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Milieux naturels, espaces sociaux

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Franco Morenzoni
, 
Élisabeth Mornet

La nature et les hommes

L’archéologie des paysages et les époques historiques

Les grands aménagements agraires et leur signature dans le paysage (anthropisation des milieux et complexité des sociétés)

Philippe Leveau

Note de l’auteur

Les réflexions présentées ici doivent beaucoup aux discussions que j’ai eues sur ces questions avec mon collègue de Géographie physique M. Jorda.

Texte intégral

  • 1 M. Magny et H. Richard, Histoire du climat, archéologues et historiens : une nécessaire clarificati (...)

1Nouvelle venue, l’archéologie des paysages aux époques historiques bénéficie d’un phénomène de mode dont les effets risquent à moyen terme d’être négatifs en provoquant un double rejet : rejet des historiens et des archéologues légitimement attachés à des approches qui ont fait leur preuve et se défient des dérives et de l’oubli des sites ; rejet par les environnementalistes qui n’ont pas oublié les reconstructions abusives1 auxquelles l’environnement avait donné lieu de la part des historiens. Au-delà des incompréhensions liées aux espoirs déçus (les environnementalistes vont résoudre nos problèmes !) ou au manque de clarté du vocabulaire (qu’est-ce que la géoarchéologie ?), existe un problème de fond, celui de la place des sources écrites. Leur existence est à l’origine même de la définition d’une période « historique » ; elles apportent des réponses à un certain nombre de questions qui nécessitaient un recours aux « analyses » pour les périodes dépourvues de cette documentation au moment où la complexité croissante des sociétés historiques rend plus délicate l’interprétation des données environnementales en terme d’histoire du milieu.

2Un concept me paraît se situer au cœur de ces questions, celui d’anthropisation dont les naturalistes font grand usage sans toujours se rendre compte qu’il finit par ne plus vouloir dire grand chose ! C’est à une réflexion sur cet outil que je voudrais ici contribuer. Car bien entendu il ne s’agit pas de rejeter un concept qui intègre globalement les multiples aspects des relations que les hommes entretiennent avec leur environnement mais de rappeler que, pour l’historien, l’important est de définir la nature de ces relations et leurs conséquences compte tenu de l’espace, de la période considérée et de l’hétérogénéité des sociétés locales.

Des recherches sur l’anthropisation des milieux provençaux : de la Montagne Sainte-Victoire aux Alpilles

  • 2 Il avait obtenu le soutien du Programme interdisciplinaire de recherches sur l’environnement (PIREN (...)
  • 3 A. dAnna, Ph. Leveau et Fl. Mocci, La Montagne Sainte-Victoire de la Préhistoire à la fin de l’Ant (...)
  • 4 Programme Populus : The populus project : Cross-disciplinary approaches to changes in demographie p (...)

3Cette réflexion s’appuie sur une expérience de terrain conduite en collaboration avec des spécialistes de l’histoire des milieux, plus particulièrement avec les géomorphologues, considérés comme des « généralistes » de l’histoire du milieu physique durant la période de l’Holocène. Cette recherche a débuté, il y a dix ans, avec un projet portant sur « La mobilité des paysages et l’histoire de l’occupation des sols des rives de l’Étang-de-Berre »2. Elle a contribué à la formation de jeunes chercheurs et s’est poursuivie aux côtés d’archéologues du Service régional de l’archéologie (SRA) et maintenant de l’Association des fouilles archéologiques nationales (AFAN) dans des opérations de sauvetages archéologiques, dont l’une porta plus particulièrement sur le Massif de la Montagne Sainte-Victoire après l’incendie de 19893. Centrée sur les paysages de la protohistoire récente et de l’antiquité romaine, cette expérience fut conduite en concertation avec des pré et protohistoriens et des médiévistes. Elle s’est aussi inscrite dans une réflexion internationale qui a bénéficié de l’expérience acquise par les archéologues anglo-saxons travaillant sur l’espace circum-méditerranéen4.

  • 5 Ph. Leveau, Géoarchéologie dans la vallée des Baux, in Entretiens de Géoarchéologie, Lyon 17-18 nov (...)

4Le programme Étang-de-Berre achevé, cette approche a pu se poursuivre sur un terrain d’un intérêt exceptionnel, la vallée des Baux, dépression qui sépare les Alpilles de la Crau et communique avec la plaine d’Arles. La collaboration avec les géomorphologues y a obtenu des résultats qui valident la démarche qui actuellement conduit de nombreux archéologues vers le « hors-site ». Dans le cas présent, il s’agissait de restituer un site, les moulins romains de Barbegal dans le paysage des environs d’Arles5. Il y a une cinquantaine d’années, les connaissances qu’il avait de ce paysage avaient conduit le grand archéologue provençal, F. Benoit, à isoler cette usine dans un milieu « hostile » : implantée dans un site choisi pour la commodité offerte par un aqueduc arrivant au-dessus d’une dépression, elle aurait dû son existence aux commodités offertes par une batellerie assurant la relation avec le port d’Arles, par où arrivaient les blés et d’où repartait la farine moulue. À une époque où, en dehors des paléolithiciens, les archéologues se posaient peu la question de la variabilité du milieu, la permanence du marais paraissait s’imposer. D’ailleurs, les préhistoriens pensaient eux-mêmes qu’un millénaire plus tôt, des populations du Chalcolithique étaient venues enterrer leurs morts dans de grands tombeaux mégalithiques (hypogées de Fontvieille) aménagés sur des îlots rocheux émergeant du marais.

