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La brousse et le berger

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Marianne Cohen

Deuxième partie. Entre sylvopastoralisme et abandon : les territoires de Rieisse et Rouveret

Avant-propos

Texte intégral

1 L’exemple des territoires de Rieisse et Rouveret va nous permettre de tester un certain nombre d’hypothèses, relatives à l’explication d’un embroussaillement et d’un emboisement à un stade avancé, notamment au Rouveret. Ce type d’évolution concerne de larges secteurs du causse occidental et est observé dans d’autres causses ou montagnes sèches. Nous sommes ici dans une situation où le contrôle social des ligneux n’est plus assuré, et ce par des éleveurs qui ne sont pas dans une logique de développement, c’est à dire dans un contexte particulièrement défavorable, que l’on peut qualifier de quasi-abandon.

2Comment en est-on arrivé là, alors que le village du Rouveret, tout comme celui, voisin, de Montignac, n’était pas forestier jusque dans les années 1950 ? Quel a été le rôle du statut foncier des terres dans ces villages, où indivis et communaux occupent de grandes surfaces ? Quel rôle joue l’élevage, par rapport à d’autres options de mise en valeur ? Comment s’est déroulée et déclenchée cette dynamique ligneuse ? Quels en sont les effets en terme de perte de biodiversité ? Est-elle à présent stabilisée, et quelles tendances se dessinent à l’avenir ?

3Parallèlement à cette fermeture des paysages, ce site a été choisi parce qu’on y observait aussi des réouvertures volontaires du milieu, notamment dans le village de Rieisse. Ces pratiques visent à contrôler l’avancée des pins ou d’autres ligneux, sur un territoire qui, lui, appartient depuis longtemps au causse boisé. Il ne s’agit pas là d’une forme de gestion isolée, mais bien de pratiques observées sur tout le causse, qui appartiennent déjà à la tradition.

4Quel rôle jouent ces pratiques sur la végétation, à court et moyen terme (planche I.8) ? Quel intérêt ont-elles vis-à-vis de l’activité d’élevage, et des activités complémentaires qui y sont associées : exploitation du bois, cueillette, chasse ? Quel est le rôle respectif des pratiques pastorales et des pratiques sur les ligneux dans l’entretien de l’ouverture des milieux ? Cette forme de sylvopastoralisme contribue-telle à une stabilisation des ressources ? Quels types de paysages produit-elle ? Quel est son rôle dans le maintien de la biodiversité ?

5Pour répondre à ces questions, nous avons caractérisé le contexte socio-économique de ces villages, puis étudié la végétation et sa dynamique à l’échelle des territoires, puis de quelques stations où a été précisée la démographie des populations ligneuses. Dans les deux cas, ont été rapprochées des données d’ordre écologique, social et technique, afin de hiérarchiser les facteurs déterminants de ces paysages en mosaïque.

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