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Figures de l’identité

 | 
Maëlys Blandenet
, 
Clément Chillet
, 
Cyril Courrier

Introduction

Figures de l’identité et modèles culturels, quelques rappels et quelques remarques

Maëlys Blandenet, Clément Chillet et Cyril Courrier

Texte intégral

1Les contributions qui composent cet ouvrage, issues d’un colloque organisé à l’ENS LSH en octobre 2007, ont pour dessein d’éclairer, par des approches diverses et complémentaires, les processus de construction de l’identité collective dans l’Antiquité gréco-romaine. Sujet fondamental s’il en est, et d’une extrême complexité, aux frontières de l’histoire des idées, de la psychologie sociale, des études de politique et de rhétorique. Car toute identité collective se constitue par différenciation avec d’autres groupes culturels ou sociaux, et se fonde à la fois sur une mémoire partagée et sur l’adoption – ou le rejet – de modèles culturels. Ce dernier concept, défini comme un élément de référence permettant de construire une communauté en fondant son identité, a guidé dès le départ les études menées dans le cadre de notre laboratoire EMCA.

2Une telle voie d’approche permet en effet de renouveler la recherche sur les sociétés de l’Antiquité classique en se démarquant d’une définition trop uniforme du concept de culture, qui conduit à attribuer des savoirs et des repères identitaires figés à une élite politique et sociale. Toutefois, au vu de l’ampleur du sujet, nous avons ici fait le choix de limiter les travaux à l’étude des figures identitaires. Car le terme même de « figure » offre l’avantage de ne pas restreindre la recherche aux seuls grands personnages qui émergent de la mémoire collective ; il peut renvoyer également à des types ou à des catégories génériques dans le domaine des pratiques sociales ou de l’écriture poétique. Ce concept autorise ainsi l’étude de toutes les formes d’autoreprésentation et d’élaboration de modèles normatifs qui définissent une identité collective, quel que soit le support où elles s’inscrivent, qu’il s’agisse de textes littéraires et historiographiques, d’inscriptions, de monnaies, d’éléments architecturaux ou encore de matériaux archéologiques. En outre, il offre la possibilité d’analyser l’élaboration d’une identité collective à différentes échelles, de la communauté civique dans son ensemble jusqu’aux groupes sociaux qui structurent cette dernière, tout en s’intégrant pleinement dans une perspective diachronique, puisque toute construction identitaire est susceptible d’évolutions.

Identité, culture et sciences sociales : quelques rappels historiographiques

  • 1 Pour cette question, voir la très claire mise au point de Denis Cuche, La notion de culture dans le (...)
  • 2 S’il faut attendre l’entre-deux-guerres pour la publication de son grand ouvrage (Franz Boas, Race, (...)

3Sur cette question, l’éclairage apporté par les sciences sociales – qui eurent pendant longtemps peu de contacts épistémologiques avec la recherche en Antiquité classique – est tout à fait déterminant dans l’évolution de l’historiographie récente. Car les recherches portant sur l’identité se sont régulièrement confondues avec celles consacrées à la culture1 – étudiée depuis longtemps par les sciences sociales –, et l’évolution de la signification du terme de culture chez ces spécialistes ainsi que l’affinement progressif de la définition qu’ils en donnent peuvent, en quelque sorte, rendre compte de l’évolution de l’historiographie sur la question. L’entrée du concept en sciences sociales et ses premières définitions scientifiques remontent à la fin du xixe siècle, grâce notamment à l’ethnologue américain Franz Boas2. La méthode utilisée par ce pionnier visait à isoler et à analyser des traits culturels dans un groupe donné. Ainsi pouvaient être définies des « aires culturelles » – au sens purement géographique du terme –, et non plus des civilisations : étaient désignées de la sorte les étendues spatiales sur lesquelles ces traits avaient cours. Les zones de marges et de contact se révélèrent les plus intéressantes lorsque les chercheurs constatèrent qu’il était difficile, on s’en doute, d’isoler des aires précises.

  • 3 Edward Sapir, Anthropologie, Paris, Minuit, 1967 [1921].
  • 4 Ruth Benedict, Échantillons de civilisations, Paris, Gallimard, 1950.

4Une telle méthode souffrait d’un second défaut, celui de laisser peu de place aux individus et à leur liberté dans le schéma culturel. Edward Sapir3 réintroduisit dans les premières décennies du xxe siècle la notion de comportement concret des individus, qui seuls pouvaient rendre compte de l’actualisation des traits culturels. Cette démarche fut approfondie par Ruth Benedict4 qui a pu définir la culture non comme un ensemble déterminé de traits, mais comme un schéma, une manière cohérente de les agencer.

  • 5 Denis Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, op. cit., p. 84-85.

5Ces deux conceptions peuvent recouper en quelque sorte une distinction que fait Denis Cuche5 entre deux approches de l’identité culturelle, « objectiviste » et « subjectiviste ». Si la culture est un fait quasi naturel, alors l’identité devient également un donné dont l’individu ne peut se défaire ; en ce cas, l’identité culturelle est celle du groupe d’appartenance de l’individu et fonctionne comme une condition immanente. Cette conception répond à la première démarche que nous avons rappelée plus haut : puisque l’identité culturelle est inséparable de la culture qui la porte, il faut déterminer les différents critères « objectifs » qui définissent cette dernière. En revanche, la conception « subjectiviste » envisage l’identité comme un sentiment d’appartenance ou une identification à une communauté plus ou moins imaginaire.