5Conçue à l’origine pour valoriser un monument exceptionnel, la fouille de la partie basse des moulins montra que le paysage palustre imaginé par plusieurs générations d’arlésiens était largement anthropique ! Elle a été à l’origine d’une recherche sur l’histoire « naturelle » de la dépression jusqu’aux assèchements actuels. Cette recherche montre que durant la période antique, la vallée, sans être sèche, offrait des conditions propices à une activité agraire. Ses résultats viennent d’être confirmés par la découverte d’un village qui pourrait être contemporain des grands tombeaux mégalithiques dont il a été question : or il était installé au plus bas de la dépression, vers la cote 2 m NGF, peut-être au bord d’un plan d’eau. Une donnée naturelle, la topographie, a évidemment joué un rôle essentiel dans l’installation d’un marais : le fond de la dépression se trouve à peine un mètre au-dessus du 0 NGF ; la remontée du niveau marin a aussi joué son rôle. L’histoire de la dépression des Baux est envisagée dans sa relation avec la plaine d’Arles et la formation du delta du Rhône dont les effets se sont progressivement fait sentir dans l’arrière-pays : ainsi entre la fin de l’Antiquité et le Moyen Âge, on voit les moulins à bateaux remonter d’Arles vers Tarascon du fait de la diminution progressive du courant provoquée par la formation du delta.

6Comme bien des espaces où le citadin va rechercher le contact avec la nature, le marais des Baux est actuellement aménagé et donc complètement artificiel. Certes des données naturelles s’y conjuguent pour favoriser la montée de l’eau : une dépression, des sources, la proximité du niveau marin. Mais le facteur anthropique est fondamental : au début des Temps Modernes, plus peut-être que dans l’augmentation de la pluviosité durant le Petit Âge Glaciaire, l’origine du lac qui occupa la dépression, réside d’abord dans la construction d’un barrage au niveau du goulet pour protéger les terres d’Arles contre l’inondation, puis dans celle du canal de Craponne qui grossit considérablement la nappe phréatique qui nourrissait les sources aboutissant dans la dépression. Mais un millénaire et demi auparavant, les Romains avaient déjà détourné par un aqueduc les eaux du sud des Alpilles vers Barbegal et aménagé le passage du goulet.

7Quelle est la place du naturel et de l’anthropique dans cette histoire ? L’érosion, phénomène naturel qui est à l’origine des alluvions qui ont construit la Camargue, s’est exercée sur des surfaces fragilisées ou défendues par les pratiques agricoles. De même l’obstruction progressive des écoulements, surtout au niveau du goulet par où la dépression des Baux s’ouvre sur la plaine d’Arles, est liée à l’engorgement sédimentaire et à la ruine du pont de l’aqueduc romain. Un sédiment ou plutôt un dépôt présentera des éléments « anthropiques » (artefacts ou pollens révélant une intervention humaine…) et procédera d’un phénomène naturel (une inondation aura détruit un site habité). Il faut établir une nette distinction entre les processus, qui sont physiques ou chimiques, que l’homme intervienne ou non, et la nature du dépôt qui peut être liée à ou influencée directement ou indirectement par les diverses modalités humaines d’utilisation et d’aménagement de l’espace.

Paysages et degrés d’anthropisation

  • 6 G. Fabre et J. Vaudour, Géoarchélogie de l’eau : l’aqueduc romain de Nîmes et le Pont du Gard, Anna (...)
  • 7 E. K. Leach, On the definition of Geoarchaeology, Geoarchaeology, 7-5 (1992), p. 405-417.
  • 8 K. W. Butzer, Archaeology as Human Ecology, Cambridge, 1982.

8Pour qualifier ces milieux, les naturalistes emploient le terme « anthropisation ». La notion a été particulièrement utile pour caractériser leur évolution à la transition entre préhistoire ancienne (paléolithique) et préhistoire récente. Le concept d’anthropisation est dérivé de l’adjectif anthropique formé lui-même sur anthropos, homme. Le terme est utilisé par les naturalistes et, d’une certaine manière, constitue un doublet de « hominisation », qu’utilisent les anthropologues physiciens pour désigner l’ensemble des processus qui, à l’échelle du Quaternaire, marquent le passage des primates à l’homme actuel et de « domestication », terme qui désigne un processus identique dans la sphère du vivant (domestication des plantes et domestication des animaux). En archéologie, le terme « anthropisation » est apparu sous la plume des néolithiciens pour désigner les signes qui, dans la sphère du milieu naturel, traduisaient ou exprimaient la présence de l’homme. Ces signes sont repérables à deux niveaux : d’abord au niveau du sédiment (et ils font l’objet des analyses sédimentologiques) ; ensuite, au niveau du paysage. Cette distinction est importante, car les deux niveaux ne se recouvrent pas. L’ambiguïté du vocabulaire apparaît bien dans le cas d’un dépôt carbonaté utilisé pour la « géoarchéologie de l’eau »6. Peut-il être dit « anthropique » parce qu’il s’est formé dans un aqueduc ? Dans cette affaire, l’aqueduc est un simple contenant et « l’homme » n’est pas à l’origine des mécanismes géochimiques réglant le dépôt du carbonate de calcium ; il n’a rien à voir avec ces processus. Mais un aqueduc n’est pas n’importe quel contenant : sa construction peut être datée et il est l’objet de protections particulières. Selon sa nature, le dépôt carbonaté traduira un état naturel ou anthropique du paysage de l’impluvium des sources captées. Ceci est à l’origine de deux des sens de « géoarchéologie » : discipline réfléchissant sur la relation homme/milieu7 ; discipline utilisant les Sciences de la Terre comme la géologie, la sédimentologie ou la pédologie à des fins archéologiques8.

