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La terre sigillée gallo-romaine

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Colette Bémont
, 
Jean-Paul Jacob

Les ateliers du centre de la France

Groupe de Lezoux

Philippe Bet, Hugues Vertet, Paul Valaude, Anne‑Marie Romeuf, Luc de Féraudy, Max et Paul Vauthey

Texte intégral

Centre de production de Lezoux

1Lezoux est situé dans le département du Puy‑de‑Dôme, arrondissement de Thiers, canton de Lezoux ; son altitude est d’environ 360 m. L’agglomération des potiers se trouvait implantée sur une bande de terrains argilo‑sableux orientée à peu près nord‑sud, dans une zone limitée entre une région de bosquets au relief vallonné, les Varennes, et la plaine limoneuse et fertile de la Limagne qui pousse des langues jusqu’au pied de ces terrasses. Lezoux se trouve à 26 km de Clermont‑Ferrand, à 154 km de Lyon et à environ 170 km de La Graufesenque. Les lieux‑dits principaux où des vestiges d’ateliers ont été repérés ou fouillés sont les suivants : Côteau‑de‑la‑Vallière, Moulin‑à‑Vent, Les Plantades, route de Maringues, Prafréchat, Ligonnes, Saint‑Jean, L’Enclos, Ocher, rue Saint‑Taurin, rue de la République, rue Pasteur.

■ Circonstances de la découverte et état du site

2Les premiers ateliers auraient été découverts au xviiie s., aux alentours des années 1773‑1780 ; plusieurs dizaines de fours auraient été alors découverts au nord du bourg de Lezoux, près de Ligonnes. Des fouilles désordonnées, suscitées par des collectionneurs et des antiquaires, ne cessèrent de se succéder jusqu’en 1958. Depuis cette date, des fouilles de sauvetage sont menées chaque année durant plusieurs mois. Des prospections au sol sont régulièrement organisées sur des sites d’ateliers de potiers et des habitats antiques situés en milieu labouré et menacés d’arasement. En 1976, une campagne de prospection systématique a été entreprise sur l’étendue de toute la commune de Lezoux, des communes voisines de Lempty, de Seychalles et de Moissat. Il en ressort une extrême densité de sites archéologiques, notamment d’habitats, dans la plaine fertile qui s’étend autour du bourg de Lezoux ; cette densité est liée aux ateliers de Lezoux car elle chute dès que l’on s’éloigne de 3 à 5 km des points de production céramique. Faute de moyens financiers, peu de prospections aériennes ont été entreprises sur le site de Lezoux. Des prospections géophysiques très ponctuelles ont été effectuées par M. Thellier et l’institut de physique du globe.

3Des fouilles minutieuses sont effectuées depuis 1958 ; toutes ont été entreprises avant ou pendant la construction de lotissements, de maisons individuelles, de routes... L’urbanisation intense de la commune de Lezoux est telle qu’elle est en train de recouvrir tous les secteurs d’occupation antique. Actuellement, des fouilles de sauvetage d’urgence et des fouilles de sauvetage programmé sont en cours, mais sur une échelle très réduite par rapport à l’importance nationale et internationale du site. Par ailleurs, le site archéologique de Lezoux qui comprend de nombreux gisements est fortement menacé. Toutes les zones fouillées depuis 1958 ont été détruites ou recouvertes par les constructions, sauf quelques fours sur un terrain acheté par le ministère de la Culture, mais menacé par les fouilleurs clandestins. Aucun vestige in situ n’est visible ; c’est particulièrement regrettable, d’autant plus que la présentation de sites d’ateliers de potiers constituerait l’attraction touristique de la ville de Lezoux.

4La superficie qu’occupent les ateliers de potiers est difficile à évaluer : les ateliers ne sont pas contigus et la superficie de chacun nous reste inconnue. On peut cependant proposer l’approximation suivante en faisant toutes les réserves d’usage : ateliers de céramique sigillée et poterie fine: 40 ha ; ateliers de tuiliers: 3 ha ; autres implantations antiques (habitat, nécropoles,...): 20ha.

■ Contexte historico‑géographique

5Le site se trouve dans la province d’Aquitaine, dans la ciuitas des Arvernes, et n’est pas situé sur une limite administrative. On peut supposer une implantation rurale dépendant d’un vicus. Le nom du pagus antique ne nous est pas connu mais une monnaie mérovingienne nous a transmis le nom de Ledoso vico.

6La voie romaine Lyon‑Bordeaux passait probablement non loin des ateliers mais son tracé exact n’est pas établi. La rivière de l’Allier se trouve à 7/8 km des ateliers et servait à des transports fluviaux ; deux bateaux chargés de céramiques ont d’ailleurs été trouvés dans l’Allier.

7Sous les terres de la Limagne se trouve une épaisse couche d’argile souvent jaune datant de l’OIigocène. Des carrières d’argile existaient à une période encore récente à Ballalot et les caractères de la nappe d’argile sont si homogènes qu’il n’est pas possible par analyse de déterminer les lieux d’extraction antiques. Il est à noter que les ateliers de potiers se trouvaient généralement implantés sur des terrains sableux, contrairement aux ateliers de tuiliers, comme ceux des Fromentaux, qui s’installaient directement sur les gisements d’argile. La nappe phréatique est présente sous tous les ateliers, généralement à une faible profondeur (3 à 6 m). De vastes zones semblent avoir été inoccupées entre les officines mais leur superficie paraît trop faible cependant pour correspondre à des zones boisées qui auraient pu fournir le combustible nécessaire. Il est possible qu’elles aient été occupées par des cultures vivrières. La prospection systématique de Lezoux a néanmoins révélé qu’à partir des parties nord et sud‑est de la commune se trouvent sur plusieurs dizaines de kilomètres (dont une dizaine situées sur le territoire de Lezoux) des terres où aucune implantation antique ne semble avoir existé et qui pourraient peut‑être correspondre à des zones boisées dans l’Antiquité. Quelques bois existent d’ailleurs actuellement dans ces deux parties de la commune.

8La datation des ateliers fouillés est faite à partir de la céramique associée aux structures (céramique elle‑même datée par référence aux sites consommateurs) et par d’autres mobiliers archéologiques (monnaies...).

9Lezoux est situé en bordure des terres riches de Limagne. Les prospections ont montré une implantation assez dense d’exploitations agricoles et de petits vici (Saint‑Rome, carrefour D 104/N89...). Toutefois, sur le site et dans ses environs immédiats, aucun autre artisanat (verriers, bronziers...) n’a été repéré. Il est possible que l’excellente qualité de l’argile ait seulement favorisé le développement d’un grand centre céramique, les rapports avec la capitale et les autres concentrations humaines restant faciles. De riches villae (fragments de marbre, etc.) existaient non loin des ateliers ; plusieurs ont été détruites et aucune n’a pu bénéficier de fouilles rigoureuses.

10Les ateliers de Lezoux ont profité de la prospérité qu’a connue la Gaule au ier et au iie s. de notre ère, mais ont aussi partagé ses difficultés. Après un bon départ sous Tibère, une récession s’est produite jusqu’aux Flaviens, puis les ateliers ont retrouvé une grande prospérité avec notamment de nouveaux potiers et de nouvelles techniques. La crise engendrée par Albinus sous Septime Sévère est sans doute à mettre en rapport avec le fait que nous identifions très difficilement en fouille des traces d’activité au iiie s. Les ateliers de Lezoux durent péricliter à cette époque et seule une production « sigillée » médiocre est attestée dans la seconde moitié du ive s.

■ Activité céramique

11Aucune fouille n’a permis la découverte de fours protohistoriques à Lezoux, mais l’implantation laténienne y est suffisamment attestée (tombes, fonds de cabane, drains) pour rendre leur existence probable. Un four protohistorique (âge du Bronze) a été aperçu avant sa destruction près de Culhat lors de la construction de l’autoroute B 71 à 8 km de Lezoux. Les premières productions céramiques attestées à Lezoux datent par conséquent du règne de Tibère, avec production de sigillée.

12Sous Tibère, les ateliers de Lezoux fabriquèrent, outre la sigillée, des céramiques fines (vases jaunes ou noirs décorés à la molette, cruches blanches, vases peints, à glaçure plombifère…) et grossières. Durant toutes les périodes d’activité du site, on produisit des céramiques très diverses (vases à parois fines, poterie commune, céramique métallescente, éléments architecturaux, lampes, patères, statuettes [rares]…) conjointement avec la sigillée.

13Après les dernières productions de sigillée au ive s., une activité céramique a persisté à Lezoux à diverses époques. La production paraît n’avoir dépassé que rarement le marché local ou régional (faïences de Ravel) et n’était pas différente de celles fournies par d’autres ateliers de la région. Enfin au xixe, début du xxe s., la fabrique Bompart sut développer jusqu’au niveau national une production massive de grès et de faïence, mais elle périclita après la Première Guerre mondiale. En tout cas dans l’Antiquité la production majeure reste la sigillée.

14Les ateliers de Lezoux semblent avoir exercé constamment un rôle de « métropole » régionale, et en même temps subirent, surtout au ier s., de nombreuses influences étrangères plus ou moins lointaines et encore incomplètement identifiées : influences directes d’Arezzo sur Lezoux, influences probables d’Arezzo et de la vallée du Pô sur la vallée du Rhône, puis transmission à Lezoux, sous Tibère, influences de La Graufesenque au ier s., influences de la vallée du Rhône sur Lezoux sous Trajan. On observe, en revanche, des influences de Lezoux sur les ateliers de la Gaule centrale, sur les ateliers de l’Est, et parfois même l’émigration de potiers. À partir du iie s., Lezoux exerce au loin plus d’influence qu’elle n’en subit et enrichit peu ses répertoires de sujets. Outre les influences stylistiques qu’on observe, on a retrouvé à Lezoux des produits importés d’autres ateliers, comme ceux d’Arezzo, de Lyon, de La Graufesenque, d’Autun…, mais nous n’avons pas découvert à ce jour de moules importés à Lezoux ; cependant quelques fragments de vases en argile de Lezoux ont été fabriqués dans des moules dans le plus pur style de La Graufesenque et sont actuellement conservés à Saint‑Germain‑en‑Laye (collection Plicque).

15Des analyses physico‑chimiques sont effectuées par les laboratoires du C.E.R.G.R. à Lyon (M. Picon) et du C.S.N.S.M. à Orsay (M. Widemann). Elles ont notamment démontré que l’utilisation d’une argile calcaire est liée au grand développement de Lezoux au iie s., alors qu’une argile non calcaire a été employée aux ier et ive s., périodes de moindre perfection technique et de moindre diffusion. Mais certains vases de la fin du iie s. sont à nouveau fabriqués avec une argile non calcaire. Voici un résumé des résultats obtenus à Lyon : Lezoux 1 : no 101 ‑ K20 : 3,81 ± 0,22 ; MgO : 1,39 ± 0,23 ; CaO : 1,74 ± 1,25 ; MnO : 0,034 ± 0,011; AI2O3 : 26,8 ± 1,8 ; Fe2O3 : 4,85 ± 0,83 ; SiO2 : 60,2 ± 2,1 ; TiO2 : 1,13 ± 0,13. Lezoux 2 : no 22 ‑ K2O : 3,81 ± 0,14 ; MgO : 1,39 ± 0,31 ; CaO : 2,60 ± 2,38 ; MnO : 0,052 ± 0,026 ; AI2O3 : 20,8 ± 2,4 ; Fe2O3 : 4,93 ± 0,86 ; SiO2 : 65,6 ± 1,4 ; TiO2 : 0,72 ± 0,06. Lezoux 2 : no 109 ‑ K2O : 3,54 ± 0,28; MgO : 1,45 ± 0,20 ; CaO : 9,47 ± 1,82 ; MnO : 0,065 ± 0,018 ; Al2O3 : 21,8 ± 0,9 ; Fe2O3 : 5,42 ± 0,45 ; SiO2 : 57,4 ± 1,9 ; TiO: 0,82 ± 0,04.

■ Définition archéologique du matériel sigillé

16La qualité de la pâte, de l’engobe et de la cuisson a beaucoup varié d’une période à l’autre :

  • productions libériennes : pâte jaune‑clair, rose‑pâle, saumon, chamois, gris‑rose ou blanche; engobe orange à rouge foncé, à l’aspect mat et parfois luisant mais jamais brillant ;

  • productions du milieu du ie’ s. : pâte jaune‑clair, jaune‑rose, saumon; engobe jaune‑orangé à rouge, à l’aspect mat, luisant et parfois brillant;

  • productions de la fin du ie’ s. et du début du iie s. : pâte jaune; engobe orangé, à l’aspect brillant;

  • productions du iie s. (et sans doute tout début iiie) : pâte jaune, rose, saumon, rouge brique; engobe rouge, rouge‑orangé à rouge foncé, à l’aspect principalement brillant à très brillant;

  • productions du ive s. : pâte jaune, jaune‑rose; engobe orangé, rouge, à l’aspect mat ou luisant.

17Les estampilles sont épigraphiques dans leur grande majorité. Les marques anépigraphes sont principalement des rosettes et, très exceptionnellement, des animaux ou des fleurs : poisson, oiseau, dyclitra (associée avec un graffite de Mafernus). Certaines estampilles combinent la rosette et le nom du potier. La forme des cartouches est généralement rectangulaire, parfois circulaire, rarement carrée, avalisée, ou à queues d’aronde. Dans la première moitié du ier s., certaines estampilles sont écrites sur deux lignes. Pour cette même période nous avons également relevé la présence d’un estampillage radial. Des graffites exécutés avant cuisson dans des moules se retrouvent sur la céramique moulée. Aucune marque n’a été retrouvée sur la céramique du ive s.

