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Rome : éduquer et combattre

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Catherine Wolff

La guerre et ses aléas

La guerre de Tacfarinas (17-24)

Texte intégral

1En présentant la guerre de Tacfarinas, qui se déroula en Afrique, aux marges du territoire romain, de 17 à 24 apr. J.‑C., j’aborde un événement qui a déjà été beaucoup étudié. Je voudrais donc établir en quelque sorte un état des lieux de la question et insister sur ce qui fait sa particularité.

  • 1 Tacite, Ann., II, 52 ; III, 9, 1 ; 20-21 ; 32 ; 35 ; 72, 6-74 ; IV, 13, 2-3 ; 23-26. L’éparpillemen (...)
  • 2 II, 125, 5 ; II, 129, 4. Sur l’attitude de Velleius Paterculus face à la guerre de Tacfarinas, voir (...)
  • 3 Aurélius Victor, De Caes., II, 3.
  • 4 Zonaras, Épitome, XI, 4 (2, 8).
  • 5 AE, 1961, 107 ; 108 ; CIL, V, 4329 = ILS, 940 ; CIL, X, 7257 = ILS, 939 ; CIL, XIV, 3472 = V, 802 = (...)
  • 6 J. Mazard, Corpus nummorum Numidiae Mauretaniaeque, Paris, DL, 1955. Voir aussi J. Alexandropoulos, (...)
  • 7 T. Schäfer, « Ein Prokonsul von Afrika in der Villa Massimo? », Journal of Roman Archaeology, 3, 19 (...)

2Quelques mots sur les sources pour commencer. Sans Tacite1, nous ne saurions rien ou presque de cette guerre. En effet, en dehors de lui, les seuls auteurs à y faire allusion sont Velleius Paterculus, le seul auteur contemporain des faits2, Aurelius Victor3 et le pseudo-Aurelius Victor4. Et il s’agit bien d’allusions, qui ne permettent en aucun cas de reconstituer le déroulement des faits. Mais il ne faut pas négliger pour autant les sources épigraphiques5 qui, si elles ne sont pas nombreuses, n’en sont pas moins importantes, dans la mesure où elles viennent corroborer les sources littéraires. Il convient de citer également les sources numismatiques6, importantes en particulier pour ce qui concerne Juba II puis son fils Ptolémée. Cette guerre est peut-être représentée sur la chaise curule sur laquelle est assis un homme sans tête, que l’on ne peut donc identifier mais qui serait un des quatre proconsuls concernés par ce conflit7. Bref, le conflit est documenté, mais pas toujours assez bien pour éviter les problèmes.

  • 8 Y. Le Bohec, La Troisième Légion Auguste, Paris, Éditions du Centre National de la Recherche Scient (...)

3Pour ce qui est des personnages concernés par le conflit, je passerai rapidement sur les Romains. Ils sont bien connus, et ne suscitent aucune difficulté (ou presque). Le premier d’entre eux est Tibère, qui intervient rarement de façon directe. Mais ses interventions sont importantes. On a pu le soupçonner d’avoir laissé traîner les choses pour montrer l’incapacité militaire des sénateurs8.

4Viennent ensuite les proconsuls d’Afrique : Furius Camillus, en 17-18 ; L. Apronius, en 18-21 ; Iunius Blaesus, en 21-23 ; enfin P. Cornelius Dolabella, en 23-24, qui mit fin à la guerre. Il faut également compter avec des hommes faisant partie de l’armée romaine et qui, pour une raison ou pour une autre, se distinguèrent. Ils sont au nombre de cinq. Par ordre chronologique : Decrius, un commandant de cohorte ; Rufus Helvius, un simple soldat appartenant à un détachement de cinq cents vétérans ; L. Apronius Caesianus, le fils du proconsul L. Apronius ; le fils du proconsul Iunius Blaesus ; P. Cornelius Lentulus Scipion, lieutenant de Iunius Blaesus.

  • 9 Tacite, Ann., III, 9, 1.
  • 10 F. Michel, « Baslel Turbeli f(ilius) Gallinaria Sarniensis. Questions d’onomastique et d’origo » da (...)
  • 11 D. Woods, « Tiberius, Tacfarinas, and the Jews », Arctos. Acta Philologica Fennica, 42, 2008, p. 26 (...)
  • 12 Tacite, Ann., III, 21, 5 ; IV, 25, 1.

5Les légions concernées par le conflit sont la légion III Auguste, qui est sur place, et la légion IX Hispana, présente entre 20 et 23. Elle est venue de Pannonie, sous la conduite de P. Cornelius Lentulus Scipion, et est passée par Rome avant d’aller en Afrique9. Il est possible que d’autres troupes aient été déplacées en Afrique à l’occasion du conflit. Cela peut être le cas pour la cohorte des Lusitaniens en garnison en Sardaigne au début du ier siècle av. J.‑C. À la fin de la révolte, elle est restée en Afrique, cantonnée dans la région de Milev. Un décurion de cette cohorte, Optatus fils de Sadex, est mort en Afrique. Turbelus ou Turbelius, d’origine sarde, a peut-être aussi servi en Afrique ; il aurait eu à Milev un fils d’une femme indigène. Cela expliquerait à la fois le nom du fils, Baslel, et l’indication d’origine, Sarniensis, par référence à Milev, puisque Sarnia est un de ses surnoms10. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Tibère aurait décidé en 19 d’une conscription à Rome, conscription dont on trouverait la trace dans l’anecdote selon laquelle Tibère a chassé les Juifs et ceux qui pratiquaient le culte égyptien de Rome en 19 et en a enrôlé 4 000 pour les envoyer en Sardaigne faire la chasse aux brigands. En fait la Sardaigne ne serait qu’une étape sur la route de Rome à l’Afrique11. Il y a en tout cas des cohortes et des ailes qui participent à la lutte contre Tacfarinas12.

  • 13 Tacite, Ann., IV, 13, 2-3. G. Manganaro, « Tacfarinas e la Sicilia (ovvero L. Apronius e il santuar (...)
  • 14 M. Rachet, Rome et les Berbères, Bruxelles, Latomus, 1970, p. 82 et 105 ; L. Poirier de Narçay, « U (...)