  • 9 H. Richard, Analyse de l’anthropisation du milieu à partir de quelques exemples de variations de po (...)
  • 10 Ph. Leveau, Sociétés historiques et milieux humides. Un modèle systémique des données applicable au (...)
  • 11 De ce fait, au raccourci « anthropique » il faudrait préférer « d’origine anthropique » ou « lié à (...)
  • 12 A. Reffay, La géomorphologie : composantes et concepts didactiques, in Composantes et concepts de l (...)
  • 13 R. Neboit, L’homme et l’érosion. L’érosion des sols dans le monde, Clermont-Ferrand, 2e éd., 1991, (...)

9Les naturalistes se sont rapidement rendu compte que, pour être efficace, le concept avait besoin d’être mieux défini et que des degrés devaient être distingués et caractérisés. Rappelons pour mémoire que des recherches se poursuivent sur la question complexe des indices polliniques de l’anthropisation9. Ainsi, récemment, pour percevoir les progrès d’un impact de l’homme sur le milieu végétal allant de la faveur accordée à certaines plantes indigènes jusqu’à l’introduction de plantes étrangères, un palynologue, H. Richard, proposait quelques observations susceptibles d’améliorer l’interprétation des analyses polliniques. Les géomotphologues ont de leur côté proposé des définitions de ces degrés qui s’appuient sur la relation que le milieu entretient avec le développement des sociétés. L’une des plus intéressantes est due au géomorphologue R. Neboit et concerne l’érosion ; le terme « anthropique » désigne alors un aspect de la morphogenèse qui se déroule à l’échelle de temps de l’histoire humaine10. L’érosion est dite anthropique quand elle a l’homme pour origine, l’Homme ou plutôt les « sociétés humaines »11. Par leurs activités et notamment par la dégradation et la destruction de la végétation naturelle, les sociétés accélèrent l’érosion en dynamisant l’action des agents climatiques. Cette relation avec le milieu est fondamentalement nouvelle : dans une présentation de ce concept, A. Reffay écrivait : « l’homme agit sur les systèmes d’érosion plus qu’il ne s’y intègre »12 ; il est possible d’aller plus loin et d’écrire que si l’homme paléolithique s’intégrait dans ces systèmes, à partir des époques historiques l’homme agit sur eux. R. Neboit, qui a beaucoup contribué à cette réflexion, distinguait dans l’histoire de l’environnement – des sociétés européennes, précisait-il – « deux coupures, correspondant au franchissement de deux seuils d’action… L’une se place au Néolithique, et l’on parle plus volontiers du Chasséen et l’autre se situe beaucoup plus tard, à l’époque romaine ou gréco-romaine »13. À partir des premiers grands aménagements, les sociétés historiques ont en effet franchi un seuil et acquis la capacité d’une action directe, se traduisant par de véritables modifications des modelés soit en édifiant des reliefs soit en corrigeant les linéaments du paysage ou en en créant.

  • 14 J. Vaudour, La notion de géosystème appliquée à l’étude des aqueducs antiques concrétionnés, in G. (...)

10Dans une contribution à un ouvrage collectif portant sur un aqueduc romain, J. Vaudour, un spécialiste des géosystèmes karstiques, a proposé de distinguer une étape de transition entre géosystèmes naturel et anthropique : le géosystème anthropisé. Le géosystème naturel est caractérisé « par la préservation des équilibres écologiques. Les couvertures végétales sont peu perturbées, les phénomènes de pollution mineurs ». L’homme n’est pas alors le facteur dominant. Le passage au géosystème anthropisé est caractérisé par la domination de la pression humaine qui supplante les autres facteurs d’évolution. Ce seuil correspond à la coupure que R. Neboit place au Néolithique. Le troisième état qu’il distingue, le géosystème anthropique, commence à l’époque gréco-romaine : « un autre seuil est franchi, de façon brutale, lorsque l’homme parvient volontairement, grâce à une haute technologie, à bouleverser son territoire par des aménagements visant à domestiquer la nature sans tenir compte des contraintes naturelles, et notamment des limites hydrologiques »14. Cette évolution est particulièrement évidente dans le cas des transferts d’eau d’un bassin à un autre pour assurer l’irrigation, l’alimentation en eau d’une ville ou pour des activités industrielles.

  • 15 Ph. et G. Pinchemel, La face de la terre. Éléments de géographie, Paris, 1994.

11Mais, poursuivant la distinction sur l’anthropisation du milieu, il est possible d’introduire un correctif à la notion de géosystème anthropique et de parler de géosystème « artificialisé » pour rendre compte du nouveau seuil franchi à l’époque industrielle avec la maîtrise des énergies artificiel les15. Un changement de degré marqué par les possibilités offertes aux « Grands Travaux » par la maîtrise des énergies artificielles, est à l’origine de grands changements écologiques.

Hétérogénéité des espaces et formations sociales

12Ces réflexions sont d’un intérêt capital en archéologie des paysages, car elles légitiment l’attention portée par l’historien à l’histoire du milieu et fondent la collaboration entre les disciplines. Les grands aménagements agraires et les activités économiques ont des « signatures » sédimentaires dont l’interprétation permet la mise en évidence.

