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La villa romaine de Grigy à Metz (Moselle)

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Gael Brkojewitsch

Chapitre IV. Éléments de synthèse

Texte intégral

QUELLE ÉCONOMIE DOMANIALE ?

1La villa de Grigy se présente comme un établissement conjuguant probablement des activités agricoles et des activités artisanales, ce qui constitue une originalité dans une région où les travaux archéologiques décrivent des sites tournés majoritairement vers l’agriculture et la production céréalière. L’implantation de la villa est conditionnée par le léger relief et par la présence d’un ruisseau, comme pour une grande majorité d’établissements en Lorraine. La proximité avec un grand centre urbain est également un élément à prendre en considération. À l’échelle régionale, la proximité d’une agglomération et/ou d’un axe de circulation terrestre ou fluvial tel que la vallée de la Sarre ou la voie Strasbourg-Metz est un facteur clé. Cette proximité du centre urbain, des voies et des cours d’eau indiquerait qu’une partie de la production était destinée aux marchés extérieurs. Dans le cas de Grigy, un approvisionnement de la ville de Divodurum, toute proche, est supposé.

2Les résultats des études et des analyses n’infèrent pas d’interprétation indubitable, pas plus que l’observation des aspects techniques des équipements mis au jour.

3Les vestiges sont certes à placer dans le cadre d’une exploitation de l’eau à des fins artisanales, mais plusieurs professionnels auraient pu exercer dans le secteur proche de la ville. On hésite, dès lors, entre quelques métiers qui seraient susceptibles de laisser des traces assez ressemblantes : les tanneurs, les vanniers ou les foulons.

HYPOTHÈSE D’UN ARTISANAT DE LA PEAU

4L’hypothèse d’une tannerie peut être envisagée, car le contexte général ainsi que la nature et la morphologie des cuves présentent de nombreuses similitudes avec la tannerie du vicus situé au lieu-dit Les Bons Villers à Liberchies (Brulet et al. 2001). Parmi les points de concordance, on observe le développement de l’activité artisanale dans un terrain marécageux, en marge d’un ruisseau ou d’une rivière. Ce choix s’explique, car la préparation du cuir se pratiquait en eau courante. L’étape initiale de transformation des peaux, dite « travail de rivière », était nécessaire à l’épilation et au nettoyage préliminaire qui précède le malaxage.

5Les cuves provenant du site hennuyer et du site lorrain sont en plusieurs points comparables. Les cuves en bois (appelées « bassins » à Liberchies) sont analogues, tant du point de vue de la taille que par les techniques d’assemblage à mi-bois. Des cuves en pierre au plan rectangulaire, des puits et un important réseau hydraulique cohabitent sur les deux sites. Au titre des différences, on signalera l’existence de cuves circulaires, parfois clayonnées, et l’absence d’un grand bassin à Liberchies.

6Le travail de rivière, indispensable au nettoyage des peaux, aurait pu être pratiqué à Grigy, tout comme les étapes ultérieures de trempage et de malaxage. Dans cette perspective, le bassin et les cuves, a priori étanches, auraient pu contenir des bains à base d’eau et de substances tannantes. Si l’huile et l’alun sont évoqués lors du trempage (Borgard 1994), les caractéristiques de certaines variétés de plantes et de cendres, et notamment des écorces de chêne, étaient connues depuis l’Antiquité selon Pline l’Ancien (Histoire Naturelle, XXXI, 10).

7L’argumentaire comporte toutefois certains éléments contradictoires. À Liberchies, le corroyage et la tannerie ont été retenus – avec certaines réserves – comme activités artisanales, en raison de la découverte de nombreuses ébauches en cuir et d’un lot considérable d’ossements témoignant de l’abattage des animaux sur place. Rien de comparable n’a été découvert à Grigy : le cuir est inexistant et le volume d’ossements animaux retrouvé est presque anecdotique, malgré des conditions favorables de conservation des matières organiques. Doit-on imaginer que seuls le travail de rivière et le tannage de peaux y étaient pratiqués, et que ce traitement préliminaire des peaux n’a pas laissé de traces matérielles tangibles des matières premières ? Les analyses de chimie organique n’ont, par ailleurs, pas permis d’isoler des marqueurs de graisses animales dans les différents comblements des cuves et du bassin. Ce défaut constitue un argument en défaveur d’un artisanat de pelleterie.

HYPOTHÈSE D’UN ARTISANAT DU BOIS

8L’omniprésence des fragments de bois, des branches d’arbres et d’arbustes, disséminés dans le comblement des cuves et du bassin, trahit peut-être une activité de vanniers. Les attestations sont rares et uniquement tirées de contextes méridionaux. L’interprétation des équipements repose principalement sur la découverte de restes végétaux importants constituant la matière première. À Pompéi (I 14, 2), Magali Cullin-Mingaud a dégagé des fagots de graminées déposées en bordure d’un bassin et dans un cubiculum (Cullin-Mingaud 2010, p. 158-171). Le bassin fouillé à proximité de Fréjus, lors de la fouille préventive de la Villa Romana, était chargé de fagots d’osier mis à tremper (Excoffon 2011, p. 132-144). Ces vestiges fournissent un argument indubitable. De plus, certains éléments de bois découverts à Grigy présentent des traces d’outils et des décors. À ces pièces de bois assez épaisses, qui paraissent trop robustes pour être tressées (mais qui auraient pu servir à l’élaboration de fonds, d’anses ou de vanneries utilitaires), s’ajoute un volume très important de végétaux de petite taille. La quantité exacte est impossible à estimer, car ces tiges et ces branches proviennent de la flottation d’une sélection d’échantillons de terre prélevés dans les cuves et le bassin. Parmi les fragments de bois récoltés, certains éléments portent des traces de taille droite ou en biseau. Dans l’hypothèse d’un artisanat du bois, les cuves, dans un premier temps, puis le bassin auraient servi au trempage de diverses espèces végétales qui sont difficiles à déterminer. L’étude xylologique des bois n’est certes pas totalement exhaustive, mais elle signale la présence du noisetier et du bouleau – espèces végétales attestées par les sources –, ainsi que des traces de dégradation de cires végétales et des indices de décoctions d’écorces mises en évidence par l’analyse chimique des sédiments. Ces éléments pourraient résulter des opérations de trempage et ils sont compatibles avec une activité vannière, quasiment inconnue dans les provinces du Nord-Est de la Gaule. C’est donc vers la Campanie que l’on doit se tourner pour déterminer la nature des équipements nécessaires à sa production. Les travaux récemment menés à Pompéi montrent que les équipements sont assez simples et que les ateliers se définissent par la présence d’une citerne, d’un bassin et d’un système d’évacuation de l’eau (Cullin-Mingaud 2010). Une activité de vannerie est donc susceptible d’avoir été pratiquée à Grigy, mais il est impossible de l’affirmer en l’absence d’outils et surtout de matière première en quantité suffisante.

