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Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne

 | 
Otto Gerhard Oexle
, 
Jean-Claude Schmitt

Les tendances actuelles de l'histoire du Moyen Age en France Göttingen 1998

Entre société et religion : l’histoire des genres au Moyen Age en Allemagne

Hedwig Röckelein

Texte intégral

  • 1 Cf. le point de vue critique de Röckelein, Mittelalter.

1En Allemagne, l’attention accordée aux femmes par la science a toujours été suscitée par « l’extérieur » : dans les années 1880, pendant le « premier mouvement des femmes », par les militantes de la participation politique et du droit de vote, à partir du début des années 1970 par le « second mouvement des femmes » qui défendait l’émancipation et l’égalité des droits dans tous les domaines sociaux, et, depuis la fin des années 1980, par le débat américain mené à partir de la perspective des genres et l’histoire des sexes (gender studies). De ce fait, les problématiques politiques et sociales actuelles ont servi de point de départ aux questionnements scientifiques et, à l’origine de la recherche scientifique, on trouve souvent des représentations de la vie des femmes au Moyen Age qui sont proches du cliché, ainsi qu’une projection inconsciente de situations modernes sur les situations médiévales. Le Moyen Age a toujours couru le risque d’être un lieu de transposition des alternatives à la situation actuelle, dans le registre soit de l’idéalisation, soit de 1’« épouvantail »1.

2En Allemagne, à la différence de la France, les séminaires d’histoire ont institué des chaires autonomes de recherche sur les femmes et les genres, par exemple à la Freie Universität de Berlin, ou aux universités de Bonn (où elle est rattachée au séminaire de pédagogie) et Bielefeld, mais comme pour l’histoire économique, les titulaires de ces chaires s’intéressent exclusivement aux époques modernes, et le Moyen Age ne joue pratiquement aucun rôle dans l’enseignement et la recherche.

  • 2 Walsh, Neues Bild ; Rippmann et Simon-Muscheid, Weibliche Lebensformen ; Röckelein, Historische Fr (...)
  • 3 Frauen im Frühmittelalter ; Frauen in Spätantike ; Affeldt, Frauen.
  • 4 Goetz, Frauen.

3Depuis dix ans, les chaires d’histoire générale ont, à l’inverse, produit un si grand nombre de publications de médiévistes sur l’histoire des femmes et, de plus en plus, des genres, qu’il serait à peine possible d’en avoir une idée complète si des comptes rendus et des bibliographies commentées ne les présentaient et ne les analysaient de temps à autre2. De ce point de vue, les recherches sur le haut Moyen Age et le Moyen Age central sont mieux mises en lumière que celles sur le Moyen Age tardif. On les doit particulièrement aux commentaires systématiques de Werner Affeldt et de ses collaboratrices dans le projet « Etudes interdisciplinaires sur l’histoire des femmes dans l’Antiquité tardive et le haut Moyen Age », implanté à la Freie Universität de Berlin entre 1984 et 19903, et à un premier survol systématique consacré par Hans-Werner Goetz aux femmes du haut Moyen Age4.

4Dans l’espace germanophone, la recherche historique sur les femmes et les genres est avant tout articulée autour de deux pôles : l’histoire sociale (Sozialgeschichte), appelée en Allemagne aussi histoire de la société (Gesellschaftsgeschichte), et l’histoire des religions, qui va de l’histoire de la dévotion à l’histoire de l’Eglise.

Histoire des genres et histoire sociale

  • 5 Wunder, Historische Frauenforschung. L’état actuel de la recherche dans Signori, Frauengeschichte.
  • 6 Comparaison RFA et RDA dans Borgolte, Sozialgeschichte, p. 423 et suiv.
  • 7 Uitz, Stadgeschichte, avec mention de desiderata.
  • 8 Telles étaient les questions posées par le statisticien Karl Bücher au XIXe siècle. Cf. son étude (...)
  • 9 Rogge, Moral.
  • 10 Voir la thèse d’habilitation publiée par G. Signori, Vorsorgen. Vererben. Erinnern. Kinder- und fa (...)
  • 11 Rippmann, Wiebliche Schattenarbeit ; Rippmann, Frauenwerk.
  • 12 A partir du même matériau, mais avec des approches et des résultats différents Schuster, Frauenhau (...)
  • 13 Les travaux de référence sur ce point sont : Burghatz, Kein Ort ; Burghatz, Geschlecht ; Burghatz,(...)
  • 14 Eine Stadt ; Signori, Wann eine fruntschafft.

