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L’homme inachevé

 | 
Yvonne Preiswerk
, 
Jacques Vallet

Inégalités des ressources, interdépendances, nouvel ordre économique international : l’exemple de l’agriculture vivrière mondiale

Gilbert Blardone

Texte intégral

1L’inégalité dans la possession et la répartition des ressources naturelles ou créées par l’homme à l’échelle de la planète est une réalité que toutes les disciplines s’efforcent, aujourd’hui, d’appréhender de mieux en mieux car l’inégalité a des conséquences considérables sur le développement non seulement économique, mais général des sociétés.

2L’Atlas économique de la Banque mondiale présente chaque année le panorama des inégalités dans la répartition de la population et des revenus par habitant dans le monde.

  • 1 Albert Jacquard, Inventer l’Homme, coll. Le genre humain, éd. Complexe, Paris, 1984. 183 p.

3Dans son livre Inventer l’Homme1, le professeur Jacquard cite quelques-uns des exemples les plus spectaculaires d’inégalités :

  • Les pays industriels représentent 10 à 11 % de la population mondiale. Us disposent de près de 50 % des richesses créées.

  • Si l’on voulait amener les 90 % des hommes les plus pauvres « au niveau des 10 % les plus riches, il faudrait multiplier les ressources par huit » (Jacquard, p. 114).

4Des inégalités tout aussi criantes et importantes existent dans le domaine des ressources intellectuelles et spirituelles, par exemple, en ce qui concerne l’exercice de la liberté d’expression ou de croyance, pour ne citer que celles-là.

5Pour illustrer le sujet : Inégalités de ressources, interdépendances, nouvel ordre économique international ainsi que le rôle que les hommes jouent ou pourraient imaginer déjouer dans la réduction des inégalités insupportables, j’ai choisi de prendre l’exemple des inégalités en matière de ressources alimentaires.

6En effet, la possession et la répartition des ressources alimentaires présentent quatre caractéristiques particulièrement intéressantes dans le cadre d’une réflexion sur L’Homme et la dynamique de l’Humanité.

7– Il s’agit d’une ressource quantitativement suffisante au plan mondial pour couvrir le premier besoin de l’humanité : se nourrir.

8– Il s’agit d’une ressource inégalement répartie à l’échelle de la planète : 490 millions d’êtres humains souffrent de sous-alimentation. Ceci met en lumière l’interdépendance nécessaire entre riches (ceux qui possèdent des ressources alimentaires) et pauvres (ceux qui n’en ont pas assez) ainsi que la nécessité d’organiser cette interdépendance, c’est-à-dire de faire preuve d’imagination et de créativité pour réduire, sinon éliminer, deux conséquences particulièrement choquantes de cette inégalité : les excédents des uns et les pénuries des autres.

9– Il s’agit d’une ressource pour laquelle l’incapacité des hommes à faire preuve d’imagination et de créativité pour supprimer les effets des inégalités est particulièrement choquante et douloureuse dans ses conséquences. Ceci malgré les énormes moyens techniques dont nous disposons.

10– Enfin, il s’agit d’un domaine dans lequel, si on acceptait de s’inspirer des deux principes contenus dans la Déclaration du 1er mai 1974 sur le Nouvel ordre économique international, on pourrait mettre en place une organisation efficace susceptible de résorber les effets les plus négatifs de ces inégalités.

11Ces deux principes de base sont : d’une part l’obligation pour chaque partenaire de consentir un effort intérieur maximum pour résoudre ses propres problèmes. En matière alimentaire, il s’agirait d’efforts d’adaptation des productions et d’organisation des échanges ; d’autre part l’obligation d’organiser les solidarités entre partenaires sur la base des complémentarités véritables entre ressources et besoins. La solidarité ne peut, en effet, se contenter d’être un remède aux déséquilibres provoqués par « les compétitions sauvages », c’est-à-dire par l’inorganisation des productions et des marchés source des guerres économiques.

12À partir de l’exemple des inégalités en matière de ressources vivrières nous articulerons la suite de notre réflexion de la façon suivante :

13Nous considérerons d’abord les quatre paradoxes des inégalités alimentaires mondiales. Ils illustrent la non-organisation actuelle des interdépendances et le manque d’imagination et de créativité des hommes de notre génération en ce domaine vital pour l’humanité.

14Nous analyserons ensuite les possibilités de créer, d’ici l’an 2000, une véritable économie mondiale de l’alimentation susceptible de réduire, sinon de supprimer, les effets des inégalités, notamment les excédents insupportables des uns et les pénuries mortelles des autres.

15– Nous tenterons enfin de voir ce que peuvent apporter à l’élaboration de l’organisation nouvelle des interdépendances les deux principes clefs de la Déclaration de 1974 sur le NOEI.

Inégalités alimentaires : quatre paradoxes

16Mieux que de longs discours, ces paradoxes permettent de saisir l’incohérence de la situation alimentaire mondiale actuelle.