HYPOTHÈSE D’UN ARTISANAT DU TEXTILE

9Les tâches réalisées par les foulons étaient multiples durant l’Antiquité. Le métier, selon la spécificité de l’officine, pouvait s’orienter vers des activités liées à la production de matières premières (le dégraissage des laines, la production de fibres végétales, le blanchiment des fibres, la teinture, la parure des étoffes), au nettoyage des tissus et des étoffes (blanchissage, décrassage) et à l’entretien des textiles. Pour autant, la spécialisation d’un atelier dans une de ces activités n’implique pas le recours à la construction d’équipements spécifiques, et la réalisation de ces tâches repose en grande partie sur le savoir-faire du personnel ainsi que sur l’outillage. Pour les contextes de Grigy, nous avons éliminé l’hypothèse d’un artisanat tirant parti des fibres d’origine animale, tel que le dessuintage en raison de l’absence, d’une part, de certains marqueurs chimiques (voir supra, p. 186) et, d’autre part, de fibres ou de laine sur le site. La typologie des fours découverts à proximité des installations artisanales ne paraît pas adaptée à la production d’eau chaude en quantité suffisante, nécessaire à l’exercice des activités des teinturiers ou des feutriers. L’eau bouillante aurait pu être transférée dans des seaux ou par un système aérien de gouttière qui n’aurait pas laissé de trace, mais cela reste difficile à démontrer.

10En revanche, les équipements mis au jour et les résultats des analyses permettent assurément d’envisager deux métiers pratiqués par des foulons : le lavage des textiles ou la production de textiles d’origine végétale.

Foulerie

11Les fouleries sont identifiables à deux types d’installations mis en évidence dans la thèse de Philippe Borgard (Borgard 2001). Le premier type est constitué de fouloirs généralement accolés à un mur et délimités par deux murettes permettant au fouleur de prendre ses appuis. À l’intérieur des cuves, un bassin amovible, généralement en céramique, est enfoncé dans le sol. Les vestiges découverts en Italie – principalement à Ostie, Pompéi et Herculanum – allient maçonnerie de pierre et revêtement de mortier hydrofuge. Cette technique a été également mise en œuvre en Narbonnaise dans les édifices situés à l’ouest de la Plate-Forme à Fréjus (Var) (Donnadieu 1930) : seule attestation d’un atelier clairement identifié dans les provinces de Gaule, la foulerie semblait intégrée à un quartier voué à l’artisanat du textile (Botte et al. 2009). Il est très probable que le même type d’équipement existait en bois, mais aucune trace ne nous en est parvenue. Le relief de Sens (Espérandieu 1907, no 2768), qui figure un fouleur en pleine action, n’apporte malheureusement pas de réponse sur le matériau employé, car la stalle pourrait tout aussi bien être en pierre qu’en bois.

12Le deuxième type d’installation commun à toutes les fouleries se présente sous la forme d’un système de bassins aménagés en cascade et destinés au rinçage. Les bassins disposés en batterie de deux ou de trois devaient posséder une alimentation en amont, des orifices de vidange au niveau du fond et des surverses situées à 0,50 m du fond, afin de maintenir l’eau à une hauteur constante. L’espace de travail constitué par ce système rendait nécessaire l’adjonction d’escaliers en pierre ou en bois.

13Afin de valider l’hypothèse d’un atelier de foulons à Grigy, il convient d’examiner les ressemblances avec d’autres équipements identifiés comme tels en Italie et en Gaule.

14L’analogie avec les stalles maçonnées d’Ostie, d’Herculanum ou de Pompéi pourrait sembler capitale car, à partir de ces officines où les équipements sont facilement identifiables, on devrait pouvoir pointer les similitudes et les dissemblances. Pourtant, la comparaison se heurte à une différence de contexte, rural dans le cas de Grigy et urbain dans tous les autres cas, et à une très grande disparité des conditions de conservation. La taphonomie particulière des sites italiens a rendu possible la préservation de l’élévation des vestiges, qui sont totalement arasés à Grigy. En plus de ces différences de contexte et de conservation, le choix des matériaux et les techniques employées ne peuvent pas être comparés.

15Concernant les fullonicae reconnues en Gaule, on est confronté à une documentation relativement abondante, qui pose des problèmes d’identification. Parmi les attestations (Saint-Romain-en-Gal : Leblanc 1996 ; Brissaud 1999 ; Fréjus : Rivet et al. 2000 ; Narbonne : Sabrié et al. 2001 ; Lyon, rue du Docteur-Horand II et Gorge-de-Loup : Bellon 1995 ; Lyon, rue des Tuileries : Rottier et al. 2007 ; Amboise et Orléans : Ferdière 1984 ; à Litanobriga, près de Creil : Roche-Bernard, Ferdière 1993 ; Limoges : Loustaud 2000 ; le quartier de Roz-Avel à Quimper : Galliou 2005 ; Arlon : Henrotay 2006 ; Augst : Bossart et al. 2007), très peu sont avérées (à l’exception de Fréjus) et rares sont celles qui bénéficient de publications détaillées. Un examen plus approfondi semble, par conséquent, nécessaire à la compréhension des vestiges mis en évidence lors des fouilles préventives.

16Il faudra donc étudier dans le futur cette documentation en la critiquant, mettre en série les données et créer de nouveaux modèles car, à l’évidence, les installations et les équipements paraissent éloignés des archétypes de Narbonnaise et d’Italie.

17Le parallèle le plus pertinent se situe en périphérie du vicus d’Arlon, le long de la Semois (Henrotay 2006 ; Defgnée et al. 2008). Les vestiges correspondent à un bâtiment en pierre dont le plan et la taille étaient comparables à l’annexe sur fondations de pierre de Grigy (bâtiment C). La présence d’une galerie en façade constitue l’une des principales caractéristiques de cette construction. L’eau de la Semois était dérivée vers des cuves en bois et en pierre ainsi que dans un bassin dont le fond était recouvert de tuiles assemblées avec du mortier de tuileau. Comme à Grigy, les cuves étaient aménagées dans un grand surcreusement disposant d’un plancher pour faciliter le travail et la circulation. À l’ouest, un bâtiment sur poteaux, qui rappelle par son plan et ses aspects techniques l’annexe H de Grigy, a été identifié par les inventeurs comme une aire de séchage. La chronologie, parfaitement assurée par des datations absolues sur les bois d’œuvre, atteste la contemporanéité des deux ateliers. La datation des transformations permet de souligner une correspondance. L’installation des structures artisanales se scande en deux phases situées sur les deux ateliers, vers 150 puis vers 230-240 apr. J.-C. Les auteurs de la fouille d’Arlon fondent principalement leur argumentation sur la découverte de brins de laine et de lin avec des graines et des pollens de fruits rouges dans les cuves pour interpréter le site comme une foulerie-teinturerie.

18À Grigy, la présence de plusieurs éléments d’origine végétale ou minérale mêlés à l’eau accrédite l’hypothèse d’une fullonica.

19L’argile, qui a fait l’objet d’analyses minéralogiques, possède des particularités qui évoquent à certains égards les propriétés absorbantes des espèces de terre argileuse connues dans l’Antiquité (terre de Cimolos). Celles-ci étaient prisées, car elles facilitaient le blanchissage des textiles.