6Restent des Romains qui sont des civils et sont soupçonnés de favoriser Tacfarinas : Tacite cite Carsidius Sacerdos et C. Gracchus, qui auraient livré des vivres à Tacfarinas13. Ils furent acquittés à l’issue du procès. Il faut renoncer à l’existence d’un « parti de la paix » constitué d’hommes influents à Rome et de gens plus modestes ruinés par le conflit14.

  • 15 Tacite, Ann., II, 52, 5.
  • 16 A. M’Charek, « Une communauté double (castellum fédéré et pagus de citoyens romains) organisée par (...)

7Parmi ceux qui ne sont pas Romains, il y a deux groupes très différents : les alliés de Rome et les alliés de Tacfarinas. Les premiers sont ceux qui sont appelés par Tacite des socii15. Ils viennent compléter les forces légionnaires. Il s’agit de troupes auxiliaires fournies par des socii musulames (en particulier les habitants de Thala) liés à Rome par un foedus16. Cela implique que les Musulames n’étaient pas tous unis derrière Tacfarinas, ce que prouvent du reste d’autres éléments du texte de Tacite. Les alliés de Rome sont également les Maures, sous la conduite de Juba II, puis de son fils Ptolémée.

  • 17 J. Desanges, Catalogue des tribus africaines dans l’Antiquité classique à l’ouest du Nil, Dakar, Un (...)
  • 18 Aurelius Victor, De Caes., II, 3 ; Pseudo-Aurelius Victor, Epitome, XI, 4 (2, 8) ; CIL X, 7257 = IL (...)
  • 19 Tacite, Ann., IV, 23, 2. Desanges, Catalogue…, op. cit., p. 93 ; Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op (...)
  • 20 Tacite, Ann., IV, 23, 2.
  • 21 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 53.
  • 22 Ibid., p. 49 : à partir de 18, Tacfarinas ne dispose plus que d’une force de 1 000 à 2 000 hommes.
  • 23 Rachet, Rome et les Berbères…, op. cit., p. 82.

8Les alliés de Tacfarinas sont avant tout des Musulames, que Tacite considère comme des Numides, mais qui sont en réalité des Gétules17. Ils constituaient une fédération de tribus. On trouve également des Maures sous la conduite de Mazippa au début, puis des Maures qui refusent d’avoir Ptolémée comme roi, mais aussi des Cinithiens, des Garamantes, des Gétules18. Les hommes qui se trouvent sous les ordres de Mazippa constituent les troupes légères. Elles combattent selon leur méthode traditionnelle. Il est impossible de savoir si Tacfarinas a vraiment réussi à rassembler derrière lui tous les Cinithiens en 17. Une chose est certaine : à partir de 18, les Cinithiens sont absents et les Musulames sans doute beaucoup moins nombreux. D’autant plus que pour les Cinithiens, leur engagement ne semble pas avoir été volontaire : ils ont été obligés de rejoindre les autres. Pour les Maures, la réponse est également négative : un nombre certain reste fidèle à Juba II. De même, lors de la dernière année de la guerre, seuls les Maures qui sont hostiles à Ptolémée rejoignirent Tacfarinas. Le roi des Garamantes, s’il a accepté de se faire receleur pour Tacfarinas, ne lui a envoyé que des troupes légères, et encore la dernière année de la guerre19. Il faut enfin compter avec les indigents et les troublions qui choisirent de rallier Tacfarinas lors de la dernière campagne20. Leur nombre est inconnu, et il est évident que Tacite cherche de toute façon à les déconsidérer. Il est toutefois possible que Tacite ait placé à tort tous ces ralliements à Tacfarinas lors de la dernière année de la guerre, pour démontrer combien la décision prise par Tibère de retirer la légion IX Hispana était mauvaise21. Si les troupes de Tacfarinas ont été nombreuses au début de la guerre, leur nombre a varié ensuite selon les années et a de toute façon diminué de manière importante à divers moments22. Cela ne permet pas de voir en Tacfarinas un mahdi « qui peut lever en quelques mois de vraies armées23 », du moins pour toute la période du conflit.

  • 24 M. Benabou, « Tacfarinas », dans C.-A. Julien et M. Morsy (éd.), Les Africains, t. VII, Paris, Éd. (...)
  • 25 Tacite, Ann., II, 52, 2.
  • 26 Rachet, Rome et les Berbères…, op. cit., p. 85.
  • 27 Tacite, Ann., II, 52, 2. V. A. Sirago, « Tacfarinas », Africa Romana, 5, 1988 p. 201.
  • 28 B. D. Shaw, « Fear and loathing: the normal menace and Roman Africa », dans B. D. Shaw et S. Brent (...)
  • 29 Shaw, « Fear and loathing… », art. cité, p. 37-38.

9Venons-en pour terminer cette revue des personnages à Tacfarinas lui-même. Pour Tacite, il s’agit d’un Numide, mais c’était un Gétule, et il appartenait aux Musulames. Il peut avoir appartenu à une famille de chefs24. L’historien romain précise que c’était un déserteur qui avait servi comme auxiliaire25. Il pense certainement aux auxiliaires de l’armée romaine, et non pas à des milices auxiliaires locales26. S’il faut en croire l’adverbe mox utilisé par Tacite, Tacfarinas n’est pas resté longtemps parmi les auxiliaires. Manifestement, il est devenu après sa désertion un chef de bande : il a réuni des hommes habitués aux brigandages pour se livrer au pillage27. Ces hommes ont peut-être aussi déserté l’armée romaine28, et il y aurait donc eu une désertion en masse après 10 apr. J.‑C. Ou plutôt c’est l’État romain qui n’a en fait plus eu besoin d’eux à partir de cette date, et ils ont alors continué à faire ce qu’ils faisaient. Mais comme ils n’étaient plus sous les ordres des autorités romaines et qu’ils n’avaient donc plus la légalité avec eux, leurs actes sont devenus des brigandages et des pillages29. Cependant seul Tacfarinas est qualifié de « déserteur » par Tacite, pas le reste de ses hommes. Mais ces hommes n’intéressent pas vraiment l’historien.

  • 30 Tacite, Ann., II, 52, 2.
  • 31 R. Cagnat, L’Armée romaine d’Afrique et l’occupation militaire de l’Afrique sous les empereurs, Par (...)
  • 32 Florus, Abrégé de l’histoire romaine, II, 8 (3, 20), 8.
  • 33 Hérodien, Histoire romaine, I, 10, 1.
  • 34 Dig., 49, 16, 5, 8.
  • 35 Lucien, Le Navire ou les souhaits, 28-29.

