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Ma grande église et ma petite chapelle

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Jean-Luc Fournet

Le rôle des professeurs du Collège de France dans la création de l’EPHE

Céline Surprenant

Texte intégral

1Gaston Paris soulignait en 1894 l’« influence considérable » que l’École pratique des hautes études (EPHE) avait exercé sur la Faculté des lettres de la Sorbonne, « qui [en 1893] ne ressembl[ait] déjà plus à celle de 1858 », car :

  • 1 G. Paris, Le haut enseignement historique et philologique en France, Paris, Welter, coll. « Librair (...)

[…] on y trouve représentés bien des enseignements dont il n’y avait pas trace ; les cours oratoires y sont de moins en moins fréquents, les cours didactiques de plus en plus nombreux ; on y voit même, tout comme dans le petit coin des combles du vieux bâtiment où l’École des hautes Études [section des sciences historiques et philologiques] est toujours reléguée, des « conférences », où le maître fait travailler les élèves et les invite à discuter avec lui : ce grand progrès est dû en bonne partie, à l’exemple qu’ont donné à leurs voisins les historiens et les philologues auxquels M. Duruy avait rendu possible cette manière de prêcher, la seule efficace1.

  • 2 L. Havet, « Section des sciences historiques et philologiques », dans Conseil de l’Université de Pa (...)

2Si l’on se tourne vers les relations du Collège de France et de l’EPHE, cependant, il semble aller de soi que c’est le Collège de France qui aurait eu une « influence considérable » sur cette dernière. Dans La vie universitaire à Paris, Louis Havet, professeur de Philologie latine au Collège de France (1885-1925), l’un des premiers élèves de la IVe section de l’EPHE, qui en fut le président à partir de 1912, disait bien que le Collège avait servi de modèle à l’EPHE en ce qui concerne les disciplines enseignées dans la section des sciences historiques et philologiques et son esprit non utilitaire : « Si on cherche en quoi, pour des enseignements comparables, il peut y avoir différence entre la section [des sciences historiques et philologiques] et le Collège, qui lui a servi de modèle [nous soulignons], on constatera que l’originalité de la section est exprimée dans le nom général de l’École pratique des hautes études [c’est l’auteur qui souligne]2. »

  • 3 L. Liard, « L’École des Hautes Études », dans L’enseignement supérieur en France. 1789-1893, Paris, (...)
  • 4 L. Havet, « Discours de M. Louis Havet », dans Célébration du cinquantenaire de l’École des hautes (...)

3Or, mon propos sera de montrer que, malgré son ancienneté et ses pratiques pluriséculaires, ce n’est peut-être pas seulement le Collège, qui aurait imprimé sa marque sur les différentes sections de l’EPHE. Ce serait plutôt (ou également) l’organisation dite « irrégulière3 » que l’EPHE a représentée dans l’enseignement supérieur à la fin du Second Empire et au début de la IIIe République, qui a constitué un point de référence pour la modernisation de certains usages au Collège, en particulier en ce qui concerne les enseignements. L’idée d’« irrégularité » a des connotations négatives dans les arguments formulés en 1880 contre l’EPHE, en faveur de son exclusion du Conseil supérieur de l’Instruction publique, mais elle sert à la même époque à louer sa structure immatérielle, son « heureuse tradition d’autonomie », que Louis Havet rappelait à l’occasion du cinquantenaire de l’EPHE4.

  • 5 L’Annuaire de la IVe section a été créé en 1872.
  • 6 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes. Assemblée d (...)
  • 7 L. Havet, « Section des sciences historiques et philologiques », op. cit., p. 193.

4Parmi les innovations liées à l’EPHE qui ont pu influer sur le Collège de France, citons la publication des Rapports dès 1872, transformés en Annuaire en 18915, qui a précédé et a pu inspirer celle de l’Annuaire du Collège de France à partir de 1901, dont la parution est encore incertaine en 1904, comme en témoigne l’ordre du jour de la séance du 8 mai de cette année-là. À la question de savoir si la publication devait « être continuée ou supprimée », l’Assemblée avait décidé de la maintenir, mais il avait été spécifié que les professeurs allaient avoir « toute liberté pour donner ou ne pas donner le résumé de leurs cours, et qu’ils s’efforcer[aient] […] de faire connaître la matière de leur cours de l’année suivante6 ». La création de l’Annuaire du Collège de France avait été proposée à la séance du 13 janvier 1901 par Charles Clermont-Ganneau, professeur d’Épigraphie et d’antiquités sémitiques (1890-1923) et Gaston Paris, professeur de Langue et littérature françaises du Moyen Âge (1872-1903), et administrateur de 1894 à 1903. Sa structure suivrait plus ou moins celle de l’Annuaire de l’EPHE, constitué d’« un rapport sur l’exercice écoulé et le programme des conférences de la nouvelle année » et fournissant, « écrite au jour le jour, toute l’histoire intérieure et extérieure de la section7 ».

  • 8 Archives du Collège de France, Assemblées de professeurs. Registres et pièces annexes. Assemblée du (...)

Cet annuaire comprendrait : une partie stable formée des actes constitutifs du Collège de France et de renseignements sur la création et les modifications de chaque chaire ; un résumé, donné par ceux des Professeurs qui le voudraient bien et limité à un maximum de 10 pages, du Cours fait par chacun d’eux dans l’année ; le programme du Cours de l’année suivante ; en tête sera placé un mémoire scientifique dû à l’un des Professeurs8.

  • 9 Ibid., p. 165.

5La discussion sur l’annuaire semble avoir été animée : certains professeurs s’étaient montrés sceptiques sur la possibilité de résumer les cours, de publier des travaux disparates dans un même volume, d’autres souhaitaient y inclure les leçons d’ouverture, et d’autres encore s’inquiétaient du peu de diffusion de « l’organe du Collège », tout comme en souffrait « l’Annuaire analogue publié par la section des sciences religieuses de l’École9 ».

Fig. 1 — Rapport et annuaires de l’École pratique des hautes études et du Collège de France en 1872-1873, 1893 et 1904.

Fig. 1 — Rapport et annuaires de l’École pratique des hautes études et du Collège de France en 1872-1873, 1893 et 1904.
  • 10 Pour un bref rappel des refontes successives du règlement après 1800, voir A. Compagnon, P. Corvol (...)

6Sans établir de bilan sur l’influence que l’EPHE a pu avoir sur le Collège, comme l’avait fait Gaston Paris pour la Faculté des lettres, il est possible d’évaluer l’apport de l’École au Collège en nous intéressant à la redéfinition des enseignements lors de l’importante refonte des statuts du Collège de 1911. C’est lors de cette nouvelle codification réglementaire du nombre et de la forme des leçons, que l’EPHE semble avoir entraîné des changements concrets au Collège10, trois décennies après la fondation de l’École, comme le laissent voir les discussions auxquelles des professeurs œuvrant simultanément au Collège et à l’École ont participé entre 1909 et 1911.

  • 11 Maurice Croiset, professeur de Langue et littérature grecques (1846-1935) et administrateur du Coll (...)
  • 12 L. Havet, Célébration du cinquantenaire de l’École des hautes études, op. cit., p. 7.
  • 13 Ibid.
  • 14 Ibid.