20Les Anciens utilisaient également, pour faire la lessive, des cendres qui auraient pu être produites dans les nombreux fours (C et E) relevés dans la pars rustica et dont la vocation culinaire n’a pu être démontrée. Les cendres communes, fruit de la combustion du bois de chauffe ayant longtemps séjourné dans le foyer, sont obtenues à partir du hêtre, du charme, du jeune chêne et, plus généralement, à partir de bois neufs non flottés et ayant conservé leur écorce (Jacob 1919).

21Cependant, les recherches récentes de Nicolas Monteix et de Miko Flohr dans les cités vésuviennes tendent à démontrer qu’une assez faible quantité d’eau était nécessaire au foulage dans les stalles (Monteix 2010 ; Flohr 2013). Cette représentation est contradictoire avec la localisation des cuves en bois, situées dans une zone très humide, au milieu d’un réseau de canalisations. Le système de surverse indique que les cuves étaient occasionnellement saturées. La présence d’une margelle de pierre sur l’une d’elles paraît toutefois peu cohérente avec leur utilisation en tant que fouloir, car elle réduisait l’ouverture de la cuve et la rendait difficilement accessible pour l’exercice du foulage.

22Concernant le bassin, l’absence d’escalier et de cloisonnements internes clairs n’élimine pas définitivement l’hypothèse d’un espace de rinçage. Ces éléments en bois sont amovibles et auraient pu être récupérés ou déplacés. D’un point de vue technique, l’hypothèse est recevable, mais le volume absolument gigantesque d’eau – plus de 65000 l – paraît démesuré par rapport aux quantités observées dans les ateliers campaniens qui accueillaient en remplissage maximal 10000 l tout au plus (Borgard, Puybaret 2003 ; Monteix 2010). Cette valeur six fois plus élevée à Grigy est surprenante, elle indiquerait une capacité de trempage et de rinçage beaucoup plus grande et l’on s’attendrait à une inflation proportionnelle du nombre de cuves de foulage. Or, ce n’est pas le cas. Bien que les analyses chimiques aient révélé la présence de résidus de cendres et de minéraux (illite ou smectite) compatibles avec une foulerie, on ne peut donc conclure que l’ensemble artisanal ait eu pour vocation de laver les tissus.

Production de fibres d’origine végétale

23Le rapport de proportion entre les cuves et le bassin ainsi que la présence de grands volumes d’eau sont en revanche conciliables avec l’hypothèse de bassins de rouissage ou de trempage des fibres végétales. Ces étapes, qui ont pour objet de dissoudre certaines composantes de la plante pour rendre les fibres moins adhérentes, pourraient avoir été pratiquées dans des réceptacles de tailles différentes. Les plantes sont submergées après une période de séchage de quelques jours au soleil, ce qui permet d’éviter le pourrissement. D’après les travaux du chimiste Alexandre-Édouard Baudrimont sur le rouissage du chanvre et du lin, les plantes étaient disposées dans plusieurs bassins contigus dans lesquels on faisait progressivement descendre la récolte d’un bain à l’autre à quelques jours d’intervalle (Baudrimont et al. 1835, p. 208-209). Le bassin pouvait être cloisonné par des petites chaussées de terre glaise. Le sédiment argileux étudié dans le bassin de Grigy pourrait alors être le matériau employé pour ces digues. Entre chaque utilisation, les bassins devaient être balayés et lavés avant d’y replacer d’autres végétaux, ce qui pourrait expliquer la présence d’un plancher en bois. L’action de l’eau courante améliorant considérablement la productivité et la qualité du produit, l’implantation du dispositif en marge d’un ruisseau était donc indiquée. En somme, les caractéristiques des vestiges archéologiques, la présence d’argile, les traces de cendres et de cires végétales sont des éléments qui vont dans le sens d’un traitement de fibres d’origine végétale. À cela s’ajoute la découverte des neuf fusaïoles lourdes qui témoigneraient qu’après le trempage et/ou le rouissage une partie des fibres brutes était transformée sur place. L’emploi de fusaïoles en plomb pourrait donc indiquer du filage de gros fil. Rien ne permet de contredire cette hypothèse, mais la démonstration achoppe sur la détermination des espèces végétales exploitées, même si, nous l’avons développé, la grande ortie pourrait constituer un bon candidat pour faire de la fibre et le noisetier, le saule et l’érable pour composer des sparteries.

24Il ne serait pas surprenant de rencontrer ce type d’artisanat près de la vallée de la Moselle, car plusieurs monuments funéraires signalent la présence de commerçants de textile. Par exemple, la colonne d’Igel qui constitue un des seuls témoignages de monument funéraire de l’époque romaine encore en place en la Gaule Belgique. Le programme iconographique se divise en deux parties : la vie professionnelle de la famille et l’au-delà. Ce mausolée chante la mémoire de la grande famille des Secundinii, commerçants d’étoffe, active au iiie s. apr. J.-C. Une fois leur fortune constituée, ils ont pu faire la démonstration de leur réussite sociale en érigeant un monument de 23 m de hauteur à la confluence de la Moselle et de la Sarre. Cette référence majeure dans l’histoire économique et sociale atteste la présence de propriétaires fonciers se livrant à la fabrication et au négoce de tissu (Wild 2001). Le schème ne se cantonne pas à cette seule colonne. Plusieurs scènes d’« examen de tissu » offrent des parallèles à Neumagen et Trèves (Allemagne), Buzenol-Montauban et Arlon (Belgique), Baâlon et Stenay (Meuse) (Demarolle 2001). Ces représentations sont longtemps apparues comme une spécificité iconographique trévire. Toutefois, les stèles découvertes à Hirzweiler en Allemagne (Espérandieu 5123) et à Metz (musée de la Cour d’Or, no 75.38.48) montrent que ce thème était plus largement répandu et que cet essor des activités textiles concernait probablement la cité des Mediomatrici. La face latérale gauche de la stèle de Gaïus Genialius Iullinus montre un homme en tunique représenté de trois-quarts qui porte une pièce d’étoffe sur l’épaule et une autre entre les mains. La face latérale droite est ornée de deux personnages de face qui présentent à deux mains une tunique à manches longues (fig. 196). Sur la face principale, le défunt en pied serre une lourde bourse de la main droite, comme symbole de sa prospérité. La datation fondée sur la stylistique et les indices épigraphiques permet à Jeanne-Marie Demarolle de proposer une fourchette chronologique autour des années 220-230. Malgré une qualité assez modeste, la stèle de Metz apporte une indication sur la présence et l’importance des activités textiles à l’époque sévérienne. L’iconographie de la stèle de G. Genialius Iullinus signale le développement de cet artisanat du textile, avec plus d’intensité que les quelques fusaïoles et pesons découverts au gré des fouilles du Pontiffroy à Metz (Demarolle 2001). Cette épitaphe, comme les découvertes faites à Grigy, pourraient donc confirmer une production qui était jusqu’alors uniquement attestée par deux témoignages épigraphiques, tels que l’inscription de Marsal (CIL XIII, 4564) qui mentionne un vestiarius et celle de Milan (CIL V, 5926) qui donne à voir un négociant en sayon (sagarius) rappelle ses origines médiomatriques.

