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Rome : éduquer et combattre

 | 
Catherine Wolff

Recruter et former, tout un combat

De quelques particularités concernant l’armée romaine

Texte intégral

1Une partie des articles qui précèdent aborde la question de l’enrôlement des troupes : modalités, identité des hommes mobilisés et composition de l’armée en particulier. Il s’agit d’une question particulièrement importante : avoir une armée, et une armée digne de ce nom, toutes les fois où le besoin s’en fait sentir est une nécessité absolue pour un État, quel qu’il soit. Les réponses romaines à cette question sont-elles originales par rapport à celles des civilisations dont il est question dans les articles précédents ? La réponse n’est pas simple, ne serait-ce que parce qu’il existe non seulement des différences importantes entre l’époque impériale (nous arrêtons notre étude à la fin du iie siècle apr. J.‑C., soit à la mort de Commode, en 192) et l’époque républicaine, mais également des changements à l’intérieur même de ces deux époques. Il faut également compter avec tous les éléments qui nous échappent, parce que nous ne disposons pas de sources les concernant.

  • 1 B. Gombert, « Recrutement et mobilisation en Babylonie du vie au ive siècle av. n. è. », L’Armée en (...)
  • 2 P. A. Brunt, Italian Manpower 225 B.C. – A.D. 14, Oxford, Clarendon Press, 1971 ; J. Rich, « The Su (...)
  • 3 Caton, Origin., 4, 5 (= Aulu-Gelle, NA, 5, 21, 17).
  • 4 Polybe, Histoire, VI, 52, 4-7.
  • 5 T. Yoshimura, « Die Auxiliartruppen und die Provinzialklientel in der römischen Republik », Histori (...)
  • 6 Toynbee, Hannibal’s Legacy, op. cit., t. II, p. 10, p. 45 et p. 129 ; Ilari, Gli Italici, op. cit., (...)
  • 7 Cicéron, Fam., XV, 1, 5.
  • 8 Tite-Live, Histoire romaine, XXV, 33, 1-7, à propos d’un épisode datant de 211, pendant la guerre c (...)
  • 9 Tite-Live, XLIII, 11, 11.

2Pour l’armée néobabylonienne entre le vie et le ive siècle av. J.‑C., B. Gombert1 note l’importance de deux faits qui peuvent expliquer l’évolution vers une professionnalisation de l’armée : le recours possible à un remplaçant et au mercenariat. Il y a eu également professionnalisation de l’armée à Rome, mais cela n’est dû à aucun de ces deux facteurs. Pour la Babylonie, le recours croissant au mercenariat a été facilité d’une part par l’afflux de richesses grâce aux conquêtes et d’autre part par le manque chronique d’hommes. À l’exception de quelques périodes très particulières, les autorités romaines n’ont pas eu à faire face à un manque d’hommes2. L’importance du réservoir humain dont elles disposaient a au contraire fait la force de Rome. Cette dernière n’a par ailleurs jamais utilisé l’afflux de richesses provoqué par ses conquêtes pour payer des mercenaires. Pourquoi recourir à ce type de soldats, souvent jugés de façon très négative ? L’opinion de Caton concernant les mercenaires de l’armée carthaginoise est sans appel : ce sont des soldats qui passent bien souvent à l’ennemi en grand nombre à la fois, qui se tuent les uns les autres et qui attaquent leur commandant en chef3. Il s’agit certes de déprécier une partie de l’armée de l’adversaire, ici carthaginois, mais il n’est pas le seul à reprocher aux mercenaires leur manque de fiabilité et leur vénalité. Polybe considère le fait que Rome, contrairement à Carthage, n’emploie pas de mercenaires comme une des explications de sa supériorité4. Rome peut de toute façon se passer de mercenaires car elle exige de ses alliés et des peuples conquis des contributions humaines. Si au tout début de l’histoire de Rome l’armée romaine n’a été en effet composée que de citoyens romains, sa composition se diversifia au fur et à mesure des conquêtes, et on trouvait dans l’armée, à l’époque républicaine, d’une part les alliés et les peuples de nom latin (socii nominisque Latini), qui obtinrent la citoyenneté romaine au cours du dernier siècle av. J.‑C., et d’autre part les soldats fournis par les peuples soumis ou alliés5. Les alliés et les peuples de nom latin étaient particulièrement nombreux : sans constituer l’essentiel des armées romaines, ils ont certainement dû, à certaines époques, y contribuer pour au moins la moitié6. La fiabilité de ces soldats était parfois remise en cause7, le danger que pouvait représenter leur utilisation massive était parfois mis en avant8, il n’en reste pas moins qu’ils constituaient un élément indispensable de l’armée romaine. Tout comme pour les soldats fournis par les peuples conquis ou alliés, la perte de ces soldats au combat était considérée par les Romains comme moins grave que celle des citoyens romains et ils étaient vus comme de moins bons soldats que les légionnaires : pour rendre moins cuisante la honte de la défaite d’Appius Claudius contre Persée, en 170, on prétendit que seul un petit nombre de soldats avait été tué, des soldats italiens et pour la plupart levés à la hâte9.

  • 10 Tite-Live, XLII, 34 12.
  • 11 Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique, XXVII, 2a ; Tite-Live, XXIX, 1, 1-11 ; Appien, Pun., (...)
  • 12 Cicéron, Phil., XII, 3.
  • 13 Sénèque le Père, Contr., I, 4, 3.
  • 14 L. Wierschowski, « Kriegsdienstverweigerung im römischen Reich », AncSoc, 26, 1995, p. 229-230.
  • 15 Pline le Jeune, Ep., X, 30, 2, à propos d’esclaves qui auraient pu être donnés et enrôlés dans l’ar (...)
  • 16 Tite-Live, XLII, 34, 5-11. L. De Blois, « Army and Society in the Late Roman Republic: Professional (...)

