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L’homme et la mort

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Anne-Marie Tillier

Chapitre 4. Genèse de l’archéologie funéraire. La sépulture primaire individuelle

Texte intégral

1Si l’Europe a été le berceau de la Paléontologie humaine et de la Préhistoire, des découvertes majeures, réalisées au cours des 80 dernières années dans le reste de l’Eurasie et en Afrique, ont largement contribué à ébranler la vision de l’histoire humaine focalisée sur l’Europe et à repousser dans le temps les origines de notre lignée. À partir de la documentation anthropologique et archéologique rassemblée en Afrique puis en Eurasie, les techniques et les activités de consommation des premiers Homininés sont aujourd’hui un peu mieux connus. Il demeure en revanche beaucoup plus difficile de mettre en évidence des activités ne relevant pas des préoccupations matérielles liées à la subsistance. On peut invoquer la nature des sites (majoritairement de plein air), les conditions de terrain peu favorables et la conservation différentielle des ossements pour expliquer la rareté de la documentation archéologique et les difficultés inhérentes à l’identification de pratiques non utilitaires.

  • 1 Walker et Leakey 1993.

2Les premières traces de présence humaine datent du début de l’ère quaternaire ; ce sont essentiellement les premières industries humaines de pierres taillées, datées d’un peu plus de trois millions d’années. Or, nous ne savons rien des comportements de ces premiers Homininés vis-à-vis de leurs morts. L’adolescent de Nariokotome (WT 15000) provenant d’un site localisé dans le bassin du Lac Turkana au nord du Kenya représente, dans l’état actuel de la documentation anthropologique, le plus ancien squelette relativement complet, daté autour de 1,5 millions d’années1. Ses os étaient dispersés sur plusieurs mètres carrés, mais des regroupements et appariements d’os ont pu être effectués au cours de la fouille. Il est tentant d’expliquer la dispersion et le remaniement des vestiges par une mort naturelle ou accidentelle suivie d’un abandon du corps en surface. Les aptitudes cognitives et la structure sociale du groupe auquel l’adolescent a appartenu demeurent inconnues. Ce cas est aujourd’hui unique pour ces périodes anciennes puisque l’essentiel de notre documentation se résume le plus souvent à des os isolés.

3L’homme s’est plus tard adapté à de nouvelles conditions environnementales et a peu à peu colonisé tout l’Ancien Monde. Cette expansion spatio-temporelle se traduit par une occupation de l’espace plus diversifiée : aux sites de plein air, s’ajoutent les grottes et les abris-sous-roche. Ces nouvelles conditions de dépôt ont permis la mise au jour de nombreux fossiles humains. Ces derniers demeurent limités à quelques os isolés, mais la région céphalique (crâne et mandibule) est proportionnellement mieux représentée que le reste du squelette. Cette conservation différentielle a suscité de nombreuses controverses. Pour certains, cette sélection serait due au fouilleur lui-même, qui aurait attaché plus d’importance à cette partie plus facilement identifiable, voire plus noble, du squelette. Pour d’autres, et Henri Breuil fut un des premiers à le suggérer dès 1921, cette conservation différentielle résulterait de certaines pratiques des hommes préhistoriques eux-mêmes. Nous reviendrons sur ce point dans le dernier chapitre.

  • 2 Contrairement au concept de culture utilisé pour les sociétés historiques, les vestiges servant à d (...)
  • 3 La typologie des outils moustériens est diversifiée, selon la matière première utilisée, la techniq (...)
  • 4 Leclerc et Tarrête 1988 : 1002-1003.

4Bien des indices suggèrent qu’un changement culturel s’est produit au Paléolithique moyen, avec la « culture »2 moustérienne, marquée d’une certaine stabilité économique et technique. Les hommes porteurs d’outils moustériens3, chasseurs et nomades, ont vécu pendant plus de deux cents millénaires, entre 280 000 et 36 000 ans environ. Dans ce contexte moustérien, des indices matériels attestent d’un comportement particulier des vivants vis-à-vis des morts et de l’existence de gestes funéraires. Ces premières sépultures reflètent une étape nouvelle marquée par l’apparition d’un comportement socialisé vis-à-vis de la mort. Du point de vie archéologique, la sépulture se définit comme étant « le lieu où ont été déposés les restes d’un ou plusieurs défunts, et où il subsiste suffisamment d’indices pour que l’archéologue puisse déceler dans ce dépôt la volonté d’accomplir un geste funéraire »4.

5La documentation actuelle est constituée pour une grande part de découvertes antérieures aux années 1960, pour lesquelles le relevé du contexte du squelette a souvent été négligé. La réalité du geste funéraire est plus facile à déceler pour les fouilles récentes grâce à la multiplication des observations de terrain. L’analyse rigoureuse de ces vestiges, appuyée sur un référentiel solide, permet de retenir un certain nombre de cas d’inhumations intentionnelles, parmi lesquelles les sépultures primaires constituent un ensemble cohérent. Cette analyse n’autorise pas à lever le doute pour les restes humains trouvés épars, dont la dispersion peut résulter du remaniement des inhumations par les Moustériens eux-mêmes lors de l’aménagement de leur habitat. Il serait fastidieux de reprendre l’ensemble de la documentation et nous n’évoquerons que les exemples les plus significatifs, avant d’aborder quelques cas litigieux.

Les plus anciennes sépultures individuelles

  • 5 Près de l’entrée de la grotte de Tabun, située à quelques centaines de mètres au nord de celle de S (...)
  • 6 Garrod et Bate 1937, McCown et Keith 1939.

6La plus ancienne sépulture pourrait avoir un âge de plus de 120 000 ans mais son contexte est encore controversé et c’est pourquoi nous ne nous y arrêterons pas ici5. Les sépultures bien datées les plus vieilles sont connues dans deux sites du Proche-Orient, ceux de Skhul et de Qafzeh. Pour le premier d’entre eux, Skhul, à quelques dizaines de kilomètres au sud de la ville actuelle de Haïfa, les découvertes résultent de fouilles des années 1930 déjà évoquées, conduites par l’archéologue britannique Dorothy Garrod avec une équipe pluridisciplinaire. Dix sujets, sept adultes et trois enfants ont été identifiés. Pour les responsables de la fouille, il n’a fait aucun doute à l’époque, que le décompte des individus correspondait exactement à celui des sépultures6. La concentration des découvertes sur quelques mètres carrés (figure 1), et moins de 2 mètres d’épaisseur (une même couche B selon eux) leur paraissait des arguments imparables. Les niveaux archéologiques contenant les squelettes se trouvaient sur la terrasse devant l’entrée de la grotte ; ils ont subi une altération physico-chimique lourde entraînant une forte induration du sédiment (bréchification). La conséquence a été double, d’une part certains os ont été détruits par le « lessivage », d’autre part le dégagement des squelettes a requis à l’époque des techniques invasives, compte tenu de la résistance du sédiment, et certains éléments plus fragiles que d’autres n’y ont pas résisté.

Figure 1. Distribution spatiale des fossiles humains mis au jour à Skhul (d’après D. Garrod et D. Bate, 1937) sur la terrasse, en avant de la grotte aux dimensions réduites.