Fig. 196 – Détail de la face latérale droite de la stèle de G. Genialus Iullinus : présentation d’une tunique (cliché : L. Kieffer, Musée de la Cour d’Or).

Fig. 196 – Détail de la face latérale droite de la stèle de G. Genialus Iullinus : présentation d’une tunique (cliché : L. Kieffer, Musée de la Cour d’Or).

25Du point de vue de la géographie sociale, les représentants des activités textiles sont préférentiellement inhumés à proximité ou dans des sites urbains (Metz, Trèves, Arlon, Stenay, Baâlon). La stèle d’Hirzweiler a, quant à elle, été découverte à proximité d’une villa. Toutefois, les propriétaires de ces domaines avaient probablement leur activité de production en périphérie de la ville et un lieu de sépulture dans les nécropoles urbaines, plus propices pour faire la démonstration de leur réussite sociale et économique.

LA VILLA DE GRIGY DANS SON CONTEXTE RÉGIONAL

26L’estimation de la taille de l’établissement constitue un enjeu important puisque quasiment tous les systèmes de classification utilisés aujourd’hui prennent en considération cette variable (Reddé dir. 2017). Le décapage large a fourni l’opportunité d’aborder les limites du fundus. Sur la base de cette estimation, on peut tenter de situer hiérarchiquement l’établissement au regard d’autres découvertes régionales.

PLANS ET DIMENSIONS DES BÂTIMENTS

27Les principales mesures (en mètres et en pieds) et les données les plus significatives ont été reportées sur trois plans qui montrent l’évolution dynamique de la villa (fig. 197). Premièrement, un rapport de proportion de 1 pour 2 entre la largeur et la longueur des bâtiments est perceptible. Cette logique est aussi bien respectée pour la construction en bois de l’état 1 (24 x 12 pieds) que pour les constructions sur fondations de pierre, telles que le bâtiment C (99 x 53 pieds). Il est possible que ce rapport de proportion ait été appliqué à la demeure A dans l’état initial, mais la lecture du plan est cependant plus complexe.

28À l’intérieur du corps de logis, l’emploi de multiples de 10 pieds est observable. Ainsi la façade arrière, en direction de ce qui pourrait être interprété comme un jardin, mesure 101 pieds. La pièce centrale (pièce VII) sans doute une salle de réception ou d’apparat mesure 40 x 30 pieds, tandis que les salles latérales – telles que la pièce IV – possède un plan carré de 30 x 30 pieds tandis que son alter ego (pièce VIII) est construite avec un plan rectangulaire de 31,5 x 18,5 pieds en position symétrique. Les galeries arrière et avant mesurent respectivement 101 x 10 pieds et 70 x 12 pieds.

29Les bâtiments bénéficient d’un plan « standardisé ». Dans la cour centrale, les bâtiments construits sur des poteaux de bois sont quasiment identiques, à un demi-pied près (12,5 et 12 x 9 pieds). Lorsque les grandes halles (bâtiment D et E) sur poteaux ont été édifiées au sud et à l’est de la pars rustica, les bâtisseurs ont également appliqué les mêmes plans aux deux constructions (23 x 51 pieds pour le bâtiment D, et 24 x 49 pieds pour le bâtiment E).

30L’enclos 2 est également édifié sur la base de multiples de 10 (305 x 200 pieds). En revanche, à partir du début du iiie s., la largeur du domaine de l’enclos 4 atteint 238 pieds, soit une longueur voisine de 2 actus. La surface enclose, qui s’intégrait peu ou prou dans 4 jugères durant les deux premiers siècles, se porte alors à 6 jugères.

Fig. 197 – Principales données relatives à la taille de la villa de Grigy (DAO : A. Reiff, Y. Daune, Metz Métropole).

Fig. 197 – Principales données relatives à la taille de la villa de Grigy (DAO : A. Reiff, Y. Daune, Metz Métropole).

31Aucune limite de l’état initial de la villa ne donne d’indication sur l’extension de la « proto-villa ». Certes, plusieurs fossés ont été observés mais rien ne permet de les interpréter formellement comme des limites parcellaires.

32Lorsque l’établissement est monumentalisé, les bâtiments et autres « annexes agricoles » de la pars rustica sont disposés à l’extérieur du tracé des murs d’enclos, mais il semblerait qu’ils aient été ceints par un ou plusieurs fossés de clôture (fossae limitales) dont nous avons trouvé le tracé à l’est du domaine. Ce mode de clôture par des fossés est attesté à Bassing en Moselle (Thomashausen, Laffite 2017 ; Laffite, Mondy 2011), à Hamois en Belgique (Van Ossel, Defgnée 2001) ou encore à Vezin dans la Meuse (Robinet, Van Ossel 1997).

QUEL STATUT POUR LA VILLA DE GRIGY ?

33L’organisation du domaine connaît une lente évolution depuis la fin du ier s. av. J.-C. jusqu’au iiie s. apr. J.-C. au moins lorsque l’établissement atteint une surface de près de 6 jugères (soit 1,50 ha) si l’on prend en compte la surface du domaine comprise entre les enclos et le fossé parcellaire identifié à l’est.

34Bien que peu de plans complets de villae soient connus dans les campagnes de la cité des Mediomatrici, on peut juger de son importance en confrontant le plan avec d’autres domaines étudiés dans le Nord et le Nord-Est de la Gaule à l’instar des travaux de Paul Van Ossel et Ann Defgnée (Van Ossel, Defgnée 2001, p. 224) à l’occasion de la publication de la villa de Champion-Hamois en territoire condruse. Par une méthode d’analyse de la médiane appliquée à l’échantillon rassemblé, quatre classes de tailles correspondant à des seuils significatifs en jugères ont été définies. La première regroupe les établissements couvrant une surface enclose inférieure à 5 jugères ; la seconde ceux entre 5 et 10 jugères ; la troisième entre 10 et 25 jugères ; et la dernière concerne les très grandes propriétés dont la surface est supérieure à 25 jugères. La villa de Grigy se place dans la partie inférieure de l’échantillon de la classe II. Elle possède des dimensions comparables aux établissements de Weitersbach (Rhénanie-Palatinat), de Hambach Ha 59 (Moselle est) ; elle est sensiblement moins vaste que l’établissement de Roye (Somme), de Hamois/Le Hody (Province de Namur), de Wasserbillig (Luxembourg) et Marolles-sur-Seine (Seine-et-Marne). Ces données relatives à la surface doivent être prises en compte, mais elles ne suffisent pas à juger de l’importance d’un établissement, car d’autres paramètres sont pertinents. P. Van Ossel et A. Defgnée évoquent le type de bâtiment, la présence de puits, de caves, d’installations de transformation, la superficie des bains, la nature et la qualité des sols. On pourrait ajouter d’autres paramètres comme la qualité des matériaux, la proximité avec le réseau routier et les centres urbains.