18Les formes sigillées lisses principales sont les suivantes (fig. 1) : ier s. : Ritt. 5, 1, 13, 8 ; Drag. 15/17, 17, 24/25, 18, 19, 35, 36, 27 ; iie s. : Drag. 24/25, 18/31, 27, 33, 38, 35/36, 37, 30, 40, 42, 43, 44, 46 ; Curle 15, Walters 79/80, Ludowici T ; ive s. : DS.C.D. 1a, 1b, 1c, 1d, 4a, 13a, 13b, 4b, 15, 14. Nous rencontrons aussi en fouille des formes inédites, souvent fragmentées, en un ou quelques exemplaires. Certaines d’entre elles peuvent être des fantaisies passagères d’un potier, comme cette petite marmite en terre commune et recouverte d’un vernis sigillé (iie s.) que nous avons découverte en septembre 1985. Une certaine évolution est constatée dans la sigillée lisse ; ainsi par rapport au ier s., la quantité et la diversité des bols et des coupes sont plus importantes au iie s. Leur contenance est généralement plus grande au iie s. que précédemment.

• 1. Lezoux. Principaux types de céramique sigillée non décorée ou à décor secondaire.

19Le docteur Plicque affirmait avoir trouvé près de 3 000 noms (ou, sans doute, plutôt graphies) de potiers. Dans l’état actuel de nos recherches, nous en comptabilisons plus de 500 absolument certains et près de 300 probables.

20Les formes principales de sigillée décorée sont les suivantes (fig. 2, 3 et 4) : ier s. : Drag. 11, 29 ; f.m. 28 ; Hermet 15 ; Déch. 57 ; iie s. : Drag. 30, 37, 45 ; Déch. 64, 65, 66, 67, 68, 71, 72 ; f.m. 38, 40 ; ive s. : Drag. 37, 45 ; DS.C.D. la ; f.m. 83.

• 2. Lezoux. Principaux types de céramique sigillée décorée.

• 3. Lezoux. Exemples de décors. 1‑3 : vases du Ier s. ; 4 : vase signé de Libertus (env. 90 ‑ env. 120) ; 5 : vase du milieu du IIe s. ; 6 : vase de la fin du IIe s.

• 4. Lezoux. Exemples de décors. 7‑9 : vases moulés du IVe s. ; 10 : vase ovoïde à décors d’applique du IVe s.

21À la fin du ier s., on assiste à une simplification des méthodes permettant une plus grande productivité. Le Drag. 29 est ainsi progressivement abandonné au profit du Drag. 37. Au ive s., de toutes les formes moulées du iie s., seule subsiste la forme 37. La forme 45 qui apparaît tardivement au iie s. est également conservée dans le répertoire des potiers du ive s., ainsi que des variantes du Drag. 45 et du Déch. 72. Les techniques employées pour la décoration des vases dans l’ensemble restent classiques : vases moulés, reliefs d’applique, décors à la barbotine, guillochage, excision. Le décor à la peinture ou le pastillage à la barbotine blanche sont rares.

22On peut évaluer entre 150 et 200 le nombre de potiers mouleurs qui ont travaillé au iie s. Le mode le plus fréquent de signature sur vases moulés est l’estampille intradécorative, parfois infradécorative. Une signature cursive écrite au fond du moule, et souvent partiellement effacée lors de la pose du pied, est parfois visible entre la partie inférieure du décor et le pied ; cette signature, qui est celle du fabricant du moule, est remplacée parfois par une estampille. On peut également trouver une estampille, toujours de petite dimension, apposée après le tournage au‑dessus de la rangée d’oves ou parfois même au‑dessous. Des potiers comme Auentinus ou Priscinus signaient après le démoulage dans le décor ou au‑dessus du pied.

■ La fabrication

23Beaucoup d’éléments ayant servi à la fabrication des vases sigillés se retrouvent lors des fouilles des ateliers. Il s’agit de moules de vases et de reliefs d’applique, de crapaudines de tour, de tournettes, de massettes, de colifichets, de cales, de supports cylindriques, de tuyaux de chauffe, de barolets, et de petits outils pour le lissage.

24S’ils sont signés, les moules comportent une estampille infradécorative (Aduocisus, Attianus…) ou intradécorative (Cinnamus, Pafernus...) accompagnée parfois d’un graffite en cursive tracé sur le fond intérieur ou extérieur (Sacer, Mercator, Catussa…), qui peut être un nombre (XII, XX...). Les marques sur le mobilier d’enfournement sont plus rares, comme le graffite d’un nombre sur une cale de four ou l’estampille sur les supports cylindriques (Antistii).

25Depuis la découverte du site au xviiie s., il est difficile de comptabiliser le nombre de fours ; 70 à 110 fours auraient été exhumés au xviiie, le docteur Plicque en aurait trouvé 160 à 200 au xixe s. Nos fouilles menées depuis 1958 nous ramènent à des chiffres beaucoup plus modestes. Sur les 28 fours que nous avons décelés, nous n’avons pu en fouiller que 17 dans des conditions satisfaisantes. Leur forme et leur datation se répartissent ainsi : fours circulaires ou ovales du ier s. (5 découverts et fouillés), fours rectangulaires du ier s. (2 découverts et fouillés), fours circulaires du iie s. (6 découverts dont 2 fouillés), fours rectangulaires du iie s. (9 découverts dont 6 fouillés), four carré du iie s. (1 fouillé), fours de forme indéterminée du iie s. (3 décelés), four rectangulaire du ive s. (1 découvert et fouillé), four de forme indéterminée du ive s. (1 décelé).

26Hormis les fours, nos fouilles ont révélé un grand nombre de structures très diverses, comme des ensembles d’aires dallées de préparation de l’argile (les plus grandes ayant plus de 120 m2 de superficie, les plus petites environ 2,50 m2), des fossés d’amenée d’eau, des murs de clôture d’atelier, une salle de séchage, des puits, des conduites d’eau, des dépotoirs, des fosses, des chemins...

■ Les potiers

27Les tria nomina sont très rares à Lezoux (Q.I(ulius). Balbinus, Q.Val.At) et nous n’avons pas d’attestation épigraphique d’esclaves. Nous connaissons en revanche un certain nombre d’associations de potiers comme celle de Priscus/Clemens, Pugnus/Secundus, Rentus/Secundinus, Namil/Croesi/Secundinus, Gemellinus/Seruus. Quelques cas de filiation ont été mis aussi en évidence : ainsi Libertus → Butrio → Austrus, Casurius → Doeccus Caletus.

28Plusieurs potiers de Lezoux ont émigré vers l’Est, c’est le cas d’Austrus qui est parti à Blickweiler, de X‑l, à Chémery. Ces migrations sont mises en évidence par l’étude des styles et des répertoires, les signatures, les apports d’outils en argile de Lezoux.

■ La diffusion

29La diffusion principale et régulière des productions de Lezoux s’est étendue dans toute la partie nord de l’Empire romain, jusqu’au Rhin et au Danube, et couvre donc, du moins partiellement, la Grande‑Bretagne, l’Allemagne, la Suisse, les Pays‑Bas. Les vases de Lezoux sont rares en Espagne ou en Italie. En Gaule, la diffusion est abondante sauf dans le midi de la France. Cette diffusion était assurée par les voies routières et fluviales.

■ Bibliographie

30DÉCHELETTE (J.). — Les Vases céramiques ornés de la Gaule romaine. Paris, 1904, 2 vol.

31ROGERS (G.). — Poteries sigillées de la Gaule centrale. I. Les motifs non figurés. Paris, 1975, (XXVIIIe suppl. à Gallia).

32STANFIELD (J.A.), SIMPSON (G.). — Central Gaulish Potters. Oxford, 1958.

33BÉMONT (C.). — À propos de Catussa. Gallia, 31, 1973, pp. 81‑122.

34BÉMONT (C.). — Décors sigillés dans le style de Paternus : moules et gobelets Déchelette 68. Gallia, 33, 1975, pp. 171‑ 202.

35BÉMONT (C.). — Moules et gobelets ornés de la Gaule centrale au Musée des Antiquités Nationales. Paris, 1977, (XXXIIIe suppl. à Gallia).

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37BÉMONT (C.), ROGERS (G.). ‑ Libertus (ou Liberti ?): II. Le style aux graffites. Gallia, 37, 1979, pp. 141‑200.

38DETSICAS (A.P.). — The Anonymous Central Gaulish Potter known as X 3 and his Connections. Bruxelles, 1963 (Latomus, 64).

39HARTLEY (B.), VERTET (H.). — Fouilles de Lezoux, le chantier Audouart. R.A.C., 27, 1968, pp. 213‑223.

40MARTIN (J.). — L’Évolution des vases sigillés de Lezoux. Bull. Hist. et Scient, de l’Auvergne, LXII, 1942.

41MEILLE (E.), PICON (M.), VERTET (H.). — Quelques observations techniques sur les sigillées du ive siècle à Lezoux. R.C.R.F. Acta XI‑XII, 1969‑1970, pp. 125‑129.

42OSWALD (F.). — The Decorated Work of the Potter Butrio. J.R.S., XX, 1930, p. 72 et sq.

43OSWALD (F.). — Index of Potters’ Stamps on Terra Sigillata « Samian Ware ». Margidunum, 1931.

44OSWALD (F.). — Bowls of Acaunissa trom the North of England. J.R.S., XXI, 1931, p. 215 et sq.

45OSWALD (F.). — The Work of the Trajanic Potter G. IVLIVS VIBINVS or VIBIVS of Lezoux. Liverpool Annals of Archaelogy, XXVIII, 1948, pp. 55‑61.

46PIBOULE (A.), SÉNÉCHAL (R.), VERTET (H.). — Les Potiers de Lezoux du premier siècle. Avignon, 1981, (Sites).

47PICON (M.), VERTET (H.). — La Composition des premières sigillées de Lezoux et le problème des céramiques calcaires. R.A.E., XXI, 1970, pp. 207‑218.

48PICON (M.). — Introduction à l’étude technique des céramiques sigillées de Lezoux. Dijon, 1973, (Centre de recherche sur les techniques gallo‑romaines, no 2).

49RIGOIR (J. et Y.), RAIGNOUX (R.). — Céramique du ive siècle trouvée à Lezoux. R.C.R.F. Acta XI‑XII, 1969‑1970, pp. 92‑111.

50SANQUER (R.). — Le Style des Antistii, potiers de Lezoux. Annales de Bretagne, LXXIV, 1967, pp. 167‑172.

51ROGERS (G.). — Banassac and Cinnamus. R.C.R.F. Acta XI‑XII, 1969‑1970, pp. 98‑106.

52SAUVAGET (R.). — Le Potier Seruus II de Lezoux. R.A.C., 3, 1970, pp. 127‑142.

53SIMPSON (G.). — Metallic Black Slip Vases from Central Gaul with Applied and Moulded Decoration in Britain. A. J., LIII, 1973, pp. 42‑51.

54SIMPSON (G.), ROGERS (G.B.). — Cinnamus de Lezoux et quelques potiers contemporains. Gallia, 1969, pp. 3‑14.

55STANFIELD (J. A.). — A Samian Bowl from Bewcastle with a note on the Potters Casurius and Apolauster. Transactions of Cumberland and Westmorland Antiquarian and Archaeological Society, N.S., XXXV, 1935, pp. 182‑205.

56VERTET (H). — Les Vases caliciformes de Roanne et la chronologie de la terre sigillée de Lezoux au début du ier siècle. Gallia, XX, 1942, pp. 350‑380.

57VERTET (H.). — La Céramique sigillée tibérienne à Lezoux. R.A., 1967, pp. 255‑286.

58VERTET (H.). — Les Fouilles de Lezoux 1963‑1964. Bull. Com. archéol. de Lezoux, 2, 1969, pp. 12‑21.

59VERTET (H.). — Les Fouilles de Lezoux 1965‑1966. Bull. Com. archéol. de Lezoux, 3, 1970, pp. 8‑14.

60VERTET (H.). — Remarques sur les rapports entre les ateliers céramiques de Lezoux, de la vallée de l’Allier, de La Graufesenque et ceux de Lyon. R.C.R.F. Acta XIII, 1971, pp. 92‑111.

61VERTET (H.). — Manches de patères ornés en céramique de Lezoux. Gallia, 30, 1972, pp. 5‑40.

62VERTET (H.). — Projet d’un répertoire de vases à décor moulé fabriqués à Lezoux. R.A.C., 1972, pp. 283‑298.

63VERTET (H.). — Les Nécropoles de Lezoux. Bull. Com. archéol. de Lezoux, 8, 1975, pp. 20‑23.

64VERTET (H.). — Lezoux et les ateliers du centre de la Gaule. In: Céramique en Gaule romaine. 1975, pp. 35‑50, (Les Dossiers de l’Archéologie, no 9).

65VERTET (H.). — Les Fours de potiers gallo‑romains du centre de la Gaule. Berlin, 1977, (Brenntechniken von Keramik).

66VERTET (H.), BET (P.). — Fouilles du terrain de l’Œuvre Grancher à Lezoux. Les structures gallo‑romaines du second siècle. In : Recherches sur les ateliers de potiers gallo‑romains de la Gaule centrale, I, 1980, pp. 43‑72.

■ Collections principales et lieux de conservation

67Musée archéologique de Lezoux.

68Dépôts des fouilles archéologiques de Lezoux (Graves et Duchasseint).

69Musée des antiquités nationales (collection Plicque).

70Musée de Roanne.

71Musée de Clermont‑Ferrand.

72British Muséum.

73Collection Oswald‑Plicque (Université de Nottingham et Université de Durham).

74Musée d’Utrecht.

75Collections particulières : Fabre‑Ollier (château de la Gagère à Bort‑l’Étang), Plicque‑Perrier (Lezoux), Augé (Biot), Martin (Ain).

■ Responsables actuels du site

76Conservateur du musée : Hugues Vertet.

77Directeur des fouilles : Philippe Bet.

78Le Directeur des Antiquités historiques de la région d’Auvergne.

Courpière

79L’atelier se trouvait au lieu‑dit Bellîme, sur le territoire de la commune de Courpière, canton de Courpière, arrondissement de Thiers, dans le département du Puy‑de‑Dôme ; son altitude est de 329 m.