7Ces débats du début du xxe siècle nous renvoient aux réflexions des réformateurs sur la force de l’enseignement supérieur en France de la fin du Second Empire et des débuts de la IIIe République, qui ont mené à la création de l’EPHE, réflexions déjà anciennes en 1909, avant que la Première Guerre mondiale ne les réactualise, comme en témoigne la publication de La vie universitaire à Paris déjà cité, recueil visant à réanimer l’enseignement supérieur en France après une guerre éprouvante11. La question des élèves avait dominé les discussions entourant la création de l’EPHE, car c’est leur absence, avec la « misère des laboratoires, misère considérée au point de vue de l’enseignement12 », qui avaient motivé l’innovation administrative de Victor Duruy : « Ce que voulait Duruy, affirmait Louis Havet en 1922, c’est que, dans le laboratoire, un grand expérimentateur pût associer des élèves à ses recherches ; là, en effet, la participation à l’œuvre commune est autrement instructive qu’un monologue dans la chaire. Telle est l’idée qui a suggéré la création d’une École pratique13. » Havet décrivait le format du séminaire allemand, d’où « la chaire est exclue comme nuisible14 ». En contribuant à transformer certains des auditeurs du Collège en « élèves », la création de l’EPHE semblerait avoir eu pour effet, après trois décennies, d’obliger les professeurs du Collège à redéfinir la nature de leur enseignement par rapport à la recherche. C’est ce que nous essayerons de montrer, en fournissant les premiers éléments d’une étude plus approfondie du dossier.

Élèves et auditeurs

  • 15 « L’existence de l’École menacée à l’Assemblée nationale », Journal Officiel, séance du 19 mars 197 (...)
  • 16 E. Renan, L’avenir de la science : pensées de 1848, Paris, Calmann-Lévy, 1890 (3e éd.), p. 268. Voi (...)
  • 17 Voir V. Duruy, « Rapport à l’Empereur » : « En donnant à nos savants, par la création de laboratoir (...)
  • 18 À l’Assemblée du 17 novembre 1909, l’une des séances dédiées à la discussion du règlement, Auguste (...)

8La distinction fondamentale entre l’EPHE et le Collège aurait tenu à la présence d’élèves à l’EPHE et d’auditeurs au Collège, comme l’affirmait à la chambre en 1872 William Henry Waddington pour défendre l’EPHE contre une menace de suppression15. Dans l’historiographie institutionnelle du Collège, l’accent a été mis sur l’installation des nouveaux savoirs, le Collège ayant mis « sa gloire à représenter dans son enseignement l’ensemble de l’esprit humain », comme l’écrivait Ernest Renan en 184816. Eu égard à la création de l’EPHE, Victor Duruy, quant à lui, accentuait le besoin qu’elle remplirait de « former des savants » français, en fournissant les ressources matérielles pour la transmission des connaissances pratiques. Bien entendu les deux établissements ont formé et « forment des savants ». Néanmoins, l’identité de l’EPHE s’est fondée sur la trajectoire des élèves17, alors que le Collège s’est défini par l’accueil de savants accomplis. Bien que le Collège ait été inclus dans la liste des établissements de l’enseignement supérieur dont la qualité du public a préoccupé les réformateurs des années 1860, ses professeurs ont très peu discuté de la composition des auditoires, par rapport aux nombreux échanges qu’ils ont eus sur les suppléants et les remplaçants, qui ont fait figure « d’élèves », en quelque sorte, mais dont le statut était toujours en cause lors des discussions préparant la refonte du règlement en 1909, dont nous reparlerons ci-dessous18.

  • 19 En 1789, le Collège dût clarifier ses enseignements par rapport au Muséum d’histoire naturelle, dev (...)
  • 20 Les Archives du Collège de France en possède un exemplaire : Documents officiels de l’École d’admin (...)
  • 21 Voir A. Compagnon, P. Corvol, J. Scheid, Le Collège de France, op. cit., p. 79-81 : « Les membres d (...)
  • 22 Archives du Collège de France, Assemblée des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée du (...)

9Le problème du public a été soulevé au Collège avant la création de l’EPHE, par exemple, en relation à la répartition des tâches entre le Muséum d’histoire naturelle et le Collège de France en 1789, au moment où il avait été question de transférer toutes les chaires de médecine au Muséum19. Cependant, la tentative d’introduire des élèves au Collège n’a jamais été poussée aussi loin que lors de la création de l’École d’administration au Collège par décret du 8 mars 1848, où les autorités allèrent même jusqu’à publier un Guide de l’aspirant, le seul jamais destiné à des élèves au Collège20. L’ambition pour installer cette école au Collège fût cependant rapidement mise de côté, l’École abolie et les professeurs qui avaient été destitués de leur chaire furent réintégrés21. On peut encore citer les quelques occasions où des professeurs ont proposé d’instituer un diplôme de doctorat au Collège, propositions qui ont été rejetées. La question de l’octroi d’un doctorat est l’occasion d’imaginer un croisement entre le Collège et l’École. À l’Assemblée du 5 juillet 1896, par exemple, Gaston Paris rappelle, pour résumer une longue discussion, que Jacques Flach « avait conçu l’idée d’un doctorat qui pourrait être délivré en commun par le Collège et l’École des hautes études et pense que cette idée serait peut-être la plus facile à réaliser, à condition que ce doctorat ne fût pas réservé aux étrangers22 ».

Fig. 2 — Couverture du Guide de l’aspirant au titre d’élève du Collège de France (1848).

Fig. 2 — Couverture du Guide de l’aspirant au titre d’élève du Collège de France (1848).

10La différence en ce qui concerne les élèves et les auditeurs apparaît également dans les statuts des deux établissements : les « étudiants » et le public ne font l’objet que de quelques mentions dans les textes réglementaires du Collège (notamment en ce qui concerne les certificats d’assiduité), alors qu’ils sont omniprésents dans ceux de l’EPHE. Avant de se tourner vers les textes règlementaires du Collège, il convient de rappeler la grande importance du problème des élèves dans les débats qui ont préparé les réformes qui ont mené à la création de l’EPHE, surtout à partir des années 1860.

Qui donc assiste aux cours ?

  • 23 L. Liard, L’enseignement supérieur en France, op. cit., p. 332.
  • 24 Pour la liste des membres fondateurs de la Société de l’enseignement supérieur, voir G. Weisz, « Le (...)
  • 25 É. Durkheim, « L’histoire de l’Université », dans La vie universitaire, op. cit., p. 7-18, ici p. 1 (...)
  • 26 A. Croiset, « La faculté des lettres », dans La vie universitaire, op. cit., p. 34-49, ici p. 45.
  • 27 É. Durkheim, « L’histoire de l’Université », op. cit., p. 7-18, ici p. 16.