7Une lecture des données disponibles (informations de terrain, observations taphonomiques, etc.) permet d’identifier sans difficulté au moins trois sépultures primaires, celles d’un enfant (Skhul 1) et de deux adultes (Skhul 4 et 5). Les deux adultes ont été inhumés à égale distance, environ 3 mètres, et de part et d’autre de l’enfant qui occupait donc une position centrale (figure 1). Du fait de l’altération géochimique des sédiments et de leur induration, aucune limite de fosse n’a été décelée à la fouille.

8L’enfant, Skhul 1, était en position accroupie, le corps orienté sud-ouest/nord-ouest, légèrement incliné sur le côté gauche, la tête reposant sur l’avant-bras gauche. Si une grande partie des connexions anatomiques a été préservée, le crâne a, quant à lui, subi quelques dommages que les inventeurs imputent à la fréquentation du lieu par les Moustériens eux-mêmes. Il est difficile de proposer a posteriori une autre interprétation car le bloc contenant les éléments crâniens a été prélevé séparément du reste du squelette. L’espace occupé par le squelette est réduit et l’enfant était âgé d’environ 3 ans au moment du décès.

Figure 2. La sépulture de l’adulte Skhul 4 (d’après D. Garrod et D. Bate, 1937).

  • 7 Le terme « hyperfléchi » est utilisé pour désigner la position d’un membre s’accompagnant de la fer (...)

9L’adulte Skhul 4 reposait sur le côté droit (figure 2), selon une orientation globalement est-ouest, avec la tête à l’est, inclinée vers l’épaule gauche ; les membres supérieurs étaient fléchis avec les mains ramenées à la hauteur de la face, les membres inférieurs hyperfléchis7 avec les pieds ramenés sous le bassin. La position de ces derniers (métatarsiens et phalanges redressés) laisse supposer un effet de contrainte, qui se retrouve au niveau de la tête, en surplomb. L’interprétation la plus plausible est la présence d’une fosse ne dépassant guère un mètre de longueur qui expliquerait l’hyperflexion des membres inférieurs. Ainsi, si la bréchification du sédiment a effacé les limites de la fosse, l’existence de celle-ci, de même que le volume de l’espace occupé initialement par le cadavre, peuvent être déduits de la position restituée des ossements. Le maintien des connexions labiles des os des mains et des pieds indique que le comblement de la fosse a été immédiat.

10Le dernier sujet, Skhul 5, est lui aussi orienté est-ouest, mais cette fois avec la tête à l’ouest ; le corps a été déposé sur le dos, le membre supérieur droit hyperfléchi, tandis que le bras et l’avant-bras gauches décrivent un angle ouvert sur le tronc. Les membres inférieurs, basculés sur le côté droit, sont hyperfléchis et l’espace réduit occupé par le mort ne diffère guère de celui du dépôt précédent. Une nouvelle fois, la tête reposait sur sa base et n’a pas basculé secondairement.

11Que peut-on dire des sept autres sujets ? Le regroupement des dépôts de trois d’entre eux (Skhul 8, 9 et 10), leur proximité spatiale avec la sépulture de Skhul 5 (figure 1) ainsi que le maintien de quelques rares connexions suggèrent une perturbation de dépôts primaires, mais l’origine anthropique de cette perturbation nous apparaît moins évidente qu’aux inventeurs. Ainsi en est-il de l’adulte Skhul 9 dont la position des éléments préservés indique qu’il gisait initialement sur le côté droit, la tête orientée au nord-est. Les autres dépôts sont trop distants et fragmentaires pour privilégier une telle hypothèse, et nous manquons d’éléments pour interpréter leur caractère partiel.

  • 8 Mercier et al. 1993, Grün et al. 2005.

12Grâce à différentes méthodes radiométriques (notamment la thermoluminescence et la résonance paramagnétique) appliquées ces dernières années à du matériel archéologique tels que le silex et les os animaux, il a été possible d’attribuer les niveaux moustériens de Skhul qui contenaient les sépultures à une période s’étendant de 130 000 à 110 000 ans8.

  • 9 Un cinquième sujet, Qafzeh 13, découvert en 1969 dans la couche XVa, est un nouveau-né tassé sur lu (...)

13Le site de Qafzeh, au sud-est de la ville de Nazareth en Galilée, comprend lui une grotte et une terrasse, avec des niveaux d’occupation qui s’étagent du Paléolithique à l’époque probablement byzantine. La documentation anthropologique issue des niveaux d’habitat moustérien regroupe quinze sujets qui proviennent uniquement de l’extérieur de la terrasse. Quatre de ces sujets au moins9 étaient inhumés dans des sépultures individuelles, deux adultes et deux enfants, mis au jour lors des fouilles dirigées par Bernard Vandermeersch entre 1965 et 1979.

  • 10 Vandermeersch 1969 : 2963.

14L’adulte Qafzeh 8 se trouvait dans une anfractuosité naturelle, dans la partie supérieure de la couche XVII : « il reposait sur le côté droit, la tête à l’est, fortement inclinée sur le tronc »10. Orienté est-ouest, ses membres inférieurs étaient fléchis tandis que les supérieurs étaient étendus le long du corps. Le second adulte, Qafzeh 25, orienté nord-est/sud-ouest, reposait dans la même couche, à quelques mètres au sud du premier ; il gisait quant à lui sur le dos, membres supérieurs fléchis et mains ramenées à la hauteur de la tête. La tête était tournée vers le sud-ouest. Toute la partie inférieure du squelette (bassin et membres inférieurs) a été tronquée par un sondage réalisé lors de fouilles conduites en 1934 par René Neuville, consul de France à Jérusalem.

15Le dernier sujet issu de la couche XVII, l’enfant Qafzeh 15, était orienté ouest-est (tête à l’ouest) et reposait sur le dos. Âgé de 8 à 10 ans, l’enfant n’est représenté que par la partie supérieure du squelette, le reste ayant subi une altération physico-chimique liée au ruissellement. Pour cet enfant, comme pour l’adulte Qafzeh 25, la préservation des connexions anatomiques et l’absence de déplacement des os hors du volume initial occupé par le cadavre, indiquent une décomposition en espace colmaté, mais aucune information directe sur le creusement d’une fosse n’est disponible. En effet, comme à Skhul, une forte induration du sédiment a entraîné une bréchification de la couche XVII.

  • 11 Vandermeersch 1970 : 300.

16Le quatrième des sujets inhumés, Qafzeh 11, est le seul trouvé dans la couche XXII. Orienté nord-sud, la tête au nord, cet adolescent de 13-14 ans a été déposé sur le dos dans une fosse peu profonde de 1 mètre de long, creusée dans le sol rocheux ; ses membres supérieurs étaient fléchis avec les mains ramenées à la hauteur de la tête, la droite près du visage. Selon Bernard Vandermeersch11, la tête était appuyée contre la paroi nord de la fosse. Le bassin ainsi que les membres inférieurs très légèrement fléchis ont été endommagés par un gros bloc de calcaire et réduits à l’état de traces.

  • 12 Valladas et al. 1988, Schwarcz et al. 1988, Yokoyama et al.1997.

17Un âge moyen de 92 000 ± 5 000 ans avant le présent peut être retenu pour les deux couches ayant livré ces sépultures12 qui pourraient donc être plus récentes que celles de Skhul.

  • 13 Howell 1958, Vandermeersch 1981, Tillier 1999.