■ Circonstances de la découverte et état du site

80Le 27 septembre 1977, lors de travaux de viabilité qui devaient assurer l’élargissement du chemin de Bellîme en vue de la construction du C.E.S. de Courpière, furent découverts par Paul Valaude les premiers fours de l’atelier. Cependant des découvertes effectuées en 1972 par MM. Jodas et Valaude et étudiées par Hugues Vertet présumaient déjà de l’existence du site. Des prospections de surface, des fouilles de sauvetage d’urgence en 1977, 1978 et 1980 ont permis la découverte de cinq fours, de moules, de supports de cuisson (mais d’aucun colifichet), de tuyaux de chauffe et de fragments de vases. L’ensemble du site semble avoir été entièrement détruit lors de la construction du collège. Un four néanmoins conservé in situ dans la cour du collège est actuellement recouvert par une couche de sable ; aucun crédit n’a pu être obtenu pour sa présentation malgré sa conservation exceptionnelle. L’atelier devait occuper une superficie d’environ 2 000 m2.

■ Contexte historico‑géographique

81L’atelier de Courpière se trouvait dans la province d’Aquitaine et la ciuitas des Arvernes. Il devait être isolé et correspondait à une implantation rurale. Une voie romaine est bien attestée à 1 km du site qui se trouve sur une terrasse alluviale de la Dore dans une région montagneuse du Bas‑Livradois, dans une zone de contact avec la Limagne. Les matières premières nécessaires au fonctionnement de l’atelier se trouvent à proximité ; le sable est sur place, des lentilles d’argile sont charriées par la Dore et des carrières d’argile sont situées à 4 km du site, aux Thioulards. Pour l’eau, la nappe phréatique se trouve à quelques mètres et la rivière de la Dore à 500 m ; notons également la présence de nombreuses serves (mares) à Bellîme. Quant aux bois, la proximité immédiate des massifs boisés devait assurer à l’atelier un ravitaillement sans problème.

82Le site n’est daté que par la céramique moulée trouvée dans le remplissage terminal des fours et par comparaison par rapport aux productions de Lezoux. L’activité de l’atelier de Courpière est à mettre en rapport avec le redémarrage et le développement des ateliers de Lezoux à la fin du ier s. de notre ère.

■ Activité céramique

83L’atelier de Courpière peut être considéré comme un atelier satellite de Lezoux, notamment par le style des décors moulés. Aucune estampille n’a été découverte sur le site et nous ne pouvons relever que la présence de quelques graffites (XXX, XA) sur des vases. L’atelier fabriquait probablement aussi des poteries communes et des vases à parois fines, grésés, à fond ombiliqué.

■ Définition archéologique du matériel sigillé

84L’argile employée n’est pas calcaire et la pâte cuite est de couleur jaune‑orangé clair ; le vernis est rouge, parfois rouge‑orangé. Pour les formes lisses, le Drag. 35/36 avec ou sans feuilles d’eau prédomine très largement ; les formes 42, 43 furent également produites. Quant aux vases moulés, seuls les Drag. 30 et 37 semblent avoir été fabriqués. Le potier X‑l de Lezoux paraît avoir été l’un des principaux artisans qui ont travaillé dans cet atelier. Il a émigré ensuite dans l’Est et a travaillé à Chémery.

■ La fabrication

85Le matériel de fabrication retrouvé sur le site se compose de moules ouverts, de supports de cuisson, d’isolateurs, de tuyaux de chaleur, de meules en arkose et en lave. Depuis la découverte du site, 5 fours ont été repérés ; deux ont pu être fouillés dans des conditions assez satisfaisantes et un dans des conditions très défavorables. Parmi ces 3 fours, 2 étaient circulaires (dont celui qui est conservé dans l’enceinte du collège), le troisième, ovale. Les fours circulaires avaient environ 1 m de diamètre, le four ovale avait une longueur nord‑sud de 1,70 m et une largeur de 1,80 m. Aucune trace de bâtiments ou d’habitations n’a pu être relevée dans l’environnement des fours.

■ La diffusion

86La diffusion des productions de Courpière n’a pas encore été déterminée mais la position de l’atelier à proximité de deux voies, l’une terrestre, l’autre fluviale (la Dore fut navigable jusqu’à la fin du xviiie s.), le prédisposait à l’exportation.

■ Bibliographie

87JODAS (M.), VALAUDE (P.). — Quelques vestiges autour de Courpière. Bulletin du Comité Archéologique de Lezoux, no 6, 1973.

88VALAUDE (P.). — Des Potiers gallo‑romains à Courpière. Bulletin Municipal de Courpière, 1978.

89BET (P.), VALAUDE (P.). — Rapport sur les fouilles de Courpière. Direction régionale des antiquités historiques d’Auvergne, 1978. VERTET (H.). — Carte des ateliers de Potiers de la Gaule Centrale. In : hors série no 6 de Sites, 1980.

■ Collections principales et lieux de conservation

90Le mobilier archéologique le plus caractéristique de l’atelier de Bellîme est présenté à la bibliothèque municipale de Courpière, le reste, déposé à la Mairie de Courpière.

■ Responsables actuels du site

91Directeurs des fouilles : Philippe Bet et Paul Valaude. Responsable de la conservation du mobilier à Courpière : Paul Valaude.

92Le Directeur régional des Antiquités historiques de la région d’Auvergne.

Les Martres‑de‑Veyre

93L’atelier de céramique sigillée des Martres‑de‑Veyre est situé sur la commune du même nom, dans le département du Puy‑de‑Dôme, arrondissement de Clermont‑Ferrand, canton de Veyre‑Monton, au lieu‑dit Le Lot, à une altitude de 340 m.

■ Circonstances de la découverte et état du site

94Dès le milieu du xixe s., il fut l’objet de découvertes fortuites dont la localisation exacte n’a jamais été établie avec précision. En 1882, des recherches ont été entreprises par les fermiers et propriétaires des champs où il se situait, notamment par Madame Phelut, puis s’y succédèrent Messieurs Vazeilles, Kuhn, Charvilhat, Plicque et Lhéritier jusqu’en 1913, avant que de nouvelles fouilles ne soient engagées par M. Terrisse en 1934. En 1966, c’est le remembrement qui faisait découvrir, à une centaine de mètres de là, le quartier artisanal où nous avons fouillé de 1973 à 1982. Les prospections au sol ont montré que l’atelier semblait limité à quelques points précis, le plus important étant le secteur fouillé par M. Terrisse. Les mesures au magnétomètre à protons autour du site exploré par ce dernier, complétées de quelques sondages, ont confirmé que l’atelier dans cette zone avait été entièrement fouillé, les alentours proches étant totalement stériles. Des prospections au même magnétomètre et au résistivimètre dans le périmètre des fouilles récentes n’ont pas donné de résultats significatifs en raison de la présence de blocs de basalte dans le sous‑sol et de la forte épaisseur de terre recouvrant le niveau gallo‑romain. Enfin, les survols aériens du territoire de la commune n’ont pas permis de déceler d’autres traces d’atelier bien qu’il en existe probablement. Les fouilles proprement dites ont été nombreuses. De 1934 à 1957, M. Terrisse a effectué une série de campagnes au bord de l’Allier. En 1966, H. Vertet a commencé un sauvetage que nous avons complété en 1968 sur une terrasse de la rivière, à 150 m de là au sud‑ouest. De 1973 à 1982, nous avons repris dans le prolongement de ce site des fouilles programmées et en 1981 des travaux de pose de canalisations nous ont donné l’occasion de pratiquer un sauvetage très limité sur un four situé à une centaine de mètres à l’est des deux sites précités.

95Il est vraisemblable que les fours découverts au siècle dernier ont été détruits. Celui qui a été mis au jour par M. Terrisse ainsi que les vestiges très arasés fouillés en 1982, et ceux, plus importants, du four découvert fortuitement en 1981 ont été recouverts de terre sans autre protection juridique. Rien n’en est visible à l’heure actuelle. La superficie de l’atelier est difficile à apprécier : les trois points de production actuellement repérés avec certitude s’inscrivent dans un cercle de 200 m de diamètre environ, mais ils sont complètement indépendants les uns des autres et il n’existe pas de vestiges continus d’occupation les reliant.

■ Contexte historico‑géographique

96L’atelier était situé sur le territoire de la cité des Arvernes qui faisait partie de la province d’Aquitaine. Le nom d’Annoiolum qui était employé aux xe ‑ xie s. pour désigner le village de Saint‑Martial, situé à proximité immédiate, est peut‑être celui de l’ancien pagus. L’officine de céramique faisait partie d’un quartier d’artisans récemment fouillé dont on a retrouvé au siècle dernier la nécropole, et les photographies aériennes ont montré qu’il existait non loin de là un vaste bâtiment sur lequel nous n’avons pas d’autres précisions. L’ensemble ne formait en tout cas qu’une petite agglomération rurale, et la ville la plus proche était celle de Clermont‑Ferrand‑Augrustonemetum, chef‑lieu de la cité des Arvernes. Une route Clermont‑Lyon passait à proximité des ateliers situés sur la rive gauche de l’Allier, sur un plateau d’alluvions abrité au sud‑est par le puy Saint‑Romain et à l’ouest par le puy de Corent, site d’un ancien oppidum.

97Les bancs d’argile compacte utilisés par les potiers provenaient du lessivage par les eaux de pluie des marnes calcaires d’origine lacustre, qui constituent le sol en place depuis la fin du tertiaire ; ils n’étaient distants que d’une centaine de mètres et ont servi, jusqu’au début du siècle, à alimenter les tuileries modernes. Les dégraissants nécessaires à la fabrication de céramique devaient être constitués par les sables siliceux de l’Allier coulant à côté. Quant à l’eau, elle provenait à la fois de ce fleuve et d’un canal dérivé de la Monne qui alimentait également tout le quartier artisanal. Le bois devait être extrait, même si le paysage a changé depuis l’Antiquité, des montagnes de la Comté encore couvertes actuellement de bois feuillus, accessibles par le gué de Longues.

98L’atelier a fonctionné aux ier et iie s. de notre ère, principalement au iie. La datation a pu être établie par comparaison avec les productions de Lezoux en tous points semblables et grâce aux sites consommateurs des limes en Allemagne et en Grande‑Bretagne. Pour la zone qu’il a fouillée, M. Ternisse propose la datation 70‑80 à 160‑170 au vu de la forme des vases, des styles de décors et des noms de potiers. Le four qui a été partiellement dégagé en 1981 contenait également quelques fragments de sigillée du début du iie s., et celui qui a été mis au jour en 1982 semble avoir fonctionné à la fin du iie s., d’après les rares tessons qui y ont été découverts. Enfin, les nombreux déchets de fabrication trouvés dans le comblement du canal tout proche attestent une importante production de cette dernière époque. Les monnaies découvertes sur le site l’ont été aussi principalement dans le canal et s’échelonnent du règne d’Auguste à Marc‑Aurèle : elles n’infirment pas la datation d’ensemble mais n’apportent aucune précision la concernant ; il en est de même pour tout le petit mobilier recueilli dans le même contexte.

99Il est certain en tout cas que l’essor de l’atelier correspond bien à une période de prospérité pour l’Auvergne en général puisque c’est du iie s., que datent la très grande majorité des sites archéologiques connus dans cette région, notamment à Clermont‑Ferrand et en Limagne, bien que nous ne possédions aucun texte antique mentionnant richesses ou ressources, non plus que l’existence de negotiatores artis cretariae, troupes ou marchés. Les autres activités artisanales pratiquées aux Martres‑de‑Veyre étaient nombreuses : le travail des métaux est attesté pour le fer par un foyer de forge, pour le bronze par la découverte de creusets, et pour le plomb peut‑être par celle d’un lingot; le travail de tabletterie a laissé sur toute la surface du chantier des fragments d’os débités et des débris de fabrication ; un moulin à eau a été dégagé le long du canal, avec son hangar‑entrepôt, son bassin de lavage, son bief où tournait la roue à aubes, et sa chambre de meunerie. Toutes ces activités étaient concentrées dans un même quartier et la fabrication de céramique n’était au départ qu’un aspect de cet artisanat avant de devenir au IIe s. une industrie. La destinée de l’atelier a été liée à celle de Lezoux : avec ce centre il a participé à l’essor économique général de la Gaule à l’époque de Trajan, et à la fin du iie s., il a disparu par suite des difficultés politiques et économiques du pays.

■ Activité céramique

100Les premières productions céramiques sur le site datent du début du ier s. et sont attestées par la découverte d’un four ayant cuit de la poterie commune « gallo‑romaine précoce » avec ses déchets de fabrication. Ultérieurement, la céramique commune a continué à y être fabriquée en même temps que la sigillée : des petites urnes noires ou grises étaient mêlées aux cendres de l’alandier du four dégagé par M. Terrisse et de nombreux tessons de céramique commune (vases ovoïdes, cruches, marmites à trois pieds...) ont également été recueillis avec de la sigillée dans le comblement du canal qui a servi de dépotoir. La céramique métallescente était aussi produite en petite quantité et il en a été découvert quelques fragments dans le four exhumé en 1982, ainsi que de nombreux déchets dans le canal. En revanche, aucune céramique postérieure de fabrication locale, « dérivée de sigillée » ou autre, n’est attestée aux Martres‑de‑Veyre. C’est bien la sigillée qui représente l’essentiel de la production de l’atelier, la proportion des autres céramiques restant faible.

101Cet atelier était satellite de celui de Lezoux, spécialisé dans la sigillée, par opposition à d’autres ateliers satellites spécialisés dans d’autres types de produits — figurines en terre blanche ou céramique commune par exemple. Lezoux fournissait ses modèles aux Martres‑de‑Veyre et y envoyait des moules ; les styles des décors de vases fabriqués dans les deux centres étaient semblables au point qu’il est impossible de les distinguer sans recours aux analyses chimiques.

