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Mutations des sciences humaines et sociales

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Françoise Thibault

III - Des instruments de coopération

Des instruments de coopération

Texte intégral

1La coopération est au cœur du projet des MSH et de leur réseau. Pour partie imaginés en réponse au manque de personnel d’appui à la recherche consubstantiel à la recherche en sciences humaines et sociales, les MSH et leur réseau ont incontestablement facilité le déploiement raisonné des outils nés avec le développement des usages du numérique par de nombreux chercheurs. Aujourd’hui, en matière d’instruments et de plateformes, le dispositif MSH est au cœur de trois niveaux de collaboration : le site, l’inter-MSH avec le développement de plateformes partagées, le national en tant que point d’accès aux grandes infrastructures de SHS (PROGEDO et Huma-Num) et aux infrastructures d’information scientifique (CollEx-Persée, Métopes, Hal et OpenEdition).

2Comme l’expose Serge Wolikow dans sa contribution, la question des outils et des dispositifs techniques s’est traduite différemment selon les MSH et les disciplines concernées, avec « une réelle précocité dans les domaines de l’archéologie, la sociologie, la démographie ou encore la linguistique». De nombreuses MSH ont agi sur leur site pour qu’un éventail plus large de disciplines puisse avoir accès aux instruments qui s’imposaient au niveau international. Leur logique de mutualisation, sans suffire à répondre à l’ensemble des besoins, a constitué un bon moyen d’éviter la tendance classique à la réinvention d’instruments à l’avenir incertain, écueil que les SHS plus encore que les autres disciplines se devaient d’éviter.

3Entre 2010 et 2012, la problématique des outils partagés au sein des MSH s’est affirmée et a pris la forme de plateformes technologiques spécialisées dont la qualité a été reconnue par le conseil scientifique du Réseau. En 2012, comme le rappelle Serge Wolikow, 31 plateformes dans 15 MSH ont été identifiées, attestant du travail des Maisons dans de nombreux domaines disciplinaires. Progressivement, le réseau a structuré cet ensemble autour du traitement spécifique des données numériques dans cinq domaines : celui des données spatialisées avec la plateforme Spatio ; celui des données textuelles, annotées et numérisées avec la plateforme Scripto ; celui des données audiovisuelles rassemblées avec la plateforme Audio-visio ; celui des données cognitives issues des plateformes expérimentales Cogito ; enfin celui des données quantitatives issues des enquêtes traitées par la plateforme Data destinée à être liée à Progedo.

4Parallèlement, les deux grandes infrastructures nationales en SHS, Huma-Num et Progedo, caractérisées par leur fonctionnement en réseau, ont poursuivi leur développement sur des périmètres bien identifiés. Progedo met à disposition des chercheurs les données d’enquêtes et des administrations publiques et para-publiques (exclusivement des données quantitatives) et cherche à développer la culture de la donnée en sciences sociales. Huma-Num offre une diversité de services numériques qui vont de l’infrastructure informatique à l’offre de logiciels pour que les chercheurs puissent produire des données numérisées (données qualitatives, textuelles, sonores ou autres) et accompagne la conversion toujours plus grande des humanités vers les humanités numériques.

5La dernière charte des MSH a été l’occasion d’affirmer cette forte articulation de l’ensemble formé par les outils locaux, les plateformes thématiques et les points d’accès aux grandes infrastructures (plateforme universitaire de données pour Progedo, consortium ou laboratoire expérimental pour Huma-Num) et aux infrastructures d’information scientifique. Les MSH se sont vues confier le soin de faire exister, sur site, ce système très organisé qui a justifié, comme l’exposent Philippe Casella et Françoise Thibault, la labellisation, en 2012, de l’ensemble « réseau des MSH/MSH » en tant qu’infrastructure de recherche nationale.

6Ainsi, dans le domaine des instruments pour la recherche et avec l’intervention forte de l’InSHS, les SHS, grâce aux grands dispositifs distribués que sont le Réseau des MSH et les grandes infrastructures de recherche, ont de toute évidence réussi à déployer un ensemble d’outils de très haute qualité qu’il convient de rendre toujours plus accessibles.

Table des illustrations

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