3La pratique du recours à un remplaçant, uicarius en latin, n’est que très peu attestée à l’époque républicaine et les cas sont très particuliers. Spurius Ligustinus déclare en 171, à l’occasion d’un enrôlement, qu’il peut fournir quatre soldats pour le remplacer, ses quatre fils, tout en repoussant l’hypothèse sitôt après l’avoir formulée, et s’il ne prononce pas le mot uicarius, l’idée est la même10 ; il est cependant impossible de savoir s’il envisageait une pratique qui avait effectivement lieu ou insistait seulement sur le fait qu’il fournissait quatre soldats à Rome avec ses quatre fils. En 205, Scipion proposa lui-même à 300 Siciliens qu’il avait convoqués pour qu’ils fissent partie de l’armée de leur fournir des remplaçants ; la condition : ils devaient offrir aux remplaçants armes, cheval et entraînement11. C’était un moyen pour Scipion d’avoir 300 cavaliers romains équipés et entraînés aux frais d’autrui. Au ier siècle av. J.‑C., Cicéron déclare que si l’on pratiquait la coutume des remplaçants dans la guerre, il remplacerait Decimus Iunius Brutus Albinus, alors assiégé dans Modène12. Mais ce n’était manifestement pas une coutume. Sénèque le Père évoque un père qui se fit le remplaçant de son fils adolescent. Le passage est tellement court que l’on peut difficilement s’en servir13. Les exemples fournis par les sources ne permettent donc pas d’affirmer que cette pratique était en vigueur à l’époque républicaine, même si certains considèrent qu’elle a existé à partir du ier siècle av. J.‑C.14. La pratique semble en revanche avoir été utilisée au iie siècle apr. J.‑C., s’il faut en croire une remarque de Trajan15, mais c’est bien la seule mention de remplaçants fournie par les sources pour les deux premiers siècles de l’époque impériale. L’armée était de toute façon devenue une armée professionnelle, l’utilisation possible de remplaçants n’a pas pu favoriser cette transformation. En réalité, la professionnalisation de l’armée romaine a été voulue par Auguste, c’est une transformation volontaire. Certes les campagnes militaires étaient de plus en plus longues, et l’armée pouvait être pour certains citoyens romains un moyen comme un autre de gagner sa vie. Mais le soldat n’était pas un professionnel, c’était un citoyen romain qui était enrôlé pour le temps d’une campagne ou d’une partie d’une campagne. Certains pouvaient passer une grande partie de leur vie dans l’armée, comme Spurius Ligustinus, déjà évoqué. Ce dernier a en effet effectué 22 années de service ; il a été enrôlé à de nombreuses reprises et à plusieurs années d’intervalle, mais il a aussi été au moins deux fois volontaire pour s’engager16. Ce n’était cependant pas une obligation.

  • 17 J. Vidal, « Military Conscription in Ugarit », Revue internationale d’histoire militaire ancienne, (...)

4Non professionnelle, l’armée n’était donc pas permanente à Rome à l’époque républicaine : elle était constituée au début de chaque campagne, et démobilisée à la fin de celle-ci. Quand ces dernières duraient très longtemps, les soldats pouvaient être remplacés pendant la campagne. Il y avait certes des garnisons qui étaient installées dans les villes ou les endroits stratégiques, de façon à surveiller les territoires. Mais les soldats qui constituaient cette garnison n’étaient là que pour un temps donné. Comme l’écrit J. Vidal, « la plupart des armées dans l’Antiquité ne sont pas professionnelles, mais sont constituées d’hommes recrutés temporairement pour chaque campagne militaire17 ».

  • 18 P. Clancier, « Le Suhu dans la guerre à l’époque néoassyrienne », Revue internationale d’histoire m (...)
  • 19 Gombert, « Recrutement et mobilisation… », art. cité, p. 145.
  • 20 B. Lafont, « Données nouvelles sur l’organisation militaire des rois d’Ur d’après les archives de G (...)
  • 21 Dion Cassius, Histoire romaine, LIII, 17.

5Dans nombre d’armées, on trouvait cependant un corps plus ou moins important de soldats professionnels, qui restaient mobilisés en permanence et qui formaient le noyau de l’armée. C’est le cas dans le royaume du Suhu, avec la « troupe du palais », une troupe d’élite18, dans l’armée de l’empire néoassyrien, avec des troupes permanentes professionnelles, « la cohorte du roi19 », ou encore pour les rois d’Ur, qui disposaient de « gardes royaux », là aussi une troupe d’élite, en temps de guerre comme en temps de paix20. Cela n’a jamais été le cas à Rome à l’époque républicaine, même s’il arrivait que des soldats servissent pendant une dizaine d’années de suite, tout particulièrement à l’époque des guerres civiles du ier siècle av. J.‑C. À l’époque impériale en revanche, c’est toute l’armée qui est devenue professionnelle. Le changement opéré par Auguste en 13 av. J.‑C. est fondamental dans l’histoire de l’armée romaine. Avec lui, être soldat devint un métier, on s’engageait pour un certain nombre d’années (entre 12 puis 16 et 25 ans selon le corps d’armée), et au moment de la démobilisation on recevait une prime et pour les soldats auxiliaires, à partir de Claude, la citoyenneté romaine. Si Auguste éprouva le besoin de modifier ainsi en profondeur l’armée romaine, c’est avant tout parce qu’il en avait besoin pour appuyer et renforcer son pouvoir. Une armée qui n’était pas permanente, où les hommes étaient enrôlés et démobilisés en fonction des campagnes militaires, ne correspondait pas à ce qu’Auguste voulait qu’elle fût : un instrument à son service. L’empereur devint le seul maître de l’armée, même s’il déléguait son pouvoir à des légats d’armée et des légats de légion. En vertu de son imperium, il avait le droit d’opérer le recrutement de l’armée, de lever des contributions, d’entreprendre la guerre et de conclure la paix, de commander partout et toujours aussi bien les soldats étrangers que les légions21. Seules les provinces impériales, gouvernées par l’empereur, possédaient des légions. Les provinces publiques, gouvernées par le Sénat, n’avaient que des troupes auxiliaires. Et quand elles avaient une légion, comme en Afrique proconsulaire, ce n’était pas le gouverneur de la province qui la commandait, mais un légat d’Auguste propréteur, et ce depuis Caligula. Le pouvoir civil et le pouvoir militaire étaient ainsi séparés. Le serment que prêtaient auparavant les soldats au moment de l’enrôlement, ils le prêtaient maintenant tous les ans à l’empereur.