13Pour l’historien du milieu naturel, travaillant sur la longue durée, les distinctions entre préhistoire, protohistoire et histoire, ont longtemps paru suffisantes dans leur généralité. Elles caractérisent en effet des faciès culturels commandant un rapport au milieu. Il n’en est évidemment pas de même pour l’historien des sociétés et des économies. Ainsi, lorsque l’on écrit que, dans le bassin méditerranéen et d’une manière générale en Europe Occidentale, la société « romaine » franchit un seuil dans ses rapports avec l’environnement, l’adjectif « romain » est utilisé pour caractériser une formation sociale associée à la constitution d’un empire mais il n’a pas un sens chronologique précis. Si donc, reprenant l’exemple des aqueducs, on recherche le moment où les sociétés européennes acquièrent la capacité de réaliser ces transferts d’eau entre bassins versants qui entraînent des changements dans le milieu, on dira qu’en Europe, le franchissement de ce seuil - qui est à l’origine du « modèle hydraulique romain » – est révélateur de disparités à l’échelle méditerranéenne. En Gaule du sud, ce passage a lieu au premier siècle de l’ère chrétienne. En Italie, il lui est bien antérieur, comme le montre à l’évidence le précédent étrusque ; il l’est encore plus dans la partie orientale de la Méditerranée. Raisonnant maintenant en terme d’espace, on dira que, dans l’Empire romain, se juxtaposent des formations sociales vivant à des rythmes différents : certaines sont intégrées dans l’économie impériale, d’autres vivent comme elles vivaient antérieurement à la conquête, dans ce que l’on qualifie d’économie « paysanne » pour mettre en évidence leur marginalité par rapport à la sphère commerciale.

  • 16 M. Jorda et Ph. Leveau, Archéologie, milieu et peuplement dans les Hautes Alpes, in I. Ganet, Les H (...)

14Ce mode de raisonnement peut permettre de reconnaître la spécificité d’ensembles microrégionaux. Une réflexion portant sur la relation entre milieu et modes d’occupation du sol dans une zone montagneuse, les Alpes du Sud, peut servir d’exemple16. Si, en Basse Provence ou dans les pays du Rhône, espaces profondément romanisés, l’effet d’une gestion des eaux liée à la romanisation est observable dans l’histoire de l’environnement, il en va différemment dans les pays alpins faiblement romanisés de la Haute Durance : là l’apaisement de la morphogenèse et de la torrentialité qui caractérise l’époque romaine est sans doute imputable au milieu. L’historien constatant la faiblesse de la romanisation, donc des nécessités d’aménagements, le géomorphologue peut proposer avec plus de vraisemblance l’hypothèse d’une évolution de l’environnement vers une moindre agressivité des éléments durant la période qui correspond à la fin de l’Age du Fer et au Haut Empire romain.

Grands aménagements, degrés d’anthropisation et archéologie des paysages

15À la notion de degrés d’anthropisation s’appliquant au milieu, correspond du côté des sociétés celle de complexité croissante. Ce couple de notions permet d’utiliser les observations portant sur l’occupation du sol pour une histoire du développement agricole local et régional. En effet, la multiplication des fouilles et la réalisation de longs transects lors des opérations d’archéologie préventive, hors site et intersite, mettent en lumière la diversité des rythmes d’évolution du milieu et l’hétérogénéité fondamentale des niveaux de développement des sociétés locales. La précocité du développement historique dans le sud de la Gaule n’exclut évidemment pas des retards locaux, puis la persistance à l’époque historique de techniques parfaitement adaptées à une gestion du milieu élaborée au Néolithique.

  • 17 E. Zadora-Rio, Les terroirs médiévaux dans le Nord et le Nord-Ouest de l’Europe, in J. Guilaine dir (...)

16Prenant en compte les spécificités des espaces géographiques étudiés dans leurs caractéristiques physiques et leur développement historique, l’archéologie des paysages permet maintenant d’ébaucher une géographie historique régionale. C’est ce que l’on peut montrer à propos des aménagements agraires qui sont devenus un chapitre essentiel de l’histoire des campagnes, depuis que le développement de l’archéologie hors site a remédié aux impossibilités d’observation des vestiges en surface. En zone méditerranéenne, où les processus d’érosion et d’accumulation sont particulièrement actifs, les grandes opérations d’archéologie de sauvetage jouent un rôle déterminant pour l’archéologie, en permettant de généraliser des approches élaborées dans l’Europe du nord et du nord-ouest et d’écrire une histoire des structures agraires17.

  • 18 O. Buchsenschutz et P. Méniel, Les installations agricoles de l’Âge du Fer en Île-de-France, Études (...)

17Cette histoire s’inscrit dans la diachronie. Les sociétés protohistoriques n’ont en effet pas attendu Rome pour construire des terroirs, drainer ou irriguer. Ce fait est démontré par les découvertes de fossés remontant à une protohistoire plus ou moins ancienne lors des travaux archéologiques qui ont accompagné les opérations archéologiques portant sur les tracés linéaires ou de vastes décapages18. Mais, pour cette Gaule du sud, l’abandon du point de vue du Romain civilisateur et une légitime réhabilitation des sociétés protohistoriques ne doivent pas faire oublier la nouveauté fondamentale que constitue la conquête romaine et les ruptures qu’elle introduit localement dans la gestion des milieux : l’intégration dans l’espace impérial débouche sur des réalisations fondamentalement nouvelles. L’échelle spatiale selon laquelle s’organisent ces travaux est essentielle : les aménagements romains sont caractérisés en effet autant par leur extension que par une morphologie et une métrique précise : la nécessité de partager les terres entre les vétérans a conduit à la construction de ces centuriations, dont l’une des caractéristiques essentielles est de s’étendre sur des dizaines de kilomètres carrés. L’aménageur romain est bien l’ancêtre de l’ingénieur du XIXe siècle.