35À une échelle géographique plus réduite, celle de la Lorraine actuelle, des travaux récents ont adopté une classification simplifiée en adéquation avec les problématiques régionales (Nüsslein 2016a ; Nüsslein et al. 2017). Les formes de l’habitat de la fin de la période laténienne (iie et ier s. av. J.-C.) sont encore relativement peu connues malgré l’existence de travaux universitaires (Féliu 2008) et de synthèses sur l’habitat rural du second âge du Fer au nord de la Loire (Deffressigne, Tikonoff 2013). On rencontre des habitats de hauteur fortifiés, des habitats groupés ou des habitats isolés de superficies assez réduites ne dépassant pas 2 ha, composés de plusieurs bâtiments spatialement bien organisés, qui correspondent à des habitations, des édifices « annexes » et des greniers. Les établissements sont enclos, soit d’une palissade, soit d’un ou plusieurs fossés de tailles variables. Une classe d’établissements sans enclos est également identifiée dans la vallée de la Moselle ; ils se composent de plusieurs bâtiments organisés le long d’un axe. Les habitats du tout début de la période romaine sont très peu nombreux et lorsqu’ils sont détectés les plans sont souvent lacunaires.

36À propos des habitations rurales à l’époque romaine, trois types d’établissements ont été définis : les fermes, les petites villae et les grandes villae auxquels s’ajoute la catégorie des habitats groupés. Le premier type concerne des établissements dont l’emprise au sol ne dépasse que rarement 1,5 ha et qui se différencie des villae par un niveau de richesse et de confort assez rudimentaire (fig. 198). Les petites villae sont bien documentées par la fouille. D’une taille moyenne comprise entre 1 et 2,5 ha, elles se composent de deux parties qui, à l’instar des grandes villae, peuvent parfois être ceintes d’un mur, voire d’un fossé (fig. 199). Les grandes villae affichent des dimensions plus importantes avec des corps de logis atteignant parfois 1 ha. Les établissements de ce groupe appartiennent à la catégorie des grandes villae « à pavillons multiples alignés » qui correspondent à des complexes résidentiels et agricoles appartenant à une élite aristocratique (Ferdière et al. 2010) (fig. 200). Dans cette classification, la villa de Grigy s’intègre dans la deuxième catégorie, celle des petites villae. Avec 1,5 ha de surface occupée, elle se situe dans la moyenne inférieure de cette classe.

37D’autres travaux ne placent pas uniquement le curseur sur la surface totale, en intégrant de nombreuses variables, notamment des critères morphologiques, tels que l’organisation du bâti et les formes architecturales (Nouvel 2016, p. 225-239). Avec des descripteurs beaucoup plus poussés que ceux utilisés pour les établissements ruraux de Lorraine, Pierre Nouvel définit quatre types principaux (ER 0 : établissement rural de statut indéterminé ; ER 1 : établissement rural formé d’une seule construction ; ER 2 : établissement rural associant habitation et bâtiments techniques de statut modeste ou moyen sur cour unique ; ER 3 : établissement rural avec différenciation entre cour des communs et cour résidentielle). Le type ER 3 est subdivisé en trois sous-catégories (ER3a : établissement présentant un plan à deux cours irrégulier et une résidence longiligne simple ; ER3b : établissement présentant un plan à deux ou plusieurs cours, établissement à résidence à corps de bâtiments complexe ; ER3c : établissement à deux ou plusieurs cours présentant une planification visible). La villa de Grigy, avec sa résidence longiligne desservie par deux galeries longitudinales (Type A6, Nouvel 2016, p. 293), entre dans la catégorie ER3a.

38Qu’en est-il de la superficie des fundi ? L’assiette de la villa de Grigy, relativement faible, la situe donc parmi les petites villae à l’échelle régionale, ce qui ne signifie pas que la superficie des terres qui en dépendent soit faible, loin s’en faut. Le contexte archéologique est assez riche dans ce secteur. Jean-Denis Laffite dans les travaux de prospection inventaire publiés dans la collection de la Carte archéologique de la Gaule (Flotté, Fuchs 2004) avait mis en évidence des distances moyennes allant de 750 à 1000 m entre les différents établissements. La villa de Grigy est entourée de plusieurs établissements : la ferme romaine des Hauts de Queuleu à 900 m, l’établissement de la Seulhotte à 600 m et la villa romaine de la Rocade sud à Peltre à 1000 m. La moyenne de ces distances est de 830 m environ. Si l’on place le centroïde au milieu de la villa de Grigy avec un diamètre de 415 m (830/2), la surface obtenue est de 54 ha. L’ager obtenue est inséré de manière cohérente dans l’environnement archéologique en étant traversé de part en part par la voie 2 et amenant ses limites auprès de la voie 1. L’emprise obtenue est, par ailleurs, traversée par le ruisseau sur un substrat géologique principalement composé de limon de plateau. Cette estimation doit être considérée avec circonspection. Elle donne une échelle et non une valeur absolue. Elle apporte cependant une donnée qui est cohérente avec les précédentes tentatives de modèle d’analyses spatiales à partir d’un centroïde. Les données qui concernent l’étude de la villa de Champion (Van Ossel, Defgnée 2001) et de la villa d’Hambach 59 (Kunow dir. 2010) ont récemment été synthétisées (Reddé 2017, p. 69-70). Michel Reddé constate que l’évaluation de la superficie des terres qui dépendent de l’établissement tourne autour de 40 à 50 ha en pays condruse ou dans l’hinterland de la Colonia Claudia Ara Agripinensium (fig. 201). L’estimation de la surface de vie de l’établissement donne ici un ordre de grandeur et elle ne prétend pas à l’exactitude absolue.

Fig. 198 – Exemples de fermes gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici : A, le bois des olivettes à Roncourt (d’après Brkojewitsch et al. 2015a) ; B, la ZAC des Hauts de Queuleu à Metz (d’après Boulanger 2007) ; C, la Grande Fin à Florange (d’après Mamie et al. 2011) (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).

Fig. 198 – Exemples de fermes gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici : A, le bois des olivettes à Roncourt (d’après Brkojewitsch et al. 2015a) ; B, la ZAC des Hauts de Queuleu à Metz (d’après Boulanger 2007) ; C, la Grande Fin à Florange (d’après Mamie et al. 2011) (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).

Fig. 199 – Exemples de petites villae gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici : A, Entre Deux Cours à Laquenexy (d’après Brkojewitsch et al. 2015b ; B, la rocade sud à Peltre (d’après Blaising 2001) ; C, Grigy à Metz (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).

Fig. 199 – Exemples de petites villae gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici : A, Entre Deux Cours à Laquenexy (d’après Brkojewitsch et al. 2015b ; B, la rocade sud à Peltre (d’après Blaising 2001) ; C, Grigy à Metz (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).

Fig. 200 – Exemples de grandes villae gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici et des Treviri : A, In Bourmicht à Bertrange (d’après Krier 2009) ; B, Echternacht (d’après Metzler et al. 1981) ; C, Larry à Liéhon (d’après Laffite et al. 2005) ; D, Reinheim (d’après Schoon 2005) (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).