  • 22 Y. Le Bohec, L’Armée romaine, Paris, Picard, 20023, p. 19-36 ; K. Gilliver, « The Augustan Reform a (...)
  • 23 M. Reddé, Mare nostrum. Les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine militaire sou (...)
  • 24 B. Lafont, « Données nouvelles sur l’organisation militaire… », art. cité, p. 56.
  • 25 M. P. Speidel, Die Denkmäler der Kaiserreiter. Equites singulares Augusti, Cologne, Rheinland-Verl, (...)

6Non seulement Auguste modifia le statut de l’armée et des soldats, mais il réorganisa également l’armée et créa de nouveaux corps22. À partir de lui, on compte trois ensembles principaux au sein de l’armée romaine : la garnison de Rome, l’armée stationnée dans les provinces et la marine23. Les troupes d’élite du royaume de Suhu, de l’empire néoassyrien ou des rois d’Ur étaient des troupes attachées avant tout à la protection du roi. À propos des rois d’Ur, B. Lafont parle d’une « sorte de garde prétorienne24 ». Il s’agit d’une référence à la création par Auguste en 27 ou 26 av. J.‑C. d’une garde impériale, les cohortes prétoriennes. Il ne s’agit pas d’une création totalement nouvelle, puisqu’il a pris modèle sur le petit groupe d’hommes qui à l’époque républicaine entourait les préteurs et de façon générale les magistrats à imperium quand ces derniers partaient en campagne, d’où le nom des cohortes du reste. Auguste a également créé, sur le modèle des cavaliers germains qui entouraient César, une autre unité chargée de le protéger : les Germani corporis custodes, puis equites singulares Augusti, des gardes du corps montés, qui accompagnaient l’empereur lors de ses campagnes et prenaient part aux combats, sans compter d’autres gardes comme les speculatores Augusti25. Mais Auguste a également créé des cohortes urbaines, en 13 av. J.‑C., et des cohortes de vigiles, en 6 apr. J.‑C. Si la tâche principale des cohortes prétoriennes était d’assurer la sécurité de l’empereur, celle des cohortes urbaines était d’assurer la sécurité de Rome et celle des cohortes de vigiles de lutter contre les incendies.

  • 26 Sénèque, De breu. uit., 20, 5; Quintilien, Inst. or., IX, 2, 85; Tite-Live, XL, 26, 7; XLII, 31, (...)
  • 27 Saddington, The Development of the Roman Auxiliary Forces, op. cit., p. 211-217 ; D. B. Saddington, (...)

7À l’époque républicaine comme à l’époque impériale, tout citoyen était un soldat en puissance, et l’armée est restée une armée de conscription, quels que soient les changements par ailleurs : tout citoyen entre 17 et 60 ans était soumis au service militaire. On distinguait cependant en principe deux catégories : les iuniores, entre 17 et 45 ans, et les seniores, les autres, ces derniers constituant toujours en principe la réserve. Entre 46 et 50 ans, un citoyen romain pouvait toutefois encore être mobilisé dans le service actif, et il arrivait même, parfois, que des hommes de plus de 50 ans fussent enrôlés26. C’est avant tout sur ses citoyens que Rome comptait pour se défendre, et ils formaient pour l’essentiel le noyau de l’armée, l’infanterie lourde, autrement dit les légions. Mais Rome a aussi su utiliser les habitants de l’Italie, qui devinrent citoyens romains après la guerre des Alliés, au cours du ier siècle av. J.‑C., et furent donc à partir de ce moment-là enrôlés dans les légions (et la garnison de Rome sous l’Empire), ainsi que les troupes fournies par les peuples conquis ou alliés et utilisées pour l’infanterie légère et la cavalerie. À l’époque impériale, ces auxiliaires ont été regroupés dans des corps particuliers, les cohortes (infanterie légère), les ailes (cavalerie légère ou lourde) et les cohortes mixtes (infanterie et cavalerie). En principe, les soldats qui faisaient partie de ces troupes auxiliaires n’étaient pas des citoyens romains, mais des pérégrins, avec l’exception cependant que représentaient les cohortes de citoyens romains. Il a existé jusqu’à Vespasien des cohortes constituées d’alliés (sociae cohortes), des unités ethniques qui avaient leur propre chef. Ces cohortes disparurent après la révolte des Bataves en 68-69 apr. J.‑C. Les numeri, apparus peut-être dès la fin du ier siècle apr. J.‑C., les remplacèrent en quelque sorte ; c’étaient des unités constituées de soldats non romains qui gardaient leur caractère ethnique, leur langue et leur armement par conséquent. Il s’agissait surtout de fantassins, mais on trouvait aussi des numeri de cavaliers27. Il faut noter enfin la présence d’affranchis dans la marine et dans un des corps de la garnison de Rome, les vigiles, au moins à ses débuts.

  • 28 D. Rathbone, « The Census Qualifications of the Assidui and the Prima Classis », dans H. Sancisi-We (...)
  • 29 Plutarque, C. Grac., II, 9.