10Plutôt que de se demander si Tacfarinas et les autres ont bien servi dans les auxiliaires et ont déserté, il est plus intéressant de se demander pourquoi Tacite donne cette indication. C’est sans doute avant tout pour expliquer l’organisation imposée par Tacfarinas à ses hommes : combat à la romaine, derrière des étendards et par turmes30. Cela implique qu’il s’agit de cavaliers31. On peut penser du reste que Tacfarinas faisait partie de la cavalerie dans l’armée romaine. Le chef numide a certainement organisé aussi des groupes de fantassins, sans doute beaucoup moins importants. Mais les opérations décrites par l’historien romain sous-entendent leur présence. Cet apprentissage imposé par Tacfarinas à ses hommes implique du reste que ces derniers n’ont pas tous fait partie de l’armée romaine. Il les a habitués également à l’obéissance et à la discipline, complément indispensable pour faire combattre à la romaine des hommes qui n’appartiennent pas à l’armée romaine. Mais Tacfarinas ne fit pas subir cet entraînement à tous les hommes qui l’ont rejoint : il faut des hommes choisis. Toutes ces précisions suscitent des échos dont Tacite était peut-être conscient. Elles rappellent d’abord le personnage de Spartacus, cité justement par Tibère à la suite de l’ambassade que lui a envoyée Tacfarinas. Spartacus a en effet un parcours un peu semblable à celui de Tacfarinas : il a été tributaire thrace, puis soldat, puis déserteur, puis brigand, et enfin gladiateur32. Maternus, plus tard, suivit le même parcours : il déserta l’armée romaine et devint brigand33. Dans un rescrit, Hadrien déclare que l’on peut pardonner à un transfuge quand il revient après avoir capturé de nombreux brigands et dénoncé d’autres transfuges34. Il s’agit certes de transfuges, mais il est permis de penser que le cas des déserteurs, quand ils ont quitté l’armée romaine, était sur ce point semblable à celui des transfuges : ils n’avaient le plus souvent pas d’autres choix que de rejoindre des brigands. Outre Spartacus, Tibère évoque Sertorius et Mithridate. Pourquoi eux ? Ils ont certes été des adversaires redoutables, mais il y en a eu d’autres. Peut-être parce qu’ils ont eux aussi organisé leurs troupes à la romaine. Les conflits ainsi évoqués datent tous les trois du ier siècle av. J.‑C. et les trois hommes ont tous été vaincus par Pompée, mais il s’agit peut-être là d’un hasard. Le parcours de Tacfarinas, simple déserteur qui devient chef de bande, puis chef de troupes organisées, puis général (dux), rappelle aussi le parcours souhaité par Samippos dans une œuvre de Lucien35. Sa carrière vue par Tacite a tout du topos.

  • 36 Il y a eu des pillages dès 18. P. Romanelli, Storia delle province romane dell’Africa, Rome, L’Herm (...)
  • 37 R. Ciobanu évoque pourtant une « situation critique, presque désespérée », (R. Ciobanu, « Vie urbai (...)
  • 38 Tacite, Ann., IV, 26, 1.
  • 39 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 53.
  • 40 AE, 1961, 107 ; 108 ; R. Bartoccini, « Dolabella e Tacfarinas in una iscrizione di Leptis Magna », (...)
  • 41 M. Silvestrini, « Africa proconsolare: note epigrafiche », Africa Romana, 3, 1986, p. 243.
  • 42 Romanelli, Storia delle province…, op. cit., p. 237, souligne que le système adopté par Iunius Blae (...)
  • 43 Tacite, Ann., III, 74, 4-5.
  • 44 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 49.
  • 45 Pour le titre exact du fils du proconsul, voir Le Bohec, La Troisième Légion…, op. cit., p. 345, n. (...)
  • 46 Cagnat, L’Armée romaine d’Afrique…, op. cit., p. 21 ; Desanges, Catalogue…, op. cit., p. 118 ; R. S (...)
  • 47 Tacite, Ann., IV, 25, 1.
  • 48 Tacite, Ann., IV, 25, 1.
  • 49 Gascou, « Tacite et les provinces… », art. cité, p. 3478-3479 : pour Tacite, infériorité absolue de (...)
  • 50 Thubursicu Numidarum (Khamissa), et non Thubusuctu. Syme, « Tacfarinas, the Musulamii… », art. cité (...)

11Le déroulement du conflit a été bien analysé. Ses caractéristiques principales sont les suivantes. C’est chaque fois Tacfarinas qui déclencha le conflit, aussi bien en 17 qu’en 2036, en 21 et en 23, où la situation était moins sombre que ne le laisse entendre Tacite37. Tous les proconsuls ont obtenu les ornements triomphaux, sauf Dolabella, alors qu’il était celui qui avait mis fin à la guerre. C’est du moins ce que souligne Tacite38. Mais Tibère est logique avec lui-même : il a considéré que la campagne de Iunius Blaesus avait mis fin à la guerre39. Dolabella n’en célébra pas moins sa victoire à Leptis Magna et Oea40. Iunius Blaesus fut en outre salué imperator par ses troupes. Il est possible que la légion III Auguste ait alors aussi reçu une récompense, une couronne d’or41. Cependant, si une telle hypothèse est exacte, on ne comprend pas bien pourquoi un tel titre porté par la légion n’apparaît que dans une inscription. Il vaut mieux la repousser. Il y a également une progression au cours des années, en particulier du côté romain. Les commandants en chef savent s’adapter de mieux en mieux aux conditions particulières des combats : division des troupes, mobilité et harcèlement incessant des troupes de Tacfarinas42. La tactique fut payante, puisque Iunius Blaesus captura le frère de Tacfarinas, ce qui marqua la fin de la campagne, en 23, sur décision de Tibère43. Pour ce qui est du type des combats, la seule véritable bataille a lieu en 17 : le proconsul Furius Camillus intervint avec la légion III Auguste, des auxiliaires et sans doute des contingents maures, soit entre 12 000 et 15 000 hommes44 ; il remporta la victoire. Ensuite, en 20, L. Apronius Caesianus45 a sous ses ordres des cavaliers, des cohortes auxiliaires et parmi les légionnaires les plus agiles au moment où il attaque Tacfarinas puis le vainc. Il ne s’agit donc pas d’un combat d’infanterie lourde. De même, Dolabella décide d’attaquer le camp fixe de Tacfarinas, établi près des ruines d’un fort nommé Auzea46, et choisit des cohortes armées à la légère et des cavaliers pour cette attaque47. Tacite précise que les hommes ignoraient où ils allaient, ce qui peut indiquer que Tacfarinas avait des informateurs dans le camp romain48. L’attaque eut lieu à l’aube et la victoire fut complète : le fils de Tacfarinas fut fait prisonnier et Tacfarinas lui-même choisit de mourir au combat. Nous sommes en 24 et la guerre est définitivement terminée. Tacfarinas est battu sur son propre terrain, alors que lui-même n’arrive pas à battre les Romains sur leur terrain49, sauf une fois, quand il s’attaque victorieusement à une cohorte romaine, soit environ 500 hommes. En 23, il décida de faire un coup d’éclat, comme en 20, mais il échoua, puisque l’arrivée de Dolabella le chassa de Thubuscum50, une place forte qu’il avait investie.