102De telles analyses ont été effectuées au laboratoire du Centre technique des tuiles et briques par M. Alviset, au laboratoire du C.R.T.G.R. de Lyon par M. Picon, et du laboratoire du Département de géologie et minéralogie de l’Université de Clermont‑Ferrand II par Mademoiselle Bouchard. Le Centre technique des tuiles et briques s’est attaché à déterminer la composition de l’argile en dosant la silice, l’aluminium, le fer, le titane, le calcium, le magnésium et les alcalins. Les résultats ont été publiés par A. Blanc, du laboratoire de Valence (cf. bibliographie) sans commentaire particulier. À Clermont‑Ferrand, ont été dosés par voie humide suivie de photométrie de flamme et de colorimétrie le fer, le sodium, le potassium, le manganèse, le chrome, le nickel et le cuivre, et il est apparu après analyse statistique et discriminante d’échantillons provenant des Martres‑de‑Veyre et de Lezoux que le fer et le cuivre permettaient de distinguer leur origine dans 87 % des cas. À Lyon, ont été dosés par la méthode de la fluorescence X le fer, le potassium, le manganèse, le titane, le calcium, la silice, l’aluminium et le magnésium. Ces analyses qui permettent de distinguer la céramique des Martres‑de‑Veyre de celle de Lezoux ont montré notamment que des moules de Lezoux ont été importés aux Martres et que les sigillées précoces trouvées sur ce dernier site proviennent aussi probablement de Lezoux.

■ Définition archéologique du matériel sigillé

103La pâte des vases des Martres‑de‑Veyre est fine et homogène avec de rares et minuscules grains de quartz. Sa couleur varie du beige foncé au rose orangé soutenu, voire au rose foncé lorsqu’elle est très cuite. Les moules ont différentes tonalités de beige, toujours clair et plus ou moins rosé ; les plus cuits sont franchement roses ; les grains de quartz légèrement plus gros y sont un peu plus apparents que sur les vases. L’engobe est moyennement brillant, plus sur les vases précoces que sur les tardifs où il devient parfois presque mat ; sa couleur est rouge orangé, marron violacé en cas de surcuisson.

104Les marques sont constituées essentiellement d’estampilles épigraphiques, de très rares anépigraphes, hors de nombreuses rosettes. La forme des cartouches est rectangulaire sauf exception : cinq d’entre eux s’ornent de queues d’aronde et deux sont circulaires ; sur trois vases, la même estampille a été imprimée deux fois en forme de croix. Les graffites au fond des moules ou des vases sont très rares.

105Les principales formes de sigillée lisse produites dans l’atelier sont les assiettes (Drag. 18, 18/31, 31, Walters 79 et 80, Curle 15) (fig. 5), les coupes et coupelles (Drag. 27, 33, 35, 36 et en moindre nombre 11) (fig. 6) et les formes hautes (Déch. 72) (fig. 7), mais à peu d’exemplaires. Le nombre des potiers producteurs est d’au moins 150 si l’on prend en compte les 85 noms cités par M. Terrisse, 25 autres par ses prédécesseurs et une quarantaine attestés par les fouilles récentes. On peut noter que les formes Drag. 35 et 36 ne sont jamais signées et que les vases Drag. 46 sont généralement estampillés d’une rosette.

• 5. Les Martres‑de‑Veyre. Formes lisses principales : assiettes.

• 6. Les Martres‑de‑Veyre. Formes lisses principales : coupes et coupelles.

• 7. Les Martres‑de‑Veyre. Formes lisses principales ; mortiers et ovoïdes ; forme à décor excisé.

106Les formes de sigillée décorée sont peu nombreuses, la mieux représentée étant de loin la forme Drag. 37 (fig. 8) ; les formes Drag. 29 et 30 constituent certainement, chacune, moins de 10 % de la production ; les gobelets Déch. 64 ou 67 ont aussi été fabriqués sur le site, mais ils y sont très rares. Ces gobelets correspondent à la production du début du iie s. ainsi que la forme Drag. 29, les deux autres formes, Drag. 30 et 37, couvrant tout le iie s. Si l’on excepte les décors excisés sur formes hautes et les feuilles d’eau dessinées à la barbotine sur les rebords des coupes Drag. 35 et 36, qui sont des formes de céramique lisse, la technique employée pour la décoration est uniquement le moulage. Les reliefs d’applique ne semblent avoir été utilisés que sur la céramique métallescente. La forme Déch. 64 se prêtait surtout au décor libre ou en zones superposées, qu’on trouve aussi sur la forme Déch. 67, avec en outre des ornementations de rinceaux et de médaillons. La décoration des vases Drag. 29 était double avec frise sur le rebord et rinceau, métopes ou décor libre sur la panse. Quant aux vases Drag. 30 ou 37, ils conservent au début du iie s. de nombreuses frises horizontales dérivées du décor des Drag. 29, ainsi que des guirlandes verticales (fig. 9), tandis qu’à la fin du iie s. le décor est invariablement constitué, au‑dessous d’une ligne d’oves, de métopes, rinceaux végétaux ou chasses, sans guirlandes ni frises (fig. 10). On a longtemps considéré comme spécifique de l’atelier la décoration de frises avec utilisation de petits motifs, caractéristique des potiers précoces, mais les fouilles récentes ont montré que ce type de décor existait aussi à Lezoux même s’il a connu un succès particulier aux Martres‑de‑Veyre.

• 8. Les Martres‑de‑Veyre. Principale forme décorée moulée : bols Drag. 37 du début (1‑2) et de la fin (3‑4) du IIe s.

• 9. Les Martres‑de‑Veyre. Décors sur Drag. 37 du début du IIe s. 1 : zones superposées (style de X‑3j ; 2 : décor libre (style de X‑2) ; 3 : frise à métopes (style d’Ioenalis/X‑11) ; : rinceau (style d’loenalis/X‑12).

• 10. Les Martres‑de‑Veyre. Décors sur Drag. 37 de la fin du IIe s. (style de Ceftus). 3‑4 

dessins de J.‑R. Terrisse.

107Si le nombre des signatures, estampilles ou graffiti recueillis sur céramique décorée ne fournit que 25 noms différents, le nombre des potiers qui ont produit cette céramique particulière s’élève au moins à 50 à en juger par les styles identifiables. Les modes de signatures sont variables : la plupart de ces dernières sont intradécoratives mais il existe aussi des estampilles sur fonds de vases, de forme Drag. 29 en général, mais aussi 30 ou 37, dans la tradition de La Graufesenque et qui correspondent aux noms des potiers les plus précoces. On trouve enfin des graffiti sur fond de vase, fond de moule ou rebord de vase indiquant des noms différents de ceux donnés par les estampilles.

■ La fabrication

108Les outils trouvés sur le site, outre les moules et un poinçon‑matrice figurant un lion, sont essentiellement des supports de vases, des fragments de « tournettes », des cales et colifichets, des galettes d’argile pétries d’une dizaine de centimètres de diamètre, et des fragments de faible épaisseur ayant conservé l’empreinte d’un tissu qui pourraient être des morceaux de la voûte du four constituée par de l’argile plaquée sur une toile recouvrant les vases lors de l’enfournement. Quelques pierres volcaniques ou à grains fins ainsi que des haches polies néolithiques peuvent aussi avoir servi d’outils aux potiers, notamment de broyeurs ou de polissoirs. Parmi les moules, certains s’ornaient d’une estampille intradécorative mais la plupart ne portaient aucune signature. Plusieurs graffiti provenant de moules, en relief au fond des vases, ont cependant été signalés par M. Terrisse. Quant au poinçon‑matrice et aux supports de vases ils n’étaient pas signés.

109Le total des fours à sigillée décelés et fouillés sur le site, compte tenu des imprécisions des descriptions anciennes, semble être au maximum de 14 : 8 par M. Kuhn, 1 par le Dr Lhéritier, 3 par M. Terrisse, 2 récemment par nous‑mêmes. Du type de ceux qui ont été découverts au siècle dernier, nous ne savons pas grand‑chose, seulement qu’ils étaient « alignés » et que leurs angles étaient en pierre de taille. Le Dr Lhéritier en signale un « avec des barreaux de fer ». Celui fouillé par M. Terrisse était quadrangulaire avec une chambre inférieure séparée en deux parties par une « languette », la sole était faite de carreaux d’argile percés de trous ronds surmontés de tuyaux d’argile. Celui qui a été découvert en 1982 était petit, de forme irrégulière, rectiligne d’un côté, arrondi de l’autre, à chambre inférieure « simple », sans aménagment. Celui qui a été partiellement fouillé en 1981 était grand, quadrangulaire, avec une chambre inférieure à canaux secondaires en pente débutant dans la partie supérieure du canal principal. Des bâtiments et aménagements annexes, s’ils existaient, n’ont jamais été décrits dans les publications anciennes. M. Terrisse ne signale que la présence de tuyaux de drainage cylindriques en terre cuite. Les seules traces de murs d’atelier restent des fondations en petites pierres sèches, soutenant vraisemblablement une élévation en pisé, découvertes en 1982 à proximité du four. Il est certain en outre que le canal que nous avons dégagé servait, entre autres utilisations, à alimenter en eau l’atelier de potier qui inversement était drainé par des canalisations assemblées avec de l’argile.

■ Les potiers

110En ce qui concerne le fonctionnement des ateliers, les documents écrits imputables aux potiers se réduisent à deux fragments de comptes gravés sur fonds d’assiettes, l’un trouvé et publié par J.‑R. Terrisse, I autre, minuscule, découvert par H. Vertet en 1966. aucune attestation épigraphique de tria nomina, d’esclaves ou d’affranchis n’a été livrée par les fouilles. On peut toutefois supposer que certains potiers travaillaient en association, tels Sacer et Vasilius qui accolaient leurs noms dans une même signature, ou Medetus et Donraucus vraisemblablement ouvriers‑mouleurs sous les ordres d’un même patron ainsi que l’a montré M. Terrisse. D’autre part, il est certain que les propriétaires de grandes firmes avaient leurs « fabricants sous licence » comme Anunus dont le nom apparaît estampillé dans un décor de vase du style de Cinnamus. Enfin l’existence au musée de Clermont d’une pile de cinq bols Drag. 37 trouvés aux Martres‑de‑Veyre soudés ensemble par surcuisson et appartenant à quatre styles différents pourrait démontrer l’association de ces quatre potiers, au moins pour la cuisson.

111Bien que des migrations de ces derniers ne soient pas formellement attestées, il est certain que l’atelier des Martres‑de‑Veyre entretenait des relations avec les ateliers non seulement du Centre, mais aussi du Sud et de l’Est. C’est ainsi qu’un vase de La Graufesenque de l’époque de Vespasien ayant probablement servi de modèle a été retrouvé mêlé aux déchets de céramique de l’atelier. De même, les décors des Martres‑de‑Veyre sont pour la plupart totalement identiques à ceux de Lezoux qui devait lui en passer commande, les estampilles sont les mêmes et certains moules trouvés aux Martres proviennent de Lezoux. Inversement, des potiers, ou peut‑être seulement des moules, ont émigré des Martres‑de‑Veyre (ou de Lezoux) vers l’Est si l’on en juge par la similitude des décors entre cette officine et celle de Chémery, ainsi que par les homonymies constatées.

■ La diffusion

112La diffusion des vases de Martres se faisait non seulement dans la région mais dans tout l’Empire. En Gaule, on a retrouvé des estampilles portant le nom de potiers de l’atelier à Tallende, Saint‑Victor‑la‑Rivière (Puy‑de‑Dôme), Arpajon (Cantal) et Arles, selon le docteur Lhéritier, à Boulogne‑sur‑Mer, Clermont‑Ferrand, Limoges, Vichy, Orléans selon M. Terrisse. Hors de Gaule, il en a été trouvé en Grande‑Bretagne (Chesterholm, Chester, Colchester, Leeds, Londres, Wilderspool, York), en Belgique (à Tongres), en Hollande (à Vechten, Nimègue, Rossum, Valkenburg) et en Allemagne (à Arnsberg, Bad‑Cannstatt, Butzbach, Cannstatt, Friedberg, Heldenberg, Langsdorf, Niederberg, Rottweil, Salisberg, Saolburg, Sechsmauern, Stockstadt, Stuttgart, Wiesbaden, Zugmantel). Mais cette liste, établie au hasard des publications sans possibilité de vérification des homonymies, ne donne naturellement que des indications approximatives et il n’est donc pas possible en l’état actuel des recherches d’indiquer avec certitude des axes géographiques ou routiers particuliers. Il semble seulement acquis que le commerce se faisait, entre autres, par voie fluviale sur l’Allier qui coule à proximité immédiate de l’atelier.

■ Bibliographie

113DOURIF (Dr). — Les Potiers de Martres (Extrait du Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne publié par l’Académie des Sciences, Belles‑Lettres et Arts de Clermont‑Ferrand, no 52, avril 1885). Revu et augmenté, Clermont‑Ferrand, 1892.

114DÉCHELETTE (J.). — Les Vases céramiques ornés de la Gaule romaine. Paris, 1904, t. 1, pp. 158, 254 ; t. II, pp. 46, 77, 104, 106, 340, 342, 343.

115LHÉRITIER (Dr). — La Station gallo‑romaine des Martres‑de‑Veyre. Clermont‑Ferrand, 1920, (Extrait de la Revue d’Auvergne, années 1919‑1920).

116TERRISSE (J.‑R.). — Les Céramiques sigillées gallo‑romaines des Martres‑de‑Veyre (Puy‑de‑Dôme). XIXe suppl. à Gallio, 1968. Réimpression 1972.

117BLANC (A.). — La Terre sigillée gallo‑romaine. Quelques observations faites au laboratoire de Valence. R.A.C., IV, 1, 1965, pp. 21‑29.

118BLANCHET (A.). — Les Ateliers de céramique de la Gaule romaine. B.C.T.H., 1898, pp. 13‑29 (p. 17).

119BOURGADE (E.). — B.S.A.F., 1885, pp. 187‑189.

120DETSICAS (A.‑P.) — The anonymous Central Gaulish Potter known as X‑3 and his Connections Bruxelles, 1963 (Collection Latomus, vol. 64).

121DOURIF (Dr). — Deuxième chapitre de céramique. Les potiers des Martres. Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, t.V, 1885, p. 92.

122ESMONNOT‑BOUCHARD. — B.C.T.H., 1887, pp. 327‑328.

123FOURNIER (P.‑F.). — Informations régionales. Gallia, XII, 1, 1954, p. 200 ; XIII, 2, 1955, p. 188 ; XV, 2, 1957, p. 239.

124HATT (J.‑J.). — Les Céramiques des Martres‑de‑Veyre et de Chémery (Moselle) au Musée archéologique de Strasbourg. Gallia, XVI, 1958, pp. 251‑261.