8Si tout citoyen était soldat à Rome, la participation à la guerre était en réalité fonction de la moralité du citoyen et de sa fortune28. L’armée romaine était en effet à l’époque républicaine une armée censitaire : se battre pour sa patrie était un privilège, et ceux qui ne possédaient rien ou très peu n’étaient engagés que dans des circonstances particulières ou dans la flotte comme rameurs. Certes les exigences en matière de cens baissèrent au fil des siècles, et on trouvait aussi dans l’armée des volontaires qui ne répondaient pas à ces exigences. Le principe ne fut cependant jamais supprimé. Pour les membres de l’élite, le passage par l’armée était du reste une obligation : impossible de commencer une carrière politique si l’on n’avait pas accompli un certain nombre de campagnes militaires. Caius Sempronius Gracchus a même fait 12 années de campagnes, alors que les autres se contentaient des dix obligatoires29.

  • 30 De Ligt, « Roman Manpower… », art. cité, p. 115-131.
  • 31 Brunt, Italian Manpower…, op. cit., p. 37-38 et p. 633-634 ; M. Humbert, Municipium et civitas sine (...)
  • 32 Cicéron, De diu., I, 102.
  • 33 Tite-Live, XXXII, 9, 1; XLII, 32, 6.
  • 34 Tite-Live, XLIII, 14, 3.
  • 35 Polybe, VI, 20, 1-7.
  • 36 Polybe, VI, 21, 7-10 et 24, 1.
  • 37 S. Tondo, « Il sacramentum militiae nell’ambiente culturale romano-italico », SDHI, 29, 1963, p. 1- (...)

9Comment les citoyens romains étaient-ils enrôlés à Rome ? Les modalités ont varié selon les époques. Pendant toute l’époque républicaine, le processus du dilectus est cependant resté plus ou moins le même30. C’était un processus long, auquel on renonçait en cas de danger pressant. Dans ce cas, on avait recours au tumultus, une levée en urgence, et on enrôlait tous les hommes, sans prendre le temps de les choisir. Le mot même de dilectus implique en effet une notion de « choix », et choix il y avait en effet entre les citoyens romains mobilisables. À l’époque républicaine, cet enrôlement avait lieu en principe tous les ans, en réalité en fonction des besoins, quand il fallait lever de nouvelles légions et/ou compléter celles qui existaient déjà. Il n’y avait qu’une seule levée par an, qui se déroulait au début de l’année, au moment de l’entrée en fonction des consuls, mais il pouvait y avoir par la suite, au cours de l’année, d’autres enrôlements, par exemple pour envoyer des renforts à une armée. Ce n’étaient cependant pas des dilectus. C’est le Sénat qui donnait l’autorisation de sa tenue et c’est lui qui fixait le nombre d’hommes à recruter, une autorisation dont ont eu tendance à se passer les commandants en chef du ier siècle av. J.‑C. Il avait lieu au début à Rome : c’est là que devaient se rendre tous les citoyens romains mobilisables. Les magistrats annonçaient au peuple le jour où devaient se réunir tous les Romains en âge de servir (et habitant l’Italie), le rassemblement devant avoir lieu au Capitole d’abord, ainsi que sur le Champ de Mars plus tard. Cette annonce était sans doute aussi faite au moyen d’un édit affiché et proclamé (pour ceux qui n’habitaient pas Rome et ne se trouvaient pas à l’assemblée) et d’un drapeau rouge sur le Capitole, le délai devant être de 30 jours entre la proclamation et la tenue du dilectus. Une telle procédure devint de plus en plus difficile au fur et à mesure de l’extension des conquêtes romaines. C’est pourquoi il y avait, pour les citoyens romains habitant des villes où les opérations du cens avaient lieu, une première sélection qui s’opérait chez eux, par l’entremise des autorités locales, et seuls ces citoyens romains choisis se rendaient à Rome31. Ils y retrouvaient les citoyens romains qui habitaient Rome ou ses alentours et tous ceux qui n’habitaient pas une ville où avaient lieu les opérations du cens. C’est d’autre part à partir du ier siècle av. J.‑C. que les commandants en chef commencèrent à enrôler dans les légions qu’ils commandaient des citoyens romains vivant dans les provinces. Une fois les citoyens romains réunis à Rome, les autorités, qui disposaient de listes des citoyens mobilisables, avec l’indication des années où ils avaient été ou étaient mobilisés, choisissaient parmi eux, c’était l’étape fondamentale, compte tenu de l’étymologie du mot dilectus. Les critères de ce choix et ses modalités nous échappent en grande partie. Cicéron écrit que le nom du premier soldat choisi devait être d’heureux présage, et promettre le succès32. Le premier nom aurait donc été choisi par le consul sur les listes qu’il avait sous les yeux en fonction de sa signification. Pour les autres, il y avait parfois recours au tirage au sort ; en 198, le consul Flamininus appela les hommes qui avaient déjà servi dans la péninsule Ibérique ou en Afrique, de façon à disposer de soldats aguerris ; les consuls Caius Cassius Longinus et Publius Licinius Crassus agirent de même en 17133. Ces choix pouvaient causer des mécontentements : en 151, les consuls furent accusés de favoritisme : ils auraient réservé à certains soldats des campagnes moins pénibles34. Le choix une fois opéré, il fallait répartir les citoyens retenus dans les différentes légions. Polybe décrit un processus destiné à assurer l’égalité de la répartition35 : dans chaque tribu, les tribuns sélectionnaient quatre jeunes soldats qui avaient à peu près le même âge et la même stature ; les tribuns de la première légion en choisissaient un, puis ceux de la deuxième légion faisaient de même, puis ceux de la troisième, et enfin ceux de la quatrième. Ils sélectionnaient ensuite quatre autres soldats, mais cette fois, c’étaient les tribuns de la deuxième légion qui commençaient pour le choix. Et ainsi de suite jusqu’à ce que les légions fussent complètes. C’est un système compliqué et long, mais Polybe précise qu’ainsi il n’y avait aucune injustice. La dernière répartition à la charge des tribuns, qui pouvait avoir lieu dans la foulée ou un autre jour, concernait la catégorie dans laquelle étaient incorporés les soldats : pour les fantassins lourds, hastati, principes ou triarii, et le choix des centurions36. L’enrôlement lui-même ne suffisait pas à faire des citoyens romains choisis des guerriers. Ils devaient prêter serment, et c’était ce serment qui les autorisait à participer à un combat armé et à tuer. Cette prestation de serment intervenait au début du dilectus dans un premier temps, et concernait donc l’ensemble des iuniores ; au moins à partir de 172 av. J.‑C., elle intervenait à la fin du dilectus, et ne concernait donc que les citoyens enrôlés37. Ces derniers juraient d’obéir aux ordres du commandant en chef et de se trouver au lieu de rendez-vous fixé par le consul. À la fin du dilectus en effet, les citoyens étaient renvoyés chez eux, à charge pour eux de se rassembler avec leurs armes un jour donné dans un lieu donné.