5L’histoire sociale a joué un grand rôle dans l’introduction de l’histoire des femmes et des genres dans l’historiographie médiévale et elle a joué un rôle majeur pour faire accepter ses résultats par l’histoire sociale en général5. En particulier, l’histoire urbaine a joué un rôle pionnier dans la découverte des femmes pour la société médiévale6, aussi bien dans les recherches de la RDA (Erika Uitz)7 que de la RFA (Edith Ennen). Cette histoire s’est éloignée de ses thèmes de prédilection initiaux : la part des femmes dans la population urbaine globale, l’ampleur du travail des femmes dans l’artisanat et les fonctions communales, la participation des femmes aux groupements urbains tels que les métiers et les fraternités8 ; pour déplacer son intérêt vers les questions de droit conjugal et successoral9, de la capacité des femmes à tester10, de partenariat conjugal (communauté du couple et du ménage), mais aussi vers les domaines d’activité des femmes des couches inférieures urbaines11, les conditions de vie des groupes marginalisés, par exemple les prostituées12, les différences entre les normes éthiques selon lesquelles la société médiévale évaluait les comportements des hommes et des femmes (honneur, sexualité, traitement par les tribunaux)13, et la topographie sociale de chaque sexe dans la ville14.

  • 15 Kuchenbuch, Opus feminile ; Röckelein, Frauen.
  • 16 Kroeschell, Söhne.
  • 17 Hellmuth, Frau.
  • 18 Obermeier, Ancilla.

6Au Moyen Age tardif encore, l’écrasante majorité de la population de l’Europe centrale vivait encore dans les campagnes ; pourtant, les femmes rurales ont jusqu’alors été plutôt étudiées par les spécialistes des débuts plutôt que de la fin du Moyen Age. L’attention s’est surtout portée sur la division sexuelle du travail15, le droit successoral16, les pratiques de donation dans le cadre de la constitution des seigneuries territoriales17 et les femmes asservies18.

  • 19 Cf. Spiess, Unterwegs. Cordula Nolte rédige actuellement à Greifswald une thèse sur la communicati (...)
  • 20 Leyser, Frauen. Althoff, Gandersheim.
  • 21 Hillebrandt, Stiftungen.
  • 22 Wunder, Gewirkte Geschichte.

7Pendant longtemps, la recherche allemande sur la noblesse n’a jugé bon de mentionner les femmes que pour autant qu’elles avaient assuré la survie de la lignée ; elle s’intéresse aujourd’hui aux femmes dans les cours, on compare les espaces masculins et féminins et l’on observe les effets de la constitution de résidences au Moyen Age tardif sur les relations sexuelles dans les familles princières19. Les analyses de Leyser et Althoff sur l’époque ottonienne montrent que, dans la noblesse, les femmes avaient compétence pour entretenir le souvenir des défunts des groupements familiaux20. Elles utilisaient, comme support de la memoria, les formes « neutres par rapport au sexe » de la fixation par écrit des noms, de la prière de commémoration, de la représentation littéraire et de la fondation21. Au Moyen Age tardif, les gardiennes de la memoria eurent recours aux « ouvrages de dames » en tissant et en brodant des étoffes au nom de la personne à commémorer22.

  • 23 Frauen des Mittelalters ; Fürstinnen ; Herrscherinnen.
  • 24 Kaiserin Theophanu. Cf. ma critique dans Historische Zeitschrift, 255/2 (1992), p. 402-404.
  • 25 Kunigunde.
  • 26 Black, Töchter ; Black-Veldtrup, Kaiserin Agnes.

8L’historiographie des souverains se contente le plus souvent des biographies des « grandes femmes (exceptionnelles) » qui se voient alignées en séries plus ou moins cohérentes selon le modèle des mulieres clarae23 humanistes, ou qui ne servent que de prétexte à la prosopographie masculine traditionnelle, comme dans le Livre de Theophanu édité en deux volumes à Cologne en 199124. Ingrid Baumgärtner, dans un ouvrage collectif sur l’impératrice Cunégonde, l’épouse d’Henri II25, et Mechthild Black-Veldtrup, dans une monographie sur Agnès, l’épouse d’Henri III, et ses filles26, ont ouvert des voies nouvelles. Elles ont érigé en centre d’intérêt les activités politiques des consortes et ont analysé leurs compétences en terme de pouvoir, leur itinéraire et leur politique patrimoniale ainsi que le culte des saints qui s’est développé autour de ces souveraines.