Fig. 200 – Exemples de grandes villae gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici et des Treviri : A, In Bourmicht à Bertrange (d’après Krier 2009) ; B, Echternacht (d’après Metzler et al. 1981) ; C, Larry à Liéhon (d’après Laffite et al. 2005) ; D, Reinheim (d’après Schoon 2005) (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).

UN ÉTABLISSEMENT DE STATUT INTERMÉDIAIRE

39Si la taille d’un domaine est un critère important, il n’est pas forcément déterminant pour définir le statut et la richesse d’un établissement (Reddé 2017). Il convient également d’examiner la nature des mobiliers et le type de vestiges rencontrés. En ce sens, la présence de bains ou la découverte d’enduits peints ne suffisent pas. Quelques découvertes issues des niveaux démantelés offrent une source d’informations pour juger de l’élévation de la demeure. Le bâtiment est construit sur de puissantes fondations de blocs équarris de calcaire bleu local. La présence de fosses pour le gâchage de chaux indique que ce liant était utilisé. Les fondations du corps de logis initial sont profondes afin de supporter un étage. Il est probable que toute l’élévation du bâtiment était en calcaire, mais il n’est pas exclu qu’une partie au moins ait été construite en terre. Des élévations considérables en terre sont attestées, dans des régions méridionales, dans la villa de Saint-Bézard à Aspiran dans l’Hérault (Mauné et al. 2010). Le volume de pierres utilisées devait être important et, près d’un demimillénaire plus tard, la villa de Grigy était encore inscrite dans le paysage puisque les chaufourniers se sont installés sur le site. Sur l’édicule de Fontoy (fig. 60), des fenêtres sont représentées en façade sur les pavillons d’angle et à l’étage, en façade et sur les pignons. À Grigy, il est probable que ces lucarnes de petites tailles aient été isolées par des vitres. Le nu des murs est couvert d’un quadrillage qui pourrait évoquer un mur maçonné en pierre. La charpente présente un double pan et les pignons sont droits. Le motif de losange incisé sur le toit évoque plutôt des bardeaux ou des lauzes. Il apparaît toutefois qu’au iiie s. apr. J.-C., les tuiles étaient largement employées, dans les systèmes de chauffe. Parmi les tuiles retrouvées, notons la présence de deux marques de tuiliers : Assatvs et Exvperantivs, dont les ateliers se situent probablement entre Metz et Trèves.

Fig. 201 – Estimation de la surface du fundus de la villa de Grigy (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).

Fig. 201 – Estimation de la surface du fundus de la villa de Grigy (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).

40En ce qui concerne le confort de la résidence, la présence de bains et de systèmes d’hypocauste dans deux pièces au minimum indique un mode de vie « à la romaine ». Les cinq fragments de marbre et de calcaire fin de Norroy-lès-Pont-à-Mousson étaient mis en œuvre dans le décor des murs ou des sols. Une plaquette triangulaire de marbre blanc, découverte dans le secteur des bains, est d’une forme compatible avec les modules employés dans l’opus sectile. Les murs étaient recouverts d’enduits peints principalement dans les bains ; il est très probable que leur conservation à ces emplacements soit le fait d’un processus taphonomique particulier et que les décors muraux aient été plus répandus que ne le laissent apparaître les découvertes. L’établissement de Grigy peut se définir comme une villa de statut intermédiaire dans la hiérarchie régionale. L’association avec un mausolée, qui est un critère spécifique attaché à l’élite, n’est pas attestée avec la phase monumentale du iie s au ve s. La présence de bains et d’hypocauste définit généralement la villa, mais les équipements sont simples et de faible extension. Sans que l’on puisse définir s’il s’agit d’un effet de sources, les caves sont presque systématiquement reconnues dans les établissements modestes et relativement rares dans les grands établissements (Nouvel 2016 ; Devevey, Gaston 2014). En ce qui concerne l’apparat décoratif, les traces sont très rares. Les pièces de la demeure étaient revêtues d’enduits peints sans fastes apparents. La roche décorative et les mosaïques sont absentes. L’état d’arasement et la récupération systématique peuvent être pointés, mais tous les établissements de la région ont connu une pareille infortune. La villa de Grigy et ses équipements offraient donc un certain confort aux résidents mais sans une débauche de moyens dans la décoration.

APPORTS À LA CONNAISSANCE DE L’OCCUPATION DU SOL AU SUD-EST DE METZ/DIVODURUM

UNE TRÈS FORTE DENSITÉ D’OCCUPATION

41La villa de Grigy s’insère dans un environnement archéologique à l’est de Divodurum particulièrement dense (Ouzoulias 2011 ; Georges-Leroy et al. 2013). Cette image que renvoyaient les prospections (Flotté, Fuchs 2004) est confirmée par les résultats des nombreux chantiers de fouilles préventives entrepris en périphérie de la capitale de cité des Mediomatrici, et en particulier par les fouilles de la ZAC du Technopôle II. Ces travaux permettent de mieux interpréter les processus d’occupation du sol sur l’ensemble de la période antique.

42À la fin de la période laténienne, l’espace situé au sud-est de Metz est déjà bien occupé. Cette période est importante dans la future configuration du peuplement de l’époque romaine : les établissements, dont fait partie celui de Grigy et qui vont devenir des villae au iie s., sont embryonnaires ou se mettent progressivement en place. Du ier s. au iiie s. apr. J.-C., le nombre d’établissements augmente avec l’installation de villae et surtout de petits établissements de type ferme. Ce phénomène laisse apparaître un espace densément occupé et sans doute intensément mis en valeur (Nüsslein 2016a). Le sud-est de Metz, entre les rivières Seille et Nied, devient un espace où la concentration de grandes villae est l’une des plus importantes de Gaule (fig. 18).

43Différents types d’établissements s’égrènent le long de la voie Divodurum-Argentorate et de ses diverticules (Laffite 2004). En sus du système de communication, l’existence de ressources en eau et d’un relief peu marqué très favorable au développement de l’agriculture a favorisé l’implantation humaine. Les cartes de répartition des vestiges permettent de discerner un schéma bien organisé au sud-est de la capitale de cité ; les villae sont dispersées dans un rayon de 1 à 7 km le long des trois voies principales (Laffite 1999). Dans le giron des grandes exploitations (dans les quartiers de Belletanche, de Grigy et sur la commune de Peltre), des établissements plus modestes s’organisent sur le réseau viaire secondaire. La relation directe avec la villa principale est parfois étayée par des indices archéologiques. C’est le cas de l’établissement rural de la ZAC des Hauts de Queuleu, composé d’un bâtiment au Haut-Empire, actif durant les trois premiers siècles apr. J.-C. (Boulanger 2007). Tourné principalement vers des activités agro-pastorales, ce site a joué un rôle important dans la régulation et la distribution de l’eau, car il desservait probablement la villa de Belletanche – localisée 750 m plus au nord (Buzzi, Gébus 1997 ; Boulanger 2011) – par un important réseau d’adduction d’eau composé de puits-galeries aux parois clayonnées. À environ 1,5 km à l’ouest, un bâtiment et une vaste plateforme empierrée ont été étudiés (Laffite 2001) tandis qu’au sud une construction en pierre et une citerne abandonnées au ive s. gravitent autour de la villa de Peltre (Baroth et al. 1971). À ces découvertes réalisées lors de fouilles archéologiques s’ajoute un grand nombre de sites suspectés sur la base de prospections de surface.