17– Le paradoxe des productions et des besoins :

18Au niveau de la planète il y a, aujourd’hui, abondance de produits et sous-alimentation des hommes. On peut parler des excédents de la faim.

19Cette situation est le résultat de l’inorganisation de la répartition spatiale des ressources produites. Elle révèle notre incapacité à maîtriser l’interdépendance spatiale en matière alimentaire.

20– Le paradoxe du pouvoir d’achat et de l’argent :

21Les produits existent mais ceux qui ont faim n’y ont pas accès du fait de l’inégale répartition de l’argent.

22On se heurte ici à l’organisation de la répartition des ressources monétaires à l’intérieur des pays et entre les pays en fonction des besoins les plus fondamentaux de la vie.

23– Le paradoxe des priorités :

24Le bétail mange le grain de l’homme. C’est l’une des conséquences de l’inorganisation des marchés en fonction des besoins prioritaires des hommes.

25– Le paradoxe du progrès technique et de l’organisation :

26La capacité d’organisation des hommes évolue plus lentement que le progrès technique. On constate un retard de l’imagination et de la créativité en matière d’organisation des sociétés par rapport à l’imagination et à la créativité scientifique et technique. Réfléchissons quelques instants sur chacun de ces paradoxes.

Le paradoxe des productions et des besoins :

27Au plan mondial, selon la FAO, dès 1963 le total des ressources alimentaires produites dépasse de 1 % les besoins nutritionnels des populations. Dix ans après, en 1974, cet écart atteint 7 %. De 1974 à 1984 il demeurera positif. Donc, globalement, la production vivrière est suffisante pour assurer l’alimentation humaine.

28Malgré cette situation globale satisfaisante, le nombre des sous-alimentés s’est accru de 130 millions entre 1970 et 1980 ! Les statistiques en ce domaine ne sont pas très précises mais elles révèlent comme toujours des tendances. Au niveau de la planète, en 1970 le nombre des sous-alimentés est estimé à 360 millions : en 1977, à 450 millions ; en 1980, à 490 millions. Les enfants paient un lourd tribut à la sous-alimentation. Selon l’UNICEF, 50 millions d’enfants meurent « doucement » de faim chaque année, dont 13 millions avant l’âge de cinq ans. De plus, la malnutrition touche environ 400 millions de personnes qui manquent de protéines animales, de lait, de viande, et de vitamine A.

29Les inégalités dans la répartition des sous-alimentés demeurent ou s’aggravent : la moitié des sous-alimentés se trouve aux Indes ; 150 millions en Afrique ; le reste en Amérique latine, notamment dans les pays andins. Le monde de la faim se situe essentiellement entre le 40e degré de latitude nord et le 20e degré de latitude sud. Dans les zones sahéliennes, 45 % de la population souffrent de malnutrition.

30Dans les pays en voie de développement eux-mêmes, à partir de 1977 les disponibilités alimentaires couvrent les besoins nutritionnels. Mais les résultats sont très inégaux selon les régions, les pays, les systèmes de production, et la famine s’accroît dans les PVD :

Disponibilités énergétiques d’origine alimentaire en pourcentage des besoins nutritionnels

Disponibilités énergétiques d’origine alimentaire en pourcentage des besoins nutritionnels

31Du tableau ci-dessus, il ressort :

32Au niveau des grandes régions du monde :

  • l’Amérique latine et le Proche-Orient ont des productions qui, globalement, couvrent les besoins (taux de couverture 108 ; 109 %) ;

  • tandis que l’Afrique et l’Extrême-Orient (95 ; 94 %) sont en déficit de production par rapport aux besoins ;

33Au niveau des pays :

  • ceux qui ont des revenus par tête faibles, une forte inégalité dans la répartition de ces revenus, notamment entre villes et campagnes, ne couvrent pas les besoins de leur population pauvre même si les productions sont globalement suffisantes ;

  • les pays les plus gravement touchés (PGT) regroupent 46 pays sur 90 recensés par la FAO. Dans ces pays, 70 % des personnes souffrent de la faim. Ces pays comptent 28 % de la population mondiale. Sur 46, 26 sont situés en Afrique, 9 en Asie et en Extrême-Orient, 6 au Proche-Orient et 5 en Amérique latine.

34Au niveau des systèmes de production :

35Selon la FAO, à l’intérieur du Tiers Monde, les pays à économie de marché sont globalement déficitaires ; l’Amérique latine et le Proche-Orient sont excédentaires, mais l’Afrique et l’Extrême-Orient sont soit déficitaires, soit équilibrés.