  • 6 Frederik Barth, « Les groupes ethniques et leurs frontières », Théories de l’ethnicité, Philippe Po (...)

6Une telle attention, visant non plus à définir des traits culturels dans le but de cerner une hypothétique culture qui n’en serait que l’addition – conception somme toute plutôt fixiste – mais portant sur leur usage par les individus, conduisit Frederik Barth6 à l’extrême fin des années 1960 à proposer une nouvelle approche, qui allait à l’encontre des conceptions admises jusqu’alors : selon lui, la différence identitaire ne serait pas la conséquence directe d’une différence culturelle. En matière d’identité, tout dépendrait d’un phénomène de construction, qui se fonderait sur les processus de différenciation mis en œuvre par les différents groupes. Dès lors, il ne s’agit plus de caractériser les traits culturels propres à un groupe pour en définir l’identité, mais d’étudier ceux privilégiés par les individus et d’expliquer de tels choix. Ainsi, l’identité ne peut plus être pensée uniquement en termes d’héritage ; en tant que choix actif, elle ne se définit désormais que par le processus de construction dont elle est l’aboutissement.

  • 7 Voir la synthèse de Fidel-Molina Luque, « Entre l’identité et l’identification : un problème comple (...)

7Ce processus conduit aujourd’hui certains chercheurs à parler d’identification plutôt que d’identité7, et à avancer le concept de stratégie identitaire. Une telle perspective permet aussi de distinguer les concepts de culture et d’identité, puisque dès ce moment, une même culture peut être instrumentalisée de manières diverses pour défendre des identités différentes. Seule change la stratégie d’identification au gré des traits culturels qui sont utilisés de préférence à d’autres. Cette évolution dans l’étude du concept a permis de rompre l’échelle souvent trop vaste que pouvait prendre le mot culture – parfois scindé, il est vrai, en plusieurs sous-cultures. Puisque la culture et l’identité sont une question de stratégies personnelles – régies cependant par certains critères extérieurs indépendants de l’individu, en particulier le fait que l’identité doit aussi tenir compte de celle qui est imposée par les autres –, on peut se trouver avec des groupes beaucoup plus réduits en nombre d’individus.

De l’anthropologie à l’histoire : remarques liminaires sur l’utilisation des concepts d’« identité » et de « culture » pour l’Antiquité classique

  • 8 Ces questions ne sont bien sûr pas l’apanage des historiens romanistes, et l’histoire grecque s’est (...)
  • 9 Mos Maiorum. Untersuchungen zu den Formen der Identitätsstiftung und Stabilisierung in der römische (...)
  • 10 On notera seulement, à titre d’exemples, les contributions de Wolfgang Blösel, « Die Geschichte des (...)
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  • 13 Entre les chercheurs de l’Antiquité romaine et chrétienne (ARC, UPRES-A 7044 de Strasbourg et Mulho (...)
  • 14 L’invention des grands hommes de la Rome antique. Die Konstruktion der großen Männer Altroms, Maria (...)

8Cette idée de construction identitaire a été notamment utilisée par un certain nombre de chercheurs germanophones afin de réévaluer en particulier l’ensemble de la vie politique romaine8. L’ouvrage collectif publié en 2000 par Bernhard Linke et Michael Stemmler9 souligne de manière particulièrement significative l’orientation qu’a pu prendre l’application des schémas des sociologues aux réalités de la politique romaine. De fait, c’est à l’étude de l’élaboration de la mémoire collective du passé – proche ou lointain – en vue d’une instrumentalisation politique que se sont attachés les collaborateurs de cet ouvrage10. Les phénomènes de recomposition du passé sont partie prenante de l’étude de la politische Kultur, c’est-à-dire de l’ensemble des traits utilisés en politique pour créer un « terrain de reconnaissance » et permettre ainsi à un groupe donné de s’identifier. Ce passé commun ou supposé tel, fondement de l’identité dans les civilisations classiques et tout particulièrement à Rome – où le terme prit une importance capitale pour servir de sanction à tout acte public, au point de devenir le référent politique unique dans certains discours –, est l’objet de multiples ajustements et reconstructions dont les processus sont aussi révélateurs, sinon plus, que la réalité historique qu’ils recouvrent – souvent difficilement identifiable. Ce courant de l’historiographie, développé en Allemagne mais aussi en France dans les années 1990 et 2000, a été particulièrement bien illustré par les travaux de Karl-Joachim Hölkeskamp et Egon Flaig d’une part11, et ceux de Jean-Michel David d’autre part12. Dans des perspectives différentes, ces trois savants ont ainsi étudié les moyens mis en œuvre par deux groupes sociaux majeurs de la nobilitas – les partisans de la tendance optimas ou popularis –, qui devaient s’adresser à une mémoire collective pour emporter l’adhésion politique de leur parti. La constitution de cette mémoire collective passait bien entendu par l’élaboration d’un certain nombre de figures auxquelles ils devaient faire référence pour ancrer historiquement leur propos. À ce titre, le colloque franco-allemand, issu d’une collaboration impulsée par Jean-Michel David alors professeur à Strasbourg13, et consacré à l’invention des grands hommes à Rome14 – son titre soulignant clairement le mode d’analyse choisi –, présente des développements méthodologiques majeurs consacrés à la cristallisation de valeurs fédératrices autour de personnages ou d’épisodes historiques, dont on peut suivre l’évolution en prenant en compte le contexte immédiat qui préside à leur élaboration.