125PICON (M.), VAUTHEY (M.). — Les Céramiques de l’atelier de Terre‑Franche. Problèmes de composition et problèmes techniques. R.A.C., XIV, 55‑56, 1975, pp. 285‑302.

126POURSAT (J.‑C.). — Informations régionales. Gallia, 35, 2, 1977, pp. 427‑428 ; 37, 2, 1979, pp. 476‑478 ; 39, 2, 1981, pp. 453‑ 455 ; 41, 2, 1983, pp. 425‑427.

127ROGERS (G.). — Un Groupe de ratés de four de la Gaule Centrale. R.A.C., 1972, pp. 322‑326.

128ROMEUF (A.‑M. et J.). — Chantier des Martres‑de‑Veyre (Puy‑de‑Dôme). III. Poinçon‑matrice figurant un lion. R.A.C., no 67‑68, 1978, pp. 235‑238.

129TERRISSE (J.‑R.). — Contribution à l’étude des poteries gallo‑romaines sigillées et ornées des Martres‑de‑Veyre. B.C.T.H., nov. 1941, pp. 142‑145.

130TERRISSE (J.‑R.). — Eine sigillata Töpferei in Martres‑de‑Veyre. Germania 32, 1952, pp. 171‑175.

131TERRISSE (J.‑R.). — B.S.A.F., 1954‑1955, p. 54.

132TERRISSE (J.‑R.). — L’Officine gallo‑romaine des Martres‑de‑Veyre. Ogam, X, 1958, pp. 221‑242.

133TERRISSE (J.‑R.). — Out dekking van een terra sigillata oven in een gallo‑romeinse werkplaats te les Martres‑de‑Veyre. Westerheem, 1958, pp. 47‑50.

134TERRISSE (J.‑R.). — À propos du potier Drusus. Ogam, 1960, pp. 27‑30.

135TERRISSE (J.‑R.). — Sigillée des Martres‑de‑Veyre (Puy‑de‑Dôme). Principaux styles. Gallia, XXI, 1963, pp. 227‑239.

136TERRISSE (J.‑R.). — Bref aperçu sur le style des potiers des Martres‑de‑Veyre (Puy‑de‑Dôme). R.A.C., 1963, II, 4, pp. 267‑292.

137TERRISSE (J.‑R.). — Étude sur la technique des terres sigillées gallo‑romaines des Martres‑de‑Veyre. R.C.R.F. Acta II, 1959, pp. 63‑67.

138VAZEILLES (M.). — Découverte d’une fabrique de poteries gallo‑romaine aux Martres‑de‑Veyre. Revue d’Auvergne, II, 1885, p. 216.

139VERTET (H.). — Carte des ateliers de potiers de la Gaule Centrale. In : Recherches sur les ateliers de potiers gallo‑romains de la Gaule centrale (Sites, hors‑série no 6, p. 60).

■ Collections principales et lieux de conservation connus en 1984

140Musée Bargoin à Clermont‑Ferrand : anciennes collections Kuhn, Charvilhat, Lhéritier et Souchon.

141Musée des antiquités nationales de Saint‑Germain‑en‑Laye : une petite partie de la collection Plicque provient des Martres‑de‑Veyre ; collection J.‑R. Terrisse (fouilles 1936‑1957).

142Musée de Roanne : ancienne collection Déchelette.

143Musée de Moulins : quelques fragments provenant probablement d’achats ou d’échanges.

144Dépôt de fouille de Lezoux : produit des fouilles de sauvetage Vertet de 1966.

145Dépôt de fouille municipal des Martres‑de‑Veyre : produit des fouilles de 1973 à 1982.

146Collection Latournerie, Le Confluent, 47190 Aiguillon : constituée dans la région entre 1940 et 1945.

■ Responsables actuels du site

147Directeur des fouilles de 1973 à 1982: A.‑M. Romeut.

148Le Directeur des Antiquités historiques de la région d’Auvergne.

Toulon‑sur‑Allier ‑ Le Lary

149Les ateliers de Toulon‑sur‑Allier sont situés sur la commune du même nom. Le plus connu est celui du Lary parce qu’il a été le plus fouillé ; à 1 km environ à vol d’oiseau se trouve l’atelier de La Forêt et à 4 km au sud, sur la commune de Bessay, celui des Fourniers récemment découvert. Le Lary et La Forêt sont sur le canton de Moulins‑Est et Les Fourniers sur celui de Neuilly‑le‑Réal ; altitude de l’atelier, 218 m environ.

■ Circonstances de la découverte et état du site

150En 1856, le creusement de la cave d’une maison, dite la « Maison neuve », révèle un atelier de figurines et de sigillée. Des fouilles sont entreprises par des membres de la Société d’émulation du Bourbonnais, notamment Esmonnot et Tudot, « partiellement d’années en années selon les espaces libérés par les cultures ». Ultérieurement le site semble avoir toujours attiré l’attention des collectionneurs ; aucun compte rendu n’a été publié après celui de Tudot. En 1961, nous avons pu obtenir d’un cultivateur voisin des autorisations de sondage puis, au moment de la transformation de la « Maison neuve » en restaurant, des autorisations de fouilles (1977‑1980). Luc de Féraudy étant chef de chantier, nous avons découvert des fondations très arasées de 7 fours, dont un petit four circulaire, et de murs en tessons et en pierres sur des terrains bouleversés par des recherches antérieures.

151Le site est remarquablement petit (50 m x 50 m maximum) et en dehors de lui nous n’avons découvert, lors de prospections de surface, de fossés, de tranchées profondes, aucun vestige jusqu’à ce jour. On peut craindre que ce qui subsiste ne soit détruit par des travaux d’aménagement des bâtiments et des espaces du restaurant car le site n’est pas protégé.

■ Contexte historico‑géographique

152L’atelier était installé dans une zone proche de la frontière des Arvernes, des Éduens et des Bituriges, plus probablement chez les Arvernes mais ce n’est pas sûr. Nous n’avons pas décelé de vestiges ni de villa ni de grand bâtiment dans les environs des ateliers, sauf de celui des Fourniers où des fragments de marbre, de mortier, de tuiles ont permis de localiser un grand habitat. Une route nord‑sud, réunissant Lyon et Clermont‑Ferrand à Bourges et Nevers, suivait vraisemblablement la rive droite de l’Allier. L’embarquement sur cette rivière pouvait se faire à 2,5 km environ de l’atelier ; cette voie pouvait avoir été installée sur la même terrasse de l’Allier que l’atelier.

153Des carrières d’argile, au lieu‑dit Les Segauds, sont encore exploitées par le dernier potier de Moulins après avoir alimenté une tuilerie. Elles sont situées à 3 km environ des ateliers. Elles présentent des bancs de terre de couleurs différentes, y compris de fort blanches. On peut cependant se demander si des bancs analogues ne se trouveraient pas plus près du lieu où les artisans gallo‑romains ont choisi de s’installer. Un ruisseau, la Sonnante, passe entre les ateliers du Lary et de La Forêt, et le sable qu’il amoncelle dans ses méandres a pu servir de dégraissant aussi bien que celui de l’Allier proche. Il a pu aussi fournir l’eau nécessaire (en concurrence avec des puits (?) car la nappe phréatique est peu profonde). Les collines qui s’élèvent à l’est de la vallée, proches des ateliers, ont pu fournir du combustible (feuillus).

154C’est uniquement dans le cours du iie s. que se placent les moules et les déchets de fabrication découverts. Certes, sous les fondations d’un mur, a été découverte une tombe contenant des céramiques de l’époque tibérienne, mais il peut s’agir d’une tombe isolée proche d’un habitat rural antérieur. La datation des fabrications a été donnée par les moules importés (Seruus II, Antisfiorum, ...), par le style des décors, par la forme des vases lisses. Les rares monnaies datent aussi du iie s.

155Comme pour les autres ateliers de la Gaule centrale, on ne peut signaler aucun stationnement de troupes dans la région, à part celles du valetudinarium de Néris, aucune mention de negotiatores, aucun marché attesté par l’épigraphie.

■ Activité céramique

156Les potiers de Toulon‑sur‑Allier ne se contentèrent point de fabriquer de la terre sigillée qui resta toutefois leur principale activité. Ils moulèrent aussi des figurines en terre blanche, quelques lampes, quelques vases à reliefs d’applique en plus des mortiers à tête de lion, des assiettes peintes en rouge à l’intérieur, et des bols peints au pinceau et à l’éponge, parfois estampillés comme la terre sigillée. Toulon‑sur‑Allier apparaît comme un atelier satellite de Lezoux. L’analyse de l’argile a été faite d’après des documents trouvés dans les fouilles par le laboratoire de l’URA no 3 dirigé par M. Picon. Cette analyse identifie l’atelier par rapport aux autres de la vallée de l’Allier. Deux types d’argile ont été utilisés :

157Toulon/Allier 1 ‑ 16 ‑ K2O : 3,17 ± 0,28 ; MgO : 2,60 + 0,37 ; CaO : 11,04 ± 1,37 ; MnO : 0,065 ± 0,013 ; Al2O3 : 23,2 ± 1,9 ; SiO2 : 54,6 ± 1,7 ; TiO2 : 0,93 ± 0,07.

158Toulon/Allier 2 ‑ 32 ‑ K2O : 3,28 ± 0,32 ; MgO : 0,93 ± 0,28 ; CaO : 1,39 ± 1,36 ; MnO : 0,035 ± 0,017 ; AI2O3 : 29,1 ± 2,0 ; Fe2O3 : 4,23 ± 1,09 ; SiO2 : 60,0 ± 1,9 ; TiO2 : 1,06 ± 0,24.

■ Définition archéologique du matériel sigillé

159La pâte est souvent claire, tirant plus vers le rose que vers le rouge, et parfois blanche ou jaune. L’engobe n’est souvent ni brillant ni luisant mais tout à fait mat, et, selon les vases, la surface est rugueuse ou lisse. Une production relativement importante de vases à surface métallescente paraît mieux réussie.

160Les marques sont essentiellement constituées d’estampilles épigraphiques, parfois réduites à des initiales; sous le décor de certains vases apparaît un graffito encore non déchiffré qui avait été tracé dans le moule; une trentaine de rosettes différentes ont aussi été relevées. On notera l’habitude plus fréquente que dans d’autres ateliers de placer une estampille sur les fm. 37, au‑dessus de la ligne d’oves, sur le bord lisse du vase, souvent en oblique.

161Les formes principales de sigillée lisse sont les suivantes : Drag. 18/31, 32, 33, 40, 44, 45, 46, Curle 15, 21, 23, Ludowici Tg’, Walters 79, Terre‑Franche A’. Les signatures sont des estampilles et des rosettes.

162Les formes principales de sigillée moulée sont les Drag. 37, mais il y a aussi des Drag. 30 et 68. Sur les vases sortis de moules importés se voit parfois la signature de potiers qui ont placé leur nom en grandes lettres dans le décor, comme Seruus, et il est souvent difficile sans analyse de savoir si les vases ont été apportés de Vichy, par exemple, ou produits sur place. Des copies en ont été réalisées. De plus, une interprétation originale dans des créations révèle un art laténien tardif : multiplication des cercles, remplissages avec de petits motifs... Il est intéressant de noter la coexistence du style « classique » de Lezoux et de ce style « indigène » à la même époque et dans le même lieu, avec de nombreuses variantes intermédiaires (fig. 11). Il y a quelques poinçons originaux, en particulier celui d’un amour vendangeur portant dans chaque main une grosse grappe de raisin.

• 11. Toulon‑sur‑Allier. Exemples, en haut, de décor stylisé, en bas, de décor traditionnel.

■ La fabrication

163L’outillage découvert dans nos fouilles est fort réduit : en 1980, un instrument en os que nous pensons destiné au lissage ; auparavant, nous avions trouvé quelques moules de reliefs d’applique. E. Tudot écrit en 1860 : « Nous avons trouvé des poinçons à Toulon (Le Lary) ; ils ont pour caractère particulier d’être en terre blanche ; la palmette pl. 9 de l’atlas en est un spécimen » ; cet outil porte le numéro 9 dans l’étude que nous avons faite de la collection du musée de Moulins. En réalité Toulon avait fourni aussi des poinçons en argile rose à surface brune, comme Lezoux (nos 43‑44‑63) et actuellement Le Lary paraît avoir donné au moins cinq de ces outils.

164Pour ce qui est du nombre de fours découverts, il est bien difficile de connaître ce qui a été trouvé anciennement. Les fouilles depuis leur reprise ont donné dix fonds de fours. Des prélèvements archéomagnétiques ont été effectués par l’institut de physique du globe. Les fours rectangulaires paraissent plus fréquents qu’à Lezoux. Ils sont parfois construits en blocs d’argile parallélépipèdiques. De petites fondations de murs en pierre calcaire étaient probablement surmontées de murs en terre, comme cela se fait dans cette région pauvre en pierre. De vastes fossés remplis de tessons soutenaient peut‑être des murs plus importants. Des cuvettes aux parois rubéfiées et un petit fossé aménagé en S restent encore d’un usage énigmatique.

■ Les potiers

165On ne sait pas grand chose d’eux: aucune attestation de tria nomina, ni d’esclaves ou d’affranchis, ni de filiation. Il paraît seulement assuré qu’il y a des homonymies avec des potiers de Lezoux. Atilianus, par exemple, est un nom qui se retrouve sur des moules de bols 37 au Lary et à Lezoux. Or les décors sont très différents et les graphies du nom également. J. Déchelette signalait à Toulon des estampilles d’Albinus, Antistii, Cahuetuus, Decmanus, Elius, Libertus et une marque incomplète : ...RVS/...CIT. Nous n’avons retrouvé dans les fouilles que des traces d’Albinus, Decmanus et Elius (parmi ces potiers).