36Les pays en voie de développement d’Asie à économie centralisée enregistrent un excédent ; il s’agit essentiellement de la Chine (104 %)

37Au niveau des politiques de production :

38Si l’on considère les politiques alimentaires adoptées, les progrès sont variables entre 1960 et 1985 selon les régions et les pays. On note un net recul dans les pays les plus pauvres. Deux phases sont à considérer : de 1960 à 1972 la production s’accélère ; de 1972 à 1985, il y a ralentissement. De 1960 à 1980 le taux de croissance global de la production agricole dans les pays en voie de développement a été de 2,8 % par an, pour un taux de croissance de la population de 2,4 %. En vingt ans, l’augmentation nette de la production agricole dans les PVD a donc été de l’ordre de 10 %.

39Mais là encore, de redoutables inégalités subsistent, notamment dans les taux de croissance. Dans les pays les plus pauvres (PGP), la production vivrière par habitant baisse d’environ 0,4 % par an depuis 1970. En Afrique sahélienne, la baisse est même estimée à 1,4 % par an.

40La demande alimentaire du Tiers Monde, de 1960 à 1980, a augmenté de 3,5 % par an, la production d’environ 2,8 % par an. Ceci est dû à la croissance démographique mais aussi à la croissance des revenus. La différence a été comblée par les importations. En 1984, le Tiers Monde a acheté 93 millions de tonnes de céréales soit 42 % de la production commercialisée (220 millions de tonnes). Selon les années, ses importations varient entre 25 et 90 millions de tonnes.

41En 1930, le Tiers Monde globalement, était autosuffisant et exportait 10 millions de tonnes de céréales. Il est donc passé de 1930 à 1980 de l’autosuffisance à la dépendance alimentaire sous l’influence de six facteurs principaux qui n’ont pas été maîtrisés par l’homme, à savoir : la croissance démographique, le développement des cultures industrielles d’exportation, la négligence vis-à-vis des cultures vivrières après les indépendances des années 1960, le mouvement de concentration (surtout en Amérique latine), la dégradation des sols faute de soins (surtout en Afrique), l’exode rural lié à l’urbanisation et à la mauvaise rémunération des paysans.

42Ainsi donc, la non-organisation actuelle en matière d’interdépendance alimentaire aboutit, malgré des ressources suffisantes, à ce que :

  • les pays industrialisés qui ont les besoins alimentaires les plus faibles disposent de ressources si abondantes qu’ils ne savent comment utiliser leurs excédents ;

  • tandis que les pays du Tiers Monde qui ont les besoins les plus importants manquent de ressources et subissent des pénuries mortelles.

  • 2 Radio France Internationale Paris-Club de la presse du Tiers Monde, 23 avril 1983, réponse d’Edouar (...)

43Dans les pays du Nord les ressources dépassent de 33 % les besoins nutritionnels. La gestion des excédents, faute d’une organisation mondiale et régionale adaptée, devient un problème insoluble2.

44Dans les PVD, depuis 1977 les ressources semblent suffisantes mais les inégalités entre régions, pays et systèmes de production sont telles que, pour les plus démunis, le déficit alimentaire représente 8 % des besoins. Dans ces pays eux-mêmes, l’inexistence d’une organisation adaptée empêche les transferts horizontaux Sud-sud de pallier cette situation et dans certains pays du Sud, les excédents inutilisables pèsent sur les prix et découragent les paysans.

45Bien plus, la façon dont les aides alimentaires d’urgence indispensables en cas de famine brutale, sont aujourd’hui conçues et réalisées (on n’ose pas dire organisées !) ou bien arrivent trop tard sur les lieux des catastrophes parce que c’est les moyens nécessaires ne sont pas mis en œuvre avec une rigueur suffisante pour surmonter les obstacles techniques, politiques ou militaires ; ou bien désorganisent les marchés locaux et les prix, ce qui compromet la reprise de la production.

Le paradoxe du pouvoir d’achat et de l’argent

46Il y a des produits et de l’argent mais celui-ci est si inégalement réparti que le pouvoir d’achat manque à ceux qui ont faim. Nous touchons ici aux carences d’organisation en matière de répartition des revenus. Dans le Tiers Monde, aujourd’hui comme autrefois dans les pays industrialisés (xixe siècle), les rapports de force sont déséquilibrés entre les possesseurs des moyens de production et les travailleurs d’une part, les populations urbaines et les populations rurales d’autre part.

  • 3 Lecaillon Jacques, Paukert Félix, Morrisson Christian et Germidis Dimitri, Répartition du revenu et (...)

47Cette absence d’un contre-pouvoir organisé chez les travailleurs urbains et chez les ruraux aboutit à ce que les richesses sont de plus en plus inégalement réparties au fur et à mesure du développement économique3 contrairement à ce qui s’est passé dans les pays industrialisés sous la pression, notamment, des syndicats et des partis politiques de gauche.

48La masse des pauvres, à la ville et à la campagne, ne dispose pas d’argent pour acheter les vivres qui sont disponibles sur les marchés. C’est vrai aux Indes, c’est vrai en Afrique, c’est vrai dans tous les pays où apparaissent des phénomènes de sous-alimentation massifs.

