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Chasse, culte ou artisanat ? Les fosses « à profil en Y-V-W »

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Nathalie Achard-Corompt
, 
Vincent Riquier

Préface

Alain Koehler

Texte intégral

1Certains trouveront peut-être que le terme de « fosses à profil en Y-V-W » relève d’un barbarisme dénué de toute poésie, préférant des dénominations traduisant mieux une représentation tridimensionnelle (« Schlitzgruben », « fosses en coin », « fosses pantalon »…). D’autres y verront une forme de pragmatisme, voire d’universalité, tout au moins occidentale. Mais le terme « Y-V-W » parle désormais et permet surtout de brasser large et de laisser à la réflexion l’espace et le recul nécessaires à une appréhension globale et raisonnée. Il permet également d’éviter le piège réducteur des seuls « Tierfallensystem » et autres « pitfall trapping systems », qui désignent des usages observés et devraient rester, en archéologie, dans le strict domaine des possibilités d’interprétation. N’y voyons pas même une classe typologique, mais plutôt une famille élargie, avec pour problématique de mesurer l’éventail des fonctions premières et des réemplois éventuels plutôt que de tenter désespérément de statuer sur un seul type d’utilisation. En arrière-plan de cette désignation transparaît une approche privilégiant l’étude stratigraphique de coupes, ici souvent transversales. Avec le développement de l’archéologie préventive et l’utilisation raisonnée de pelles hydrauliques autorisant la fouille manuelle optimisée et en sécurité des strates les plus profondes et au potentiel le plus important, il n’est plus concevable de se priver du minimum d’information, minimum à concevoir désormais dans les perspectives présentées ou sous-tendues dans cet ouvrage.

2Un des apports majeurs ici est vraisemblablement celui d’affirmer l’importance scientifique à constamment améliorer la détection, l’appréhension et la fouille des vestiges non-datés et/ou non-identifiés. Le sujet de ces fosses peut désormais être considéré comme emblématique d’une démarche archéologique visant à ne pas négliger des domaines qui ne seraient pas préétablis et démontre que l’opportunité n’est pas un pis-aller de la recherche, bien au contraire. Il y a ici matière à leçon et un formidable encouragement à consolider curiosité et persévérance.

3Bien d’autres aspects pourraient être rappelés dans ce préambule souhaité court afin de laisser la place qu’elles méritent aux communications (identification, datation, environnement, nature des dépôts, les pratiques rituelles, etc.) : ces fosses dont on ne savait que faire, et dont on ne faisait souvent pas grand-chose il y a quelques années encore, sont désormais à l’honneur, et bien plus bavardes qu’espéré.

4Les organisateurs souhaitaient cette table ronde comme une première étape d’un processus collectif rassemblant les multiples acteurs et disciplines au sein d’un réseau à créer : nous nous accorderons sur le fait que ce processus est non seulement bien lancé, mais s’inscrit désormais dans une dimension internationale. Transmettons donc une fois de plus les félicitations de la Direction scientifique et technique de l’Inrap aux organisateurs qui ont porté le projet jusqu’à cette étape déterminante, mais également à tous les autres participants, quel que soit leur rattachement et leur statut, qui, présents ou non lors de cette manifestation, ont contribué à alimenter et à consolider cette réflexion décidément bien prometteuse ; et au-delà de ces félicitations, un soutien tout particulier à poursuivre cette démarche novatrice.

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