  • 51 Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 129, 4 ; Tacite, Ann., II, 52, 1 ; III, 20, 1.
  • 52 Tacite, Ann., II, 52, 1.
  • 53 Tacite, Ann., III, 73, 2. Voir J. Burian, « Latrones militi facti (Ad SHA Marc. 21, 7) », Eunomia, (...)

12Aurelius Victor comme le pseudo-Aurelius Victor évoquent des brigandages à propos du conflit. Mais Velleius Paterculus et Tacite utilisent le terme bellum51, réservé en principe à un conflit entre États, et Tacite précise que Tacfarinas était à la tête d’ennemis (hostes)52. Plusieurs des proconsuls ont d’autre part obtenu les ornements triomphaux. En principe, on ne triomphe pas après être venu à bout de simples brigandages. Le vocabulaire utilisé par Tacite est cependant fluctuant. À la suite de l’ambassade qui lui fut envoyée par Tacfarinas, Tibère traita ce dernier de déserteur et de brigand et lui refusa la qualité d’ennemi53. Si l’on prend en compte d’autre part les objectifs de Tacfarinas tels qu’ils sont présentés par Tacite, force est de constater qu’il s’agit plus souvent de pillages contre des civils que d’attaques contre l’armée romaine. Quelles furent en effet les opérations menées contre l’armée romaine à proprement parler par Tacfarinas ? En 17, il y eut une bataille rangée, et Tacfarinas fut vaincu. En 20, Tacfarinas attaqua victorieusement un castellum. Mais il fut en revanche battu devant Thala par des vétérans. Il investit Thubuscum, mais là aussi il fut mis en échec par l’armée romaine. Il mourut en 24 lors d’une attaque de son camp par l’armée romaine. Tous les autres épisodes sont des épisodes de razzias. Quand il s’attaque aux civils, Tacfarinas remporte des succès, si l’on en croit du moins l’importance du butin qu’il parvint à accumuler. Quand il se heurte à l’armée romaine dans son ensemble ou à des détachements de cette armée, il subit des échecs, à une exception près.

  • 54 Benabou, « Tacfarinas… », art. cité, p. 299.
  • 55 Romanelli, Storia delle province…, op. cit., p. 228 ; M. Benabou, La Résistance africaine à la roma (...)
  • 56 J. Burian, « Zur Geschichte der nordafrikanischen einheimischen Bevölkerung in den ersten zwei Jahr (...)
  • 57 J.-P. Laporte et A. M’Charek, « Les Musulames », Encyclopédie berbère, 32, 2010, p. 1546-1548.
  • 58 A. Deman, « Die Ausbeutung Nordafrikas durch Rom und ihre Folgen », JWG, 3, 1968, p. 346-347. Les i (...)
  • 59 Ibid., p. 46 et p. 169.
  • 60 Tacite, Ann., III, 73, 3.
  • 61 G. Alföldy, « La politique provinciale de Tibère », Latomus, 24, 1965, p. 837.
  • 62 Cagnat, L’Armée romaine d’Afrique…, op. cit., p. 16 ; Benabou, La Résistance africaine, op. cit., (...)
  • 63 J.-M. Lassère, « Un conflit “routier” : observations sur les causes de la guerre de Tacfarinas », A (...)
  • 64 Ibid., p. 12, n. 17 et p. 25. Voir aussi Benabou, « Tacfarinas », art. cité, p. 306. Gutsfeld, Röm (...)
  • 65 Rachet, Rome et les Berbères…, op. cit., p. 79 et p. 90 ; Lassère, « Un conflit “routier” », art. (...)
  • 66 Lassère, « Un conflit “routier” », art. cité, p. 24. Pour une opinion plus nuancée, voir Gutsfeld, (...)