11Lorsqu’il revenait sur la situation du haut enseignement après que la loi sur la liberté de l’enseignement supérieur en 1875 fût promulguée, le ministre Louis Liard rappelait que les réformes qu’il avait été impératif de mener avaient visé à « faire des élèves » français et à « renoncer à cet enseignement qui s’adresse aux amateurs, qui s’éternise sur une curiosité littéraire ou sur une particularité scientifique23 ». Ce vœu a dominé les écrits des réformateurs des années 1860, parmi lesquels on compte des professeurs du Collège impliqués dans les premières années de l’EPHE (surtout de celles de la IVe section), et, pour certains, membres de la « Société pour l’étude des questions d’enseignement supérieur », fondée en 187824. Dans La vie universitaire à Paris, Émile Durkheim rappelait comment la Faculté des lettres et celle des sciences, qu’il désignait comme des « écoles sans élèves », faute d’élèves proprement dits, avaient dû « remplacer les étudiants qui leur manquaient par un public d’une autre sorte », c’est-à-dire qu’elles avaient dû se tourner vers les « gens du monde », les « hommes cultivés, désireux de ne pas perdre tout contact avec les choses de l’esprit », ce qui avait eu pour conséquence le remplacement des méthodes et de la rigueur par l’éloquence25. Alfred Croiset spécifiait qu’avant 1880, les élèves proprement dits de la Faculté des lettres, par exemple, étaient ceux de « l’École normale et quelques candidats à la licence ou à l’agrégation26 ». Certes, affirmait Durkheim, l’art oratoire de noms illustres comme Abel François Villemain, Victor Cousin, François Guizot avait exercé « du haut de leurs chaires une influence considérable sur l’esprit de la France et même de l’Europe ». Mais il manquait « de grands et puissants ateliers de travail scientifique » où collaborent de manière anonyme, collective et ininterrompue des maîtres et des élèves pour la poursuite de l’« œuvre de la science27 ».

  • 28 E. Renan, « L’instruction supérieure en France. Son histoire et son avenir », Revue des Deux Mondes(...)
  • 29 E. Renan, « L’instruction supérieure en France », op. cit., p. 106.
  • 30 Ibid., p. 88.
  • 31 Ibid.
  • 32 Ibid.
  • 33 Ibid., p. 91.
  • 34 Voir R. Dareste, « Préface », dans É. Laboulaye, Trente ans d’enseignement au Collège de France 184 (...)

12Les remarques de Durkheim renvoient explicitement à l’article d’Ernest Renan sur « L’Instruction supérieure en France. Son histoire et son avenir » publié en 1864, qui a fourni de nombreux motifs aux réformes28. Renan y critiquait le public du haut enseignement de la science et des lettres, qu’il partageait entre « la foule » et les « èlèves29 », réparti entre les trois types d’établissements créés depuis la Révolution : les écoles spéciales, les établissements de science pure (dont le Collège et le Muséum), et les facultés des lettres et des sciences. Si Renan pensait que dans les écoles spéciales l’auditoire était resté « compétent », malgré l’ouverture libérale des écoles « à quiconque en exprimait le désir30 », la gratuité absolue avait créé des problèmes dans les établissements dont les portes furent, déplorait Renan, « ouvertes à deux battants31 ». Cela avait contribué à rassembler « un auditoire formé par le hasard, composé souvent à deux leçons consécutives de personnes toutes différentes », au détriment des « longues déductions scientifiques » et des « séries de raisonnements32 ». Cet enseignement oratoire aurait été impossible en Allemagne, poursuivait Renan, car les cours y étaient payants, et « dans un cours assujetti à une rétribution, ce qu’on veut pour son argent, c’est de la science positive, ce sont des résultats précis33 ». L’Allemagne a ainsi été un point de référence pour le libéralisme économique qui a sous-tendu les formats allemands, et qu’Édouard Laboulaye, professeur d’Histoire des législations comparées (1849-1883), aurait introduit selon l’historien du droit Rodolphe Dareste34.

  • 35 E. Renan, « L’instruction supérieure en France », op. cit., p. 105.
  • 36 Ibid., p. 106.
  • 37 Auguste Cournot, par exemple, affirmait, en ce qui concerne la composition des disciplines au Collè (...)
  • 38 « Lettre de M. G. Monod au Directeur du Journal Le Temps, 11 février 1880 », dans L’École pratique (...)
  • 39 G. Paris, Le haut enseignement historique et philologique en France, op. cit., p. 35.

13Déjà en 1848, Renan soutenait la création de cours libres afin de laisser à l’État le soin de la « haute instruction destinée à un petit nombre35 », mesure grâce à laquelle le haut enseignement a pu songer « moins à attirer la foule qu’à faire des élèves » afin de « fortifier » l’autorité scientifique de la France36. Ajoutons sans développer, que la défense du Collège et de son public idéal qui était en cause, allait de pair chez lui avec celle de la philologie, science de l’esprit humain (une idée que Renan n’est pas le seul à soutenir37). Une lettre de Gabriel Monod au journal Le Temps, rédigée en défense de l’École contre son exclusion du Conseil supérieur de l’Instruction publique en 1880, caractérise les méthodes qui étaient en jeu (Monod était alors directeur-adjoint de l’EPHE) : « dès le premier jour, [l’EPHE avait] représenté dans l’enseignement supérieur le parti des réformes, celui qui voulait qu’on ne s’adressât qu’à de vrais élèves, qu’on leur donnât des notions précises et l’habitude des méthodes scientifiques, qu’on les exerçât aux travaux de la critique et de l’érudition38 », dans la neutralité doctrinaire ou religieuse, qui a compté au moment de la création de la Ve section des sciences religieuses en 1886. Le manque d’élèves n’avait cependant pas été immédiatement et entièrement résolu par la création de l’EPHE, comme en témoigne le « très pénible souvenir » que rappelle Gaston Paris en 1894. Quelques années auparavant il avait eu à constater, à l’ouverture de son cours à l’EPHE, que sur une vingtaine d’élèves, il n’y avait « pas un Français ». Il en avait été « tellement attristé » qu’il avait quitté la salle, se demandant si « l’École avait été créée uniquement pour compléter l’instruction des jeunes savants étrangers », avant de retourner faire son cours non sans un « serrement de cœur39 ».

Les refontes du règlement du Collège de France

  • 40 « Exposé sommaire fait par M. Jacques Flach au sujet des anciens règlements et spécialement du décr (...)
  • 41 É. Levasseur, « Au Collège de France », Journal des débats politiques et littéraires, no 152, 123e  (...)
  • 42 Le décret a été promulgué le 24 mai 1911.

14Une histoire critique des refontes successives du règlement du Collège reste à faire, dans l’esprit de la note que Jacques Flach, avait rédigée à l’occasion de celle de 191140, révision dont Émile Levasseur, professeur d’Histoire des doctrines économiques (1871-1885) et administrateur de 1903 à 1911, disait qu’elle était un « événement d’importance considérable dans l’histoire du Collège de France41 ». Flach y esquissait l’évolution du règlement au xixe siècle. Rappelons que sa première rédaction moderne date de 1800. Il a été ensuite révisé en 1829, en 1857, suite à la promulgation du décret du 9 mars 1852, en 1873, et en 191142, dernière révision avant la refonte la plus récente de 2014 (si l’on exclut les décrets isolés, comme par exemple, celui de l’octroi de la personnalité civile et l’autonomie financière le 31 décembre 1932).

  • 43 Voir C. Charles, « Le Collège de France », dans P. Nora (dir.), Les lieux de mémoire, II. La Nation(...)
  • 44 Sur la destitution de Renan, voir V. Duruy, Notes et souvenirs (1811-1894), Paris, Hachette, 1901 e (...)
  • 45 Archives du Collège de France. Assemblées des professeurs. Comptes rendus xvi-xixe siècle. Procès-v (...)