10Pour ce qui est des alliés et peuples de nom latin et des contingents fournis par les peuples conquis ou alliés en dehors de l’Italie, les autorités romaines indiquaient aux responsables le nombre d’hommes qu’ils devaient fournir, à charge pour eux d’organiser l’enrôlement.

  • 38 P. A. Brunt, « Conscription and Volunteering in the Roman Imperial Army », dans P. A. Brunt, Roman (...)
  • 39 Le Bohec, L’Armée romaine…, op. cit., p. 74.

11À l’époque impériale, le dilectus avait lieu tous les ans en Italie et dans les provinces38. On comptait 28 légions au début de l’Empire, 25 après 9 apr. J.‑C., et ce chiffre varia peu durant les deux premiers siècles de l’Empire. Une légion comportant environ 5 000 hommes, cela veut dire qu’il y avait 125 000 citoyens romains mobilisés en permanence (sans compter les soldats auxiliaires, qui étaient aussi nombreux). Pour renouveler les effectifs et remplacer les hommes morts ou démobilisés, les autorités romaines avaient besoin de 6 000 hommes environ (et autant pour les auxiliaires et la garnison de Rome avec la marine, soit au total 18 000 hommes)39. Le responsable de la levée était le gouverneur de la province, épaulé par des assistants de rang sénatorial ou équestre, et un homme de rang sénatorial pour l’Italie, qui n’était pas une province. En cas d’urgence, on faisait appel à des chargés de mission extraordinaires. Les candidats à l’enrôlement devaient passer devant un conseil de révision, qui contrôlait leurs capacités physiques (il fallait une bonne condition physique et une taille minimum, et être jeune de préférence, compte tenu de la longueur du service) et intellectuelles (il fallait connaître le latin et il était mieux de savoir lire, écrire et compter) et leur statut (pour savoir dans quel corps les enrôler et pour vérifier qu’ils n’étaient pas esclaves ou qu’ils n’exerçaient pas de métier infamant). S’ils étaient choisis, ils devaient encore en tant que recrues subir une période d’essai de quatre mois, la probatio, et ce n’est qu’après cette période qu’ils devenaient des soldats. Être soldat dans l’armée romaine, dans la garnison de Rome, les légions ou encore les troupes auxiliaires ou la marine, n’était donc pas à la portée du premier venu. Il y avait véritablement choix, même si cela pouvait poser des problèmes aux autorités romaines.

  • 40 Cicéron, Ad Att., IX, 19, 1.
  • 41 C. Wolff, « Le refus du service militaire à Rome à l’époque républicaine », REMA, 4, 2007, p. 17-58 (...)

12Le dilectus ne se déroulait en effet pas toujours très bien, et les auteurs anciens mentionnent des cas où les autorités romaines eurent du mal à recruter le nombre d’hommes nécessaires. Cicéron lui-même écrit à Atticus, certes le 1er ou le 2 avril 49, donc en pleine guerre civile entre Pompée et César, ce qui constitue une circonstance très particulière, que les levées étaient pénibles par elles-mêmes, même quand elles étaient faites par des hommes de bien, en vue d’une guerre légitime et avec modération40. Même en dehors des guerres civiles, l’enrôlement pouvait mal se passer, et ce aussi bien à l’époque républicaine qu’à l’époque impériale, les exemples étant toutefois plus nombreux pour la première que pour la seconde. Ces difficultés étaient liées à trois facteurs : le manque de citoyens mobilisables, l’opposition systématique des tribuns de la plèbe, la mauvaise volonté des citoyens mobilisables. Pour l’époque républicaine, si l’on ne compte pas les circonstances liées à des causes matérielles, en l’occurrence les épidémies, qui entraînent un manque d’hommes, le refus des citoyens à l’égard de l’enrôlement, ou tout du moins leur très mauvaise volonté, et/ou l’opposition des tribuns de la plèbe étaient liés à des facteurs différents selon les périodes41 : les tribuns de la plèbe l’ont utilisé comme un moyen de chantage aux ve et ive siècles, époque durant laquelle les levées difficiles furent les plus nombreuses, s’il faut en croire du moins la reconstruction présentée par les annalistes ; à partir du iiie siècle, les conflits politiques entre patriciens et plébéiens se sont apaisés, tandis que les conquêtes romaines se sont étendues, et une partie des citoyens n’avait pas envie de risquer sa vie alors que les perspectives de butin étaient faibles, ou n’avait pas envie de rester trop longtemps absente, ou avait peur quand la guerre s’annonçait difficile ; au ier siècle, pendant les guerres civiles, on trouve à la fois le refus comme moyen de chantage et expression du sentiment de rejet des citoyens. Il ne faut cependant pas exagérer l’importance de ces levées difficiles. Elles ont existé certes, mais leur nombre est resté limité par rapport au nombre total des levées. Elles n’ont d’autre part que très rarement été causées par le refus de servir en général, mais plutôt par le refus de servir pour un conflit donné, ou parce que c’était ainsi un moyen d’obtenir le succès de revendications. Enfin, malgré les difficultés, les levées eurent toujours lieu (sauf cas exceptionnels au cours des deux premiers siècles de la République).