49La FAO estime que si l’on parvenait à améliorer de 50 % les revenus des plus pauvres - ce qui représente environ 20 % de la population du Tiers Monde - cela permettrait de ramener à 35 millions le nombre des sous-alimentés en l’an 2000 contre 490 millions en 1980. La lutte contre la sous-alimentation par une réduction des inégalités de revenu dans le Tiers Monde, si elle était entreprise et menée à son terme, se révélerait donc plus efficace que la lutte par l’augmentation des productions dans les pays de la faim. En effet, un accroissement de la production vivrière de + 2,6 % (taux annuel moyen depuis 1974) à + 3,8 % dans les années à venir, ramènerait le nombre des sous-alimentés de 490 millions à 242 millions en l’an 2000, soit 50 % de moins qu’aujourd’hui.

50La lutte contre la faim passe donc par la lutte pour une moins grande inégalité dans la répartition des revenus et du pouvoir d’achat dans chaque pays.

La paradoxe des priorités

51Le marché mondial des céréales en 1985 se présente ainsi : production totale : 1 600 millions de tonnes environ ; commerce international : 220 millions de tonnes ; stocks de sécurité ; 250 millions de tonnes ; aide alimentaire contre la faim : 9 millions de tonnes (objectif fixé par la FAO : 10 millions de tonnes).

52La consommation de céréales par les hommes est, dans le Tiers Monde, de 650 millions de tonnes, soit environ 135 à 190 kilos par habitant et par an ; dans les pays industrialisés, de 160 millions de tonnes, soit environ 60 kilos par habitant et par an aux USA, 89 en France, 140 en URSS.

53En ce qui concerne la consommation du bétail en céréales, elle est aujourd’hui de 600 millions de tonnes dans les pays industrialisés dont 10 % sont importées du Tiers Monde. Dans le Tiers Monde, le bétail consomme lui aussi de plus en plus de céréales. L’effet d’imitation joue dans ce domaine, comme dans les autres. On est obligé de reconnaître que l’on a très bien su organiser la commercialisation des céréales pour les animaux, tandis qu’on laissait s’aggraver la famine chez les hommes.

54Il ne s’agit pas nécessairement de réduire l’alimentation du bétail en céréales, car les quantités suffisantes existent pour cela. Encore pourrait-on éviter les gaspillages de céréales et nourrir le bétail autrement. Mais il s’agit plutôt d’orienter en priorité les stocks (250 millions de tonnes) et les productions vers les hommes. Ici encore, il s’agit d’un choix de priorité et d’une question d’organisation.

Le paradoxe du progrès technique et de l’organisation

55Dans le domaine alimentaire, comme dans la plupart des autres, nous constatons que plus le progrès technique s’accélère, moins la capacité d’organisation des hommes suit.

56Les inégalités accrues d’aujourd’hui ne sont pas le fruit de pénurie, d’un manque de moyens techniques, mais elles sont le résultat direct :

  • d’absence de volonté politique pour les résorber ou les rendre supportables. Ceci se traduit dans le choix des priorités. C’est particulièrement net en matière de répartition des revenus, donc de l’argent, entre les pays et entre les hommes dans un même pays ;

  • de carence dans l’organisation de la production, de la distribution et de l’utilisation des ressources existantes, c’est-à-dire dans l’organisation économique proprement dite.

57Combler le retard existant entre notre capacité d’organisation scientifique et technique et notre capacité d’organisation sociale apparaît comme une condition essentielle pour que les inégalités de toute nature soient réduites à l’échelle de la planète comme dans chaque pays.

58Inventer l’Homme, c’est donc aussi inventer de nouvelles formes d’organisation économique et sociale capables de répondre non seulement aux défis scientifiques et techniques, mais aux défis sociaux de notre temps.

Une économie mondiale de l’alimentation est-elle possible d’ici l’an 2000 ?

59Nous avons constaté que la faim n’était plus aujourd’hui un problème de production. L’humanité produit suffisamment d’aliments pour se nourrir mais d’une part les grandes zones de production ne correspondent pas toujours aux grandes zones de consommation ; et, d’autre part, même lorsque les vivres sont à leur portée, ceux qui ont faim n’ont souvent pas d’argent pour les acheter.

60Cette double inégalité, géographique pour les zones de production, économique pour les revenus, nous n’avons pas jusqu’ici voulu – ou su – la réduire. Famine et sous-alimentation chroniques en sont les fruits amers.

61Poser la question, une véritable économie mondiale de l’alimentation qui assure à chacun - où qu’il se trouve dans le monde - de manger à sa faim, est-elle possible, c’est s’interroger sur notre capacité à imaginer et à créer une organisation capable de résorber cette double inégalité, ou, tout au moins, de la rendre supportable.

62Nous considérerons ici d’une part la politique préconisée par la FAO en matière alimentaire d’ici l’an 2000 ; d’autre part l’éclairage que les deux principes-clefs de la Déclaration du 1er mai 1974 sur le NOEI sont susceptibles d’apporter à l’organisation d’une économie mondiale de l’alimentation.