■ La diffusion

166L’étude de la diffusion des produits de Toulon‑sur‑Allier n’est pas encore réalisée; elle rencontrera probablement plusieurs difficultés. Les vases sortis des moules venus de Lezoux et de Vichy se sont vraisemblablement intégrés aux circuits commerciaux de ces deux fabriques: les bateaux qui en provenaient passaient devant Toulon et pouvaient charger une partie de la production. En revanche les vases de style indigène ne semblent pas avoir eu une diffusion lointaine. Nous en avons trouvé des fragments dans d’autres ateliers du centre de la Gaule, comme Coulanges. Mais la plupart n’ont à ce jour été repérés que dans l’atelier lui‑même. Dans quelques publications de Normandie, des vases moulés de Toulon‑sur‑Allier sont nettement reconnaissables ; A. Rebourg pense en avoir identifié à Autun.

■ Bibliographie

167DÉCHELETTE (J.). — Les Vases céramiques ornés de la Gaule romaine. Paris, 1904, t. 1, pp. 218 et 245‑305.

168ESMONNOT (L.‑G.). — Rapport sur les objets trouvés dans les fouilles faites à Toulon‑sur‑Allier. Bulletin de la Société d’émulation de l’Allier, VI, 1956‑1958, pp. 25‑32.

169TUDOT (E.). — Collection de figurines en argile... Paris, 1860, pp. 57 et sq., pl. 2 (plan de fouilles très erroné).

170VERTET (H.). — L’Officine de Toulon‑sur‑Allier. R.C.R.F. Acta II, 1959, pp. 69‑73.

171VERTET (H.). — Les Poinçons matrices de sigillée du Musée de Moulins. Figlina, 1, 1976, pp. 97‑142.

172VERTET (H.). — Carte des ateliers de potiers de la Gaule centrale (Toulon no 30). In : Recherches sur les ateliers de potiers de la Gaule centrale. I, 1980.

173VERTET (H.). — Découverte de poterie peinte à Toulon‑sur‑Allier. Gallia, XVII, 1959, pp. 216‑231.

174VERTET (H.). — Toulon‑sur‑Allier. In : The Princeton Encyclopaedia of Classical Sites. Princeton, 1976.

■ Collections principales et lieux de conservation

175Dépôt de fouille départemental ‑ 03400 Yzeure.

176Musée de Moulins.

177Musée des antiquités nationales.

■ Responsables actuels du site

178Surveillance : H. Vertet (site non protégé).

179Le Directeur des Antiquités historiques de la région d’Auvergne.

Terre‑Franche

180Le site archéologique de Terre‑Franche, commune de Bellerive‑sur‑Allier, département de l’Allier, arrondissement de Vichy, est situé sur la rive gauche de l’Allier, à environ 3 km de Vichy, à mi‑pente entre le sommet d’un rideau de collines et le lit de la rivière, au lieu‑dit Le Champ‑des‑Potiers.

■ Circonstances de la découverte et état du site

181Depuis fort longtemps la tradition orale dénomme le site « Le Champ‑des‑Potiers‑de‑Terre‑Franche ». Ce dernier était connu dès le xixe s. comme l’attestent des notes écrites qui nous ont été conservées ; des ramassages de surface puis des sondages ont vite orienté l’esprit de quelques chercheurs vers l’existence d’une officine. Ainsi le premier en date, Beaulieu, écrit en 1851 : « La principale manufacture de poteries s’élevait sur le versant d’un rideau de collines qui s’étend le long de la rive gauche de l’Allier […]. Là, des débris de four, des tuiles plates à rebord, des fragments de moules et des tessons de vases jonchent le sol sur une étendue de plus d’un hectare, et le rendent presque infertile […]. Nous avons reconnu plusieurs fragments de carneaux ou tuyaux en argile cuite, […] les disques en argile qui les recouvraient sont encore en place, […] ». Une trentaine d’années plus tard, R. de Quirielle et A. Bertrand y entreprennent des sondages et notent : « nous avons trouvé le nom de CINNAMUS suivi des lettres OF unies ensemble […] dans les ateliers de la Ramas ». Hélas ! ils sont fort peu loquaces pour le reste.

182Il y a 15 ans, des chercheurs vichyssois, le docteur Vauthey, le docteur Burnod et leurs fils, entreprirent à leur tour des investigations sur Le Champ‑des‑Potiers. Après la période des ramassages de surface et des sondages vint celle des fouilles proprement dites, entreprises dès l’été 1957. Menées pendant 9 ans par le Groupe de fouille de Terre‑Franche, elles permirent de découvrir des substructions en pierres (murs) et en briques (pilastre, alandier, four), des canalisations et surtout une assez grande quantité de vestiges céramiques. D’après les prospections la superficie du site peut représenter entre 0,5 et 1 ha.

■ Contexte historico‑géographique

183Au moment où naît l’officine, la cité des Aquae Calidae (Vichy) chez les Arvernes était déjà prospère depuis une centaine d’années sur la rive droite, grâce à la présence d’un pont et des sources thermales, avec ses officines céramiques, ses fonderies, ses temples, ses villae etc.

184L’officine était à proximité immédiate de deux voies de communication de première importance : d’une part la voie romaine qui reliait Augustonemetum (Clermont‑Ferrand) à Vorocium (Varennes‑sur‑Allier), d’où elle gagnait Auaricum (Bourges), Augustodunum (Autun) ou Lugdunum (Lyon), et qui précisément traversait Vesse tout en y recevant en un lieu appelé « Les Compoints » (carrefour) une rocade qui desservait l’officine. D’autre part, les potiers, à l’image de ceux de Lezoux et des Martres‑de‑Veyre, utilisaient l’Elauer (Allier) comme l’attestent les restes d’un ponton d’embarquement et des céramiques sigillées repérés en bordure même du lit de la rivière.

185Le contexte naturel invitait les Gallo‑romains à y installer une officine de céramique grâce à certaines présences indispensables: les bancs d’argile blanche ou verdâtre, le sable de l’Allier, l’eau de ruissellement et des sources proches, le bois de chauffe sous la forme de taillis abondants à « Vesse [ancien nom de Bellerive‑sur‑Allier ], paroisse outre‑Allier, en laquelle sont les maisons seigneuriales de Beauregard, Bostz et la Ramaz toutes situées dans les bois » comme l’affirme au xvie s. Nicolas de Nicolay.

186Si la plupart des trouvailles faites sur le site de Terre‑Franche invitent à dater le fonctionnement de l’officine du iie s., néanmoins des vases de formes primitives (assiette Drag. 15/17, bols Drag. 34 et 27, entre autres) laissent envisager le début de l’activité à Terre‑Franche avant le iie s. Les grandes invasions barbares du iiie s. sont pour beaucoup dans la disparition des grandes officines en général et de Terre‑Franche en particulier, outre l’émigration des potiers et l’épuisement du marché.

■ Activité céramique

187Si la sigillée représente une part importante de la production céramique, la découverte en abondance d’autres types de poteries autorise à supposer localement et simultanément la fabrication d’autres qualités: céramiques communes à usage culinaire, destinées au transport ou à la conservation des denrées, à la préparation des aliments (jarres, dolia, pelues, jattes, cruches, marmites tripodes...) ; céramiques à parois minces, lisses ou ornées de décors variés (incisés, barbotinés, imprimés à la molette). Ces dernières illustrent pour la plupart la forme Déch. 72 ; certains échantillons de type similaire se retrouvent également dans le mobilier sigillé. On évalue pour le moment la production non sigillée à environ 1/10 du matériel connu.

188Les relations avec d’autres ateliers du Centre sont certaines si l’on considère l’importance à Terre‑Franche de plusieurs grands potiers par ailleurs attestés à Lezoux — tels Cinnamus et Paternus — et dont on retrouve des moules à Bellerive.

189L’analyse des pâtes a été confiée à M. Picon (laboratoire de Lyon).

■ Définition archéologique du matériel sigillé (fig. 12 à 15)

• 12. Terre‑Franche. Estampilles épigraphiques.

• 13. Terre‑Franche. Estampilles anépigraphes.

• 14. Terre‑Franche. Exemples de décors sur formes Drag. 37. A gauche : moule du Potier Z (empreinte) ; à droite : figuration de « Mars‑Boruo ».

• 15. Terre‑Franche. Échantillon des principales formes lisses.

dessins de J. Corrocher, d’après Sites, no 819, janv. 1981

190La pâte est en général rose ou orangée, l’engobe, orangé. Les marques prennent pour la plupart une forme épigraphique (85 %) et les cartouches se présentent dans la quasi‑totalité des cas comme des rectangles étroits et très allongés. Parmi les marques anépigraphes les rosettes paraissent les plus fréquentes.

191Dans la production de sigillée unie (fig. 15) on doit noter la fréquence exceptionnelle des mortiers ou tèles qui représentent plus de la moitié des vases de l’atelier : Drag. 43A, à double carène et à pied haut ; Drag. 43B, lisse ; Drag. 43C, cannelé horizontalement. La paroi interne des mortiers 43A et B est tapissée de grains de quartz afin de faciliter le broyage ; sur leur lèvre supérieure ils comportent tous un bec verseur. Un autre type de mortier a été livré par le site, il s’agit d’une terrine (forme 45 de la classification de Drag.) à rebord vertical dont la paroi interne est granuleuse dans sa partie carénée. L’originalité réside dans le déversoir, qui n’est plus un bec, mais un mufle de lion appliqué sur le rebord supérieur, dont on a retrouvé un moule, ce qui « atteste de façon incontestable la production de ce type de céramique à l’atelier de Terre‑Franche » . Autour de ce mufle plusieurs types de décors peuvent apparaître : incisions rectilignes, lignes de points en creux (typiques de l’officine), véritables décors incisés. On peut dater avec beaucoup de sécurité ces terrines de la fin du IIe s.

192A côté des mortiers nos 43, 45, 38 et 44 de la classification de Dragendorff, la céramique sigillée unie fabriquée au tour est abondante et variée : assiettes à bord peu élevé, des types Drag. 16, 15/17, du type Walters 79/80 ; du type Ritt. 1 ; plats à bord plus élevé et à panse incurvée vers l’intérieur, des types Curle 15 et 23, Drag. 18/31 ; tasses et bols des types Drag. 40, 33 (à bord droit), 46 (campanulé), 34 (avec deux anses et repose‑pouce). Outre ces formes que l’on rencontre très fréquemment sur le site, des fragments du petit bol à double carène de type Drag. 27 ont été trouvés ; la fabrication de ce type de céramique remonte à la fin du ier s. et au début du iie, ainsi que celle de l’assiette Drag. 15/ 17.

193Beaucoup de ces vases en sigillée unie présentent sur leur fond intérieur une estampille imprimée avec un poinçon matrice, sous forme de petites lettres bâtons en relief dans un cartouche rectangulaire. Le nom du potier peut être au nominatif seul : APOLINARIS ; au nominatif suivi de FE (fecit) : LVCIV FE ; au génitif seul : MEELAVSI ; au génitif suivi de O (officina) : COSAXIO (de l’officine de Cosaxtus) ; au génitif suivi de M ou MA (manu) : CRIXIMA (de la main de Crixus). À l’heure actuelle, plus de 40 potiers ont été dénombrés à partir d’estampilles épigraphiques entières ou tronquées sur fond de céramique unie. Une mention spéciale mérite d’être faite pour le plus représentatif de l’officine : Maximus (150 estampilles environ); ses signatures présentent plusieurs variantes : MAXMIN, MAXMINM, MAXINIM, MAXINI MA et, plus étonnant, MAXMFIIM (Maximus fecit manu). Une autre façon d’estampiller les vases unis est celle dite « in planta pedis » : les lettres sont représentées par des clous ou des points en relief dans un cartouche en forme de semelle — l’officine de Terre‑Franche en a livré deux à peu près identiques avec la graphie : CATIO (de l’officine de Catus, ou nominatif). Des estampilles anépigraphes ont également été découvertes en assez grand nombre: la rosette à nombre variable de pétales (de 5 à 12) inscrits dans un cercle, la branche de pin en relief dans un cartouche rectangulaire, le « champignon de Paris » avec un centre hémisphérique bilobé et un pied bulbé à double contour, cette dernière étant totalement inédite (fig. 13).

194Une remarque mérite d’être faite à propos des conditions de découverte de certains objets en sigillée unie. Ainsi dans la zone fouillée, la plus basse relativement à la pente du terrain, deux empilements de vases ont été découverts : le premier comportait du bas vers le haut, encastrés l’un dans l’autre, quatre vases différents : une coupe hémisphérique (Drag. 40), un bol à deux anses (Drag. 34), un bol à parois droites (Drag. 33) dont le fond était estampillé d’une rosette à cinq pétales, un bol campanulé (Drag. 46) et estampillé LVCIVFE. Le second empilement, de la même façon, comportait un plat à paroi campanulée et vraisemblablement à rebord rentrant (Curie 15), un plat du même type mais à rebord sortant comportant une rosette à huit pétales, un plat de type Walters 79/80 avec l’estampille LVCIVFE. Les différents objets céramiques de ces deux empilements, complets et à peu près intacts, ont été trouvés tels, sur place, horizontalement. Les incrustations calcaires marquaient nettement sur le fond intérieur de chaque vase le contact prolongé du pied du vase sus‑jacent. Tout laisse à supposer que ce matériel faisait partie d’un local de présentation ou d’entrepôt offrant un véritable échantillonnage des produits de l’officine.

195La sigillée décorée de l’atelier de Terre‑Franche compte surtout parmi ses productions de la céramique moulée. Les vases hémisphériques Drag. 37 et cylindriques Drag. 30 sont représentés, avec une large prédominance des premiers. La composition du décor sur la panse du vase est soit organisée en métopes et médaillons figurant des divinités ou des humains (dieux, Eros, hommes, cavaliers, guerriers, chasseurs, déesses, femmes, danseuses), soit à décor libre figurant de grands rinceaux de feuillages avec ou sans oiseaux, des scènes de chasse, sans compter un grand nombre de décors intermédiaires.