  • 42 À propos de cette levée, voir C. Wolff, « Les confiscations à Rome dans le cadre de la vie militair (...)
  • 43 Suétone, Aug., XXV, 2 ; Dion Cassius, LVI, 23, 2-3 ; Macrobe, Les Saturnales, I, 11 (32).
  • 44 Suétone, Aug., XXIV. Voir M. Marin y Peña, Instituciones militares romanas, Madrid, C. Bermejo, 195 (...)
  • 45 Valère Maxime, Des faits et des paroles mémorables, VI, 3, 3. Wierschowski, « Kriegsdienstverweiger (...)
  • 46 J.-M. David, « Du comitium à la roche tarpéienne… Sur certains rituels d’exécution capitale sous la (...)
  • 47 Dig., XLIX, 16, 4, 12. M. Carcani, Dei Reati delle pene e di giudizi militari presso i romani confr (...)
  • 48 Dig., XLIX, 16, 4, 11.

13Qu’en est-il des deux premiers siècles de l’Empire ? Les mentions des auteurs anciens sont moins nombreuses. Un cas est célèbre à l’époque augustéenne. Il s’agit de la levée qui suivit le désastre de Varus, survenu en 9 apr. J.‑C. Trois légions ont été anéanties, le danger semblait pressant, et il fallait reconstituer les forces disparues pour les envoyer en Germanie. Auguste fit donc organiser une levée, mais il eut beaucoup de mal à trouver les hommes nécessaires42. Devant le refus de s’enrôler des hommes en âge de porter les armes, il les fit tirer au sort, et le cinquième parmi ceux qui avaient en dessous de 35 ans, le dixième parmi ceux qui étaient plus âgés, furent dépouillés de leurs biens et privés de leurs droits civiques ; il fut même, devant le refus renouvelé de certains, contraint d’en mettre quelques-uns à mort. Il enrôla également des esclaves, après les avoir affranchis, ainsi que des vétérans43. C’est probablement au cours de cet enrôlement qu’un chevalier coupa les pouces de ses fils. Il fut condamné par Auguste à être vendu aux enchères avec tous ses biens, et l’empereur veilla à ce qu’il ne fût pas acheté par des publicains, qui l’auraient sans doute affranchi ; le chevalier devenu esclave fut relégué à la campagne et autorisé à vivre en homme libre44. Pour l’Empire, c’est le premier cas connu de mutilation pour éviter le service militaire. Pour l’époque républicaine, il n’y a qu’un cas connu, et c’est un cas d’automutilation : en 90 av. J.‑C., Caius Vettienus se coupa les doigts de la main gauche, et Valère Maxime écrit explicitement qu’il voulait éviter ainsi l’enrôlement45. Les consuls, après avoir consulté le Sénat, le condamnèrent à la confiscation de ses biens et à une peine de prison perpétuelle, ce qui est une punition extraordinaire, au sens étymologique du terme46. Le conflit auquel cherchait à échapper Caius Vettienus était un conflit particulièrement dur, puisqu’il s’agit de la guerre des Alliés. C’est le seul cas connu, cela ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas eu d’autres. Pour les deux premiers siècles de l’Empire, outre le cas de la levée de 10 apr. J.‑C., il y a des traces dans la législation non pas d’automutilation, mais de mutilation effectuée par quelqu’un qui a autorité sur la victime. Comme c’est l’empereur Trajan qui a fixé la peine à appliquer au père coupable (la déportation), c’est à l’occasion soit des guerres daciques, soit des guerres parthiques qu’un père affaiblit son fils pour qu’il fût inapte au service, alors qu’une levée avait été officiellement déclarée47. Menenius, le juriste, ne parle certes pas explicitement de mutilation, mais le verbe qu’il emploie, debilitare, « affaiblir », implique la mutilation. Un père peut également cacher ses fils pour les soustraire à l’enrôlement ; en temps de guerre, il était condamné à l’exil et à la confiscation d’une partie de ses biens, en temps de paix, il était frappé à coups de bâton et son fils enrôlé dans un corps inférieur48.

14L’armée romaine constitue bien un cas particulier par rapport à d’autres armées antiques. Elle fut une armée de conscription qui devint professionnelle et donc permanente, tout en restant de conscription. Seule une partie, de plus en plus importante toutefois, des citoyens pouvait être enrôlée, le service militaire étant considéré comme un honneur et une obligation pour les membres de l’élite qui souhaitaient faire une carrière politique. Sauf exception, les autorités romaines purent toujours choisir parmi les citoyens mobilisables ceux qui seraient enrôlés. Les armées romaines ne comptaient enfin pas de mercenaires, mais des auxiliaires pris parmi les peuples conquis ou alliés et formant l’infanterie légère et la cavalerie. Tout n’était certes pas idéal, les citoyens pouvaient refuser d’être enrôlés ou du moins manifester une très grande mauvaise volonté, les auxiliaires n’étaient pas toujours dignes de confiance. Il n’en reste pas moins que les autorités romaines surent, parfois malgré elles, parfois avec retard, faire de l’armée romaine un instrument au service de la grandeur de Rome.

Notes

1 B. Gombert, « Recrutement et mobilisation en Babylonie du vie au ive siècle av. n. è. », L’Armée en Babylonie du vie au ive siècle av. n. è., thèse (dir. F. Joannès), Paris I Université, 2018, p. 135-150.