  • 19 A. Perez, Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale. Essai sur la politique coloniale romai (...)
  • 20 B. Garnier, A. Garnotel, C. Mercier et C. Raynaud, De la ferme au village : Dassargues du Ve au XII(...)

18Trois types de milieu sont concernés par ces aménagements agraires : les pentes des collines et les versants des plateaux, les vastes plaines alluviales et les zones humides. Historiquement, les premières observations sur ces aménagements ont été faites par les antiquisants. Ceux-ci ont eu longtemps tendance à rapporter à la période romaine la plupart des grands aménagements agraires, et leur point de vue a été adopté par les médiévistes qui ont considéré, non sans raison, que les sociétés qu’ils étudiaient s’étaient moulées dans un cadre remontant essentiellement à l’époque antique. Cette position vient d’être poussée à l’extrême par A. Perez dans son travail sur les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale19. Cependant des contestations ont commencé à s’élever et des attributions abusives de parcellaires réguliers à l’époque antique ont été dénoncées depuis longtemps, de sorte qu’il apparaît maintenant sage d’observer une réserve par rapport à l’identification de nouvelles centuriations romaines. Cette réserve apparaît d’autant plus nécessaire qu’en fait les parcellaires médiévaux sont encore très mal connus – en dehors de quelques cas comme en particulier celui du Lunellois20 – et que cette opinion bloque la recherche. Pour des raisons tenant à l’histoire de la discipline et aux orientations des équipes de recherches vers l’histoire monumentale ou celle des sites, l’archéologie de l’espace agraire médiéval dans le sud de la Gaule occupe une place encore réduite. Cet état de fait, sa position dans la chronologie et la tendance des archéologues à privilégier les continuités par rapport aux ruptures, ont mené les quelques spécialistes qui s’y sont intéressés à ne pas mettre en question le cadre commode que fournissaient les cadastres antiques. Une telle situation est gênante pour tous, y compris pour les antiquisants, dont la réflexion sur les aménagements antiques souffre de l’absence de recherche sur les périodes médiévales. La période antique, en particulier en Gaule du sud, voit son importance sans doute surévaluée et l’on n’y signale qu’un petit nombre de parcellaires médiévaux, alors que des traités d’arpentage sont connus pour cette époque.

  • 21 Ph. Blanchemanche, Bâtisseurs de paysages, terrassements, épierrement et petite hydraulique agricol (...)
  • 22 S. Quilici Gigli, Bonifica agraria e difesa dei territori montani. Alcuni interventi nella bassa Sa (...)

19Si l’on se tourne maintenant vers l’aménagement des pentes, cette fois-ci on observe que, dans le Midi, la documentation concerne essentiellement l’époque moderne. En effet, jusqu’à présent et contrairement à des espérances qui avaient été nourries dans les années 1970, ce type d’aménagement n’a pas pu être mis en relation de manière convaincante avec les sites d’oppida protohistoriques. C’est une question d’échelle : la technique était maîtrisée par les populations de l’Âge du Fer qui édifiaient des remparts, et de telles constructions ont pu être observées pour ces époques de manière ponctuelle ; mais dans le sud de la Gaule, aucun aménagement systématique d’ensemble d’âge protohistorique comparable aux constructions paysagères modernes n’a été observé pour l’instant. Ces aménagements ont pu ne pas avoir résisté aux crises érosives et des prospections en milieu montagnard ne manqueront pas d’occasionner des découvertes. Mais ni l’histoire du milieu ni les lacunes de la prospection ne sont seules en cause : à une époque de grande pression démographique, la construction de terrasses de cultures a eu pour objectif autant de gagner des terres que de lutter contre l’érosion. Ce n’est pas par hasard qu’elle accompagne la remontée démographique des Temps Modernes21. À ce point du raisonnement, il faut donc souligner l’enjeu que représentent des études en cours : tous les parcellaires de plaine ne peuvent pas être rapportés à l’Antiquité ; de même on ne peut pas attribuer toutes les constructions de terrasses à l’époque moderne, et l’observation d’aménagements locaux – connus maintenant en Italie22 – présente le plus grand intérêt pour l’étude de la période antique.

  • 23 Ph. Leveau, Dal paesaggio naturale al paesaggio coltivato. Dati archeologici relativi ai grandi lav (...)
  • 24 Id, Mentalité économique et grands travaux. Le drainage du lac Fucin, Annales ESC 1993, p. 9-16.

20Citées en troisième lieu parmi les zones ayant fait l’objet d’aménagements, les zones humides sont aussi des terroirs difficiles à aménager. Mais là encore, il faut prendre en compte des degrés, et sous une dénomination trop générale d’espaces humides on doit distinguer les marécages et les terres humides : dans un cas, une nappe d’eau d’une épaisseur de 1 à 2 m recouvre les terres ; dans l’autre, l’inondation saisonnière favorise le développement des herbages et des plantes « hygrophiles ». La conquête agricole du marécage nécessite des moyens techniques importants. En revanche le drainage des terres humides du type « palun » était à la portée des collectivités agricoles des sociétés préindustrielles. Mais elles n’ont pas fait l’objet d’une conquête systématique par les communautés paysannes, car ces terres jouaient un rôle important dans l’économie traditionnelle et offraient un complément important aux cultures sèches. Ils constituaient d’excellents pâturages naturels23. Les grands décapages multiplient la découverte de fossés de drainage remontant à l’époque protohistorique, mais il s’agit, semble-t-il, le plus souvent de terroirs limités proches des sites habités. La notion d’échelle est encore une fois essentielle et permet d’établir un rapport entre la conquête des « paluns » et un type précis d’agriculture : celle que pratiquent des capitalistes soucieux de la rentabilité de la terre. De ce fait, ces aménagements constituent des travaux plutôt exceptionnels, que l’on rencontre surtout à deux moments de l’histoire : la conquête des terres humides justifie le thème de « l’aménageur romain », que l’ingénieur moderne ressuscite24. D’une manière générale, les dessèchements ont été l’œuvre de personnages puissants ou de collectivités ecclésiastiques disposant de moyens financiers et d’appuis politiques importants, désireux de gagner des terres de labour.