15Le décret de mars 1852, promulgué pendant l’épisode dictatorial, limitait le droit des professeurs de se réunir, et le droit de révoquer, entre autres mesures. Il avait permis les révocations de Jules Michelet, de Edgard Quinet et de Adam Mickiewicz peu après 1852, et celle de Renan en juin 186443. Entre la suspension du cours de Renan en 1862 et sa réinstitution en novembre 1870, Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique à partir de juin 1863, avait promulgué en juillet de la même année un décret accordant à « tout professeur titulaire de l’enseignement secondaire ou supérieur » le « droit de présenter sa défense […] devant un comité de cinq membres désignés par le Conseil supérieur44 ». En référence à cette mesure, les professeurs lui avaient demandé « un retour à quelques-uns des articles du règlement de la Restauration45 ».

  • 46 « Copie de la lettre adressée au ministre », Assemblée du 15 novembre 1868, op. cit., p. 20.
  • 47 Ibid., p. 21.
  • 48 L. Havet, Célébration du cinquantenaire de l’École des hautes études, p. 8. Voir Archives de l’EPHE (...)

16Préparée dès le mois de février 1868 au cours de quatre séances, la refonte qui a mené au décret du 1er février 1873, est contemporaine des enquêtes sur le haut enseignement et de la création de l’EPHE qui en est ressortie. On ne trouve toutefois qu’une référence directe à l’EPHE, dans les procès-verbaux, à l’Assemblée du 15 novembre 1868, où les professeurs du Collège s’interrogent sur la teneur d’une mesure ministérielle, qui nécessiterait de « modifier la constitution de certaines chaires46 ». Selon Alfred Maury, professeur d’Histoire et morale (1862-1892), il s’agirait de « relier l’École pratique des hautes études au Collège de France et à l’École des langues orientales », ou, selon Marcellin Berthelot, professeur de Chimie organique (1865-1907), de supprimer le titre permanent des chaires, afin que le ministre puisse nommer les professeurs lui-même à des chaires nouvelles47. Ces questions avaient été soulevées la même année où Michel Bréal, professeur de Grammaire comparée (1866-1905), Alfred Maury, Gaston Paris, et Jules Quicherat, de l’École nationale des chartes, avaient été par ailleurs chargés de rédiger le règlement de l’EPHE, peu avant le décret de création de l’École de 1868, règlement dont l’esprit avait été, selon Louis Havet, d’ignorer « les grades, qui ne sont apparentés à la science en quoi que ce soit48 ».

La refonte de 1911

  • 49 T. Steeg et A. Fallières, « Le nouveau règlement du Collège de France », Revue internationale de l’ (...)
  • 50 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée d (...)
  • 51 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée d (...)
  • 52 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée d (...)

17L’influence de l’EPHE ne s’est fait sentir que quelques décennies plus tard, pendant lesquelles le règlement du Collège de 1873 a été appliqué, l’EPHE s’est développée, et l’enseignement supérieur transformé, notamment, suite à la recréation de l’Université de Paris en 1896. C’est dans ce contexte que Gaston Doumergues, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts entre le début de 1908 et la fin de 1910, avait invité les professeurs en 1908, « à accentuer [dans le nouveau règlement qu’ils allaient préparer] tout ce qui […] différenciait [le Collège] des autres établissements d’enseignement supérieur, de fortifier les dispositions qui lui permettront d’accomplir de mieux en mieux […] sa fonction propre, c’est-à-dire la recherche et l’exposition des vérités scientifiques sans aucune préoccupation de préparer ni à des diplômes, ni à des grades49 ». À l’Assemblée du 5 avril 1908, « à la suite d’une proposition faite par M. Havet relativement au règlement, il est décidé qu’une commission de 4 membres MM. Croiset, Havet, Berger et Lefranc se joindra au bureau pour préparer, sous la présidence de l’administrateur [Émile Levasseur], une note qui sera soumise au ministre50 ». Une commission « chargée d’étudier les modifications possibles dans le règlement du Collège » avait ensuite été nommée à l’Assemblée du 31 janvier 1909, toujours sous la direction de Levasseur51, mais c’est sous Maurice Croiset, professeur de Langue et littérature grecques (1893-1930) et administrateur de 1911 à 1929, que le projet de décret a été mené à bien. Le nouveau règlement (par décret du 24 mai 1911) avait été présenté à l’Assemblée du 11 juin 191152.

  • 53 Marcel Bataillon a résumé la proposition de Havet, conçue dans le contexte de nécessaire réduction (...)

18Parmi les mesures concernées on compte bien entendu la transformation des chaires, dont la procédure devait être modifiée pour favoriser le renouvellement des disciplines. Sans entrer plus avant dans cette révision, dont je ne donne ici que quelques repères, signalons que Louis Havet avait proposé de répartir les chaires en 6 groupes, un peu à la manière des sections de l’École des hautes études, afin que le choix initial des professeurs lors de la vacance d’une chaire portât sur le groupe auquel la future chaire devait appartenir53.

  • 54 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée d (...)
  • 55 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée d (...)

19Il n’est pas étonnant que lors des discussions sur la nature de l’enseignement à l’Assemblée du 5 juin 191054, l’influence de l’EPHE se soit concrétisée, si l’on rappelle que plusieurs directeurs d’études et de recherches (tels Louis Havet, Antoine Meillet, Maurice Croiset, Clermont-Ganneau), y ont participé. Elle s’était fait sentir lors de discussions au cours des années précédentes. Lorsque Sylvain Lévi, professeur de Langues et littérature sanscrites (1894-1935), posait la question de savoir, à l’Assemblée du 15 novembre 1909, « quel est le caractère du Collège par opposition [aux] autres établissements d’enseignement supérieur ? », par exemple, on reconnaît dans la réponse – « qu’il ne confère pas de grades », et qu’il n’exige de grades « ni des professeurs ni des auditeurs55 » – le trait sur lequel des professeurs appartenant aux deux établissements avaient insisté dans leurs discussions préparant la réforme de 1911.

Leçons et destinataires

  • 56 Voir Titre III : « Des travaux, de l’enseignement et des missions », Règlement du Collège de France(...)
  • 57 Cf. supra, n. 55.
  • 58 Ibid., p. 234.

20Dans les règlements de 1829, il était question des leçons « suivies par les étudiants », dans celui de 1857, des leçons « suivies par le public ». Le terme public avait été maintenu dans la révision de 1873. Dans le Règlement de 1911, on a désigné le public par « ceux qui suivent les cours ». Toutefois, dans les discussions de 1909, ce qui a été en cause est la nature des enseignements plutôt que celle des élèves, dans un vocabulaire qui rappelle celui des réformes de 1860 : en plus de proposer que les « cours » soient désormais appelés « enseignements », auxquels est finalement ajoutée la mission de publier56, il est significatif de voir les professeurs demander à leurs collègues « d’adapter [leur] enseignement aux possibilités pratiques » que permet le « travail dirigé57 », de les voir citer le mathématicien Paul Appell, selon lequel le Collège se devait « non de professer ex-cathedra mais de former des disciples initiés aux méthodes58 ».