  • 15 Voir par exemple Tonio Hölscher, « Die Anfänge römischer Repräsentationskunst », MDAI(R), n° 85, 19 (...)
  • 16 Paul Zanker, Augustus und die Macht der Bilder, Munich, C. H. Beck, 1987.
  • 17 Filippo Coarelli, « Il sepolcro degli Scipioni », Dialoghi di archeologia, n° 6, 1972, p. 36-106, r (...)

9La construction de ces identités passe ainsi par la construction d’une mémoire. Cette dernière peut être entretenue par le discours élaboré mais aussi par d’autres vecteurs comme l’iconographie. Sur ce sujet, les études de Tonio Hölscher15 se révèlent fondatrices aussi bien pour le monde grec que pour le monde romain – auxquelles il convient d’ajouter pour ce dernier l’ouvrage fondamental de Paul Zanker16 ainsi que divers travaux de Filippo Coarelli17.

  • 18 Respectivement Michel Humm, Appius Claudius Caecus : la République accomplie, Rome, École française (...)
  • 19 Histoire de la civilisation romaine, Hervé Inglebert éd., Paris, PUF, 2005.
  • 20 Voir, encore tout récemment, Cyril Courrier, « De la mémoire du conflit au conflit de mémoire : lut (...)

10Cette démarche s’est généralisée pour atteindre tous les stades des sociétés anciennes, et l’analyse des processus de constructions identitaires est au cœur des préoccupations actuelles de la recherche en histoire ancienne. Concernant l’histoire romaine, une telle ambition a présidé tout récemment en France à l’élaboration d’ouvrages très importants, certains s’inscrivant directement dans la lignée des travaux menés par Jean-Michel David et ses élèves, à l’image de la thèse de Michel Humm consacrée à la construction de la figure d’Appius Claudius Caecus et des actes d’un colloque au titre évocateur : Aristocratie antique. Modèles et exemplarité sociale, publiés sous la direction de Christian Stein et Henri-Louis Fernoux18. D’autres laissent au contraire apparaître une nouvelle ligne historiographique française à la fois proche de « l’école » de Jean-Michel David et, en même temps, indépendante de lui, comme ce fut le cas du manuel dirigé par Hervé Inglebert sur l’histoire de la « civilisation romaine »19. Ces trois ouvrages illustrent le renouvellement historiographique récent de cette thématique20, dans le cadre duquel il nous semblait toutefois encore possible de s’insérer par le biais d’une approche plus large et pluridisciplinaire des études culturelles, ne se limitant pas aux seuls historiens. C’est cette démarche qui présida aux recherches lancées par notre laboratoire.

À l’origine d’une recherche : problématiques et questionnements du laboratoire EMCA

  • 21 Le séminaire du 28 novembre 2006, « Réflexions sur la notion de modèles culturels, à travers la que (...)
  • 22 « Types monumentaux et modèles culturels dans l’Antiquité. Réflexions sur l’échange d’art dans le m (...)
  • 23 « Définition des genres littéraires grecs et romains autour de figures de référence », le 24 avril  (...)

11En effet, le colloque d’octobre 2007 s’inscrit dans le cadre d’investigations plus larges, initiées par des séminaires ou des journées d’étude organisés entre 2006 et 2008 à l’ENS LSH par les membres du laboratoire EMCA. La préface d’André Laronde a certes amplement présenté le contenu des actes du colloque ; mais il n’est sans doute pas inutile de rappeler ici les étapes du laboratoire, afin de mieux saisir les objectifs et les présupposés de ce volume. Les sept rencontres de 2006-2007 ont opéré une première approche thématique de la question, en se centrant sur des types de figures précis ou des problématiques génériques incontournables lorsque l’on aborde la question de l’identité collective dans l’Antiquité classique, à commencer par celle des rapports entre hellénisme et romanité. Tel fut l’objet de la séance introductive du laboratoire EMCA, où les modes de construction d’une identité romaine à partir de modèles grecs furent abordés dans les cadres divers du théâtre, de la poésie élégiaque et de l’histoire de l’art21. Deux autres journées approfondirent cette question dans les domaines de l’architecture et des genres littéraires. L’objet de la première rencontre fut une réflexion sur les modalités de l’échange d’art dans le monde méditerranéen et sur la possibilité de construire une identité commune autour de certains types de monuments, en l’occurrence du théâtre et de l’amphithéâtre22. Ce dernier – le seul édifice d’un seul tenant proprement romain – devient en effet à partir de la construction du Colisée un véritable modèle architectural et un vecteur de diffusion dans les provinces de l’idéologie politique impériale. Quant au théâtre, étudié par Jean-Charles Moretti, il offre le cas unique d’un bâtiment d’une extrême longévité se ramifiant en plusieurs types architecturaux en passant de la Grèce au monde romain. Or, l’étude de la typologie des théâtres, mise en place dès l’Antiquité, montre la limite des seuls critères morphologiques, au profit d’un classement fonctionnel qui ouvre la voie à l’analyse des sociétés. La seconde journée, consacrée plus spécifiquement à la littérature, permit également d’aboutir à l’idée d’une construction très progressive et très souple de typologies génériques, dans le cas de l’émergence de la notion de genre littéraire à l’époque alexandrine étudiée par Christophe Cusset. D’autres travaux ont mis particulièrement en lumière le processus d’élaboration d’une identité littéraire spécifique des poètes latins autour de la convocation d’un modèle culturel grec : c’est le cas notamment de ceux de Bénédicte Delignon consacrés à la figure du philosophe cynique dans les Satires d’Horace – sujet où une approche en termes de modèle culturel révèle toute sa nouveauté et son intérêt23.