18À Qafzeh, comme à Skhul, deux sites distants de quelques dizaines de kilomètres, les sépultures sont le fait d’artisans du Moustérien dont l’identité biologique est celle de premiers hommes anatomiquement modernes13.

Les sépultures néandertaliennes en Europe

19Un hiatus d’environ trois dizaines de millénaires sépare les sépultures d’hommes modernes précédemment décrites de celles des Néandertaliens reconnues en Europe occidentale. Toutes les questions relatives à la chronologie exacte des dépôts européens ne sont du reste pas résolues et la plupart des sites concernés ont fait l’objet de datations relatives faisant appel à la sédimentologie, à la composition de la faune et à la biostratigraphie, en l’absence de datations absolues par des méthodes radiométriques.

  • 14 Sandgate et al. 2005.
  • 15 Bordes et Lafille 1962.
  • 16 Couchoud 2002 : 65.

20Les sépultures du Périgord. Parmi les sépultures considérées comme les plus anciennes, figure le squelette d’enfant trouvé par Jean Lafille en 1961 dans la grotte du Roc de Marsal (commune du Bugue, Dordogne). Selon Alain Turq et ses collègues qui ont repris des fouilles sur le site, un ensemble cohérent de critères permet d’estimer l’âge du dépôt funéraire à quelque 70 000 ans. En effet, des analyses archéométriques récentes de dents animales issues du niveau I4 donnent un âge moyen de 79 300 ± 2 700 ans avant le présent14. Ces datations suggèrent que, puisque cet enfant provient d’un niveau moustérien probablement antérieur, sa sépulture pourrait être la plus ancienne connue dans le sud-ouest de la France, voire en Europe. La description originale15 mentionne que le squelette se trouvait dans une fosse de 90 x 70 cm creusée dans la couche I. Le creusement artificiel de la fosse a été discuté par Isabelle Couchoud16 qui estime qu’il s’agirait plutôt d’une dépression naturelle que les Néandertaliens auraient utilisée de manière opportuniste. Ce qui n’enlève rien au caractère intentionnel du dépôt du défunt. L’enfant était couché sur le ventre face contre terre, les jambes à 90o par rapport aux cuisses. Cette position est suffisamment inhabituelle pour mériter d’être signalée. Elle a bien été voulue comme l’indique le fait que des connexions labiles ont été préservées. Le squelette de cet enfant d’environ 3 ans est un des plus complets que l’on connaisse pour la tranche d’âge 1-4 ans chez les Néandertaliens.

  • 17 Nous reviendrons plus loin sur les traits qui distinguent ce dépôt des autres sépultures du Périgor (...)
  • 18 Bonifay 1965, Bonifay et al. 2007.
  • 19 Bonifay et al. 2007 : 9.

21Le dépôt complexe17 du Regourdou, situé sur la commune de Montignac-sur-Vézère, à 600 mètres de la célèbre grotte ornée de Lascaux, pourrait dater de la même période que celui du Roc de Marsal, à cause de la présence d’une faune tempérée et en particulier de l’ours brun dans le niveau concerné18. La sépulture d’un adulte, fouillée entre 1960 et 1964 dans la couche 4, présentait, selon les auteurs, l’aspect d’« un véritable monument funéraire ». En l’absence d’illustration, il faut se contenter de la description des auteurs qui indiquent que le corps était « (…) replié en position fœtale, les genoux ramenés sous le menton, les bras repliés et les mains proches de la face. La tête était tournée vers le nord-est. Dans le prolongement du corps, à l’emplacement des jambes (si elles étaient restées allongées), se trouvaient deux tibias d’ours brun »19. La disparition de certaines parties du squelette (crâne, os longs des membres inférieurs) s’expliquerait par les circonstances de la découverte. Selon Eugène Bonifay et ses collègues, le site ne paraît pas avoir servi d’habitat permanent.

  • 20 Turq et al. 2008.
  • 21 Peyrony 1934.

22Pour Le Grand Abri de La Ferrassie (commune de Savignac-de-Miremont, Dordogne), la datation des différents dépôts n’est pas résolue. Même si certains chercheurs20 considèrent comme plausible un âge compris entre 130 000 et 75 000 ans (stade isotopique 5), cette ancienneté reste cependant à démontrer avec des datations fiables. Le site occupe une place à part dans la documentation périgourdine21, non seulement à cause du nombre d’individus qu’il a livrés, mais aussi par les indices témoignant des gestes funéraires accomplis par les Néandertaliens. Il s’agit en effet du seul cas connu en Europe d’un habitat qui ait livré plusieurs sépultures primaires individuelles (4 au moins, peut-être 6).

  • 22 Capitan et Peyrony 1909, Heim 1976.
  • 23 Cette technique de taille de la pierre, repérée dans un site de la commune de Levallois-Perret, con (...)

23Découvertes entre 1909 et 192122 et associées à une industrie moustérienne à débitage Levallois23, ces sépultures sont situées dans la moitié nord du Grand Abri. Les dépôts sont orientés est-ouest et répartis sur quelques mètres carrés. Y ont été inhumés des adultes (1 ou 2) et des enfants (3 ou 4 ?).

24L’adulte La Ferrassie 1 était étendu sur le dos, légèrement incliné sur sa gauche, la tête basculée vers la gauche et orientée vers le nord ; le membre supérieur droit était replié tandis que le gauche reposait le long du corps ; les membres inférieurs étaient fléchis vers la droite. De nombreuses connexions labiles (os des mains et des pieds) ont été maintenues. Une pierre plate placée en arrière de la tête pourrait être à l’origine de son basculement ; deux autres se trouvaient au niveau du coude gauche et contre la hanche droite. À proximité de cet adulte et à 1,50 mètre de la paroi de l’abri, un second squelette d’adulte plus jeune, La Ferrassie 2, était moins bien conservé. Les observations le concernant sont moins détaillées. Couché sur le côté droit, l’individu était en position contractée. Pour les deux adultes, les inventeurs ont bien noté l’absence de « fosse préalablement creusée ».

  • 24 Heim 1982.
  • 25 Vandermeersch 1976, Heim 1976, Maureille et Vandermeersch 2007.

25C’est en revanche la présence de fosses qui a permis d’identifier les dépôts funéraires d’enfants (La Ferrassie 3, 4, 5 et 6), mais on ne dispose d’aucune illustration détaillée nous renseignant sur la position des vestiges humains. Les premières fosses, qui se trouvaient à 40 cm l’une de l’autre, ont été trouvées en 1912 ; de forme hémisphérique, la plus méridionale contenait les ossements d’un enfant d’une dizaine d’années (La Ferrassie 3) dont la position est inconnue. Dans la seconde fosse plus profonde, dont la limite supérieure était marquée par de larges pierres, les vestiges d’un sujet périnatal (La Ferrassie 4) ont été identifiés. En 1920, quelques années après ces premières découvertes d’enfant, Denis Peyrony reprit les fouilles et découvrit une dépression ovalaire peu profonde de 40 cm de long contenant trois racloirs de belle facture et quelques vestiges osseux qui se révélèrent, lors de leur étude en laboratoire24, être ceux d’un fœtus (La Ferrassie 5). Enfin, en 1921, les os infracrâniens d’un enfant de 3 à 5 ans (La Ferrassie 6) furent retrouvés sur le fond d’une cuvette trapézoïdale longue de 1,45 mètre avec quelques débris crâniens dispersés à 1 mètre au sud. Le sommet de cette cuvette était marqué au sud par un bloc calcaire de forme triangulaire à cupules. Les différentes structures découvertes au Grand Abri de La Ferrassie font de ce site un cas unique25. Son intérêt est encore accru par la quantité de sujets immatures, mais aucun indice ne permet de préciser l’ordre de succession des inhumations dans l’abri.