21Cependant, le débat sur les leçons concerne aussi leur nombre, débat qui a conduit les professeurs à établir une distinction entre les « chaires à laboratoires », et les chaires dites « littéraires ». Avant la refonte, les professeurs devaient faire « deux leçons par semaine et quarante leçons au moins dans l’année », une consigne « surannée et illogique », avait affirmé Gaston Doumergues, car il importait de laisser aux professeurs :

  • 59 « Sur le nombre de leçons », Archives du Collège de France, Fonds Bataillon, BTL 97.6, dactylograph (...)

[…] la liberté d’organiser leur travail, de déterminer les heures qu’ils consacreront à des leçons publiques où ils exposent les résultats de leurs recherches et celles où, dans le laboratoire ou la petite salle de conférences, ici poursuivant des expériences, là expliquant des textes, ils travailleront avec ceux qui seront vraiment leurs disciples et les formeront aux méthodes scientifiques, à l’observation, à l’expérimentation, à l’examen critique59.

  • 60 « Le Collège de France », Revue internationale de l’enseignement supérieur, t. 2, 1962, p. 5-50.

22Pour éclairer ce point, on peut se tourner vers un texte « Sur le nombre de leçons dues par les professeurs au xxe siècle » de Marcel Bataillon, professeur de Langues et littératures de la péninsule ibérique et de l’Amérique latine (1945-1965), administrateur de 1955 à 1965. Il avait été produit en préparation de l’article sur le Collège de France publié dans la Revue de l’enseignement supérieur en 196260. Le résumé des débats par Bataillon conforte l’idée que la nature des enseignements a été l’objet d’innovations marquantes en 1911.

23Bataillon rappelle que l’Assemblée a d’abord été partagée, par ordre de disciplines « scientifiques » et « littéraires », sur le nombre de leçons, sur la liberté à accorder aux professeurs de déterminer eux-mêmes ce nombre, et enfin sur les modes d’enseignement selon les disciplines (c’est sur ce dernier point que l’on constate la parenté de conception des enseignements avec l’École). Une « large minorité » souhaitait conserver le règlement antérieur, tout en réduisant le nombre de leçons pour les professeurs de sciences expérimentales, vu les heures consacrées aux expériences.

  • 61 « Sur le nombre de leçons », op. cit., p. 2
  • 62 Ibid., p. 2. Louis Havet avait précisé « ce qu’est une leçon » : « On peut parler seul ou travaille (...)

24« La majorité envisageait […] une importante réduction du nombre de cours, notamment des cours publics, en faveur des recherches et des publications », dont la promotion risquait de se faire au détriment de l’enseignement en général, si celui-ci était défini comme un enseignement public. Fallait-il encourager des modes d’enseignements pratiques à côté des cours publics, « sous la forme de conférences (dans des laboratoires), de direction de travaux, d’excursions et de visites scientifiques61 » ? Selon Bataillon proposer qu’à côté d’un nombre établi de leçons publiques, les enseignements puissent être donnés sous une forme pratique était « hardiment novateur62 ».

  • 63 Ibid., p. 3.
  • 64 Ibid., p. 4.

25Les discussions au début du mois de juin 1910 qui ont entouré la refonte du règlement, notamment la réponse de Charles Bayet, directeur de l’Enseignement supérieur, au projet de la commission pour la révision du règlement, éclairent la nouveauté que cette refonte a pu représenter pour le Collège, nouveauté que l’on peut associer à l’EPHE. Ce qui était en jeu était certes la réduction du nombre de leçons, mais aussi « l’uniformité des modes d’enseignement entre les ordres de disciplines63 ». Car réduire le nombre de leçon, se demandait Bayet, ne pouvait-il pas mener à un « affaiblissement de certains des enseignements qui ne sont pas doublés d’un laboratoire » ? Cela ne « détournerait-[elle] pas du Collège de France une partie des jeunes savants français et étrangers qui tiennent à venir y faire, sous la direction de maîtres de renom, un apprentissage assidu et prolongé » ? Bayet avait alors esquissé l’article qui a ensuite été inséré dans le règlement en 1911, bien qu’il ait été ensuite modifié : « Au début de juin, chaque professeur fera connaître le sujet de son cours pour l’année scolaire suivante et le nombre de leçons qu’il compte y consacrer. Ce nombre ne sera pas inférieur à 25 leçons réparties sur les deux semestres64. » En tout état de cause, c’est la première fois que les modalités d’enseignement sont différenciées entre cours et conférences dans le règlement.

  • 65 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée d (...)
  • 66 T. Steeg, « Le nouveau règlement du Collège de France », art. cit., p. 516.
  • 67 E. Babelon, « Le Collège de France et son nouveau règlement », Revue historique, vol. 7, no 5, 1911 (...)

26La question sous-jacente à ces débats, tels qu’ils nous sont rapportés par Bataillon et tels qu’on peut en prendre connaissance dans les registres d’assemblées, était de savoir si le Collège, devait continuer à enseigner tout simplement (quelle que soit la forme d’enseignement), comme si l’adaptation aux « conditions nouvelles du travail scientifique65 » qu’Émile Gley, professeur de Biologie générale (1908-1930), avait mis en évidence en 1909 exigeait un changement radical de sa mission. Il citait l’Institut Rockefeller, en Amérique, et à Paris, l’Institut Pasteur, qui étaient « surtout voué aux recherches originales » et où il y avait un « minimum d’enseignement ». Le Collège ayant toujours « été voué aux recherches originales », n’était-ce pas en effet le volet enseignement qui était visé dans les propos de Gley et dans les débats ? « Le nouveau règlement [avait] servi à distinguer les différences de conception […] qui donnent au Collège son […] individualité, à côté de l’Université », disait Ernest Babelon, et à s’adapter à « l’organisation générale de l’enseignement supérieur en France66 ». Il l’a fait cependant en se rapprochant du caractère de l’EPHE, en se transformant en « un laboratoire public67 », où ce ne n’était pas les élèves qui changeaient, mais les programmes.

  • 68 « Sur le nombre de leçons », op. cit., p. 9.

27En conclusion de sa synthèse, Bataillon rappelait des débats qui avaient animé l’Assemblée à la fin des années 1950, et qui avaient été déclenchés par une demande de congé d’un an de la part d’un professeur (de Jean Pommier, Histoire des créations littéraires en France [1946-1964]) pour terminer une publication. Après délibérations et discussions entre 1956 et 1959, la règle avait finalement été assouplie le 29 juin 1959, où il avait été décidé que les professeurs « désireux de le faire » étaient « autorisés à adopter un nombre variable » (entre 18 pour les chaires à laboratoires et « autour de 26 » pour les autres chaires). De même, il avait été stipulé que « Les leçons ayant le caractère d’un séminaire pourr[aient] avoir lieu dans un laboratoire ou un cabinet spécialisé », et que les professeurs devaient nommer « les participants actifs dans leur rapport annuel ». Bataillon renvoyait aux débats de 1909 pour montrer que « les aspects essentiels de la question [n’avaient] pas changé » dans les années 1960. De manière frappante, on y retrouve en effet, l’opposition entre cours publics, d’une part, et séminaires et travaux pratiques, d’autre part, opposition qui avait dominé les débats en 1909, et qui rappelait les écrits polémiques entourant la création de l’EPHE que nous avons commencé par rappeler brièvement. Mais s’il fallait adapter les pratiques au « rythme de vie de notre époque », pensait Bataillon, on ne saurait le faire sans un « mûr examen ». Celui-ci était particulièrement nécessaire en ce qui concerne la mission d’enseignement du Collège car, affirmait-il, « le Collège ne pouvait s’affranchir de ce devoir [d’enseigner] sans se renier et périr68 ».