196L’identification des potiers de l’officine est complexe du fait des homonymies, du commerce et de la diffusion des moules, du caractère itinérant de certains artisans, des associations de potiers ou de l’existence d’ouvriers mouleurs, tourneurs ou finisseurs de vases, travaillant au sein de l’officine d’un maître‑potier. Nombreux sont les fragments de moules découverts qui ont permis de reconstituer aux trois quarts plusieurs pièces. L’inventaire des moules ou fragments de moules dépasse actuellement la centaine ; la forme la plus habituelle reste celle du vase hémisphérique Drag. 37. Les styles les plus fréquemment rencontrés sont ceux de Cinnamus, de Paternus, et de Seruus II. Les autres ressortissent du style du « Potier à la petite tête féminine » (potier inédit caractérisé par un poinçon représentant une petite tête de femme située aux coins des métopes), de lullinus, d’Attianus, de Siluio, de Carantinus, Anunus et Banuus. Les deux potiers qui ont livré le matériel le plus abondant à Terre‑Franche sont Cinnamus et Paternus ; ils sont identifiables par leurs oves et leurs motifs décoratifs spécifiques ; souvent leur signature intradécorative entière ou fragmentaire est facilement identifiable. Leur période d’activité à Terre‑Franche est probablement la même que celle de l’activité de Lezoux après 110. Si, sur la base des travaux d’Oswald et Pryce et de ceux de Stanfield et Simpson, nous cherchons une approximation plus grande, nous arrivons à une période d’activité globale entre 117 et 190 (règnes d’Hadrien et des Antonins) avec activité maximale et splendeur entre 150‑161. En dehors de Cinnamus et de Paternus, Seruus II est le potier qui paraît avoir réalisé une des principales productions de l’officine de Terre‑Franche. Il est reconnaissable à son ove unique, à ses lignes séparatives (gros cordon ondulé) à sa signature SERVM en grandes lettres bâtons. Il a sans doute travaillé en association avec Paternus et Banuus et son activité maximale se situerait entre les années 160‑195, d’après Stanfield et Simpson.

197Quant aux thèmes décoratifs, ils sont en général les mêmes que ceux des ateliers arvernes de la même époque (ier/iie s.). En revanche, un thème paraît original et propre à Terre‑Franche, la représentation de Boruo et du serpent : sous un arc supporté par des colonnettes le dieu nu apparaît dans une position assise, l’avant‑bras gauche appuyé sur un bouclier ovale, tenant de la main droite levée une coupe conique d’où l’eau semble déborder et ruisseler ; ce poinçon est dérivé du poinçon classique du dieu Mars (fig. 14). À Terre‑Franche la composition est plus complexe : s’y ajoutent un dauphin sous le bouclier et un serpent cornu et segmenté, dressé verticalement en avant du genou droit du dieu. L’attribution à Cinnamus est attestée par l’ove et les poinçons du petit cerf couché et du phylactère.

198Outre les vases tournés et moulés, une troisième technique semble avoir été pratiquée à Terre‑Franche : le relief d’applique. Quelques tessons et un vase reconstituable (Déch. 72) ont été livrés par l’officine. Le vase est caractérisé par deux éléments de motifs humains, animaux et végétaux appliqués, et des rinceaux de feuillages, de vrilles et de pointillés à la barbotine. Le premier sujet est un Hercule debout de face, la main sur la hanche droite. Certains autres sujets méritent d’être cités, tels Eros portant un lièvre et un pedum et Jupiter sur un bige.

■ La fabrication

199De récentes fouilles destinées à dégager entièrement le grand mur ont permis de découvrir un dépotoir adossé à la paroi externe de ce mur. Placé près d’un four, il s’est révélé fort riche en accessoires de chauffe : galettes épaisses et circulaires ayant gardé l’empreinte de la base d’un vase ; supports isolateurs (diabolos ou annulaires) destinés à supporter la pile des vases dans le four et à les isoler les uns des autres ; cales dites « colifichets » ; blocs de glaise cuite avec parfois des tessons décorés incorporés et souvent des empreintes digitales. Un dernier élément, assez controversé, a été découvert : les tournettes ; elles présentent une masse circulaire tronconique à large conduit central et sont peut‑être des supports de cuisson pour moule. Une tournette présente en creux à la pointe sur une de ces faces un nosgraffito IOV, marque de propriété individuelle ou dédicace à Jupiter (?).

200L’aire de chauffe est dominée par un pilastre de 14 briques plates et épaisses qui a sa face est au niveau du couloir de chauffe ou alandier et repose sur quelques belles pierres taillées. Le couloir conducteur de chaleur se développe sur 4,50 m et sur une largeur de 65 cm. Ses parois de briques surcuites, voire vitrifiées, débouchent sur un lit de tuiles à rebord (tegulae) au pied même du pilastre. Tuyaux lisses, cerneaux et tuiles demi‑rondes (imbrices) abondent à cet endroit d’autant plus qu’une batterie de fours, bouleversée par un léger glissement de terrain, se dressait à proximité. En effet les tuyaux, sur chant à l’origine, présentent tous sur leur paroi interne des dépôts blanchâtres de cendre. Des éléments de four vitrifiés ont été récupérés en assez grand nombre mais la sole proprement dite avait disparu.

201Par ailleurs, à ce jour, un certain nombre de substructions ont été mises au jour qui pourraient appartenir à une cave: plusieurs murs ont été découverts; le plus important se déroule dans le sens de la pente du terrain, en appareil de moyenne taille, irrégulier et mal jointoyé, d’une largeur de 90 cm.

■ La diffusion

202L’officine ne pouvait vivre que grâce à une commercialisation et à une exportation de ses produits manufacturés. Ceci a été confirmé par les fouilles entreprises sur plusieurs sites importants : à Néris‑les‑Bains (Allier) a été trouvé un vase hémisphérique décoré (Drag. 37) répondant au style de Seruus II de Terre‑Franche ; du même potier, un vase décoré à parois droites (Drag. 30) a été livré par le site d’Argentomagus dans l’Indre. Quant au gros de l’exportation, il entrait dans le complexe économique des officines arvernes à la tête duquel se trouvait Lezoux (Puy‑de‑Dôme). La céramique arverne a rayonné sur tout l’Empire romain du iie s., sous les règnes de Trajan et d’Hadrien au moment où s’amorce le grand essor économique de la Gaule romaine. Outre un réseau routier très développé (Terre‑Franche était situé à environ 1 km du grand axe Clermont‑Ferrand — Bourges ou Autun ou Lyon), les fleuves jouèrent un grand rôle dans le développement économique et commercial, ces cours d’eau dont Strabon remarquait qu’ils étaient fort longs et facilement navigables. Voies fluviales principales, petits cours d’eau, affluents et chemins de portage, telle est l’infrastructure des voies navigables de la Gaule romaine.

203L’Allier fournissait aux officines arvernes, outre l’eau et le sable, la voie d’eau idéale qui permettait, par la Loire, de gagner Nantes et l’Armorique, puis la Britannia (sites du Pays de Galles, du Mur d’Hadrien, du Mur d’Antonin, etc.), par la Loire et le Loing, de gagner la Seine et la Belgica (Tongres, Amay, Braines‑en‑Hesbrayes) ; par portage, la céramique arverne gagnait le limes rhénan et danubien (Nouaesium‑Neuss en face de Düsseldorf, Friedfeld, Hallstatt, sites de Pannonie).

■ Bibliographie

204VAUTHEY (M.) et VAUTHEY (P.) :

205— Terre‑Franche. Historique du site et premières découvertes. Ogam, 53‑54, 1957, pp. 376‑373, 3 pl.

206— Terre‑Franche. Marques et signatures des Potiers de Terre‑Franche. Ogam 55, 1958, pp. 87‑94, 2 pl.

207— Terre‑Franche. Sa place dans les grandes fabriques de la Terra Sigillata de la Gaule romaine. Société Histoire et Archéologie de Vichy, 29 avril 1958.

208— Cinnamus, Maître Potier de Vichy. Rive gauche. Société Histoire et Archéologie de Vichy, 22 mai 1958.

209— Le Buste de Vulcain de Terre‑Franche. Ogam, 57, 1958, pp. 413‑416, 4 pl.

210— Bilan des campagnes de fouilles 1958 ‑ 1959. Société Histoire et Archéologie de Vichy et des environs, Mai 1960.

211— Une Estampille arverne originale « in planta pedis ». R.C.R.F. Acta, III, 1961, pp. 75‑80 et R.A.C., I, 2, 1962, pp. 152‑157.

212— Un Graffite symbolique sur un vase rouge non décoré. R.A.C., I, 2, 1962, pp. 160‑163, 3 fig.

213— Terre‑Franche. Un manche de canif en os d’époque gallo‑romaine. R.A.C., I, 3, 1962, pp. 250‑254, 6 fig.

214— À propos du buste de Vulcain de Terre‑Franche (étude complémentaire). R.A.C., 1, 4, 1962, pp. 335‑347, 6 pl.

215— « MAXIMVX FECIT MANV », une nouvelle graphie des estampilles du potier Maximus. R.C.R.F. Acta, IV, 1962, pp. 85‑87, 2 fig.

216— Deux moules de vases 30 signés CINNAMVS. R.A.C., II, 5, 1963, pp. 48‑56. 4 fig.

217— Terre‑Franche. Bilan de cinq années de fouilles. In : Congrès national des sociétés savantes. Clermont‑Ferrand, 1963, pp. 131‑134.

218— Terre‑Franche ; le site. Les éléments de fours. Les accessoires de fabrication. La poterie rouge non décorée. R.A.C., II, 8, 1963, pp. 319‑334, 9 fig.

219— Terre‑Franche. Description et identification de quelques types de céramique. Bull. Soc. Hist. et Archéo. de Vichy et env., 66, 1964, pp. 102‑108.

220— Le Cerf de Terre‑Franche (statuette en terre blanche de l’AIlier). R.A.C., IV, 15‑16, 1965, pp. 255‑273, 13 fig.

221— Introduction à l’étude du potier arverne SERVVS II. La fouille 561 de Vichy — Terre‑Franche. R.A.C., VI, 22, 1967, pp. 145‑ 156, 3 pl.

222— Répertoire des poinçons, style et art décoratif du potier arverne SERVVS II. R.A.C., VI, 23, 1967, pp. 230‑256, 16 pl.

223— À propos de l’estampille « MINVSV » de Terre‑Franche. Comparaison avec celle de Tongres. R.C.R.F. Acta VIII, 1967, pp. 51‑ 55.

224— Le Site de Terre‑Franche. L’officine de céramique sigillée. Etude d’ensemble et bilan de douze années de fouilles (1957‑1968). Rapport au Conseil supérieur de la recherche archéologique. Novembre 1968. 1 vol. texte 76 p. et 1 vol. de 46 pl.

225— Deux estampilles « in planta pedis » et « in solege». In: Journées du G.E.C.A.G. Saint‑Marcel — Argenfomagus (2 au 5 avril 1970).

226— Un Moule de vase Drag. 37 avec graffito d’ANVNVS. R.A.C., IX, 33, 1970, pp. 36‑41, 3 pl.

227— SERVVS II de Lezoux et SERVVS de Terre‑Franche. Étude comparative (en collaboration avec R. Sauvaget). R.A.C., IX, 34, 1970, pp. 143‑144.

228— Deux vases Drag. 30 provenant de la nécropole d’Argentomagus (style de SERVVS II). R.A.C., IX, 34, 1970, pp. 145‑152, 3 pl.

229— À propos de certains vases à reliefs d’applique et barbotine. In : 98e Congrès national des sociétés savantes, Saint‑Étienne (13‑17 avril 1973).

230— Deux moules de potiers trajaniques. R.A.C., XII, pp. 47‑48, 1973.

■ Collections principales et lieux de conservation

231Le dépôt des collections est prévu dans le futur musée municipal de Vichy. Il existe actuellement deux collections privées : celles du Dr. Burnod et du Dr. Vauthey.

■ Responsable actuel du site

232Le Directeur des Antiquités historiques de la région d’Auvergne.

Vichy‑Gare

233Cet atelier se trouve sur la commune de Vichy, dans le département de l’Allier, canton de Vichy, de la Croix‑des‑Renards jusqu’au ruisseau Sichon, altitude 260 m environ.

■ Circonstances de la découverte et état du site

234Les ateliers ont été découverts lors de la construction de la voie ferrée entre Saint‑Germain et Vichy, en 1861‑1862, par Alfred Bertrand, ingénieur des chemins de fer et membre de la Société d’émulation du Bourbonnais dans le bulletin de laquelle il a fait ses rapports (B.S.E.B.). L’auteur dit y avoir laissé en place un certain nombre de fours et ils existent peut‑être toujours sous les installations de la S.N.C.F. Il a laissé un relevé de ses fouilles sur un plan de la gare de Vichy déposé aux Archives du département de l’Allier.

■ Contexte historico‑géographique

235Les ateliers ont été installés dans la banlieue proche de la ville antique identifiée avec Aquae Calidae de la table de Peutinger. Une voie de communication fluviale, l’Allier, n’était que peu éloignée des ateliers, mais pour y parvenir il fallait ou traverser la ville installée dans une boucle de l’Allier, ou la contourner. Une voie terrestre est bien attestée par la carte de Peutinger ; elle gagne vers le Nord Varennes‑sur‑Allier (Vorogio) et vers le Sud la capitale des Arvernes. D’autres routes existaient vraisemblablement.

236Les argiles accessibles aux potiers étaient de natures diverses puisque l’atelier fabriquait aussi bien des figurines et des vases à glaçure plombifère dont la terre est blanche, que des vases sigillés rouges et des céramiques communes en argile rose. Le sable était facilement accessible ; Bertrand écrit que le sol où il a fouillé « était une alluvion de sable ». L’eau était peu profonde, le ruisseau Sichon, peu éloigné, et des sources jaillissaient au pied de la colline où s’étaient installés les potiers.

237La dotation des fabriques peut être établie par référence à d’autres ateliers, car des moules ont été apportés de Lezoux si l’on en croit les signatures données dans le texte de Bertrand, et par rapport aux sites consommateurs notamment de céramiques à glaçure plombifère. Les documents mentionnés par les anciens rapports établissent une activité qui va à peu près du milieu du ier s. à la fin du iie ; cela correspond à ce que les fouilles locales montrent de la ville antique dont l’activité semble diminuer dès le début du iiie s. après une période brillante qui irait du milieu du ier s. au règne de Commode. Un trésor de 122 monnaies d’argent du iiie s. dont les documents les plus tardifs sont de Maximien, et un autre, d’une vingtaine de pièces du même siècle, laissent cependant penser à une certaine activité plus tardive de la ville.

