comme à Beynes (78), Bagneux (92) ou Thorigny (77). Si disparitions il y a eu, nous venons de le dire, il y a eu aussi de rares et récentes naissances : c’est ainsi, par exemple, que la commune de Longjumeau (91) devait marquer, d’une manière saisissante, le bicentenaire de la République. Nous y reviendrons dans une autre étude, à paraître, sur l’actualité.

9 E. Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d’écrivains spécialistes français et étrangers, nouvelle édition entièrement refondue, revue et corrigée sous la direction des héritiers de E. Bénézit, Librairie Gründ, 1976.

10 Les heureux élus sont : Paul Lecreux (dit Jacques France), Jean-Antoine Injalbert, Jean Gautherin et Frédéric-Auguste Bartholdi, ce dernier bien évidemment pour sa Liberté éclairant le monde, celle-ci n’étant pas à proprement parler une République française, son image a été cependant plusieurs fois utilisée comme telle. Le texte entier de la rubrique consacrée à Paul Lecreux est d’ailleurs ainsi libellé : « Il était l’auteur d’un buste de la République dont le Musée de Rouen possède une réplique en bronze. » Quant aux Cambos – l’auteur d’une des plus charmantes et attirantes Mariannes – Francia, Gauthier, Lequesne, Capellaro, Michel et Doriot, leurs Républiques ne paraît pas avoir mérité le statut d’œuvre d’art !

11 Bien qu’il ne soit ni agréable ni dans les habitudes de se citer, nous ferons ici une exception, car cette note situe ce chantier d’une manière que nous avons souhaitée la plus complète possible.

12 Il ne faut retenir aucun des nombres donnés dans cette note, car ils sont à présent « dépassés » et ils sont susceptibles de l’être encore.

13 Une étude consacrée à tous les résultats statistiques et aux croisements de divers critères est en train de s’achever. Elle fera l’objet d’une publication déjà annoncé note 8.

14 À propos de l’histoire de la sculpture du xixe siècle : réflexions sur le bonheur de l’historien, « Rencontres de l’École du Louvre, La sculpture du xixe siècle, une mémoire retrouvée, Les fonds de sculpture », 1986.

15 Les randonnées « mariannologiques » imposent quand même de longues positions assises eu égard au nombre considérable de kilomètres qu’il faut parcourir en voiture !

16 Comme nous l’avons dit, le parc des Mariannes a été relativement épargné. Peut-être est-ce parce que ces œuvres d’art là sont également – et peut-être avant tout, dans l’esprit de certains décideurs – des objets à signification politique ! Discussion à poursuivre. Voir note 8.

17 Voir M. Agulhon, Marianne au pouvoir, Paris, Flammarion, 1989.

18 Un compte rendu explicatif précis en sera donné ultérieurement. Voir note 8 ci-dessus.

19 J’ai évoqué plus haut ce concept de valeur aux multiples facettes. Il est évident que la valeur retenue ici est au minimum historico-politique.

20 Un peu moins de 5 % des communes concernées ont deux monuments et deux communes en ont trois.

21 Le monument de place publique n’est pas toujours immédiatement identifié ou même tout simplement remarqué. Bien sûr pour voir, puis identifier, un monument, il faut ou bien en connaître l’existence (ce n’est pas évident) ou passer devant – pourquoi passerait-on justement par là ? –, s’y attarder, prendre le temps de le regarder. Il faut ensuite que la mémoire en retienne la substance. Ces dernières considérations ne devraient pas s’appliquer aux très petites communes, où le monument ne put être « évité » ou échapper à la vue, quoique… Je n’en veux pour exemple que ma propre expérience dans un petit village de Corrèze : il m’aura fallu connaître une mémorable fringale cycliste pour « découvrir » à Frogès un pittoresque buste de Marianne, inconnu alors à notre fichier, lorsque je me suis assis sur le bord d’une fontaine afin d’y puiser une fraîcheur réparatrice ; et pourtant il y avait plus de dix ans que je passais dans ce village, à proximité de cette fontaine, en voiture, il est vrai, et à chaque fois concentré sur un retour vers Paris.