*

  • 69 Voir É. Durkheim, La vie universitaire, op. cit., p. 182 : « Duruy eut l’idée de créer une École qu (...)
  • 70 G. Weisz dénie à l’EPHE un rôle innovant : « The institution was in certain respects not much of an (...)
  • 71 L. Havet, Célébration du cinquantenaire de l’École pratique des hautes études, op. cit., p. 7.
  • 72 E. Renan, « L’instruction supérieure en France », op. cit., p. 109.

28Au début du xxe siècle, il semble ainsi qu’il ait été moins urgent de réitérer l’importance de la mobilité des savoirs – il fallait même limiter le nombre de chaires devant les exigences budgétaires et afin d’augmenter les traitements – qu’il n’ait été nécessaire de préciser la mission d’enseignement du Collège, dans un contexte où la pratique de la recherche « en voie de se faire » s’était répandue au-delà du Collège, en particulier grâce aux méthodes que l’École des hautes études a contribué à introduire dans l’enseignement supérieur en France69. Le Collège avait jusque-là accueilli des savoirs nouveaux, sans pour autant innover quant à l’organisation de la recherche (au contraire, il n’a cessé d’insister sur le maintien de son organisation pluriséculaire). Or, la diversification des savoirs n’allait-elle pas de pair avec l’invention de nouvelles formes d’établissements70 ? C’est peut-être là l’une des questions que l’École pratique des hautes études, avec son double caractère d’unité simplement morale et de ressource matérielle, a légué aux générations qui ont suivi sa création. Après s’être elle-même imprégnée de l’esprit du Collège, l’École aurait inspiré la modernisation des usages du Collège, en ce qui concerne les enseignements, parmi d’autres facteurs bien entendu, modernisation que Louis Havet résumait avec éloquence en 1922, lorsqu’il désignait le Collège comme « la vénérable École des Hautes Études de François Ier71 ». Il avait ainsi nommé le Collège que Renan souhaitait voir recréé en 1864, c’est-à-dire, un établissement « dédiée aux hautes études, où l’essentiel serait que l’homme voué à une série de recherches nouvelles formât autour de lui une école qui travaillât sous sa direction72 ». La question des élèves soulevée par la création de l’École en 1868 a donc finit par contribuer non pas tant directement au renouvellement des disciplines mais bien à la forme des enseignements au Collège de France.

Notes

1 G. Paris, Le haut enseignement historique et philologique en France, Paris, Welter, coll. « Librairie universitaire », 1894, p. 12.

2 L. Havet, « Section des sciences historiques et philologiques », dans Conseil de l’Université de Paris (dir.), La vie universitaire à Paris, Paris, Armand Colin, 1918, p. 182-193, ici p. 184-185.

3 L. Liard, « L’École des Hautes Études », dans L’enseignement supérieur en France. 1789-1893, Paris, Armand Colin, 1894, t. 2, p. 271-295, ici p. 295.

4 L. Havet, « Discours de M. Louis Havet », dans Célébration du cinquantenaire de l’École des hautes études, Paris, Champion, coll. « Bibl. de l’École des hautes études, sciences historiques et philologiques, 231 », 1922, p. 3-12, ici p. 7.

5 L’Annuaire de la IVe section a été créé en 1872.

6 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes. Assemblée du 8 mai 1904, 2 AP 11, p. 61 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-728&qid=).

7 L. Havet, « Section des sciences historiques et philologiques », op. cit., p. 193.

8 Archives du Collège de France, Assemblées de professeurs. Registres et pièces annexes. Assemblée du 13 janvier 1901, 2 AP 10, p. 164 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-713). À la même séance, Jacques Flach, professeur d’Histoire des législations comparées (1884-1919) avait exprimé le vœu que « l’Annuaire contienne des documents relatifs à l’histoire du Collège, des biographies de professeurs, des notices sur les chaires, etc. » (ibid.).

9 Ibid., p. 165.

10 Pour un bref rappel des refontes successives du règlement après 1800, voir A. Compagnon, P. Corvol et J. Scheid, Le Collège de France. Cinq siècles de libre recherche, Paris, Gallimard, 2015, p. 38-41.

11 Maurice Croiset, professeur de Langue et littérature grecques (1846-1935) et administrateur du Collège de France de 1911 à 1929 et Louis Havet, professeur de Philologie latine (1885-1925), y ont rédigé respectivement un chapitre sur le Collège de France (p. 144-160) et sur l’École des hautes études (p. 182-193).

12 L. Havet, Célébration du cinquantenaire de l’École des hautes études, op. cit., p. 7.

13 Ibid.

14 Ibid.

15 « L’existence de l’École menacée à l’Assemblée nationale », Journal Officiel, séance du 19 mars 1972, dans L’École pratique des hautes études (1868-1893). Documents pour servir à l’histoire de la section des sciences historiques et philologiques, Paris, Bouillon, coll. « Bibl. de l’École des hautes études, sciences historiques et philologiques, 100 », 1893, p. 29. Waddington affirme : « Ceux qui suivent les cours de la Sorbonne et du Collège de France sont des auditeurs, assez rarement des élèves. Voilà la grande distinction entre l’École des hautes études et la Faculté et le Collège de France » (sous ce rapport, le Collège est uni à la Sorbonne). Les cours publics ne peuvent pas donner « aux jeunes gens les notions de la critique des textes, de la critique des sources ». Dans les laboratoires de recherches et d’expérience, « il se forme la pépinière la plus remarquable de savants pour l’avenir » (p. 30).

16 E. Renan, L’avenir de la science : pensées de 1848, Paris, Calmann-Lévy, 1890 (3e éd.), p. 268. Voir A. Compagnon, P. Corvol, J. Scheid, Le Collège de France, op. cit., p. 30.

17 Voir V. Duruy, « Rapport à l’Empereur » : « En donnant à nos savants, par la création de laboratoires de recherches, les moyens de développer leurs travaux et d’enrichir la science de découvertes nouvelles, le gouvernement fait en faveur du présent tout ce qui lui est possible de faire pour provoquer le progrès scientifique ; il reste à en assurer l’avenir en cherchant parmi les élèves à préparer d’avance les héritiers des maîtres » (L’École pratique des hautes études (1868-1893), op. cit., p. 3).

18 À l’Assemblée du 17 novembre 1909, l’une des séances dédiées à la discussion du règlement, Auguste Michel Lévy, professeur d’Histoire naturelle des corps inorganiques (1905-1911) opine que la réduction du nombre de leçons pourrait obliger les autorités « à supprimer les remplaçants qui d’une part, soulagent le professeur d’autre part sont un encouragement pour les jeunes », Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes. Assemblée du 17 novembre 1909, 2 AP 11, p. 242 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-760).

