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L’homme et sa diversité

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Anne-Marie Guihard-Costa
, 
Gilles Boetsch
, 
Alain Froment

Constitution d’un réseau européen

Emma Rabino-Massa et Charles Susanne

Texte intégral

1La coopération scientifique en anthropologie biologique au niveau européen Quelques réflexions peuvent être faites en vue de constituer un réseau au niveau européen. Il importe avant tout de faire un bilan de ce qui a été réalisé jusqu’à ce jour et de considérer les perspectives et les actions futures.

2Jusqu’à ce jour, des contacts et des collaborations ont été maintenus à titre personnel, par amitié, par affinité ou par complémentarité entre différents laboratoires européens. Ces actions ont certes contribué de manière positive à créer des travaux d’un bon niveau scientifique, mais il est temps de les élargir au niveau d’un ensemble européen plus vaste par une augmentation du nombre de partenaires (bien entendu, l’augmentation de la quantité devra toujours accompagner la qualité).

Un exemple de coopération scientifique à vocation internationale : l’Université européenne d’été
Fondée en 1998 sur la base d’une collaboration entre l’Université de Turin et l’Université de Marseille, l’Université européenne d’été s’est donné comme mission, d’une part d’initier les étudiants et les jeunes chercheurs à l’histoire et l’anthropologie des populations de l’Arc alpin, d’autre part de restituer le savoir mis en forme par les chercheurs auprès des populations locales. L’un de ses buts est la formation post-universitaire de jeunes chercheurs. De plus, parallèlement aux cours de l’Université Européenne d’Été, ont été organisés des colloques qui ont impliqué de nombreuses Universités européennes, d’Espagne, de Suisse, d’Italie, de Belgique, etc.

3D’autres projets tout aussi importants ont été ceux destinés à la sauvegarde des biens culturels qui se sont concrétisés par des collaborations, des colloques et des expositions. Le projet de sauvegarde du patrimoine culturel a impliqué certains Musées de l’Espagne, de la France et de l’Italie.

4Par son histoire et la complexité de son objet, l’anthropologie s’est rapidement dotée de collections anthropologiques. Pour classer, observer, comparer, l’anthropologie a construit, ou participé, en tant que discipline, à la construction de musées qui se sont intéressés autant à la dimension biologique de l’homme qu’à sa dimension culturelle. Depuis quelques années, l’intérêt des études anthropologiques et paléopathologiques se porte davantage sur l’étude de larges collections, c’est-à-dire sur une approche davantage quantitative. De ce fait, il y a donc lieu de développer, tant pour la recherche que pour la formation d’étudiants, à travers la notion d’archives biologiques, la collecte, la conservation et la mise en valeur du patrimoine constitué par les séries ostéo-archéologiques. En devenant des « référentiels », elles sont indispensables aux expositions muséologiques, en particulier par leur aspect didactique.

5Ces « archives biologiques » sont d’une extrême importance pour l’étude des populations du passé lorsque le manque de documents écrits ou archéologiques oblige les chercheurs à se tourner vers d’autres sources. Elles font partie du patrimoine culturel et scientifique de l’humanité. Mais dans tous les cas, elles apportent un regard différencié et complémentaire capable d’expliquer les conditions matérielles de vie de la préhistoire jusqu’à l’époque industrielle, que ce soit en matière de conditions de vie des populations du passé ou en terme de réponse aux agressions environnementales d’aujourd’hui et de demain.

6Enfin ont été développés les échanges Erasmus et Socrates (voir ci-dessous) qui ont contribué à la création de projets de recherche multidisciplinaire entre l’Italie, l’Espagne et la France et dont les résultats ont été discutés dans des thèses de doctorat ou lors de programmes didactiques d’enseignement.

7Étant donné que les études d’anthropologie biologique se diversifient en fonction des intérêts et des méthodologies des différents laboratoires, il semble nécessaire d’établir un pont entre les divers groupes de recherche, de manière à permettre des échanges d’idées et d’informations de plus en plus intenses. Il faut surtout éviter tout excès de formalisme et de sclérose en recourant largement à la discussion et à la confrontation entre les différentes équipes de recherche. Cela contribuera certainement à favoriser le développement de l’anthropologie biologique et à ouvrir des voies nouvelles à cette discipline et à sa recherche.