La réponse de la FAO et ses limites

63À la conférence de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à Rome, en novembre 1974, sur les problèmes mondiaux de l’alimentation, les délégués, dans l’euphorie des débats, avaient espéré que la faim pourrait être vaincue en dix ans. Les moyens techniques et financiers existaient, la volonté politique des gouvernements, du moins durant la conférence, semblait acquise. Un plan de lutte contre la faim a été mis en place, qu’en est-il advenu ?

64Le plan 1974 de lutte contre la faim prévoyait :

  1. Une augmentation annuelle moyenne de la production alimentaire de 4 % dans les pays du Tiers Monde. En réalité le taux n’a jamais dépassé depuis 1974, 2,6 %. Nous avons vu qu’un taux de 3,8 % par an serait, selon les calculs des experts, susceptible de ramener le nombre des sous-alimentés de 490 millions en 1980 à 242 millions en l’an 2000, soit environ 50 % de moins.

  2. Une aide alimentaire annuelle minimum de 10 millions de tonnes. L’aide n’a jamais excédé 9 millions de tonnes. Les besoins pour l’aide alimentaire d’urgence sont d’ailleurs variables d’une année sur l’autre en fonction des conditions climatiques. C’est ainsi que l’Afrique en 1985 a eu besoin de 7 millions de tonnes, en 1986 de 3,5 millions seulement.

  3. Une aide financière extérieure pour les investissements agricoles de 8 milliards de dollars par an, aux prix de 1975. L’aide n’a jamais dépassé 4,5 milliards en dollars courants.

  4. Un Fonds international pour le développement agricole. Il a été créé et doté d’un capital d’un milliard de dollars. Le Fonds a rapidement épuisé ce capital à raison de 250 millions de dollars par an.

65L’OPEP a fourni 45 % des sommes et les pays développés 55 %. Les pays socialistes n’ont pas participé à ce financement. La FAO espère obtenir que le capital soit reconstitué et porté à 3 milliards de dollars.

66Enfin, la Banque mondiale a augmenté le pourcentage de crédits qu’elle attribue à l’agriculture. Il représente actuellement 33 % du total des crédits de la Banque.

67Le plan et son relatif échec ont provoqué une prise de conscience de l’acuité du problème alimentaire mondial et de sa complexité. On s’est rendu compte qu’il fallait bien autre chose que des mesures ponctuelles essentiellement financières pour éliminer la faim. C’est pourquoi, en 1980, la FAO a préféré, plutôt que de recommander encore des mesures spécifiques, indiquer simplement les cinq grands axes de ce qu’elle estime être une politique de l’alimentation pour l’an 2000.

  • 4 FAO – Agriculture – Horizon 2000. Rome, 1979, et Rapport sur l’alimentation mondiale en 1986. Voir (...)

68Ces nouvelles propositions sont contenues dans le rapport de la xxe session : « Agriculture, horizon 2000 ».4

69Ces cinq axes peuvent se résumer ainsi :

  1. Accroissement de la production et de la productivité.

  2. Aménagement des régimes agraires et fonciers.

  3. Diminution des inégalités des revenus dans le Tiers Monde en augmentant de 50 % le pouvoir d’achat des 20 % les plus pauvres de la population.

  4. Politiques de prix agricoles rémunérateurs.

  5. Ouverture plus grande du marché mondial.

70Des pays développés, la FAO attend qu’ils jouent un triple rôle dans la politique alimentaire mondiale. D’abord qu’ils ouvrent plus largement leurs marchés aux exportations agricoles du Tiers Monde (sucre, oléagineux, huile végétale, féculents, agrumes, légumes, coton, etc.) afin de permettre à celui-ci d’acquérir les dollars nécessaires aux importations de céréales et de produits laitiers dont il aura encore besoin malgré les progrès de la production intérieure. Ces importations sont estimées à 20 millions de tonnes de céréales en 1990 au lieu de 68 millions en 1978.

71Le double mouvement d’accroissement des exportations du Tiers Monde et de ralentissement de ses importations pourrait lui laisser en l’an 2000 un excédent commercial d’environ 30 milliards de dollars.

72Dans cette perspective les pays développés devraient ralentir leur propre production agricole et limiter sa croissance à 1,3 % par an, s’ils veulent pouvoir absorber les exportations du Tiers Monde et lui permettre d’augmenter de 3,8 % sa production agricole. Les pays développés sont-ils en mesure, politiquement, d’accepter cette hypothèse ? Comment en effet vont réagir leurs propres agriculteurs ? La FAO pose la question sans y répondre.

73La seconde exigence présentée par la FAO aux pays développés est celle d’une augmentation de l’assistance financière et technique. Elle devrait passer de 4,3 milliards de dollars en 1977 à 12,7 milliards en 1990 (+ 8,5 % par an) pour atteindre 16,5 milliards en l’an 2000. Ceci implique que sur 108 milliards d’investissements prévus pour l’agriculture dans le Tiers Monde en l’an 2000, les pays en voie de développement en financent eux-mêmes plus de 84 %.