  • 26 Beauval et al. 2004.

26La sépulture mise au jour en 1908 en Corrèze, à La Chapelle-aux-Saints, se trouvait à environ à 3 mètres de l’entrée de la grotte (figure 3). Dans une fosse rectangulaire assez large atteignant 1,45 mètre de long, gisait un squelette d’adulte orienté est-ouest, tête tournée vers l’ouest. Le défunt avait été déposé sur le dos, les membres inférieurs repliés et basculés sur le côté droit du corps. Le membre supérieur gauche était étendu tandis que la main droite était ramenée vers la tête. Les croquis qui ont été publiés (figure 3) semblent confirmer que la tête était appuyée contre le rebord de la fosse et que le corps n’occupait qu’une partie de la fosse creusée dans le sol marneux. C’est le seul dépôt funéraire mis au jour dans la grotte. La reprise de fouilles entre 1999 et 2004 ainsi que l’analyse du matériel archéologique des fouilles anciennes et récentes (plusieurs milliers de pièces lithiques et une faune abondante) ont montré que le site de La Chapelle-aux-Saints était bien un habitat26 et non un « sanctuaire », comme cela a parfois été avancé. En 1990, Rainer Grün a réalisé une datation radiométrique des dents de l’adulte et obtenu un âge entre 46 800 ± 3 200 et 55 800 ± 4 200 ans avant le présent, ce qui tendrait à placer l’homme de La Chapelle-aux-Saints parmi les Néandertaliens tardifs d’Aquitaine.

  • 27 Defleur 1993.
  • 28 Ullrich 2005.

27Il en serait de même avec le site du Moustier, gisement éponyme du Moustérien, à 10 km en amont du village des Eyzies-de-Tayac en Dordogne, qui a livré deux squelettes moustériens. Le premier a fait l’objet d’une annonce en 1908 de l’archéologue suisse Otto Hauser, personnage considéré par tous comme peu rigoureux et doté d’un manque total de scrupules. La position stratigraphique du squelette dans la couche moustérienne H n’est que supposée, mais le caractère intentionnel du dépôt semble quant à lui difficile à nier27. Mais il est beaucoup plus délicat de restituer la position originelle du défunt ainsi que le mode de dépôt. Le Moustier 1 est un adolescent dont le squelette a réapparu dans la communauté scientifique après une longue absence, liée aux tractations mercantiles orchestrées par son inventeur. Il a fait l’objet d’une monographie éditée près de 90 ans après sa découverte par l’anthropologue allemand Herbert Ullrich28.

Figure 3. Situation de la sépulture de La Chapelle-aux-Saints dans la grotte Bouffia Bonneval (dessin Jacqueline Cathalaa d’après A. et J. Bouyssonie et L. Bardon, 1908 ; archives Bruno Maureille)

  • 29 Maureille 2002.
  • 30 Cleyet-Merle et Maureille 2008 : 114.
  • 31 Valladas et al. 1987a.

28En 1914, le préhistorien Denis Peyrony, reprenant les fouilles au Moustier trouva une fosse de 50 cm de diamètre, creusée à partir de la couche J qui surmontait la couche H. Cette fosse contenait les restes osseux d’un très jeune sujet baptisé Le Moustier 2. Longtemps égaré, Le Moustier 2, dont l’état de conservation est remarquable, a émergé de l’oubli en 2002 et a fait l’objet d’une analyse minutieuse29. Il s’agit d’un sujet périnatal qui était couché sur le dos, « la main gauche posée sur la hanche, le pied gauche probablement à proximité de la ceinture pelvienne », « la tête devait être en extension vers l’arrière »30. La séquence moustérienne du Moustier a été récemment datée par thermoluminescence et résonance paramagnétique, ce qui a permis de donner un âge à l’enfant compris entre 55 000 et 40 000 avant le présent, la couche J étant elle-même datée de 40 300 ± 2 600 ans31. La sépulture du Moustier 2 pourrait être la plus récente des inhumations volontaires néandertaliennes du Sud-Ouest français.

  • 32 Les produits issus du débitage discoïde sont, le plus souvent, courts, assez épais et issus de mati (...)
  • 33 Alain Turq, communication personnelle.

29Toutes les sépultures du Périgord sont associées à une industrie lithique moustérienne caractérisée par un débitage Levallois. Si l’on admet que les traditions techniques n’étaient pas partagées par tous les Néandertaliens, doit-on en conclure que, de même, les inhumations n’étaient pratiquées que par certains groupes et pas d’autres ? Rien n’est moins sûr, d’autant qu’il existe une exception avec le site du Régourdou dont l’industrie se distinguerait par une production mélangeant des débitages de type Levallois et discoïde32selon Alain Turq33.

  • 34 Nous avons évoqué, dans le chapitre 2, la découverte à la fin du xixe siècle des squelettes de Spy (...)

30D’autres sépultures hors du Périgord. Les sépultures individuelles actuellement connues en-dehors du Sud-Ouest de la France pourraient être plus tardives34.

  • 35 Golanova et al. 1999.
  • 36 Ovchinnikov et al. 2000.
  • 37 Skinner et al. 2005.
  • 38 Les critères anatomiques retenus par les auteurs de la découverte dans leur diagnose ne sont pas sp (...)

31Au nord du Caucase, une sépulture d’enfant a été découverte en 1993 dans la couche 3 de la grotte Mezmaiskaya. L’enfant reposait sur le côté droit avec les membres inférieurs fléchis et décalés en avant de l’axe du corps, occupant un espace de 40 cm de long sur 20 cm de large35. Selon les auteurs, le décès serait intervenu peu avant ou après la naissance. Aucun élément de faune ou d’industrie lithique n’était directement associé au dépôt ; les auteurs ont néanmoins proposé un rattachement à un Moustérien qualifié de tardif (reconnu dans le remplissage de la grotte) et une affiliation néandertalienne pour le jeune sujet inhumé. La datation C14 directe du fossile a donné un âge de 29 195 ± 965 ans36, mais elle n’est pas compatible avec les autres résultats obtenus pour la faune issue des niveaux moustériens qui se sont avérés plus anciens, autour de 40 000 ans pour la couche 237. Quelle que soit la date de la sépulture, et qu’il s’agisse ou non d’un Néandertalien38, Mezmaiskaya est à ce jour le seul cas connu de sépulture tardive d’un périnatal en Europe orientale.

  • 39 Le Châtelperronien est une industrie attribuée aux Néandertaliens qui présente certains caractères (...)
  • 40 Vandermeersch 1993.

32La pratique de l’inhumation volontaire aurait perduré sur plusieurs millénaires chez les Néandertaliens. À La Roche-à-Pierrot, au sud-est de Saint-Césaire en Charente-Maritime, la question de l’existence d’une inhumation volontaire néandertalienne associée à un contexte châtelperronien39 a été posée par Bernard Vandermeersch40. Elle serait datée de 36 300 ± 2 700 ans avant notre ère.