2 P. A. Brunt, Italian Manpower 225 B.C. – A.D. 14, Oxford, Clarendon Press, 1971 ; J. Rich, « The Supposed Roman Manpower Shortage in the Later Second Century B.C. », Historia, 32, 1983, p. 287-331 ; L. De Ligt, « Roman Manpower and Recruitment During the Middle Republic », dans P. Erdkamp (éd.), A Companion of the Roman Army, Oxford, Blackwell, 2007, p. 115-131.

3 Caton, Origin., 4, 5 (= Aulu-Gelle, NA, 5, 21, 17).

4 Polybe, Histoire, VI, 52, 4-7.

5 T. Yoshimura, « Die Auxiliartruppen und die Provinzialklientel in der römischen Republik », Historia, 10, 1961, p. 473-495 ; A. J. Toynbee, Hannibal’s Legacy : the Hannibalic War’s Effects on Roman Life, t. I. : Rome and her Neighbours Before Hannibal’s Entry, et t. II : Rome and her Neighbours After Hannibal’s Exit, Londres/New York, Oxford University Press, 1965, t. I, p. 201-202 ; V. Ilari, Gli Italici nelle strutture militari Romane, Milan, Giuffrè, 1974, p. 1 et suiv. ; P. Fraccaro, Opuscula IV. Della guerra presso i Romani, Pavia, Athenaeum, 1975, p. 99 et suiv. ; E. Gabba, Republican Rome: the Army and Allies, Berkeley, University of California Press, 1976 ; D. B. Saddington, The Development of the Roman Auxiliary Forces From Caesar to Vespasian (49 B.C.-A.D. 79), Harare, University of Zimbabwe, 1982 ; L. Keppie, The Making of the Roman Army. From Republic to Empire, Londres, B. T. Batsford, 1984 ; C. Hamdoune, Les auxilia externa africains des armées romaines iiie siècle av. J.‑C. – ive siècle apr. J.‑C., Montpellier, ESID Université Paul-Valéry, 1999 ; M. Trundle, « The Business of War. Mercenaries », dans J. Campbell et L. Tritle (éd.), The Oxford Handbook of Warfare in the Classical World, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 340-341 ; J. McCall, The Cavalry of the Roman Republic, Londres/New York, Routledge, 2002 ; C. Letta, « Allies: Republic », dans Y. Le Bohec et al (éd.), The Encyclopedia of the Roman Army, 3 vol., t. I, Oxford, Blackwell, 2015, p. 31-32 ; M. Junkelmann, « Cavalry: Republic » dans Le Bohec et al (éd.) The Encyclopedia of the Roman Army, op. cit. , p. 167-172.

6 Toynbee, Hannibal’s Legacy, op. cit., t. II, p. 10, p. 45 et p. 129 ; Ilari, Gli Italici, op. cit., p. 55 et p. 148.

7 Cicéron, Fam., XV, 1, 5.

8 Tite-Live, Histoire romaine, XXV, 33, 1-7, à propos d’un épisode datant de 211, pendant la guerre contre Hannibal.

9 Tite-Live, XLIII, 11, 11.

10 Tite-Live, XLII, 34 12.

11 Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique, XXVII, 2a ; Tite-Live, XXIX, 1, 1-11 ; Appien, Pun., 8, 30-33.

12 Cicéron, Phil., XII, 3.

13 Sénèque le Père, Contr., I, 4, 3.

14 L. Wierschowski, « Kriegsdienstverweigerung im römischen Reich », AncSoc, 26, 1995, p. 229-230.

15 Pline le Jeune, Ep., X, 30, 2, à propos d’esclaves qui auraient pu être donnés et enrôlés dans l’armée comme uicarii.

16 Tite-Live, XLII, 34, 5-11. L. De Blois, « Army and Society in the Late Roman Republic: Professionalism and the Role of the Military Middle Cadre », dans G. Alföldy, B. Dobson et W. Eck (éd.), Kaiser, Heer und Gesellschaft in der Römischen Kaiserzeit, Stuttgart, F. Steiner, 2000, p. 11 ; F. Cadiou, « À propos du service militaire dans l’armée romaine au iie siècle av. J.‑C. : le cas de Spurius Ligustinus (Tite-Live 42, 34) », dans P. Defosse (éd.), Hommages à Carl Deroux, t. II, Bruxelles, Latomus, 2002, p. 76-90.

17 J. Vidal, « Military Conscription in Ugarit », Revue internationale d’histoire militaire ancienne, 3, 2016, p. 123.

18 P. Clancier, « Le Suhu dans la guerre à l’époque néoassyrienne », Revue internationale d’histoire militaire ancienne, 3, 2016, p. 110.

19 Gombert, « Recrutement et mobilisation… », art. cité, p. 145.

20 B. Lafont, « Données nouvelles sur l’organisation militaire des rois d’Ur d’après les archives de Garsana et d’Irisagrig », Revue internationale d’histoire militaire ancienne, 3, 2016, p. 56.

21 Dion Cassius, Histoire romaine, LIII, 17.

22 Y. Le Bohec, L’Armée romaine, Paris, Picard, 20023, p. 19-36 ; K. Gilliver, « The Augustan Reform and the Structure of the Imperial Army », dans P. Erdkamp (éd.), A Companion of the Roman Army, Oxford, Blackwell, 2007, p. 183-200.

23 M. Reddé, Mare nostrum. Les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine militaire sous l’Empire romain, Rome, École française de Rome, 1986 ; D. B. Saddington, « Classes. The Evolution of the Roman Imperial Fleets », dans P. Erdkamp, (éd.), A Companion of the Roman Army, Oxford, Blackwell, 2007, p. 201-217 ; P. De Souza, « War at Sea », dans J. Campbell et L. Tritle (éd.), The Oxford Handbook of Warfare in the Classical World, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 383-391.