  • 24 Journée d’étude du 30 mars 2007 où intervinrent Y. Roman, « Deux figures stéréotypées : le bon et l (...)
  • 25 « Figures du philosophe en Grèce et à Rome », le 20 juin 2007, avec les communications de M.-O. Gou (...)
  • 26 « Les figures du passé au crible des idéologies du présent : figures d’autrefois et revendications (...)

12Car les thèmes les plus classiques peuvent être renouvelés par une lecture centrée sur les modes de construction identitaire. C’est ce qu’ont montré les travaux issus de trois journées consacrées plus spécifiquement à quelques grands types de « figures », celles de l’empereur, du philosophe et des héros de la Rome républicaine. Ainsi, la figure de l’empereur, qui domine la scène politique méditerranéenne durant plusieurs siècles, est à la fois forgée par l’intéressé lui-même, et régulièrement utilisée par des groupes qui se fédèrent autour de l’image du Princeps – ou contre elle. Tel est le cas de l’aristocratie sénatoriale avec sa typologie des bons et des mauvais empereurs – selon les analyses d’Yves Roman –, ou des monophysites qui font progressivement de Théodora, l’épouse de Justinien, une figure de leur identité24. Un processus similaire d’élaboration de types cristallisant des revendications identitaires se révèle dans de nombreux autres domaines. L’histoire de la philosophie en est un exemple, laquelle s’est construite dans l’Antiquité autour de quelques personnages érigés en figures caractérisant les différentes écoles25. Enfin, les personnages légendaires de la Rome républicaine fonctionnent également comme des figures normatives et identitaires, qui ont pour particularité de faire l’objet d’une construction progressive et complexe au cours des siècles – Jean-Michel David a grandement exploré ces processus de « maturation », notamment pour la figure de Coriolan. Or, s’il est désormais peu aisé de discerner une réalité historique derrière l’image de ces « grands hommes », de telles figures restent toutefois d’un grand secours pour comprendre la manière dont les Anciens relisaient leur passé et l’utilisaient pour définir leur société26.

  • 27 Journée d’étude du 30 janvier 2007 : « La culture orale à Rome : qu’en reste-t-il aujourd’hui ? », (...)
  • 28 « Épigraphie et modèles culturels », le 11 mars 2008, avec les interventions de M. Corbier, « Épigr (...)
  • 29 « Réflexions autour des représentations identitaires : spécificités du support iconographique », le (...)

13Ces travaux ont ainsi permis d’ouvrir la voie à l’étude des figures identitaires en abordant les plus célèbres d’entre elles et en montrant comment une telle perspective pluridisciplinaire peut renouveler des problématiques courantes, comme celle des rapports entre hellénisme et romanité, ou celle de la culture orale et populaire opposée à l’univers des élites27. Ces discussions, clôturées par le colloque dont voici les actes, ont été prolongées en 2008 par des réflexions portant plus spécifiquement sur les liens unissant types de support (iconographie, épigraphie, genres littéraires…) et revendications identitaires, où l’enjeu était de pouvoir mettre en relation une catégorie de textes ou de supports matériels avec les types de modèles culturels qui s’y trouvent façonnés. Six journées de recherche ont ainsi permis d’aborder les supports les plus divers. Mireille Corbier et Nicolas Tran se sont intéressés aux documents épigraphiques, liés à la domus augusta ou aux métiers artisanaux et commerciaux dans l’Italie centro-méridionale28. Noëlle Géroudet et Aurélia Rivière ont quant à elles abordé la spécificité du support iconographique, à travers les représentations de la déesse Roma et le thème des « Grands Yeux » ornant la céramique athénienne de la fin de la période archaïque29.

  • 30 La journée d’étude du 27 mai 2008, intitulée « Les genres poétiques mineurs dans la littérature ant (...)
  • 31 Pour reprendre les mots de Dominique Briquel, « en ces temps encore plus que de nos jours, l’origin (...)
  • 32 Journée du 8 février 2008, « Légendes de fondations et revendications identitaires dans l’Antiquité (...)
  • 33 « Identité et culture chrétienne dans l’Antiquité : la spécificité de l’apport syriaque », le 25 ma (...)