  • 25 M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas-Languedoc. Genèse d’une sociabilité. Xe-XIVe siècle, t (...)
  • 26 Ph. Leveau, Carte archéologique, occupation des sols et géographie historique des communes des rive (...)
  • 27 Temps et espace dans le bassin de l’Aude du Néolithique à l’Age du Fer, J. Guilaine dir., Centre d’ (...)

21Sans doute cette affirmation s’appuie-t-elle sur une évaluation incorrecte des capacités des sociétés médiévales, car très peu d’exemples ont été étudiés en dehors du cas célèbre du drainage de la dépression de Montady près d’Ensérune25. Mais une observation rapide des nombreuses dépressions qui parsèment les plateaux calcaires de la France du sud, en Languedoc comme en Provence26, montre qu’elles présentent des traces d’aménagements médiévaux. Jusqu’à présent ces mêmes dépressions ont surtout retenu l’attention des néolithiciens qui, sur l’initiative de J. Guilaine, ont développé un programme pour observer la série des manifestations et des degrés de l’anthropisation jusqu’aux drainages actuels27. Or la compréhension de ces unités est dépendante des spécificités du milieu régional. Elles offrent en tout cas des possibilités d’observations particulières, très différentes de celles des cuvettes lacustres alpines ou jurassiennes. L’alternance climatique des périodes d’inondation et d’exondation les rend en effet souvent peu favorables à la conservation des restes organiques, pollens ou macrorestes : elle vient se conjuguer aux effets de l’anthropisation, c’est-à-dire aux dessèchements entraînés par la construction d’exutoires dans les périodes d’aménagement et de conquête de terres qui commence avec l’antiquité romaine. En revanche, ces cuvettes ont conservé des vestiges d’aménagements qui, mis en rapport avec la documentation historique, nous renseignent sur les capacités des sociétés historiques, et plus particulièrement sur la manière dont les sociétés médiévales ont construit des paysages.

  • 28 P. Poupet, Quelques éléments pour l’histoire de l’espace rural et de l’agriculture antique en Trica (...)
  • 29 F. Trément, Histoire de l’occupation du sol et évolution des paysages dans le secteur des étangs de (...)

22Dans le Midi de la France ces recherches ont été jusqu’ici à peine ébauchées. Mais on peut déjà citer quelques exemples qui vont dans le sens de ce que montre la vallée des Baux. Il y a quelques années, P. Poupet en montrait l’intérêt dans une note brève et suggestive portant sur une dépression située sur la commune de Suze-la-Rousse dans la Drôme. Actuellement, elle est drainée grâce à un souterrain. L’ouvrage actuel prend la suite de travaux de drainage qui commencent bien avant le XVIIe siècle. Les premières interventions connues par les textes commencent au XIe siècle ; mais chaque fois le marais revient. Or il semble que la zone a été cultivée dans l’Antiquité et intégrée dans la zone cadastrée autour d’Orange28. Plus au sud, F. Trément a étudié l’évolution de la zone des petites dépressions qui s’étend autour du site de Saint-Biaise. Sur ce secteur, il disposait d’une documentation historique et archéologique importante permettant de mettre les fluctuations des plans d’eaux en relation avec les rythmes de l’occupation des sols et avec de grands travaux de drainage remontant vraisemblablement à l’époque romaine29. D’autres études sont en cours, en particulier sur deux dépressions que traverse la ligne nouvelle du T.G.V., celles de Pujau et de Tras-le-Puy. On peut en suivre l’histoire naturelle durant la période postglaciaire, mais, à l’époque historique – aux Temps Modernes à coup sûr mais peut-être dès l’époque romaine – la construction d’exutoires introduit une rupture fondamentale dans les séquences observables ; les assèchements réalisés n’ont rien à voir avec l’évolution climatique. Tout cela devrait permettre d’ouvrir des discussions fécondes avec les collègues travaillant sur ces milieux dans le reste de la France.

Conclusion

  • 30 Sur cette évolution de la recherche, cf. G. Chouquer avec la collaboration de F. Favory, Aux origin (...)

23La recherche en archéologie des paysages aux époques historiques se situe logiquement dans la prolongation de celle qui porte sur les époques précédentes mais elle n’en est pas le simple prolongement. Des textes décrivent des paysages, des documents graphiques en donnent des représentations. Ils résolvent des problèmes dont les solutions restent inaccessibles aux archéologues, comme celle des limites d’un territoire au sens juridique du terme. Bien entendu il s’en pose de nouveaux et l’archéologie permet de dresser un tableau souvent différent de ce qui paraissait ressortir des textes. Prenons l’exemple des cadastres de la vallée du Rhône. La documentation épigraphique et l’étude du parcellaire actuel ont permis de proposer une grille de restitution ; maintenant, les fouilles occasionnées par la construction de la ligne nouvelle du T.G.V. Méditerranée ont parfois confirmé la présence des limites prévues ; mais pas toujours… Un problème nouveau se pose30.