Des sépultures moustériennes « tardives » au Proche-Orient

33Quatre sites ont livré des sépultures plus tardives, deux en Israël (Amud et Kebara), un au nord de la Syrie (Dederiyeh) et le dernier dans le Kurdistan iraquien (Shanidar). Cependant et comme pour la plupart des sites européens déjà mentionnés, l’attribution chronologique des dépôts funéraires de Dederiyeh et Shanidar demeure incertaine pour l’instant en l’absence de datations absolues.

  • 41 Tillier et al. 2003.
  • 42 Tillier 2008.
  • 43 Valladas et al. 1987b.
  • 44 Peut-être à l’exception de celle du nouveau-né de Qafzeh 13.

34Mugharet el-Kebara est localisé sur le versant occidental du mont Carmel, face à la Méditerranée et à quelques kilomètres au sud de la grotte de Skhul. Lors des fouilles conduites en 1965 par Moshe Stekelis, de l’Université de Jérusalem, le squelette d’un très jeune enfant, Kebara 1, a été découvert dans un niveau moustérien, à environ 6,85 mètres de profondeur. Les inventeurs ont relevé la présence exceptionnelle de trois pierres à proximité du squelette. Les arguments à l’appui d’un dépôt intentionnel reposent sur des observations concernant la zone du dépôt et la nature des vestiges préservés qui ont été faites a posteriori. De nouvelles fouilles menées de 1982 à 1989 par une équipe interdisciplinaire internationale ont permis de compléter la documentation : la zone d’où provient Kebara 1 ne contient que des vestiges disparates (essentiellement des dents isolées) et l’enfant constituait donc une exception41. La position du squelette, l’état de conservation exceptionnel de vestiges particulièrement fragiles si l’on considère que le sujet est décédé vers 7 mois, ainsi que l’absence de traces d’activité d’un prédateur sur les os permettent d’envisager le caractère volontaire de l’inhumation42. L’unité stratigraphique X dont provient l’enfant a été datée de 64 000 ± 6 000 ans43 ; la sépulture de Kebara 1 serait ainsi, dans l’état actuel des données, la plus ancienne connue au Proche-Orient pour un enfant de moins d’un an44.

  • 45 Arensburg et al. 1985, Tillier et al. 1988, Bar Yosef et al.1992.

35Quant à l’adulte Kebara 2 mis au jour en 1983, les arguments ne manquent pas pour établir l’intentionnalité du dépôt45. La sépulture a été découverte dans la partie centrale de la grotte, lors de l’élargissement d’un sondage effectué au cours de fouilles anciennes (figure 4), et elle relève de l’unité stratigraphique XII. Le sujet reposait sur le dos, selon une orientation nord-est/sud-ouest, main droite ramenée à la hauteur de l’épaule gauche, main gauche à la base du tronc. Une grande partie du squelette est préservée : os hyoïde, tronc, colonne vertébrale, bassin et membres supérieurs (figure 5). Mis à part le tiers proximal du fémur gauche, les membres inférieurs manquent et leur position initiale n’est donc pas connue ; mais on sait que l’absence de la partie gauche des membres résulte d’un sondage effectué en 1932 par les ouvriers travaillant pour le compte de l’archéologue britannique Francis Turville-Petre. De la région céphalique ne restent que la mandibule, reposant par sa base près de l’épaule droite, ainsi que la troisième molaire supérieure droite. La tête de Kebara 2 reposait au départ sur sa base comme l’indique la position de la première vertèbre cervicale (l’atlas) ; nous reviendrons sur l’absence du crâne, qui devait être originellement calé contre la paroi nord-est de la fosse et qui a été prélevé sur le corps ultérieurement comme l’indique la présence d’une molaire supérieure isolée.

Figure 4. La sépulture de Kebara 2 in situ avant son dégagement complet dans l’unité XII qui comporte un ensemble de niveaux de combustion blancs et noirs visibles à l’avant, au niveau de la section du sondage et en arrière et au dessus du squelette (photographie de l’auteur).

Figure 5. Relevé du squelette de l’adulte Kebara 2 illustrant le maintien des connexions anatomiques, ainsi que l’effet de contrainte du côté droit du squelette (dessin Daniel Ladiray, CRFJ).

  • 46 Tillier et al. 1988 et 2003.

36Le corps avait été déposé dans une fosse dont le fond a pu être repéré dans la section d’un sondage. Celui-ci a révélé que le creusement a recoupé des foyers sous-jacents. Une limite de fosse se distingue à l’arrière des premières vertèbres cervicales. La limite de la fosse est diffuse au niveau de l’épaule droite et le long du côté droit du corps mais on peut la déduire de l’observation d’un effet de contrainte intéressant des éléments du squelette. Ainsi l’humérus droit apparaît par sa face latérale dans sa position d’origine (figure 5), l’articulation du coude a été maintenue dans sa position originelle, l’os coxal droit, en dépit de la disparition des masses fessières, a conservé sa position anatomique. L’orientation oblique des clavicules indique une surélévation des épaules. Lors du dégagement du squelette, il est apparu que le thorax avait pratiquement conservé son volume initial, il n’y a pratiquement pas eu d’affaissement du sternum et des côtes. Les connexions labiles ont été maintenues, la perturbation affectant la main gauche et l’effondrement des métacarpiens et phalanges s’expliquant par le passage d’un petit terrier. La fosse a été comblée immédiatement après le dépôt du corps et la décomposition du cadavre s’est faite en espace colmaté46.

  • 47 Valladas et al. 1987b.
  • 48 Tillier et al. 2003.

37Cette sépulture provient d’un niveau supérieur (unité XII) à celui de l’enfant, daté de 59 900 ± 3 500 ans avant le présent47. En dehors de Kebara 2 et 1, tous les autres vestiges humains identifiés dans les niveaux moustériens du site sont fragmentaires et proviennent majoritairement des sujets immatures48.

  • 49 Tillier et al. 1988, Hovers et al. 1995.

38Dans la grotte d’Amud, qui s’ouvre dans le Wadi du même nom, à 50 km environ au nord-est des sites du mont Carmel, les dépôts de deux sujets (Amud 1 et 7) relèvent sans aucun doute d’un choix humain, à la différence des autres individus présents49. L’adulte Amud 1 découvert en 1961 lors de fouilles japonaises est représenté par un squelette relativement complet. Il reposait près de l’entrée de la grotte, orienté nord-est/sud-ouest, en position hyperfléchie sur le côté gauche, les pieds ramenés sous le bassin. Le membre supérieur gauche était fléchi tandis que l’avant-bras droit formait un angle de 90o avec le bras. Le maintien des connexions anatomiques et de la position originelle des os suggère un traitement du corps et une inhumation probable dans une fosse, bien que la nature des sédiments et leur altération (cendres fines) n’aient pas permis d’en établir les limites.

  • 50 Hovers et al. 2000.
  • 51 Valladas et al. 1999, Rink et al. 2001.

39L’enfant Amud 7 trouvé lors des fouilles plus récentes conduites par Yoël Rak et William Kimbel en 19931994, reposait sur le côté droit dans une niche naturelle de la paroi nord de la grotte, sur le sol rocheux. La position semi-articulée du squelette et l’absence de traces de prédateur sur les os attestent un dépôt primaire50. Il provient d’un niveau chronologiquement proche de ceux de Kebara, autour de 60 000 ans avant le présent51.