238D’autres artisans ont coexisté avec les potiers dont les déchets de fabrication, les objets inachevés ou les outils ont été découverts dans la ville elle‑même ; ils travaillaient le bois, la pierre, l’os, le fer et le bronze. Des installations pour l’utilisation des eaux thermales ont été retrouvées.

■ Activité céramique

239La datation des activités des ateliers de la gare est très difficile à préciser actuellement, car les découvertes des fouilles anciennes sont mêlées dans l’énorme fonds de céramique sans origine précise des musées de Moulins et de Saint‑Germain‑en‑Laye. Nous ne possédons que les relevés d’estampilles donnés par les fouilleurs du xixe s ; ils semblent montrer qu’il a existé des apports de moules de Lezoux au iie s. (cf. liste des noms de potiers). Notons par ailleurs qu’il n’y a pas eu production uniquement de sigillée, mais de vases à glaçure plombifère, de statuettes, de lampes...

240Pour ce qui est des analyses, il n’est pas actuellement possible d’en établir pour cet atelier puisque nous n’avons pas de documents identifiables de façon certaine.

■ La fabrication

241Six poinçons‑matrices ont été trouvés de même « qu’un outil en os, formé par un morceau d’omoplate d’animal de grande taille, cet outil devait servir dans la fabrication de la poterie » (Bertrand), « deux petites molettes en grès, pour servir à broyer », de nombreux fragments de moules de vases. Bertrand avait découvert 14 fours dont il a relevé les plans, mais ils n’ont pas été retrouvés à ce jour.

■ Bibliographie

242Les fouilles de 1860‑1861, effectuées par Bertrand, ont été publiées sommairement par lui dans le Bulletin de la Société d’Ëmulation.

243VERTET (H.). — Catalogue des lampes antiques du Musée de Moulins. Thèse de IIIe cycle, 1966, chapitre II : fouilles de Bertrand à Vichy et à Varennes‑sur‑Allier.

244VERTET (H.). — Les Glaçures plombifères gallo‑romaines du centre de la Gaule. 2. Atelier de Vichy. Sites, no 6, pp. 9‑46.

245CORROCHER (J.). — Vichy antique. Clermont‑Ferrand, 1981.

246VERTET (H.). — Catalogue des poinçons matrices du Musée de Moulins. Figlina, I 1976, pp. 97‑142.

■ Collections principales et lieux de conservation

247L’absence d’études détaillées du matériel de fouille incite à se montrer prudent sur l’origine de certains fonds : ainsi le Musée des antiquités nationales conserve la collection A. Rambert provenant « de Vichy » mais visiblement composite; voir également le musée de Moulins et la collection particulière de la Compagnie fermière de l’établissement thermal.

■ Responsable actuel du site

248Le Directeur des Antiquités historiques de la région d’Auvergne.

Lubié

249L’atelier est situé à Lubié, département de l’Allier, canton de Lapalisse, commune de Lapalisse, à une altitude de 272 m.

■ Circonstances de la découverte

250En 1860, un des membres de la Société d’émulation du Bourbonnais va acquérir une lampe en bronze à six becs vendue comme vieux métal à un chaudronnier. On l’informe qu’elle a été découverte à Lubié, en approfondissant la citerne d’arrosage d’un jardin ; il identifie en ce lieu les vestiges d’un habitat gallo‑romain assez vaste et un atelier de potiers gallo‑romains. En 1878 et 1879, R. de Quirielle et A. Bertrand organisent deux petites campagnes de fouilles. Le matériel découvert a été identifié en partie dans les réserves du musée de Moulins, d’après les descriptions parues dans le compte rendu des deux fouilleurs et d’après neuf dessins de tessons conservés aux Archives départementales de l’Allier. Depuis, aucune fouille ne semble avoir été pratiquée. Des prospections au sol nous ont donné des tessons minimes. Cependant l’existence de l’atelier est prouvée par la mention de la trouvaille de « fragments de grosses briques vitrifiées par le feu, de segments de couronnes, pour joints et tuyaux d’alandiers, de quelques morceaux de tuyaux » et par la fouille de ce qui semble bien avoir été un vaste dépotoir de « débris accumulés là sans interstices de terre […] sur une bonne épaisseur » (p. 483 du compte rendu) (= colifichets, supports de cuisson divers).

251Le site est probablement assez vaste : « Je fis [ écrit Bertrand] un parcours de 2 km en zig‑zag rencontrant de temps à autre des matériaux antiques ». Actuellement, une exploitation agricole, prairies et cultures alternées selon les années, occupe les terrains ; on peut craindre que les labours de plus en plus profonds ne fassent disparaître les vestiges de cette installation et ne compromettent toute fouille. Le niveau du sol est peu élevé au‑dessus de celui de la Besbre qui coule tout près et inonde parfois les lieux. Il serait urgent de protéger le site qui comporte donc une installation gallo‑romaine, la base d’une église détruite, construite probablement sur des ruines antiques (cf. Grégoire de Tours, l’ermitage de Saint‑Lupiçin serait peut‑être à cet endroit), un cimetière médiéval utilisé jusqu’aux environs de 1830 ; il a été identifié aux lieux appelés Lipiciaco et Vicum Berberensem… Il se pourrait que cette zone devienne urbanisable, or actuellement aucune protection n’existe.

■ Contexte historico‑géographique

252Le site se trouve dans la cité des Arvernes. Au iie s. l’installation occupait une petite plaine alluviale, mais il est possible que sur les collines qui s’élèvent de part et d’autre aient existé des habitats contemporains ou plus anciens (vestiges signalés). Par ailleurs les découvertes anciennes suggèrent l’existence d’une villa rurale et d’un atelier dans une large boucle de la rivière.

253La Besbre, avec des bords dégagés, pouvait peut‑être à certaines périodes de l’année porter des radeaux qui rejoignaient la Loire. Lubié se trouverait aussi au carrefour de voies terrestres reliant (nord‑sud) Decize et Roanne, (est‑ouest) Varennes (Vorogio) et Ariolica (FANAUD (L.). — Voies romaines et vieux chemins en Bourbonnais).

254L’argile utilisée par les potiers était vraisemblablement d’origine locale car elle ne manque pas dans les terrains de l’atelier. L’eau fut soit celle de la rivière, soit celle que donne facilement, par infiltration, le moindre petit puits. Les collines qui s’élèvent de l’autre côté de la Besbre sont encore couvertes de forêts de feuillus et il serait également facile d’apporter du bois, par flottage, de forêts en amont.

255Les fouilles anciennes ne mentionnent que des sigillées de la deuxième moitié du iie s. bien situées par des découvertes dans des sites datés, par la forme des vases, par la matière (argile calcaire), par le style des décors, par comparaison avec les produits de Lezoux d’où sont vraisemblablement venus plusieurs moules (Cinnamus, Banuus…). La découverte par R. de Quirielle et A. Bertrand d’une monnaie d’Antonin le Pieux ne contredit pas cette datation. Quant à la fin de l’atelier, elle semble coïncider avec celle des fabrications de terre sigillée dans les autres ateliers périphériques de Lezoux, si l’on en croit ce qui a été découvert par R. de Quirielle et A. Bertrand ; nos prospections ne nous ont rien donné de plus tardif.

256La vallée de la Besbre, où a été installée cette fabrique, comporte aussi les vestiges de plusieurs autres installations artisanales : atelier de Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre où se fabriquaient peut‑être de la sigillée, sûrement des figurines en terre blanche et des vases à glaçure plombifère (20 km en aval) ; carrière de marbre à Chatelperron (14 km en aval) ; on y a signalé également des traces de plusieurs exploitations agricoles antiques. La lampe en bronze à six becs, origine de la découverte du site, atteste que ces exploitations étaient assez aisées ; la fouille d’un petit cimetière, avec gobelet en verre, donne la même impression.

■ Activité céramique

257Les auteurs notent l’absence de terres cuites blanches et seulement la présence de sigillée, beaucoup de vases moulés « mais peu à panse lisse » (p. 486). On peut identifier dans leur rapport la présence de Drag. 45 (p. 486), de vases à décors excisés, de vases décorés à la barbotine de rinceaux, de feuilles « de lotus », d’épis hérissés de petites pointes épineuses, « d’un très petit vase en forme d’olla ovoïde en terre rouge très fine et à engobe rouge », de « jolies urnes à dépressions, fines comme des coquilles d’œuf » (p. 474), d’un petit vase sphérique rouge, uni avec goulot et anse (p. 483).

258Actuellement l’atelier de Lubié apparaît comme un satellite de Lezoux d’où il a reçu des moules. Vichy et Terre‑Franche ont probablement aussi servi de fournisseurs de moules, mais on peut considérer Lezoux par le nombre de potiers et de décorateurs comme le centre de la région le plus important.

259Des analyses ont été réalisées par le laboratoire de l’URA no 3 (Lyon, M. Picon).

260Lubié no 22 ‑ K2O : 4,15 ± 0,37 ; MgO : 1,47 ± 0,25 ; CaO : 4,61 ± 2,56 ; MnO : 0,055 ± 0,025 ; AI2O3 : 23,1 ± 2,3 ; Fe,O3 : 6,46 ± 0,57 ; SiO2 : 59,1 ± 2,6 ; TiO2 ; 0,97 ± 0,08.

■ Définition archéologique du matériel sigillé

261La pâte est fine, le plus souvent assez tendre en raison de son séjour dans un milieu très humide.

262Une identification des tessons provenant de la fouille ancienne de Lubié est en cours dans les réserves du musée de Moulins. Il est sûr qu’un certain nombre d’estampilles avaient été placées dans le décor des bols Drag. 37 découverts : ADVOCISI (4 tessons), CINNAMI (AM inversés, 1 tesson) BANVI (19 tessons), LABIO (4 tessons), Q.I. BALBINI (1 tesson), CASILL (2 tessons), DOVIICCVS (1 tesson), DOIICCI (5 tessons), LAXTVCISSA (2 tessons), PANVE (?) (1 tesson).

263Dans la liste des céramiques sigillées lisses, les auteurs ne donnent aucune référence à des assiettes ou coupes ou tasses estampillées, se contentant de décrire les formes les plus remarquables à leurs yeux. Les vases moulés semblent n’avoir été que les Drag. 37, sauf le tesson no 194 qui semble avoir appartenu à une gourde plate à flanc moulé et une petite tasse cylindrique (tesson no 195), les deux échantillons étant mentionnés dans le chapitre des « poteries noires et brunes » (pp. 563 et s.).

■ La fabrication

264Aucun outil n’a été découvert sur le site, ni aucun four ; la fouille a été réduite en surface et les auteurs suggèrent qu’ils n’ont rien découvert parce que les fours ne pouvaient être enterrés en raison de l’extrême humidité du sol. La grande quantité de débris de fours atteste cependant la présence de ceux‑ci et l’existence d’un atelier.

■ Les potiers

265Un seul potier Q.I. Balbinus semble avoir possédé les tria nomina ; il n’est pas certain cependant que ce fabricant de moules ait été particulier à cet atelier. Nous connaissons encore trop mal les officines arvernes pour l’assurer.

■ La diffusion

266Le manque de définition de la pâte, des formes, du style de l’atelier ne permettent pas actuellement de définir la diffusion de ses produits.

■ Principale collection et lieu de conservation

267Réserves du musée de Moulins.

■ Responsable actuel du site

268Le Directeur des Antiquités historiques de la région d’Auvergne.

■ Bibliographie

269QUIRIELLE (R. de), BERTRAND (A.). — Découverte d’une officine de potiers gallo‑romains à Lubié près de Lapalisse. Bulletin de la Société d’Émulation du Bourbonnais, t. XVI, 1879‑1881, pp. 471‑ 571.

270PIC (G.), VERTET (H.). — Tessons de céramique sigillée signés du potier DOECCVS. R.A.E., t. XII, 1961, pp. 199‑207.

Table des illustrations

Légende • 1. Lezoux. Principaux types de céramique sigillée non décorée ou à décor secondaire.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32438/img-1.jpg
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Légende • 2. Lezoux. Principaux types de céramique sigillée décorée.
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Légende • 3. Lezoux. Exemples de décors. 1‑3 : vases du Ier s. ; 4 : vase signé de Libertus (env. 90 ‑ env. 120) ; 5 : vase du milieu du IIe s. ; 6 : vase de la fin du IIe s.
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Légende • 4. Lezoux. Exemples de décors. 7‑9 : vases moulés du IVe s. ; 10 : vase ovoïde à décors d’applique du IVe s.
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Légende • 5. Les Martres‑de‑Veyre. Formes lisses principales : assiettes.
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Légende • 6. Les Martres‑de‑Veyre. Formes lisses principales : coupes et coupelles.
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Légende • 7. Les Martres‑de‑Veyre. Formes lisses principales ; mortiers et ovoïdes ; forme à décor excisé.
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Légende • 8. Les Martres‑de‑Veyre. Principale forme décorée moulée : bols Drag. 37 du début (1‑2) et de la fin (3‑4) du IIe s.
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Légende • 9. Les Martres‑de‑Veyre. Décors sur Drag. 37 du début du IIe s. 1 : zones superposées (style de X‑3j ; 2 : décor libre (style de X‑2) ; 3 : frise à métopes (style d’Ioenalis/X‑11) ; : rinceau (style d’loenalis/X‑12).
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Légende • 10. Les Martres‑de‑Veyre. Décors sur Drag. 37 de la fin du IIe s. (style de Ceftus). 3‑4 
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Légende • 11. Toulon‑sur‑Allier. Exemples, en haut, de décor stylisé, en bas, de décor traditionnel.
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Légende • 12. Terre‑Franche. Estampilles épigraphiques.
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Légende • 13. Terre‑Franche. Estampilles anépigraphes.
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Légende • 14. Terre‑Franche. Exemples de décors sur formes Drag. 37. A gauche : moule du Potier Z (empreinte) ; à droite : figuration de « Mars‑Boruo ».
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Légende • 15. Terre‑Franche. Échantillon des principales formes lisses.
Crédits dessins de J. Corrocher, d’après Sites, no 819, janv. 1981
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