  • 27 Cf. notamment Schnell, Frauendiskurs, p. 22-38, extrait II : Textsorten, Konzepte, Diskurse.
  • 28 Repertorium. Ce volume contient les collections de la Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz, (...)

9La répartition des rôles entre hommes et femmes dans les mariages bourgeois entre fin du Moyen Age et débuts des Temps Modernes a fait l’objet de deux projets de recherche en histoire littéraire. Le projet bâlois construit autour de Rudiger Schnell a attiré expressément l’attention sur le fait que les conclusions auxquelles on parvient sur la base de traités normatifs de la vie conjugale ne sauraient être assimilées aux conceptions courantes sur la répartition des rôles, puisque ce genre ne véhicule que des représentations très précises. Schnell met en garde contre la tentation de voir dans les affirmations contenues dans ces écrits le reflet de la réalité historique27. Depuis 1986, le projet berlinois Bilder von Liebe, Ehe und Familie in der Literatur des 15. und 16. Jahrhunderts dirigé par Erika Kartschoke appréhende systématiquement la littérature pratique sur le couple et édifie ainsi une base solide pour les recherches ultérieures28.

Histoire des genres et histoire religieuse

10A la différence de la France, où le choix des thèmes privilégié par l’activité scientifique est influencé par une conception laïque de l’Etat et de la société, les études médiévales conduites en Allemagne, pays des Eglises d’Etat, ne craignent pas de se confronter à un Moyen Age religieux, imprégné par l’Eglise. Le rôle des femmes dans l’histoire de l’Eglise et les questions religieuses qui font intervenir la dimension du genre sont appréhendées de façon tout à fait différente.

  • 29 Le codex Scivias n’a pas été écrit sous la direction d’Hildegarde et moins encore par elle, puisqu (...)

11Les grands anniversaires restent toujours l’occasion de pratiquer l’hagiographie de « grandes femmes », comme nous venons d’en faire l’expérience avec les multiples symposiums, expositions, conférences et concerts à l’occasion du 900e anniversaire de la naissance de Hildegarde de Bingen. Ces jubilés offrent par ailleurs aux scientifiques la possibilité de réviser les erreurs de jugement et les clichés répandus dans le grand public à propos de cette figure entourée aujourd’hui encore d’un nimbe religieux et – comme cela a été le cas pour Hildegarde – de vérifier les attributions d’œuvres (l’œuvre musicale, théologique et artistique d’Hildegarde s’évapore ainsi toujours un peu plus)29.

  • 30 Muschiol, Famulo Dei.

12Le cas d’Hildegarde rappelle le vieux problème de l’accès limité des femmes aux fonctions ecclésiastiques que Gisela Muschiol a étudié de façon approfondie pour l’époque mérovingienne30. Cordula Nolte a cependant pu montrer que, malgré les restrictions ecclésiastiques, à l’époque mérovingienne, les femmes de la couche au pouvoir exerçaient une influence importante sur la religion choisie par leur mari et leur lignée et ont apporté une contribution durable à la christianisation de l’Europe.

  • 31 Gäbe, Radegundis ; Epp, Männerfreudschaft ; Wittern, Frauen.
  • 32 Signori, Ländliche Zwänge ; Signori, Stadtheilige ; Goetz, Heiligenkult.

13A côté d’études consacrées à des femmes éminentes, la recherche sur l’histoire des genres a apporté de nouvelles connaissances à l’hagiologie, à propos, par exemple, de l’évolution des idéaux de sainteté féminine31. Un point fort de la recherche germanophone réside dans les études sur les différences de comportement entre les deux sexes dans le culte, études maintenant disponibles pour toutes les époques du Moyen Age32.

  • 33 Bodarwé, Frauenleben.
  • 34 Bischoff, Liturgische Musik ; Bischoff, Cologneer Nonnenhandschriften.
  • 35 McKitterick, Anglo-saxon Missionnaries ; McKitterick, Frauen ; McKitterick, Nun’s scriptoria. La p (...)
  • 36 Un autre texte programmatique est la contribution de Bruckner, Problem. Sur l’exceptionnelle colle (...)
  • 37 Doppelkloster.