74Enfin, troisième exigence : maintenir l’aide alimentaire pour faire face aux urgences et améliorer la balance des paiements des pays à bas revenus importateurs de vivres. En 1978, l’aide alimentaire a représenté sur 68 millions de tonnes d’importations céréalières du Tiers Monde, 9 millions de tonnes. La FAO prévoit une aide pour 1990 se situant entre 20 et 32 millions de tonnes.

75Telles sont les grandes lignes de la politique préconisée par la FAO pour vaincre la faim d’ici l’an 2000. Elle appelle trois observations.

  • D’une part la FAO tient compte de l’échec des politiques proposées à la suite de la conférence alimentaire mondiale de 1974 qui visaient à vaincre la faim en 1985 par une action portant essentiellement sur la production et le commerce mondial.

  • D’autre part la FAO attache désormais autant d’importance à l’amélioration du revenu des paysans et des pauvres dans les économies du Tiers Monde, pour supprimer la famine, qu’à l’augmentation de la production. Elle constate que ce ne sont pas tant les vivres qui manquent que le pouvoir d’achat des masses pauvres. Sans argent celles-ci n’ont pas accès aux vivres qui s’entassent sous forme d’excédents dans les pays riches. Cette constatation est capitale pour passer de l’illusion à une politique réaliste de lutte contre la faim à l’intérieur même des pays du Tiers Monde. Car la lutte contre la faim n’est, en effet, que l’un des aspects de la lutte plus générale contre la pauvreté. En ce sens la politique intérieure préconisée par la FAO aux pays en voie de développement ne manque pas de réalisme, dans la mesure où elle lie la production aux besoins réels, attire l’attention sur les problèmes des régimes agraires et fonciers et sur celui d’une politique de prix agricoles rémunérateurs. Encore faut-il que les responsables de ces politiques dans les pays concernés ne fassent pas la sourde oreille pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la technique ou l’économie.

  • Par contre, en ce qui concerne le marché mondial et sa recommandation de plus grande ouverture, la FAO donne l’impression d’ignorer les conditions réelles de fonctionnement de ce marché. La politique qu’elle préconise reste enfermée dans le mythe d’un commerce mondial susceptible d’être rééquilibré (jusqu’à laisser d’importants excédents au Tiers Monde), par le simple jeu de l’ouverture des frontières des pays développés, complété par l’aide financière, l’aide alimentaire et les restrictions de production agricole en Occident. Nous savons, en 1987, combien ce type de mesures est aléatoire et insuffisant. Car ce qui caractérise en effet l’économie mondiale de l’alimentation aujourd’hui, c’est son caractère complètement éclaté entre régions du monde à fortes disparités de production ; désarticulé, les uns ne savent que faire de leurs excédents, les autres meurent de faim faute de vivres ; dominé par les multinationales de l’alimentation. A l’heure actuelle, celles-ci constituent les seules véritables organisations techniques, commerciales et financières intégrées à l’échelle mondiale. Leurs pratiques, aussi bien en ce qui concerne leurs approvisionnements que leurs débouchés, sont essentiellement déterminées par des critères de rentabilité ou de puissance.

76Dans ces conditions, l’ouverture des marchés, même renforcée par des mesures financières favorables au Tiers Monde, ne peut ni assurer le rééquilibre du commerce ni, a fortiori, permettre de maîtriser les paradoxes de la faim.

L’apport du NOEI à une économie mondiale de l’alimentation

77L’avènement d’une économie mondiale de l’alimentation suppose autre chose qu’une simple ouverture des marchés des pays industrialisés aux produits alimentaires des pays en voie de développement.

78La Banque mondiale consacre la deuxième partie de son Rapport 1986 sur le développement dans le monde au commerce et aux politiques de prix dans l’agriculture. Elle reste évidemment fidèle, dans ses recommandations, à la thèse de 1980 sur la nécessaire ouverture des marchés des pays industrialisés aux produits agricoles du Tiers Monde. Mais on est obligé de constater que, depuis dix ans, les résultats de cette stratégie sont très médiocres. Dans son dernier Rapport (1986), la FAO (4) retient pour la population souffrant de malnutrition dans le monde, le chiffre de 494 millions. Il fait apparaître, par rapport à 1980, une augmentation du nombre des personnes qui souffrent de malnutrition en valeur absolue ; c’est la conséquence de la croissance démographique. Par contre, en valeur relative, leur pourcentage par rapport à la population totale a tendance à diminuer légèrement. Nous sommes tout de même très loin de la disparition de la faim en dix ans, espérée en 1974 ! La Déclaration du 1er mai 1974 sur le Nouvel Ordre Economique International (NOEI) contient, en matière de politiques économiques et financières internes, et de relations entre les nations, deux principes essentiels. D’une part, elle préconise, pour accélérer le développement intérieur, que chaque pays consente un effort propre maximum de mise en valeur de ses ressources et de l’utilisation de ses hommes. D’autre part, elle recommande que les relations entre nations ne soient plus uniquement mues par les rapports de force et la recherche du profit maximum, mais que soient pris en compte les intérêts réciproques susceptibles de fonder la solidarité entre les peuples et les nations sur la base des complémentarités entre ressources et besoins des uns et des autres.