13Tacite ne donne pas les raisons du conflit, ce qui ne facilite pas les choses quand il s’agit de les trouver. Ce n’est de toute façon pas le premier conflit qui oppose les Musulames aux Romains54. On peut certes avancer l’opposition classique entre la civilisation urbaine, représentée par Rome, et le mode de vie des nomades, et voir dans la révolte de Tacfarinas l’opposition des pasteurs nomades aux interventions romaines sur leurs territoires pour gêner leur liberté de mouvement55. Mais il faut se garder d’opposer les indigènes pasteurs, non sédentarisés, et les Romains, sédentarisés et urbanisés. Il existait des villes en Afrique avant l’arrivée des Romains, et une agriculture perfectionnée56, et le territoire même des Musulames était en partie urbanisé57. D’ailleurs, pour certains, la révolte de Tacfarinas naît de la politique romaine de refoulement des indigènes sur des terres moins bonnes, les bonnes terres étant confisquées, et de l’impossibilité pour les indigènes de cultiver ce qu’ils veulent58. Ce sont donc des paysans qui se révoltent, et non pas des nomades. Il est du reste plus exact de dire que parmi les Musulames se trouvaient aussi bien des pasteurs nomades que des agriculteurs sédentaires, dont les intérêts étaient différents59. Lorsque Tacfarinas envoya une ambassade à Tibère, entre 21 et 23, il chargea les ambassadeurs de demander la paix et une concessio agrorum60. Comment faut-il comprendre ce terme ? S’il s’agit de terres à cultiver, cela implique un désir de sédentarisation. Tacfarinas et ses hommes regrettent que Rome ait mis un terme à sa politique d’urbanisation61. Il est aussi possible que Tacfarinas demande des terrains de parcours. Ces derniers seraient toujours moins nombreux, en raison de la très forte demande de terres en Afrique de la part des Italiens62. Mais la politique d’Auguste en matière de colonisation dans cette partie de l’Afrique a été très prudente, et il n’y a pas à proprement parler de mainmise sur la terre à cette époque63. Il ne faut cependant pas oublier qu’entre 6 et 14 apr. J.‑C., la légion III Auguste s’installa à Ammaedara, donc en plein territoire musulame. Cette installation s’accompagna d’appropriation de terres et rendait pleinement tangible la présence romaine et la menace qu’elle pouvait représenter. Il s’agit d’autre part d’une demande que Tacfarinas fit quelques années après le début du conflit, et cette demande ne correspondait peut-être pas, ou pas entièrement, aux raisons qui avaient suscité la révolte64. La construction de la route Ammaedara (Haïdra), là où se trouvait le camp de la légion III Auguste, à Tacape (Gabès) via Capsa (Gafsa) peut être mise en avant65. Elle a été décidée par Auguste et achevée au tout début du règne de Tibère. Elle a été construite sous la direction du proconsul L. Nonius Asprenas et est conçue comme une rocade permettant aux troupes de patrouiller facilement et ainsi de contrôler le territoire. Son existence gênait les déplacements des Cinithiens et des Musulames, qui étaient écartés de leurs parcours familiers et obligés d’en suivre de nouveaux. C’est contre cela qu’ils réagirent. Ce sont donc les axes de circulation qui ont été à l’origine du conflit, une route pastorale ancestrale contre une rocade symbolisant l’ordre nouveau66. Il est effectivement possible que la construction de cette route ait été vue comme une menace par les Musulames et les Cinithiens, mais elle n’a sans doute pas été le seul élément déclencheur de la révolte. Peut-être a-t-elle simplement mis le feu aux poudres. Il faut également compter avec l’importance des points d’eau : qui les contrôle contrôle tout. Quelles que soient la ou les raisons, elles n’ont pas été assez fortes pour convaincre les gens qui avaient suivi Tacfarinas en 17 de continuer à le suivre après la défaite contre l’armée romaine.

  • 67 Tacite, Ann., III, 20, 4.
  • 68 Tite-Live, II, 20, 5.
  • 69 Tite-Live, VI, 23, 12-24 ; Frontin, Str., II, 8, 6 ; Plutarque, Cam., XXXVII, 3-4.
  • 70 Tite-Live, X, 36, 6-8 ; Frontin, Str., II, 8, 11 ; IV, 1, 29.
  • 71 Tite-Live, XXXVII, 43, 1-5 ; Appien, Syr., 36 ; Justin, Abrégé des histoires philippiques, XXXI, 8, (...)
  • 72 Tacite, Ann., III, 20, 4.
  • 73 Appien, BC, II, 9, 60, 247-250. Voir aussi, pour cet épisode, César, BC, III, 53, 4 ; Lucain, La Gu (...)

14Trois événements se détachent de l’ensemble du conflit. Deux d’entre eux se produisirent en 20 : l’attaque victorieuse de la cohorte romaine par Tacfarinas d’une part, la réaction du proconsul et le combat entre Tacfarinas et le détachement de vétérans d’autre part. Si l’on suit attentivement le déroulement de l’attaque de la cohorte romaine, on ne peut que constater qu’il est fait de lieux communs (ou de rappels de situations identiques). C’est d’abord l’attitude de Decrius, le commandant de la cohorte, qui se jeta à travers les fuyards, sous une grêle de traits, pour les arrêter67. Cela ne peut que rappeler ce qui s’est passé lors de la bataille du lac Régille68, ou lors d’une bataille contre les Volsques en 381, Camille étant celui qui a arrêté les fuyards69. Ou encore lors d’une bataille contre les Samnites, en 29470 ou en 190 lors de la bataille de Magnésie du Sipyle71. Mais dans ces quatre circonstances, les soldats sont retournés au combat, et ils ont gagné. Ici, ils ont continué à fuir et ont abandonné leur commandant à la mort. C’est ensuite la mort héroïque de Decrius au combat : il est couvert de blessures, il a un œil crevé, mais il continue à combattre72. Il s’agit peut-être là d’un souvenir du centurion M. Cassius Scaeva73. Là aussi, si le cas est semblable, la réussite n’est pas la même.

  • 74 Tacite, Ann., III, 21, 1.
  • 75 C. Wolff, Déserteurs et transfuges dans l’armée romaine à l’époque républicaine, Naples, Jovene, 20 (...)
  • 76 L. Apronius en 20, Galba après son entrée à Rome (Suétone, Gal., 12, 2), Macrin (SHA, Macr., 12, 2) (...)
  • 77 Pour la localisation de Thala, voir M’Charek, « Une communauté double (castellum fédéré et pagus de (...)
  • 78 Y. Le Bohec, L’Armée romaine, Paris, Picard, 20023, p. 65.
  • 79 CIL, XIV, 3472 = V, 802= ILS, 2637.
  • 80 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 63, pense que Tacfarinas s’est en fait adressé à Iuniu (...)

15Le proconsul, pour punir la cohorte, pratiqua la décimation. Tacite précise qu’il s’agit d’un exemple alors rare, d’une sévérité antique74. La décimation était en principe utilisée contre les unités qui lâchaient pied lors d’une bataille75, ce qui est bien le cas ici. Les derniers exemples de l’époque républicaine datent de 36 (campagne d’Antoine contre les Parthes) et de 34 (Octave). Il s’est donc écoulé un peu plus de 50 ans entre ces deux décimations et celle de L. Apronius. Il s’agit de toute façon d’une punition peu fréquente, même à l’époque républicaine, et elle est encore plus rare à l’époque impériale, puisque l’on ne compte que quatre cas, les deux derniers étant en outre douteux76. À la suite de cette réaction particulièrement sévère, un détachement de 500 vétérans remporta une victoire contre les troupes de Tacfarinas devant Thala77. Lors de cette bataille, un simple soldat, Rufus Helvius, sauva un citoyen romain. L. Apronius lui fit don de colliers et d’une lance. Si un simple soldat peut recevoir des colliers, ainsi que des phalères et des bracelets, il est très inhabituel qu’il reçoive une lance78. Tibère ajouta la couronne civique. C’est peut-être ce soldat qui est mentionné dans une inscription de Varia. Si c’est bien le cas, il a eu de l’avancement, puisqu’il est primipile79. Le troisième événement est la fameuse ambassade envoyée par Tacfarinas à Tibère80.