8En brossant un tableau de l’état actuel des études, il faut souligner que la recherche a de plus en plus utilisé les techniques les plus récentes pour arriver à reconstruire l’histoire globale de l’homme.

9L’objectif le plus important est donc celui de poursuivre un renouvellement constant soit de la recherche soit de la didactique, ce que l’on pourra obtenir à travers la constitution d’un réseau d’échanges d’enseignants et de chercheurs. L’organisation de rencontres périodiques permettra aux jeunes chercheurs de prendre contact, dans un climat amical, avec leurs collègues des différents laboratoires, de comparer leurs connaissances et de réaliser des projets de coopération.

10Naturellement, ces projets ont un coût, et nous devons préparer en commun des projets de recherche à soumettre aux différentes institutions européennes afin d’obtenir des financements et des bourses.

11Le problème à aborder avec clarté et réalisme est la définition des instruments avec lesquels réaliser le développement de la recherche nécessaire pour construire un réseau européen ; la constitution d’un réseau européen doit se fonder sur la mise en valeur des compétences et spécificités des différents instituts de recherche. L’Université et les autres établissements doivent assumer de plus en plus la tâche de développer des parcours de haute formation – telles des écoles de spécialisation et de qualification – et enfin agir en collaboration étroite avec les réalités culturelles et productives de l’Europe.

12Il est donc important d’entreprendre l’intégration au niveau européen des potentialités des différents centres pour assurer une croissance future positive.

13En plus de la recherche, il convient de développer l’activité didactique par l’élévation des niveaux culturels à travers l’échange de professeurs ou l’internationalisation des cours favorisant le développement des projets Socrates Erasmus.

L’AIDE EUROPÉENNE À L’ÉTABLISSEMENT DE RÉSEAUX UNIVERSITAIRES EUROPÉENS : LES PROGRAMMES SOCRATES-ERASMUS

14• ERASMUS est le programme d’éducation au niveau supérieur ayant pour but de renforcer la qualité de cet enseignement et d’y donner une dimension européenne, de promouvoir la mobilité et de permettre la reconnaissance des études au niveau européen.

151) Échanges d’étudiants (au niveau Master et Doctorat) entre les 25 États Membres, ainsi que les États candidats, plus l’Islande et la Norvège).

162) Échanges de staff (entre les 25 États Membres, ainsi que les États candidats, plus l’Islande et la Norvège.

173) Développement de curriculum. Erasmus finance deux types principaux d’activités (CD : curriculum development) organisées par au moins 3 pays participants :

  • projets de développement commun de « programmes d’études » (adaptation de programmes existants ou création de nouveaux programmes). Le but est de renforcer la qualité et la dimension européenne des programmes, en combinant l’expertise de différentes universités de différents pays européens. Les cours seront de préférence des cours spécialisés de niveau master répondant à un besoin (ou une lacune) dans les cursus européens. Le master serait de un ou deux ans et comprendrait une partie commune à toutes les institutions participantes.
  • projets de développement de « modules » européens (la dimension européenne doit être mise en évidence)

18Les modules devraient être centrés sur :

  • l’histoire, la société, la culture, la politique ou l’économie des régions européennes ;
  • les aspects relatifs à l’intégration européenne, comme le droit communautaire ;
  • des aspects comparatifs du contenu d’une discipline dans les pays participants.

19Les modules devraient être innovants et avoir un impact substantiel sur les étudiants incriminés. Toutes les universités participantes doivent inclure le module à leur programme.

204) Programmes intensifs : étudiants et staff des différentes universités participantes pour des sujets spécialisés peu enseignés dans les universités européennes :

Un cours intensif peut être pluriannuel si son contenu est révisé chaque année. Le subside est annuel et peut être renouvelé pour trois ans maximum. Il implique la coordination académique par une des institutions. Le cours se déroulera sur un minimum de 10 jours jusqu’à trois mois et inclura des étudiants (min 10) et des professeurs de toutes les universités participantes. Il ne s’agit pas d’activités de recherche ou de conférences.