  • 31 C. Goudineau s’interrogeait sur « les dérives dangereuses et plus particulièrement celle de la bana (...)

24Ce qui apparaît souhaitable, ce n’est donc pas d’adapter aux périodes historiques des problématiques environnementales élaborées pour les sociétés pré et protohistoriques, mais de définir des axes de recherche spécifiques aux époques historiques afin d’échapper à la banalisation31. Appliqué aux paysages des époques historiques en relation avec la complexité croissante des sociétés, le concept d’anthropisation permet d’aborder la question de la « signature » sédimentaire des grands aménagements qui bouleversent le milieu et traduisent une situation socio-économique. Les données anthropiques ne sont pas simplement un bruit à éliminer pour restituer ces évolutions climatiques : elles permettent à l’historien d’approcher l’effet des sociétés sur le milieu à travers l’impact de leurs constructions. Cette approche devrait en outre permettre d’appréhender la diversité de situations locales ou régionales, donc de constituer une géographie historique qui intègre les aspects humains et physiques de la discipline. En effet, si l’efficacité des sociétés qui est à l’origine des degrés de l’anthropisation est fonction de leur organisation, l’environnement conserve l’effet des disparités régionales, et les sédiments en sont la signature. La création de milieux artificiels n’empêche évidemment pas le maintien de vastes espaces qui continuent à évoluer selon les rythmes anciens : des distinctions dans la nature et le degré d’anthropisation permettent de saisir les fortes hétérogénéités régionales dont l’observation fait le prix de la collaboration entre l’environnementaliste et l’archéologue.

  • 32 M. Magny et H. Richard, op. cit., p. 6. Ainsi l’utilisation de la micromorphologie a donné lieu à u (...)

25Cela suppose évidemment qu’archéologues, environnementalistes et historiens renoncent aux explications univoques tirées d’une discipline dominante (l’approche monodisciplinaire) et acceptent la perte d’autonomie indispensable à l’étude pluridisciplinaire des milieux anthropisés dans leur relation avec les sociétés historiques. Mais un tel axe de recherche présente en outre l’intérêt de rompre avec « des rapports troubles qu’entretiennent parfois archéologues et historiens avec l’histoire du climat »32. En effet – et il y a là un problème sur lequel les médiévistes qui disposent d’une plus grande quantité de données que les antiquisants devraient réfléchir – l’apport des historiens à cette question peut-elle aller au-delà de la collecte et du positionnement de données ? Si l’on élabore un schéma systémique des relations entre sociétés et milieux, on constate que, jusqu’à notre époque, le climat est la donnée environnementale qui n’entretient aucun rapport de rétroaction avec le reste du système. Il reste « exogène » : l’anthropisation de l’atmosphère est un phénomène actuel. C’est peut-être là une des raisons pour lesquelles les environnementalistes occupés à l’étude du « changement global » s’intéressent aussi peu à l’histoire !

Notes

1 M. Magny et H. Richard, Histoire du climat, archéologues et historiens : une nécessaire clarification, Les Nouvelles de l’archéologie, 50 (1992), p. 5-6.

2 Il avait obtenu le soutien du Programme interdisciplinaire de recherches sur l’environnement (PIREN) dans le cadre du programme que développaient R. Delort. Ph. Leveau et M. Provansal, Systèmes agricoles et paysages du Nord-Est de l’Étang-de-Berre depuis le Néolithique, in C. Beck et R. Delort dir., Pour une histoire de l’environnement. Travaux du programme interdisciplinaire de recherche sur l’environnement Paris 1993, p. 173-200.

3 A. dAnna, Ph. Leveau et Fl. Mocci, La Montagne Sainte-Victoire de la Préhistoire à la fin de l’Antiquité, Revue archéologique de Narbonnaise, 25 (1992), p. 265-300.

4 Programme Populus : The populus project : Cross-disciplinary approaches to changes in demographie patterns in Mediterranean Europe (3000 BC - AD 1800). Programme financé par la CEE et piloté par l’École d’Archéologie de Leicester.

5 Ph. Leveau, Géoarchéologie dans la vallée des Baux, in Entretiens de Géoarchéologie, Lyon 17-18 novembre 1995, Documents d’archéologie de Rhône-Alpes, Lyon, à paraître.

6 G. Fabre et J. Vaudour, Géoarchélogie de l’eau : l’aqueduc romain de Nîmes et le Pont du Gard, Annales de Géographie, 565 (1992), p. 609-619.

7 E. K. Leach, On the definition of Geoarchaeology, Geoarchaeology, 7-5 (1992), p. 405-417.

8 K. W. Butzer, Archaeology as Human Ecology, Cambridge, 1982.

9 H. Richard, Analyse de l’anthropisation du milieu à partir de quelques exemples de variations de pollens d’arbres et d’arbustes, in J.-L Vernet dir., Les charbons de bois, les anciens écosystèmes et le rôle de l’homme, (Montpellier 10-13 septembre 1991), Bull. Soc. bot. Fr., 139, Actual. bot., 1992, p. 159.

10 Ph. Leveau, Sociétés historiques et milieux humides. Un modèle systémique des données applicable aux marais continentaux de cuvette, in Nature, Science et Société, juin 1997.

11 De ce fait, au raccourci « anthropique » il faudrait préférer « d’origine anthropique » ou « lié à l’utilisation humaine ».