  • 81 Tacite, Ann., III, 74, 6.
  • 82 Voir Sirago, « Tacfarinas… », art. cité, p. 201.
  • 83 Tacite, Ann., IV, 26, 2.
  • 84 Tacite, Ann., II, 52, 9 ; Syme, « Tacfarinas, the Musulamii… », art. cité, p. 223.

16Tacite éprouve le besoin d’indiquer que la décimation est un usage ancien. Il explique également en quoi consiste le fait d’être salué imperator par les soldats lorsque la distinction est accordée par Tibère à Iunius Blaesus et il précise que Iunius Blaesus est le dernier homme à avoir obtenu une telle distinction81. Même précision concernant l’ancienneté d’un acte lorsque Tacite explique que pour remercier Ptolémée des services qu’il a rendus82, on décide de renouveler un usage des premiers temps et de lui envoyer un sénateur pour lui offrir comme présents venant du Sénat un sceptre d’ivoire et une toge brodée et le saluer des noms de roi, d’allié et d’ami83. Dans le même ordre d’idée, même si la situation est un peu différente, Tacite précise que cela fait quatre siècles que les Furii n’ont pas reçu l’imperatoria laus84. La guerre de Tacfarinas est ainsi l’occasion de faire revivre des usages républicains oubliés. Un peu comme si elle était un cas d’école réunissant à elle seule les exempla les plus significatifs des guerres de l’époque républicaine.

  • 85 Le Bohec, La Troisième Légion…, op. cit., p. 343.
  • 86 Benabou, La Résistance africaine, op. cit., p. 76, n. 8 ; Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit.(...)
  • 87 Devillers, « Le rôle des passages relatifs à Tacfarinas… », art. cité, p. 204.
  • 88 Grünewald, Räuber, Rebelles, Rivalen, Rächer, op. cit., p. 233.
  • 89 Devillers, « Le rôle des passages relatifs à Tacfarinas… », art. cité, p. 206. Et pour critiquer l’ (...)
  • 90 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 64 ; Grünewald, Räuber, Rebelles, Rivalen, Rächer, op. (...)
  • 91 Le Bohec, La Troisième Légion…, op. cit., p. 343.

17Il est vrai qu’en soi, la guerre contre Tacfarinas n’a pas fait courir un danger extrême à l’Empire, même si elle a duré plusieurs années et si elle a été la guerre la plus grave en Afrique sous le Haut-Empire85. Tacfarinas n’a jamais remporté de succès décisif ni même important, à l’exception de l’épisode de la cohorte. La guerre contre Jugurtha, à laquelle Tacite pense86, a été plus dangereuse. Pourquoi donc y insister ? Parce qu’il y a peu d’événements remarquables dans le domaine de la politique étrangère durant le règne de Tibère, Tacite utilise-t-il largement le peu à sa disposition ? Mais la guerre contre Tacfarinas ne concerne pas la politique étrangère, puisque le conflit prend place dans une province sénatoriale et, pour Tacite, il s’agit d’une affaire qui concerne le Sénat87. L’historien a choisi d’utiliser le personnage de Tacfarinas, qu’il a sans doute transformé88, pour mettre en lumière les relations entre ce dernier et le prince89. Raconter ainsi la guerre de Tacfarinas est d’autre part un moyen pour Tacite de présenter une image négative de Tibère, de montrer l’évolution de son règne et de porter des jugements de valeur sur les différents personnages impliqués90. C’est aussi un moyen de grandir les exploits des Romains en grossissant les périls encourus et de célébrer une guerre conduite par des nobles91. Mais c’est également et enfin un moyen de rappeler l’époque glorieuse de la République et de montrer que l’époque de Tibère n’en est qu’un bien pâle reflet.

Notes

1 Tacite, Ann., II, 52 ; III, 9, 1 ; 20-21 ; 32 ; 35 ; 72, 6-74 ; IV, 13, 2-3 ; 23-26. L’éparpillement des références dans les Annales s’explique par le choix de Tacite de faire un récit annalistique. Voir J. Gascou, « Tacite et les provinces », ANRW, 3, 5, 1991, p. 3462. La source principale de Tacite sont les Acta Senatus. Voir à ce sujet A. Gutsfeld, Römische Herrschaft und einheimischer Widerstand in Nordafrika, Stuttgart, F. Steiner, 1989, p. 41.

2 II, 125, 5 ; II, 129, 4. Sur l’attitude de Velleius Paterculus face à la guerre de Tacfarinas, voir R. Syme, « Mendacity in Velleius », The American Journal of Philology, 99/1, 1978, p. 45.

3 Aurélius Victor, De Caes., II, 3.

4 Zonaras, Épitome, XI, 4 (2, 8).

5 AE, 1961, 107 ; 108 ; CIL, V, 4329 = ILS, 940 ; CIL, X, 7257 = ILS, 939 ; CIL, XIV, 3472 = V, 802 = ILS, 2637 (peut-être).

6 J. Mazard, Corpus nummorum Numidiae Mauretaniaeque, Paris, DL, 1955. Voir aussi J. Alexandropoulos, « Les guerres d’Auguste et de Tibère : le témoignage des monnaies », dans M. Coltelloni-Trannoy et Y. Le Bohec (éd.), La Guerre dans l’Afrique romaine sous le Haut-Empire, Paris, CTHS, 2014, p. 35-52.

7 T. Schäfer, « Ein Prokonsul von Afrika in der Villa Massimo? », Journal of Roman Archaeology, 3, 1990, p. 187-194.

8 Y. Le Bohec, La Troisième Légion Auguste, Paris, Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, 1989, p. 343.

9 Tacite, Ann., III, 9, 1.

10 F. Michel, « Baslel Turbeli f(ilius) Gallinaria Sarniensis. Questions d’onomastique et d’origo » dans J. Gonzalez Fernandez (éd.), L’Africa romana : le ricchezze dell’Africa. Risorse, produzioni, scambi, Rome, Carocci, 2008, p. 1863.