14En littérature aussi, qu’il s’agisse de textes techniques, de développements historiographiques sur les légendes de fondation ou de genres poétiques, les travaux présentés ont permis d’identifier des enjeux politiques et idéologiques au sein même de problématiques techniques ou génériques. Une telle analyse offre un intérêt tout particulier dans le cas des genres poétiques mineurs, étudiés par Jeanne Dion, Évelyne Prioux, Stéphane Itic et Joëlle Wasiolka30. De fait, les littératures grecque et romaine respectent une hiérarchie entre genres mineurs et genres poétiques nobles, lesquels, à l’instar de l’épopée, sont aisément investis par les Anciens d’une valeur culturelle élevée. Considérés non seulement comme l’excellence littéraire, mais aussi comme un ciment social, les genres nobles transmettent ouvertement des modèles politiques, idéologiques et moraux. Or, les genres poétiques mineurs peuvent aussi véhiculer une vision spécifique de la société et œuvrer à la construction de la cité : telle est l’analyse qui ressort notamment des recueils d’élégies de Properce et Tibulle ou des textes de Pline le Jeune et Juvénal. La logique générique qui conduit à une critique des « grands » genres se révèle ici moins porteuse d’éléments contestataires que de revendications identitaires destinées à consolider l’édifice politique et social. Tel est également l’enjeu des textes historiographiques consacrés aux légendes de fondation, domaine par excellence de l’élaboration, de la définition et de l’invention des identités collectives. En tant que matrice de la construction d’une communauté, le discours des origines peut en effet être considéré comme un support d’expression spécifique de modèles culturels, car c’est un champ d’investigation où le mythe se mêle à l’histoire, la tradition orale à la mise en forme littéraire, le discours collectif au point de vue d’écrivains particuliers qui retravaillent ces légendes de fondation en fonction des interrogations de leurs contemporains et des crises de leur époque31. Les travaux de Nadine Le Meur, Vanessa Berger et Gérard Salamon ont ainsi mis en évidence la divergence qu’implique, en termes d’identité collective, un discours revendiquant l’autochtonie, ou prônant à l’inverse une filiation composite mêlant des peuples divers32. Le premier, dans la littérature grecque classique, renvoie avant tout à l’idée de permanence dans l’occupation du sol – le concept d’un peuple né de la terre étant dû à la prégnance de l’interprétation des Athéniens, qui revendiquent pour eux seuls la vraie autochtonie et mêlent le mythe d’Érichtée à la notion de population indigène. Le second type de discours concerne le récit livien de la fondation de Rome, cité qui se trouve présentée de ce fait comme une « ville ouverte » en rupture avec les modèles précédents de polis. Enfin, le cas des textes rédigés en syriaque a souligné combien le choix d’une forme d’expression peut être pensé en lui-même en termes de prise de position culturelle et identitaire. Les études de Jean-Baptiste Yon et Françoise Briquel-Chatonnet permettent ainsi de considérer le syriaque comme une langue porteuse de revendications communautaires, et son écriture même comme le dernier rempart de l’identité quand la langue disparaît33.

  • 34 Séance de conclusion : « La naissance du modèle urbain colonial en Grande Grèce et en Sicile : le c (...)

15Rassemblant plusieurs pistes soulevées lors des séminaires de ces deux années de travaux, Michel Gras, dans la séance conclusive du laboratoire, s’est appuyé sur l’exemple de la cité de Megara Hyblaea pour traiter le devenir des modèles culturels et politiques dans le contexte tout à fait singulier que constitue la fondation d’une colonie grecque, en s’attachant tout particulièrement à montrer leurs applications, leurs modes de transposition en accord avec les conditions locales34.

16Ces réflexions, menées sur des sujets vastes et volontairement divers, ont ainsi permis de mettre en évidence des mécanismes similaires de construction identitaire. Or, c’est le même parti pris de la diversité, voire de l’hétérogénéité des documents interrogés et exploités au service de l’analyse d’une même dimension idéologique, qui a également guidé l’élaboration de cet ouvrage, consacré plus spécifiquement à la notion de figures identitaires. Comment fonder une identité collective autour de modèles de référence ? Ces derniers sont-ils utilisés comme des vecteurs de propagande politique, comme un moyen d’acculturation, comme l’expression de résistances communautaires ? Dans quelle mesure peut-on interpréter en termes de divergence idéologique les incohérences des sources grecques et romaines consacrées à un même personnage, historique ou légendaire ? Telles sont les questions à l’origine des travaux exposés ici, qui n’ont nulle prétention à l’exhaustivité, et ont pour seule ambition de proposer de nouvelles pistes de lecture et de réflexion sur l’élaboration des figures identitaires et leurs enjeux. Pour plus de clarté, ces dernières sont étudiées, dans les trois parties qui composent cet ouvrage, en fonction de leur nature : les grandes figures enjeux de mémoire, les pratiques sociales ou religieuses cristallisant des revendications identitaires, les catégories ou les types poétiques et génériques. Chaque sorte de figure exige en effet une approche spécifique pour mieux approfondir les problématiques communes, et nous ne voudrions en aucun cas niveler les différences de méthode ou de perspective existant entre littéraires, historiens, épigraphistes, numismates, archéologues ou historiens de l’art. Nous croyons au contraire en la complémentarité de ces points de vue, qu’il est à nos yeux essentiel de croiser pour un sujet touchant aux notions d’idéologie politique, de mémoire collective et de revendication culturelle. Il ne s’agit pas là d’une simple profession de foi, mais d’une ambition scientifique à l’origine des recherches de notre laboratoire et de cet ouvrage, qui, loin de prétendre apporter des conclusions définitives, se veut un point de départ pour des travaux ultérieurs sur les processus de construction de l’identité collective dans l’Antiquité.

Notes

1 Pour cette question, voir la très claire mise au point de Denis Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte (Repères, n° 205), 2001. En particulier sur ce rapport de l’identité à la culture, voir p. 5 sq. On notera que l’évolution de la notion de culture, comme de celle de l’identité, mène à une plus nette séparation entre les deux (voir infra).