44Bien que le long du tracé principal de l’axe de communication des sépultures isolées ou des petits ensembles funéraires aient été dégagés en plusieurs lieux par le passé, ces contextes ne sont pas toujours associés à une habitation. Ce constat porte à penser que le nombre d’établissements est encore plus grand et qu’ils ne sont pas représentés à leur juste mesure.

45Dans l’Antiquité tardive, le nombre de sites répertoriés décline. L’espace rural est semble-t-il de moins en moins occupé. Ce phénomène de désertion touche principalement les petits établissements. Ce sont en effet les villae, et plus particulièrement les habitats comme l’établissement de Grigy, créés à la fin de période laténienne ou au tout début de l’époque romaine, qui sont les plus durables.

TRAJECTOIRES COMPARÉES DES ÉTABLISSEMENTS RURAUX

46Entre le ier s. av. J.-C. et le iiie s. apr. J.-C., l’établissement de Grigy suit une évolution similaire à la plupart des autres établissements de même statut dans la cité des Mediomatrici (fig. 202) (Nüsslein 2016a ; 2016b).

  • 1 Pour la caractérisation conceptuelle des différentes formes d’établissements romains, nous renvoyon (...)

47De la fin de la période laténienne au milieu du ier s. apr. J.-C., les habitations sont construites en matériaux légers et disposent d’une dimension modeste. Au ier s. apr. J.-C., les modes de construction sont transformés avec l’utilisation de la pierre et de la maçonnerie. Pour autant, l’usage de la pierre ne définit pas stricto sensu une villa, car certains établissements édifiés au cours du ier s. sur fondations de pierre affichent encore les caractéristiques des fermes. Au risque d’une simplication abusive, nous qualifions de ferme des « petits » établissements d’une surface inférieure à 2,5 ha dont la caractéristique principale concerne la résidence. Les habitations n’atteignent pas le niveau de confort (bains, chauffage par sol) et de raffinement (absence de la triade enduits, mosaïques, roches décoratives) que les villae1. Ce n’est globalement qu’entre le dernier quart du ier s. et le premier quart du iie s. que les villae se multiplient en Lorraine avec l’agrandissement, l’embellissement et la mise en place d’éléments de confort (bains, hypocaustes), parfois rapides et successifs, de certains habitats laténiens ou du tout début de la période romaine, comme à Grigy. L’établissement semble acquérir ce statut au début du iie s.

48À partir de la seconde moitié du iiie s., une grande partie des villae subit des modifications avec des restructurations de bâtiments, une diminution des surfaces occupées et l’apparition de constructions en matériaux légers notamment dans les communs. Ces mutations entraînent souvent la perte du statut de villa pour les établissements. En effet, pendant l’Antiquité tardive, la quasi-totalité des petites villae correspondent à nouveau à de simples fermes, et les grandes villae se rétrécissent jusqu’à devenir des fermes à la toute fin de la période romaine. Toutefois, certains habitats résistent mieux que d’autres à ces phénomènes. C’est notamment le cas pour l’établissement de Grigy qui semble garder son statut de villa jusqu’à la fin du ive s au minimum. Cette pérennité pourrait s’expliquer par une activité économique particulière qui lui aurait permis de financer l’entretien du domaine durant l’Antiquité tardive ou par d’autres facteurs que la fouille n’a pas révélés.

49En définitive, le contexte de Grigy s’inscrit dans le mouvement général de densification des campagnes à partir du changement d’ère (Trément dir. 2010, p. 165). L’exploitation du terroir ne va pas de pair avec l’appropriation de techniques de construction ou d’un programme architectural more romano. Le recours à une architecture de terre et bois est cohérent avec les usages observés dans les contextes urbains de Divodurum, que ce soit dans les quartiers périphériques (Brkojewitsch et al. 2015c) ou à l’emplacement de l’oppidum (Brkojewitsch et al. 2019). L’édification de la villa en dur est plus tardive. Ce schéma est observé dans plusieurs micro-régions, notamment dans la Plaine de la Limagne (Dousteyssier, Trément dir. 2008 ; Trément dir. 2013) ou dans le Centre-Est de la Gaule (Nouvel 2016). Le maintien ou l’accentuation de la hiérarchie sur le long terme semble reposer sur les potentialités environementales et donc productives (Nouvel 2017, p. 723). On peut également penser qu’à Grigy l’existence du réseau routier assez ramifié autour du domaine et la proximité de la ville ont été des facteurs déterminants en faveur du dynamisme de l’établissement sur la longue durée.

* **

50La fouille de la ZAC du Technopôle II a rendu possible l’étude d’un vaste terroir sur la longue durée. Sur ce site occupé du Mésolithique jusqu’au Moyen Âge, la mise au jour d’une villa romaine constitue la découverte la plus importante.

51La villa romaine est fondée au lendemain de la Conquête lorsque le pouvoir romain installe la capitale de cité à Metz/ Divodurum. L’établissement évolue d’un bâtiment à ossature de bois vers une résidence en pierre à la fin du ier s., voire au début du iie s. À cette époque, le petit ensemble funéraire familial installé au sud semble abandonné et une voie de galets assurent la liaison entre l’exploitation et la ville. Des transformations dans la résidence et dans la cour agricole sont effectuées au cours du iiie s. Durant l’Antiquité tardive, l’exploitation est encore bien active et des émissions monétaires théodosiennes constituent les derniers indices de la fréquentation de la villa pour la période romaine.

52L’installation romaine ne tire pas profit d’un espace aménagé et de terre bonifiée durant le second âge du Fer. Les vastes emprises décapées permettent d’écarter l’hypothèse d’une ferme gauloise contigues à la villa. Il n’y a donc pas de continuum. L’établissement se transforme, passant d’un espace a priori ouvert à une demeure bordée de murs lors de sa plaine expansion, et en délaissant une architecture simple de tradition laténienne pour une architecture plus durable en pierre. Les équipements de production se développent à partir du iie s. avec des petits modules de production – des cuves et des puits –, puis on constate une augmentation de la capacité productive au milieu du iiie s. avec la mise en place d’un bassin. L’amélioration des infrastructures et la prise en compte des modèles architecturaux romains ne sont donc pas perceptibles avant le début du iie s. En cela, l’établissement ne fait pas preuve d’une rupture à la période augustéenne. Il semble conserver les héritages techniques de la Protohistoire avant de se transformer relativement tardivement tant par la forme de son architecture que par le mode de production. Avec cette dynamique, il s’intègre dans un schéma observé ailleurs en Gaule chevelue (Reddé 2017).