11 D. Woods, « Tiberius, Tacfarinas, and the Jews », Arctos. Acta Philologica Fennica, 42, 2008, p. 267-284.

12 Tacite, Ann., III, 21, 5 ; IV, 25, 1.

13 Tacite, Ann., IV, 13, 2-3. G. Manganaro, « Tacfarinas e la Sicilia (ovvero L. Apronius e il santuario ericino) », Africa Romana, 4, 1987, p. 581 ; Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 51.

14 M. Rachet, Rome et les Berbères, Bruxelles, Latomus, 1970, p. 82 et 105 ; L. Poirier de Narçay, « Un obstacle à la romanisation en Afrique du Nord : la révolte numide de Tacfarinas de 17 à 24 après Jésus-Christ sous le règne de l’empereur Tibère » dans S. M. Sokhna (éd.), Dépendance et liberté. L’Afrique et le monde méditerranéen dans l’Antiquité, Toronto, Terebi, 1990, p. 206-207.

15 Tacite, Ann., II, 52, 5.

16 A. M’Charek, « Une communauté double (castellum fédéré et pagus de citoyens romains) organisée par les Flaviens à Thala (en Afrique proconsulaire) », dans B. Cabouret, A. Groslambert et C. Wolff (éd.), Vision de l’Occident romain : hommages à Yann Le Bohec, Lyon, CEROR, 2012, p. 283.

17 J. Desanges, Catalogue des tribus africaines dans l’Antiquité classique à l’ouest du Nil, Dakar, Université de Dakar, 1962, p. 119 ; O. Devillers, « Le rôle des passages relatifs à Tacfarinas dans les Annales de Tacite », Africa Romana, 8, 1, 1991, p. 203.

18 Aurelius Victor, De Caes., II, 3 ; Pseudo-Aurelius Victor, Epitome, XI, 4 (2, 8) ; CIL X, 7257 = ILS, 939.

19 Tacite, Ann., IV, 23, 2. Desanges, Catalogue…, op. cit., p. 93 ; Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 52, doute de l’envoi de ces troupes.

20 Tacite, Ann., IV, 23, 2.

21 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 53.

22 Ibid., p. 49 : à partir de 18, Tacfarinas ne dispose plus que d’une force de 1 000 à 2 000 hommes.

23 Rachet, Rome et les Berbères…, op. cit., p. 82.

24 M. Benabou, « Tacfarinas », dans C.-A. Julien et M. Morsy (éd.), Les Africains, t. VII, Paris, Éd. Jeune Afrique, 1977, p. 300.

25 Tacite, Ann., II, 52, 2.

26 Rachet, Rome et les Berbères…, op. cit., p. 85.

27 Tacite, Ann., II, 52, 2. V. A. Sirago, « Tacfarinas », Africa Romana, 5, 1988 p. 201.

28 B. D. Shaw, « Fear and loathing: the normal menace and Roman Africa », dans B. D. Shaw et S. Brent (éd.), Rulers, Nomads and Christians in Roman North Africa, Norfolk, Galliard, 1995 p. 37. Voir aussi Benabou, « Tacfarinas », art. cité, p. 300.

29 Shaw, « Fear and loathing… », art. cité, p. 37-38.

30 Tacite, Ann., II, 52, 2.

31 R. Cagnat, L’Armée romaine d’Afrique et l’occupation militaire de l’Afrique sous les empereurs, Paris, E. Leroux, 1892, p. 7.

32 Florus, Abrégé de l’histoire romaine, II, 8 (3, 20), 8.

33 Hérodien, Histoire romaine, I, 10, 1.

34 Dig., 49, 16, 5, 8.

35 Lucien, Le Navire ou les souhaits, 28-29.

36 Il y a eu des pillages dès 18. P. Romanelli, Storia delle province romane dell’Africa, Rome, L’Herma di Bretschneider, 1959, p. 232.

37 R. Ciobanu évoque pourtant une « situation critique, presque désespérée », (R. Ciobanu, « Vie urbaine et délinquance. Le cas des “Latrones” », Caesarodunum, 35-36, 2001-2002, p. 279). Sur les raisons de Tacite de dresser un tel tableau, Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 53.

38 Tacite, Ann., IV, 26, 1.

39 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 53.

40 AE, 1961, 107 ; 108 ; R. Bartoccini, « Dolabella e Tacfarinas in una iscrizione di Leptis Magna », Epigraphica, 20, 1958, p. 3.

41 M. Silvestrini, « Africa proconsolare: note epigrafiche », Africa Romana, 3, 1986, p. 243.

42 Romanelli, Storia delle province…, op. cit., p. 237, souligne que le système adopté par Iunius Blaesus est le même que celui qu’utilisèrent Metellus et Marius contre Jugurtha.

43 Tacite, Ann., III, 74, 4-5.

44 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 49.

45 Pour le titre exact du fils du proconsul, voir Le Bohec, La Troisième Légion…, op. cit., p. 345, n. 119.

46 Cagnat, L’Armée romaine d’Afrique…, op. cit., p. 21 ; Desanges, Catalogue…, op. cit., p. 118 ; R. Syme, « Tacfarinas, the Musulamii, and Thubursucu », Roman Papers, I, Oxford, Clarendon Press, p. 221 ; E. Pitillas Salañer, « Levantamientos en la Galia, Africa y Tracia durante el reinado de Tiberio », Hispania Antiqua, 20, 1996, p. 146 : il s’agit d’Aumale. Contra, Rachet, Rome et les Berbères…, op. cit., p. 120. Pour Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 45, il s’agit d’Aubuzza. Aumale est trop éloignée de Madaure (450 km), pour lui le lieu de séjour des Musulames et sans doute l’épicentre de la guerre.

47 Tacite, Ann., IV, 25, 1.

48 Tacite, Ann., IV, 25, 1.

49 Gascou, « Tacite et les provinces… », art. cité, p. 3478-3479 : pour Tacite, infériorité absolue des Africains par rapport à l’armée romaine.

50 Thubursicu Numidarum (Khamissa), et non Thubusuctu. Syme, « Tacfarinas, the Musulamii… », art. cité, p. 219.

51 Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 129, 4 ; Tacite, Ann., II, 52, 1 ; III, 20, 1.