2 S’il faut attendre l’entre-deux-guerres pour la publication de son grand ouvrage (Franz Boas, Race, language and culture, New York, MacMillan, 1940), c’est dès 1896 que ce dernier commença à critiquer la méthode dite « comparative » en anthropologie.

3 Edward Sapir, Anthropologie, Paris, Minuit, 1967 [1921].

4 Ruth Benedict, Échantillons de civilisations, Paris, Gallimard, 1950.

5 Denis Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, op. cit., p. 84-85.

6 Frederik Barth, « Les groupes ethniques et leurs frontières », Théories de l’ethnicité, Philippe Poutignat et Jocelyne Streiff-Fenart éd., Paris, PUF, 1995, p. 203-249.

7 Voir la synthèse de Fidel-Molina Luque, « Entre l’identité et l’identification : un problème complexe de la recherche sociologique dans le domaine de l’interculturalité », Sociétés : revue des sciences humaines et sociales, n° 76, 2002, p. 59-70, et particulièrement p. 62-65.

8 Ces questions ne sont bien sûr pas l’apanage des historiens romanistes, et l’histoire grecque s’est aussi intéressée, dans ces dernières années, au thème de l’identité. On notera, parmi une bibliographie moins vaste cependant, l’ouvrage de Jonathan M. Hall, Ethnic identity in Greek Antiquity, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, son introduction proposant d’intéressantes définitions, qui reprennent en partie les conclusions des travaux de chercheurs de disciplines variées (sociologues, anthropologues, psychologues, historiens) – on pourra citer, entre autres, l’ouvrage de Georges de Vos et de Lola Romanucci-Ross, Ethnic identity : creation, conflict, and accommodation, Walnut Creek, CA, Altamira Press, 1995. L’essai de Jonathan Hall présente (chap. 2 : « The nature and expression of ethnicity : an anthropological view », p. 17-33) des analyses qui s’approchent de la manière de concevoir l’identité que nous avons exposée (l’identité est sociale, construite et dynamique) ; il s’en éloigne cependant en assignant au « territoire » une place importante dans la définition de cette identité ethnique. Le reste de son étude développe thématiquement certains aspects opérants pour définir l’identité d’un groupe (discours généalogique, langue…), liés à des études de cas précises de régions de la Grèce. Plus récemment, nous pouvons noter aussi l’ouvrage collectif, publié sous la direction de Irad Malkin : Ancient perceptions of Greek ethnicity, Washington (DC), Center for Hellenic Studies, trustees for Harvard University, 2001, dont plusieurs chapitres (chap. 2, par David Konstan : « The Hellēnikon ethnos : ethnicity and the construction of ancient Greek identity », p. 29-50 ; chap. 6, par Jonathan M. Hall : « Contested ethnicities : perception of Macedonia within evolving definitions of Greek identity », p. 159-186 ; ou chap. 9, par Beth Cohen : « Ethnic identity in democratic Athens and the visual vocabulary of male costume », p. 235-274), constituant des études fondées sur l’image construite par les aristocrates, relèvent de problématiques communes avec les recherches en histoire romaine. Ces deux ouvrages paraissent toutefois caractéristiques d’une spécificité de l’histoire grecque, qui accorde semble-t-il une part plus importante à l’archéologie. Parallèlement s’est développée une autre approche, davantage liée à l’historiographie française, fondée sur l’analyse des liens entre l’individu et la communauté politique que constitue la cité. Cette thématique fut l’objet d’un colloque récent : Individus, groupes et politique à Athènes de Solon à Mithridate, Jean-Christophe Couvenhes et Silvia Milanezi éd., Tours, Presses universitaires François Rabelais, 2007, auquel on peut ajouter la contribution de Vincent Azoulay et Paulin Ismard, « Les lieux du politique dans l’Athènes classique : entre structures institutionnelles, idéologie civique et pratiques sociales », Athènes et le politique. Dans le sillage de Claude Mossé, Pauline Schmitt-Pantel et François de Polignac éd., Paris, Albin Michel, 2007.

9 Mos Maiorum. Untersuchungen zu den Formen der Identitätsstiftung und Stabilisierung in der römischen Republik, Bernhard Linke et Michael Stemmler éd., Stuttgart, F. Steiner, 2000.

10 On notera seulement, à titre d’exemples, les contributions de Wolfgang Blösel, « Die Geschichte des Begriffes mos maiorum von den Anfängen bis zu Cicero », p. 25-97, et de Maurizio Bettini, « Mos, mores und mos maiorum : die Erfindung der “Sittlichkeit” in der römischen Kultur », p. 302-353.

