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L’école d’apprentissage Renault

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Emmanuel Quenson

Troisième partie. Former pour adapter les hommes aux évolutions et transformer les relations sociales (1950-1980)

Changer les relations sociales par la formation

Texte intégral

1Dans la troisième partie de cette recherche, nous procéderons à l’examen de la deuxième période de l’école Renault qui s’amorce au début des années 1950 et court jusqu’à sa fermeture dans les années 1980. La césure effectuée dans les années de l’après-guerre diffère de celle généralement établie par la plupart des sociologues et historiens pour ce type d’institution, marquant généralement le milieu des années 1960 comme tournant de l’histoire de l’enseignement professionnel et technique en France. Dans le cas de l’école Renault, elle trouve sa justification dans l’histoire singulière de l’entreprise marquée par l’intervention de nouveaux acteurs : les cadres du personnel et les syndicalistes. À la différence d’autres entreprises, telles Peugeot ou encore Merlin Gérin, cette coupure part du constat que les divers aspects touchant de près l’entreprise et son institution de formation s’entrecroisent, puis s’agrègent pendant cette période pour réorienter l’organisation et le contenu de la formation professionnelle dans des directions jusqu’alors inédites.

2L’arrivée à la tête de Renault d’hommes issus de la Résistance, inscrits dans le mouvement chrétien social et porteurs d’une vision cherchant à concilier l’économique et le social, et l’association des syndicats ouvriers aux discussions touchant l’organisation et l’orientation des activités sociales contribuent à redéfinir le rôle de la formation professionnelle comme moyen de changer les relations sociales dans l’industrie. Devant la persistance de l’instabilité de la main-d’œuvre qualifiée et l’accélération de la mécanisation de la production, sources d’une grande incertitude, les responsables de l’entreprise et les représentants des syndicats cherchent à réorienter les missions de l’école vers la formation d’ouvriers qualifiés « polyvalents » et de techniciens, des profils susceptibles de correspondre davantage aux évolutions. Ces choix se justifient d’autant plus que l’enseignement technique public continue de connaître un faible développement autour de l’usine.

3Pour autant, dans le courant des années 1960, à l’issue d’une succession de changements résultant de plusieurs interactions entre acteurs de la formation professionnelle et différentes interprétations des changements techniques touchant la production, la vocation de l’école évolue vers une certaine complémentarité par rapport à l’Éducation nationale. Cette ultime transformation de la formation aboutira paradoxalement à un discrédit de l’école dont la fermeture est décidée au milieu des années 1980.

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