79Si l’on tient compte d’une part de la situation réelle du marché mondial de l’alimentation, éclaté, désarticulé et dominé, telle que nous l’avons rappelée ci-dessus, d’autre part de ces deux principes, il est possible d’entrevoir ce que pourraient être les grands axes de l’organisation d’une économie mondiale de l’alimentation d’ici l’an 2000.

  • Autour du principe d’effort maximum interne, quatre axes d’organisation apparaissent qui concernent :

  1. La priorité absolue à donner aux cultures vivrières dans les politiques économiques et financières de développement, là où le problème se pose avec acuité. C’est le cas, notamment, pour l’Afrique noire. Dans ces pays, les cultures d’exportation ne peuvent être qu’un complément servant à payer les importations d’équipements ; elles ne doivent pas gêner le développement des cultures vivrières.

  2. L’adaptation des techniques de production et des formes d’animation aux réalités géographiques, culturelles, sociologiques, politiques, économiques, etc. des pays et des populations concernés.

  3. Pratique de prix rémunérateurs aux paysans pour diminuer les inégalités de revenus villes-campagnes et les inciter à une production suffisante et régulière.

  4. Organisation de contre-pouvoirs des travailleurs urbains et des paysans pour parvenir à réduire les inégalités de revenus d’une part, éviter d’autre part que des groupes de pression se constituent pour accaparer les circuits de commercialisation des produits (approvisionnements et débouchés) ou les terres, et se trouver ainsi en mesure de confisquer le surplus de pouvoir d’achat des travailleurs des villes et des campagnes. Ces contre-pouvoirs sont indispensables pour que les recommandations de la FAO visant la réduction des inégalités de revenus ainsi que l’aménagement des régimes agraires deviennent réalités.

  • Autour du principe de solidarité fondée sur les intérêts réciproques et les complémentarités ressources-besoins des uns et des autres, cinq axes d’organisation sont perceptibles :

  1. La volonté politique réaffirmée des gouvernements de vaincre la faim et la mise en place des structures et des politiques de soutien à ces objectifs.

  2. L’articulation des zones de production alimentaire mondiales. Il s’agit de créer ce que François Perroux appelait déjà dans son livre L’Economie du XXe siècle, des « zones d’échanges organisées ». Ceci suppose évidemment que les pays qui en ont les moyens renoncent à l’« arme alimentaire », c’est-à-dire à l’utilisation des déficits ou des excédents alimentaires mondiaux dans la seule optique de leurs intérêts propres.

  3. La réorganisation des circuits mondiaux de commercialisation (transport, stockage, distribution) de produits vivriers. Ces circuits, comme l’ont très bien montré les drames d’Ethiopie et du Soudan récemment, sont inefficaces aussi bien pour le commerce que pour l’aide.

  4. La mise au pas par les Etats des firmes multinationales de l’alimentation pour qu’elles coopèrent directement (techniquement et financièrement) à l’amélioration des productions vivrières, à la stabilisation des prix ou des recettes d’exportation des pays en développement, à l’efficacité du réseau de commercialisation, etc. L’attitude des gouvernements des pays industrialisés et du Tiers Monde face à la puissance de ces entreprises multinationales constituera un test de leur volonté politique et de leur capacité à prendre les mesures indispensables à l’émergence d’une économie mondiale de l’alimentation.

  5. L’organisation d’un programme de financement à long terme adapté aux besoins de ces diverses tâches. Le Rapport 1986 de la Banque mondiale (op. cit. pp. 133-148) aborde cette question et donne en exemple le Stabex, Système de compensation partielle des recettes d’exportation mis en place par la Communauté Economique Européenne et les 66 pays parmi les plus pauvres du monde d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) qui ont signé avec elle les Conventions de Lomé en 1963 et les Accords qui ont suivi. Telle qu’elle est, la formule du Stabex demeure très limitée dans ses effets mais elle indique la voie à suivre si l’on veut parvenir à réguler le marché mondial de l’alimentation.

Organiser les interdépendances

80Inventer l’homme aujourd’hui, c’est donc bien aussi inventer de nouvelles formes d’organisation des sociétés humaines. Elles serviront de cadre aux actions destinées à rendre supportables, sinon à éliminer, les plus fortes inégalités dans les ressources et leur répartition. Elles doivent rendre possible, sur la base des complémentarités réelles (ressources-besoins), la promotion des interdépendances qui fonderont les solidarités durables seules susceptibles d’éviter la généralisation des compétitions sauvages et des guerres économiques.