  • 52 Akazawa et al. 1995, Akazawa et Muhesen 2002.
  • 53 Akazawa et Muhesen 2002.

40La grotte de Dederiyeh, localisée dans la vallée de l’Afrin au nord-ouest de la Syrie, a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles dirigées par Sultan Muhesen et Takeru Akazawa entre 1989 et 2001. Le fait sépulcral ne concerne que deux enfants relevant tous deux de la classe d’âge 1-4 ans, mais dont les dépôts ne sont pas contemporainsn52. Le premier enfant, Dederiyeh 1, découvert en 1993, se trouvait à 1,50 mètre sous la surface, dans une dépression de larges dimensions de la couche 11. Il reposait sur le dos selon une orientation nord-sud, les membres supérieurs étendus de part et d’autre du corps, le membre inférieur droit légèrement plus fléchi que le gauche (figure 6). La tête de l’enfant reposait peut-être initialement sur une pierre plate qui se trouvait en amont au moment de la découverte53. Elle aurait basculé vers l’avant du corps lors de la décomposition du corps, comme le suggère la position de la mandibule ; la plupart des liaisons ostéologiques ont été maintenues pour cet enfant décédé à environ 2 ans.

41Le second dépôt funéraire (Dederiyeh 2) provient d’une fosse aux dimensions plus réduites mise en évidence en 1997 dans la couche 3.

42Les os d’un enfant, d’un âge proche du précédent, étaient très perturbés, sans connexion anatomique identifiable. Si l’existence d’une fosse est bien indiquée par les auteurs pour les deux enfants, leur caractère naturel ou anthropique n’est pas précisé. Dans le cas de Dederiyeh 2, l’origine de la perturbation ultérieure du dépôt n’est pas élucidée et l’incertitude quant à l’interprétation de l’ensemble demeure.

Figure 6. Relevé de la sépulture de l’enfant Dederiyeh 1 et reconstitution de la position originelle du corps. 1. plaque de calcaire, 2. éclat de silex (reproduit avec l’aimable autorisation de Takeru Akazawa et Sultan Muhesen).

  • 54 Akazawa et Muhesen 2002.
  • 55 Akazawa et Muhesen op. cit. : 20.

43Les sépultures d’enfants isolées sont exceptionnelles au Moustérien et elles ne sont connues actuellement, pour l’ensemble du Proche-Orient, qu’à Dederiyeh. La chronologie proposée pour ces dépôts autour de 60 000 ans54 s’appuie sur un rapprochement de l’industrie lithique moustérienne de la grotte syrienne avec celles de Kebara et d’Amud ; elle reste donc à confirmer, d’autant plus que l’on sait que le Moustérien a connu de très longues périodes de stabilité technique. Pour le niveau le plus récent (couche 3), des datations au C14 ont donné entre 48 100 ± 1 200 et 53 600 ± 1 800 ans avant le présent55, mais la méthode utilisée est peu fiable pour les périodes anciennes et il est préférable d’attendre d’autres analyses pour pouvoir conclure.

  • 56 Solecki 1955 et 1971.
  • 57 Trinkaus 1983, Cowgill et al. 2007.

44La grotte de Shanidar, située dans le massif du Zagros, dans le Kurdistan iraquien, a été fouillée entre 1956 et 1960, lors de campagnes successives placées sous la direction du préhistorien nord-américain Ralph S. Solecki. La présence de nombreux blocs effondrés ainsi que les conditions difficiles dans lesquelles les fouilles ont été conduites (avec le recours éventuel à l’explosif) ne facilitent guère le traitement des informations de terrain et du matériel postérieurement à la fouille. D’après Ralph Solecki, sur les neuf sujets répartis sur quelques mètres carrés de surface et environ 3 mètres d’épaisseur, la plupart auraient succombé accidentellement à la suite de l’effondrement de blocs rocheux et peu d’entre eux auraient été réellement inhumés56. Que peut-on déduire des informations disponiblesa posteriori  ? Sur les dix sujets aujourd’hui identifiés57, une relecture raisonnée des données permet de conclure à l’existence d’une sépulture primaire dans trois cas seulement : pour un jeune enfant et pour deux adultes.

  • 58 Solecki 1977.

45Le premier des adultes, Shanidar 1, a probablement bien été inhumé mais il a été retrouvé entre des blocs résultant d’un effondrement postérieur à son dépôt. Il reposait sur le dos selon une orientation ouest-est, les membres supérieurs repliés, tandis que les inférieurs étaient probablement étendus. Le crâne reposant sur sa base, était redressé et calé contre la paroi ouest d’une dépression. La position originelle de l’adulte Shanidar 4 est plus claire58 grâce à une meilleure préservation des connexions anatomiques : le sujet était couché sur le côté gauche avec la main gauche ramenée près du visage orienté à l’ouest ; les membres inférieurs étaient hyperfléchis, les pieds regroupés sous le bassin. L’adulte avait été disposé dans une niche selon une orientation sud-nord.

  • 59 Solecki 1955.

46L’enfant Shanidar 7, découvert en 195359 occupait un espace réduit de 31 cm de long sur 19 cm de large ; le corps de l’enfant, âgé d’environ 9 mois, était à l’origine en position contractée, la tête au nord. Même si des connexions anatomiques se sont bien maintenues, y compris au niveau des mains, tous les os ont été très altérés.

47Pour les autres sujets représentés par des parties de squelette ou des os isolés, les circonstances de dépôt et de leur perturbation sont difficiles à interpréter a posteriori. Dans la plupart des cas (en particulier pour les adultes 2, 3 et 5), beaucoup d’informations manquent (position des corps, mode de décomposition, état des liaisons ostéologiques) ; les prélèvements ont été faits par blocs partiels et ont ensuite été fouillés en laboratoire. Il faut remarquer cependant l’existence de liaisons ostéologiques comme pour l’adulte Shani-dar 2 dont le crâne et la mandibule sont connectés aux vertèbres cervicales et le maintien de certaines connexions anatomiques labiles, par exemple, le pied droit de Shanidar 3. Mais il ne semble pas exister de sélection ou d’arrangement particulier des vestiges osseux.

  • 60 Hours et al. 1973.
  • 61 Solecki 1955.

48Si plusieurs individus se trouvent regroupés à Shanidar, on peut y reconnaître au moins trois sépultures primaires sans sélection d’âge. Des incertitudes aussi demeurent quant au contexte archéologique et à la datation. L’industrie lithique moustérienne se distinguerait de celles connues dans les autres sites du Proche-Orient par l’absence de débitage Levallois60, mais son attribution chronologique n’est pas connue. Des datations au C14 ont bien été réalisées, mais il y a près de 50 ans. Elles ont donné des dates plus ou moins anciennes, or on connaît aujourd’hui le peu de fiabilité de cette méthode radiométrique pour les périodes reculées. L’enfant Shanidar 7 proviendrait du milieu de la couche D, c’est-à-dire du niveau le plus ancien de la séquence moustérienne61 et il pourrait être contemporain de ceux de Kebara et d’Amud, à moins qu’il ne soit plus ancien.