24 B. Lafont, « Données nouvelles sur l’organisation militaire… », art. cité, p. 56.

25 M. P. Speidel, Die Denkmäler der Kaiserreiter. Equites singulares Augusti, Cologne, Rheinland-Verl, 1994 ; id., Riding for Caesar. The Roman Emperors’ Horse Guard, Londres, Harvard University Press, 1994.

26 Sénèque, De breu. uit., 20, 5; Quintilien, Inst. or., IX, 2, 85; Tite-Live, XL, 26, 7; XLII, 31, 4; XLII, 33, 4; XLII, 34, 11. Pour l’armée républicaine, voir Keppie, The Making of the Roman Army, op. cit., 1984 ; M. Sage, The Republican Roman Army: A Sourcebook, Londres/New York, Routledge, 2008 ; P. Cosme, L’armée romaine viiie s. av. J.‑C.-ve s. ap. J.‑C., Paris, A. Colin, 20122 ; P. Erdkamp (éd.), A Companion of the Roman Army, Oxford/Malden, Blackwell, 2007, p. 45-179.

27 Saddington, The Development of the Roman Auxiliary Forces, op. cit., p. 211-217 ; D. B. Saddington, « Allies: Principate », dans Le Bohec et al, The Encyclopedia…, op. cit, p. 32-33 ; I. Stephenson, « Cavalry: Principate », dans ibid,, p. 172-179 ; D. Kennedy, « Eastern Auxiliaries: Empire », dans ibid., p. 349-350.

28 D. Rathbone, « The Census Qualifications of the Assidui and the Prima Classis », dans H. Sancisi-Weerdenburg, R. J. van der Spek, H. C. Teitler et H. T. Wallinga (éd.), De Agricultura. In memoriam Pieter Willem de Neeve (1945-1990), Amsterdam, Gieben, 1993, p. 142.

29 Plutarque, C. Grac., II, 9.

30 De Ligt, « Roman Manpower… », art. cité, p. 115-131.

31 Brunt, Italian Manpower…, op. cit., p. 37-38 et p. 633-634 ; M. Humbert, Municipium et civitas sine suffragio. L’organisation de la conquête jusqu’à la Guerre sociale, Rome, École française de Rome, 1978, p. 323-324.

32 Cicéron, De diu., I, 102.

33 Tite-Live, XXXII, 9, 1; XLII, 32, 6.

34 Tite-Live, XLIII, 14, 3.

35 Polybe, VI, 20, 1-7.

36 Polybe, VI, 21, 7-10 et 24, 1.

37 S. Tondo, « Il sacramentum militiae nell’ambiente culturale romano-italico », SDHI, 29, 1963, p. 1-123, et id., « Sul sacramentum militiae », SDHI, 34, 1968, p. 376-396 ; F. Hinard, « Sacramentum », Athenaeum, 71/1, 1983, p. 251-263, et id., « Aulu-Gelle et les serments militaires », dans Au miroir de la culture antique. Mélanges René Marache, Rennes, PUR, 1992, p. 287-301 ; J. Rüpke, Domi militiae. Die religiöse Konstruktion des Krieges in Rom, Stuttgart, F. Steiner, 1990, p. 81 et p. 90.

38 P. A. Brunt, « Conscription and Volunteering in the Roman Imperial Army », dans P. A. Brunt, Roman Imperial Themes, Oxford, Clarendon Press, p. 188-214 et p. 512-513 ; Le Bohec, L’Armée romaine…, op. cit., p. 71-108; Cosme, L’Armée romaine…, op. cit., 2012, p. 103-114.

39 Le Bohec, L’Armée romaine…, op. cit., p. 74.

40 Cicéron, Ad Att., IX, 19, 1.

41 C. Wolff, « Le refus du service militaire à Rome à l’époque républicaine », REMA, 4, 2007, p. 17-58.

42 À propos de cette levée, voir C. Wolff, « Les confiscations à Rome dans le cadre de la vie militaire (ve siècle av. J.‑C.-ier siècle apr. J.‑C.) », dans M.-C. Ferriès, F. Delrieux (éd.), Spolier et confisquer dans les mondes grec et romain, Chambéry, Université de Savoie, 2013, p. 194-196.

43 Suétone, Aug., XXV, 2 ; Dion Cassius, LVI, 23, 2-3 ; Macrobe, Les Saturnales, I, 11 (32).

44 Suétone, Aug., XXIV. Voir M. Marin y Peña, Instituciones militares romanas, Madrid, C. Bermejo, 1956, p. 234 ; Wierschowski, « Kriegsdienstverweigerung… », art. cité, p. 210 ; T. Kissel, « Kriegsdienstverweigerung im römischen Heer », AW, 27, 4, 1996, p. 289.

45 Valère Maxime, Des faits et des paroles mémorables, VI, 3, 3. Wierschowski, « Kriegsdienstverweigerung… », art. cité, p. 221-222 et 226 ; Kissel, « Kriegsdienstverweigerung… », art cité, p. 293.

46 J.-M. David, « Du comitium à la roche tarpéienne… Sur certains rituels d’exécution capitale sous la République, les règnes d’Auguste et de Tibère », Du châtiment dans la cité. Supplices corporels et peines de mort dans le monde antique, Rome, École française de Rome, 1984, p. 153-154 ; C. Lovisi, Contribution à l’étude de la peine de mort sous la République romaine (509-149 av. J.‑C.), Paris, De Boccard. 1999, p. 173.

47 Dig., XLIX, 16, 4, 12. M. Carcani, Dei Reati delle pene e di giudizi militari presso i romani confrontati colle disposizioni del codice penale per l’esercito del regno d’Italia, Naples, Jovene. 1981², p. 90 ; Wierschowski, « Kriegsdienstverweigerung… », art. cité, p. 218 ; L. Wierschowski, « Eine andere Seite Roms : Deserteure und Kriegsdienstverweigerer », Varus-Kurier, 1997, p. 5-6.

48 Dig., XLIX, 16, 4, 11.

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