22 Le 19 août 1888, le général Boulanger avait été élu dans les trois départements de la Charente-Inférieure, de la Somme et du Nord. Il n’avait pas obtenu une seule voix à La Flamengrie, pas même celle du curé ! On a raconté – de mauvaises langues sans doute – que celui-ci avait laissé passer l’heure de la clôture du scrutin, tout absorbé qu’il était par une partie de cartes qu’il était en train de jouer dans le café d’une commune de la Belgique proche.

23 Le deuxième ouvrage de sa trilogie des Mariannes, Marianne au pouvoir, op. cit.

24 Nous avons observé que certains modèles édités par les grandes fonderies du nord-est de la France l’avaient été également par des fondeurs du Midi, des locaux en quelque sorte.

25 M. Agulhon, Marianne au pouvoir, l’imagerie et la symbolique républicaines de 1880 à 1914, op. cit., p. 198.

26 Bien d’autres visites ont quelquefois été nécessaires. Il faut dire également qu’à cette époque la grille de lecture standardisée applicable à chaque monument n’avait pas encore été clairement établie et que les objectifs de lecture n’avaient pas encore été parfaitement définis.

27 Certains départements ont été ratissés avec une diligente ferveur, je ne saurais me dispenser de nommer Andrée et Jean Piacère qui, concernant les Mariannes de l’Hérault, n’auront pas de peine à se reconnaître dans les réflexions de J. Thuillier. Jean Piacère nous a, hélas, quittés il y a un an !

28 Voir note 13.

29 La source du témoignage aurait peut-être pu être davantage utilisée. Cela supposait que, hormis les témoignages spontanés – mais qui savait que cette étude était en cours ? –, il eût fallu aller de commune en commune interroger des gens. On retrouve ici des difficultés déjà signalées. Pour ma part, chaque fois que l’occasion s’est présentée ou que cela a été possible, j’ai pu recueillir de précieuses informations – comment ne pas évoquer une étonnante rencontre, autour d’un sauternes fameux, avec un descendant du non moins étonnant sculpteur François Michaud à Fransèches, dans la Creuse, où se trouve l’une des Mariannes les plus originales – ; mais il ne s’est pas agi, dans la plupart des cas de découvrir un monument inconnu à notre fichier.

Table des illustrations

Légende Figure 7Plaisir (Yvelines), Buste en fonte de fer, par Angelo Francia, édité par la fonderie d’art Durenne, de Sommevoire (Haute-Marne). Monument érigé en 1904, grâce à une souscription populaire. Cliché P. Laurens.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/59557/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 41k
Légende Figure 8Sèvres (Hauts-de-Seine), Madame Saupique, buste en métal de Georges Saupique. Ce buste a remplacé en 1945 un buste en métal de Jean Gautherin, dérobé par les Allemands en 1942. Situé sur la terrasse d’un bistrot, l’ancienne mairie, le monument, comportant une petite fontaine aujourd’hui hors d’état de marche, a été érigé en I 882. Cliché P. Laurens.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/59557/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 39k
Légende Figure 9Royère-de-Vassivière (Creuse), Statue en bronze, auteur inconnu. Cette Marianne sans bonnet phrygien est remarquable par la richesse de ses symboles (couronnes de lauriers sur la tête et à la main droite, bouclier décoré d’une ruche et cerclé d’étoiles à cinq branches, gerbe de blé à la main gauche). Monument érigé sur une fontaine en 1885. Cliché P. Laurens.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/59557/img-3.jpg
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Légende Figure 10Die (Drôme), Statue en fonte de fer, auteur anonyme, éditée par Louis Gasne, Maître de Forges à Tusey, faubourg de Vaucouleurs (Meuse), pour le centenaire de la Révolution française. Cette Marianne de place publique est la plus répandue, avec une fréquence d’installation très élevée en 1889 et encore un nombre non négligeable d’érections jusqu’en 1893. Ici, monument élevé en 1889. Cliché P. Laurens.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/59557/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 43k

Auteur

CNRS-Collège de France.

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