19 En 1789, le Collège dût clarifier ses enseignements par rapport au Muséum d’histoire naturelle, devant la menace d’un transfert des chaires de Médecine pratique, d’Histoire naturelle, de Chimie et d’Anatomie du Collège au Muséum dans le but d’y créer une École générale de médecine pour la Faculté de Paris. S’opposant à ce projet, l’abbé Jean-Jacques Garnier, professeur d’Histoire et morale (1769-1792) et Inspecteur et Syndic du Collège (?-1791), expliqua que les leçons au Collège n’étaient pas destinées à des « commençans », comme elles l’étaient au Muséum, mais qu’elles étaient plutôt faites « pour les hommes déjà initiés dans la science » (p. 21-22), qui pouvaient espérer qu’on leur enseigne ce que la science « renferme de plus relevé & de plus abstrus », Éclaircissemens sur le Collège Royal de France, 10 janvier 1790, 15 CDF 125 pièce 5, Jean-Jacques Garnier.

20 Les Archives du Collège de France en possède un exemplaire : Documents officiels de l’École d’administration ou Guide de l’aspirant au titre d’élève du Collège de France, Paris, 1848, 2 CDF 7, 1848 – Création d’une École d’administration au Collège de France.

21 Voir A. Compagnon, P. Corvol, J. Scheid, Le Collège de France, op. cit., p. 79-81 : « Les membres du Gouvernement provisoire de la IIe République instituent, par décret du 8 mars 1848, une “école d’administration” au Collège “destinée au recrutement des diverses branches d’administration dépourvues jusqu’à présent d’écoles préparatoires”. » Onze chaires avaient alors été créées, quatre chaires supprimées et deux fondues en une seule. Après la démission des onze nouveaux professeurs, les professeurs démis de leurs chaires furent réintégrés par décret du 29 décembre 1848, p. 80-81. Voir Y. Potin, « Avec ou sans les chartistes ? De l’École nationale d’administration de 1848 à l’École libre des sciences politiques, histoire d’un rendez-vous manqué entre l’érudition et la science administrative », dans J.-M. Leniaud et M. Pastoureau (dir.), L’École des chartes et sa grande guerre : servir la politique, la nation et l’histoire, Paris, Éditions des Cendres/bibl. Mazarine/École nationale des chartes, 2016, p. 33-58.

22 Archives du Collège de France, Assemblée des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée du 5 juillet 1896, 2 AP 10, p. 64-66 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-692).

23 L. Liard, L’enseignement supérieur en France, op. cit., p. 332.

24 Pour la liste des membres fondateurs de la Société de l’enseignement supérieur, voir G. Weisz, « Le corps professoral de l’enseignement supérieur et l’idéologie de la réforme universitaire en France, 1860-1885 », Revue française de sociologie, t. 18, 1977, p. 201-232, ici p. 206 n. 13. Voir P. Henriet et M. Veuille, « Les Origines », dans P. Henriet (dir.), L’École pratique des hautes études. Invention, érudition, innovation, de 1868 à nos jours, Paris, Somogy, 2018, p. 25-71, en particulier, et l’ensemble du livre pour ce qui suit.

25 É. Durkheim, « L’histoire de l’Université », dans La vie universitaire, op. cit., p. 7-18, ici p. 16.

26 A. Croiset, « La faculté des lettres », dans La vie universitaire, op. cit., p. 34-49, ici p. 45.

27 É. Durkheim, « L’histoire de l’Université », op. cit., p. 7-18, ici p. 16.

28 E. Renan, « L’instruction supérieure en France. Son histoire et son avenir », Revue des Deux Mondes, t. 51, 1864, p. 73-95, repris dans E. Renan, Questions contemporaines, Paris, Michel Lévy, 1868, p. 69-115.

29 E. Renan, « L’instruction supérieure en France », op. cit., p. 106.

30 Ibid., p. 88.

31 Ibid.

32 Ibid.

33 Ibid., p. 91.

34 Voir R. Dareste, « Préface », dans É. Laboulaye, Trente ans d’enseignement au Collège de France 1849-1882. Cours inédits de Édouard Laboulaye, Paris, L. Larose et Forcel, 1888, p. v-xxviii, ici p. xix-xx : « Jusqu’à l’année 1861 Laboulaye était resté fidèle aux traditions du Collège de France. Deux fois par semaine il faisait de véritables leçons, c’est-à-dire des expositions générales, des discours, mais déjà dans l’enseignement supérieur on commençait à sentir le besoin de quelque chose de plus pratique [nous soulignons]. Plusieurs professeurs avaient donné l’exemple, et inauguré des explications de textes, devant un auditoire nécessairement plus restreint, mais aussi plus constant. » Dareste continue en affirmant que Laboulaye a donné l’exemple en adoptant le format de la « grande » et de la « petite » leçon (dans laquelle il avait témérairement exposé tous les articles de la loi Salique. Cette question de l’introduction des leçons pratiques mériterait d’être approfondie à partir, entre autres, d’une étude du lexique des affiches, qui comprend, avant l’enseignement de Laboulaye comme l’indique sans le dater Dareste, la distinction entre « exposer », « traiter » et « expliquer », « commenter », « faire une étude comparée », etc., de même que l’on trouve des « études cliniques » menées par Magendie en 1840-1841. Voir D. Mantovani, Droit, culture et société de la Rome antique, Paris, Collège de France, coll. « Leçons inaugurales », 2019, p. 6. Voir G. Weisz, « Le corps professoral de l’enseignement supérieur et l’idéologie de la réforme universitaire en France, 1860-1885 », art. cit., p. 212-213.

35 E. Renan, « L’instruction supérieure en France », op. cit., p. 105.

36 Ibid., p. 106.

37 Auguste Cournot, par exemple, affirmait, en ce qui concerne la composition des disciplines au Collège, que « Personne ne reprochera au gouvernement d’encourager, par un établissement spécial de haut enseignement, ces études difficiles [c’est-à-dire la philologie], que peu de personnes abordent, et qu’en général on n’aborde guère qu’en vue de se consacrer soi-même à la profession de savant ». Il opposait la philologie aux cours d’éloquence et de poésie latine, de philosophie grecque et latine, qui « s’adressent à des amateurs, non à des savants ou à des érudits de profession, ou qui aspirent à le devenir » (Des institutions d’instruction publique en France, Paris, Librairie Hachette, 1864, p. 435).

38 « Lettre de M. G. Monod au Directeur du Journal Le Temps, 11 février 1880 », dans L’École pratique des hautes études (1868-1893), op. cit., p. 39-43, ici p. 42.

39 G. Paris, Le haut enseignement historique et philologique en France, op. cit., p. 35.

40 « Exposé sommaire fait par M. Jacques Flach au sujet des anciens règlements et spécialement du décret-loi de 1852 », Archives du Collège de France, Documents sur l’histoire du Collège de France, 1911, 2 CDF 3-12 pièce d.

41 É. Levasseur, « Au Collège de France », Journal des débats politiques et littéraires, no 152, 123e année, 3 juin 1911, Archives du Collège de France, 2 CDF 3-12 pièce z.