Fig. 202 – Trajectoires des habitats sur le territoire des Mediomatrici (DAO : A. Nüsslein, EPHE).

Fig. 202 – Trajectoires des habitats sur le territoire des Mediomatrici (DAO : A. Nüsslein, EPHE).

53Cettte villa relativement modeste ne se distingue pourtant, ni par sa parure architecturale, ni par la finesse de son apparat décoratif comme les prestigieux domaines qui ont longtemps concentré l’attention des chercheurs lorrains comme, en Moselle, la villa Saint-Ulrich à Dolving (Lutz 1971) ou la villa de Larry à Liéhon (Laffite 2013). Malgré l’accroissement du nombre de fouilles préventives, rares sont les opportunités de traiter toute une exploitation ainsi que les installations connexes. L’étude systématique de la villa avec des méthodes d’intervention et d’analyse modernes constitue une première à l’échelle régionale.

54L’économie de la villa ne semble probablement pas tournée vers la production de céréales. L’agriculture et l’élevage occupaient une place indéniable, mais les traces caractéristiques de ces activités sont peu nombreuses (séchoir, grenier), voire absentes (annexes tripartites, pédiluves, mare). L’exploitation d’équipements destinés à l’artisanat, leur entretien et leur développement pendant près de trois siècles traduit en revanche une spécialisation marquée. Bien qu’il soit impossible de quantifier la production, et très laborieux de définir avec précision les artisanats qui étaient pratiqués, il semblerait que l’activité soit en relation avec la transformation des fibres végétales. Sur cette économie, que l’on suppose centrale, se greffe une série d’activités dont le calcul des excédents pour un négoce éventuel est inabordable, mais qui s’intégrerait parfaitement en complément de l’activité primaire en assurant le bon fonctionnement de l’exploitation. Le bétail de trait pouvait certainement être employé dans les champs de la propriété. La céréaliculture et la fruiticulture alimentaient en partie les stocks en ressources vivrières tandis que d’autres produits, provenant de la chasse ou de la pêche, venaient en complément. Dans un autre ordre d’idée, le travail de la matière dure animale ou la production d’objets métalliques sont les indices d’un spectre, plus large encore, d’activités pratiquées et impliquent certainement une capacité à assurer la maintenance sur place. Les vestiges matériels qui s’y rapportent sont toutefois difficiles à dater avec précision et ils n’autorisent aucune généralisation. Si chacune de ces activités est attestée, il serait imprudent d’en déduire une exploitation pérenne et concomitante.

55Le classement typologique ne suffit pas à intérpréter la fonction des bâtiments et l’économie du domaine. À la différence des exemples étudiés dans les provinces nord-occidentales, la « surproduction » n’est probablement pas uniquement vivrière (Habermehl 2013). La nature des activités pressenties dans la villa de Grigy induirait un modèle particulier d’établissement. En effet, ce dernier ne gagne pas (ou peu) en assiette foncière entre le iie s et le ive s., mais se maintient durablement. Des productions saisonnières et complémentaires (rouissage, sparterie, vannerie, transformation de la fibre végétale, etc.) devaient avoir probablement suffisamment de valeur ajoutée pour maintenir l’exploitation active sur la longue durée sans pour autant chercher à développer la taille du domaine. La villa fournit également une preuve que le modèle de la « villa à pavillons multiples alignés » n’est pas la norme absolue dans le Nord-Est même si cette forme est largement majoritaire.

56La proximité géographique de l’établissement avec la capitale de cité des Mediomatrici pourrait suggérer que la production était en partie destinée à la population urbaine et qu’elle transitait par la voie Divodurum-Argentorate toute proche. L’existence de plusieurs stèles funéraires à la mémoire de commerçants d’étoffe apporte un témoignage intéressant. Ces activités, longtemps considérées comme l’apanage des Treviri, sont plus largement attestées grâce à des découvertes récentes. Plusieurs représentations proviennent de la cité des Mediomatrici, dont deux qui ont été retrouvées en remploi dans le rempart de l’Antiquité tardive de Divodurum. Cet essor du commerce des textiles dans le caput civitatis, qui a fait prospérer le commerçant G. Genialius Iullinus, devait s’appuyer sur des outils de productions structurés, capables d’approvisionner la ville. Ce cadre et ce circuit de distribution court semblent confortés par les découvertes matérielles. Et, bien que des échanges sur la longue distance soient observables à travers quelques importations de vins en provenance d’Italie, de la vallée du Rhône et de la Bétique, au début de l’époque romaine puis par le commerce du bois expédié depuis la forêt vosgienne vers le iiie s., la majorité des productions, quelle que soit la période envisagée, provient d’ateliers régionaux.

57Au début du ve s., la villa connaît la même dynamique que de nombreux autres établissements. Le secteur est, semble-t-il, abandonné et le site au Moyen Âge a principalement une vocation agropastorale. L’installation des chaufourniers, destinés à transformer les blocs de la villa après le xiie s., est peut-être à mettre en relation avec l’essor du village médiéval de Grigy qui se développe à quelques pas de là.

Notes

1 Pour la caractérisation conceptuelle des différentes formes d’établissements romains, nous renvoyons le lecteur à la synthèse sur la Lorraine réalisée dans le cadre du projet Rurland dirigé par M. Reddé (Reddé dir. 2017).

Table des illustrations

Titre Fig. 196 – Détail de la face latérale droite de la stèle de G. Genialus Iullinus : présentation d’une tunique (cliché : L. Kieffer, Musée de la Cour d’Or).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/46560/img-1.jpg
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Titre Fig. 197 – Principales données relatives à la taille de la villa de Grigy (DAO : A. Reiff, Y. Daune, Metz Métropole).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/46560/img-2.jpg
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Titre Fig. 198 – Exemples de fermes gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici : A, le bois des olivettes à Roncourt (d’après Brkojewitsch et al. 2015a) ; B, la ZAC des Hauts de Queuleu à Metz (d’après Boulanger 2007) ; C, la Grande Fin à Florange (d’après Mamie et al. 2011) (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/46560/img-3.jpg
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Titre Fig. 199 – Exemples de petites villae gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici : A, Entre Deux Cours à Laquenexy (d’après Brkojewitsch et al. 2015b ; B, la rocade sud à Peltre (d’après Blaising 2001) ; C, Grigy à Metz (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/46560/img-4.jpg
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Titre Fig. 200 – Exemples de grandes villae gallo-romaines sur le territoire des Mediomatrici et des Treviri : A, In Bourmicht à Bertrange (d’après Krier 2009) ; B, Echternacht (d’après Metzler et al. 1981) ; C, Larry à Liéhon (d’après Laffite et al. 2005) ; D, Reinheim (d’après Schoon 2005) (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/46560/img-5.jpg
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Titre Fig. 201 – Estimation de la surface du fundus de la villa de Grigy (DAO : Y. Daune, Metz Métropole).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/46560/img-6.jpg
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Titre Fig. 202 – Trajectoires des habitats sur le territoire des Mediomatrici (DAO : A. Nüsslein, EPHE).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/46560/img-7.jpg
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