14Les traces d’implantation les plus anciennes et la carte de diffusion des couvents féminins au cours du haut Moyen Age à l’ouest et à l’est du Rhin ont été mis en évidence par Katherinette Bodarwé à partir de sources parfois très minces33. Les scriptoria des couvents féminins du haut Moyen Age, autrefois étudiés par Bernhard Bischoff34, sont aujourd’hui un domaine de la recherche anglo-saxonne35. Le catalogage systématique des manuscrits des bibliothèques allemandes a permis de se faire une idée plus précise de l’activité scripturale des nonnes au Moyen Age tardif36. Gudrun Gleba a étudié le comportement des femmes des couvents westphaliens dans les mouvements de réforme du Moyen Age tardif et leurs efforts de consolidation économique des couvents. L’Allemagne accorde une attention particulière au phénomène complexe des doubles couvents, que Kaspar Elm a étudié avec Michel Parisse dans un ouvrage collectif37 et sur lequel Stephanie Haarländer (Mayence) prépare une thèse. On est cependant loin d’avoir épuisé les matériaux que les inventaires de Germania sacra et Helvetia sacra ont mis à la disposition des chercheurs sur l’histoire des couvents ces dernières années, particulièrement pour le Moyen Age tardif.

  • 38 Sur l’actualité de la recherche, cf. Schmidt, « Que begine... » ; Fromme Frauen.
  • 39 Wilts, Beginen. Cf. sur ce sujet ma recension dans Mittellateinisches Jahrbuch, 31/2 (1996), p. 16 (...)
  • 40 Beginen ; Klosterbuch.

15Dans le domaine des semi-religieuses, objet de prédilection de la recherche sur les femmes au Moyen Age, on peut mentionner entre autres les avancées de la recherche sur les béguines38, même si ce sujet est actuellement au cœur d’une lutte scientifique entre sexes39. Plus ce phénomène est étudié, et plus il se révèle clairement que les possibilités de cerner qualitativement et quantitativement le béguinage se heurtent à des limites chaque fois que font défaut des descriptions modernes et globales de l’histoire urbaine. Les inventaires des communautés religieuses établis ces dernières années pour la Suisse et la Westphalie40 ont par ailleurs montré que le béguinage a été intense et varié non seulement dans les grandes villes médiévales, mais aussi dans les petites villes et à la campagne, où il n’a pratiquement pas été étudié.

  • 41 Stein, Leben.
  • 42 Leben.
  • 43 Ruhrberg, Literarischer Körper. La même démarche est adoptée par Bürkle, Literatur, pour différent (...)

16La transmission écrite des mystiques, les livres de religieuses (Schwesternbücher), les Vitae et Revelationes féminines sont actuellement un des champs les plus novateurs de la recherche médiévale sur les genres, que se partagent historiens, philologues du bas latin et spécialistes de littérature germanique. Les éditions critiques des visionnaires Alpais von Cudot41 et Agnes Blannbekin42 ouvrent la possibilité de connaître un éventail plus large de la vie religieuse mystique, au-delà des « classiques » que sont Mechtild de Magdebourg et Catherine de Sienne. Du point de vue méthodologique, la recherche sur les mystiques est un des domaines les plus avancés de la recherche sur les genres. Le problème posé par le fait que la plupart des mystiques n’ont pas consigné elles-mêmes par écrit leurs expériences, qui nous ont été rapportées en fait par leurs confesseurs, si bien que nous ne connaissons ces femmes qu’à travers le miroir et dans la perspective de théologiens masculins, a été analysé de façon critique par la germaniste Christine Ruhrberg lorsqu’elle a entrepris de déconstruire les Vitae de la béguine de Cologne Christina von Stommeln43.

Propositions et desiderata de recherche

  • 44 Fried, Weg. Cet oubli de femmes a été critiqué explicitement par Friedrich Prinz, dans Die Zeit no(...)
  • 45 Isenmann, Deutsche Stadt, consacre 4 pages sur 400 aux femmes. La situation n’est pas meilleure da (...)
  • 46 Un exemple en est Borgolte, Sozialgeschichte, p. 385 et suiv.