42 Le décret a été promulgué le 24 mai 1911.

43 Voir C. Charles, « Le Collège de France », dans P. Nora (dir.), Les lieux de mémoire, II. La Nation, Paris, Gallimard, 1986, vol. 3, p. 389-424.

44 Sur la destitution de Renan, voir V. Duruy, Notes et souvenirs (1811-1894), Paris, Hachette, 1901 et J.-P. van Deth, Ernest Renan, Paris, Fayard, t. 1, p. 304-313.

45 Archives du Collège de France. Assemblées des professeurs. Comptes rendus xvi-xixe siècle. Procès-verbaux des assemblées des 9 février, 3 mai, 24 mai et 15 novembre 1868, 4 AP 153. « Copie de la lettre adressée au ministre de l’Instruction publique » (3 mai 1868).

46 « Copie de la lettre adressée au ministre », Assemblée du 15 novembre 1868, op. cit., p. 20.

47 Ibid., p. 21.

48 L. Havet, Célébration du cinquantenaire de l’École des hautes études, p. 8. Voir Archives de l’EPHE, 4EPHE0002, Gaston Paris, Lettre de Victor Duruy à Gaston Paris de mai 1868 sur la « Fondation d’une École pratique des hautes études » : « J’ai l’intention de vous nommer membre de la Section de Philologie, Histoire et Morale, et je vous invite, en conséquence à vous entendre avec MM. Maury et Quicherat, qui recevront le même titre, pour préparer le règlement de cette section. »

49 T. Steeg et A. Fallières, « Le nouveau règlement du Collège de France », Revue internationale de l’enseignement, t. 61, 1911, p. 513-521, ici p. 513.

50 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée du 5 avril 1908, 2 AP 11, p. 188 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-749).

51 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée du 31 janvier 1909, 2 AP 11, p. 212-213 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-754). Les professeurs nommés à la commission son René Cagnat, Épigraphie et antiquités romaines (1887-1930), Philippe Berger, Langues et littératures hébraïques, chaldaïques et syriaques (1893-1910), Maurice Croiset, Arsène d’Arsonval, Médecine (1894-1930), Louis Félix Henneguy, Embryogénie comparée (1900-1928), Charles Émile François-Franck, Histoire naturelle des corps organisés (1905-1921). Les discussions du règlement se sont faites lors de 5 assemblées successives, qui se sont tenues les 14, 15, 16, 17 et du 24 novembre 1909 (2 AP 11), puis du 12 décembre 1909 (2 AP 12).

52 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée du 11 juin 1911, 2 AP 12, p. 68-70 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-775).

53 Marcel Bataillon a résumé la proposition de Havet, conçue dans le contexte de nécessaire réduction du nombre de chaires de « 43 ou 45 à 40 » souhaité en 1910, « pour la facilité de transformation ». Les chaires pourraient être réparties en sciences 1) physico-mathématiques, 2) biologiques, 3) sociologiques et philosophiques, 4) gréco-romaine, 5) études occidentales et 6) études orientales. Archives du Collège de France, Fonds Bataillon BTL 97.8. Voir Archives de l’EPHE, Procès-verbaux des premiers conseils des Sections (1877-1912), Assemblée du 6 avril 1884, 1602/472 : « M. Paris pense qu’il ne faut pas comparer exactement l’École avec le Collège de France, où chaque professeur est isolé. Chez nous, il y a des groupes. »

54 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée du 5 juin 1910, 2 AP 12, p. 38 sq. (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-770).

55 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée du 15 novembre 1909, 2 AP 11, p. 235 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-758).

56 Voir Titre III : « Des travaux, de l’enseignement et des missions », Règlement du Collège de France, Paris, Imprimerie nationale, 1911, p. 7-9. « Après la clôture des cours, chaque professeur ou chargé de cours remet à l’Administrateur un rapport sur son enseignement, sur ses travaux et sur ceux qui ont été faits sous sa direction, sur ses publications, et s’il y a lieu, sur les missions qui lui ont été confiées » (p. 9).

57 Cf. supra, n. 55.

58 Ibid., p. 234.

59 « Sur le nombre de leçons », Archives du Collège de France, Fonds Bataillon, BTL 97.6, dactylographié, 9 p., ici p. 1.

60 « Le Collège de France », Revue internationale de l’enseignement supérieur, t. 2, 1962, p. 5-50.

61 « Sur le nombre de leçons », op. cit., p. 2

62 Ibid., p. 2. Louis Havet avait précisé « ce qu’est une leçon » : « On peut parler seul ou travailler avec ses auditeurs. On peut fixer un nombre de leçons et un nombre d’heures de travail avec les auditeurs. Dans les laboratoires, ces heures de travail seraient consacrées à former des élèves » (ibid., p. 4).

63 Ibid., p. 3.

64 Ibid., p. 4.

65 Archives du Collège de France, Assemblées des professeurs. Registres et pièces annexes, Assemblée du 17 novembre 1909, 2 AP 11, p. 240 (https://salamandre.college-de-france.fr/archives-en-ligne/ead.html?id=FR075CDF_000AP0002&c=FR075CDF_000AP0002_de-760) : « M. Gley comprend le trouble de certains de nos collègues. Ce trouble résulte de la nécessité de leur adaptation à des conditions nouvelles du travail scientifique. Nous devons donner l’exemple de cette adaptation. Cela est déjà fait. Il y a un minimum d’enseignement. Un établissement très ancien comme le nôtre va essayer de s’adapter à ces conditions. Il n’y a dans le trouble que l’émotion produite par un changement dans les conditions de la vie. »

66 T. Steeg, « Le nouveau règlement du Collège de France », art. cit., p. 516.

67 E. Babelon, « Le Collège de France et son nouveau règlement », Revue historique, vol. 7, no 5, 1911, p. 577-597, ici p. 595.

68 « Sur le nombre de leçons », op. cit., p. 9.

69 Voir É. Durkheim, La vie universitaire, op. cit., p. 182 : « Duruy eut l’idée de créer une École qui serait avant tout un organe de recherches, où l’on n’enseignerait pas la science toute faite, mais où de jeunes travailleurs s’exerceraient à la faire sous la direction de leurs maîtres. » À l’École, ce sont ainsi les élèves qui font la science « en voie de se faire ».

70 G. Weisz dénie à l’EPHE un rôle innovant : « The institution was in certain respects not much of an innovation, for it merely organized existing research facilities into a single administrative unit and gave them the additional task of training young researchers. […] It unquestionably […] helped to unite the most progressive parts of the research sector while extending [the researchers’] influence » (The Emergence of the Modern Universities in France, 1863-1914, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, 1983, p. 61).

71 L. Havet, Célébration du cinquantenaire de l’École pratique des hautes études, op. cit., p. 7.

72 E. Renan, « L’instruction supérieure en France », op. cit., p. 109.

Table des illustrations

Titre Fig. 1 — Rapport et annuaires de l’École pratique des hautes études et du Collège de France en 1872-1873, 1893 et 1904.
URL http://books.openedition.org/cdf/docannexe/image/10272/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 405k
Titre Fig. 2 — Couverture du Guide de l’aspirant au titre d’élève du Collège de France (1848).
URL http://books.openedition.org/cdf/docannexe/image/10272/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,8M

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