11 Au sein d’une importante bibliographie consacrée au sujet, on notera : Karl-Joachim Hölkeskamp, « Exempla und mos maiorum. Überlegungen zum kollektiven Gedächtnis der Nobilität », Vergangenheit und Lebenswelt. Soziale Kommunikazion, Traditionsbildung und historisches Bewußtsein, Hans-Joachim Gehrke et Astrid Möller éd., Tübingen, Gunter Narr Verlag, 1996, p. 301-338, et du même auteur, « Institutionalisierung durch Verortung. Die Entstehung der Öffentlichkeit im frühen Griechenland », Sinn (in) der Antike. Orientierungssysteme, Leitbilder und Wertkonzepte im Altertum, Karl-Joachim Hölkeskamp éd., Mayence, P. von Zabern, 2003, p. 81-104. Voir aussi Egon Flaig, « Politisierte Lebensführung und ästhetische Kultur. Eine semiotische Untersuchung am römischen Adel », Historische Anthropologie. Kultur, Gesellschaft, Alltag, n° 1, 1993, p. 13-25, et du même auteur, Ritualisierte Politik. Zeichen, Gesten und Herrschaft im Alten Rom, Göttingen, Vandehoeck & Ruprecht, 2003. Parmi les ouvrages récents, voir également Frank Bücher, Verargumentierte Geschichte (Exempla Romana im politischen Diskurs der späten römischen Republik), Stuttgart, Franz Steiner (Hermes, n° 96), 2006.

12 Voir par exemple Jean-Michel David, « Maiorum exempla sequi : l’exemplum historique dans les discours judiciaires de Cicéron », Rhétorique et histoire (l’exemplum et le modèle de comportement dans le discours antique et médiéval), table ronde organisée par l’École française de Rome, le 18 mai 1979, MEFRM, n° 92 (1), 1980, p. 67-86.

13 Entre les chercheurs de l’Antiquité romaine et chrétienne (ARC, UPRES-A 7044 de Strasbourg et Mulhouse) et ceux du Seminar für Alte Geschichte de l’université de Bâle.

14 L’invention des grands hommes de la Rome antique. Die Konstruktion der großen Männer Altroms, Marianne Coudry et Thomas Späth éd., Paris, De Boccard, 2001.

15 Voir par exemple Tonio Hölscher, « Die Anfänge römischer Repräsentationskunst », MDAI(R), n° 85, 1978, p. 315-357, ou bien, plus récemment, « Die Alten vor Augen. Politische Denkmäler und öffentliches Gedächtnis im republikanischen Rom », Institutionalität und Symbolisierung. Vestetigungen kultureller Ordnungsmuster Vergangenheit und Gegenwart, Gert Melville éd., Cologne-Weimar-Vienne, Böhlau, 2001, p. 183-211.

16 Paul Zanker, Augustus und die Macht der Bilder, Munich, C. H. Beck, 1987.

17 Filippo Coarelli, « Il sepolcro degli Scipioni », Dialoghi di archeologia, n° 6, 1972, p. 36-106, repris dans Id., Revixit Ars : arte e ideologia a Roma, dai modelli ellenistici alla tradizione repubblicana, Rome, Quasar, 1996, p. 179-238.

18 Respectivement Michel Humm, Appius Claudius Caecus : la République accomplie, Rome, École française de Rome (BEFAR, n° 322), 2005 ; Aristocratie antique. Modèles et exemplarité sociale, Christian Stein et Henri-Louis Fernoux dir., Dijon, EUD, 2007.

19 Histoire de la civilisation romaine, Hervé Inglebert éd., Paris, PUF, 2005.

20 Voir, encore tout récemment, Cyril Courrier, « De la mémoire du conflit au conflit de mémoire : lutte des ordres et mémoire de la plèbe à la fin de la République romaine », La pomme d’Éris : le conflit et ses représentations dans l’Antiquité, Pierre Sauzeau, Jean-François Thomas et Hélène Ménard dir., Montpellier, PULM, à paraître en 2010.

21 Le séminaire du 28 novembre 2006, « Réflexions sur la notion de modèles culturels, à travers la question de l’hellénisme et de la romanité », a donné lieu aux interventions de F. Kimmel sur les représentations romaines de poètes grecs, de J. Lévy sur le statut de la romanité dans la poésie de Catulle, et de M. Blandenet sur le type du rustre de la comédie grecque à la scène romaine (« Rusticus, hellénisme et romanité dans le Truculentus de Plaute »). Pour plus d’informations sur les journées organisées par le laboratoire EMCA et les communications présentées, nous renvoyons au site Internet : http://emca.ens-lyon.fr.

22 « Types monumentaux et modèles culturels dans l’Antiquité. Réflexions sur l’échange d’art dans le monde méditerranéen », le 16 mars 2007, avec les communications de C. Durand, « L’amphithéâtre comme modèle culturel romain », et de J.-C. Moretti, « Du théâtre grec au théâtre latin en Occident ».

23 « Définition des genres littéraires grecs et romains autour de figures de référence », le 24 avril 2007, avec les communications de C. Cusset, « La question de l’existence des genres dans le monde littéraire alexandrin du iiie siècle avant J.-C. », de B. Delignon, « Le satiriste et la figure du philosophe cynique », et d’E. Raymond, « Vergilius, alter Homerus aut alter ab Homero ? Attraction et répulsion vis-à-vis du modèle homérique dans la poésie épique virgilienne ».

24 Journée d’étude du 30 mars 2007 où intervinrent Y. Roman, « Deux figures stéréotypées : le bon et le mauvais empereur », S. Marsura, « L’empereur et la propagande : quel rôle faut-il donner aux monnaies dans le programme politique impérial ? », C. Chillet « Concurrencer l’empereur ? Le cas de Mécène », et C. Fauchon « La Théodora monophysite, “impératrice des réfugiés” : stratégie ou nécessité ? ».