52 Tacite, Ann., II, 52, 1.

53 Tacite, Ann., III, 73, 2. Voir J. Burian, « Latrones militi facti (Ad SHA Marc. 21, 7) », Eunomia, 4, 1960, p. 48 ; J. Burian, « Latrones. Ein Begriff in römischen literarischen und juristischen Quellen », Eirene, 21, 1984, p. 20 ; Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 59-60 ; A. Gonzales, « La révolte comme acte de brigandage. Tacite et la révolte de Tacfarinas », Africa Romana, 12, 1998, p. 937 ; T. Grünewald, Räuber, Rebelles, Rivalen, Rächer, Stuttgart, F. Steiner, 1999, p. 49 et p. 70.

54 Benabou, « Tacfarinas… », art. cité, p. 299.

55 Romanelli, Storia delle province…, op. cit., p. 228 ; M. Benabou, La Résistance africaine à la romanisation, Paris, Maspéro, 1975, p. 70 ; Pitillas Salañer, « Levantamientos… », art. cité, p. 143 et 148 ; Shaw, « Fear and loathing… », art. cité, p. 36.

56 J. Burian, « Zur Geschichte der nordafrikanischen einheimischen Bevölkerung in den ersten zwei Jahrhunderten u. Z. », Studii classice, 3, 1961, p. 165 ; D. P. Kehoe, « Pastoralism and Agriculture », Journal of Roman Archaeology, 3, 1990, p. 397.

57 J.-P. Laporte et A. M’Charek, « Les Musulames », Encyclopédie berbère, 32, 2010, p. 1546-1548.

58 A. Deman, « Die Ausbeutung Nordafrikas durch Rom und ihre Folgen », JWG, 3, 1968, p. 346-347. Les indigènes seraient en quelque sorte parqués dans des « réserves », voir Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 55-56.

59 Ibid., p. 46 et p. 169.

60 Tacite, Ann., III, 73, 3.

61 G. Alföldy, « La politique provinciale de Tibère », Latomus, 24, 1965, p. 837.

62 Cagnat, L’Armée romaine d’Afrique…, op. cit., p. 16 ; Benabou, La Résistance africaine, op. cit., p. 77 ; Benabou, « Tacfarinas », art. cité, p. 298 ; Rachet, Rome et les Berbères…, op. cit., p. 89.

63 J.-M. Lassère, « Un conflit “routier” : observations sur les causes de la guerre de Tacfarinas », AntAfr, 18, 1982, p. 12.

64 Ibid., p. 12, n. 17 et p. 25. Voir aussi Benabou, « Tacfarinas », art. cité, p. 306. Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 58 et p. 175.

65 Rachet, Rome et les Berbères…, op. cit., p. 79 et p. 90 ; Lassère, « Un conflit “routier” », art. cité, p. 13 ; Sirago, « Tacfarinas », art. cité, p. 200.

66 Lassère, « Un conflit “routier” », art. cité, p. 24. Pour une opinion plus nuancée, voir Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 56-57.

67 Tacite, Ann., III, 20, 4.

68 Tite-Live, II, 20, 5.

69 Tite-Live, VI, 23, 12-24 ; Frontin, Str., II, 8, 6 ; Plutarque, Cam., XXXVII, 3-4.

70 Tite-Live, X, 36, 6-8 ; Frontin, Str., II, 8, 11 ; IV, 1, 29.

71 Tite-Live, XXXVII, 43, 1-5 ; Appien, Syr., 36 ; Justin, Abrégé des histoires philippiques, XXXI, 8, 6 ; Zonaras, Épitomé des histoires, 9, 20.

72 Tacite, Ann., III, 20, 4.

73 Appien, BC, II, 9, 60, 247-250. Voir aussi, pour cet épisode, César, BC, III, 53, 4 ; Lucain, La Guerre civile, VI, 234 sq. ; Valère Maxime, III, 2, 23 ; Suétone, Iul., LXVIII, 8 ; Florus, II, 13 (4, 2), 40 ; Plutarque, Cés., XVI, 3-4.

74 Tacite, Ann., III, 21, 1.

75 C. Wolff, Déserteurs et transfuges dans l’armée romaine à l’époque républicaine, Naples, Jovene, 2009. p. 116.

76 L. Apronius en 20, Galba après son entrée à Rome (Suétone, Gal., 12, 2), Macrin (SHA, Macr., 12, 2) et Julien en 363 (Ammien Marcellin, XXIV, 3, 2).

77 Pour la localisation de Thala, voir M’Charek, « Une communauté double (castellum fédéré et pagus de citoyens romains) organisée par les Flaviens à Thala (en Afrique proconsulaire) », art. cité, p. 272.

78 Y. Le Bohec, L’Armée romaine, Paris, Picard, 20023, p. 65.

79 CIL, XIV, 3472 = V, 802= ILS, 2637.

80 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 63, pense que Tacfarinas s’est en fait adressé à Iunius Blaesus, qui a lui-même envoyé des lettres à Tibère pour que ce dernier décide de la suite à donner aux demandes de Tacfarinas.

81 Tacite, Ann., III, 74, 6.

82 Voir Sirago, « Tacfarinas… », art. cité, p. 201.

83 Tacite, Ann., IV, 26, 2.

84 Tacite, Ann., II, 52, 9 ; Syme, « Tacfarinas, the Musulamii… », art. cité, p. 223.

85 Le Bohec, La Troisième Légion…, op. cit., p. 343.

86 Benabou, La Résistance africaine, op. cit., p. 76, n. 8 ; Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 60.

87 Devillers, « Le rôle des passages relatifs à Tacfarinas… », art. cité, p. 204.

88 Grünewald, Räuber, Rebelles, Rivalen, Rächer, op. cit., p. 233.

89 Devillers, « Le rôle des passages relatifs à Tacfarinas… », art. cité, p. 206. Et pour critiquer l’attitude du Sénat et des sénateurs, selon Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 65-66.

90 Gutsfeld, Römische Herrschaft…, op. cit., p. 64 ; Grünewald, Räuber, Rebelles, Rivalen, Rächer, op. cit., p. 77 ; Devillers, « Le rôle des passages relatifs à Tacfarinas… », art. cité, p. 207.

91 Le Bohec, La Troisième Légion…, op. cit., p. 343.

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