81Il est relativement facile de concevoir les principes et les axes généraux d’une organisation mondiale destinée à rendre les déséquilibres supportables en matière alimentaire. C’est un peu l’exercice auquel nous nous sommes livrés ici. Mais imaginer aujourd’hui que cette organisation puisse se mettre en place rapidement au niveau mondial, compte tenu des structures et des rapports de force actuels de la société internationale, de la puissance des Etats et des firmes multinationales, de la nature inter-étatique des organisations internationales, demeure du domaine de l’utopie. Ce n’est pas une raison pour ne pas entreprendre une telle tâche. Il faut simplement se rappeler qu’elle sera de longue haleine.

N’oubliez pas d’éteindre e Ortant !

82Par contre, partir des problèmes concrets posés dans une région du monde en mettant en place une organisation fondée sur les deux principes d’effort interne maximum et de solidarité reposant sur la prise en compte des intérêts réciproques et les complémentarités réelles entre ressources et besoins est tout à fait possible dès à présent. Cette voie mérite d’autant plus d’être explorée qu’aux niveaux quantitatif et technique, l’évolution démographique, économique et financière mondiale offre des perspectives plus favorables pour les prochaines décennies qu’elles ne l’étaient dans les années 1970-1980.

83L’utopie de demain se construit à partir du réel d’aujourd’hui.

Notes

1 Albert Jacquard, Inventer l’Homme, coll. Le genre humain, éd. Complexe, Paris, 1984. 183 p.

2 Radio France Internationale Paris-Club de la presse du Tiers Monde, 23 avril 1983, réponse d’Edouard Saouma, Directeur Général de la PAO, à une question de G. Blardone sur les excédents alimentaires. « Aujourd’hui, il y a des excédents pour tous les produits agricoles. Il y a 362 millions de tonnes de céréales, surtout des céréales secondaires, en surplus, qui constituent 21 % de la consommation annuelle mondiale, mais qui se trouvent essentiellement localisées en Amérique du Nord. Les pays du tiers monde ont une très faible quantité de ces céréales que l’on garde comme stock pour l’année suivante. Pour nourrir, comme il faut, les 450 millions de personnes qui sont mal nourries, il faudrait à peu près 50 millions de tonnes de céréales, à peu près 3 % de la production annuelle de céréales ou 12 % de la production annuelle de céréales des pays du tiers monde. Il y a aussi des surplus de lait dont on ne sait que faire. Il y a une guerre économique entre les deux grands blocs pour la vente du lait, pour la vente des céréales. Il y a des surplus de cacao, de café. C’est la loi de l’offre et de la demande qui a fait que ces denrées d’exportation du tiers monde sont à des cours très bas, parce qu’il n’y a pas de demande et que les pays producteurs ont des problèmes pour le stockage. On est encombré de céréales, de lait, de cacao, de café, de sucre. La situation est très claire. Ces stocks, ces surplus, il ne s’agit pas de s’en débarrasser en les donnant gratuitement et en payant aussi le transport. Les pays qui détiennent ces stocks veulent être payés. C’est là que se pose le problème de la pauvreté. La faim, c’est la pauvreté. Les gens n’ont pas de quoi acheter ce qu’il leur faut pour vivre. »

3 Lecaillon Jacques, Paukert Félix, Morrisson Christian et Germidis Dimitri, Répartition du revenu et développement économique: un essai de synthèse. Genève, Bureau International du Travail, 1983. 208 p. (2e impression, 1986).

4 FAO – Agriculture – Horizon 2000. Rome, 1979, et Rapport sur l’alimentation mondiale en 1986. Voir aussi FAO – L’agriculture africaine, les 25 prochaines années. Rome, septembre 1986. Alors qu’en Asie l’autosuffisance alimentaire est presque atteinte, qu’en Amérique latine l’agriculture stagne, la malnutrition sévissant essentiellement dans les villes, l’Afrique recule. La récolte de 1985, particulièrement bonne, dépasse à peine celle de 1981 tandis que la croissance démographique demeure la plus forte du monde (+ 3 % par an).
Banque mondiale Rapport sur le développement mondial 1986, 2e partie: Commerce et politiques de prix dans l’agriculture mondiale. Washington, 1986, pp. 61-154.
Sur les problèmes des politiques agraires, voir Dufumier Marc, Les politiques agraires, coll. Que sais-je ? N 1472, éd. PUF, Paris, 1986, 126 p.

Table des illustrations

Titre Disponibilités énergétiques d’origine alimentaire en pourcentage des besoins nutritionnels
URL http://books.openedition.org/iheid/docannexe/image/3320/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 192k
Légende N’oubliez pas d’éteindre e Ortant !
URL http://books.openedition.org/iheid/docannexe/image/3320/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,9M

Auteur

Economiste, professeur, Institut des sciences appliquées, Lyon ; Institut universitaire d’études du développement, Genève.

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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