25 « Figures du philosophe en Grèce et à Rome », le 20 juin 2007, avec les communications de M.-O. Goulet-Cazé, « Le philosophe cynique, une figure originale au sein de la cité », de B. Puech, « La confrérie des buveurs d’eau », de R. Nadeau, « Les philosophes et l’apprentissage des bonnes manières », et de L. Passet, « Une figure multiforme : être aristocrate, philosophe et romain ».

26 « Les figures du passé au crible des idéologies du présent : figures d’autrefois et revendications identitaires », le 22 mai 2007, avec les communications de J.-M. David, « Panorama historiographique et études sur la figure de Coriolan », et de M. Blandenet, « Tristis exemplum : la figure de T. Manlius Torquatus chez Tite-Live, ou la contestation d’un modèle ».

27 Journée d’étude du 30 janvier 2007 : « La culture orale à Rome : qu’en reste-t-il aujourd’hui ? », avec les interventions de C. Courrier, « Entre oralité et écriture : libelles et identité plébéienne », de M. Formarier, « Avoir de l’oreille : Cicéron et Augustin », et de J. Viret, « L’introït Puer natus est : comment l’écriture neumatique nous transmet-elle le répertoire oral du premier chant chrétien ? ».

28 « Épigraphie et modèles culturels », le 11 mars 2008, avec les interventions de M. Corbier, « Épigraphie et vocabulaire de la parenté », et de N. Tran, « La mention épigraphique des métiers artisanaux et commerciaux dans l’épigraphie de l’Italie centro-méridionale ». Ces derniers permettent de dégager à partir des inscriptions une hiérarchie des statuts de travail en milieu plébéien, et de poser les bases d’une « histoire des identités » cherchant à mettre en évidence les autoreprésentations.

29 « Réflexions autour des représentations identitaires : spécificités du support iconographique », le 20 mai 2008, avec les communications de N. Géroudet, « Roma dans tous ses états », et d’A. Rivière, « Paradoxes et tâtonnements identitaires au banquet à la fin de la période archaïque à travers l’iconographie des “Grands Yeux” ».

30 La journée d’étude du 27 mai 2008, intitulée « Les genres poétiques mineurs dans la littérature antique : quels supports pour quels modèles culturels ? », a réuni les communications d’É. Prioux, « Genus grande / genus tenue : débats sur le genre et sur le style dans la poésie alexandrine », de J. Dion, « Grand genre et genre mineur à l’époque augustéenne : interdits et transgressions », de J. Wasiolka, « Le premier chœur de la Médée sénéquienne : un épithalame en tragédie », et de S. Itic, « Deux conceptions antagonistes des genres poétiques mineurs à l’époque antonine : Pline le Jeune et Juvénal ».

31 Pour reprendre les mots de Dominique Briquel, « en ces temps encore plus que de nos jours, l’origine était ce qui permettait de donner une identité à une cité ou à un peuple, de lui conférer sa personnalité propre » (« Introduction », Origines gentium, Valérie Fromentin et Sophie Gotteland éd., Bordeaux, Ausonius, 2001, p. 13).

32 Journée du 8 février 2008, « Légendes de fondations et revendications identitaires dans l’Antiquité gréco-romaine », ponctuée par les interventions de N. Le Meur sur « L’autochtonie en Grèce ancienne », de V. Berger sur « L’attitude de Tite-Live à l’égard des légendes de fondation » et de G. Salamon sur « La fondation du peuple romain chez Tite-Live ».

33 « Identité et culture chrétienne dans l’Antiquité : la spécificité de l’apport syriaque », le 25 mars 2008, avec les communications de F. Briquel-Chatonnet, « Une langue, des écritures ; une écriture, des langues » et de J.-B. Yon, « Édesse, Palmyre, Hatra dans l’Orient romain ».

34 Séance de conclusion : « La naissance du modèle urbain colonial en Grande Grèce et en Sicile : le cas de Megara Hyblaea ».

Auteurs

Ancienne élève de l’ENS de Lyon, prépare actuellement, sous la direction de Michèle Ducos, une thèse de doctorat à l’université Paris IV-Sorbonne consacrée au Rusticus Romanus et aux représentations du paysan dans la littérature latine de la République et du début du Principat. Ses axes de recherche privilégient la littérature des iie-ier siècles avant J.-C., le corpus des agronomes latins et l’histoire des idées dans la Rome républicaine et augustéenne.

Prépare une thèse à l’université Lumière - Lyon 2, intitulée De l’Étrurie à Rome. Mécène et la fondation de l’Empire, sous la direction du professeur Yves Roman. Il est rattaché à l’UMR 5189 Histoire et sources des mondes antiques (HiSoMA). Ses axes de recherches privilégiés sont l’Étrurie du ier siècle avant J.-C. au ier siècle après J.-C., l’histoire politique du second triumvirat et des premières années du règne d’Auguste, la Rome augustéenne.

Membre de l’École française de Rome, a rédigé, sous la direction du professeur Yves Roman, une thèse intitulée La plèbe et sa culture : histoire d’un « antimonde » des Gracques à Domitien. Titulaire d’un doctorat de l’Université de Lyon préparé à l’ENS de Lyon et rattaché à l’UMR 5189 HiSoMA, il s’intéresse à l’imaginaire social des plébéiens (rapport au travail, pratiques de l’espace urbain, identités et actions collectives, culture de la plebs media…).

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