  • 62 Vandermeersch 1981 et 1995, Trinkaus 1983 et 1995, Rak 1993, Hublin 2000, Akazawa et Muhesen 2002.
  • 63 Mann 1995, Arensburg et Belfer-Cohen 1998, Tillier et al.2003b, Tillier 2006.

49Pour certaines des sépultures des quatre sites proche-orientaux mentionnés (Kebara, Amud, Dederiyeh et Shanidar), on ne peut totalement exclure une contemporanéité avec les sépultures néandertaliennes attestées en Europe. L’attribution taxinomique des occupants moustériens de ces sites varie selon les auteurs. Ces artisans d’un Moustérien tardif (pour le Proche-Orient) se distinguent de ceux plus anciens de Skhul et Qafzeh par de nombreux traits anatomiques et, dans la littérature spécialisée, le consensus semble se faire sur cette distinction. En revanche, le débat reste ouvert quant aux affinités de ces fossiles proche-orientaux plus récents avec d’autres populations moustériennes, parmi lesquelles les Néandertaliens européens. Quelques auteurs font des fossiles de Kebara, Amud, Dederiyeh et Shanidar un groupe relativement homogène, qui représenterait une filière orientale des Néandertaliens62. D’autres, sur la base de la diversité phénotypique reconnue, sont plus sceptiques quant à l’homogénéité du groupe représenté et y voient plutôt l’expression de plusieurs influences63.

  • 64 Bonifay et al. 2007, italiques de l’auteur.

50La documentation disponible dans l’ensemble de l’Eurasie permet de conclure que l’inhumation individuelle était pratiquée par divers groupes humains, nomades et chasseurs-collecteurs moustériens ; les plus anciens témoins de cette pratique funéraire proviennent pour l’instant du Levant méditerranéen, où ils sont le fait de premiers hommes modernes. Dans tous les cas connus, ces inhumations individuelles ne sont accompagnées d’aucun indice matériel permettant de les repérer, ou du moins, d’aucun indice en matière non périssable. Pour les quelques cas où la présence de pierres a été signalée par-dessus du squelette, il est difficile de prouver qu’elles ont été placées intentionnellement sur le corps. Ainsi en est-il pour l’adolescent Qafzeh 11 ou pour les dépôts de Shanidar. En revanche le site de La Ferrassie fournit un exemple sans équivalent avec la présence de pierres accompagnant deux dépôts : dans un des cas (la sixième sépulture découverte en 1921), il s’agit d’un bloc calcaire de forme triangulaire portant des cupules artificielles comme l’indiquent des traces de piquetage dans leur concavité. Quant à la sépulture du Regourdou, elle constitue un cas tout à fait à part puisqu’elle était protégée par un entassement de blocs en calcaire, formant une structure comparée par Eugène Bonifay et ses collègues, à un tumulus64.

  • 65 Gargett 1989.

51Qu’il s’agisse de la localisation des dépôts funéraires dans le site, du mode de dépôt (dans une dépression ou anfractuosité naturelle, en pleine terre, fosse), du traitement du cadavre selon l’âge des sujets inhumés, de l’orientation du corps par rapport aux points cardinaux, aucune norme funéraire ne se dégage. Il en est de même pour la position du défunt (sur le côté, le dos, avec ou sans flexion des membres), contrairement à quelques idées reçues65 concernant une disposition fœtale des inhumés. Mais il est vrai que les sépultures individuelles sont peu nombreuses et bien trop dispersées dans le temps et l’espace pour que des constantes puissent être dégagées.

52De même, le nombre de sujets identifiés est faible malgré quelques exceptions sur lesquelles nous reviendrons plus loin. On note tout de même une constante : les sépultures semblent avoir majoritairement un lien avec l’habitat, sauf dans le cas du site de Regourdou. Mais il est vrai que les préhistoriens fouillent essentiellement les sites d’habitat qui sont facilement repérés en raison de la densité et de la variété de leurs vestiges. Une sépulture isolée hors de tout contexte archéologique a a priori très peu de chance d’être découverte.

  • 66 Le quatrième exemple proviendrait de Mezmaiskaya au Caucase.

53Il faut aussi noter qu’un nombre non négligeable de sites ont livré des sépultures où seuls des sujets non adultes ont été inhumés, tels le Roc de Marsal et Le Moustier en Dordogne, et Dederiyeh en Syrie66. Ce qui suggère que les enfants – ou en tout cas certains d’entre eux – avaient droit à un traitement funéraire particulier.

  • 67 L’Aurignacien est une « culture » qui doit son nom à la grotte d’Aurignac en Haute-Garonne. Présent (...)
  • 68 Gambier 1990.
  • 69 Einwögerer et al. 2006 et 2008.
  • 70 Le Gravettien qui débute autour de 29000ans, voit entre autres l’apparition d’outils et d’armes com (...)
  • 71 Zilhao et Trinkaus 2002.

54Au début du Paléolithique supérieur, la disparité des documents en contexte aurignacien67 se remarque pour l’Europe comme pour le Proche-Orient. L’existence d’autres pratiques funéraires que les sépultures primaires a été ainsi suggérée dans le cas des sites français68. Une des plus anciennes sépultures individuelles du Paléolithique supérieur serait celle mise au jour en 2006 sur le site de Krems-Wachtberg, au nord-ouest de Vienne en Autriche69 Il s’agit d’un très jeune enfant, probablement un nourrisson âgé de 0 à 3 mois, couché sur le côté droit, la tête au sud, la face regardant vers l’est. La disposition du dépôt funéraire, telle qu’elle a pu être restituée, suppose l’existence d’une sorte de linceul en matière périssable qui contenait initialement le corps ; une épingle en ivoire retrouvée à 2 cm de la tête a pu servir d’élément de fixation. La sépulture serait contemporaine d’un sol d’habitat ayant livré une faune abondante et des artefacts relevant du Gravettien70 et datée de 26 580 ± 160 ans avant le présent. Cette sépulture pourrait précéder d’un à deux millénaires celle de l’abri de Lagar Velho au Portugal, trouvée en 1998, qui concerne un enfant plus âgé, d’environ 4 à 5 ans71.

Notes

1 Walker et Leakey 1993.

2 Contrairement au concept de culture utilisé pour les sociétés historiques, les vestiges servant à définir les cultures en Préhistoire sont essentiellement des vestiges matériels tels que l’industrie en pierre taillée (silex, quartz, quartzite, etc.) et en matière dure animale pour les périodes anciennes. On considère que les traits récurrents dans les vestiges livrés par plusieurs sites sont l’indice de leur fréquentation par des sociétés apparentées.

3 La typologie des outils moustériens est diversifiée, selon la matière première utilisée, la technique de taille (modes de débitage), la présence ou non de retouches (Delagne et al. 2007).

4 Leclerc et Tarrête 1988 : 1002-1003.

5 Près de l’entrée de la grotte de Tabun, située à quelques centaines de mètres au nord de celle de Skhul, un squelette d’adulte reposant sur le dos, légèrement tourné sur le côté gauche, a été mis au jour en 1932 par l’équipe de D.A.E. Garrod. Les membres inférieurs étaient à peine fléchis et la tête, orientée à l’est, était en position surélevée par rapport au corps. Le membre supérieur gauche était en équerre, tandis que le droit reposait le long du corps. L’attribution stratigraphique du dépôt a été discutée (Bar Yosef et Callander 1999). Des datations radiométriques, y compris du squelette lui-même, tendent à vieillir cette sépulture avec un âge de 122 000 ± 16 000 ans (Mercier et Valladas 2003, Grün et Stringer 2000).