17Malgré la diversité des analyses autonomes sur l’histoire des femmes et des genres qui sont parues de façon ininterrompue depuis le début des années soixante-dix, on doit cependant également déplorer des insuffisances en Allemagne. Bien sûr, il faut encore combler des lacunes dans des domaines particuliers, par exemple dans l’histoire du corps, sur laquelle la recherche allemande n’a fourni aucune contribution originale depuis longtemps, se contentant de s’ouvrir à la recherche américaine. Plus lourd de conséquence que ces points de détail est toutefois le fait que, même si l’histoire des femmes et des genres a triomphé de toutes ses maladies d’enfance et atteint une remarquable maturité, ses nombreuses analyses sont à peine prises en compte par l’histoire générale. Les auteurs des volumes consacrés au Moyen Age dans la Propyläen Geschichte Deutschlands ont largement ignoré les femmes44. Le spectacle qu’offrent les manuels d’histoire urbaine est consternant : ni à l’Ouest ni à l’Est, l’historiographie urbaine allemande ne s’est appropriée de façon conséquente les analyses spécifiques de l’histoire des femmes et des genres ; le rôle des femmes dans les métiers, aussi bien que leur place dans le droit familial et successoral y sont expédiés en quelques lignes45. L’histoire des femmes et des genres reste pour la plupart des historiens une sous-catégorie de l’histoire de la famille46. Les femmes sont classées dans le domaine privé et apparaissent à peine dans les contextes sociaux généraux ou politiques, dans les affaires de la cité et les espaces publics.

  • 47 Kasten, Königssöhne.

18La recherche médiévale allemande est encore loin de percevoir et plus encore d’accomplir le changement de perspective qui s’esquisse pour les Temps Modernes avec le passage d’une histoire des femmes à une histoire des genres et à une histoire (critique) des hommes. Pour la recherche médiévale, le thème « pères et fils »47 relève exclusivement du droit constitutionnel et de la politique.

  • 48 Les conséquences de l’histoire des femmes sur la périodisation historique ont été exposées par Kni (...)
  • 49 Geschichte der Mädchen und Frauenbildung.
  • 50 Cf. mon compte rendu dans Die Philosophin, 14 (1996), p. 124-130.
  • 51 Wunder, Frauen ; Wunder, Frumkeit.

19L’observation de l’histoire des femmes et des genres n’est pas sans effet sur la périodisation traditionnelle48. On a ainsi l’impression, à lire la Geschichte der Mädchenbildung49, qu’il y a bien eu une socialisation et une éducation spécifique à chaque état (Stand) et à chaque classe de la société pour les jeunes femmes, mais que celle-ci est restée pratiquement inchangée sur une très longue période, qui s’étend du Moyen Age au XVIIIe siècle50. A voir les continuités qui se dessinent dans les questions du droit matrimonial, du rôle des hommes et des femmes dans les familles, de la participation des femmes à la production artisanale entre le XVe et le XVIIe siècle, il serait grand temps d’abolir la frontière Moyen Age – Temps Modernes et de dire adieu à l’idée que la Réforme a été le grand tournant de cette époque51.

Bibliographie

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Notes

1 Cf. le point de vue critique de Röckelein, Mittelalter.

2 Walsh, Neues Bild ; Rippmann et Simon-Muscheid, Weibliche Lebensformen ; Röckelein, Historische Frauenforschung ; Ulbrich, Literaturbericht.

3 Frauen im Frühmittelalter ; Frauen in Spätantike ; Affeldt, Frauen.

4 Goetz, Frauen.

5 Wunder, Historische Frauenforschung. L’état actuel de la recherche dans Signori, Frauengeschichte.

6 Comparaison RFA et RDA dans Borgolte, Sozialgeschichte, p. 423 et suiv.

7 Uitz, Stadgeschichte, avec mention de desiderata.

8 Telles étaient les questions posées par le statisticien Karl Bücher au XIXe siècle. Cf. son étude Die Frauenfrage im Mittelalter, Tübingen, 1882.

9 Rogge, Moral.

10 Voir la thèse d’habilitation publiée par G. Signori, Vorsorgen. Vererben. Erinnern. Kinder- und familienloser Erblasser in der städtischen Gesellschaft des Spätmittelalters, Göttingen, 2001 (Veröffentlichungen des Max-Plank-Instituts für Geschichte, 160).

11 Rippmann, Wiebliche Schattenarbeit ; Rippmann, Frauenwerk.

12 A partir du même matériau, mais avec des approches et des résultats différents Schuster, Frauenhaus ; Schuster, Die unehrliche Frauen.