12 A. Reffay, La géomorphologie : composantes et concepts didactiques, in Composantes et concepts de la géographie physique, M. Derruau dir., Paris, 1996, p. 47.

13 R. Neboit, L’homme et l’érosion. L’érosion des sols dans le monde, Clermont-Ferrand, 2e éd., 1991, p. 227.

14 J. Vaudour, La notion de géosystème appliquée à l’étude des aqueducs antiques concrétionnés, in G. Fabre, J.-L. Fiches et J.-L. Paillet dir., Archéologie, Géosystème et Histoire, 1911, p. 99.

15 Ph. et G. Pinchemel, La face de la terre. Éléments de géographie, Paris, 1994.

16 M. Jorda et Ph. Leveau, Archéologie, milieu et peuplement dans les Hautes Alpes, in I. Ganet, Les Hautes-Alpes 05, Carte archéologique de la Gaule, Paris, 1995, p. 36-40.

17 E. Zadora-Rio, Les terroirs médiévaux dans le Nord et le Nord-Ouest de l’Europe, in J. Guilaine dir., Pour une histoire agraire, Paris, 1991.

18 O. Buchsenschutz et P. Méniel, Les installations agricoles de l’Âge du Fer en Île-de-France, Études d’Histoire et d’Archéologie, vol. IV, Paris, 1994.

19 A. Perez, Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale. Essai sur la politique coloniale romaine en Gaule du Sud (IIe siècle av. J.-C. - IIe siècle ap. J.-C.), Paris, 1995.

20 B. Garnier, A. Garnotel, C. Mercier et C. Raynaud, De la ferme au village : Dassargues du Ve au XIIe siècle (Lunel, Hérault), Archéologie du Midi Médiéval. C. Mercier et C. Raynaud, Genèse d’un terroir en Languedoc oriental : Dassargues (Hérault) du IVe au XIIe siècle, in Actes du Colloque Castrum 5, Murcie, 1992. Cette affirmation s’entend pour la Gaule du sud.

21 Ph. Blanchemanche, Bâtisseurs de paysages, terrassements, épierrement et petite hydraulique agricole en Europe, XVIIe-XIXe siècle, Paris, 1990.

22 S. Quilici Gigli, Bonifica agraria e difesa dei territori montani. Alcuni interventi nella bassa Sabina, in Interventi di bonifica agraria nell’Italia romana, Atlante tematico di topografia antica, 4, 1995, p. 129-156.

23 Ph. Leveau, Dal paesaggio naturale al paesaggio coltivato. Dati archeologici relativi ai grandi lavori in età romana : il drenaggio delle paludi nella Bassa Provenza, in Landuse in the roman Empire, Analecta romana Instituti danici, pl. 22, 1994, p. 73-78.

24 Id, Mentalité économique et grands travaux. Le drainage du lac Fucin, Annales ESC 1993, p. 9-16.

25 M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas-Languedoc. Genèse d’une sociabilité. Xe-XIVe siècle, t. 2, La démocratie au village, XIIIe-XIVe siècle, Paris, 1987, p. 15-19.

26 Ph. Leveau, Carte archéologique, occupation des sols et géographie historique des communes des rives de l’Étang-de-Berre de la fin de l’âge du Bronze à la fin de l’Antiquité, in F. Gateau, L’Étang de Berre, Carte Archéologique de la Gaule, 13/1, Paris, 1996, p. 67-97.

27 Temps et espace dans le bassin de l’Aude du Néolithique à l’Age du Fer, J. Guilaine dir., Centre d’Anthropologie de Toulouse, 1995.

28 P. Poupet, Quelques éléments pour l’histoire de l’espace rural et de l’agriculture antique en Tricastin : le quartier des Hautes-Palus, Suze-la-Rousse (Drôme), in Les campagnes de la France méditerranéenne dans l’Antiquité et le haut Moyen Age. Etudes microrégionales, F. Favory et J.-L. Fiches dir., Documents d’archéologie française (DAF), no 42, Paris, 1994, p. 108-116.

29 F. Trément, Histoire de l’occupation du sol et évolution des paysages dans le secteur des étangs de Samt-Blaise (Bouches-du-Rhône). Essai d’archéologie du paysage, Thèse de doctorat, Université de Provence, Aix-en-Provence, 1994.

30 Sur cette évolution de la recherche, cf. G. Chouquer avec la collaboration de F. Favory, Aux origines antiques et médiévales des parcellaires, Histoire des Sociétés rurales, 4 (1995) p. 11-46.

31 C. Goudineau s’interrogeait sur « les dérives dangereuses et plus particulièrement celle de la banalisation » qui se dessinent depuis que le Ministère de la Culture accorde des financements au poste « prélèvements-analyses », in M. Colardelle et E. Verdel, Les habitants du lac de Paladru (Isère) dans leur environnement. La formation d’un terroir au XIe siècle, DAF no 40, Paris, 1993, p. 9.

32 M. Magny et H. Richard, op. cit., p. 6. Ainsi l’utilisation de la micromorphologie a donné lieu à une polémique (médiatisée) sur les causes de la chute de l’Empire d’Akkadé : S. Cleuziou, La chute de l’Empire d’Akkadé : hommes et milieux au Moyen-Orient, Les Nouvelles de l’Archéologie, 56 (1994), p 45-47 ; H. Weiss et M.-A. Courty, Entre droite épigraphique et gauche archéologique, y-a-t-il une place pour la Science ?, Les Nouvelles de l’Archéologie, 57 (1994), p. 33-40.

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