6 Garrod et Bate 1937, McCown et Keith 1939.

7 Le terme « hyperfléchi » est utilisé pour désigner la position d’un membre s’accompagnant de la fermeture des espaces intersegmentaires (dans le cas présent l’espace entre cuisse et jambe) ; pour le corps on parlera de position contractée, voire hypercontractée. Ces positions peuvent s’expliquer de plusieurs façons conditionnant le maintien (contrainte liée à l’étroitesse du volume spatial dévolu au dépôt du corps, présence d’un contenant ou d’un autre système assurant une contention, etc.).

8 Mercier et al. 1993, Grün et al. 2005.

9 Un cinquième sujet, Qafzeh 13, découvert en 1969 dans la couche XVa, est un nouveau-né tassé sur lui-même. L’éventualité d’un dépôt intentionnel ne peut être totalement écartée (Tillier 1995). Quant à l’adulte Qafzeh 3, trouvé en 1934 lors des fouilles de René Neuville, les informations sont trop incomplètes pour se prononcer.

10 Vandermeersch 1969 : 2963.

11 Vandermeersch 1970 : 300.

12 Valladas et al. 1988, Schwarcz et al. 1988, Yokoyama et al.1997.

13 Howell 1958, Vandermeersch 1981, Tillier 1999.

14 Sandgate et al. 2005.

15 Bordes et Lafille 1962.

16 Couchoud 2002 : 65.

17 Nous reviendrons plus loin sur les traits qui distinguent ce dépôt des autres sépultures du Périgord.

18 Bonifay 1965, Bonifay et al. 2007.

19 Bonifay et al. 2007 : 9.

20 Turq et al. 2008.

21 Peyrony 1934.

22 Capitan et Peyrony 1909, Heim 1976.

23 Cette technique de taille de la pierre, repérée dans un site de la commune de Levallois-Perret, consiste à préparer son bloc de matière première (nucléus) afin de prévoir la forme et les dimensions de l’éclat que l’on va en tirer.

24 Heim 1982.

25 Vandermeersch 1976, Heim 1976, Maureille et Vandermeersch 2007.

26 Beauval et al. 2004.

27 Defleur 1993.

28 Ullrich 2005.

29 Maureille 2002.

30 Cleyet-Merle et Maureille 2008 : 114.

31 Valladas et al. 1987a.

32 Les produits issus du débitage discoïde sont, le plus souvent, courts, assez épais et issus de matières premières autres que le silex.

33 Alain Turq, communication personnelle.

34 Nous avons évoqué, dans le chapitre 2, la découverte à la fin du xixe siècle des squelettes de Spy I et II en Belgique, ainsi que la réticence des fouilleurs à y reconnaître des inhumations intentionnelles. Cette réticence n’a pas toujours été partagée (Defleur 1993 :110, Maureille et Vandermeersch 2007). Une datation directe récente des fossiles les situe aujourd’hui autour de 36 000 ans (Semal et al. 2009).

35 Golanova et al. 1999.

36 Ovchinnikov et al. 2000.

37 Skinner et al. 2005.

38 Les critères anatomiques retenus par les auteurs de la découverte dans leur diagnose ne sont pas spécifiques aux enfants néandertaliens (Barriel et Tillier 2002).

39 Le Châtelperronien est une industrie attribuée aux Néandertaliens qui présente certains caractères marquant le passage au Paléolithique supérieur en France.

40 Vandermeersch 1993.

41 Tillier et al. 2003.

42 Tillier 2008.

43 Valladas et al. 1987b.

44 Peut-être à l’exception de celle du nouveau-né de Qafzeh 13.

45 Arensburg et al. 1985, Tillier et al. 1988, Bar Yosef et al.1992.

46 Tillier et al. 1988 et 2003.

47 Valladas et al. 1987b.

48 Tillier et al. 2003.

49 Tillier et al. 1988, Hovers et al. 1995.

50 Hovers et al. 2000.

51 Valladas et al. 1999, Rink et al. 2001.

52 Akazawa et al. 1995, Akazawa et Muhesen 2002.

53 Akazawa et Muhesen 2002.

54 Akazawa et Muhesen 2002.

55 Akazawa et Muhesen op. cit. : 20.

56 Solecki 1955 et 1971.

57 Trinkaus 1983, Cowgill et al. 2007.

58 Solecki 1977.

59 Solecki 1955.

60 Hours et al. 1973.

61 Solecki 1955.

62 Vandermeersch 1981 et 1995, Trinkaus 1983 et 1995, Rak 1993, Hublin 2000, Akazawa et Muhesen 2002.

63 Mann 1995, Arensburg et Belfer-Cohen 1998, Tillier et al.2003b, Tillier 2006.

64 Bonifay et al. 2007, italiques de l’auteur.

65 Gargett 1989.

66 Le quatrième exemple proviendrait de Mezmaiskaya au Caucase.

67 L’Aurignacien est une « culture » qui doit son nom à la grotte d’Aurignac en Haute-Garonne. Présent à partir d’environ 37 000 ans en Europe, il se caractérise par plusieurs innovations techniques (nouvelles techniques de débitage, diversification des outils, façonnage de la matière animale) et l’apparition de représentations figuratives.

68 Gambier 1990.

69 Einwögerer et al. 2006 et 2008.

70 Le Gravettien qui débute autour de 29000ans, voit entre autres l’apparition d’outils et d’armes composites légers, tels que des pointes de projectile et des premières statuettes féminines stéatopyges connues sous le nom de « Vénus ».

71 Zilhao et Trinkaus 2002.

Table des illustrations

Légende Figure 1. Distribution spatiale des fossiles humains mis au jour à Skhul (d’après D. Garrod et D. Bate, 1937) sur la terrasse, en avant de la grotte aux dimensions réduites.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/7745/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 52k
Légende Figure 2. La sépulture de l’adulte Skhul 4 (d’après D. Garrod et D. Bate, 1937).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/7745/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 117k
Légende Figure 3. Situation de la sépulture de La Chapelle-aux-Saints dans la grotte Bouffia Bonneval (dessin Jacqueline Cathalaa d’après A. et J. Bouyssonie et L. Bardon, 1908 ; archives Bruno Maureille)
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/7745/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 103k
Légende Figure 4. La sépulture de Kebara 2 in situ avant son dégagement complet dans l’unité XII qui comporte un ensemble de niveaux de combustion blancs et noirs visibles à l’avant, au niveau de la section du sondage et en arrière et au dessus du squelette (photographie de l’auteur).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/7745/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 202k
Légende Figure 5. Relevé du squelette de l’adulte Kebara 2 illustrant le maintien des connexions anatomiques, ainsi que l’effet de contrainte du côté droit du squelette (dessin Daniel Ladiray, CRFJ).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/7745/img-5.jpg
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Légende Figure 6. Relevé de la sépulture de l’enfant Dederiyeh 1 et reconstitution de la position originelle du corps. 1. plaque de calcaire, 2. éclat de silex (reproduit avec l’aimable autorisation de Takeru Akazawa et Sultan Muhesen).
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Fichier image/jpeg, 68k

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