Version classiqueVersion mobile

Identités nationales et conscience européenne

 | 
Gilbert Krebs
, 
Joseph Rovan

Contrepoints

La guerre et la nationalisation des masses

Hans-Ulrich Thamer

Texte intégral

1Dans le prolongement de ce qu’a dit Hagen Schulze je voudrais revenir sur sa présentation très intéressante des différents types de mouvements nationaux et de nationalismes et pousser un peu plus loin ce qu’il a dit du «nationalisme intégral». Je voudrais en particulier développer un peu le problème de la «nationalisation» des masses et celui du rôle, très important me semble-t-il, de la guerre.

2À juste titre, Hagen Schulze a montré comment le sentiment national se développe à partir d’une conscience collective confrontée à des ennemis réels ou imaginaires, intérieurs ou extérieurs. Cette conjonction est d’autant plus dangereuse lorsque le sentiment national se généralise comme cela est le cas dans la phase du «nationalisme intégral». D’autres phénomènes viennent s’y ajouter, en particulier le rôle de la guerre. C’est vraiment au cours de la Première Guerre Mondiale que cette idée du nationalisme s’est emparé des masses, en particulier de la masse des combattants. C’est vraiment là que s’est réalisée l’unification de la nation allemande : le Mecklembourgeois est devenu Allemand. D’où également la force explosive que ce nationalisme a eue pendant toute la période de l’entre-deux-guerres.

3Le «nationalisme intégral» au départ était l’affaire de quelques écrivains. C’est par la guerre qu’il s’est répandu et on peut observer ce phénomène en Allemagne comme ailleurs, c’était un phénomène européen. À ce moment-là vient s’ajouter un autre élément, dû à la crise d’identité nationale, qui est avant tout une crise de la modernité. L’antisémitisme raciste vient renforcer un mouvement qui n’est plus sûr de lui. La nation, le mouvement national, se sent menacé à l’intérieur comme à l’extérieur et dans cet ordre d’idées le rôle de l’année 1917/18 apparaît beaucoup plus nettement. A présent, le grand défi c’est le bolchévisme, c’est la révolution bolchévique. Et là aussi l’antisémitisme raciste vient renforcer ce sentiment. C’est cela qui donne au national-socialisme son caractère spécifique au sein du fascisme européen.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search