215) Thematic Network Projects : les réseaux thématiques doivent avoir une réflexion scientifique, éducationnelle et institutionnelle dans un domaine d’éducation. Normalement, tous les pays participant au programme Socrates-Erasmus doivent être représentés.

22Les réseaux thématiques ont été créés pour avoir une réflexion stratégique dans les domaines scientifiques, éducationnels et institutionnels de l’éducation supérieure. Un réseau thématique est une coopération entre des départements d’institutions d’enseignement supérieur et d’autres partenaires (organisations académiques ou instances professionnelles). Normalement, tous les pays participant au programme Socrates-Erasmus (EU, EFTA et Pays candidats) devraient être représentés dans ces réseaux thématiques.

23Le principal objectif du programme est de garantir la qualité et de définir et développer une dimension européenne au sein d’une discipline académique. De manière alternative, il peut s’agir d’un sujet de nature inter- ou multidisciplinaire. La coopération au sein des réseaux thématiques est supposée atteindre des résultats d’impact de longue durée impliquant les universités européennes dans le sujet concerné.

24Ces dernières années les réseaux thématiques ont atteint deux sortes d’objectifs :

  • une cartographie de l’enseignement supérieur ;
  • une description, analyse et comparaison des méthodes d’éducation ;
  • une production, traduction et dissémination de nouveaux matériels didactiques ;
  • faciliter la coopération européenne ;
  • identifier les besoins et obstacles de cette coopération ;
  • promouvoir la production de modules européens.

25Les crédits communautaires sont accordés sur le principe de co-financement. Les universités participantes doivent contribuer en terme de coûts directs et de personnel. Ceci n’est pas toujours aisé et il est donc indispensable de trouver les supports nécessaires auprès de partenaires autres que ceux traditionnels dans le monde académique. Il s’agit notamment de partenaires professionnels, dans la mesure où les défis futurs des réseaux thématiques sont de consolider la collaboration entre groupes professionnels, société et éducation universitaire.

266) Mundus : programme ouvert vers le reste du monde, complémentaire aux programmes Tempus, ALFA et Asia-Link.

27Ce programme confirme le désir de la Commission d’encourager l’ouverture de l’éducation supérieure européenne au reste du monde.

28Erasmus Mundus, cependant, a aussi pour but de diffuser l’offre européenne de programmes d’enseignement attractifs de qualité. Des cours de master Erasmus Mundus et des bourses doivent promouvoir des échanges fructueux ainsi qu’un dialogue entre les cultures.

29L’action 1 de ce programme nous intéresse particulièrement : les masters Erasmus Mundus. Ils constituent le composant central autour duquel Erasmus Mundus est organisé. Ce sont des cours intégrés de haute qualité offerts par un consortium d’au moins trois universités d’au moins trois pays européens différents. Les cours doivent être « intégrés », c’est-à-dire qu’ils doivent prévoir une période d’études dans au moins deux des trois universités et qu’ils doivent aboutir à un diplôme double, multiple ou à un diplôme commun.

30De manière concrète, Erasmus Mundus aidera environ 100 masters Erasmus Mundus de niveau académique remarquable. Il subsidiera environ 5 000 étudiants de pays tiers pour suivre ces cours et plus de 4 000 étudiants EU pour suivre leurs cours dans d’autres pays européens. Ce programme offrira aussi des bourses d’enseignement et de recherche pour plus de 1 000 personnels académiques de pays tiers et un nombre semblable de personnels académiques européens.

Auteurs

Università di Torino Dipartimento di Biologia Animale e dell’Uomo – Università degli Studi di Torino, Via Accademia Albertina, 13 10123 – Torino, Italia

Université Libre, Bruxelles Laboratoire d’Anthropologie, Pleinlaan 2, 1050 Brussels, Belgique

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