13 Les travaux de référence sur ce point sont : Burghatz, Kein Ort ; Burghatz, Geschlecht ; Burghatz, Disziplinierung.

14 Eine Stadt ; Signori, Wann eine fruntschafft.

15 Kuchenbuch, Opus feminile ; Röckelein, Frauen.

16 Kroeschell, Söhne.

17 Hellmuth, Frau.

18 Obermeier, Ancilla.

19 Cf. Spiess, Unterwegs. Cordula Nolte rédige actuellement à Greifswald une thèse sur la communication entre époux dans les familles princières. Cf. aussi les contributions de Philippe Contamine et Anja Kirchner-Kannemann au symposium de Dresde « Das Frauenzimmer. Die Frau bei Hofe im Spätmittelalter und früher Neuzeit », 6e symposium de la Residenzenkommission der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen, en collaboration avec la TU de Dresde, le Landesamt fur Archäologie des Freistaates Sachsen et l’Institut historique allemand, Paris, 26-19 septembre 1998.

20 Leyser, Frauen. Althoff, Gandersheim.

21 Hillebrandt, Stiftungen.

22 Wunder, Gewirkte Geschichte.

23 Frauen des Mittelalters ; Fürstinnen ; Herrscherinnen.

24 Kaiserin Theophanu. Cf. ma critique dans Historische Zeitschrift, 255/2 (1992), p. 402-404.

25 Kunigunde.

26 Black, Töchter ; Black-Veldtrup, Kaiserin Agnes.

27 Cf. notamment Schnell, Frauendiskurs, p. 22-38, extrait II : Textsorten, Konzepte, Diskurse.

28 Repertorium. Ce volume contient les collections de la Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz, Berlin (Ouest). La saisie des collections de Berlin Est et de Wolfenbüttel est en cours.

29 Le codex Scivias n’a pas été écrit sous la direction d’Hildegarde et moins encore par elle, puisqu’il est apparu seulement après sa mort. Cf. Saurma-Jeltsch, Miniaturen. Sur les attributions contestées à Hildegarde en musique, voir Klaper, Anmerkungen.

30 Muschiol, Famulo Dei.

31 Gäbe, Radegundis ; Epp, Männerfreudschaft ; Wittern, Frauen.

32 Signori, Ländliche Zwänge ; Signori, Stadtheilige ; Goetz, Heiligenkult.

33 Bodarwé, Frauenleben.

34 Bischoff, Liturgische Musik ; Bischoff, Cologneer Nonnenhandschriften.

35 McKitterick, Anglo-saxon Missionnaries ; McKitterick, Frauen ; McKitterick, Nun’s scriptoria. La production de manuscrits par les couvents féminins de la Basse Franconie est étudiée à l’heure actuelle par Felice Lifschitz (Université de Floride).

36 Un autre texte programmatique est la contribution de Bruckner, Problem. Sur l’exceptionnelle collection du couvent des Dominicaines Sainte-Catherine de Nuremberg, cf. Schraut, Stifterinnen, p. 455 et suiv.

37 Doppelkloster.

38 Sur l’actualité de la recherche, cf. Schmidt, « Que begine... » ; Fromme Frauen.

39 Wilts, Beginen. Cf. sur ce sujet ma recension dans Mittellateinisches Jahrbuch, 31/2 (1996), p. 163-167, et celle de M. Wehrli-Johns dans Zeitschrift für Schweizerische Kirchengeschichte, 90 (1996), p. 247-251.

40 Beginen ; Klosterbuch.

41 Stein, Leben.

42 Leben.

43 Ruhrberg, Literarischer Körper. La même démarche est adoptée par Bürkle, Literatur, pour différents Livres de soeurs.

44 Fried, Weg. Cet oubli de femmes a été critiqué explicitement par Friedrich Prinz, dans Die Zeit no 27 du 1er Juillet 1994, p. 62. On pourrait adresser le même reproche à Keller, Regionale Begrenzung. Malgré tout, dans le troisième volume de Moraw, Offene Verfassung, p. 59-63, 141-146, les femmes sont évoquées en relation avec les ménages et la famille ainsi qu’avec les mouvements religieux.

45 Isenmann, Deutsche Stadt, consacre 4 pages sur 400 aux femmes. La situation n’est pas meilleure dans Engel, Deutsche Stadt (paru après la réunification, mais représentatif de la recherche historique en RDA).

46 Un exemple en est Borgolte, Sozialgeschichte, p. 385 et suiv.

47 Kasten, Königssöhne.

48 Les conséquences de l’histoire des femmes sur la périodisation historique ont été exposées par Kniebihler, Ereignis.

49 Geschichte der Mädchen und Frauenbildung.

50 Cf. mon compte rendu dans Die Philosophin, 14 (1996), p. 124-130.

51 Wunder, Frauen ; Wunder, Frumkeit.

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